Il y a quelques années, nous avions organisé une réunion des Commissions aux Pays-Bas. Avec d’autres personnes, j’étais chargé d’aller chercher les participants à l’aéroport. Nous étions en train de dîner lorsque mon téléphone a sonné. C’était quelqu’un qui appelait au nom d’un membre d’une Commission originaire d’Angola dont le vol avait été retardé. La personne m’a informé que l’Angolais était prêt et attendait que son frère vienne le chercher.
Lorsque je suis arrivé au point de rendezvous, la personne qui avait appelé était toujours là. Je n’oublierai jamais la surprise sur son visage lorsqu’il a réalisé que j’étais le ‘frère’ de cet Africain.
Nous ne correspondions pas à l’image qu’il se faisait des frères. Mon frère angolais et moi ne correspondions pas au stéréotype.
N’est-ce pas cela, être chrétien, et particulièrement, anabaptiste, dans le monde d’aujourd’hui?
Dans ce monde, les gens haïssent les autres parce qu’ils sont différents, parce qu’ils ont des idées politiques différentes, parce qu’ils parlent une autre langue, parce que… parce que… Il y a tant de raisons.
Les responsables passés et présents de la CMM célèbrent les 100 ans de la CMM (de gauche à droite) : Sandra Báez, César García, Henk Stenvers, Larry Miller, Eleanor Miller, Janet Plenert et Danisa Ndlovu.
Nous avons besoin de courage
Si nous voulons suivre le Christ, qui nous a enseigné à aimer notre prochain comme nous-mêmes, nous avons besoin de courage.
Le courage de dire NON à la haine et OUI à l’amour, même si cela va à l’encontre de nos propres intérêts.
Le courage d’aimer, même si les autres ne nous aiment pas.
Le courage de ne pas nous conformer, mais de montrer qu’une autre voie est possible, une voie qui mène à la paix plutôt qu’à la guerre.
Nous avons besoin du courage dont ont fait preuve ceux qui, il y a 500 ans à Zurich, ont défié les pouvoirs en place parce qu’ils voulaient être de véritables disciples du Christ.
J’espère, et je prie pour, voir encore beaucoup de visages surpris, comme celui de cet homme à l’aéroport, lorsque nous, communauté de disciples du Christ, nous nous aimons les uns les autres, vivons l’unité malgré nos différences et proclamons ainsi un message de paix.
—Henk Stenvers est président de la Conférence Mennonite Mondiale (2022-2028). Il vit aux Pays-Bas.
Les activités organisées pour commémorer les 500 ans du mouvement anabaptiste à Zurich le 29 mai 2025 comprenaient 18 ateliers répartis sur deux périodes. Les salles mises généreusement à disposition par l’Église réformée dans plusieurs endroits du centre-ville étaient bondées de participants désireux de découvrir des témoignages et des analyses sur les anabaptistes qui ont incarné « le courage d’aimer » dans l’histoire et aujourd’hui.
Les ateliers allaient d’une session de chant participatif inspirée des cantiques mennonites, à une table ronde à propos des dialogues trilatéraux sur le baptême avec des partenaires catholiques et luthériens, en passant par une présentation de l’engagement des mennonites en faveur de la paix et de la justice au Moyen-Orient et les témoignages sur la vie communautaire et l’amour des ennemis.
Voici un aperçu d’un des ateliers :
La culture de la mémoire au sein des minorités religieuses
Comme beaucoup de mouvements religieux minoritaires, le mouvement anabaptiste a une histoire qui lui est propre, une histoire qui l’a façonné. Cette histoire comprend des souvenirs de persécution, de discrimination et de migration. Si elles sont laissées de côté, ces histoires peuvent facilement conduire à une éruption volcanique dans un monde déjà instable.
Les intervenants de cet atelier étaient Andrea Strübind, Astrid von Schlachta et Danang Kristiawan.
Andrea Strübind, issue de la tradition baptiste, est professeure d’histoire de l’Église et de Théologie historique à l’université d’Oldenburg en Allemagne. Astrid von Schlachta est déléguée du Conseil Général de l’Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer Gemeinden in Deutschland. Elle est également assistante de recherche à l’Arbeitsstelle Theologie der Friedenskirchen(Centre de recherche sur la Théologie des Églises de paix) en Allemagne. Danang Kristiawan est pasteur à la GITJ Jepara et chargé de cours à la SSTAKW Bible School à Java (Indonésie).
Andrea Strübind et Astrid von Schlachta ont présenté à l’auditoire l’histoire des anabaptistes depuis leurs débuts en 1525 et ont retracé les différents événements sociopolitiques mondiaux qui se sont produits depuis lors.
Danang Kristiawan a parlé de son expérience avec les chrétiens minoritaires dans son pays natal, l’Indonésie, où les musulmans sont majoritaires.
Points principaux
Une vie marquée par la persécution et l’expulsion consiste davantage à trouver des cachettes qu’à laisser des monuments visibles.
La Confession d’Augsbourg (Confessio Augustana) de 1530 condamne les anabaptistes.
En Indonésie, le christianisme est associé au colonialisme.
Initiatives pour prévenir les éruptions.
En volcanologie, une éruption volcanique est l’expulsion de gaz et de lave en fusion depuis l’intérieur de la terre vers la surface terrestre ou dans l’atmosphère par un conduit. De la même manière, dans la vie réelle, toute question susceptible d’entraîner des problèmes entre les êtres humains peut provoquer une éruption métaphorique, notamment en matière de perceptions religieuses. Cela peut causer des dommages irréparables non seulement aux personnes en conflit, mais aussi au monde en général.
Bien que la ville de Zurich et l’Église réformée aient été parmi les ennemis des premiers anabaptistes, il existe aujourd’hui un dialogue entre les responsables réformés et les anabaptistes à différents niveaux. (Voir ‘La recherche d’un témoignage commun’)
Pour les luthériens, le désir de dialoguer avec les anabaptistes remonte à la commémoration des 450 ans de la Confession d’Augsbourg en 1980. Lors de sa conclusion, la Fédération luthérienne mondiale a reconnu que les déclarations contenues dans le document de 1530 étaient une provocation pour les anabaptistes et que celles-ci ne reflétaient pas la réalité des croyants contemporains des deux confessions.
Par la grâce de Dieu, lors de l’Assemblée de la Fédération luthérienne mondiale à Stuttgart en 2010, les anabaptistes ont reçu des excuses pour les persécutions passées.
En Indonésie, les mennonites de Jepara ont lancé une initiative d’amitié entre mennonites et musulmans. Elle est fermement ancrée dans Colossiens 1:20, l’incarnation du Christ, et qui contextualise l’amour de manière créative. La base théologique de l’amitié entre mennonites et musulmans, en particulier la mise en œuvre créative de l’amour, comprend l’engagement envers l’identité personnelle, l’ouverture à la vulnérabilité et l’imagination.
Outre l’expertise et l’expérience par les intervenants sur le sujet, les participants à l’atelier ont posé des questions et échangé leurs points de vue.
Un participant d’origine pakistanaise vivant au Canada a dit que, dans la plupart des cas, les persécutions et les discriminations résultent de manœuvres orchestrées par les dirigeants.
D’autres ont posé des questions sur les expériences de persécution des anabaptistes indonésiens. L’Église, qui compte de plus en plus de jeunes, a peu d’expérience directe, dit Danang Kristiawan.
En réponse à la question « Comment pouvons-nous réagir aux politiques étrangères des gouvernements qui défendent le nationalisme », les intervenants ont souligné la nécessité de construire sincèrement des ponts et de poursuivre le dialogue.
Conclusion
Le sujet méritait d’être approfondi. Chaque pays a son propre contexte de persécution et de discrimination. Le courage est un processus par lequel les parties en conflit mobilisent au maximum leurs ressources mentales et morales pour contrôler un danger imminent. Par conséquent, des discussions ouvertes et persistantes sur ces questions seront bénéfiques non seulement pour les religions en conflit, mais aussi pour rendre la terre plus habitable. Cela permettra ainsi de concrétiser le thème de la rencontre : le courage d’aimer.
—Jumanne Magiri Mafwiri est membre de Kanisa Mennonite Tanzania. Il est le représentant régional de la CMM pour l’Afrique de l’Est. Il a décidé de participer à l’atelier suite à la persécution des chrétiens en Ouganda en 1885-1887, après laquelle le gouvernement ougandais a déclaré le 3 juin comme journée des martyrs, ce qui attire des pèlerins de divers horizons.
La journée commémorative à Zurich a été marquée par de nombreux moments forts, notamment par des chants. Les chorales ont eu le privilège de jouer un rôle central en réunissant des voix venues du monde entier pour célébrer la foi, la réconciliation et l’unité.
Les chorales participantes étaient les suivantes
Eastleigh Fellowship Centre (EFC) Chorale de l’église mennonite — Nairobi, Kenya
Ágape Band – Asunción, Paraguay
Eastern Mennonite University (EMU) Chamber Singers — Harrisonburg, Virginie, États-Unis
Songs of Peace — Liestal, Suisse
TIARA (The Indonesian Anabaptist peRformingArt) TIARA—Église GKMI Anugerah, Jakarta, Indonésie
La chorale EFC se produit en concert à la Predigerkirche de Zurich, en Suisse, avec la soliste Sheila Omondi, « Anawuok adhi e dala wa ka Nyasaye » (« Je suis déjà en route vers notre demeure céleste »).
Ágape Band – Asunción, Paraguay
Eastern Mennonite University (EMU) Chamber Singers — Harrisonburg, Virginie, États-Unis
Songs of Peace — Liestal, Suisse
TIARA (The Indonesian Anabaptist peRforming Art) TIARA — Église GKMI Anugerah, Jakarta, Indonésie
Parmi ces chorales, celle de l’église mennonite Eastleigh Fellowship Centre (EFC) m’a particulièrement fasciné.
La chorale de l’EFC
La chorale de l’EFC, issue d’une église mennonite de Nairobi, était l’un des cinq ensembles musicaux sélectionnés pour présenter la musique anabaptiste du monde entier lors de la rencontre organisée à Zurich pour le 500e anniversaire. La chorale a accueilli avec enthousiasme cette occasion d’annoncer l’amour du Christ à travers un riche mélange de traditions musicales africaines et d’harmonies de gospel.
La chorale s’est produite à deux reprises : lors d’un concert à l’intérieur de la Predigerkirche et lors d’un concert en plein air sur la Zwingli Platz, devant l’église Grossmünster, sans amplification. Elle a également participé au culte de clôture, qui a été retransmis en direct mondialement.
La chorale décrit son style musical comme de l’’afrofusion’. « Notre musique rassemble des influences de différents pays d’Afrique », explique George Ochieng, membre de la chorale.
