« Ces répercussions ont eu un impact négatif sur la vie personnelle et celle des autres membres de notre paroisse, car elles sont venues accentuer le niveau de la pauvreté qui existait déjà dans la Communauté. La flambée de prix des produits alimentaires a perturbé la consommation dans les ménages et ceci crée une insécurité alimentaire dans les ménages des fidèles. Les perturbations climatiques ont occasionné la perte de plusieurs ressources des membres de la Paroisse, ce qui fait que les membres de la paroisse ne sont plus à mesure de répondre aux besoins vitaux de leurs familles et particulièrement la scolarisation de leurs enfants. »
« Nous vivons dans un état de frustration et de peur permanant…compte tenu du fait qu’à tout moment on peut être emporté par les catastrophes naturelles et à cause de l’insécurité alimentaire causée par ces changements climatiques. » —Jacques Pilipili Mungwaere, pasteur, Paroisse Adonai, Communauté des Églises des Frères Mennonites au Congo (CEFMC), Bukavu/Sud-Kivu, RDC.
Alors que nous entamons la Saison de la Création, le témoignage de Jacques Pilpili Mungwaere nous rappelle que les nombreuses crises de notre monde nous intiment à réparer notre relation avec la création.
Suite au sondage sur la protection de la création auprès de mennonites du monde entier, nous avons pu identifier trois grandes leçons en réponse aux questions suivantes :
Quelles sont les répercussions des détériorations de l’environnement et/ou du changement climatique que vous pouvez observer autour de vous ou de votre paroisse et
comment modifient-elles votre vie personnelle ou celles des autres membres de votre paroisse ?
1. Impact environnemental sur la vie quotidienne
Pratiquement toutes les personnes interrogées (98%) ont observé au moins un des 17 impacts listés. Les plus fréquents étant :
les impacts économiques impacts (comme l’augmentation des prix de l’alimentaire),
les changements de phénomènes climatiques (comme la canicule ou les inondations),
une pollution généralisée.
Il est intéressant de noter que les personnes interrogées ont moins insisté sur les deux domaines qui habituellement concentrent l’attention médiatique :
les événements dramatiques comme les feux de forêt, les ouragans/typhons et
les changements à grande échelle, lents comme l’élévation du niveau de la mer et la fonte des glaciers.
Elles ont plutôt évoqué les impacts sur leurs vies quotidiennes.
2. Les zones les moins riches sont les plus touchées
Même si presque tout le monde a observé des dégradations de l’environnement, des différences entre l’impact ressenti de ces phénomènes existent entre les personnes interrogées.
Plus d’un tiers des sondés des États-Unis/Canada et d’Europe ont dit ne pas être touchés par le changement climatique pour l’instant, alors qu’aucun des sondés d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique latine n’a affirmé cela. L’Afrique est la région qui a déclaré le pourcentage le plus élevé d’impacts. Par exemple, alors que 80% des sondés africains ont observé une hausse des prix de l’alimentaire à cause du climat, c’est le cas de seulement 9% des sondés européens. Sans surprise, les africains ont aussi déclaré être touchés plus que les autres par l’insécurité alimentaire et la malnutrition.
Ces réponses soulignent ce que nous savions déjà : ceux qui sont les moins responsables du changement climatique sont les premières victimes de ses conséquences.
3. Croisement des problèmes environnementaux et d’autres difficultés sociales
Nous avons reçu une très grande variété de réponses aux questions ouvertes. Par exemple, environ 10% des sondés africains, asiatiques et latino-américains ont affirmé que l’augmentation des températures ou les pluies abondantes avaient eu des conséquences négatives sur leur possibilité de se réunir en tant que paroisse.
Les dégradations de l’environnement ont aussi un impact émotionnel. Près de 10% des personnes interrogées provenant des USA/Canada, Europe et d’Amérique latine ont affirmé être attristées ou se sentir touchées émotionnellement par la dégradation de la création, même en absence d’un impact direct sur leur mode de vie.
Après les vagues caniculaires de cet été en Amérique du Nord et les inondations en Allemagne, les réponses sont susceptibles de changer.
Pour d’autres sondés, les problèmes environnementaux ont des conséquences directes sur des problèmes sociaux comme l’augmentation de la violence, l’augmentation de la déscolarisation, la santé mentale et les migrations. Toutes ces réponses suggèrent que la dégradation de l’environnement a des conséquences sur tous les aspects de nos vies et que nous ne pouvons pas séparer cette problématique des autres problèmes sociaux importants.
Dans notre prochaine publication, nous aborderons le sujet des émotions comme facteur clé pour comprendre nos réponses à la crise environnementale et au changement climatique.
Prière
Dieu Créateur, nous venons vers Toi dans le nom de Jésus Christ, désireux que ton royaume-famille rédempteur vienne et que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Nous prions pour que le Saint Esprit donne la force nécessaire aux croyants pour qu’ils redonnent vie à ce que tu as vu lorsque tu as dit que ce que tu avais créé était bon.
O Dieu, apprend-nous à témoigner avec compassion devant les autres et l’environnement pour que nous encouragions la communauté des bien-aimés à cheminer avec humilité, douceur et amour.
O Dieu, souffle sur nous à nouveau, au nom de Jésus,
Amen !
Ceci est une série de publications sur les problèmes environnementaux et l’Église mondiale.
Ces témoignages mettent en lumière :
a) l’impact des dégradations environnementales sur les anabaptistes-mennonites,
b) ce que les anabaptistes-mennonites pensent des problèmes environnementaux,
c) ce que font les anabaptiste-mennonites en réponse.
Les différences reflètent la sagesse et la bonté de Dieu
La religion est personnelle;elletraduit notre manière d’être. Religiosignifie ‘lier’, donc les religions sont destinées rassembler les gens.
Parler avec d’autres chrétiens (protestants, catholiques ou orthodoxes) est un échange INTRA religieux. Parler avec des membresd’autres confessions ou religions mondialesest un échangeINTER religieux.
Le professeur à la retraite Wesley Ariarajah, originaire du Sri Lanka, définit la vraie religion en termes de « compassion, non-violence, don de soi, amour universel et rejet de des acquisitionsmatérielles ». Son livre Votre Dieu, mon Dieu, notre Dieu, sous-titréRepenser la théologie chrétienne par rapport à la pluralité religieuse», décrit la manière dont les religions sont tournées vers un ÊtreUltime.
Racines juives
Le christianisme a de solides racines juives. Il s’appuie sur les Écritures hébraïques, l’histoire de l’interaction fidèle de Yahvé, le Dieu unique, avec Israël. Israël, le peuple choisi pour transmettre aux autres nations le désir d’accueil et d’ouverture de Dieu envers toutes les créatures humaines, vivait entouré de religions anciennes. Rappelez-vous l’histoire de la tour de Babel (Genèse 11/1-9). Ceux dont la langue était dominante semblaient avoir l’intention de tout contrôler, même de rivaliser avec Dieu en construisant une tour symbolique. Mais plutôt que de permettre une telle domination, le Créateur, qui valorise la différence, les a dispersés, avec leur désir de faux pouvoir, sur toute la surface de la terre.
Dans le Second Testament, nous apprenons que Jésus, notre mentor, attachait de la valeur à son héritage juif. Il a enseigné en paraboles et par des actions concrètes sur le ‘Chemin d’Accueil’ de Dieu. Il pointe constamment un Chemin parmi les chemins vers Dieu, il souligne la Divine parenté de tous les fidèles. Jésus n’avait pas l’intention de fonder une nouvelle religion, mais il a appelé le judaïsme à se re-former, à re-nouveller son modèle d’alliances, d’accords humains-divins. Avant de retourner dans le Royaume de Dieu, il a permis à l’Esprit, qui avait été coparticipant lors de la création, de remplacer son être terrestre par les croyants.
L’Esprit de la Pentecôte
L’Esprit de la Pentecôte (Actes 2) a rassemblé des voix dispersées. Bien que différents, des peuples de lieux divers ont pu se comprendre, un sens d’unité dans la diversité a transparu dans l’échange verbal, par l’Immense don de la différence. Le pluralisme religieux est toujours un don, qui nous montre la volonté de Dieu de nous sauver tous.
Il y a des décennies, l’Allemand Max Muller a compris la valeur d’être dûment informé des différences entre les religions afin de les respecter et de les comparer, tout en continuant son parcours personnel. Il a marqué l’histoire avec l’observation que « Connaître une seule religion, c’est n’en connaître aucune ». En d’autres termes, ne connaître qu’une religion ne permet pas de la connaître en profondeur. La foi grandit lorsque l’on comprend ce que les autres y trouvent de significatif.
J’ai appris de notre ami sikh à quel point il honore l’Écriture [de sa religion] et son gourou actuel, le Guru Granth Sahib. Lorsque je témoigne de mon christianisme sans arrogance, que je reçois sincèrement l’intégrité des autres religions et que je suis disposé à apprendre d’elles, j’enrichis mon être sacré.
