Surmonter les obstacles dans l’unanimité

Autriche

Mennonitischen Freikirche Österreich (MFÖ) / Église mennonite libre d’Autriche

L’église mennonite libre de Vienne est la communauté dans laquelle j’ai eu le privilège de grandir. Notre assemblée est petite, vraiment familiale et centrée autour de Jésus-Christ, le Fils de Dieu.

Je m’identifie facilement aux mennonites car ils se considèrent envoyés par Dieu pour apporter la paix, se réunir et aller vers leur prochain dans l’amour

Concrètement, cela signifie qu’en tant que ‘communauté vivante’, nous sommes constamment confrontés à des défis et à diverses difficultés. Néanmoins, nous avons la volonté de grandir ensemble grâce à ces obstacles, et assez d’amour pour vouloir les surmonter dans l’unanimité. Cependant, l’unanimité ne signifie pas que nous ayons toujours un seul et même avis, mais que nous soyons prêts à nous soumettre à la décision prise ensemble en communauté réunie dans la paix.

Lorsque j’ai été baptisée dans la foi en septembre 2011, j’ai pris la décision de servir dans cette paroisse et j’ai donc demandé à en devenir membre. Depuis que j’ai franchi ce pas, je peux dire que suivre le Christ dans la grande famille de Dieu m’a apporté d’incroyables bénédictions.

J’ai été encouragée très souvent par d’autres membres à servir Dieu avec mes dons personnels (la louange et le travail avec les enfants). J’ai beaucoup appris, j’ai connu des hauts et des bas, et on m’a aidée à surmonter des difficultés. Mon caractère s’est formé. Je peux affirmer avec gratitude que j’ai un Seigneur patient – qui est patient avec moi – même lorsque je suis devant le même problème pour la troisième fois.

– Franziska, membre de MFWien, assemblée mennonite de Vienne (Autriche).

Mennonitischen Freikirche Österreich (MFÖ) / Église mennonite libre d’Autriche

En Autriche, depuis que les mennonites se sont structurés, nous avons participé à la Conférence Mennonite Mondiale avec les Frères mennonites allemands : Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer Brüdergemeinden in Deutschland (AMBD) et la Vereinigung der Menoniten Brudergemein von Bavaria (VMBB). Après que l’AMBD ait été acceptée en tant que membre de la CMM, la MFÖ a été représenté par son propre délégué.

La MFÖ est composée de 6 paroisses comptant 385 membres. Le nombre de membres a lentement diminué pendant près de deux décennies en raison de la fermeture de deux assemblées locales et de l’échec de quatre tentatives d’implantation de nouvelles assemblées, puis a connu une augmentation en 2019. Malheureusement ‘l’année COVID-19’ en 2020 a arrêté cette croissance timide du MFÖ.

Histoire

L’anabaptisme, né en Suisse, s’est répandu très rapidement dans les terres héréditaires des Habsbourg. On estime qu’environ un tiers de la population étaient anabaptistes, et le reste catholiques et luthériens. Cependant, les rois de la lignée des Habsbourg se considéraient comme les défenseurs de l’église catholique romaine et s’opposaient donc à la Réforme. De nombreux luthériens et anabaptistes furent expulsés d’Autriche. Bien que des ‘protestants clandestins’ aient pu survivre dans les régions montagneuses reculées, les anabaptistes ont disparu.

Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que les mennonites sont revenus en Autriche pour aider les réfugiés mennonites d’Europe de l’Est. Des communautés ont émergé grâce au travail des réfugiés en HauteAutriche et à Vienne. Des missionnaires Frères mennonites sont allés en HauteAutriche. Une communauté a été fondée à Vienne, en collaboration avec le MCC et la Sonnenberggemeinde en Suisse.

Les assemblées locales mennonites, comme les autres assemblées des Églises libres, n’étaient pas reconnues comme Églises en Autriche, ce qui présentait un certain nombre d’inconvénients. Afin d’y remédier, l’Église catholique romaine, l’Église luthérienne et l’Église réformée, l’Institut de Philosophie juridique de l’Université de Vienne et le mouvement œcuménique ‘Chemins de réconciliation – la Table ronde’ se sont efforcés, en collaboration avec les Églises libres, à obtenir leur reconnaissance par l’État. Cela s’est produit en 2013 grâce à la fusion des associations des Églises libres baptistes, évangéliques, pentecôtistes et charismatiques, de la communauté chrétienne Elaia et de l’Église mennonite libre d’Autriche (MFÖ).

En 2019, les Bruderhof ont été accepté par le MFÖ en tant que Paroisse des Bruderhof d’Autriche.

