Le 23 septembre 2021, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, déclarait que le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat était un « code rouge pour l’humanité ». Et pourtant, Guterres restait optimiste, affirmant qu’ « il n’est pas trop tard pour agir afin que l’action climatique contribue à la paix et à la sécurité internationales. » Selon Guterres, les nations doivent travailler ensemble car, aujourd’hui, la question de la paix ne peut être séparée de celle du climat.
Les chrétiens ont besoin d’un cadre théologique pour lier les problèmes climatiques inquiétants à l’engagement envers la paix. L’histoire de la Création offre ce cadre, dans lequel l’existence de l’humanité s’intègre à l’ordre magnifique du Créateur concernant le climat.
Dans la Genèse, le premier livre de la Bible, il y a deux récits de création. La première histoire dans Genèse 1 est bien connue. Dans ce récit, le Créateur créé les cieux et la terre en six jours. La création y est décrite par des paroles ordonnées, poétiques et rythmées, que l’on retrouve dans les rituels religieux ou les cultes du dimanche.
Le Créateur voit que le désordre n’est pas bon et il sépare donc la lumière des ténèbres, l’eau de la terre ferme, etc. Ces séparations préparent la venue de l’être humain, le summum de la création. Le sixième jour, Dieu créé l’humain, après la nature, les plantes et les animaux. L’homme et la femme sont créés en même temps à l’image de Dieu.
Pourtant, Genèse 2 raconte l’histoire sous un autre angle, en inversant l’ordre de la création. Dieu créé l’homme en premier, puis les plantes, et les animaux. Et enfin, Dieu créé la femme comme aide de l’homme. On peut voir l’importance de l’être humain par sa place, premier et dernier de la création. Mais ici, la création de l’homme, des plantes et des animaux intervient dans le cadre de la création du climat par Dieu. Le texte dit que « il n’y avait encore sur la terre aucun arbuste des champs, et aucune herbe des champs n’avait encore germé, car le Seigneur Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol ; mais un courant montait de la terre et irriguait toute la surface du sol. Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant. » (Genese 2/5-7)
La pluie et le courant sont, en effet, liés au climat. Le mot « courant » peut également signifier vapeur ou brouillard. Des ruisseaux d’eau s’élèvent de la terre pour inonder le sol et arroser la terre sèche. Et la vapeur qui s’échappe du sol remplit l’air d’eau qui tombe sous forme de pluie. On nous raconte ici la belle histoire de l’origine du climat. Ensuite, le premier humain est créé à partir de la poussière du sol – une poussière humide, imprégnée de la brume qui s’élevait de la terre.
Voici ce qui est important : plus qu’une histoire de commencement, la création de l’être humain, dans le deuxième chapitre de la Genèse, présente les humains comme faisant partie de l’histoire du climat. Le Créateur prépare le climat avant de créer les êtres vivants, y compris les humains.
En tant que premier et dernier de la création de Dieu, l’homme est le protecteur non seulement du jardin mais aussi de toute la création (Genèse 2/15-17). Il doit « cultiver le sol », ce même sol dont il est issu. Mais c’est aussi un sol humide, un sol qui donnera des fruits parce que Dieu l’a préparé en ordonnant le climat et aussi grâce au travail des mains humaines.
Ici, le rôle de l’être humain est d’être le médiateur entre la terre et son Créateur. Les humains sont responsables devant le Créateur de la préservation du sol car leur existence dépend de son humidité du point dans ce récit. En tant que tels, les humains ne sont pas seulement les émissaires de Dieu sur la terre mais aussi des médiateurs qui transmettent au Créateur toutes les plaintes des créatures.
La prière est la première étape concrète par laquelle nous pouvons exercer notre rôle de médiateur par rapport aux calamités climatiques actuelles. Lorsque nous prions, nous reconnectons notre terre, belle mais abimée, au Créateur. En priant, nous associons notre désir à celui de ceux qui aspirent à une eau et un air purs, car, comme le dit Maxine Burkett, professeur et décideur politique, ceux qui « souffrent le plus [de la catastrophe climatique] sont aussi ceux qui sont le moins responsables de la crise jusqu’à présent ».
Lorsque nous prions, Dieu met dans nos cœurs le désir d’agir concrètement en tant qu’individus, communautés de foi ou décideurs pour la paix et la sécurité de notre maison commune. Chers amis, continuons de prier.
—Nindyo Sasongko est doctorant en théologie systématique à l’Université de Fordham, New York, théologien en résidence à Manhattan Mennonite Fellowship, NYC, et membre du groupe de travail pour la protection du groupe de travail pour la protection de la création de la Conférence Mennonite Mondiale.
Autriche
Mennonitischen Freikirche Österreich (MFÖ) / Église mennonite libre d’Autriche
L’église mennonite libre de Vienne est la communauté dans laquelle j’ai eu le privilège de grandir. Notre assemblée est petite, vraiment familiale et centrée autour de Jésus-Christ, le Fils de Dieu.
Je m’identifie facilement aux mennonites car ils se considèrent envoyés par Dieu pour apporter la paix, se réunir et aller vers leur prochain dans l’amour
Concrètement, cela signifie qu’en tant que ‘communauté vivante’, nous sommes constamment confrontés à des défis et à diverses difficultés. Néanmoins, nous avons la volonté de grandir ensemble grâce à ces obstacles, et assez d’amour pour vouloir les surmonter dans l’unanimité. Cependant, l’unanimité ne signifie pas que nous ayons toujours un seul et même avis, mais que nous soyons prêts à nous soumettre à la décision prise ensemble en communauté réunie dans la paix.
Lorsque j’ai été baptisée dans la foi en septembre 2011, j’ai pris la décision de servir dans cette paroisse et j’ai donc demandé à en devenir membre. Depuis que j’ai franchi ce pas, je peux dire que suivre le Christ dans la grande famille de Dieu m’a apporté d’incroyables bénédictions.
J’ai été encouragée très souvent par d’autres membres à servir Dieu avec mes dons personnels (la louange et le travail avec les enfants). J’ai beaucoup appris, j’ai connu des hauts et des bas, et on m’a aidée à surmonter des difficultés. Mon caractère s’est formé. Je peux affirmer avec gratitude que j’ai un Seigneur patient – qui est patient avec moi – même lorsque je suis devant le même problème pour la troisième fois.
– Franziska, membre de MFWien, assemblée mennonite de Vienne (Autriche).
Mennonitischen Freikirche Österreich (MFÖ) / Église mennonite libre d’Autriche
En Autriche, depuis que les mennonites se sont structurés, nous avons participé à la Conférence Mennonite Mondiale avec les Frères mennonites allemands : Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer Brüdergemeinden in Deutschland (AMBD) et la Vereinigung der Menoniten Brudergemein von Bavaria (VMBB). Après que l’AMBD ait été acceptée en tant que membre de la CMM, la MFÖ a été représenté par son propre délégué.
La MFÖ est composée de 6 paroisses comptant 385 membres. Le nombre de membres a lentement diminué pendant près de deux décennies en raison de la fermeture de deux assemblées locales et de l’échec de quatre tentatives d’implantation de nouvelles assemblées, puis a connu une augmentation en 2019. Malheureusement ‘l’année COVID-19’ en 2020 a arrêté cette croissance timide du MFÖ.
Histoire
L’anabaptisme, né en Suisse, s’est répandu très rapidement dans les terres héréditaires des Habsbourg. On estime qu’environ un tiers de la population étaient anabaptistes, et le reste catholiques et luthériens. Cependant, les rois de la lignée des Habsbourg se considéraient comme les défenseurs de l’église catholique romaine et s’opposaient donc à la Réforme. De nombreux luthériens et anabaptistes furent expulsés d’Autriche. Bien que des ‘protestants clandestins’ aient pu survivre dans les régions montagneuses reculées, les anabaptistes ont disparu.
Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que les mennonites sont revenus en Autriche pour aider les réfugiés mennonites d’Europe de l’Est. Des communautés ont émergé grâce au travail des réfugiés en HauteAutriche et à Vienne. Des missionnaires Frères mennonites sont allés en HauteAutriche. Une communauté a été fondée à Vienne, en collaboration avec le MCC et la Sonnenberggemeinde en Suisse.
Les assemblées locales mennonites, comme les autres assemblées des Églises libres, n’étaient pas reconnues comme Églises en Autriche, ce qui présentait un certain nombre d’inconvénients. Afin d’y remédier, l’Église catholique romaine, l’Église luthérienne et l’Église réformée, l’Institut de Philosophie juridique de l’Université de Vienne et le mouvement œcuménique ‘Chemins de réconciliation – la Table ronde’ se sont efforcés, en collaboration avec les Églises libres, à obtenir leur reconnaissance par l’État. Cela s’est produit en 2013 grâce à la fusion des associations des Églises libres baptistes, évangéliques, pentecôtistes et charismatiques, de la communauté chrétienne Elaia et de l’Église mennonite libre d’Autriche (MFÖ).
En 2019, les Bruderhof ont été accepté par le MFÖ en tant que Paroisse des Bruderhof d’Autriche.
Aujourd’hui, la MFÖ se compose de six paroisses à Gmunden, Linz, Retz, Steyr, Wels et Vienne, et compte 385 membres baptisés.
Nos communautés sont composées principalement d’Autrichiens et de membres de pays européens et non européens. Les réfugiés de divers pays, dont le Moyen-Orient, trouvent un bon accueil dans nos communautés. Par conséquent, la composition des assemblées locales est très internationale, surtout dans les grandes villes, bien sûr.
Beaucoup de nos membres sont issus du catholicisme, et certains des églises évangéliques. En raison de la courte histoire des Églises libres en Autriche, il n’y a que quelques chrétiens de deuxième génération et presque pas de troisième génération.
Récemment, les paroisses ont envoyé des missionnaires au Bangladesh et au Kirghizistan ; elles les soutiennent financièrement et par la prière.
Difficultés
Les assemblées mennonites sont petites. La plus grande communauté est à Wels, avec environ 100 membres. Trois paroisses emploient des pasteurs à temps partiel. Deux sont dirigées par des personnes qui assurent un leadership spirituel et pratique pour leurs communautés en plus de leur emploi à plein temps. Dans un avenir proche, les responsables âgés et éprouvés depuis de nombreuses années devront être remplacés par des collègues plus jeunes – qui eux, sont occupés par leurs responsabilités professionnelles et familiales.
Dans les assemblées, il y a aussi des jeunes familles et des collaborateurs dont la plus grande préoccupation est d’implanter des églises. Dans ces domaines aussi, la pandémie a été et reste un obstacle important.
Nos membres apportent différents concepts théologiques, fruits de leurs histoires personnelles et de leurs origines religieuses. On constate l’influence claire du Mouvement des Frères apportée par la littérature et les évangéliques nordaméricains. Ce qui est typiquement ‘mennonite’ est moins bien compris ; c’est un peu comme une histoire plus ou moins intéressante. Nos pasteurs ne sont pas d’origine mennonite, si bien qu’ils ne prêtent pas attention à ce qui est particulier à l’anabaptisme. Il faut espérer que grâce à leur participation à des événements mennonites internationaux, nos pasteurs et collaborateurs découvriront ces caractéristiques.