La paix avec le dialogue
« Il n’y aura pas de paix entre les nations sans paix entre les religions, et il n’y aura pas de paix entre les religions sans dialogue », a déclaré Hans Kung. Les mennonites revendiquent une histoire orientée vers la paix. Bien que nous ne soyons pas les seuls parmi les chrétiens à avoir cette conviction, chaque génération doit réaffirmer ce que signifie travailler à la paix et chercher la meilleure façon d’exprimer son engagement pour la paix dans les situations qui se présentent.
Il est bon d’être prêt à apprendre des autres religions. Il y a longtemps, le Mahatma Gandhi, un hindou influencé par le jaïnisme, a mis l’accent sur l’ahimsa (la non-violence). Un ami de Gandhi, Abdul Ghaffer Khan, a soutenu fermement des initiatives pour la paix parmi les musulmans, son peuple. Et Thich Nhat Hanh a vécu, enseigné et écrit sur les principes de base de la paix, et pas seulement pour les bouddhistes fidèles.
Recevoir la vérité Divine
Pouvons-nous recevoir et perpétuer la vérité Divine ?
En agissant ensemble, les croyants de diverses religions soutiennent les initiatives pacifiques pour surmonter l’injustice. Entretenir un esprit de vengeance, ne pas vouloir surmonter les stéréotypes qui dénaturent les autres, ou empêcher un autre d’être pleinement valorisé, empêchent de vivre dans la paix. Lorsque les enseignements religieux violentent les autres par des jugements négatifs parce qu’ils ont des opinions différentes ou lorsque des croyants loyaux provoquent des conflits, il faut se repentir. Comment un dialogue sincère sur des principes communs peut-il développer une ouverture religieuse ?
La pluralité religieuse ne disparaîtra pas de notre monde ; soyez en reconnaissant. Nous choisissons une religion et une dénomination selon les rituels des cultes, les formes de croyance et les jours fériés. Lorsque nous rencontrons des personnes dont les choix diffèrent, se présente l’occasion d’un dialogue honnête.
L’échange transmet la perspective en même temps que la foi. Les partenaires d’un dialogue s’attendent à être à l’aise et fidèles à leur foi personnelle, et non sur la défensive ou craintifs. Chacun est prêt à écouter attentivement l’autre, à formuler et à clarifier sa vérité personnelle, et à retenir ou mettre de côté ce qu’il apprend. Le dialogue religieux n’est pas un débat, il exprime une position, il honore l’intégrité, il permet une compréhension plus profonde et encourage l’amitié.
Qu’il en soit ainsi pour vos lecteurs !
‚ÄîDorothy Yoder Nyce est membre de 8th Street Mennonite Church, à Goshen, Indiana (États-Unis).
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2021 de Courier/Correo/Courrier.
Témoignage des relations de Traoré Fabé avec les musulmans
Né à Samogohiri dans une famille musulmane, j’étais musulman pratiquant avant ma conversion. Je suis aujourd’hui serviteur de Dieu, communément appelé pasteur, ayant à charge l’assemblée locale mennonite de Samogohiri, mon village natal. Je suis aussi traducteur de la Bible, et ce, avant le ministère pastoral.
Mon parcours avec l’Islam
Je me nomme Traoré Fabé à l’état civil et le prénom Fabé a pour signification « mon père est devenu père pendant que son père vit ». Cette précision, pour simplement dire que j’ai connu mon grand-père qui était animiste, mon père était musulman. Compte tenu de mes relations avec mon grand-père, je connais bien l’animisme ou la religion ancestrale. Mon père a choisi de m’inscrire à l’école coranique mais mon oncle est venu me retirer pour m’inscrire à l’école classique française à l’âge de sept ans. Le choix et le souhait de mon père avec l’école coranique était de me voir servir Dieu un jour comme grand maître coranique.
Mais Dieu en a décidé autrement avec le choix de mon oncle qui m’a inscrit à l’école classique française. Jérémie ne disait-il pas qu’il a été choisi depuis le sein de sa maman… (Jérémie 1/5) ? Après plusieurs années d’études, j’ai fini le cycle supérieur en théologie à l’ex Faculté de Théologie de l’Alliance Chrétienne d’Abidjan (FATEAC), aujourd’hui Université de l’Alliance Chrétienne d’Abidjan (UACA).
Un pont
L’apôtre Paul nous dit que « Dieu fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment… » (Romains 8/28). Mon parcours avec l’Islam n’a pas été fortuit ni vain. Pour moi, c’était une façon pour Dieu de me préparer non seulement pour le servir un jour en tant que musulman converti au milieu de musulmans, mais aussi pour servir de pont entre les musulmans et ceux qui ne l’ont jamais été, à travers mon témoignage.
Bref, durant toutes ces années de service pour le Seigneur à Samogohiri, à l’instar des autres membres de l’assemblée à Samogohiri, je n’ai pas manqué d’épreuves. J’ai d’abord connu la persécution de mon propre père suite à la conversion de ma mère, mais le Seigneur, par le don de sa sagesse, m’a aidé à sillonner ces labyrinthes jusqu’à la sortie. L’un des grandes épreuves à ne pas oublier, c’est le combat engagé par le grand Imam de Samogohiri suite à la conversion de son fils.
La gestion de cette affaire avec tact ainsi que l’engagement de l’administration de Samogohiri ont permis un dénouement favorable. Suite à cette affaire, l’Imam s’est attaqué à la paroisse de Samogohiri au point que certains musulmans ont fini par reconnaître le pacifisme de la paroisse en voyant sa gestion de la situation.
Les fêtes et la collaboration
Pour terminer, je dirai qu’après toutes ces années de persévérance et de patience, les relations entre chrétiens et musulmans deviennent de plus en plus paisibles. Les occasions de fêtes et la collaboration prouvent cela.
Oui la collaboration, parce que aujourd’hui, je suis avec le même Imam et le chef du village dans une structure qui œuvre pour la paix et la cohésion sociale dans le village. La structure est dénommée ‘Ensemble pour le dialogue’. Chaque fois qu’il y a une tension, quelle que soit sa nature, nous sommes sollicités pour la recherche d’une solution pour la paix.
—Fabé Traoré est représentant au Conseil Général de la CMM pour l’unions des Église Évangélique Mennonite du Burkina Faso.
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2021 de Courier/Correo/Courrier.
Mayas et Anabaptistes, des spiritualités qui se rencontrent
Le Guatemala est un beau pays. Sa population est pluriculturelle, multilingue, multiethnique, pluri-religieuse. C’est là que Dieu m’a permis de naitre.
Ce que le Seigneur avait préparé pour ma vie
Il y a quarante ans, ma famille et moi-même avons été invités par une amie à l’église mennonite Casa Horeb. Peu de temps après, je me suis refait baptisée dans le magnifique lac d’Amatitlán et j’ai accepté de suivre Jésus. Ê ce moment-là, je ne savais pas tout ce que le Seigneur, dans son infinie miséricorde, avait préparé pour ma vie.
Ê cette époque, la guerre civile faisait rage, on faisait disparaitre beaucoup de personnes dont on n’entendait plus jamais parler. Dans ce contexte de peur à cause de la violence, j’ai obtenu mon diplôme de psychologie.
Un jour, un frère m’a invité à participer au Séminaire Anabaptiste latino-américain (SEMILLA). Cela m’a permis d’approfondir mon processus de conversion et de transformation spirituelle. J’ai appris à apprécier et à observer les valeurs anabaptistes. J’ai suivi une formation à SEMILLA pendant plusieurs années et j’ai obtenu un certificat en théologie pastorale. Aujourd’hui j’enseigne au séminaire.
Le travail d’accompagnement
Plus tard, j’ai pris la direction d’une organisation maya, Utz Kaslemal (‘Bonne Vie’, en langue quiché). Le but de l’organisation est d’offrir un accompagnement psycho-spirituel aux personnes autochtones victimes de la guerre et dont les proches ont été enterrés dans des cimetières clandestins.
Il y a eu tant de morts, et les familles avaient peur, elles ont donc enterré leurs proches là où elles le pouvaient. Notre appel est d’accompagner ceux qui ont perdu un être cher. Lorsqu’un cimetière clandestin est découvert, on nous appelle pour que nous réalisions un travail d’accompagnement en complément du travail des anthropologues médico-légaux.
Ce processus se fait en trois étapes : avant, pendant et après l’exhumation.
Souvent les familles éclatent en sanglot au simple souvenir du visage de leurs proches, auxquels elles n’ont pas pu dire au revoir, desquels elles n’ont pas pu faire le deuil.
Notre rôle est de les consoler et de leurs donner des forces dans ces moments difficiles. Nous nous unissons à leur douleur.
Dieu, là aussi
Dans ces moments-là, le Psaume 85, lu tant de fois à l’église ou pendant mes études de théologie, s’incarnait, devenait vivant dans mon esprit et dans ma vie.
Fidélité et Vérité se sont rencontrées,
elles ont embrassé Paix et Justice.