De plus, la chorale elle-même reflète la diversité culturelle du Kenya, ses membres étant issus de diverses origines ethniques.
Le ministère de la musique
Pour la chorale EFC, faire de la musique va au-delà d’une simple performance, c’est un ministère. Son profond engagement envers la foi chrétienne la pousse à annoncer le message du Christ à travers le chant. La musique est pour elle un moyen de renforcer la foi, de fortifier les esprits et d’encourager les autres.
La chorale estime que ses voix sont des instruments de guérison et d’unité, capables de briser les barrières culturelles et de toucher des vies de tous horizons. Sa performance incarne les thèmes de l’espoir, de la persévérance et de la grâce divine, rappelant aux auditeurs la présence éternelle de Dieu.
Le chant préféré
La chorale de l’EFC travaille activement à la composition et à l’arrangement de morceaux qui reflètent son cheminement spirituel et son héritage culturel. Son style mêle rythmes africains traditionnels et thèmes de gospel, créant une expérience spirituelle unique et enrichissante.
Certains de ses chants proviennent de recueils de cantiques, d’autres ont été composés par des auteurs inconnus ou par les membres de la chorale eux-mêmes.
L’un de leurs chants le plus apprécié est « Yesu Vamuvamba », qui signifie « Jésus a été crucifié » en tiriki, une langue parlée par le peuple tiriki de l’ouest du Kenya. La chanson évoque la crucifixion du Christ et la liberté qu’elle a apportée à l’humanité, en résonnant profondément avec les thèmes du sacrifice, de la rédemption et du pardon.
Une vocation
La chorale de l’EFC considère que louer en musique est un moyen de renforcer la foi, d’encourager la croissance spirituelle et de favoriser l’unité de la communauté. Ses mélodies s’étendent au-delà de son église d’origine, car ses membres voyagent fréquemment à travers le Kenya pour chanter lors de services religieux, de réunions de réveil, de conférences et de festivals de musique.
Bien que les membres de la chorale soient profondément dévoués à leur ministère musical, il s’agit d’un engagement à temps partiel. Beaucoup d’entre eux poursuivent une carrière dans l’enseignement, le commerce, la santé et d’autres domaines pour subvenir à leurs besoins, car la chorale ne dispose pas de ressources financières nécessaires pour soutenir des musiciens à plein temps.
Malgré ces difficultés, les membres de la chorale consacrent beaucoup de temps aux répétitions, aux offices religieux et à des évènements particuliers, considérant leurs dons musicaux comme une vocation divine plutôt que comme un simple passe-temps.
En outre, la chorale encadre activement des jeunes musiciens et encourage la participation des jeunes au culte, contribuant ainsi à former la prochaine génération d’artistes et de responsables chrétiens.
Les 500 ans de l’Anabaptisme
Être invité à se produire lors de cette célébration historique du 500e anniversaire est à la fois un honneur et un événement spirituel marquant pour la chorale de l’EFC. Sa présence à Zurich lui a permis de faire connaître sa musique sur une scène mondiale et de tisser des liens avec les communautés anabaptistes du monde entier.
Cette célébration est un témoignage puissant de la persévérance de la foi et souligne comment l’anabaptisme a prospéré pendant des siècles de persécution, de changement et de croissance. En participant à cet événement, la chorale souhaite apporter sa contribution à l’histoire et mettre en valeur son héritage musical mennonite africain dans un contexte chrétien international.
La chorale considère cet anniversaire comme un rappel de l’unité, de la persévérance et du réveil spirituel. Elle espère que cet événement renforcera les liens entre les assemblées anabaptistes et sera une occasion d’apprendre, une occasion de réconciliation et de renouveau.
C’était un privilège de représenter les anabaptistes kenyans lors de cette célébration historique. Les membres de la chorale de l’EFC espèrent que leur musique a édifié et inspiré les participants, leur rappelant que la foi transcende les frontières et que la musique est un langage universel de louange.
Ce qui me passionne dans ces chorales
Cette expérience a été vraiment électrisante. Il y avait quelque chose de profondément émouvant à entendre des voix venues des quatre coins du monde se mélanger harmonieusement, chacune porteuse de sa propre culture, de son histoire et de sa foi.
Chaque chorale a apporté quelque chose d’unique à la célébration, qu’il s’agisse de rythmes ‘afrofusion’, de gospel latino ou de musique sacrée a cappella. Être témoin de cette expression musicale diversifiée de la foi m’a permis de mieux comprendre comment la louange à travers le chant unit les croyants de toutes traditions et de toutes nations.
— Melvin Banda est membre de l’Église de Frères mennonites du Malawi. Il était le délégué des YABs pour son église lors des réunions de 2025.
Dans toute la ville, remplie d’anabaptistes, les cloches ont retenti ! Environ 3 500 personnes, voire plus, ont envahi les rues de la vieille ville de Zurich le jour de l’Ascension, le 29 mai 2025, pour commémorer le 500e anniversaire de l’anabaptisme.
« Aujourd’hui, nous, mennonites de Suisse, sommes une petite communauté », dirent Gladys Geiser et Lukas Amstutz, coprésidents de la Konferenz der Mennoniten der Schweiz, en ouvrant le culte. La ville hôte est le lieu des premiers baptêmes d’adultes connus du mouvement anabaptiste. « Mais, comme nous pouvons le voir lors de ce culte, nous faisons partie d’un mouvement qui est devenu diversifié et international. »
Depuis ses débuts avec quelques croyants courageux en Europe, la Conférence Mennonite Mondiale compte désormais 111 unions d’églises dans 61 pays à travers le monde (après la réunion du Comité Exécutif qui s’est tenue quelques jours plus tôt en Allemagne).
« Aujourd’hui, nous pouvons tous nous rassembler ici : toutes les nations, comme il est écrit dans la Parole – toutes les nations, toutes les tribus, toutes les langues.
Seul le Seigneur peut faire cela », dit Jean-Claude Ambeke, un Frère mennonite angolais vivant en France.
Les nuages du matin ont laissé place à une journée ensoleillée, idéale pour se promener dans les rues historiques, remplir les salles de conférence ou écouter les chorales. L’Église réformée a même fourni un vendeur ambulant qui distribuait des glaces.
Les participants ont pu se dégourdir les jambes en participant à une visite guidée à pied ou en faisant des jeux de rôles ‘sur le chemin de l’histoire’, tandis que plus d’une douzaine d’ateliers présentaient diverses perspectives sur l’anabaptisme : témoignages, aperçus historiques et questions d’actualité. En outre, la théologienne et journaliste suisse Judith Wipfler a animé une table ronde avec des responsables anabaptistes vivant dans des zones connaissant de grandes difficultés et des conflits, sur le thème ‘Un monde en feu’.
Cinq chorales de différentes parties du monde ont donné un concert en intérieur et en extérieur et se sont jointes à une chorale imposante pour le culte. Elles ont interprété des chants préférés de l’Assemblée, tels que « Ewe Thina » et « Kirisuto no heiwa ga ». Un nouveau chant a été présenté par Songs of Peace, dont le refrain est « Nous voulons la justice, nous voulons la paix ! ».
Une église importante
Les files d’attente pour le culte de clôture ont commencé en milieu d’après-midi. La Grossmünster, qui compte 1 200 places, était pleine à craquer, tout comme les salles annexes (Predigerkirche 350, Friedenskiche 250, FEG 100 et Helferei 130, ajoutée à la dernière minute) — et des centaines de personnes sont restées dehors, assises sur la place ou dispersées dans les cafés, regardant le service sur leur téléphone portable.
Pendant ce temps, partout dans le monde, des milliers de personnes se sont connectées en ligne chez eux ou se sont réunies dans des églises, des bureaux ou des musées.
Avec la présence de représentants de 13 communions mondiales et de trois organisations œcuméniques multilatérales en tant qu’invités d’honneur, le culte n’était pas seulement consacré à l’anabaptisme, mais aussi à une nouvelle étape sur le chemin de la réconciliation.
Un cheminement vers la réconciliation
« Nous avons tous hérité d’un lourd passé marqué par les divisions de la Réforme. Nous savons que des différences théologiques et pratiques subsistent, mais nous nous réjouissons du cheminement vers la réconciliation que nous avons parcouru ensemble », a déclaré Janet Plenert lors de la liturgie.
Le service a réuni des responsables de la Fédération luthérienne mondiale et de la Communion mondiale des Églises réformées ; le cardinal Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens a apporté un message du pape Léon XIV. « Je vous assure de ma prière pour que nos relations fraternelles s’approfondissent et grandissent. », a lu le cardinal.
Alors que John D. Roth, de la CMM, et Hanns Lessing, de la CMER, ont confessé le ‘témoignage commun de l’unité de l’Église’ de leurs communautés, les secrétaires généraux César García et Setri Nyomi se sont lavé mutuellement les pieds « en signe tangible de notre engagement en faveur de la réconciliation », dit J. Nelson Kraybill.
Une autre expression concrète de soutien a été la mise à disposition gratuite des bâtiments de l’Église réformée, y compris l’emblématique Grossmünster.
« Se retrouver dans la Grossmünster 500 ans après la division, désormais en tant que ‘famille réconciliée’, est un moment fort dans notre mémoire collective qui, je l’espère, changera la façon dont la prochaine génération racontera notre histoire », a dit John D. Roth.
La rencontre, délibérément placée sous le signe de la commémoration, s’est ainsi terminée dans une ambiance festive. Des chœurs venus de cinq régions ont formé un tunnel de chants à la sortie de l’église, sur la place, et les invités ont pris congé en chantant « Siyahamba » (Nous marchons dans la lumière de Dieu).
Dieu de compassion, dans un monde divisé par le nationalisme, les conflits religieux, la xénophobie et la guerre, tu nous as réunis aujourd’hui pour former un peuple issu de nombreuses nations, parlant multiples langues et membres de différentes Églises.
C’est par ta grâce, ô Dieu, que nous pouvons nous retrouver dans l’amour. Merci pour l’hospitalité extraordinaire dont ont fait preuve la ville de Zurich et les Églises réformées de Suisse envers les anabaptistes. Bénis cette généreuse bonté !
Merci pour le témoignage de tous ceux présents ici aujourd’hui et qui connaissent et expriment ton amour réconciliateur. Même si l’Église mondiale est parfois divisée, tu nous appelles à vivre comme des frères et sœurs en Christ. Donne-nous le courage de nous aimer les uns les autres et d’aimer « l’autre », quel qu’il soit.
Répands ton Esprit Saint sur nous aujourd’hui afin que ta guérison et ton amour puissent se répandre à travers nous vers le monde. Fais de nous, et des Églises que nous représentons, « une nouvelle humanité » unie dans l’amour, « afin que le monde sache » que notre espérance est en Christ, au nom duquel nous prions.