Opportunités
Un repas fraternel en plein air à la paroisse de Steyr (Autriche). Photo avec l’aimable autorisation de MFO
La population autrichienne est très traditionnelle et apprécient que les décisions soient prises par les autorités. C’est peut-être une conséquence de la monarchie qui a duré si longtemps en Autriche.
Grâce à l’accréditation de l’État, Nous avons constaté – avec étonnement – que les Églises libres ont été bien mieux acceptées par la population et, surtout, par les autorités. Même si la diversité des Églises libres représente encore un problème de compréhension considérable, elles rencontrent de plus en plus d’intérêt. Le FKÖ a donc la possibilité de se joindre à des conseils d’administration qui discutent de sujets d’une grande importance pour la société. Il aussi la chance d’aider à orienter ces conseils dans les domaines ecclésiastique et politique. Le dialogue avec d’autres Églises et sociétés religieuses est également plus facile maintenant.
Après 500 ans d’histoire anabaptiste mennonite, la société autrichienne redécouvre les racines européennes des Églises libres, ainsi que leur permanence, leur cohérence et aussi leur fiabilité – bons signes d’une ancienne tradition.
Dans le passé, il y avait parfois des controverses et de l’animosité entre les traditions anabaptistes et les autres Églises libres, mais maintenant la collaboration a conduit à une unité beaucoup plus respectueuse.
Au sein du FKÖ, les mennonites ont pu aider à maintenir une position équilibrée entre des convictions très différentes, comme en ont parfois les charismatiques et les évangéliques. Il semble que le comportement pacifique des mennonites soit apprécié.
Les cinq unions d’églises au sein de l’Église libre d’Autriche (FKÖ) ont l’occasion de faire leurs preuves lors de leur interaction quotidienne et de montrer ainsi qu’il est possible de vivre dans l’unité sans avoir à renoncer à sa propre identité. Basé sur les convictions religieuses de l’Alliance évangélique, le FKÖ s’est doté d’un cadre théologique et travaille dans l’harmonie sur les questions juridiques et sociales. Pourtant, les unions d’églises et leurs paroisses restent autonomes. De cette fa√ßon, la société autrichienne peut constater à la fois la diversité et l’unité des cinq différentes traditions lors de nos interventions publiques.
Ces principes, ou des principes similaires, pourraient également servir d’exemples au-delà des frontières de l’Autriche.
Reinhard Kummer, est le président de la Mennonitischen Freikirche Österreich (MFÖ) / Église mennonite libre d’Autriche
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’octobre 2021 de Courier/Correo/Courrier.
D’après notre dernier article basé sur l’enquête mondiale, les paroisses mennonites-anabaptistes partout dans le monde 1) sont touchées de diverses façons par les problèmes environnementaux comme le changement climatique, 2) se sentent angoissées et tristes à cause de ces impacts, 3) parlent de la protection de la création dans leurs églises.
Mais qu’en est-il de la façon dont les églises sont appelées à agir pour la protection de la création et face au changement climatique ?
Pour savoir comment les églises agissent, le groupe de travail a posé deux séries de questions : une question fermée avec une liste d’actions possibles pour protéger la création en général, et une question ouverte demandant d’identifier les actions entreprises par votre église en rapport avec le changement climatique spécifiquement.
Les résultats nous aident à comprendre quel rôle les églises peuvent-elles jouer pour inspirer leurs membres à prendre soin de la création.
En général, les églises abordent la protection de la création par l’enseignement, la réflexion et la louange
Karen Flores Vindel de l’église Mennonite du Honduras (IEMH) travaille bénévolement pour un programme de formation en agriculture durable dans une zone rurale en Honduras.
« Les jeunes de l’église profitent souvent des sessions d’évangélisation pour sensibiliser sur les conséquences du changement climatique et comment en freiner les effets. »
—Thioro Bananzoro, Église Évangélique Mennonite du Burkina Faso
Les églises abordent la protection de la création par le biais d’activités traditionnelles telles que les sermons, le culte, la prière, les études bibliques et les activités de sensibilisation telles que des ateliers. Il s’agit de réponses spirituelles, intellectuelles ou émotionnelles qui, souvent, ne réduisent pas directement les impacts environnementaux de la même manière que d’autres actions directes.
Parfois perçues comme « du blabla », ces actions constituent en fait une étape importante pour agir pour la protection de la création. Les églises accordent clairement de la valeur à ces actions, et elles devraient être reconnues comme étant des aspects essentiels pour encourager les églises à s’impliquer.
Les actions les plus courantes portent sur les déchets, les plantes et l’énergie
« Malgré nos ressources limitées, chaque année entre 150 et 200 foyers reçoivent une aide pour planter des arbres sur leurs terrains. »
—Shemlal Hembron, Brethren In Christ Church, Népal
Plusieurs catégories d’actions plus « directes » ont été mentionnées.
De nombreuses paroisses, notamment en Amérique latine, ont fait état d’actions visant à réduire l’impact des déchets, en organisant des nettoyages de quartier, en encourageant le recyclage ou en produisant moins de déchets.
La plantation d’arbres ou de jardins est une autre action commune à toutes les régions, et reflète l’intérêt général mondial pour les solutions s’appuyant sur les plantes et l’alimentation.
La réduction de la consommation d’énergie grâce à des solution d’économies d’énergie ou par l’installation de panneaux solaire est une réponse courante en Amérique du Nord, mais elle est rarement mentionnée dans les autres régions.
Toutes ces actions sont socialement acceptables et relativement faciles à réaliser par plusieurs groupes d’églises, et elles multiplient les avantages (amélioration de la santé grâce à un environnement plus propre, ou réalisation d’économies grâce à la réduction de la consommation d’énergie). S’engager dans ces actions est un bon moyen pour les églises de commencer à avoir un impact positif sur l’environnement dans leurs communautés.
Certaines actions importantes sont moins considérées par les églises
Jürg Bräker
« Notre église a abordé le thème de la protection de la création par l’enseignement, des actions politiques en adhérant à des organisations qui promeuvent la protection de l’environnement, en participant à des célébrations œcuméniques comme les vêpres à l’occasion de la journée de la création. »
—Jürg Bräker, Mennoniten Gemeinde Bern (Alttäufer) (église mennonite de Bern), Suisse.
La citation ci-dessus montre combien de paroisses sont engagées dans la protection de la création à plusieurs niveaux. Un élément intéressant à souligner et celui de l’action politique. En fait, les actions publiques de plaidoyer sont un domaine qui figure systématiquement en bas de la liste des activités des églises, et la majorité des églises impliquées à ce niveau se trouvent en Amérique du Nord et en Afrique.
De même, peu de personnes ont mentionné le changement des modes de transport, et très peu de réponses ont indiqué qu’elles travaillaient directement sur le changement des habitudes de consommation. Toutes ces actions comportent plus de risques, sont plus difficiles à mettre en œuvre ou ne sont pas applicables à tous les contextes (la consommation varie énormément selon les régions, par exemple).
Néanmoins, ce sont des domaines qui ont un impact élevé sur l’environnement, et les églises devraient considérer la valeur des actions dans ces domaines si elles souhaitent avoir un impact réel sur la façon dont les sociétés abordent les problèmes environnementaux.
Nous, anabaptistes sommes connus pour l’importance que nous accordons au fait de vivre concrètement notre foi. Les résultats de l’enquête montrent ce qu’il en est de la protection de la création, tout en indiquant les domaines dans lesquels les églises peuvent s’impliquer davantage dans des actions tangibles. De quoi les églises ont-elles besoin pour augmenter leur implication dans ces actions ? Le mois prochain, nous examinerons les ressources et les apprentissages dont les églises disent avoir besoin pour prendre fidèlement soin de la création de Dieu.
Réponse
Soyez inspirés par les histoires d’anabaptistes qui font preuve de créativité pour protéger la création.
Soyez à l’affut des sujets liés à la protection de la création lors de la prochaine Assemblée réunie de la CMM en Indonésie.
Ceci est une série de publications sur les problèmes environnementaux et l’Église mondiale.
Ces témoignages mettent en lumière :
a) l’impact des dégradations environnementales sur les anabaptistes-mennonites,
b) ce que les anabaptistes-mennonites pensent des problèmes environnementaux,
c) ce que font les anabaptiste-mennonites en réponse.
« Pour ceux qui ne veulent pas croire, aucun argument n’est valable, et pour ceux qui veulent croire, les arguments ne sont pas nécessaires. »
J’ai répété cette phrase (d’un auteur inconnu) à un ami en Ontario il y a quelques jours. Nous étions d’accord qu’il était vraiment difficile que quelqu’un change de position – quel que soit le sujet – en raison d’une conversation contenant des arguments logiques et rationnels. En matière de foi, c’est encore plus compliqué, car généralement, dans une discussion sur des questions doctrinales ou éthiques, chaque partie croit avoir raison.
Connaissez-vous quelqu’un qui a changé sa façon de penser après avoir entendu un débat logique ?
On ne s’attend pas à entendre : « Oh oui, j’étais sûr de ce que je croyais, mais après vous avoir écouté, j’ai changé mon point de vue ». Au lieu de cela, les discussions se chargent d’émotions, on élève la voix et les interlocuteurs deviennent incapables de s’écouter et de se comprendre dans leur empressement à répondre et à contredire.
Lors de mon entretien avec mon ami, nous avons conclu que changer notre façon de voir est surtout un processus à long terme. Souvent, cela nécessite au moins une relation régulière et cordiale plutôt que des arguments logiques et bien structurés.
Cependant, le dialogue entre nous, disciples de Jésus, est essentiel pour renforcer notre identité et favoriser l’unité dans le corps du Christ.
Nous en trouvons un exemple dans l’Évangile de Luc, chapitre 24. Aux versets 13-35, deux disciples se disputent, assez âprement, sur la personne de Jésus et les événements concernant sa mort. Cette conversation était indispensable pour le développement de leur identité en tant que disciples du ressuscité. Elle était aussi vitale pour leur unité, retrouvée dans la communion ou la fraction du pain avec le Christ.
Et si les disciples n’avaient pas voulu avoir cette conversation, étant donné la fermeté de leurs convictions ? Parler avec le désir sincère d’écouter et de comprendre l’autre demande un très grand degré d’humilité et d’ouverture. Sans cette attitude, les deux composantes du discipulat de Jésus – identité et unité – sont impossibles, selon le texte de Luc.
Les dialogues éthiques et doctrinaux que nous avons à l’intérieur et à l’extérieur de notre communion à la Conférence Mennonite Mondiale (dans les conversations officielles interéglises, par exemple) ont pour but de développer notre identité et de maintenir le don de l’unité que seul l’Esprit de Dieu rend possible. Le dialogue entre les Églises exige que nous ayons de la clarté et de la fermeté dans nos convictions, et de l’humilité et de l’ouverture dans nos conversations.
C’est pourquoi dans ce numéro du Courrier, nous rapportons les conversations que nous avons eues ces dernières années au sein de notre communion concernant le baptême et le dialogue inter-églises avec l’Église catholique et avec la Fédération luthérienne mondiale.
Ma prière est que dans notre Église mondiale, nous maintenions des positions claires et fermes dans un cadre d’humilité et d’ouverture pour que notre identité et notre unité de disciples du Christ grandissent. Que nos convictions continuent d’être éclairée par la présence de Jésus, et que nos cœurs continuent de brûler alors que l’Esprit agit dans nos vies et nos relations !