La Vérité germe de la terre
et la Justice se penche du ciel.
Le SEIGNEUR lui-même donne le bonheur,
et notre terre donne sa récolte.
La Justice marche devant lui,
et ses pas tracent le chemin. (TOB)
Mes yeux se sont ouverts et ont vu la souffrance véritable surgir de la terre. Comment ne pas éprouver de la compassion devant l’angoisse de mes frères autochtones ? Dans ces moments-là je criais au Seigneur pour implorer sa compassion.
Dieu était là, présent au milieu de nous, nous consolant, nous embrassant, pleurant et essuyant les larmes de ces hommes et ces femmes qui pleuraient le fils qu’ils ne reverraient jamais. Comment parler alors de justice et de paix, de tranquillité et d’harmonie entre les êtres humains ? Nous ne pouvons qu’espérer la justice divine, à l’opposé de la justice des hommes, celle qui provient de Dieu lui-même. Comment leurs dire que la source de la paix, de l’espérance et de la certitude se trouve en Jésus ?
Je pouvais sentir que Dieu me guidait pour être sensible à leurs émotions et à leur douleur. Je priais en silence pour demander à Dieu de leur offrir sa consolation, sa paix et sa tranquillité. Lorsque j’étais témoin des rites funéraires mayas je sentais la même présence de Dieu, là aussi, qui nous regardait, nous apportait son réconfort, la foi et l’espérance.
J’ai été transformée, maintenant je suis fidèlement le Christ ! Cette spiritualité maya, forte, courageuse, insoumise, tout comme l’enseignement anabaptiste, m’a montré que suivre le Christ n’est pas facile, c’est un chemin ardu mais c’est le chemin qui mène au Père. C’est là que nos spiritualités se rencontrent.
La souveraineté de Christ
Maintenant je comprends que la souveraineté de Christ passe par une communion intime non seulement avec le Père mais aussi avec les êtres humains, en particulier avec ceux qui souffrent et qui sont dépossédés. Cette communion est rendue possible grâce à la foi et à l’action du Saint Esprit qui, dans son infinie miséricorde, nous permet de rendre Christ présent où que nous soyons.
La présence de Jésus dans nos vies vient à bout de toutes les barrières qui se dressent devant nous, qu’elles soient géographiques, sociales, raciales, religieuses ou politiques. Il est venu pour faire tomber toutes les barrières qui nous séparent de Dieu et des autres. Il est venu nous chercher et nous sauver lorsque nous nous sentions perdus et il a rétabli les relations brisées pour qu’elles soient en harmonie avec leur Créateur.
—Olga Piedrasanta est membre de Iglesia Menonita Casa Horeb, Ciudad de Guatemala (Guatemala).
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2021 de Courier/Correo/Courrier.
La situation la plus difficile est la meilleure école de vie. Dans un monde confronté à la pandémie, nous apprenons la solidarité et la compassion, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi à l’égard des personnes plus faibles.
Même lorsque les temps sont difficiles, nous pouvons être une bénédiction pour les autres et aider ceux qui sont dans le besoin.
La GKMI Yogyakarta Aksi peduli kasih : sollicitude et affection
Cette initiative, manifestation de sollicitude et d’affection, est née des préoccupations des responsables et des membres de l’église GKMI Yogyakarta concernant l’impact de la pandémie du COVID-19. De nombreux membres ont perdu leur emploi ou ont été licenciés. Treize étudiants étrangers n’ont pas pu rentrer chez eux, faute d’argent. Certaines familles ont dû se mettre en quarantaine en raison d’une suspicion de contamination au COVID-19.
Bien que la majorité des membres de la paroisse de la GKMI Yogyakarta soit pauvre, cela ne les empêche pas de se soucier des autres et de manifester de l’amour pendant cette pandémie. Ses membres sont optimistes, pleins d’espoir et ont foi en Dieu.
La bénédiction de Dieu est suffisante, elle les précède et les soutient.
L’équipe de GKMI Yogyakarta Peduli Kasih s’est non seulement préoccupée du bien-être des membres de l’assemblée (santé physique et mentale), mais elle a également distribué de la nourriture aux habitants du quartier, quelle que soit leur religion.
Une belle entente
« Oui, c’est bien d’avoir une petite radio. Le dimanche matin, j’écoute toujours le sermon de la GKMI Yogyakarta. Merci pour la nourriture et la radio », dit Mme Martini, 76 ans.
Chaque dimanche, la voisine de Mme Martini, Mme Sartini, l’aide à régler sa radio pour écouter le culte du dimanche. Mme Sartini aide aussi Mme Martini à préparer la Sainte Cène lorsqu’elle le désire.
Ce qui est intéressant, c’est que Mme Sartini est musulmane. C’est une belle entente.
Gerakan rantai doa dan karya : chaîne de prière en action
La construction du synode de la GKMI Wisma Muria à Semarang a commencé le 11 janvier 2020 au début de la pandémie du COVID-19 en Indonésie. Malgré de sérieuses difficultés économiques dues à la pandémie, le Comité du Synode de la GKMI (Aristarchus Sukarto, Oendianto, Iwan Ganius) n’a pas baissé les bras. Il est allé de l’avant.
Lors de la rencontre du Comité le 11 septembre 2020, les églises de la GKMI d’Indonésie ont été invitées à prier pour les ouvriers travaillant à la construction du bureau synodal de la GKMI et à leur fournir à tour de rôle un repas par jour.
La GKMI a soutenu avec enthousiasme cette action. Un forum de discussion a été formé, où figurent chaque jour des demandes de prière et un rapport sur la construction de Wisma Muria. Ê partir du 28 septembre 2020, les paroisses de la GKMI ont apporté à tour de rôle leur déjeuner aux ouvriers, leur ont rendu visite et ont prié pour eux.
« Les ouvriers sont très heureux », dit Juanto, le chef de projet. « Il n’est pas inhabituel que les ouvriers reçoivent un déjeuner ; ce qui est différent, c’est que les membres des églises restent pour passer du temps avec eux ».
« Je ressens l’intérêt des paroissees de la GKMI. Nous en sommes reconnaissants. Nous espérons que les relations entre les contremaîtres, les ouvriers, les superviseurs et les assemblées de la GKMI se poursuivront. Amen ! »
Juanto et tous les ouvriers sont musulmans.
« Alhamdulillah (Loué soit Dieu), la construction du bâtiment se déroule bien. Il n’y a pas eu d’obstacles importants, il n’y a pas eu d’accidents et les contremaîtres et les ouvriers sont en bonne santé.
« Je crois que c’est aussi grâce aux pasteurs et aux anciens qui étaient présents et qui ont prié pour nous. Je crois que la prière pour la sécurité est très importante. Que les prières soient chrétiennes ou musulmanes, cela n’a pas d’importance car nous avons tous le même Dieu, mais nos manières de croire sont différentes. Nous sommes reconnaissants du soutien de la GKMI. »
L’ingénieur superviseur Srihono Purnomo dit : « Les travailleurs sont très heureux et reconnaissants. Ils peuvent économiser de 15 à 20 000 roupies par jour et rapporter plus d’argent chez eux. Grâce au soutien et à la prière de la GKMI, ils travaillent mieux.
Le pasteur Aristarchus Sukarto dit que cette action n’est pas seulement une manifestation de solidarité de personnes du même synode, mais que c’est aussi une expression de leur foi
Nourrir les ouvriers ayant besoin de soutien est un acte de paix, de foi, un témoignage et une mission car Dieu nous nourrit et prend soin de nous. (Marc 8/2).
Pour nous, enfants de Dieu, nous recevons ainsi la grâce de Dieu sous la forme de la promesse de recevoir le Royaume (Matthieu 25/34-40). Dieu aime ceux qui soutiennent les faibles et les nécessiteux.
La manifestation de sollicitude et d’affection de la GKMI Yogyakarta Aksi Peduli Kasih, et l’action de la chaîne de prière, Gerakan Rantai Doa dan Karya sont des témoignages chrétiens dans ce monde multi-religieux pendant la pandémie du COVID-19.
L’amour des autres se manifeste par des actes et le développement de relations [de personnes] qui ne se découragent pas, même dans les situations difficiles, et qui surmontent les difficultés.
Nous pouvons être messagers de paix et apporter le Shalom aux autres. Nous pouvons exercer un ministère sans être séparés par la religion ou le statut social. Nous pouvons servir les autres et laisser aussi les autres nous servir.
—Janti Diredja est pasteure à la retraite et membre de la GKMI Yogyakarta (Indonésie).
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2021 de Courier/Correo/Courrier.
Danang Kristiawan : « Le dialogue interreligieux n’est pas seulement une méthode missionnaire ; c’est la mission elle-même. Témoigner de Jésus, ce n’est pas seulement parler de Jésus, mais aussi vivre comme Jésus a vécu, a enseigné et a accueilli l’autre ».
Que dit l’Écriture ?