Amen.
Sunoko Lin, trésorier de la CMM, préside la prière d’ouverture au Grossmünster lors du culte de clôture de la journée anniversaire à Zurich (Suisse).Environ 1200 fidèles venus du monde entier ont rempli la Grossmünster pour le culte de clôture, et des milliers d’autres ont suivi l’événement en ligne/Dale Gehman
Officiant: Enfants de Dieu, nous nous retrouvons ensemble à Zurich, une ville historique, berceau d’un mouvement de renouveau du XVIe siècle dirigé par Ulrich Zwingli, et lieu de naissance de ce mouvement qu’on appelle aujourd’hui l’anabaptisme.
[Des centaines de petits tracts contenant des messages tombent du balcon sur les personnes assises dans les bancs et sur l’estrade. Trois manifestants en costume d’époque se lèvent et s’écrient.]
1er manifestant/e : Mais qu’est-ce que c’est que cette église ?! Qui appartient vraiment au corps du Christ ? Les Écritures appellent les disciples de Jésus à se séparer de ceux qui ne mènent pas une vie pure !
2emanifestant/e : D’exclure ceux qui ne baptisent pas uniquement sur confession de foi !
3e manifestant/e : D’exclure ceux qui détiennent l’autorité et qui ne laissent pas nos assemblées vivre tranquilles et en paix !
Officiant: Vous perturbez un culte ! Qui êtes-vous ? Pourquoi faites-vous cela ?
1er manifestant/e : Nous sommes vos ancêtres anabaptistes. Le Christ est notre autorité. Lui aussi a perturbé l’ordre établi !
2emanifestant/e : Nous avons étudié la Parole. Dieu nous a donné une vision !
1er manifestant/e : Écoutez-nous !
3e manifestant/e : Le royaume de Dieu est proche !
1er manifestant/e : Heureux ceux qui ont faim et soif de justice !
3e manifestant/e : Aux riches, nous disons : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ! »
2emanifestant/e : Aux puissants nous disons : « La guerre est contraire à la volonté de Dieu ». Nous obéissons à Dieu et non aux autorités humaines !
3e manifestant/e : Le Christ est avec ceux qui n’ont personne pour les aider — avec les réfugiés, les victimes de la violence, ceux qui sont emprisonnés pour leur foi et leur identité.
Officiant: Attendez… s’il vous plait ! Écoutez la parole du Seigneur, telle que l’apôtre Paul l’a proclamée.
N’ayez pas de prétentions au-delà de ce qui est raisonnable. Chacun selon la mesure de foi que Dieu lui a donnée en partage. Nous avons plusieurs membres en un seul corps et ces membres n’ont pas tous la même fonction. … Que l’amour fraternel vous lie d’une mutuelle affection ; rivalisez d’estime réciproque.
Repentance et lamentation
Officiant : L’assemblée vous a écouté. Le cœur tremblant, nous partageons votre espoir et nous partageons vos plaintes. Tous ceux qui sont ici réunis aujourd’hui souhaitent ressembler davantage à Jésus. Nous avons tous péché et sommes privés de la gloire de Dieu. Prions pour la grâce de confesser nos péchés et de mener une vie sainte.
1er manifestant/e : Merci de nous avoir écoutés.
Officiant : Les eaux du baptême nous ont divisés.
[versant de l’eau]
Mais ceux qui boivent à la source salvatrice de Jésus n’auront plus jamais soif. Purifie-nous, Saint-Esprit, rafraîchis-nous avec l’eau de la vie éternelle.
Officiant : Nous ne croyons pas que Jésus soit mort en vain. Nous ne croyons pas que ceux qui ont souffert pour leur foi à travers les âges l’aient fait en vain.
2e manifestant/e : Oui ! Nous avions besoin de vous l’entendre dire.
Officiant : Prions. Dieu tout-puissant, nous venons devant toi non pas par notre propre justice, mais grâce à ta grande miséricorde.
1ermanifestant/e : Pardonne-nous l’arrogance de penser que nous pourrions être parfaits et sans péché.
2e manifestant/e : Que nous vivions dans des communautés à l’écart du monde ou au milieu du monde, pardonne-nous d’être aveugles aux besoins de nos prochains.
3e manifestant/e : Pardonne-nous toutes les fois où nous n’avons pas « pratiqué la justice et aimé la miséricorde ».
1ermanifestant/e : Pardonne-nous notre silence… de ne pas avoir su « rendre raison de l’espérance qui est en nous ».
2emanifestant/e : Pardonne-nous d’avoir refusé de travailler avec des personnes différentes de nous, même lorsque le besoin était grand.
3e manifestant/e : Pardonne-nous d’avoir méprisé d’autres églises et d’avoir manqué des occasions d’apprendre d’elles et de collaborer avec elles. Merci pour ces communautés de foi qui nous ont ouvert leur cœur et qui marchent avec nous sur le chemin de Jésus.
Officiant : Reçois nos prières, ô Père, au nom de Jésus-Christ, par la puissance du Saint-Esprit.
Ensemble, unissons-nous dans la prière que le Christ a prononcée… chacun dans sa propre langue.
« Notre Père… »
Annonce du pardon
Officiant : Le Christ lui-même a dit : « Tes péchés sont pardonnés. Va et ne pèche plus ». Nous sommes pardonnés, aimés et libres. Amen.
Lisa Carr-Pries (Canada), vice-présidente de la CMM, et Danisa Ndlovu (Zimbabwe), ancien président de la CMM, ont dirigé cette liturgie. Ebenezer Mondez (Philippines), James Jakob Fehr (Allemagne)et Ulrike Schmutz (Suisse)ont joué le rôle des manifestants.
Aman Ganjboir, délégué YABs d’Inde, se prépare à lancer des tracts depuis la mezzanine pour ‘perturber’ le service religieux/Irma Sulistyorini
James Jakob Fehr (Allemagne) en costume d’époque, premier manifestant/CMM
Ulrike Schmutz (Suisse), deuxième manifestante/CMM
Ebenezer Mondez (Philippines) en habit traditionnel, troisième manifestant/CMM
Liturgie de réconciliation : Notre chemin vers la réconciliation
Voici [ci-dessous] les paroles que les responsables des différentes communions ont prononcé. Lorsque les représentants luthériens et mennonites ont pris la parole, ils ont tracé une croix sur le front de leur interlocuteur. Lorsque les représentants réformés et mennonites ont pris la parole, les secrétaires généraux se sont lavé les pieds mutuellement.
Représentants
Représentants de la Conférence Mennonite Mondiale
Anne-Cathy Graber, secrétaire aux relations œcuméniques
J. Nelson Kraybill, ancien président
Janet Plenert, ancienne vice-présidente, actuelle coordinatrice des représentants régionaux
John D. Roth, président du comité de planification de Renouveau
Larry Miller, ancien secrétaire general
Représentant de l’Église catholique
Cardinal Kurt Koch, Préfet, Dicastère pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens
Représentant de la Fédération luthérienne mondiale
Pasteure Anne Burghardt, secrétaire générale
Représentants de la Communion mondiale d’Églises réformées
Pasteur Hanns Lessing, secrétaire exécutif pour la communion et la théologie
Pasteur Dr Setri Nyomi, secrétaire général intérimaire
Les mennonites
Aujourd’hui, lors de notre culte [des membres de la] Conférence Mennonite Mondiale, ainsi que des représentants d’autres traditions anabaptistes et des Églises libres, se sont réunis aux côtés de représentants de l’Église catholique romaine, de la Fédération luthérienne mondiale et de la Communion mondiale d’Églises réformées pour rendre un témoignage commun.
Nous héritons tous d’un lourd passé marqué par les divisions issues de la Réforme. Nous savons que des différences théologiques et pratiques subsistent, mais nous nous réjouissons du cheminement vers la réconciliation que nous avons parcouru ensemble.
En 2003, catholiques et mennonites ont conclu un dialogue de cinq ans intitulé ‘Appelés ensemble à faire Œuvre de Paix’, qui partait du constat commun que ‘l’allégeance au Christ comme Seigneur prime sur les exigences de l’État’.
Plus récemment, la participation des catholiques et des luthériens au Dialogue trilatéral sur le baptême a contribué à clarifier les points de convergence ainsi que les différences persistantes concernant notre compréhension et notre pratique du baptême. Nous considérons ces dialogues comme un don à l’Église.
Les catholiques
Message du Saint Père Léon XIV aux participants à la commémoration des 500 ans du mouvement anabaptiste
Alors que vous vous réunissez pour commémorer les 500 ans du mouvement anabaptiste, chers amis, je vous salue cordialement en reprenant les premiers mots prononcés par Jésus ressuscité : « La paix soit avec vous! » (Jean 20.19).
Dans la joie de la célébration de Pâques, comment ne pas méditer sur l’apparition du Christ le soir de ce « premier jour de la semaine » (ibid.), lorsque Jésus a non seulement traversé les murs et les portes closes, mais est aussi entré dans le cœur de ses disciples où régnaient la peur et la confusion ? En outre, en accordant son don si précieux de la paix, le Christ était sensible aux expériences de ses disciples, ses amis, et n’a pas caché les marques de sa Passion encore visibles sur son corps glorieux.
En recevant la paix du Seigneur et en acceptant son appel, qui implique d’être ouvert aux dons du Saint Esprit, tous les disciples de Jésus peuvent s’immerger dans la nouveauté radicale de la foi et de la vie chrétiennes. En effet, un tel désir de renouveau caractérise le mouvement anabaptiste lui-même.
La devise choisie de votre célébration, « Le courage d’Aimer », nous rappelle, avant tout, la nécessité pour les catholiques et les mennonites de tout mettre en œuvre pour vivre le commandement de l’amour, l’appel à l’unité chrétienne et la mission de servir les autres. Elle souligne également la nécessité d’une réflexion honnête et bienveillante sur notre histoire commune, qui comporte des blessures douloureuses et des récits qui affectent les relations et les perceptions qu’ont les catholiques et les mennonites jusqu’à aujourd’hui.
Combien importante est donc cette purification des mémoires, et cette relecture commune de l’histoire, qui peuvent nous permettre de guérir les blessures du passé et de construire un nouvel avenir grâce au « courage d’aimer » ! En outre, ce n’est qu’ainsi que le dialogue théologique et pastoral pourra porter des fruits qui demeurent (cf. Jean 15.16).