César García, secrétaire général de la CMM, originaire de Colombie, vit à Kitchener (Ontario, Canada).
«En Allemagne, la protection de l’environnement est une préoccupation publique depuis très longtemps, et fait donc partie de la conscience collective de notre Église depuis un certain temps. Nous essayons de mettre en œuvre de différentes manières la conviction que nous devons être les gardiens de la création de Dieu.»
Quelle est la meilleure chose que vous puissiez faire pour lutter contre la crise du changement climatique ?
La réponse de Katharine Hayhoe, climatologue de renom et chrétienne évangélique, pourrait vous surprendre : Nous devrions parler davantage du changement climatique avec ceux qui nous entourent. Pour être fidèles à la protection de la création, il faut commencer par en parler, ce qui conduit ensuite à d’autres actions.
On peut comprendre que la plupart des gens préfèrent éviter de parler de sujets aussi délicats que la crise climatique.
Dora Schmidt
Par exemple, les données d’une enquête menée aux États-Unis montrent que, bien que 72 % des Américains pensent que le réchauffement climatique est une réalité, seuls 35 % des Américains en parlent au moins occasionnellement. Il s’agit d’un décalage étonnant entre ce que nous savons et ce dont nous parlons, et cela nous appelle à être attentifs à la place que nous accordons au climat dans nos conversations d’église.
Alors, parlons-nous du changement climatique dans nos églises ?
La protection de la création fait-elle réellement partie de notre « conscience collective » en tant qu’église, comme le suggère cette citation d’Allemagne ?
Le groupe de travail sur la protection de la création a demandé aux membres de la CMM à quelle fréquence ils entendaient parler de la protection de la création dans leurs églises et par leurs responsables.
1. La plupart des églises ont parlé de la protection de la création.
Roy Kaufman
La plupart des personnes interrogées ont entendu parler de la protection de la création au moins de temps en temps ou quelques fois dans leur église, et un quart à un tiers d’entre elles ont déclaré en entendre parler fréquemment ou même chaque semaine.
Il est intéressant de noter qu’il y a de grandes similitudes entre les régions quant à la fréquence à laquelle les églises incluent la protection de la création dans leur vie ecclésiale, malgré le fait que les églises des différentes régions font face à des défis différents dans leur vie quotidienne (voir “Quelles sont les interactions entre le changement climatique et les autres enjeux communautaires ?).
Bien qu’il soit encourageant de constater que la plupart des gens entendent parler de la protection de la création dans l’église, le fait que peu d’entre eux en entendent parler fréquemment indique qu’il est nécessaire d’accorder plus d’importance à ce sujet dans l’église. En fait, il existe des congrégations où la protection de la création n’est jamais mentionnée, et de nombreuses personnes interrogées ont exprimé leur déception et leur frustration face à la rareté de ce sujet dans leur assemblée.
« L’église elle-même n’a pas fait grand-chose pour lutter contre le changement climatique, si ce n’est par le biais de ses dirigeants qui cherchent à sensibiliser les gens à cette question. Comme dans de nombreuses communautés rurales, le changement climatique est souvent écarté car il semble représenter une menace pour le paradigme agricole dominant actuellement en vigueur. »
—Roy Kaufman, membre de Salem-Zion Mennonite Church, Freeman, South Dakota, Etats-Unis
2. Les responsables de l’église attachent de l’importance à la protection de la création.
Les personnes interrogées sont divisées de manière égale en déclarant que les responsables de l’église sont « très conscients » (44 %) ou « assez conscients » (47 %) de l’importance de prendre soin de la création ; seule une petite fraction (8 %) estime que les responsables ne sont « pas très conscients ».
Si l’on distingue les pasteurs et les membres, les résultats montrent que les responsables et les membres laïcs ont une perception similaire de l’importance que les dirigeants de l’église accordent à la protection de la création, du moins dans une certaine mesure.
Avec l’impact croissant des enjeux environnementaux sur les communautés, en parler davantage est une étape critique pour faire de la protection de la création une activité centrale de l’église. Normaliser les discussions sur la protection de la création est un pas important vers l’action en tant qu’individus et communautés.
3. Les églises intègrent la protection de la création dans l’enseignement et le culte de diverses manières.
Moses David Livingstone
En plus de l’intégration de la protection de la création dans les sermons, les écoles du dimanche, les études bibliques et d’autres activités conventionnelles de l’église, les personnes interrogées ont fait état d’un large éventail de façons créatives de faire entrer la protection de la création dans la vie de leur église.
Par exemple, l’enseignement et le culte prennent des formes telles que des conférences, des prières publiques, un service jeunesse sur le climat, des histoires pour enfants et un défi climatique hebdomadaire.
Certaines églises intègrent la protection de la création dans leurs rituels, par exemple en organisant des cérémonies, en participant à la Saison de la création ou en l’incorporant dans les fêtes (comme la fête de Thanksgiving en Amérique du Nord).
D’autres activités sont davantage tournées vers l’extérieur, comme les célébrations œcuméniques, les dialogues interconfessionnels et le lancement d’initiatives citoyennes.
D’autres encore ont intégré la protection de la création dans la structure de l’église, en créant un comité d’action climatique, une équipe dont le ministère est la protection de la création ou un groupe de réflexion et de travail sur la protection de la création.
« Notre synode organise un programme d’études basé sur 5 caractères : amour, vérité, justice, paix et intégrité de la création. Ces thèmes sont divisés en thèmes annuels. Particulièrement dans l’année de l’intégrité de la création, nos programmes communautaires se concentrent sur le sujet de la dégradation de l’environnement, y compris le changement climatique. »
—Moses David Livingstone, GKMI (Gereja Kristen Muria Indonesia) à Kudus, Indonésie; aussi aumônier de la fondation Yayasan Bina Pelayanan Masehi (YBPM) à Kudus.
Indonésie
La protection de la création est clairement un thème central pour certaines églises, comme l’église indonésienne citée ci-dessus. La diversité des activités rapportées dans l’enquête illustre également les nombreuses façons dont les églises abordent sérieusement la question de la création dans l’enseignement et le culte. Ces rituels d’église et autres activités autour de la protection de la création sont des moyens importants qui nous amènent à nous engager davantage dans la crise climatique en tant que disciples de Jésus.
Retrouvez-nous le mois prochain pour découvrir comment les églises du monde entier déclarent agir en faveur de la création.
Réponse/Prière
. L’église a hébergé 150 à 200 réfugiés climatiques pendant trois semaines. Après cela, raconte Moïse David Livingstone, les dirigeants de l’église se sont engagés à prendre conscience de la menace climatique mondiale et à s’informer sur la préservation de l’environnement.
Cherchez la conversation :
Dressez une liste de cinq personnes dans votre vie avec lesquelles vous n’avez jamais discuté de la crise climatique. En pensant à chaque personne, quels sont les obstacles qui vous empêchent de discuter de la question ? Quels avantages pourraient découler du fait d’en parler ? Priez pour que des opportunités permettent à ces conversations d’avoir lieu.
Encouragez celles et ceux qui œuvrent pour la sauvegarde de la création :
Où, dans votre congrégation, avez-vous constaté une attention portée à la protection de la planète ? Que ce soit l’action d’un pasteur ou d’une classe de maternelle, remerciez les personnes impliquées. Pouvez-vous imaginer comment l’église pourrait reprendre cette parole ou agir davantage ?
Ceci est une série de publications sur les problèmes environnementaux et l’Église mondiale.
Ces témoignages mettent en lumière :
a) l’impact des dégradations environnementales sur les anabaptistes-mennonites,
b) ce que les anabaptistes-mennonites pensent des problèmes environnementaux,
c) ce que font les anabaptiste-mennonites en réponse.
Ce deuxième webinaire traite du rapport: Baptism and Incorporation into the Body of Christ, the Church—LutheranMennonite-Roman Catholic Trilateral Conversations 2012–2017. Entretien de Thomas R Yoder Neufeld (Tom Yoder Neufeld) avec Larry Miller, cosecrétaire de la délégation Mennonite lors des conversations trilatérales.
leçons de la conversation entre mennonites, catholiques et luthériens sur le baptême
Tom Yoder Neufeld
Peux-tu nous dire comment ces conversations ont vu le jour ? Quelle est leur origine ?
Larry Miller
La conversation trilatérale sur le baptême est née de deux conversations précédentes de la Conférence mennonite mondiale, l’une avec l’Église catholique (1998-2003) et l’autre avec la Fédération luthérienne mondiale (2005-2008). Dans chaque cas, il s’agissait de la première conversation officielle au niveau mondial entre ces Églises et la famille de foi anabaptistemennonite depuis les conflits du XVIe siècle – des conflits portant notamment sur la signification et la pratique du baptême.
Le but de chacune de ces conversations était de mieux se comprendre et d’avoir de meilleures relations les uns avec les autres.
Un point fondamental de divergence mis en évidence dans les deux conversations était le baptême.
La question d’une conversation ciblée sur le baptême s’est posée avec ces deux Églises à peu près en même temps (2009- 2010). Les responsables de la CMM ont convenu qu’une telle conversation était importante, mais ont pensé que nous ne pouvions pas entreprendre simultanément deux conversations mondiales sur le baptême. Nous avons donc proposé un dialogue trilatéral.
Tom Yoder Neufeld
Y a-t-il eu des surprises, tant positives que négatives ?
Larry Miller
Oui, il y en a eu pour la délégation de la CMM.
Nous avons été surpris d’entendre la délégation catholique rapporter que certains théologiens catholiques considèrent le baptême des adultes comme “normatif” dans l’histoire doctrinale et liturgique catholique puisque, comme ils l’ont dit, “c’est la forme qui exprime pleinement la signification du baptême” et que l’histoire catholique “montre clairement que c’est le rite pour adultes qui est le modèle du processus baptismal” (Rapport, §79 et note 97).
Nous avons été surpris par l’accord théologique facile sur les différents éléments inclus sur le chemin de l’incorporation dans l’Église et la vie dans le corps du Christ : l’initiative d’amour de la grâce de Dieu, la réponse humaine de la foi et de l’engagement, le catéchisme et la formation spirituelle, un processus de croissance dans la foi et le discipulat tout au long de la vie.
Nous avons été surpris de constater à quel point les trois délégations étaient d’accord sur le fait que le baptême est orienté vers le discipulat ; le baptême en vue du discipulat n’est pas seulement une conviction mennonite !
Pour moi, c’est l’un des fruits les plus importants de cette conversation. “Nos trois Églises considèrent que la repentance, la foi et l’engagement dans la vie de disciple sont nécessairement liés à la vie chrétienne au sein du corps du Christ, l’Église, dont l’un des points de départ essentiels est la célébration et la réception du baptême” (Rapport, §79).
J’ai été surpris et désolé de remarquer qu’il semblait plus difficile pour nous, mennonites, de confesser la tension entre notre théologie idéale du baptême et la façon dont nous ne vivons pas, trop souvent, les implications de notre baptême. Il ne semblait pas que c’était difficile pour les délégations catholique et luthérienne de confesser l’écart entre leur théologie et, parfois, leur pratique.
J’ai été surpris et embarrassé d’apprendre, en écoutant les délégations catholique et luthérienne, à quel point j’ai peu considéré la profonde douleur que ressentent certains catholiques et luthériens lorsque nous rejetons automatiquement la validité de leur baptême, en particulier lorsqu’ils ont ouvert la voie du baptême vers la repentance, la confession de foi et une vie de disciple.