Kevin Gunther Trautwein : « Dans l’Ancien Testament, Israël se considérait comme une nation témoin pour les nations qui l’entouraient ».
Zacharie appelle le peuple à aimer la paix et la vérité dans la société (Zacharie 8/19-23).
Kevin Guenther Trautwein : « C’est une belle description de ce qu’est un témoin ».
Paulus Hartono : « Ésaïe a prophétisé la venue du Prince de la Paix pour toute l’humanité sans exception (Ésaïe 2/2-4). Plus loin, le prophète écrit que parmi ceux qui s’attacheront au Seigneur on trouvera l’étranger et l’eunuque. « J’en rassemblerai d’autres en plus de ceux déjà rassemblés » (Ésaïe 56/3-8).
Et dans le livre des Psaumes, les psalmistes invitent le peuple de Dieu à vivre la paix comme un style de vie.
Harry Huebner aime commencer par les paraboles : « C’est incroyable de voir comment Jésus met en valeur le Samaritain [Parabole du bon Samaritain]. Ce n’est pas parce qu’il a une meilleure théologie (Les juifs pensaient que les Samaritains avaient une religion différente de la leur), mais parce qu’il mène une vie plus conforme aux enseignements de Jésus, selon ce que ce voit Jésus chez son peuple. »
La parabole du Fils prodigue a quelque chose à nous apprendre. « Dieu le Père a deux enfants : des ‘insiders’ et des ‘outsiders’. Tout devient confus parce que l’‘insider’ devient l’‘outsider’ et l’‘outsider’ devient l’‘insider’. » C’est un avertissement à ne pas sentir à l’aise en tant que peuple religieux. « Certaines personnes pensent autrement et sont aussi des enfants de Dieu. Si vous voulez vous séparer d’eux, vous commettez une action qui déplaît à Dieu ».
Paulus Hartono : « De nombreuses épîtres abordent la destruction des barrières entre ceux de l’intérieur et ceux de l’extérieur. L’apôtre Paul a conseillé au peuple de Dieu de vivre en paix avec tous les hommes (Romains 12/18) ».
Danang Kristiawan : « C’est sur l’histoire de Jésus que repose notre mission dans des contextes multi-religieux. Jésus nous libère de nos faiblesses. Cela signifie que la Bonne Nouvelle est holistique. Ainsi, suivre Jésus, c’est accueillir l’autre et combler les fossés entre les personnes. »
Paulus Hartono : Alors que Jésus proclame une année de grâce du Seigneur dans Luc 4/18, il dit que l’Évangile nous libère des barrières. « L’Évangile apporte la vérité, l’amour, la paix, la justice et l’intégrité de la création (Marc 1/14).
Le Sermon sur la Montagne (Matthieu 5) est l’appel de Jésus à tous les êtres humains, y compris ceux qui ont des religions différentes, à apporter la paix afin que le sel et la lumière puissent être visibles dans le monde. »
Paul Phinehas : « ‘Vous êtes la lumière du monde’ déclare Jésus dans Matthieu 5/14. Nous sommes appelés à briller dans le monde où prévalent les ténèbres. Témoigner du Christ est ce qu’il y a de plus important dans la vie d’un chrétien. »
« Nous sommes clairement différents ; pourtant, nous sommes tous les enfants de Dieu en ce qu’aucun n’a été rejeté du Royaume, de la souveraineté, de la seigneurie et de l’amour de Dieu », déclare Harry Huebner.
Que pouvons-nous apprendre sur Dieu des autres religions ?
Kevin Guenther Trautwein : « Le fait que Dieu permette aux religions de proliférer dans le monde en dit long sur Dieu.
Dieu est le metteur en scène d’une pièce où avoir foi en Jésus est un rôle spécifique. C’est un concept de Nicholas M. Healy sur l’ecclésiologie ‘théo-dramatique’. Il met l’accent sur l’action de Dieu, pas sur les chrétiens ni même sur l’Église. Ce concept prend au sérieux tout autant la spécificité des autres religions que celle du christianisme. Il n’est pas nécessaire de les réduire toutes à des versions différentes d’un même bien. »
Paulus Hartono : « Beaucoup d’anabaptistes ont des voisins musulmans. L’Islam accorde une grande importance à l’obéissance et à la fidélité à Allah qui s’exprime par la prière cinq fois par jour ».
Danang Kristiawan : « J’apprends de leur spiritualité. La discipline spirituelle ne doit pas être considérée comme un fardeau, mais comme un signe que nous voulons avoir une relation intime avec Dieu.
De l’Islam mystique (soufi), je peux apprendre ce qu’est une vie consacrée à Dieu. La réalité est vue comme manifestant l’amour de Dieu. La nature est une fenêtre pour venir au Seigneur. Ceci est également la vision religieuse asiatique de la réalité. »
Harry Huebner a été impressionné par « l’énorme accent mis sur la miséricorde de Dieu et son amour » alors qu’il dialoguait avec des religieux musulmans. Par exemple, l’érudit musulman Mahnaz Heydarpour dit que l’essence de Dieu est l’amour. L’essence de Dieu est l’unité. Dieu ne désire pas le conflit et la destruction de l’autre. Dieu désire la réconciliation et la paix entre tous les hommes, toute sa création.
Paulus Hartono : « L’islam met également l’accent sur l’Ukhuwah ou le fait de vivre fraternellement avec les autres êtres humains, les autres nations ».
Danang Kristiawan : « Mon expérience avec la communauté musulmane m’apprend que Dieu est amour. Je pense que c’est notre point de rencontre ».
Paulus Hartono : « L’Islam enseigne également le respect pour la Torah et les Évangiles. Les musulmans veulent donc savoir qui est Jésus ».
Harry Huebner : « Lorsque j’ai donné des cours à des étudiants ou des professeurs musulmans, j’ai été très surpris de découvrir leur stupéfiante ouverture à Jésus. C’est au moins aussi formidable que lorsque je parle de Jésus à l’Université Mennonite Canadienne. Les musulmans aiment Jésus.»
Kevin Guenther Trautwein : « Les autres religions peuvent nous aider à mieux discerner la souveraineté et la transcendance de Dieu ».
Paulus Hartono : « L’hindouisme et le bouddhisme mettent l’accent sur l’amour de tous les êtres et de l’univers. La vie revient avec chaque incarnation, donc vivre en pratiquant la bonté est obligatoire. Et le confucianisme met l’accent sur la recherche de la vertu. Respectez les personnes âgées et aimez les plus jeunes. Vivez une vie saine, prospère, longue et paisible ».
Harry Huebner : «Il est bon que les religions soient différentes. Nous sommes des individus différents, même dans notre foi… Nous pouvons parler de nos différences sur la justice sans avoir à nous menacer ou à nous entretuer. Nous en avons besoin pour former la prochaine génération, et nous former les uns les autres. Nous devons apprendre à travailler à la paix ».
Principes pour guider le témoignage chrétien
Participez à un échange
Écoutez tout autant que vous parlez.
Prenez l’initiative
Danang Kristiawan : « Nous devons nous faire des amis et accueillir les autres. Les relations interreligieuses ne devraient pas simplement être un objectif, mais un mode de vie pour développer des amitiés ».
Soyez ouvert
Danang Kristiawan : « Nous pouvons être ouverts aux autres si nous leur faisons place en nous. C’est l’hospitalité (Philippiens 2/5-11). Pourtant, notre témoignage n’est pas toujours accepté par les autres, même un message de paix. Àtre ouvert signifie aussi être prêt à être blessé, rejeté et ignoré. Cela est aussi arrivé à Jésus.
L’ouverture n’est pas seulement une action, c’est aussi un état d’esprit : pas de préjugé, pas de jugement mais le respect, la volonté d’apprendre et d’écouter l’autre ».
Soyez humble
Kevin Guenther Trautwein : « Il est tentant de vouloir jouer tous les rôles. Mais notre rôle dans ce processus est limité. Nous sommes invités à participer à la conversation de Dieu avec les autres. Il nous faut jouer notre rôle et partir.
L’avocat vient, témoigne et convainc le monde du péché et de la justice. (Jean 16/5-15). Ce n’est pas nous. Nous devons être des témoins ».
Soyez engagé
Danang Kristiawan : « Pour être des témoins fidèles dans une société pluraliste, nous devons suivre Jésus, pas de manière abstraite ou seulement émotionnelle, mais dans l’action, en vivant et en obéissant à Jésus dans la vie quotidienne. Sans engagement, notre témoignage ne sera que bavardage, et nous n’aurons rien à partager. S’engager envers Jésus, c’est aimer, et l’amour nous pousse toujours à être en relation avec l’autre ».
Paulus Hartono : « Répondre à l’appel de Jésus à être son partenaire dans ce monde signifie poursuivre sa vision et sa mission en présentant, en vivant et en enseignant les valeurs de l’Évangile du royaume de Dieu ».