Ce n’est certainement pas une tâche facile ! Pourtant, c’est précisément dans des moments particuliers d’épreuve que le Christ a révélé la volonté du Père : c’est lorsque les pharisiens ont cherché à l’éprouver qu’il nous a enseigné que les deux plus grands commandements sont d’aimer Dieu et notre prochain (cf. Matthieu 22.34-40). C’est à la veille de sa Passion qu’il a parlé de la nécessité de l’unité, « afin que tous soient un […] afin que le monde croie » (Jean 17.21). Mon souhait pour chacun de nous est donc que nous puissions dire avec saint Augustin : « Mon espérance tout entière repose uniquement sur la grandeur immense de ta miséricorde. Donne ce que tu commandes et commande ce que tu désires. » (Les Confessions, X, 29, 40).
Enfin, dans notre monde déchiré par la guerre, notre marche continue vers la guérison. L’approfondissement de la communion fraternelle a un rôle essentiel à jouer, car plus les chrétiens seront unis, plus notre témoignage du Christ, Prince de la Paix, sera efficace pour édifier une civilisation où l’on se rencontre dans l’amour.
Avec ces vœux, je vous assure de ma prière pour que nos relations fraternelles s’approfondissent et grandissent. Sur vous tous, j’invoque la joie et la sérénité qui viennent du Seigneur ressuscité.
En 2010, l’Assemblée mondiale luthérienne, réunie à Stuttgart, en Allemagne, a officiellement approuvé une ‘action mennonite’, sur la base du rapport d’un dialogue de cinq ans intitulé ‘Guérir les Mémoires : se réconcilier dans le Christ’. Un culte de réconciliation a été célébré, au cours duquel les deux communautés se sont mutuellement pardonnées et se sont engagées à interpréter les confessions luthériennes et les récits mennonites de leur passé à la lumière de l’histoire commune décrite dans ce rapport. Ce processus a marqué un moment clé dans les relations entre nos deux communautés et a jeté les bases d’un apprentissage mutuel sur les thèmes du baptême et de la relation des chrétiens à l’État.
Lors du service de réconciliation en 2010, toutes les personnes présentes ont fait le signe de la croix afin de nous rappeler la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. La croix touche les blessures du péché, guérit nos fractures et restaure nos vies. Elle promet la guérison par la grâce de Dieu et est le signe du don d’un cœur nouveau et d’un esprit nouveau.
Aujourd’hui, la Conférence Mennonite Mondiale et la Fédération Luthérienne Mondiale se souviennent et renouvellent leur engagement par le signe de la croix.
Les luthériens
Lors du dialogue ‘Guérir les Mémoires’, nous nous sommes engagés à écouter attentivement l’histoire de l’autre communion et à relater l’histoire de nos débuts communs d’une manière qui puisse être acceptée par les deux parties. La conviction luthérienne selon laquelle l’initiative de Dieu rend possible notre réponse dans la foi a été chaleureusement accueillie par les mennonites. La demande luthérienne de pardon pour avoir persécuté les anabaptistes a été pleinement accordée. L’analyse commune et honnête du baptême a contribué à ouvrir la voie à un dialogue trilatéral fructueux sur le baptême avec la Conférence Mennonite Mondiale et l’Église catholique.
Nous rendons grâce à Dieu que de plus en plus de luthériens et de mennonites apprécient le témoignage de l’Évangile de chacun.
Les mennonites
Aujourd’hui, à Zurich, nous célébrons les progrès accomplis vers la réconciliation avec les représentants de la tradition réformée.
En 2004, la ville de Zurich et l’Église réformée suisse ont contribué à l’érection d’une plaque commémorative sur les rives de la Limmat, en souvenir de l’exécution de Felix Manz et de six autres anabaptistes à Zurich.
Trois ans plus tard, la Conférence mennonite suisse et l’Église réformée du canton de Zurich ont conclu un dialogue important dans lequel elles s’engageaient à poursuivre le chemin de la réconciliation. Dans ce document, les mennonites affirmaient : « Nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes. Nous appartenons à Jésus-Christ, qui nous appelle à le suivre, qui a abattu le mur de la séparation et qui a uni les peuples proches et lointains en un seul corps. »
La semaine dernière, le Conseil Général de la Conférence Mennonite Mondiale a officiellement reçu une déclaration rédigée avec des représentants de la Communion mondiale d’Églises réformées intitulée ‘Restaurer l’intégrité de notre famille : la recherche d’un témoignage commun’.
Pendant que nous écouterons une litanie de confession, de gratitude et d’engagement tirée de cette déclaration, le Secrétaire General de la Conférence Mennonite Mondiale, César García, et le Secrétaire General par intérim de la Communion mondiale d’Églises réformées, Setri Nyomi, se laveront mutuellement les pieds en signe tangible de notre engagement en faveur de la réconciliation. Nous vous invitons tous à être témoins de ce signe de repentance et de pardon.
Les réformés
Nous avons confessé l’origine commune de nos Églises et la douleur causée par leur fracture. Nous demandons à Dieu de bénir la redécouverte d’une compréhension commune de l’Évangile afin qu’elle inspire l’évangélisation et la paix.
Les mennonites
En présence de représentants de l’Église tout entière, la Conférence Mennonite Mondiale et la Communion mondiale d’Églises réformées rendent un témoignage commun de l’unité de l’Église.
Les réformés
Aujourd’hui, nous commémorons les origines communes de nos communions mondiales, nous confessons notre relation brisée, et nous nous réjouissons de ce que maintenant, grâce à des efforts soutenus pendant de nombreuses années pour nous comprendre mutuellement et nous réconcilier, nous pouvons obéir à Christ notre Paix en nous engageant dans l’unité de l’Esprit. Liés les uns aux autres, nous persévérons dans l’entretien de cette unité. Nous nous engageons à être humbles, patients, honnêtes et, par-dessus tout, animés par l’amour, dans notre marche commune en tant que corps unique de Christ.
Les mennonites
Rassemblés sous le regard bienveillant de Dieu, nous célébrons le fait que notre identité se trouve dans notre confession commune de Jésus comme Seigneur, dans nos ancêtres communs de foi, et dans notre appel commun à être des disciples et des témoins de l’Évangile au sein d’un monde fragmenté.
Les réformés
Nous avons été bénis dans nos traditions d’avoir une passion pour la justice et la paix. Que le Dieu de la croix et de la résurrection nous donne le courage et le désir de poursuivre la paix et de pratiquer la justice qui résiste à la violence, à l’oppression et au désastre écologique, une justice qui trouve son expression la plus complète dans le pardon, la miséricorde et la réconciliation.
Les mennonites
Aujourd’hui, en tant que membres anabaptistes et réformés du Corps de Christ, nous affirmons que notre témoignage devant le monde est nourri et soutenu par la grâce de Dieu qui nous rend capables d’aimer Dieu, de nous aimer les uns les autres, ainsi que toute la création.
Les réformés
Ensemble, nous nous engageons dans la mission fondamentale de la proclamation de l’Évangile d’amour dans chacun de nos contextes, face aux défis et exigences qui leur sont propres. Nous ne voulons pas laisser la peur, la méfiance ou des obstacles au dialogue nous détourner de cet appel.
Les mennonites
Nous promettons de cheminer ensemble pour guérir les blessures du passé, et travailler à l’unité du Corps de Christ. Nous nous engageons à apprendre les uns des autres en partageant la richesse et la diversité de nos traditions. Nous nous attachons à coopérer de façon résolue pour proclamer la miséricorde de Dieu et ouvrir les portes à la justice qui conduit à la paix.
Les réformés
Ensemble, nous prions pour le Corps de Christ. En Christ nous sommes membres les uns des autres, sœurs et frères de la même chair et du même Esprit.
Les mennonites
Ensemble, nous accueillons le don de l’unité dans la conviction que c’est toi, ô Dieu, qui es en train de restaurer l’intégrité de ta famille. Amen
Confesser ensemble notre foi
En reconnaissance de notre identité commune au sein du corps du Christ, les participants se sont levés et ont récité – chacun dans sa propre langue – le Credo de Nicée. Cette ancienne déclaration de foi chrétienne issue du Conseil œcuménique de Nicée marque cette année son 1700e anniversaire.
Larry Miller, secrétaire général émérite de la CMM, trace une croix sur le front de la Rév. Dr Anne Burghardt, secrétaire générale de la Fédération luthérienne mondiale/Dale Gehman
Anne-Cathy Graber, secrétaire aux relations œcuméniques, CMM/CMM
Le pasteur Hanns Lessing, secrétaire exécutif de la Communion mondiale d’Églises réformées, domaines de la communion et de la théologie/CMM
Le cardinal Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, transmet les salutations du pape Léon XIV/CMM
Le pasteur Setri Nyomi, secrétaire général intérimaire de la Communion mondiale d’Églises réformées, lave les pieds de César García, secrétaire général de la CMM/CMM
La litanie a été ponctuée en versant de l’eau en souvenir du baptême, et par de courts morceaux à l’orgue.
Aujourd’hui, nous sommes réunis pour le culte dans la ville où les premiers anabaptistes ont été inspirés par les enseignements d’Ulrich Zwingli… et au bord des eaux de la Limmat où Felix Manz, le premier martyr anabaptiste, a été exécuté.
[L’eau est versée]
Dieu d’amour, nous nous souvenons de Felix Manz et des disciples de l’Agneau de toutes époques et de tous lieux qui ont souffert à cause de leur fidélité.
Une voix forte sort du trône de Dieu et dit : « Voici, je fais toutes choses nouvelles. […] À celui qui a soif, je donnerai de la source d’eau vive, gratuitement. » (Apocalypse 21.5-6)
[L’eau est versée]
Dieu d’amour, dans un monde déchiré par la guerre et dans une Église mondiale trop souvent divisée, comme nous avons soif que tu renouvelles toutes choses ! Viens, Seigneur Jésus !
[interlude à l’orgue]
« Puis il me montra un fleuve d’eau vive, brillant comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’agneau. Au milieu de la place de la cité et des deux bras du fleuve, est un arbre de vie produisant douze récoltes. Chaque mois il donne son fruit, et son feuillage sert à la guérison des nations. » (Apocalypse 22.1-2)
Nous voyons avec douleur que nos différences sont devenues une source de conflit et de division, et nous prions aujourd’hui pour avoir le courage et la créativité nécessaires pour les repenser de manière à enrichir notre unité dans le corps du Christ.
[L’eau est versée]
Pour la guérison des nations ! Pour la guérison de l’Église ! « En Christ, nous sommes membres les uns des autres, sœurs et frères de la même chair et du même Esprit… »
Dieu de guérison, le fleuve d’eau vive nous a atteints. Les feuilles de l’arbre de vie ont apporté la guérison entre les communions représentées ici aujourd’hui.
[interlude à l’orgue]
« Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange pour vous apporter ce témoignage au sujet des Églises.
Je suis le rejeton et la lignée de David, l’étoile brillante du matin. L’Esprit et l’épouse disent : Viens ! Que celui qui entend dise : Viens ! Que celui qui a soif vienne.