Tom Yoder Neufeld
Y avait-il des obstacles à surmonter, ou des obstacles qui sont apparus au cours de vos interactions ?
Larry Miller
Comment devions-nous présenter les conceptions et les pratiques anabaptistesmennonites contemporaines, étant donné la diversité des conceptions et des pratiques dans notre famille de foi mondiale aujourd’hui ?
En tant que secrétaire général de la CMM pendant deux décennies, j’étais profondément conscient de cette diversité. Même entre les différentes églises dont provenaient les membres de la délégation, il y avait une diversité significative. C’est pourquoi, dans les “Réflexions mennonites de Conclusion” du rapport (§116-133), la délégation ne parle que pour elle-même : ni pour la Conférence Mennonite Mondiale, ni pour la grande famille de foi anabaptistemennonite.
Après cinq ans de réunions, chacune avec de multiples présentations et des débats intenses, comment rédiger un rapport final qui ne peut inclure que ce que chaque délégation considère comme essentiel ?
Tom Yoder Neufeld
Quels ont été les plus grands dons de ces conversations ? Es-tu reconnaissant de ce que Dieu nous a accordé dans notre propre communion en ce qui concerne le baptême ?
Larry Miller
Je suis reparti reconnaissant pour ce que Dieu a donné à l’Église à travers la famille de foi anabaptiste-mennonite, grâce à notre compréhension et à nos pratiques du baptême. Au cours de ces conversations, et déjà lors de leur préparation, j’ai vu plus clairement la signification de ce don, non seulement pour nous-mêmes, mais pour toute l’Église chrétienne.
Les conversations elles-mêmes ont montré clairement à quel point la situation a changé depuis le XVIe siècle.
Ê l’époque, le baptême des croyants tel que pratiqué par les anabaptistes provoquait l’hostilité et parfois la persécution des autorités luthériennes et catholiques.
t respectent officiellement le baptême anabaptiste-mennonite de personnes non baptisées auparavant. Je pense que cette transformation est un signe que la grâce de Dieu a travaillé à travers nous malgré nos faiblesses et nos échecs.
Quels sont les plus grands dons que ce dialogue nous a offerts ?
Les “défis” que nous avons reçus des autres Églises (cf. paragraphes 124-130), en particulier :
Le défi de mieux lier notre compréhension de la conversion et du baptême, d’être conscients de notre tendance continue à aller contre Dieu, d’une part, et la possibilité de suivre fidèlement Jésus-Christ, d’autre part.
• Le défi de ne pas laisser notre préoccupation pour la réponse humaine dans la conversion, l’engagement et le baptême éclipser l’initiative de Dieu dans tous les aspects du salut, y compris le baptême. Le baptême des adultes commence par l’acte de grâce de Dieu, et non par ma confession de foi personnelle. La formation des disciples dépend de la grâce persistante de Dieu, et non de mon baptême.
• Le défi consiste à développer une plus grande cohérence et profondeur dans la préparation des personnes au baptême et à faire du souvenir de notre baptême un motif récurrent de la vie de disciple. Le baptême des croyants est le cheminement de toute une vie et non l’événement d’un jour, même s’il s’agit du baptême d’un adulte.
Si nous prenons au sérieux ces dons stimulants, je crois que nous serons énormément enrichis.
Tom Yoder Neufeld
Un baptême au temps du coronavirus au Canada. Photo fournie
Pourrais-tu nous parler de la recommandation que vous nous avez faite, en tant que délégation mennonite, en tant qu’églises de la CMM, à savoir que nous “envisagions” d’accueillir dans nos rangs ceux qui ont été baptisés enfants, qui ont assumé leur baptême et l’ont vécu fidèlement, et que nous le faisons sans exiger de (re)baptême. Pourrais-tu développer ce point ?
Larry Miller
A la fin des conversations trilatérales et du rapport, la délégation de la CMM a réaffirmé la “conviction historique” des églises anabaptistes-mennonites que “le baptême des croyants est l’enseignement et la pratique normatifs du Nouveau Testament” et que “cet enseignement et cette pratique sont normatifs aujourd’hui” (§131).
Nous avons aussi affirmé l’unité des croyants anabaptistes-mennonites “avec tout le corps du Christ dans la foi trinitaire vécue par la confiance et l’obéissance à Jésus-Christ” (§132). Prises ensemble, ces deux affirmations soulèvent implicitement la question de savoir comment nous témoignons de l’unité en Christ lorsque nous sommes divisés sur certains aspects de notre compréhension et de nos pratiques d’un acte chrétien fondamental, le baptême.
Le problème n’est peut-être pas aussi important pour l’Église catholique et les Églises luthériennes. Toutes deux sont profondément blessées par notre rejet de leurs baptêmes des nourrissons, car elles ont le sentiment qu’il s’agit également d’un rejet de ce qu’elles croient être un acte de grâce du Christ et sa promesse, dans le baptême des nourrissons, de communion avec le Christ.
Néanmoins, aujourd’hui, tous deux reconnaissent officiellement et acceptent comme valide le baptême anabaptistemennonite de personnes non baptisées auparavant.
Ils ont parcouru un long chemin depuis le XVIe siècle !
La situation peut être plus difficile pour nous puisque nous n’affirmons ni ne pratiquons le baptême des nourrissons. Elle peut être plus compliquée pour nous dans les cas o√π une personne voulant devenir membre d’une église anabaptistemennonite a été baptisée en tant qu’enfant mais a auparavant, en tant qu’adulte, confirmé sa foi personnelle en Christ et vécu une vie de disciple engagé. Cette personne doit-elle être baptisée à nouveau ? Ou est-ce qu’une confession de foi personnelle et publique et un engagement à continuer à être un disciple suffisent pour être membre d’une assemblée anabaptiste ?
Et une question encore plus spécifique : que devrait faire une paroisse anabaptistemennonite si le candidat à l’adhésion demande le rebaptême ? Le processus de discernement avant la réception de ce croyant dans l’église anabaptiste-mennonite pourrait-il inclure une conversation entre le candidat, l’église d’origine et l’église d’accueil, par respect mutuel, pour témoigner les uns aux autres, et ainsi rechercher ensemble plus d’unité dans le corps du Christ, y compris le corps local du Christ ?
La délégation a donc proposé (§133a) que ces questions soient prises en considération par nos églises alors que nous cherchons à affirmer à la fois le baptême pour suivre le Christ –le disciplulat– et l’unité en Christ.
La délégation propose également (§133c) que, quelle que soit la réponse à ces questions, nos églises demandent à tous les membres – y compris ceux qui sont viennent d’églises ayant des pratiques de baptême des nourrissons – d’affirmer notre compréhension et notre pratique historiques du baptême des adultes croyants.
Je voudrais attirer l’attention sur le fait que la délégation suggère plusieurs autres idées à prendre en considération, des idées qui, à mon avis, pourraient contribuer de manière plus significative à la formation de la vie spirituelle de nos églises que la question de savoir comment nous recevons les croyants baptisés lorsqu’ils étaient des nourrissons (cf. §133d-f).
Plus précisément, la délégation suggère que nos églises envisagent de :
Rechercher des moyens d’enrichir ou de développer des pratiques d’action de grâce et de bénédiction pour les nourrissons, pour leurs parents et pour les assemblées locales.
Fournir des occasions à tous les membres de se “souvenir de leur baptême” et de renouveler leur engagement baptismal à une vie de disciple.
Réfléchir à la raison pour laquelle il a été si difficile pour de nombreuses églises de notre tradition de maintenir une vie de disciple fidèle, et l’unité entre elles, et avec les autres. Nous sommes une Église connue au niveau ≈ìcuménique non seulement pour le baptême des adultes et la vie de disciple, mais aussi pour les scissions d’églises.
Tom Yoder Neufeld
Un dernier commentaire ?
Larry Miller
Le rapport est publié “comme un document d’étude” – et non comme un document législatif – dans l’espoir que, grâce à une large discussion au sein des trois communions et au-delà, il contribuera à une ¬´ meilleure compréhension mutuelle et à une plus grande fidélité à Jésus-Christ ¬ª. C’est certainement mon espoir : que nos trois communions grandissent dans la fidélité à Jésus-Christ.
Tom Yoder Neufeld
Notre prière est que les efforts que toi et les autres participants à ces six années de conversations nous permettent d’être plus fidèles à nos v≈ìux de baptême et à la manière dont nous vivons notre nouvelle vie en Christ.
Un baptême en plein air en Tha√Ølande. Photo avec l’aimable autorisation d’ICOMB
Des dons surprenants
Nous ressentons tous le grand don que nous font nos s≈ìurs et des frères, qui bien que souvent en profond désaccord les uns avec les autres, ont le courage de vivre dans cette unité que nous avons en Christ. Elle ne dépend pas d’un accord, mais de la réalité fondamentale que c’est le même Dieu qui, en Christ et par l’Esprit, nous a rassemblés en un seul corps du Christ.
Dans cet échange entre les trois traditions ecclésiales, nous avons un exemple de ce don de l’Esprit reçu avec des communions dont nous avons été profondément éloignés à cause de l’un des événements centraux de la vie d’un chrétien, le baptême.
Permettez-moi de souligner quelques-uns de ces ‚Äòdons surprenants’ figurant dans le rapport.
Nous pratiquons le baptême des croyants parce que pratiquement tous nos membres sont des membres convertis. (Ils ne viennent pas viennent pas de la famille mennonite ou protestante ou évangélique). Le baptême est une partie très importante de l’engagement à suivre Jésus dans le contexte d’une communauté de croyants qui confessent Jésus comme Seigneur et Sauveur. —Carlos Mart√≠nez Garc√≠a, Mexique
La Grâce
Pour les catholiques et les luthériens, le baptême est d’abord et avant tout un acte de grâce de Dieu. Dieu est l’acteur de ce sacrement, qu’il s’agisse du baptême des enfants ou des adultes. C’est ainsi que Dieu traite le “péché originel” et commence le travail de transformation et d’incorporation qui durera toute la vie.
Cela peut nous aider à comprendre pourquoi les catholiques et les luthériens estiment qu’il est important d’offrir cette grâce salvatrice dès le tout début de la vie d’une personne. Certes, la foi est nécessaire, mais dans le cas des enfants en bas âge, il s’agit avant tout de la foi des parents et de l’Église. Nous pouvons alors aussi mieux comprendre pourquoi les catholiques et les luthériens sont troublés par les anabaptistes qui rejettent le baptême des enfants. Ê leurs yeux, nous rejetons cette grâce de Dieu.
Bien s√ªr, nous aussi, nous accordons beaucoup de prix la grâce de Dieu. Dans la conception anabaptiste, c’est la grâce de Dieu par l’Esprit qui appelle les personnes et leur permet de chercher Dieu, d’offrir leur vie à Dieu et, finalement, par le baptême, de s’engager à suivre le Christ dans une vie de disciple et de participer à l’assemblée locale des croyants.
Tout cela est la grâce habilitante et salvatrice de Dieu à l’≈ìuvre – avant, pendant et après le baptême.