Aujourd’hui, la MFÖ se compose de six paroisses à Gmunden, Linz, Retz, Steyr, Wels et Vienne, et compte 385 membres baptisés.

Nos communautés sont composées principalement d’Autrichiens et de membres de pays européens et non européens. Les réfugiés de divers pays, dont le Moyen-Orient, trouvent un bon accueil dans nos communautés. Par conséquent, la composition des assemblées locales est très internationale, surtout dans les grandes villes, bien sûr.

Beaucoup de nos membres sont issus du catholicisme, et certains des églises évangéliques. En raison de la courte histoire des Églises libres en Autriche, il n’y a que quelques chrétiens de deuxième génération et presque pas de troisième génération.

Récemment, les paroisses ont envoyé des missionnaires au Bangladesh et au Kirghizistan ; elles les soutiennent financièrement et par la prière.

Difficultés

Les assemblées mennonites sont petites. La plus grande communauté est à Wels, avec environ 100 membres. Trois paroisses emploient des pasteurs à temps partiel. Deux sont dirigées par des personnes qui assurent un leadership spirituel et pratique pour leurs communautés en plus de leur emploi à plein temps. Dans un avenir proche, les responsables âgés et éprouvés depuis de nombreuses années devront être remplacés par des collègues plus jeunes – qui eux, sont occupés par leurs responsabilités professionnelles et familiales.

Dans les assemblées, il y a aussi des jeunes familles et des collaborateurs dont la plus grande préoccupation est d’implanter des églises. Dans ces domaines aussi, la pandémie a été et reste un obstacle important.

Nos membres apportent différents concepts théologiques, fruits de leurs histoires personnelles et de leurs origines religieuses. On constate l’influence claire du Mouvement des Frères apportée par la littérature et les évangéliques nordaméricains. Ce qui est typiquement ‘mennonite’ est moins bien compris ; c’est un peu comme une histoire plus ou moins intéressante. Nos pasteurs ne sont pas d’origine mennonite, si bien qu’ils ne prêtent pas attention à ce qui est particulier à l’anabaptisme. Il faut espérer que grâce à leur participation à des événements mennonites internationaux, nos pasteurs et collaborateurs découvriront ces caractéristiques.

Opportunités

Un repas fraternel en plein air à la paroisse de Steyr (Autriche). Photo avec l’aimable autorisation de MFO

La population autrichienne est très traditionnelle et apprécient que les décisions soient prises par les autorités. C’est peut-être une conséquence de la monarchie qui a duré si longtemps en Autriche.

Grâce à l’accréditation de l’État, Nous avons constaté – avec étonnement – que les Églises libres ont été bien mieux acceptées par la population et, surtout, par les autorités. Même si la diversité des Églises libres représente encore un problème de compréhension considérable, elles rencontrent de plus en plus d’intérêt. Le FKÖ a donc la possibilité de se joindre à des conseils d’administration qui discutent de sujets d’une grande importance pour la société. Il aussi la chance d’aider à orienter ces conseils dans les domaines ecclésiastique et politique. Le dialogue avec d’autres Églises et sociétés religieuses est également plus facile maintenant.

Après 500 ans d’histoire anabaptiste mennonite, la société autrichienne redécouvre les racines européennes des Églises libres, ainsi que leur permanence, leur cohérence et aussi leur fiabilité – bons signes d’une ancienne tradition.

Dans le passé, il y avait parfois des controverses et de l’animosité entre les traditions anabaptistes et les autres Églises libres, mais maintenant la collaboration a conduit à une unité beaucoup plus respectueuse.

Au sein du FKÖ, les mennonites ont pu aider à maintenir une position équilibrée entre des convictions très différentes, comme en ont parfois les charismatiques et les évangéliques. Il semble que le comportement pacifique des mennonites soit apprécié.

Les cinq unions d’églises au sein de l’Église libre d’Autriche (FKÖ) ont l’occasion de faire leurs preuves lors de leur interaction quotidienne et de montrer ainsi qu’il est possible de vivre dans l’unité sans avoir à renoncer à sa propre identité. Basé sur les convictions religieuses de l’Alliance évangélique, le FKÖ s’est doté d’un cadre théologique et travaille dans l’harmonie sur les questions juridiques et sociales. Pourtant, les unions d’églises et leurs paroisses restent autonomes. De cette fa√ßon, la société autrichienne peut constater à la fois la diversité et l’unité des cinq différentes traditions lors de nos interventions publiques.

Ces principes, ou des principes similaires, pourraient également servir d’exemples au-delà des frontières de l’Autriche.


 

Reinhard Kummer, est le président de la Mennonitischen Freikirche Österreich (MFÖ) / Église mennonite libre d’Autriche
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’octobre 2021 de Courier/Correo/Courrier.