Que celui qui le veut reçoive de l’eau vive, gratuitement » (Apocalypse 22.16-17)
Ô, Dieu, notre secours par le passé, notre espoir pour les années à venir :
Grâce à l’œuvre du Saint-Esprit en nous, nous retrouvons l’espoir en voyant la guérison et l’unité se manifester dans l’Église mondiale.
Nous gardons espoir en voyant la vitalité des Églises géographiquement éloignées des racines confessionnelles en Europe représentées ici aujourd’hui.
Nous gardons espoir en voyant le travail de l’évangélisation et la paix sont unis dans de nombreux endroits à travers le monde.
Mais surtout, nous avons de l’espoir parce que, en Christ, tu as promis que tu serais avec nous « tous les jours, jusqu’à la fin des temps ».
Viens, Esprit Saint, donne-nous la fidélité des saints à travers les âges. Comme eux, ne nous laisse jamais avoir honte de l’Évangile. Seigneur Jésus-Christ, bénis-nous en nous donnant le courage de prendre le risque de nous aimer les uns les autres, d’aimer nos prochains et même nos ennemis, comme tu nous as aimés.
C’était une jeune esclave. Nous ne connaissons pas son nom, mais nous savons qu’elle était prisonnière de guerre. Nous ne pouvons qu’imaginer la détresse, le désarroi et le traumatisme qu’elle a dû endurer en tant que personne déplacée, une réfugiée esclave dans un pays étranger.
L’histoire est racontée dans le chapitre 5 du deuxième livre des Rois. Naaman, un commandant de l’armée araméenne, vient de remporter une importante victoire militaire sur le peuple d’Israël. Une jeune fille faisait partie du butin de guerre, et Naaman l’a forcée à devenir la servante de sa femme.
Mais maintenant, Naaman, celui qui l’a réduite en esclavage, est malade. Et la jeune fille sait exactement ce qu’il faut faire pour le guérir.
C’est un moment décisif : alors qu’elle vit parmi ceux qui ont brisé ses rêves, détruit ses relations, anéanti sa famille et lui ont pris ses biens, sa liberté et son identité culturelle, elle est confrontée à un choix difficile.
Comment va-t-elle réagir face à ceux qui menacent son existence ?
Il y a environ 500 ans, Ulrich Zwingli était confronté à la même question : comment réagir face à ceux qui menaçaient son existence et celle de sa ville ? Les circonstances étaient très différentes. Il était le meneur de la Réforme à Zurich et pasteur dans cette même église [où nous nous trouvons].
Au printemps 1529, les autorités catholiques menaçaient d’écraser la Réforme à Zurich. Craignant que ses réformes ne s’effondrent et que la progression de l’Évangile soit stoppée, Zwingli, inquiet, envoya un appel urgent au Conseil municipal, l’exhortant à mobiliser une armée.
Dans une lettre au Conseil, Zwingli inclut une phrase qui deviendra plus tard un slogan de la Réforme suisse. « Pour l’amour de Dieu, » écrivit-il, « faites quelque chose de courageux ! »
Pour Zwingli, l’objectif était clair : face aux ennemis de l’Évangile, le courage signifiait se mobiliser pour la guerre.
À quoi ressemble le courage lorsque nous sommes confrontés à des choix difficiles ? Cette question est tout aussi pertinente aujourd’hui qu’il y a 500 ans ou au IXe siècle avant Jésus-Christ.
De toute évidence, la servante de Naaman aurait dû se taire. Après tout, elle était jeune, elle était une femme, elle était israélite et elle était esclave. Elle n’avait pas le droit de parler.
De plus, Naaman était un païen et un oppresseur, ce qui suffisait à le rendre odieux aux yeux des Israélites. Et sa maladie de peau le rendait encore plus impur du point de vue de la loi juive.
Rien ne lui donnait l’autorité de prendre la parole, et pourtant elle l’a fait. Elle a trouvé le courage d’agir d’une manière qui transcendait son identité de victime… Elle a trouvé le courage de répondre avec compassion et même avec amour.
« Il y a un prophète en Samarie, le pays de vos ennemis, qui peut vous guérir. » lui dit-elle
Le courage est précisément ce dont les victimes ont besoin pour trouver leur voix et résister au silence que les autres veulent leur imposer.
Pourtant, le courage, en particulier face à nos agresseurs, nos bourreaux ou nos ennemis, prend de multiples formes.
Pour Zwingli, le courage face aux ennemis de l’Évangile signifiait se mobiliser pour la guerre.
Pour certains chrétiens, le courage implique souvent l’attente d’une justice punitive, exigeant que les coupables paient pour leurs actes et subissent un châtiment juste pour leurs crimes violents.
Pour de nombreux dirigeants politiques, le courage implique une riposte légitime contre leurs ennemis.
Certaines personnes exigent une justice qui exclut toute possibilité de pardon et de transformation pour l’oppresseur, garantissant ainsi que le cycle de la violence se poursuivra dans la génération suivante.
Jésus, cependant, a proposé un modèle différent. Il n’a pas nié ni ignoré la violence, l’oppression et l’injustice terribles de son époque. Mais il n’a pas non plus cherché à se venger. Dans le chapitre 4 de Luc, immédiatement après avoir proclamé son ministère dans la synagogue en lisant Ésaïe 61, Jésus mentionne l’histoire de Naaman et de sa guérison miraculeuse.
Bien qu’il ne nomme pas la jeune fille, nous reconnaissons dans ses actions quelque chose qui touche au cœur même de l’Évangile. Jésus n’a jamais eu peur d’affronter l’injustice ; cependant, la justice qu’il prêchait ouvre la porte à la transformation de l’oppresseur. Dans les Évangiles, la justice n’est pas rétributive ; elle ne donne pas aux oppresseurs ce qu’ils méritent, mais plutôt ce dont ils ont besoin : la vérité, l’amour, la compassion, la possibilité de se transformer et le pardon.
Dans le récit de 2 Rois, la jeune fille refuse de voir la vulnérabilité de son oppresseur comme une occasion de vengeance ou de représailles. Au contraire, sa voix incarne l’espoir et l’accueil pour quelqu’un qui lui a causé un tort immense.
Elle a eu le courage d’aimer, offrant à son agresseur ce qu’il ne pouvait obtenir avec sa puissance : la guérison, la liberté et la possibilité d’un nouveau départ. Elle n’a pas donné à Naaman ce qu’il méritait, mais ce dont il avait besoin : la chance d’être transformé.
C’est un amour qui dépasse l’entendement humain.
Il y a cinq cents ans, un nouveau mouvement au sein de l’Église à Zurich et dans d’autres régions d’Europe a trouvé ce courage dans sa relation avec Jésus, dans sa vie et ses enseignements, dans sa mort et sa résurrection, affirmant que l’appel de Dieu à aimer son ennemi n’est pas ‘idéaliste’ ou ‘naïf ’. Pour eux, le courage d’aimer, rendu possible par l’œuvre du Saint-Esprit, était la seule voie vers une nouvelle humanité. Ce mouvement fut connu sous le nom d’anabaptisme. C’est cette tradition chrétienne que nous commémorons ici aujourd’hui. Malheureusement, Zwingli et d’autres dirigeants de l’Église européenne de l’époque perçurent le mouvement anabaptiste comme une menace et y répondirent par la violence et la persécution.
Pour l’amour de Dieu, faites quelque chose de courageux !
Tôt le matin du 11 octobre 1531, Zwingli a conduit un groupe de soldats zurichois sur un champ de bataille juste à l’extérieur de la ville pour affronter l’armée catholique qui menaçait sa vision d’une Zurich réformée. Ils ont été presque immédiatement écrasés. Alors qu’ils tentaient de battre en retraite, Zwingli a été tué, ainsi qu’au moins 500 autres citoyens de Zurich.
Aujourd’hui, alors que nous commémorons la mémoire des premiers anabaptistes, je nous invite à nous poser la question suivante, aussi bien en tant qu’individus qu’en tant qu’églises : que signifie « faire quelque chose de courageux, pour l’amour de Dieu » ?
Photo : Après la ‘perturbation’, César García, secrétaire général de la CMM, prêche sur le thème ‘Le Courage d’aimer’/Preshit Rao
Fortifiés par le Saint-Esprit, pouvons-nous trouver le courage de briser le cycle de la violence ?
Pouvons-nous affronter directement notre passé, non pas pour appuyer et revenir sur ce que nous avons subi, mais pour guérir nos blessures et celles des autres, et pour réparer les relations brisées ?
Pouvons-nous devenir des phares d’espoir dans un monde où la fragmentation et la division semblent progresser de toutes parts ?
Pouvons-nous envisager notre avenir comme une nouvelle création, où la compassion et l’amour ouvrent à un nouveau départ ?
Le courage d’aimer — activement, avec imagination et vulnérabilité — est plus qu’une technique de résolution des conflits ; c’est une spiritualité profondément enracinée, une stratégie remarquablement originale. Dans un monde où le mal engendre le mal et où la violence engendre davantage de violence, l’amour a le pouvoir de briser ces chaînes. L’amour a le pouvoir de guérir à la fois celui qui aime et celui qui est aimé.
Amis chrétiens, suivant les traces de Jésus, ayons ensemble le courage d’aimer, pour l’amour de Dieu !
César García, secrétaire général de la CMM, originaire de Colombie, vit à Kitchener, Ontario (Canada).
La Commission Diacres a notamment pour responsabilité de superviser le Fonds de Partage de l’Église mondiale (GCSF), de favoriser la prière au sein de la communion anabaptiste (envoi du courriel du Réseau de prière, animation de l’Heure de Prière virtuelle et collaboration avec le président pour les lettres pastorales) et les visites de diacres.
De 2022 à fin 2024, la Commission Diacres a approuvé 20 propositions du GCSF pour un montant d’environ 239 000 USD, après un discernement et un examen minutieux. « Le GCSF montre que les églises d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine ne sont pas seules et que la communauté spirituelle mondiale est unie dans le partage et le soutien », dit Tigist Tesfaye, secrétaire de la Commission Diacres.
Souvent en collaboration avec d’autres spécialistes de la CMM, les diacres ont envoyé une délégation visiter les églises membres en difficulté pour les écouter, être en communion, prier et célébrer avec elles. « Cela permet de renforcer l’église locale et son lien avec la communauté mondiale », dit Tigist Tesfaye.
En 2024, aux côtés de la Commission Paix, la Commission Diacres a rencontré en Thaïlande17 pasteurs du Myanmar. Les membres ont aussi effectué une visite non officielle à d’autres églises membres en Thaïlande.