Néanmoins, pourrait-il avoir raison de dire que nous perdons trop facilement de vue la grâce de Dieu lorsque nous mettons tellement l’accent sur la décision personnelle du croyant de demander le baptême et de s’engager dans la vie de disciple et dans l’église ?
Le discipulat
Un autre don surprenant a été, comme l’a dit Larry, d’apprendre que le discipulat n’est pas une préoccupation uniquement mennonite ou anabaptiste, mais une préoccupation partagée par les catholiques et les luthériens.
Bien s√ªr, il y avait de sérieuses différences entre les délégations sur ce qu’est le discipulat.
Par exemple, une différence importante entre les communions concerne la relation de l’Église avec l’État et ses exigences, en particulier le port d’armes. Et cela est lié, bien s√ªr, à l’importance centrale que les anabaptistes accordent à la non-résistance et à la non-violence.
Toutes sont cependant d’accord pour dire que le baptême est intimement lié à la vie de disciple, au fait de “vivre notre baptême”, comme il est écrit dans le Rapport.
Lacunes dans la mise en pratique du baptême
Les trois communions ont nommé et déploré la grande distance entre la théologie souvent profonde et belle du baptême, d’une part, et la façon dont les gens “vivent leur baptême” ou ne le font pas, d’autre part.
Il semble évident que nous pouvons rejoindre les catholiques et les luthériens en soulignant l’importance de la formation, comme le disent les catholiques, ou du “souvenir du baptême” comme les luthériens aiment à en parler.
Peut-être qu’en tant que mennonites, nous pouvons retrouver quelque chose de la signification fondamentale de ce qu’est ‚Äòêtre un disciple, à savoir être un étudiant, un apprenant. Et cela signifie aussi enseigner le baptême et la manière de le vivre.
Répondre à l’invitation des mennonites à “réfléchir”
Les délégués mennonites affirment pleinement que le “baptême des croyants” est la compréhension la plus fidèle à la Bible.
La deuxième conviction est que nous devons également être fidèles à la Bible tout autant qu’à la prière du Christ qui nous demandent de vivre dans l’unité reçue par la grâce de Dieu avec ceux qui sont aussi membres du corps du Christ.
La délégation mennonite nous demande donc d’honorer à la fois le désir d’être bibliquement fidèle et à l’appel du Christ à vivre dans l’unité que Dieu a déjà créée en Christ par son Esprit.
Christ par son Esprit. C’est un moment étonnant dans le temps o√π des membres du corps du Christ qui ont souvent été si tragiquement hostiles les uns aux autres veulent ensemble se construire mutuellement, encourager les chrétiens à être plus fidèles au Christ en vivant leur baptême.
Saisissons donc cette splendide occasion, en tant que famille d’églises anabaptistes/mennonites, de faire précisément cela, et de faire de cet appel à vivre notre baptême un élément central de notre processus de renouveau jusqu’en 2028 et au-delà.
Thomas R Yoder Neufeld est président de la Commission Foi et Vie. Professeur de théologie émérite, il est membre de la First Mennonite Church, Kitchener, Ontario (Canada).
Il est très difficile de se rendre dans le nord de l’Éthiopie depuis le début de la guerre. Mais, malgré les problèmes de sécurité, lorsque j’ai appris que les membres de notre église de l’ouest du Tigré étaient dans une situation pénible, j’ai formé une équipe. Nous voulions nous rendre sur place pour montrer notre amour envers les membres de la MKC (Meserete Kristos Church) dans la région.
Les infrastructures d’avantguerre, les logements et l’activité commerciale n’existent plus. C’est le vide.
Nous avons pu aller dans les villes où il y a encore des églises locales MKC. Ê un endroit appelé Abduraf, vivait un nouveau converti qui avait reçu une formation sur la doctrine chrétienne de base et était prêt pour le baptême d’eau. Malheureusement, avant qu’il ne soit baptisé, la guerre a éclaté. Les responsables de l’église se sont dispersés ; le nouveau croyant ne pouvait pas être baptisé.
Lorsque nous avons visité cette région, ce nouveau croyant est venu et m’a demandé de le baptiser. Lorsque je me suis renseigné sur son témoignage, les croyants locaux m’ont dit qu’il avait appris la vérité mais qu’il n’avait pas encore été baptisé.
Nous baptisons souvent les gens dans une rivière ou dans une grande baignoire. Ni l’un ni l’autre n’était disponible dans la région. Je lui ai dit que le baptême n’était pas possible.
Le nouveau croyant a réfléchi un peu et m’a dit que je pouvais le baptiser dans un tonneau !
Mais il y avait une pénurie d’eau dans la région. Sans se laisser décourager, lui et d’autres croyants ont acheté des bourriches d’eau et ont rempli le tonneau.
Puis je me suis demandé comment cet homme pourrait entrer dans un tonneau. Il m’a répondu : « J’ai une formation militaire, J’y arriverai. »
Les croyants m’ont apporté une robe blanche avec une croix pour que je ressemble à un prêtre. Ils en ont également apporté une au nouveau croyant. Je l’ai revêtu de la robe blanche avec une croix, et je l’ai baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Ê ma grande surprise, il a été rempli du Saint-Esprit dès qu’il est sorti du tonneau. J’étais émerveillé ! Je n’avais jamais vu quelqu’un rempli du SaintEsprit dans une situation aussi difficile.
Tout le monde a remercié Dieu. Nous avons oublié que nous étions dans une zone d’insécurité… Nous avons tous ressenti la présence de Dieu.
Il semblait que nous vivions un rêve, pas la réalité. C’était un événement incroyable ! Après son baptême, les croyants l’ont intégré dans leur groupe en chantant. Ils l’ont serré dans leurs bras l’un après l’autre et lui ont dit : « Félicitations ! ».
Notre frère s’est réjoui d’avoir été baptisé.
« Dans une situation impossible, Dieu a ouvert la voie pour que je sois baptisé. C’est une journée historique pour moi. Dieu a envoyé le président de notre église pour me baptiser ! »
Dieu est partout, quelles que soient les situations, et accomplit son œuvre lorsque nous sommes prêts à aller dans le monde et à partager la Bonne Nouvelle.
Desalegn Abebe est président de Meserete Kristos Church, un église membre de la CMM en Éthiopie.
Après une conversation de 5 ans avec des théologiens des traditions catholique romaine et luthérienne, le Comité Foi et Vie a invité les membres de la Conférence Mennonite Mondiale à examiner ensemble leurs pratiques anabaptistes pour Renouveau 2028 dans deux webinaires intitulés « Croyez et soyez baptisés : une conversation sur le baptême. »
Contexte biblique, théologique et historique du baptême des croyants
Le 21 janvier 1525, un petit groupe de jeunes hommes se rassembla secrètement dans la ville suisse de Zurich pour un culte inhabituel. Ils avaient été élevés dans la religion catholique, mais depuis plusieurs années, ils se réunissaient pour étudier la Bible et discuter avec leur mentor, Ulrich Zwingli, le prêtre de l’église principale de la ville, la Grossmünster.
En lisant les Écritures, le groupe a commencé à remettre en question certaines pratiques de l’Église catholique, y compris le baptême des enfants, mais ils étaient divisés sur les étapes suivantes. Zwingli, soutenu par le conseil municipal de Zurich, demanda que soient faites progressivement une série de réformes modérées. Les membres du groupe d’étude biblique résistèrent. Si les Écritures étaient claires, ont-ils soutenu, des changements dans la pratique de l’Église devraient être immédiates, quelles que soient les conséquences politiques ou sociales.
Ainsi, le 21 janvier 1525, le petit groupe renonça formellement à leur baptême d’enfant et, de la même manière que Jésus et Jean-Baptiste, reçut le baptême à l’âge adulte. C’était pour eux le symbole de leur engagement volontaire à suivre le Christ et à se soutenir mutuellement dans ce nouveau pas de foi.
action semble presque banale. Après tout, qu’y a-t-il de si dérangeant dans le fait qu’un groupe de personnes se rassemble pour la prière et se verse ensuite de l’eau sur la tête ? Pourtant, cette action – qui marqua le début du mouvement anabaptiste (ou des ‘rebaptisés’) – eut de profondes conséquences. Quelques jours plus tard, le conseil municipal de Zurich ordonna l’arrestation et l’emprisonnement de toute personne participant à de tels baptêmes. En 1526, les autorités déclarèrent que le baptême des adultes était un crime capital. Et en janvier 1527, Félix Manz, chez qui le groupe s’était rencontré, subit l’ultime conséquence de ses convictions. Mains et pieds attachés à un poteau en bois, il fut ‘baptisé’ une fois de plus – poussé dans les eaux glacées de la rivière Limmat lors d’une exécution publique.
Le mouvement anabaptiste s’étendant, les responsables religieux et politiques les condamnèrent comme étant des hérétiques. Au cours des décennies suivantes, environ 3 000 croyants furent exécutés pour le crime d’être ‘anabaptistes’ ou ‘rebaptiseurs’.
Pourtant, ce mouvement perdure. Aujourd’hui, environ 2,2 millions de chrétiens dans le monde s’identifient à la tradition anabaptiste, y compris les 107 associations d’églises qui font partie de la Conférence Mennonite Mondiale.
Les éléments (du baptême) semblent assez simples : de l’eau, des témoins, et quelques mots soigneusement choisis. Pour un laïc regardant de l’extérieur, il peut sembler difficile de comprendre pourquoi la pratique chrétienne du baptême est si importante. Mais malgré sa simplicité, presque tous les groupes chrétiens considèrent le baptême comme un événement fondateur – un rituel qui exprime les convictions fondamentales de leur foi.
Église chrétienne, pourtant elles ont été la source de nombreux désaccords et de débats parmi les chrétiens.
Le baptême est-il essentiel pour le salut ?
Quel est l’âge approprié pour être baptisé ?
Comment le rituel doit-il être pratiqué ?
Le baptême confère-t-il le salut en soi ou est-il un symbole du salut déjà reçu ?
Le baptême dans la tradition chrétienne
Un baptême en plein air en République Dominicaine.
Photo: Mariano Ramírez
Les racines du baptême chrétien puisent profondément dans les images bibliques de l’eau – un symbole permanent de purification, de rafraîchissement et de vie elle-même. Dans l’Ancien Testament, l’eau est souvent associée à la puissance de guérison de Dieu : une source dans le désert, un puits vivifiant, ou la justice qui coule ‘comme un fleuve puissant’.
Le symbole du baptême chrétien vient directement de l’histoire de l’Exode (Ancien Testament) lorsque Dieu a séparé les eaux de la mer Rouge pour permettre aux enfants d’Israël de fuir l’esclavage en Égypte et d’échapper aux armées du Pharaon. Cet acte dramatique ‘la traversée les eaux’ marque la renaissance des enfants d’Israël. Après avoir traversé les eaux, ils n’étaient plus esclaves – ils étaient devenus la nouvelle communauté du peuple de Dieu, liés les uns aux autres par le don de la Loi et par leur dépendance à Dieu pour les guider et les nourrir.
