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    Le mot de la rédactrice

    Consacrer de l’espace et du temps aux conflits

    Nous n’aimons pas en parler

    Notre tradition en tant que mennonites artisans de paix résulte d’une scission avec les Églises institutionnelles, et notre pluralité actuelle – avec ses forces et ses faiblesses – est le résultat, dans de nombreux cas, d’un désaccord qui n’a pas été résolu. Nos histoires personnelles peuvent aussi contenir des souvenirs de conflits mal gérés : relations brisées, responsables ostracisés, paroisses divisées.

    Ce numéro du Courrier se propose de les aborder.

    Dans notre article de fond, Daniel Schipani explore l’histoire du concile de Jérusalem dans Actes 15. Il s’agit d’un contexte multiculturel propice à un désaccord sur des questions d’importance spirituelle. Il ne s’agissait pas seulement de savoir s’il fallait chanter les anciens hymnes ou les nouveaux !

    Mais il y a eu un dialogue.

    Dans les premiers temps de l’Église, face à une question d’une importance cruciale, les différents partis ont parlé de leurs peurs et ont travaillé au discernement collectif. L’unité de l’Église a pu persister malgré la diversité parce qu’elle est un don de Dieu.

    « L’unité en Christ que Dieu est en train de créer s’étend jusqu’aux limites de l’espace et du temps et au-delà – et nous inclut tous, même lorsque nous ne nous incluons pas les uns les autres ! » dit Larry Miller, ancien secrétaire général de la CMM.

    Dans son discours devant le Conseil général de la CMM, Larry Miller a proposé trois pratiques qui pourraient nous aider à aborder les conflits dans l’Église et à se sentir unis à la fin sans pour autant être arrivés aux mêmes conclusions.

    • a. Reconnaître Christ les uns dans les autres. Même lorsque l’autre semble avoir tort sur des points de théologie et de pratique, pouvons-nous reconnaître l’amour de l’autre pour le Christ et son désir de le suivre ?
    • b. Apprendre les uns des autres de manière réceptive. Tout comme nous pensons avoir quelque chose à vous apprendre sur ce que Jésus voulait vraiment dire, vous pouvez aussi avoir quelque chose à nous apprendre sur la fidélité.
    • c. S’unir en tant qu’assemblée locale. Dans certains cas, c’est là que réside le conflit ! Mais pouvons-nous nous rappeler – même en cas de conflit – que personne ne sait tout, mais que chacun sait quelque chose ? Le théologien mennonite suisse Hanspeter Jecker déclare : « Reconnaître cela exige que les dons de chacun contribuent au bien-être de l’ensemble…. Les encouragements mutuels et les exhortations sont les fondements pour… devenir une communauté qui pardonne, ainsi qu’une communauté pardonnée. »

    Ce ne sera pas facile, ni rapide, et demandera du courage. Mais plutôt que de fuir les conflits, pourrions-nous utiliser ces principes pour se tourner vers les conflits avec le don de l’unité, afin que la justice et la paix s’embrassent ?

    —Karla Braun est rédactrice en chef de COURRIER pour la Conférence Mennonite Mondiale. Elle vit à Winnipeg (Canada).

    Courier magazine cover -
  • Rencontrez Vikal Rao, Rajnandgaon (Inde). Commission Diacres.

    Quelle fonction occupes-tu au sein de la CMM ?

    Je suis membre de la Commission Diacres (2018-2025).

    Mon parcours avec la CMM a commencé en 1997 : j’étais délégué de la jeunesse au sein du Village de l’Église Mondiale (GCV) lors de l’Assemblée en Inde.

    Ensuite, j’ai été le premier représentant au GYS pour l’Asie (alors appelé Comité du Sommet de la Jeunesse) au Zimbabwe en 2003.

    De 2008 à 2012, je n’ai pas été très engagé, mais en 2013, on m’a confié la responsabilité d’être membre du Comité de Supervision du Programme et de coordonner le GCV pour l’Assemblée de 2015.

    J’ai aussi d’autres activités : je me rends à des conférences avec la représentante régionale Cynthia Peacock, je fais connaître les nouvelles de la CMM aux églises, je participe à une heure de prière en ligne (animateur de groupe et interprète hindi), je traduis du matériel de culte (Dimanche de la Paix et AWFS).

    Quelle fonction occupes-tu dans ta paroisse ?