Tous les deux mois, la Commission Diacres invite tous les membres à un rassemblement en ligne. L’Heure de Prière virtuelle se déroule en quatre langues — anglais, espagnol, français, hindi — avec 60 à 80 participants qui prient ensemble en temps réel.
Foi & Vie
La Commission Foi & Vie cherche à aider les églises membres de la CMM en offrant et en recevant des recommandations (développant ainsi la responsabilité mutuelle) sur des questions liées à la foi et à la pratique chrétiennes, ainsi qu’à l’identité et à l’action anabaptiste-mennonite dans le monde d’aujourd’hui.
Foi et Vie a promu l’enseignement, des débats et des ressources lors de la publication d’un guide d’étude concernant le Rapport sur le Baptême. Il a été distribué aux délégués du Conseil Général avec une invitation à le faire connaître, à l’utiliser et à l’étudier dans leurs unions d’églises. Les membres de la Commission ont échangé leur expérience de baptême sur le site Internet de la CMM, afin de susciter l’intérêt pour l’étude de nos convictions en matière de baptême.
La Commission a continué à discuter et à fournir des ressources à la CMM sur les thèmes de la communion mondiale, de l’unité et de la protection de la création.
Lorsque la Conférence Mennonite Mondiale est invitée à établir des relations avec d’autres communions mondiales, la Commission Foi & Vie est appelée à la représenter. Outre les dialogues avec la Communion mondiale des Églises réformées, qui ont abouti à une importante déclaration de réconciliation pour 2025, elle a aussi envoyé Anne-Cathy Graber pour représenter les anabaptistes à un synode du Vatican sur la synodalité.
Structurellement, les nouveaux Réseaux d’Éducation anabaptistes mondiaux relèvent de la Commission Foi & Vie. Ces réseaux émergents concernent l’enseignement primaire, secondaire et les séminaires et apprennent ensemble à former des étudiants afin qu’ils deviennent pasteurs et responsables dans le monde entier.
Commission Mission
Les rencontres — en ligne et en personne — ont constitué une part importante du travail de la Commission Mission au cours des trois dernières années. La réunion de 2023 à Harrisonburg, Virginie, a été cruciale pour la CM et ses deux réseaux, car nous avons eu l’occasion de nous réunir en personne pour un temps de communion et de ressourcement. Environ 60 délégués des réseaux y ont participé.
La Commission Mission a soutenu le Réseau Anabaptiste Mondial d’Entraide et la Fraternité Missionnaire Mondiale en proposant de nombreux webinaires qui furent à la fois une occasion de se connaître mieux et d’apprendre. Ce travail a été souligné dans le numéro précédent de Courrier.
Pour 2025, nous nous réjouissons de publier une bibliographie actualisée en ligne sur l’anabaptisme et la mission. Vous la trouverez sur le site de la CMM.
Commission Paix
Chaque année, la Commission Paix produit les documents concernant le Dimanche de la Paix qui sont distribués dans les églises membres de la CMM du monde entier. Les photos et les rapports que les assemblées envoient de leur célébration témoignent de notre travail de construction de la paix.
La Conférence mennonite mondiale sur le Travail pour la Paix est parrainée par la Commission Paix. Organisée par Eastern Mennonite University en 2023, elle a rassemblé 160 théologiens, artisans de la paix, pasteurs, activistes et artistes de 20 pays à Harrisonburg, en Virginie (États-Unis). Ils ont participé à des conversations sur la théologie et la pratique du travail pour la paix anabaptiste/mennonite et ont échangé sur la Déclaration sur l’Objection de Conscience (publiée en 2022).
Les membres de la Commission Paix se sont joints aux Diacres pour une visite de solidarité au Myanmar afin d’encourager les pasteurs en ce temps de guerre.
La Commission Paix s’est également engagée, avec d’autres partenaires, à élaborer un plan de conversation avec les Old Colony Mennonites, qui font partie de la famille des croyants anabaptistes mais ne font pas partie de notre association formelle en tant que Conférence Mennonite Mondiale. Les préoccupations concernant les pratiques agricoles ont fourni des occasions de travailler à la paix dans les conversations avec d’autres organisations, les partenaires de la CMM et les Old Colony Mennonites.
n jour glacial de Thanksgiving, en novembre 1910, cinq anciens ordonnés se sont réunis avec d’autres invités dans la salle de Pigeon River Conservative Amish Mennonite, comté de Huron, au Michigan (États-Unis), pour travailler ensemble sur la mission de l’église. De cette réunion est né le réseau d’églises Rosedale (appelé à l’époque Conservative Amish Mennonite Conference).
Les anciens à l’origine de cette réunion étaient l’évêque Solomon J. Swartzentruber et le pasteur Michael S. Zehr. L’évêque Joshua King du comté de Stark, dans l’Ohio, était présent, ainsi que l’évêque John L. Mast et le pasteur Jonas D. Yoder du comté de Mifflin, en Pennsylvanie. Bien qu’elles n’aient pas assisté à cette réunion, d’autres paroisses de la vallée de Casselman en Pennsylvanie et dans le Maryland, du comté de Lewis dans l’État de New York et du comté de Johnson dans l’Iowa se sont identifiées à ce groupe émergeant.
L’assemblée mennonite de Pigeon River, où s’est tenue la première réunion, est toujours aujourd’hui membre du réseau d’églises de Rosedale.
Priorités
Cinq priorités ont été définies lors de cette toute première réunion : le maintien de l’unité, la non-conformité, la préservation de la langue allemande, le devoir de diffuser l’Évangile et la réponse à la division.
La première action de ce nouveau groupe est née de sa conviction de diffuser l’Évangile et de son souci des pauvres et des orphelins.
Lors de leur deuxième réunion en 1912, des plans ont été mis en place pour créer un foyer pour les orphelins. Ce projet a reçu un soutien important de la part des assemblées de la vallée de Casselman (Pennsylvanie et Maryland). Ainsi en 1914, le foyer a été fondé à Grantsville, dans le Maryland.
Aujourd’hui
Aujourd’hui, le Réseau d’Églises Rosedale comprend 119 assemblées réparties à travers les États-Unis qui travaillent ensemble pour s’édifier mutuellement et multiplier les assemblées au niveau local et mondial.
Lors de sa fondation, ce même engagement a été pris envers les Écritures en tant qu’autorité pour la vie et pour que l’accomplissement de la mission de Dieu dans le monde se poursuive encore aujourd’hui.
Le Réseau Rosedale ne serait pas ce qu’il est sans son bras éducatif (le Rosedale Bible College) et son bras missionnaire (Rosedale International). Ces organisations aident énormément les églises à accomplir leur mission.
Une autre force du Réseau Rosedale est le soutien qu’il offre à ses pasteurs par le moyen de groupes de pairs, de formations, de cours et de rassemblements annuels qui offrent des occasions de fraternité, d’encouragement, d’inspiration et de ressourcement.
Comme peuvent en témoigner d’autres groupes d’églises en Amérique du Nord, le Réseau Rosedale doit faire face à de grandes difficultés, notamment l’influence omniprésente du matérialisme et celle, croissante, du nationalisme.
Le Réseau Rosedale a rejoint la CMM en tant que membre associé en 2000.
En 2025, il compte 119 églises avec 13 403 membres baptisés.
Brian Hershberger, directeur, Rosedale Network of Churches
À aucun moment nous n’avons entendu le mot ‘responsables’, nous parlions plutôt de missionnaires. Les premiers responsables de la paroisse étaient des Frères mennonites : Jakob Franz dans les années 1930, puis Gerhard Hein.
Ceux-ci sont partis, mais ils ont répandu la Parole dans la communauté. C’est d’abord à Filadelphia qu’une assemblée a été implantée, puis à Cayin ô Clim (aujourd’hui Neuland).
Au début, le plus important pour les responsables était de proclamer la Parole à d’autres communautés. Ils le faisaient au moyen de cultes, d’études bibliques et par la traduction de chants dans la langue locale.
En 1960, un groupe de personnes a été baptisé par les missionnaires.
L’organisation Luz a Los Indígenas (Lumière pour les peuples autochtones) nous a donné, à nous, peuples autochtones, la possibilité de faire partie de l’Église, de devenir des croyants en Dieu. Depuis 2006, elle s’appelle ACoMeM (Asociación Civil Obra Misionera Evangélica Menonita).
Nous avons rejoint l’Église mennonite lorsque nous avons pris conscience de la présence des mennonites dans notre communauté.
Aujourd’hui, nos points forts sont notre amour pour la Bible et notre école qui aide les membres à étudier la Parole. L’important est d’avoir la foi et de ne pas la perdre.
Notre défi est d’aider d’autres personnes à faire confiance à Dieu.
Vers 2018, nous comptions 2 600 membres baptisés dans 12 assemblées.
Elsa Pérez est membre de Iglesia Hermanos Menonitas Malaquías, située dans la Comunidad Campo Alegre, au Paraguay. Elle est membre de la tribu indigène des Nivaclé.
Une série de couples missionnaires nord-américains se sont succédé au sein de l’agence missionnaire des Frères mennonites tout au long des années 1980 et 1990. Cependant les graines semées dans une église de maison de la banlieue de Lourés, à Lisbonne, ont continué à germer et ont donné vie à une Église de Frères mennonites.
Les premiers missionnaires canadiens sont arrivés en 1985 et ont commencé à fréquenter une école biblique locale pour se familiariser avec la culture régionale. Des petites annonces ont été affichés dans le quartier pour annoncer des cours d’anglais afin d’encourager les gens à franchir la porte d’une petite maison où se réunissait la communauté.
Parmi les premiers membres de l’assemblée, il y avait deux couples catholiques qui en sont devenus les piliers. Ils assistaient à la messe le matin et venaient au culte des Frères mennonites l’après-midi.
La communauté est devenue trop grande pour l’appartement et a acheté un bâtiment. De 10 à 20 puis à 40, les fidèles se réunissaient l’après-midi pour prier, ainsi qu’ils le font encore aujourd’hui.
En 1989, l’assemblée Igreja dos Irmãos Menonitas de Portugal a été officiellement créée et un bâtiment a été acheté à Lourés pour accueillir les rassemblements de plus en plus nombreux.
Elle s’est développée en se rapprochant d’une communauté de croyants venus d’Angola et de République démocratique du Congo. Lorsque les mennonites suisses qui accompagnaient la communauté sont rentrés chez eux, le groupe africain a rejoint les Frères mennonites (MB).
Un groupe organisé par le Bund TaufGesinnter en Allemagne avait fondé une paroisse parmi les peuples de langue slave. Il a également rejoint l’église des Frères mennonites portugais.
Pendant un certain temps, le Portugal a été considéré comme une étude de cas d’une église diversifiée dans un petit pays.