Traitez les autres avec respect
Kevin Guenther Trautwein : « Rappelez-vous que les personnes avec lesquelles nous dialoguons sont aimées de Dieu. Ne les méprisez pas, ne les diminuez pas, eux ou leurs idées. Écoutez ce qu’ils disent avec la meilleure disposition ».
Soyez spécifique
Harry Huebner : « Je parle à partir de ma foi : je ne suis pas neutre. Nous sommes différents, mais il n’est pas nécessaire de nous blesser. »
Kevin Guenther Trautwein : « Utilisez des mots, des images et un langage biblique plutôt que du vocabulaire ‘chrétien’ ou théologique (par exemple ‘Dieu est fidèle’ plutôt que ‘Dieu est immuable’).
N’essayez pas de généraliser ou de parler pour tous ‚Äì même dans votre propre tradition. Et ne demandez pas à votre interlocuteur de parler au nom des autres.
Lorsque vous êtes interrogé, parlez de vos propres pratiques et de vos croyances spécifiques. »
Parlez de ce que vous connaissez
Paulus Hartono : « Dieu est la vérité, ainsi nous témoignons de la vérité. Dieu est amour, nous pouvons donc témoigner de son amour en termes réels. Dieu est paix, nous apportons donc sa paix. Dieu est justice, nous défendons donc la justice dans le monde. Dieu est le créateur de l’univers avec tout ce qu’il contient, nous sommes donc appelés à en prendre soin et à le gérer. »
Kevin Guenther Trautwein : « Si ma vie amène les autres à se demander : ‘Pourquoi vivez-vous de cette manière ?’ ou ‘Pourquoi avez-vous de l’espoir, de la joie ou de la paix ?’, cela conduit à témoigner. C’est un soulagement (demandant de l’humilité), ce n’est pas à moi de faire changer les autres ‚Äì c’est l’≈ìuvre de Dieu. »
En tant que professeur, Harry Huebner est fréquemment invité à parler de la foi chrétienne : « Qu’est-ce que l’évangélisation ? Je parle de la puissance de Jésus-Christ crucifié et ressuscité. L’ordre missionnaire n’est pas en plus. C’est cela. »
Soyez patient
Kevin Guenther Trautwein : « C’est le rythme de Dieu, la chronologie de Dieu. Dieu est patient avec nous (2 Pierre 3/9) ; nous devons être patients avec les autres. »
Paul Phinehas : « N’oubliez pas d’avoir une vie fondée sur la prière. »
Paulus Hartono : « Et soyez reconnaissant. Par la grâce de Dieu en Jésus-Christ, il a fait de nous ses enfants. Ainsi, nous vivons pour témoigner de son amour. »
Contributeurs
Les participants suivants au dialogue interconfessionnel ont partagé leur perspective avec la CMM :
Danang Kristiawan est pasteur à la GITJ Jepara (Gereja Injili di Tanah Jawa), Indonésie. Il dirige tous les ans un camp auquel participent des jeunes chrétiens et musulmans, et organise régulièrement des célébrations avec l’église et les responsables musulmans.
Harry Huebner est membre de la Charleswood Mennonite Church, Winnipeg, Manitoba (Canada). Il est professeur émérite à l’Université canadienne mennonite et participe au dialogue chiite-mennonite depuis 2007.
Kevin Guenther Trautwein est pasteur à la Lendrum Mennonite Church, Edmonton, Alberta, (Canada). Il fait partie de la Phoenix Multi-Faith Society for Harmony.
Paul Phinehas est directeur de la Gilgal Mission Trust, Pollachi, Tamil Nadu (Inde).
Paulus Hartono est pasteur à la GKMI Solo (Gereja Kristen Muria Indonesia), Central Java (Indonésie). Il est fondateur et directeur de Mennonite Diakonia Service.
L’≈ìuvre patiente du Saint-Esprit dans les relations interreligieuses
En 1998, après une crise économique suivie d’émeutes qui avaient endommagé une grande partie de la ville de Solo (Indonésie), les responsables locaux ont fondé le Comité Interreligieux (IFC). Il a été demandé à Paulus Hartono de représenter l’union d’églises à l’IFC. Il a géré le programme d’aide humanitaire qui a distribué 7 200 000 kg de riz à 12 000 ménages (60 000 personnes).
Paulus Hartono : « Ce programme a jeté les bases de la poursuite du programme sur la paix à Solo. »
L’une des personnes avec lesquelles il a travaillé au sein du comité est Dharma Saputra, qui est bouddhiste. Grâce à leur travail commun, ils ont développé une relation basée sur le respect et l’appréciation des convictions de chacun.
En 2014, Dharma Saputra a invité Paulus Hartono à lui rendre visite à l’hôpital, alors qu’il vivait ses derniers jours.
« S’il vous plait, priez pour moi, monsieur. Priez en tant que pasteur et ami et non en tant que chef de l’institution de l’IFC. » demanda Dharma Saputra.
« Pak Dharma serait-il prêt à prier en la Seigneurie de Jésus en laquelle je crois ? » demanda Paulus Hartono. « Je veux bien », répondit-il doucement.
À la demande de Dharma Saputra, Paulus Hartono a prié Jésus en tant que Dieu pour le guider et lui pardonner. « C’est la direction du Saint-Esprit qui a ≈ìuvré tout le long de notre action humanitaire et de pacifique depuis plus de 10 ans. »
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2021 de Courier/Correo/Courrier.
Envoyez des photos ou travaux artistiques à photos@mwc-cmm.org et nous pour une éventuelle utilisation dans Courier et d’autres publications de la CMM.
Perspectives: Allemagne
Le travail interreligieux à Berlin
Ceux qui pratiquent d’autres religions [que la nôtre] sont souvent considérés comme ‘différents’ ; mais lorsque l’on vit à Berlin (Allemagne), cela ne sonne pas juste. Bien sûr, ‘leur’ vie ‘nous’ semble un peu étrange : ils se rassemblent autour d’histoires différentes, de chants différents et souvent un autre jour que le dimanche, notre jour de culte. Pourtant, vivant dans cette ville – comme dans de nombreux endroits dans le monde – ces ‘étrangers’ sont trop proches, les rencontres et les relations malgré ces différences, sont trop quotidiennes pour que cette étrangeté persiste.
Ce n’est pas toujours facile. Notre vieux quartier de Neukoelln constitue un microcosme de cette convivialité avec toute son ambiguïté.
Passé et présent
On peut constater cette ambiguïté lorsqu’on se promène autour de notre pâté de maisons. On passe devant des magasins et des restaurants gérés par des migrants qui survivent toujours malgré la gentrification en cours, et devant des cafés et des bars luxueux désireux de les supplanter. On retrouve cette ambiguïté lorsque l’on passe devant une mosquée impressionnante et un temple hindou aux couleurs vives, ou devant une ancienne synagogue, un sombre rappel des juifs qui vivaient autrefois dans cette ville.
Dans ce lieu, l’espoir de vivre ensemble maintenant est hanté par la souffrance du passé, qui n’est jamais vraiment passée. Sur la façade de nombreuses maisons de Berlin, se trouvent des Stolpersteine : des plaques métalliques commémoratives qui signalent que ses habitants ont été assassinés par le régime nazi.
Ê côté du temple hindou, on trouve le Neue Welt, un lieu de rassemblement autrefois fréquenté par des ouvriers qui s’y retrouvaient pour organiser la résistance à la Première Guerre Mondiale.
Le bâtiment principal de la mosquée Şehitlik est récent, mais la présence musulmane est antérieure à l’État allemand. La mosquée fait encore régulièrement l’objet d’attaques xénophobes. Elle a été bâtie tout près de l’aéroport de Tempelhof, construit par le régime National-Socialiste, qui est devenu un lieu de réconfort pour un Berlin-Ouest isolé pendant la guerre froide. C’est maintenant un grand espace vert où les gens font voler des cerfs-volants, cultivent des légumes ou jouent au football. Des réfugiés vivent dans l’ancien terminal.
C’est une ville à la fois ancienne et nouvelle, vibrante d’espoir et perpétuellement en deuil. Ici, tout me rappelle que les frontières érigées et les histoires racontées pour séparer ‘notre’ groupe du ‘leur’, ceux qui font partie de [notre groupe] de ceux qui n’en font pas partie, peuvent avoir des conséquences mortelles.
Une vie nouvelle à partir d’une histoire tragique
Pendant des années, c’est là que le Centre mennonite pour la Paix de Berlin a fait son travail, guidé simplement par la question du sens que pourrait avoir le Royaume de Dieu dans un tel endroit. Très tôt, il est devenu évident qu’il fallait créer des espaces de rencontre et d’amitié interreligieuses. Et en faisant connaissance de militants, de responsables religieux et de travailleurs sociaux, nous nous sommes émerveillés de la nouveauté imprévue d’une vie qui ne cesse d’émerger de notre travail commun au sein de l’histoire tragique de cette ville.