Les échos de l’histoire de l’Exode peuvent être clairement entendus dans le Nouveau Testament, dans le récit de Jean, qui a été surnommé ‘Le Baptiste’. La prédication enflammée de Jean appelait à la repentance – une transformation du cœur symbolisée par une purification rituelle dans les eaux du Jourdain. Selon les évangiles, Jésus n’a commencé son ministère officiel qu’après avoir été baptisé par Jean. Cet acte – accompagné de la bénédiction de Dieu et de la présence claire du Saint-Esprit – a marqué un ‘traversée’ pour Jésus vers un nouveau ministère de guérison et d’enseignement, qui a culminé trois ans plus tard lors de sa crucifixion, sa mort et sa résurrection.
rucifixion, sa mort et sa résurrection. Les premiers chrétiens considéraient le baptême comme un symbole riche de significations tirées à la fois de l’Ancien Testament et de la vie de Jésus. Comme l’Exode, le baptême dans l’Église primitive symbolisait le renoncement à une vie asservie au péché et une ‘traversée’ vers une nouvelle identité avec une communauté de croyants qui, comme les enfants d’Israël, s’engageaient à vivre dans la dépendance de Dieu.
Nombre de premiers chrétiens considéraient également le baptême comme une sorte de répétition de la mort et de la résurrection du Christ. Les candidats au baptême entraient nus dans l’eau, dépouillés et vulnérables, comme le Christ sur la croix, mourant ainsi à leur ancien moi. Après être sortis de l’eau, ils étaient vêtus de robes blanches comme symbole de la résurrection et de leur nouvelle identité en tant que disciples de Jésus.
Des preuves solides datant des deuxièmes et troisièmes siècles suggèrent que les premiers chrétiens ne baptisaient que les adultes, et ce, seulement après une longue période d’instruction et de formation sévères. En d’autres termes, l’Église primitive réservait le baptême à ceux qui avaient connu une transformation du cœur, étaient engagés dans une vie quotidienne de disciple et étaient prêts à faire partie d’une nouvelle communauté de croyants.
Du baptême volontaire au baptême des enfants
Cependant, au cours du IVe siècle, cette pratique a commencé à changer. La cause en est principalement la conversion de l’empereur romain Constantin en 312 après J.C., un événement qui a lentement transformé la nature même de l’Église chrétienne. Pendant le siècle suivant la conversion de Constantin, d’une petite minorité persécutée, éloignée du centre du pouvoir politique, l’Église est devenue une puissante institution. Ses évêques en sont venus à s’appuyer sur les armées de l’empire romain pour leur protection et pour éliminer l’hérésie.
Peu à peu, le christianisme est devenu la religion ‘officielle’ des empereurs romains – une sorte de colle religieuse et culturelle aidant à unir un empire en train de se fragmenter
Puisque tous les habitants étaient désormais obligés de devenir chrétiens, il n’y avait plus de raison d’associer le baptême à la repentance, à une transformation de vie ou à une nouvelle identité au sein d’une communauté de croyants.
√Ä peu près à la même époque, de nouvelles discussions ont eu lieu pour défendre la pratique du baptême des enfants. Par exemple, à la fin du IVe siècle, saint Augustin (354-430) a insisté sur le fait qu’à partir du moment même de la naissance, les êtres humains étaient esclaves du péché. Le baptême des enfants, affirmait-il, était nécessaire pour le salut de l’âme de l’enfant. Dans son enseignement, l’acte du baptême lui-même conférait un don spirituel de grâce à l’enfant. Le sacrement du baptême incorporait l’enfant dans l’Église, sauvant son âme de la tâche du péché originel et du pouvoir de l’enfer.
Dans la société médiévale postérieure, le baptême marquait également l’appartenance d’un enfant à la communauté civique ; l’enfant était enregistré pour, plus tard, payer des imp√¥ts et faire allégeance au seigneur féodal local.
Les leaders de la Réforme, Luther, Zwingli, Calvin et d’autres ont convenu que les enfants devaient être baptisés à la naissance. Luther affirmait que le baptême des enfants confirme que nous sommes totalement dépendants du don gratuit de la grâce de Dieu pour notre salut – et n’est pas le résultat de nos propres actions. Zwingli a fait remarquer que Jésus enseignait que nous devons devenir « comme des enfants » pour entrer dans le royaume de Dieu. Le baptême des enfants, comme la circoncision pour les Juifs de l’Ancien Testament, était un signe d’inclusion dans le corps des croyants et un engagement de la part des croyants à élever cet enfant dans les voies de Dieu.
Convictions anabaptistes-mennonites sur le baptême
Ainsi, lorsque les responsables anabaptistes commencèrent à contester la pratique du baptême des enfants, il y eut des réactions de confusion, de colère et finalement de violence.
Pour les anabaptistes, le principal argument en faveur du baptême des croyants, par opposition au baptême des enfants, repose sur un principe fondamental de la Réforme elle-même : « l’ Écriture seule ». Les anabaptistes du XVIe siècle ne trouvèrent aucune justification scripturaire de la pratique du baptême des bébés dans le Nouveau Testament. Mais les enseignements de Jésus liaient explicitement le baptême à la repentance et à la foi – ce qui n’était évidemment pas possible pour un enfant. En ordonnant aux disciples de prêcher la bonne nouvelle de l’évangile, par exemple, Jésus a promis : « Quiconque croit et est baptisé sera sauvé » (Marc 16/16). L’ordre ici est clair : la foi d’abord, puis le baptême.
√Ä la fin de son ministère, dans un dernier avertissement aux disciples, Jésus parla à nouveau du baptême. « Allez donc », dit-il aux disciples dans Matthieu 28 :19-20, « et faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à obéir à tout ce qui je vous ai commandé. »
Là encore, l’ordre est important. Jésus a commandé à ses disciples de « faire des disciples », puis de les baptiser dans l’espoir que les nouveaux convertis apprendraient aussi à obéir aux commandements du Christ. En d’autres termes, on devient disciple de Jésus en entendant, en comprenant et en répondant à un appel – tout comme l’avaient fait les premiers disciples
Ce même ordre se reproduit dans l’histoire des premiers baptêmes de l’Église apostolique telle qu’elle est rapportée dans Actes 2. L’histoire commence avec Pierre prêchant à une foule de juifs qui se sont rassemblés à Jérusalem pour la célébration annuelle de la Pâque. Il termina son sermon par un appel à la repentance. « Ceux qui ont accepté son message », conclut le récit « furent baptisés ».
Pour les anabaptistes (et les groupes qui leur ont succédé) l’engagement à suivre Jésus impliquait une conversion ou un « retournement » – une réorientation radicale des priorités, symbolisée par le baptême, ce qui pouvait conduire à la persécution et même à la mort. Ce n’était pas une décision qui pouvait être prise par un nourrisson !
Le sens du baptême : une corde à trois brins
Le pasteur Sang Nguyen Minh
baptise Nguyen Thi Lien au Vietnam.
Photo: l’église mennonite de Hoi An
Les anabaptistes ne croyaient pas que l’acte du baptême en lui-même faisait d’une personne un chrétien. Au contraire, le baptême était le ‘signe’ extérieur ou le ‘symbole’ d’une transformation intérieure.
Bien s√ªr, les symboles peuvent avoir plusieurs significations. S’appuyant sur le verset de 1 Jean 5, les anabaptistes décrivaient fréquemment le baptême comme une sorte de corde à trois brins : l’esprit, l’eau et le sang représentaient les éléments essentiels du baptême :
Les enfants de Dieu sont ceux qui croient que Jésus est le Christ et qui suivent ses commandements. Trois choses, dit Jean, témoignent que Jésus est le Fils de Dieu : « l’Esprit, l’eau et le sang ; et les trois s’accordent » (1 Jean 5/8).
1. √Ä son niveau le plus élémentaire, le baptême est un signe visible de l’œuvre transformatrice du Saint-Esprit. C’est une reconnaissance publique que le croyant s’est repenti de ses péchés, a accepté le pardon de Dieu et a « remis sa vie entre les mains du Christ ». Le baptême célèbre le don du salut : le don de la grâce : amour, pardon et nouvelle vie.
2.En même temps, le baptême est aussi signe d’appartenance à une nouvelle communauté. Dans le baptême d’eau, nous nous joignons une communauté, ce qui implique l’accompagnement, la discipline et la fraternité. Lors du baptême, nous promettons de donner et de recevoir les avis et conseils des autres, de partager nos biens et d’être au service dans la mission plus large de l’église. Dans la tradition anabaptistemennonite, le salut n’est jamais purement privé ou intérieur ; notre foi s’exprime toujours dans les relations avec les autres.
3. Enfin, par le baptême, les nouveaux croyants promettent de suivre le chemin de Jésus : vivre comme il a vécu et enseigné, même si cela a pour conséquence (comme pour Jésus) l’incompréhension, la persécution, la souffrance ou même la mort. Il ne suffit pas de proclamer le pardon des péchés ou d’avoir son nom inclus dans une liste de membres d’église. Le baptême implique également un mode de vie modelé sur celui de Jésus : aimer Dieu de tout son cœur et aimer son prochain comme soi-même.
Les anabaptistes du XVIe siècle ont cherché à retrouver ces enseignements qui étaient devenus vagues dans l’histoire de l’Église. Sur la base de ces principes bibliques, ils ont conçu le baptême comme un signe de la présence transformatrice de l’Esprit, comme une marque d’appartenance à une communauté et comme une volonté de suivre le Christ, quelles qu’en soient les conséquences.
John Roth est secrétaire de la Commission Foi et Vie. Professeur d’histoire à Goshen College, il est membre de Berkey Avenue Mennonite Church, Goshen, Indiana, (États-Unis).
« La majorité des membres n’ont pas d’emploi, la survie est très difficile. »
Leontina Mahamba, Paroisse Alegria de Malanje, igreja Comunidade Menonita em Angola
« La maladie mentale est le principal élément qui maintient les personnes à la rue. La chaleur, la sécheresse et la pollution aggravent leur situation. L’insécurité alimentaire est un autre problème auquel nous nous attaquons… Les gens sont obligés de choisir entre le loyer et la nourriture. »
Duane Ruth Heffelbower, USA
« Répondre aux besoins liés à la faim et à la pénurie économique ; prendre soin des populations migrantes ; soutenir les initiatives qui génèrent des revenus ; faire preuve de prudence et se protéger au milieu de la violence, et pratiquer la non-violence ; lutter contre la corruption et les inégalités socio-économiques ; répondre aux problèmes dans la prière ; contribuer aux initiatives de paix. »
Grupo Cuidado de la Creación Iglesia Menonita de Teusaquillo, Colombia
Leontina Mahamba
Nos églises répondent à un large éventail de besoins, comme l’illustrent ces trois réponses à notre question « Quels sont les autres problèmes (outre le changement climatique et la dégradation de l’environnement) qui constituent une priorité élevée pour vous en tant qu’église dans votre quartier ou votre communauté ? »
Alors pourquoi est-il important pour ceux qui prennent soin de la création de réfléchir à d’autres questions ?
Les résultats de l’enquête soulignent pourquoi le soin de la création ne peut être séparé des autres aspects de la vie communautaire.
1. La pauvreté et la violence sont des problèmes sociaux majeurs dans les régions les plus touchées par le changement climatique
Comme nous l’avons déjà vu dans nos deux précédents articles (ici et là), les préoccupations des régions moins riches sont différentes de celles des régions du monde les plus riches.
Sans surprise, les sondés africains et latino-américains se préoccupent davantage de la pauvreté, de l’emploi, de l’insécurité alimentaire et de la violence que les sondés européens et nord-américains.