Elle avait une prédication centrée sur Jésus, de la musique évangélique entraînante pour le culte, des enseignements sur la manière de prier et des activités le dimanche pour les enfants.
Pendant plusieurs années, il y a eu un ministère auprès des enfants et des jeunes en difficulté. Les jeunes recevaient une formation professionnelle de base ainsi qu’un accompagnement dans leur vie de disciple.
Deux assemblées géraient une boutique d’occasion qui fournissait un revenu et un point de rencontre de la communauté.
Il y avait des repas communautaires où tout le monde pouvait se sentir bienvenu et socialiser. Les personnes qui se sentaient rejetées ont trouvé un foyer dans le réseau des églises Frères mennonites.
En 2017, l’association a rejoint la CMM après avoir été présentée à la famille mennonite mondiale par l’intermédiaire de l’ICOMB.
Une série de changements dans les relations et le soutien financier de l’agence missionnaire nord-américaine, ainsi que des problèmes liés aux responsables locaux, ont amené à ce qu’il ne reste qu’une seule paroisse en 2025.
Cependant, l’esprit d’accueil et d’inclusion des deux premiers couples catholiques demeure et l’assemblée à confiance qu’elle grandira à nouveau.
Comment prier pour l’Igreja dos Irmãos Menonitas de Portugal
Priez pour des occasions de mener de nouvelles activités pour atteindre la communauté avec la Bonne Nouvelle.
Priez pour les responsables qui doivent exercer leur ministère à côté d’un autre emploi.
Priez pour la force et l’unité du Christ dans l’assemblée.
José Arrais, responsable laïc de longue date de l’IIMP et représentant régional de la CMM pour l’Europe.
La Hmong District 20th of the Church of Christ en Thaïlande a commencé par trois assemblées : Khek Noi, Khun Klang et Pa Kluai.
Plus tard, à partir de 1987, l’Évangile a été annoncé et s’est répandu parmi les tribus montagnardes Hmong. Un centre d’évangélisation a été créé et plusieurs églises ont été fondées.
Ce ne sont pas par des missionnaires, mais c’est grâce à l’influence de chrétiens Hmong qui s’étaient installés aux États-Unis qu’ont démarré ces communautés de foi.
En 1989, le réseau des églises Hmong a décidé de créer un comité chargé de coordonner [les activités] du district afin qu’il devienne le centre de la mission des différentes paroisses Hmong relevant de la Seventh District Church of Christ et qu’il unisse ses efforts à d’autres paroisses ainsi qu’avec d’autres personnes ou organisations. (Cela inclut le Mennonite Mission Network, réseau missionnaire mennonite.)
Les membres des paroisses Hmong sont deux fois minoritaires : ils constituent un groupe ethnique distinct au sein de la société thaïlandaise et sont chrétiens dans une société majoritairement bouddhiste.
Il nous semble important de vivre l’évangélisation à travers des actions sociales dans nos communautés. Nous aidons les membres de la communauté en réparant leurs motos, en leur coupant les cheveux, en soignant les maladies, en proposant des formations technologiques, en distribuant de la nourriture, etc.
Chaque année, nous encourageons les assemblées locales à participer au développement et aux actions sociales en nettoyant les ordures et en désherbant les bords des routes.
Toutes ces actions nous offrent l’occasion de partager l’Évangile de Jésus-Christ.
La popularité des célébrations de Noël en Thaïlande est également une occasion d’évangélisation. Les assemblées Hmong organisent un culte commun. Avant le culte, nous distribuons des tracts dans les foyers, où nous témoignons de Jésus-Christ et invitons la communauté à se joindre à nous.
Nous sommes attachés à la paix prônée par Jésus dans notre évangélisation, notre ministère pastoral, l’implantation d’églises, la formation de responsables et notre vie communautaire.
Nous prenons également soin les uns des autres : environ la moitié de nos églises peuvent rémunérer leurs pasteurs de manière indépendante, tandis que l’autre moitié reçoit des dons de HD20 (Hmong District 20th) ou des dons alimentaires.
En 2016, la 34e Assemblée générale de la Church of Christ en Thaïlande a décidé de devenir le Hmong District 20 th (HD20) de la Church of Christ en Thaïlande.
En 2017, nous avons été acceptés comme membres de la Conférence Mennonite Mondiale.
En 2021, HD20 comptait 2 534 membres baptisés dans 38 assemblées, toutes sauf deux situées dans des zones rurales du nord de la Thaïlande.
L’Église Frères en Christ (BICC) d’Afrique du Sud a été fondée en 1988 par feu le pasteur Hamilton Madlabane à Soshanguve, au nord de Pretoria. Bien que ce soit un Sud-Africain qui ait créé la BICC en Afrique du Sud, celle-ci était largement inconnue de la plupart des Sud-Africains à l’époque (au Zimbabwe voisin, en revanche, la BICC existait depuis presque un siècle).
Dans les années 1980, Hamilton Madlabane a rencontré Anna Engle, des Frères en Christ des États-Unis, qui avait besoin d’interprétation de l’anglais vers le zoulou. À la fin de son séjour en Afrique du Sud, elle l’a invité à se rendre en Amérique du Nord. Hamilton Madlabane a été impressionné par la manière dont la BICC organisait et animait ses cultes.
À son retour en Afrique du Sud, il tenta de persuader les anciens de son église, le Body of Christ Church de Soshanguve, d’adopter le nom de BICC. Cependant, ses efforts n’ayant pas abouti, il décide de créer une branche BICC indépendante.
Au début, l’assemblée se réunissait sous une tente.
Au fil du temps, Hamilton Madlabane a reçu le soutien du conseil des Frères en Christ d’Amérique du Nord pour des actions missionnaires. Malheureusement, ce financement était insuffisant pour mener à bien leur projet. Afin de générer des ressources supplémentaires, il a vendu son camion. Finalement, il a reçu l’aide d’un avocat qui a favorisé la participation d’une entreprise de construction, permettant ainsi l’achèvement d’un bâtiment pour l’église.
En 1990, des membres de la diaspora zimbabwéenne, dont beaucoup avaient été membres de l’Église des Frères en Christ au Zimbabwe, ont décidé, avec les encouragements d’un membre de l’assemblée BICC du Zimbabwe, de fonder une assemblée à Hillbrow, Johannesburg. Ce Zimbabwéen a ensuite encouragé et soutenu l’union de la paroisse de Soshanguve et de celle de Hillbrow, grâce aux efforts du pasteur Albert Gegana et de l’évêque Jack Shenk en particulier.
L’église a tenu sa première conférence générale annuelle en tant que paroisse unifiée pendant les vacances de Pâques 2007 à Blue Hills, après avoir réussi à unifier la BICC Soshanguve et la BICC Hillbrow.
Au fil du temps, l’union d’églises s’est développée et a tenu sa première conférence nationale des années plus tard en 2011 et s’est vue conférer le statut d’Association par l’Association internationale des Frères en Christ (IBICA).
En 2014, BICC SA est devenue une église membre de la CMM.
En 2024, BICC SA comptait 1 988 membres baptisés dans 24 assemblées.
Sakhile Mashiri, administrateur, Église des Frères en Christ d’Afrique du Sud (BICCSA) Brian Maphosa, superviseur national, Frères en Christ Church South Africa (BICCSA)
Nous avons parfois tendance à penser qu’il faut commencer par définir une doctrine juste et, de là, passer à la pratique. D’abord l’Écriture, ensuite l’action. Mais à bien des égards — dans notre histoire et dans notre réalité actuelle — l’expérience nous pousse à faire de la théologie pour donner un sens à ce qui est en train de se passer.
Prenons l’exemple du Concile de Jérusalem. Ses participants se posaient la question suivante : « Pouvons-nous inclure les païens ou non ? »
La Bible de l’époque n’était pas claire à ce sujet.
Mais en voyant que des païens recevaient le Saint-Esprit, l’Église a été poussée à réfléchir d’une nouvelle manière, sans pour autant contredire ses fondements.
Leur expérience les a amenés à interroger les Écritures et à développer de nouvelles compréhensions.
En tant qu’anabaptistes, notre histoire a mis l’accent sur l’assemblée locale et sur sa centralité en tant qu’avant-goût du royaume de Dieu.
Mais cela ne nous aide pas à répondre à la question de savoir s’il est nécessaire d’avoir d’une union d’églises régionale ou mondiale.
Au début de la CMM, c’est le vécu qui a poussé les églises mennonites à imaginer un organisme mondial.
Peux-tu nous donner des exemples de points communs entre aujourd’hui et les tendances d’il y a 100 ans, lorsque la CMM a été créée ?
Il y avait une pandémie mondiale à l’époque. De nombreux pays venaient de traverser la Première Guerre mondiale. Il y a bien sûr eu des répercussions financières qui ont poussé les gouvernements à chercher un bouc émissaire : qui allons-nous blâmer pour cela ? Cette situation a donc joué un rôle important dans la montée du nationalisme en Europe.
Nos églises furent également touchées par la révolution russe et les violentes persécutions qui s’ensuivirent dans la région de l’Ukraine, où se trouvait une grande partie d’entre elles à l’époque.
Avec ce mélange de nationalisme, de différences culturelles, de langues, de violences récentes et plus anciennes entre leurs pays, il était difficile pour les responsables des églises mennonites en 1925 de penser à l’unité.
Certains spiritualisent l’idée d’unité et disent : Nous serons un au ciel…
Ou encore : Oui, nous nous battons violemment les uns contre les autres, mais nous restons unis dans l’esprit.
Aujourd’hui comme hier, certaines églises se méfient des autres chrétiens, même à l’intérieur d’une même famille dénominationnelle.
Mais ce n’est pas ce que dit la Bible.
La Bible parle de l’unité d’une manière très pratique, visible même pour le monde. Il y a un degré d’unité qui relève du miracle.
Le fondateur de la CMM, Christian Neff et d’autres ont parlé et écrit sur le besoin de créer un organisme mondial déjà avant 1925, mais il n’a pas été facile de surmonter la méfiance.
Finalement, Christian Neff trouva une bonne excuse pour rassembler les gens : célébrons les 400 ans du mouvement anabaptiste !
C’est dans ce contexte que l’église d’Ukraine envoya une lettre aux participants de ce premier rassemblement mondial anabaptiste, demandant la création d’un organisme mondial qui coordonnerait le travail de formation et de mission, et aussi soutiendrait les Églises persécutées et souffrantes.
Lorsque les responsables d’églises se sont réunis, cette expérience d’être ensemble leur a ouvert les yeux sur la nécessité d’une communion qui montrerait que notre identité essentielle n’est pas politique, ni un État national, ni même une culture. La source de notre identité est Jésus.