Lorsque nous travaillons pour la paix, nous le faisons toujours dans le contexte de ce qui précède. Il n’y a jamais de vrai nouveau départ. L’ ‘autre’ (religieux) ne peut jamais être abordé simplement comme ‘autre’ sans avoir conscience de la confusion historique des emprunts, de la solidarité et de la violence de notre histoire commune.
On croit souvent que soit toutes (ou presque toutes) les convictions religieuses sont semblables, ou qu’elles sont complètement différentes. Cependant, aucune de ces deux approches ne tient compte de la confusion et de l’ambiguïté historiques et contemporaines de la vie réelle.
Écouter et témoigner
Dans notre groupe de dialogue entre chrétiens et musulmans à Neukoelln, nous avons pris l’habitude d’écouter et de témoigner, permettant au témoignage de l’autre de nous interpeller quant à notre propre foi.
Ce faisant, nous avons rapidement constaté que nos chemins étaient loin d’avoir les mêmes fondements. Il y a trop de différences : nos histoires, nos traditions et nos rencontres avec Dieu sont trop particulières, trop individuelles.
Pourtant, cette particularité n’a pas freiné nos conversations, elle les a rendues plus vivantes. Mon appréciation personnelle pour la Trinité et l’Incarnation – mais aussi ma fascination pour le rabbin Jésus et son chemin de paix – se sont approfondies, elles ont été remises en question par le témoignage de mes amis musulmans.
Mais alors que nous mangions ensemble et parlions de notre foi, de notre vie et de nos communautés, la conviction d’une nette différence a commencé à vaciller. Nous avons réalisé que ni les chrétiens ni les musulmans ne formaient un groupe homogène : nous sommes souvent en désaccord plus profond avec nos ‘semblables’ qu’avec les ‘autres’.
Entre nous, des liens se sont créés ; on ne peut pas vraiment dire que c’est un accord ou que nous avons beaucoup de choses en commun, mais c’est plus qu’un simple respect dans la différence : une relation, une communauté. Peut-être que ce que nous vivons n’est pas si loin de cet étrange Royaume composé d’étrangers et d’invités inattendus (Luc 14/15-24) auquel Jésus de Nazareth nous appelle.
—Marius van Hoogstraten est pasteur de la paroisse mennonite de Hambourg. Il a travaillé avec le Centre Mennonite pour la Paix de Berlin de 2011 à 2016.
Pour en savoir plus :www.menno-friedenszentrum.de
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2021 de Courier/Correo/Courrier.
Alors qu’il guidait un voyage d’étude qu’il avait organisé dans son Égypte natale pour le Séminaire anabaptiste mennonite (AMBS), le professeur Safwat Marzuk s’est arrêté devant la plus ancienne inscription mentionnant Israël. Sur cette stèle datant de 1 200 avant J.C., le pharaon Merneptah se glorifie de ses conquêtes impériales : « Israël n’existe plus », s’est-il vanté après avoir attaqué Canaan.
Merneptah avait tort.
Dans ce petit pays, Israël, Dieu enverra un Messie pour sauver le monde.
Dieu avait promis à Abraham et à Sara que, par leurs descendants, ‘toutes les familles de la terre seraient bénies’ (Genèse 12/3). Dieu cherche à bénir, pas à manipuler ou à contraindre.
C’était tentant pour l’ancien Israël de chercher à obtenir le pouvoir avec un roi comme les autres nations, mais cela s’est soldé par une catastrophe.
C’est tentant pour les anabaptistes aujourd’hui de rechercher le pouvoir politique. Mais nous suivons Jésus, qui a renoncé aux privilèges du pouvoir pour s’humilier et servir. Même s’il ne faut jamais utiliser l’exemple de soumission de Jésus pour nier les droits des opprimés, nous ne devons pas nous servir du pouvoir pour dominer.
Dans ce monde multi-religieux, les anabaptistes, à juste titre, portent témoignage à partir d’une position de faiblesse politique. D’autres mouvements de réforme du XVIe siècle en Europe ont essayé des approches ‘descendantes’ pour changer la société, persuadant par la force si nécessaire.
Suivant l’exemple de Jésus, la plupart des anabaptistes ont rejeté une telle utilisation du pouvoir. Au lieu de cela, ils ont rendu témoignage ‘en marge’ par des relations bienveillantes.
Les anabaptistes d’aujourd’hui devraient rejeter la ‘théologie du dominionisme’ qui tente de faire avancer l’Évangile en plaçant des chrétiens dans des positions de pouvoir social et politique. Ceux qui avaient ce genre d’idées ont brûlé les anabaptistes sur le bûcher. Le nationalisme chrétien a entraîné la mort de millions d’autochtones dans les Amériques.
Alors que les chrétiens peuvent certainement jouer de nombreux rôles dans la société, nous ne devrions pas plus désirer un gouvernement ‘chrétien’ qu’un gouvernement basé sur une autre religion.
Le pharaon Merneptah n’aurait pu imaginer à quel point l’impuissant Israël changerait le monde. Nous ne savons pas non plus ce que peut accomplir un service humble, l’amour de l’ennemi et un accueil chaleureux.
—J. Nelson Kraybill est président de la CMM. Il vit en Indiana (États-Unis).
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2021 de Courier/Correo/Courrier.
Le monde anabaptiste a énormément changé depuis la première Assemblée organisée par la Conférence Mennonite Mondiale (CMM) en 1925. Notre famille mondiale a été témoin d’une transformation numérique sur les plans ethniques, géographiques et linguistiques.
Notre diversité culturelle actuelle est fantastique. Dans les premières années de la CMM, la langue dominante était l’allemand et les assemblées mondiales se tenaient en Europe et en Amérique du Nord. Maintenant nous essayons de produire tout notre matériel dans les trois langues officielles de la CMM : espagnol, anglais et français. Nous avons de nombreux documents dans d’autres langues et nos assemblées tournent sur les cinq continents.
Cette même croissance mondiale s’est produite dans des contextes autres que l’anabaptisme. La rencontre avec des croyants d’autres religions a été tout à la fois inévitable et merveilleuse. Notre conviction fondamentale, que Jésus-Christ, Seigneur et Dieu, est le paradigme normatif pour l’être humain et le chemin vers le Père, nous a conduit à nous demander comment interagir avec les croyants des autres religions.
Malheureusement, l’Église chrétienne n’a pas toujours laissé un souvenir très positif de ses rapports avec les religions dans le monde. La violence, l’oppression, le colonialisme et les abus religieux sont bien connus. Avons-nous (les anabaptistes) quelque chose à offrir dans le domaine des relations avec les autres religions ?
Dans ce numéro de Courrier, nous partageons un peu de ce que notre communauté mondiale a apprises dans son interaction avec les religions du monde. Ces témoignages affirment la nécessité de présenter Jésus-Christ depuis notre perspective, en tant que témoins de ce qu’il est et fait dans nos vies. Voici ce qui caractérise, entre autres, ce témoignage :
1. Il est proposé en communauté et en interdépendance
Un témoignage qui donne des exemples concrets de pardon, de réconciliation, d’amour et de coopération a un impact énorme lors de nos rapports avec d’autres religions. Alors que les différences culturelles, politiques, économiques et de genre divisent, la foi en Christ rend possible une nouvelle humanité.
2. Il est proposé en considérant l’être humain dans son intégralité
Notre rencontre avec le Christ nous transforme complètement. C’est pourquoi notre témoignage comprend le développement communautaire, la résolution des conflits, l’implantation d’églises, la justice réparatrice, l’éducation, l’accompagnement et la santé, entre autres. En la personne de Jésus, Dieu s’intéresse à l’être humain dans son intégralité, et nous témoignons de cette réalité.
3. Il est proposé à partir d’une position inclusive
Un témoignage qui privilégie une race ou une sphère sociale par rapport à une autre n’est pas cohérent avec la personne de Jésus. Notre témoignage de l’amour du Christ nous conduit à valoriser toutes les cultures, en évitant les modèles de domination sociale. Chaque être humain est invité à se joindre à nous à la table de communion et à vivre une relation avec Dieu.
4. Il est proposé à partir d’une position de vulnérabilité
Notre témoignage n’est pas présenté à partir d’une position arrogante ou supérieure. Nous savons par expérience que Dieu se soucie d’une manière particulière de ceux qui ont le plus besoin de Lui et sont parfois exclus de la société. Nous rejoignons Dieu sur ce chemin.
En tant que témoins, notre rôle n’est pas de convaincre l’autre. Dans notre rapport avec les religions du monde, nous sommes appelés à nous associer à ce que Dieu fait déjà dans ces contextes et, avec humilité, à partager ce que Dieu fait pour nous en la personne de Jésus.
Cependant, ces rencontres n’ont pas toujours été cohérentes avec notre foi. Nous reconnaissons que nous avons souvent commis des erreurs qui ont blessé les autres et ont nui à notre témoignage.
Nous prions pour que ce numéro de Courrier nous encourage et nous incite à être des témoins fidèles. Que l’Esprit de Dieu nous guide pour continuer à découvrir dans la pratique les implications de la suivance de Jésus dans le contexte multi-religieux dans lequel nous nous trouvons !