    Présentement, je suis pasteur dans mon église locale (Église mennonite de Rajnandgaon). Je suis aussi secrétaire exécutif de l’Église mennonite d’Inde (MCI). J’habite à 115 km du bureau de la MCI à Dhamtari, donc je m’y rends 2 ou 3 jours par semaine. Le reste du temps, je reste à Rajnandgoan pour faire des visites, participer à des réunions, animer des études bibliques, préparer le culte du dimanche et prêcher, rencontrer des jeunes et animer les réunions du vendredi soir.

    Que signifie ‘être unifié’ pour le corps du Christ ?

    Nous avons tous des dons uniques, des cultures différentes, des pratiques ecclésiales différentes, mais lorsque nous sommes unifiés dans le corps du Christ, nous sommes interdépendants. Nous avons besoin les uns des autres malgré toutes nos différences.

    Tous les membres des églises doivent se connecter à la famille mondiale ; cela ne concerne pas seulement les responsables. J’aime dire que chacun de nous fait partie de la CMM.

    Mon père a connu Jésus grâce aux missionnaires mennonites venus en Inde. Il a été sauvé. Lorsqu’il m’a raconté son histoire, j’ai aussi développé des liens avec les mennonites. Des gens sont venus de si loin et ont aidé les gens d’ici : nous pouvons faire la même chose. Cela m’encourage à être proche de l’Église mondiale et à connaître ses besoins.

    Quel livre ou podcast lu ou écouté récemment pourrais-tu nous recommander ?

    J’écoute ‘Turning Point’ de David Jeremiah et ‘Daily Hope’ de Rick Warren pour ma croissance personnelle. J’aime regarder des vidéos sur l’anabaptisme, son histoire et la foi anabaptiste sur YouTube pour apprendre et partager avec la jeune génération. J’apprends toujours.

    Quelles ressources publiées par la CMM recommandes-tu et pourquoi ?

    J’ai lu Graines d’Anabaptiste, et j’étudie le Sermon sur la Montagne.

    Chaque fois que nous recevons des nouvelles de la CMM (le Réseau de Prière, les Lettres pastorales), nous prions. Prier les uns pour les autres nous aide. Nous ne connaissons pas ces personnes, mais nous ressentons que nous formons un seul corps et qu’ils sont nos frères et sœurs. C’est grâce au Christ et à son amour.

    J’aime beaucoup participer à l’heure de la prière en ligne. Cela m’aide à grandir dans ma foi. Partout dans le monde, nous prions le même Dieu. Je prends davantage conscience de la grandeur de notre Dieu.


    Courrier 38.4

  • J’ai grandi dans une paroisse mennonite en Argentine. Je me souviens de la prédication et de l’enseignement sur le pardon et la réconciliation, tant au sein de la famille ecclésiale que dans les relations avec ceux qui ne font pas partie de la communauté spirituelle. 

    Je me souviens aussi de situations de tension, voire de menaces de division. Certains des problèmes venaient des points de vue divergents sur le ‘covering’ porté ou non par les femmes lors du culte, la participation à la politique et la situation des personnes divorcées souhaitant rejoindre ou rester dans la paroisse. 

    Plus récemment, les questions les plus difficiles auxquels nous avons été confrontés, tant au niveau de la paroisse qu’au niveau de l’union d’églises, concernent la question de savoir qui peut devenir pasteur et dans quelle mesure nous devrions être inclusifs dans l’accueil de nouveaux membres et concernant les fonctions de responsabilité. 

    Deux facteurs sont liés et toujours présents dans les situations de conflit comme celles mentionnées ci-dessus : d’une part, ce qui est juste ou vrai, ce qui reflète et favorise la fidélité, et d’autre part, la place de l’amour et de la grâce qui recherchent la paix et favorisent la réconciliation et la construction communautaire. 

    Ces deux facteurs sont présents dans l’appel à « proclamer la vérité avec amour » (Éphésiens 4.15).  

    Un autre élément constant des conflits dans l’Église est la place des Écritures. La fonction de l’interprétation biblique dans la recherche de résolution, de transformation des conflits et la guérison sont indispensables. Il y a des perspectives, des encouragements et des conseils dans les Écritures. 

    Le reste de cet article consiste en une étude de cas tirée de la Bible. Elle est proposée comme modèle lors de réflexions sur les difficultés et les opportunités présentées par les situations de conflit dans nos assemblées aujourd’hui. 