Le contexte d’alors était très similaire à celui d’aujourd’hui, après une pandémie, dans un contexte de montée du nationalisme et de la souffrance due à la violence et à la persécution.
Il est intéressant et triste à la fois de voir comment l’histoire se répète.
Ce qui a changé, c’est que cette expérience nous a invités à réfléchir sur le plan théologique. Voulons-nous être unis uniquement pour des raisons pragmatiques ou parce que la manière dont nous comprenons l’Évangile l’exige ?
Quels ont été les moments clés où nous avons cherché à devenir réellement mondiaux ?
Pour être une famille mondiale, nous avons besoin de différents niveaux de réconciliation et de pardon pour les divisions que nous avons connues dans le passé.
Nous n’étions pas prêts à penser de cette manière il y a 80 ans.
Au début, les responsables ont dit qu’il fallait se contenter d’une Assemblée. Et c’est ce qui s’est passé pendant les 40 ou 50 premières années.
Mais de plus en plus d’Églises du Sud sont devenues membres. Et les églises qui souffrent voient avec plus de clarté la nécessité d’une Église mondiale. On ne peut pas faire face seul à une persécution violente ou à une catastrophe naturelle.
Dans les années 1970, des présidents issus du monde entier ont commencé à être nommés. Au sein du Comité Exécutif, C. J. Dyck dit que, si nous voulons que la CMM continue, elle doit être plus qu’un rassemblement mondial. Elle doit être une partie de la mission à laquelle les mennonites sont appelés dans ce monde, un lieu où ils clarifient le sens de la foi dans leurs divers contextes culturels.
Cette vision est le résultat, entre autres, de l’apport des églises du Sud qui demandaient plus d’interdépendance.
Ces expériences ont fait évoluer la compréhension théologique d’une Église qui dépasse les portes de notre assemblée locale.
Sommes-nous là où nous devrions être ?
Je pense que nous allons dans la bonne direction, mais nous sommes confrontés à des défis théologiques dès lors que nous parlons de l’Église mondiale.
De nombreux responsables et pasteurs de notre Église mondiale commencent tout juste à avoir une idée claire de l’unité.
Trop souvent, notre compréhension de la pureté dans notre tradition anabaptiste nous a poussés à nous fragmenter parce que nous pensons que, pour être saints ou purs, nous devons nous séparer de ceux que nous estimons ne pas l’être.
Notre histoire de divisions exige une véritable réconciliation. Certaines blessures historiques n’ont pas été guéries et nous continuons à observer certaines divisions au quotidien.
Les problèmes du racisme et du colonialisme sont toujours présents. Certains pans de l’Église ont tendance à prendre des décisions sans consulter les autres et à imposer leur point de vue.
Le fait de privilégier nos propres intérêts au détriment de ceux des autres pose problème, comme de dire que nous devons d’abord protéger notre budget avant de penser aux autres églises.
En outre, nous avons des ambitions et le désir de contrôler, de dominer et de conquérir les autres.
Les royaumes du monde nous attirent beaucoup. Nous aimons nous sentir supérieurs aux autres groupes.
Mais Dieu nous invite à avoir une vie qui contraste avec les royaumes du monde. Le royaume de Dieu est une véritable alternative. Nous devons reconnaître que nous avons besoin de la puissance de l’Esprit Saint.
500th Anabaptist Anniversary
Qu’entendons-nous par unité ?
Nous devons comprendre que l’unité ne signifie pas nécessairement l’absence de conflit. La véritable unité implique que différents fragments et différents modèles forment un tout.
Par définition, l’unité implique la diversité, car s’il n’y a pas de diversité d’opinions, de culture, de théologie ou de vécu, il n’y a pas lieu de parler d’unité puisque tout le monde croit la même chose. Le contraire de l’unité n’est pas la diversité, c’est l’uniformité.
En tant qu’Église de paix, nous savons que le problème n’est pas d’avoir des conflits. Le problème, c’est la façon dont nous gérons ces conflits.
Il est impossible d’avoir une relation saine sans conflit.
Aujourd’hui, beaucoup d’églises de la CMM sont le résultat d’une scission avec d’autres églises. Le fait que le temps ait passé ne change rien au fait qu’il s’agissait d’une division interne.
Au sein de la CMM, nous essayons d’encourager les églises à rester ensemble autant que possible et à ne pas se diviser.
Cependant, la séparation est parfois nécessaire parce qu’il y a un degré de désaccord tel qu’il n’est pas possible de le résoudre, en raison de la nature de notre cœur. Dieu nous permet un certain niveau de distanciation, et nous pouvons toujours faire partie de la famille mondiale à condition de respecter nos différences, même si nous ne partageons pas la même position sur un sujet donné.
Cela implique la volonté de guérir les blessures. Les deux parties doivent s’efforcer de guérir les rancœurs et d’éviter de se haïr.
Là encore, ce sont nos expériences qui nous poussent à réfléchir théologiquement à l’unité.
En quoi le thème ‘Le Courage d’Aimer’ guide-t-il et façonne-t-il notre réflexion autour de cet anniversaire ?
Je pense qu’il s’agit là d’un sujet crucial et pertinent pour le monde politique d’aujourd’hui, où tant de gens sont brutalisés et intimidés et brutalisent les autres.
Il y a beaucoup de causes, d’actions et de revendications justes. De nombreuses personnes disent : « Nous avons le droit de défendre notre terre. Nous avons le droit d’exiger que ces agresseurs cessent leurs agressions. »
Mais existe-t-il une possibilité de faire autre chose que de revendiquer ses droits ?
Je pense que Jésus nous invite à emprunter un autre chemin.
Dire « Je veux mettre mes droits de côté et aimer » demande un rare courage.
Ce n’est pas une attitude passive. Cela implique d’avoir une réponse très intentionnelle, voire assertive, qui cherche le bénéfice de l’autre, qui cherche même le bien-être de l’agresseur.
Le courage d’aimer que nos prédécesseurs ont découvert il y a 500 ans n’était pas nouveau. Dieu nous invite à le faire depuis le début de l’histoire de l’humanité.
Le courage d’aimer implique également de se libérer de la peur (1 Jean 4.18).
Je perçois que de nombreux responsables agissent par peur : peur d’être contaminés, peur d’être influencés, peur du changement.
Lorsque l’amour est parfait, on peut parler de n’importe quel sujet difficile sans craindre de perdre quelque chose.
Il n’y a pas de fragmentation, d’excommunication ou de condamnation mutuelle, mais du respect pour les convictions fortes.
Comme l’a dit Augustin d’Hippone, le péché peut se définir comme l’égocentrisme. L’amour est donc le contraire de cela.
Quand on aime, on s’ouvre aux autres et il n’y a pas de place pour la peur.
Une partie de la mission de la CMM est d’établir des relations avec d’autres communions. En quoi cette expérience t’a-t-elle façonné ?
Si vous n’avez pas de relations avec d’autres chrétiens, vous risquez d’avoir une idée très étroite de ce qu’est l’Église chrétienne.
Étant un organisme mondial, la CMM a la capacité de nous représenter en tant qu’entité auprès d’autres Églises.
Lorsque vous avez une identité claire et que vous vivez vos valeurs, les expériences avec d’autres Églises peuvent être immensément riches et transformatrices. Vous pouvez alors apprendre des autres et partager vos valeurs.
Cela ne veut pas dire que c’est facile. Par exemple, à la Conférence des secrétaires des communions chrétiennes mondiales, il y avait 21 entités mondiales représentées. Comme vous pouvez l’imaginer, la diversité est énorme.
Pour certaines d’entre elles, il existe un passé compliqué de persécutions et de condamnations mutuelles. Pour d’autres, il n’y a même pas de relations.
Et bien sûr, la compréhension qu’ont ces Églises sur de nombreux sujets, tels que la gouvernance et la hiérarchie est très différente.
C’était donc un défi de réfléchir à la manière de représenter la CMM. Comment est-ce que je dois réagir face aux défis ? Il y a des réunions où les sujets sont si controversés que les discussions deviennent très vives.
Mais avec le temps, j’ai commencé à voir que les défis que présente une communion sont très similaires à ceux d’une autre communion.
Et les relations ont commencé à s’approfondir. Cela m’a aidé à apprécier les personnes avant les doctrines ou les différences doctrinales.
Je me souviens d’une réunion où il y avait plusieurs secrétaires généraux à un repas.
L’un d’eux a dit à l’autre : « Vous connaissant, je pense de manière tellement similaire à vous que je serais d’accord pour faire partie de votre Église » et l’autre a répondu :« Je pourrais aussi être membre de votre Église ».
Ces expériences façonnent donc votre façon de comprendre les Écritures et vous transforment en cours de route.
500 years of Anabaptism celebration in Peru
Comment la CMM peut-elle évoluer fidèlement pour devenir une communion forte et revivifiée, capable de relever les défis d’un avenir qui pourrait être très différent ?
Je dirais que, si nous continuons sur la même voie, nous serons résilients :
construire une communion mondiale,
rechercher l’interdépendance,
prendre des décisions par consensus,
se consulter les uns les autres,
avoir de bons responsables,
entretenir de bonnes relations avec les autres membres de la famille anabaptiste,
établir de bonnes relations avec d’autres communions mondiales,
guérir les mémoires à l’intérieur et à l’extérieur.
Mais, bien sûr, nous devons aussi avoir le courage de reconnaître nos propres faiblesses.
Nous avons parfois une approche triomphaliste de la mission et de l’implantation d’églises, de l’action sociale et du développement, de notre impact sur le commerce et de la construction de la paix.
Bien sûr, il est bon de reconnaître le travail que nous avons accompli. Mais il est également bon de reconnaître toutes nos faiblesses.
Nous devons nous rendre compte de la quantité de travail qui fait double emploi en matière d’implantation d’églises, de l’omniprésence du colonialisme dans notre travail et du paternalisme qui subsiste dans nos organismes missionnaires.
Et être conscient aussi du bien accompli par notre engagement et, tout en sachant combien de personnes nous avons blessées dans ce processus.
Il est également crucial de nous regarder avec humilité et de voir à quel point nous sommes petits par rapport aux autres communions mondiales.
Ainsi, pour être une Église résiliente et pleine d’espoir pour l’avenir, nous devons reconnaître les domaines sur lesquels nous devons travailler.
Une communion forte est une communion capable de parler de ses différences avec amour.
‘Le courage d’aimer’ : l’amour nous donne l’ouverture d’esprit et le courage de faire des choses difficiles.
Secrétaire General de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM) depuis 2012, César García, mennonite colombien et canadien s’est entretenu avec la rédactrice de Courrier, Karla Braun, à propos des 100 ans de la CMM et du Courage d’Aimer. Cet entretien a été édité pour des raisons de concision et de clarté.