—César García, secrétaire général de la CMM, originaire de Colombie, vit à Kitchener, Ontario, Canada.
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2021 de Courier/Correo/Courrier.
L’histoire de l’Église Frères en Christ du Népal (BIC)
Premières initiatives missionnaires
L’Église des Frères en Christ du Népal (BIC) a été fondée par des missionnaires de l’Église des Frères en Christ de Bihar (Inde), qui elle-même avait été implantée en 1914 par des missionnaires des États-Unis et du Canada (de la mission mondiale BIC).
Pendant plus de trois décennies, jusqu’aux environs de 1950, ces missionnaires d’Amérique du Nord n’ont pas vraiment réussi à implanter des églises. Mais ils ont découvert que le travail missionnaire parmi les Santals du sud du Bihar portait des fruits. Ils ont donc désigné un missionnaire natif, originaire du sud du Bihar, pour travailler parmi les Santals du nord du Bihar. La réponse fut encourageante, et très vite, des paroisses ont commencé à se développer parmi les Santals.
Plus tard, les missionnaires nord-américains ont rencontré un autre peuple tribal réceptif connu sous le nom d’Urawn, sur qui ils ont focalisé leur travail. De nombreuses personnes ont accepté Jésus comme leur Sauveur. Il est important de remarquer que c’est dans les quartiers où vivaient les Santals et les Urawns que des assemblées ont commencé à se développer : les croyants locaux étaient très désireux de toucher d’autres membres de leur propre tribu partout où cela leur était possible.
Un missionnaire australien travaillant à la frontière du Népal informa alors les missionnaires BIC du Bihar qu’il y avait des Santals au Népal ; très heureux, ils décidèrent d’aller les voir. Ainsi, accompagnés par ce missionnaire australien, des missionnaires indigènes indiens BIC du Bihar rendirent visite aux Santals du Népal pour la première fois. Lorsqu’ils constatèrent l’ardeur que manifestaient ces derniers pour accepter Jésus-Christ comme leur Sauveur, les missionnaires commencèrent à leur rendre visite régulièrement.
C’est en 1959 et 1962 qu’eurent lieu les première et deuxième vagues de baptêmes, alors que le Népal était constitutionnellement un pays hindou. Cela signifie qu’il était illégal de prêcher l’Évangile, et que la conversion au christianisme était passible de trois à cinq ans d’emprisonnement. Les disciples du Christ ont dû faire face à la persécution du gouvernement et de la communauté locale.
Mme Netra Neupane
Bien que le nombre de personnes affectées par la COVID-19 soit en augmentation, c’est du confinement que la population du Népal a le plus souffert. Les gens ont perdu leur emploi et manquent de nourriture. Cependant, dans cette situation critique, les chrétiens apprennent à compter sur Dieu en toutes choses.
Pendant le confinement, la plupart des croyants ont beaucoup prié pour connaître la volonté de Dieu pour leur vie. Beaucoup ont formé des groupes et des chaînes de prière hebdomadaires ou mensuelles, et certains ont pratiqué le jeûne.
Ils ont appris à être reconnaissants envers Dieu même en période de difficultés. Ils ont rassemblé tout ce qu’ils avaient et l’ont partagé selon les besoins de chacun.
Mme Netra Neupane, membre d’une église BIC, tient un restaurant dans une maison louée. Pendant le confinement, il lui a été très difficile de survivre et de payer le loyer, car le restaurant a dû fermer. Malgré ses difficultés, lorsqu’elle a vu des personnes affamées allongées à même le sol dans la gare routière, elle a partagé avec eux le riz qu’elle-même avait reçu.
Lorsque l’église BIC locale a apporté une aide à sa famille, elle l’a redistribuée aux personnes plus démunies et fragiles que sa propre famille.
« J’apprends à partager et à prendre soin des autres avec joie, même en période de difficultés comme pendant la pandémie de coronavirus et le confinement », dit-elle.
« Cela me donne non seulement de la satisfaction, mais aussi la joie d’être au service des démunis comme Jésus l’a enseigné à ses disciples. »
Formation de la Société des Frères pour le Bien-Être communautaire
Au début, la plupart des premiers chrétiens furent exclus de leur communauté. Malgré tout, les chrétiens népalais ont continué à répandre secrètement l’évangile et le nombre de chrétiens a augmenté. Ainsi, des cultes réguliers ont commencé au début des années 1980, et des églises BIC Népal se sont officiellement constituées en 1994. Elles ont continué à se développer sous l’égide du conseil de l’Église BIC du Bihar jusqu’en 2004 puis celle-ci est devenue une union d’églises.
Comme il n’était pas possible de s’inscrire en tant qu’église, l’Église BIC du Népal a décidé de mettre en place une branche sociale pour aider la communauté à partager l’amour de Dieu en action. Une fondation sociale Brethren in Community Welfare Society – BICWS (Société des Frères pour le Bien-être communautaire) a été créée et enregistrée auprès du gouvernement local. Après deux ans d’existence en temps qu’union d’églises, l’Église BIC du Népal est devenue membre associé de la CMM en 2006 à Pasadena (États-Unis). Puis, en 2009, elle est devenue membre à part entière de la CMM.
L’Église BIC du Népal – en partenariat avec la BICWM et la coordination de l’Église BIC du Bihar – a continué à grandir malgré des obstacles. Il y a maintenant 34 paroisses, dont 12 églises de maison, comptant en tout 912 croyants baptisés.
L’Église BIC du Népal continue d’entretenir des relations étroites avec l’Église BIC du Bihar et elle est membre associé de Mennonite Christian Service Fellowship of India (MCSFI).
L’Église BIC du Népal est associée à la Société chrétienne locale, la Société chrétienne provinciale et la Société chrétienne du Népal (NCS) ainsi qu’à la National Churches Fellowship of Nepal – NCFN (Communion des églises du Népal).
Principaux objectifs du ministère
Parallèlement à de nombreuses autres activités, l’Église BIC du Népal s’est concentrée sur cinq domaines principaux : l’implantation d’églises, le développement du leadership, le développement communautaire, l’éducation des enfants et le service d’entraide.
Implantation d’églises
L’évangélisation et l’implantation d’églises étant l’une des priorités de l’Église BIC du Népal, elle s’est tournée vers les personnes qui ne connaissaient pas le Christ. Elle est petite et son nombre n’augmente pas rapidement. Cependant, en dépit de la persécution et d’autres difficultés, de nouveaux croyants se sont joints à l’Église et des groupes de maison sont formés presque chaque année.
Au début, les missionnaires BIC d’Inde ont travaillé surtout parmi les communautés Santals et Urawn du sud-est du Népal. Maintenant, les églises BIC sont implantées parmi 11 peuples différents (dont les Santals et les Urawns) dans sept districts de deux provinces du Népal. Les croyants viennent de Rajbanshi, Rishedev, Tharu, Rai, Limbu, Magar, Newar, Tamang (Lama), et on y trouve des groupes de Madheshi et des hindous de haute caste.
Développement du leadership
L’Église BIC organise une formation régulière de courte durée sur le leadership pour les laïcs, au moins deux fois par an. Depuis 1990, en coordination avec Allahabad Bible Seminary, Uttar Pradesh (Inde), l’Église BIC du Népal a développé un cours préparant à un diplôme en théologie (Bachelor of Theology) en népalais. Ce cours se déroule dans le cadre d’un programme de vulgarisation car il vise à offrir une formation aux responsables d’églises de langue népalaise qui ne peuvent pas en avoir dans les écoles ou les collèges bibliques. Ce cours est également ouvert aux responsables d’autres églises évangéliques.
Développement communautaire
Être au service des plus démunis et des opprimés fait partie de la mission de l’Église BIC du Népal depuis son enregistrement auprès du gouvernement local sous le nom de Brethren in Community Welfare Society (BICWS). Nous sommes au service de ceux qui ont besoin d’aide et de libération, comme nous le lisons dans Luc 4/18 et Romains 12/13.
D’abord pendant six ans, en partenariat avec la United Mission to Nepal (UMN), la BICWS a aidé les femmes d’une communauté cible à devenir autonomes, avec des groupes d’entraide, de la culture maraîchère et un potager.
Ces 10 dernières années, en partenariat avec le MCC Népal et le gouvernement local, la BICWS s’est engagée dans le développement communautaire avec des projets de sécurité alimentaire, des programmes de formation professionnelle et d’éducation rurale dans la communauté cible de la municipalité rurale de Jahada dans l’est du Népal.
Service humanitaire
Toujours en partenariat avec le MCC Népal et le gouvernement local, la BICWS apporte des secours lors de catastrophes naturelles. Presque chaque année, la Société est intervenue face à la sécheresse, aux incendies, aux inondations et aux dég√¢ts provoqués par la foudre. En 2015, elle a apporté son aide lors d’un tremblement de terre, bien qu’il ait eu lieu dans des zones limitées.