Il est encore plus frappant de constater que les personnes interrogées qui sont confrontées à de multiples indicateurs de dégradation de l’environnement sont deux fois plus susceptibles de signaler également les effets de multiples problèmes sociaux (pauvreté, santé, violence ou migration) dans leur communauté.
Ces résultats font écho aux avertissements d’organisations mondiales telles que le Forum économique mondial.
Dans son dernier rapport, le Forum économique mondial a classé le climat et la perte de biodiversité parmi les quatre principaux risques mondiaux, et a noté comment ceux-ci aggravent les crises sanitaires et sociales dans le monde.
Les communautés vulnérables sont plus durement touchées par le changement climatique.
2.Les régions riches se mobilisent sur des questions sociales différentes qui sont aussi étroitement liées à la justice climatique et environnementale.
Duane Ruth Heffelbower
Les réponses ont été sensiblement différentes dans les régions les plus riches d’Europe et d’Amérique du Nord.
Premièrement, les migrations étaient mentionnées plus souvent qu’en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Certes, les migrations existent aussi dans ces régions. Cependant, les répondants d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie se sont davantage concentrés sur les causes profondes du phénomène.
En outre, l’accent mis sur la migration en Europe et en Amérique du Nord s’inscrit généralement dans le contexte de la manière dont l’Eglise doit accueillir les immigrants, et les réfugiés en particulier. De nombreuses églises qui ont répondu à notre enquête travaillent avec les migrants et les réfugiés.
Un deuxième résultat frappant est l’accent mis sur l’identité et l’intolérance en Amérique du Nord. Nous avons utilisé cette catégorie pour les réponses indiquant que les communautés sont confrontées à des conflits concernant l’identité sociale (par exemple, ethnique, raciale ou religieuse).
La forte préoccupation pour ces questions aux États-Unis et au Canada en particulier reflète probablement la conscience accrue des inégalités causées par la discrimination raciale, mais les réponses d’autres régions suggèrent que ces questions d’identité et d’intolérance sont répandues.
La migration et la justice raciale sont de plus en plus identifiées comme des aspects importants du changement climatique. Les résultats de l’enquête de la CMM montrent à quel point ce lien est pertinent pour les communautés anabaptistes avec ses valeurs de soutien mutuel et de travail pour la paix.
Donna Bender
3.Les Eglises se sentent appelées à réagir
« Actuellement, avec les restrictions liées à la COVID-19, nous sommes obligés de constater que la pandémie a des répercussions très inégales que ce soit au niveau local ou mondial. Comment Dieu veut-il que nous réagissions ? » (Eleanor Nash, Canada)
Les réponses à l’enquête montrent clairement que les assemblées cherchent à prendre soin de leurs membres, des communautés locales et de leurs prochains de diverses manières. Elles se soucient beaucoup du bien-être des enfants et des jeunes, accordent une grande importance à la migration et s’engagent souvent dans les luttes de leurs prochains, qu’ils soient proches ou plus lointains.
Dans notre monde en rapide évolution, aux prises avec la COVID-19, le changement climatique et bien d’autres problèmes, les églises anabaptistes-mennonites redéfinissent la suivance du Christ face à de nouveaux défis.
Response
Tous les regards sont tournés vers la COP26, la réunion internationale sur le climat de cette année, qui a débuté le 31 octobre et se terminera le 12 novembre. Découvrez ici pourquoi cette réunion est importante et ce à quoi vous devez vous attendre.
Le groupe de travail pour la protection de la création (CCTF) de la CMM se joint aux responsables religieux du monde entier qui appellent les dirigeants des nations à répondre avec urgence, justice et compassion à la crise climatique.
Nous reconnaissons l’échec collectif de l’humanité à prendre soin de la création de Dieu.
Nous reconnaissons qu’une réponse juste devrait d’abord reconna√Ætre que certains, en particulier dans le Nord, ont une part disproportionnée dans la production de la crise. Les autres, en particulier ceux qui, dans le monde, manquent de pouvoir et de ressources, sont touchés de manière disproportionnée.
Tout le monde peut participer à la lutte pour le changement ; la CCTF invite la communauté anabaptiste mondiale à se joindre à la solidarité, à prier pour une action significative lors de la COP26 et à être d’audacieux disciples de Jésus.
Ceci est une série de publications sur les problèmes environnementaux et l’Église mondiale.
Ces témoignages mettent en lumière :
a) l’impact des dégradations environnementales sur les anabaptistes-mennonites,
b) ce que les anabaptistes-mennonites pensent des problèmes environnementaux,
c) ce que font les anabaptiste-mennonites en réponse.
« Je suis très triste de voir les conséquences de la détérioration de l’environnement à travers le monde. Nous n’avons pas bien pris soin de ce que Dieu nous a laissé, de sa création, au contraire, nous la détruisons et je me sens coupable parce que je participe aussi au problème et non pas à la solution, » témoigne Sara Viteri, membre de Iglesia Evangélica Mennonita Jesús el Buen Pastor, Guayaquil, Équateur.
Que ressentez-vous face au changement climatique ou à d’autres problèmes environnementaux comme la pollution ? Ces sentiments vous motivent-ils à agir ?
Pour ceux qui étudient la dégradation de l’environnement, ces questions commencent à prendre de l’importance. Il est crucial de comprendre nos réactions émotionnelles pour agir face aux problèmes comme le changement climatique.
Sara Viteri, Équateur
Dans le questionnaire de la CMM sur la protection de la création, une des questions posées par le groupe de travail pour la protection de la création était que ressentez-vous face à la dégradation de l’environnement dont vous êtes témoins. Nous avons regroupé les réponses pour mieux comprendre ce que ressentent les gens.
Mais comment cela aide-t-il les églises à agir plus efficacement ?
1. La peur et la tristesse sont les sentiments dominants
Les réactions les plus fréquentes aux problèmes environnementaux sont la peur et la tristesse.
Rien de surprenant. Les sondages sur les émotions liées au climat montrent que lorsque l’on assiste personnellement aux conséquences de la dégradation de l’environnement, on ressent de l’incertitude et de la peur.
Les études récentes en psychologie de l’environnement montrent que ces sentiments peuvent provoquer un « déni implicite » des problèmes environnementaux : nous savons que les changements ont lieu, mais nous nous sentons dépassés et impuissants donc nous choisissons d’éviter de faire face aux problèmes.
Il est intéressant de constater que les sentiments de peur et de tristesse sont tout aussi courants dans les régions riches que dans les régions disposant de moins de ressources. En général, 30 à 50 pourcents des personnes interrogées originaires de régions les plus riches (Europe et USA/Canada) comme des régions généralement moins riches (Afrique, Amérique latine et Asie) ont affirmé ressentir de la peur.
Les mentions de tristesse sont plus disparates mais ne reflètent pas non plus une différence entre niveaux de richesse (les Asiatiques en particulier, ont exprimé un niveau élevé de tristesse alors que ce n’était pas le cas pour les Européens et les Latino-Américains).
Donc, même si certains sont plus touchés par les effets du changement climatique que d’autres, nous exprimons tous des émotions similaires comme la peur et la tristesse.
2. L’espoir n’est pas souvent mentionné
Mark Ruzzel Victoria, Philippines
Comment arriver à des actions concrètes face aux problèmes environnementaux ? Même si les études suggèrent qu’il n’existe pas de solution miracle, il est prouvé que l’on réagit plus efficacement lorsque nous avons l’espoir d’avoir un impact.
Dans cette enquête, certains ont affirmé qu’ils se sentaient motivés par l’observation directe des problèmes et par les émotions qui l’accompagnent.
« J’ai peur et pourtant je suis motivé parce que si j’agis avec cohérence, pour l’amélioration de l’environnement, alors je peux changer les choses, » déclare Mark Ruzzel Victoria, de Lumban Mennonite Bible Church, aux Philippines.
Cependant, très peu de personnes ont affirmer ressentir de l’espoir ou de la motivation. Il est possible que les sentiments de peur et de tristesses empêchent d’agir efficacement.
De plus, peu de personne toutes régions confondues, ont affirmé ressentir de la honte ou de la culpabilité, même dans les pays riches qui ont une plus grande responsabilité. C’est peut-être une autre indication de notre tentative d’éviter ce problème qui nous dépasse, ou de notre sentiment d’impuissance au niveau personnel.
3. La famille et la communauté : facteurs clés de la motivation
Joan Bueckert, Canada
« Je ne sais pas quel monde je vais laisser à mes enfants et mes futurs petits-enfants, » avoue Joan Bueckert, membre de Ottawa Mennonite Church, Ontario, Canada.
De nombreuses personnes interrogées évoquent leurs émotions dans le contexte de leur communauté. Elles parlent des autres, comme leurs petits-enfants, les membres de leur paroisse et ceux qui sont les plus touchés par le changement climatique ailleurs dans le monde.
Les résultats montrent que l’Église est bien placée pour nous aider à bien réagir en nous aidant à comprendre nos émotions en lien avec les personnes que nous aimons. La colère, par exemple, peut nous pousser à agir avec passion face à ce que nous voyons.
Nous vous lançons un défi : n’évitez pas les émotions provoquées par les conséquences du changement climatique. Apprenez à comprendre vos sentiments et puis, transformez-les en motivation pour agir.
Priere
Conséquence du changement climatique : les inondations en Équateur.
Ceci est une série de publications sur les problèmes environnementaux et l’Église mondiale.
Ces témoignages mettent en lumière :
a) l’impact des dégradations environnementales sur les anabaptistes-mennonites,
b) ce que les anabaptistes-mennonites pensent des problèmes environnementaux,
c) ce que font les anabaptiste-mennonites en réponse.
La présence des anabaptistes-mennonites indonésiens revêt une grande importance dans l’histoire des anabaptistes du monde entier, car elle apporte une nouvelle lumière, non seulement à la question « Qui sont les anabaptistes ? », mais aussi à la question annexe « Qui sont les voisins des anabaptistes ? »
Depuis ses débuts il y a près de 500 ans, la famille anabaptiste était principalement composée d’Européens. Mais cela a radicalement changé dans les années 1850 lorsque des anabaptistes ont quitté l’Europe et sont arrivés à Java.
Cette mission a non seulement cassé l’image séculaire des anabaptistes, ‘les silencieux dans le pays’, mais elle a aussi été la première mission internationale, car elle était formée d’anabaptistes des Pays-Bas et de Russie.
Depuis, les anabaptistes ne sont plus majoritairement européens. Dans un pays comme l’Indonésie, avec le plus grand groupe musulman du monde, on peut dire maintenant que les voisins des anabaptistes ne sont pas seulement catholiques, luthériens et calvinistes, mais aussi musulmans, hindous et bouddhistes.
Trois unions d’églises
Aujourd’hui, il y a trois groupes anabaptistes-mennonites en Indonésie : Gereja Injili di Tanah Jawa (GITJ – Église évangélique de Java), Gereja Kristen Muria Indonesia (GKMI – Église chrétienne de Muria d’Indonésie) et Jemaat Kristen Indonesia (JKI – Assemblée chrétienne indonésienne).
La GITJ est une église à prédominance javanaise, située dans la région du centre-nord de Java où se trouvent la plupart des mennonites, bien qu’elle compte quelques membres chinois, batak, de Sumatra et de Nusa Tengarah Timur.