Avec le soutien de la CMM, par le Fond de Partage de l’Église Mondiale, nous avons aidé les paroisses à reconstruire leurs b√¢timents endommagés par l’inondation. Lorsque c’est nécessaire, l’Église BIC s’associe également aux autres assemblées locales et à la Société chrétienne provinciale pour apporter une entraide humanitaire dans les situations de crise.
Cette année même, pendant le confinement en raison de la pandémie de la COVID-19, l’Église BIC du Népal s’est jointe à la Société chrétienne provinciale pour distribuer de la nourriture et répondre à d’autres besoins pour venir en aide à ceux qui se trouvent dans un centre de quarantaine à la frontière de l’est du Népal.
Éducation des enfants
La plupart des assemblées BIC du Népal sont établies dans des zones rurales reculées dont les habitants sont majoritairement peu instruits et démunis. Lorsqu’ils se convertissent, nous essayons de les aider à grandir dans leur vie spirituelle et pour la scolarisation des enfants.
Nous avons deux programmes différents afin de garantir à tous les enfants de l’église BIC du Népal la possibilité de recevoir un enseignement scolaire et religieux.
En partenariat avec la BIC World Mission USA, nous gérons le projet : Sponsorship Program for International Children’s Education (SPICE), des foyers d’accueil pour les enfants des zones rurales qui peuvent venir vivre ensemble et ainsi fréquenter les écoles publiques voisines.
En partenariat avec la BIC World Mission Canada, Provide Essential Assistance for Children’s Education (PEACE) – à proximité des écoles publiques – est une autre action de l’Église BIC qui accueille les enfants tous les jours avant et après la classe pour leur assurer des repas et les accompagner dans leurs études.
Questions théologiques
Bien que les croyants soient issus de milieux culturels différents, il n’y a pas de conflits théologiques majeurs, et l’Église BIC est la seule qui soit anabaptiste. Les églises charismatiques pentecôtistes, presbytériennes et luthériennes de la région ont généralement une foi et un enseignement évangéliques équilibrés. La plupart des églises du Népal reconnaissent leurs différences, s’acceptent mutuellement, et vivent en harmonie communautaire.
Difficultés et opportunités
Dans le contexte actuel du Népal, nous avons à la fois des difficultés et des opportunités :
Les difficultés
La persécution du gouvernement et des fondamentalistes religieux sont nos principaux problèmes. Bien que le Népal ait été déclaré pays laïc en vertu de sa constitution (promulguée le 20 septembre 2015) qui prévoit la liberté de pratiquer sa religion, elle nie toujours le droit d’amener une personne à la conversion. Le christianisme est une religion mineure, par conséquent, les disciples de Jésus sont souvent la cible de fondamentalistes religieux, qui accusent à tort les chrétiens de soudoyer les gens pour les amener à se convertir. Plusieurs responsables chrétiens d’autres églises sont en prison ou font face à des poursuites judiciaires. Les responsables des BIC sont conscients de ce risque.
Les catastrophes naturelles constituent un autre problème important, car le Népal est sujet aux tremblements de terre, aux glissements de terrain, aux inondations, aux orages, aux avalanches, aux incendies, à la sécheresse et aux épidémies. Presque chaque année, des centaines de personnes meurent, et des milliers d’autres sont gravement touchées par ces catastrophes.
En 2015, un tremblement de terre a fait plus de 10 000 morts et 500 000 maisons ont été endommagées. Ceux que ces catastrophes dévastatrices avaient atteint essayaient lentement de se remettre. Mais est arrivée la pandémie de la COVID-19 et les vies sont à nouveau a bouleversées. Actuellement, 51 919 personnes sont infectées, 322 sont décédées et 36 672 se sont rétablies. Le confinement a davantage affecté la population, en particulier les salariés journaliers, que la maladie elle-même.
La pauvreté et l’augmentation du taux de chômage des jeunes sont un autre problème qui entraîne la diminution de la participation des jeunes à la vie de la paroisse. Les jeunes sont attirés par les plaisirs du monde et ils essaient de rivaliser avec les autres pour gagner plus, plutôt que de désirer grandir spirituellement et obéir à Dieu.
Lorsque le Népal est devenu un pays laïc, c’était une joie pour les chrétiens de prier et de pratiquer leur foi plus ouvertement. Les responsables chrétiens s’engagent pour défendre les droits humains fondamentaux et font entendre leur voix pour la liberté religieuse. Mais cette liberté religieuse a aussi permis à des sectes de venir au Népal. Elles se rendent principalement dans les foyers chrétiens et tentent de convaincre les chrétiens d’accepter leur enseignement, qui est en contradiction avec notre foi biblique et évangélique.
Opportunités
Ces difficultés ont aussi des conséquences positives.
La persécution a uni et créé des liens étroits avec les chrétiens malgré leurs différences doctrinales et confessionnelles. Elle ouvre de nouvelles voies pour être en contact, partager des préoccupations communes et se soutenir mutuellement de toutes les manières possibles. Ceux qui sont forts dans la foi essaient d’aider les autres à s’enhardir, et les encouragent à faire confiance à Dieu, à passer du temps dans la prière et à vivre en communion plus étroite avec d’autres chrétiens. Ils sont motivés pour organiser des chaînes de prière et de jeûne, et pour dépendre de Dieu plutôt que des autres ou des choses matérielles. Ceci entraîne un sentiment de solidarité et d’unité comme on le voit dans le livre des Actes. Pendant les difficultés, les croyants font l’expérience de la gr√¢ce de Dieu et apprennent à se soutenir mutuellement. Ils apprennent à ne compter que sur Dieu et sur sa puissance, plutôt que sur la puissance humaine. En vivant dans l’unité, ils apprennent à coopérer et à essayer de résoudre leurs problèmes ensemble.
Dans les moments difficiles, comme la pandémie, les gens sont plus ouverts à l’Évangile. Ils sont prêts à accepter Jésus comme leur Sauveur surtout quand ils sont malades, manquent du nécessaire et font face à des pressions politiques.
‚ÄîEnvoyé par Hanna Soren au nom de l’église BIC du Népal.
Membre de la CMM:
Église BIC du Nepal/Brethren in Community Welfare Society
Membres baptisés
1 076
Assemblées locales
22
Source : Statistiques mondiales – Annuaire 2018
La colonne du président
« Une foule immense de toutes nations, tribus, peuples et langues » adore Dieu devant son trône (Apocalypse 7). Cette vision est une bonne description de la Conférence Mennonite Mondiale. Mais elle s’inscrit dans un contexte de catastrophe, qui est devenu trop familier aujourd’hui. Incapables de sauver le monde, les saints crient : « Le salut appartient à Dieu … et à l’Agneau ! »
Ces dernières années, différentes régions du monde ont connu bien des catastrophes : Ebola, ouragans, guerre civile, persécution religieuse… Et maintenant, la création gémit à cause de la COVID-19. Nous annulons nos réunions, nous portons des masques, nous nous rencontrons par Zoom – et nous prions. Dans Apocalypse 8, les anges apportent à Dieu les prières des saints pris dans la tourmente. Et nos prières aussi !
La COVID-19 nous rappellera-t-elle que nous avons besoin de Dieu ?
Les plaies d’Égypte ont adouci tardivement le cœur de Pharaon.
Amos (chapitre 4) déplore que la série de fléaux n’ait pas conduit Israël à Dieu.
Jean dans Apocalypse 9/20 et 21 s’attendait à ce que les fléaux mondiaux tournent l’humanité vers Dieu, mais ils ne l’ont pas fait.
Le coronavirus peut éveiller notre besoin les uns des autres et notre soif de justice. Les pauvres souffrent de manière disproportionnée de la pandémie en raison de la baisse de leurs ressources financières et de leurs besoins médicaux. Le moment est venu pour les anabaptistes de partager avec les sœurs et les frères dans le besoin.
Dans l’ancienne Corinthe, lors de la communion, les membres de l’assemblée qui avaient de bons revenus se rassasiaient tandis que les membres pauvres (arrivant tard ?) restaient sur leur faim. Certains même devinrent ‘faibles et malades’ et moururent. Les plus riches se sont condamnés eux-mêmes en agissant ‘sans discerner le corps’ (1 Corinthiens 11).
Une prophétie de l’Ancien Testament souvent citée déclare que l’Esprit de Dieu a amené le terrible fléau de l’invasion des sauterelles pour apporter le salut. Joël dit que la plaie culminera lorsque Dieu répandra l’Esprit : « Vos fils et vos filles prophétiseront. [Les personnes âgées] auront des songes, [les jeunes] auront des visions » (Joël 2).
Que l’Esprit de Dieu, qui renouvelle constamment l’Église, souffle à nouveau comme un vent frais sur la CMM touchée par la COVID-19 !
—J. Nelson Kraybill est président de la CMM. Il vit en Indiana (États-Unis).
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’octobre 2020 de Courier/Correo/Courrier.