La GKMI, l’un des trois groupes anabaptistes-mennonites d’Indonésie, a été officiellement enregistrée en tant qu’union d’églises dès 1927, ce qui en a fait la première union d’églises anabaptistes-mennonites non occidentale organisée au monde.
Son fondateur, Tee Siem Tat, un Indonésien chinois, a refusé de suivre le système de zonage colonial néerlandais (chaque dénomination n’était autorisée à répandre l’évangile qu’à un groupe ethnique spécifique dans une zone déterminée), si bien qu’aujourd’hui cette Église est diversifiée. En 1960, la GKMI Kudus a ordonné comme pasteur principal Sudarsohadi Notodihardjo (un pasteur javanais). Cela revient à ordonner un pasteur afro-américain dans une église à dominante blanche, dans le Mississippi profond à l’époque de l’esclavage !
Les anabaptistes de la JKI représentent la diversité de l’Indonésie, avec des membres originaires de Batak, de Chine, les îles de la Sonde, de Dayak, de Banjar, de Menado, de Bali, d’Ambon, de Kupang, de Papouasie et de Java.
Identité anabaptiste-mennonite
Les anabaptistes-mennonites indonésiens font partie à la grande famille anabaptiste à tous les niveaux de la Conférence Mennonite Mondiale.
Cependant, en Indonésie, les églises sont simplement appelées chrétiennes. Il n’y a pas de distinction explicite entre leurs origines confessionnelles, qu’elles soient anabaptistes, calvinistes, luthériennes, méthodistes, pentecôtistes, etc. Vivant dans le plus grand pays à majorité musulmane au monde, avec six groupes religieux officiels, les églises indonésiennes n’ont pas d’intérêt à exposer leurs origines. Elles sont actives dans la mission et l’évangélisation et mettent de côté leurs différences confessionnelles.
Pourtant, au cours des deux dernières décennies, il y a eu un intérêt croissant parmi les anabaptistes-mennonites, en particulier les jeunes, pour mieux connaître et comprendre l’anabaptisme. Certains livres de théologie et d’histoire anabaptistes ont été traduits en indonésien afin que les responsables d’églises et les laïcs puissent les étudier. Des livres sur la théologie anabaptiste ont été utilisés comme manuels dans les séminaires et les universités interconfessionnelles appartenant aux églises anabaptistes-mennonites, et où enseignent des théologiens anabaptistes-mennonites. Cette évolution les a rendu plus audacieux pour s’identifier en tant que tels.
La relation entre le Mennonite Diakonia Service de la GKMI et le groupe du Hezbollah à Solo est un exemple de la manière dont les anabaptistes-mennonites indonésiens deviennent plus ouverts quant à leurs convictions pacifistes.
La plus ancienne église, la GITJ, a le don de la contextualisation. Utilisant l’art et les traditions de la culture javanaise, elle montre la pertinence de l’Évangile pour le peuple indonésien. L’Évangile de paix est une expression de ‘paseduluran’, un mot javanais signifiant ‘fraternité’.
Activités
Les anabaptistes-mennonites indonésiens sont très engagés dans le travail interreligieux pour la paix, par exemple le secours lors de catastrophes ou la formation, les ateliers de médiation et de consolidation de la paix.
Avec l’aide du Comité Central Mennonite, les anabaptistes-mennonites ont pris l’initiative de mettre en place une maîtrise d’Études sur la Paix et les Conflits à l’Universitas Kristen Duta Wacana. Il s’agit du premier programme d’études (universitaires) reconnu par le gouvernement indonésien. Cette initiative, et quelques autres, ont encouragé certaines universités chrétiennes d’Indonésie à créer un Centre pour la Paix dans leurs institutions. Maintenant, des cours de formation à la paix sont offerts à tous les niveaux dans de nombreuses universités chrétiennes indonésiennes.
De nombreuses paroisses anabaptistes-mennonites ont conçu une forme d’éducation alternative et des communautés orientées vers la paix. Elles ont créé des programmes scolaires et diverses ressources pour l’école du dimanche afin de sensibiliser les enfants à la paix. Il existe aussi un ‘Village de la Paix’ où les gens travaillent ensemble pour développer le bien-être économique et des valeurs pacifistes. Leur collaboration avec les internats islamiques a permis de mettre en place une ‘Bibliothèque de la Paix’ et de développer des réseaux entre des institutions et des individus de diverses origines religieuses pour agir pour la paix.
La mission de l’Église n’est pas comprise et pratiquée comme une forme de prosélytisme, mais comme une mission de réconciliation.
La JKI est exemplaire en matière de sensibilisation, en particulier auprès des jeunes. Elle a fondé et continue de soutenir le plus grand groupe interconfessionnel de jeunes d’Indonésie, la Unlimited Fire Youth Conference, qui rassemble des centaines de paroisses et des milliers de jeunes, en vue de former des jeunes responsables.
Les assemblées locales utilisent les médias sociaux pour interagir avec les jeunes, offrant des cours en ligne, un accompagnement créatif et des activités ludiques. La plupart des bénévoles engagés dans les paroisses sont encore au lycée ou sont en apprentissage.
Par exemple, la paroisse Jakarta Praise Community forme des disciples enthousiastes qui servent Dieu par la musique, le multimédia, l’enseignement, la technologie et les arts. La musique écrite et composée par des membres de l’Église JKI a un impact non seulement sur les chrétiens indonésiens, mais ailleurs dans le monde. Les paroles de leurs albums ont été traduites en anglais, thaï, japonais, mandarin et coréen.
La JKI soutient une station missionnaire à Sumba. Les enfants sont parrainés pour pouvoir fréquenter l’école et les habitants apprennent à tisser des étoffes traditionnelles tenun qui sont ensuite vendues dans le pays et à l’étranger. La JKI est en train de construire un système d’irrigation et de développer des méthodes agricoles alternatives pour aider la communauté à améliorer son niveau de vie.
Près de Batam, la JKI s’est tournée vers les Suku Laut (Peuple de la Mer) qui vivent sur la myriade d’îles entourant l’Indonésie et sur des bateaux. Ils ont très peu accès à l’électricité et aux connexions internet, et vivent souvent loin des magasins et des restaurants. Auparavant, ils devaient voyager 8 à 10 heures en bateau pour entendre l’Évangile lors des services religieux à Batam, mais maintenant, il y a plusieurs assemblées locales parmi le Peuple de la Mer. Les missionnaires JKI s’occupent des enfants dans une école maternelle.
Les paroisses essentiellement rurales de GITJ travaillent à la paix dans leurs communautés. Elles sont engagées dans des projets sociaux comme les soins médicaux pour tous indépendamment de la religion. La paroisse de Magorejo a lancé un projet de reboisement des forêts de mangrove.
Difficultés et opportunités
√ätre chrétiens dans un pays à majorité musulmane est difficile pour les communautés mennonites. Ils sont parfois confrontés à des restrictions quant au moment et à l’endroit où se réunir pour célébrer le culte ou pour avoir des rencontres fraternelles. Ils font aussi face à des obstacles pour obtenir les autorisations nécessaires pour construire un lieu de réunion, pour se rassembler et prêcher la Bonne Nouvelle.
Une des paroisses de la GITJ de la région de Jepara a adressé régulièrement pendant 12 ans une pétition aux responsables municipaux pour obtenir l’autorisation d’utiliser un b√¢timent d’église. Avec persévérance et bienveillance, ils ont développé des relations avec divers membres du gouvernement et avec des personnes d’autres religions. Leur demande a finalement été entendue.
La montée de la politique identitaire ‚Äì en particulier l’identité religieuse et ethnique ‚Äì en Indonésie a rendu difficiles les progrès de la coexistence pacifique entre les différentes communautés ethniques et religieuses. La politique identitaire n’est pas mauvaise en soi, mais elle devient un obstacle à la cohésion sociale lorsque le groupe le plus respecté se sent supérieur, tout en manquant de respect aux autres groupes, voire en se les aliénant ou les détruisant. La violence sous forme de discours haineux, de discrimination et d’exclusion s’ensuit facilement. Ce phénomène se produit non seulement entre groupes mais aussi au sein des groupes. Les anabaptistes-mennonites indonésiens n’en sont pas exempts, ce qui crée de grands problèmes externes et internes.
Dans certaines régions, la pauvreté, le chômage et le faible niveau d’éducation sont des problèmes persistants pour les communautés chrétiennes. Pour les assemblées locales de la GITJ, annoncer la Bonne Nouvelle signifie apporter une aide concrète et des possibilités d’apprentissage outre la nourriture spirituelle.
D’autres problèmes concernent la laïcité et la modernisation qui ont conduit les jeunes à s’éloigner des églises. Pour y répondre, les églises ont utilisé le multimédia, les médias sociaux et des activités créatives.
Pendant l’année écoulée la pandémie mondiale n’a pas facilité la progression de l’Église, mais la technologie a permis de se connecter avec les membres des paroisses. Celles-ci ont découvert les services en ligne, en utilisant Zoom, GoogleMeet, Instagram live, YouTube live et les appels vidéo WhatsApp afin d’assister au cultes, aux petits groupes, aux réunions, aux ateliers et à des sessions de relation d’aide.
Les églises mennonites d’Indonésie aiment leurs voisins de manière holistique. Par exemple, du 5 au 7 février 2021, certaines régions de Semarang ont été inondées après de fortes pluies. L’eau a submergé les voitures et les maisons. Les membres des assemblées de Semarang se sont déplacés en radeau vers ces régions pour aider les familles à quitter leur maison. Les magasins et les restaurants étaient déjà fermés pendant les week-ends en raison du COVID-19, les paroisses ont alors distribué de la nourriture aux familles dans le besoin. Elles ont fourni un abri aux personnes qui avaient d√ª quitter leur maison inondée.
Trois synodes
Dans le passé, les relations entre les trois synodes n’ont pas été très étroites. Le séminaire mennonite de Pati est le résultat d’un partenariat entre la GITJ et a GKMI.
Mais au cours de la dernière décennie, une nouvelle manière de collaborer s’est développée sous la forme d’Indomenno. Cette nouvelle entité est destinée à aider les trois synodes à travailler ensemble et se soutenir mutuellement, notamment en s’associant au Comité Central Mennonite et en accueillant l’Assemblée de la Conférence Mennonite Mondiale en 2022. D’autres initiatives communes sont envisagées. Cependant, le COVID-19 a limité la liberté de se rencontrer. Plusieurs fois, les responsables ont d√ª refaire et reporter leur ordre du jour concernant la préparation de l’Assemblée.
« Nous espérons rester solides et unis dans le soutien de cette prochaine Assemblée. Nous sommes très heureux et honorés que nos frères et s≈ìurs du monde entier puissent venir et voir ce que Dieu fait en Indonésie » dit Eddy Suyanto.
Contributeurs : Paulus Widjaja (GKMI), Eddy Suyanto (JKI), Lydia Adi (JKI), Teguh Sagoya (GITJ), Edi Cahuyono (GITJ), Tri Gunanto (GITJ)
En savoir davantage :
The Radical Muslim and Mennonite: A Muslim-Christian Encounter for Peace in Indonesia, de Agus Suyanto y Paulus Hartono, trans. Agnes Chen (Semarang: Pustaka Muria, 2015)
A Cloud of Witnesses: Celebrating Indonesian Mennonites, de John D. Roth (à venir)