    Le concile de Jérusalem comme prototype (Actes 15.1-35) 

    Depuis le début, l’Église a dû pratiquer le discernement moral et spirituel. Il s’agit d’un processus d’interprétation dans lequel l’expérience humaine est considérée et évaluée dans son contexte socioculturel et à la lumière des Écritures. 

    On trouve dans le récit du concile de Jérusalem un témoignage clair – et précoce – d’une telle pratique (livre des Actes). Examinons-le en gardant à l’esprit la question des conflits au sein de l’église. 

    Les non-juifs deviennent disciples du Christ. Une mission réussie ! Cependant, rapidement, parmi les responsables de la paroisse « des conflits et des discussions assez graves » éclatèrent (2) sur cette question précise. De nouvelles questions émergent quant aux conditions requises pour appartenir à l’Église en tant que peuple de Dieu, et donc concernant le salut lui-même. 

    Les conflits aboutissent souvent à la séparation, voire au schisme et à l’aliénation. Cependant, ceux qui sont impliqués ici choisissent de considérer le don du conflit comme une opportunité pour remettre en question et enrichir leur imagination théologique et spirituelle. 

    Les responsables convoquent une réunion. Paul, Barnabas et d’autres ont l’occasion de donner leur témoignage, tandis que certains pharisiens insistent sur la nécessité pour les hommes païens convertis d’être circoncis et d’observer la loi de Moïse (5). 

    Il nous est dit que c’est la préoccupation et l’affaire de toute l’assemblée (4, 12, 22). 

    Les responsables ont un rôle particulier à jouer : Pierre et Jacques parlent de manière convaincante, et les apôtres et les anciens font des choix importants avec le consentement de toute l’église (6, 22). 

    Ceux qui prennent la parole associent leur témoignage personnel à l’œuvre du Saint-Esprit telle qu’ils la comprennent et aux paroles des prophètes (15-18). 

    Le processus de discernement est en quelque sorte vécu comme dirigé par l’Esprit et aboutit à une décision unanime (25). Le concile réuni enverra deux responsables – Judas et Silas – comme représentants spéciaux « auprès des frères et sœurs d’origine non-juives à Antioche, en Syrie et en Cilicie » (23) avec une lettre donnant leur accord. 

    La lettre clarifie la portée des attentes clés concernant les non-juifs conformément à la loi mosaïque (20, 29) et réaffirme le travail de Paul et Barnabas. Le récit de Luc nous dit aussi que les croyants d’Antioche se réjouirent de l’exhortation et furent encouragés et fortifiés par Judas et Silas (31-32). 

    En résumé, ce texte présente une riche illustration de l’Église primitive faisant de la théologie pratique tout en faisant face à une situation difficile. Il peut être considéré comme un processus herméneutique à plusieurs niveaux en faveur d’un discernement pertinent et véridique et d’une action fidèle. Voici certaines des leçons que l’on peut en tirer. 

    Quelques lignes directrices importantes 

    Le discernement est comme une conversation ayant plusieurs directions : allant des histoires personnels au contexte socioculturel, aux Écritures et au Saint-Esprit en passant par les traditions et les pratiques de l’église. Ces facteurs interagissent, à la fois apportant et renvoyant des perspectives. Réalisé comme une pratique spirituelle nécessaire et continue, c’est un processus sans fin ! 

    Un discernement fidèle face à un conflit demande toujours beaucoup de temps et d’énergie. En outre, toutes les résolutions prises après un discernement attentif ne sont pas définitives ; certaines peuvent être revisitées et même inversées (par exemple la question de la consommation de certaines viandes évoquée dans la lettre). 

    Ceux qui dirigent le processus doivent ‘cultiver des fruits spirituels’ tels que l’humilité, la patience, la générosité, l’espoir, la sagesse et la grâce. Ils doivent démontrer leur connaissance (nécessaire) de la culture, des enseignements de l’Église et des Écritures. Et ils doivent également disposer des compétences nécessaires pour bien suivre les personnes impliquées et le processus lui-même. 

    Conflit entre les responsables (Actes 15.36-41) 

    Suite au récit de la résolution réussie concernant la manière d’accueillir les non-juifs dans l’église, un autre conflit se produit. Paul et Barnabas se séparent à cause de Jean surnommé Marc2. Examinons le contexte de cette situation afin de mieux comprendre la nature du conflit. 

    L’église d’Antioche composée en majorité de non-juifs envoie Paul et Barnabas, accompagnés de Marc, dans ce qui sera appelé le premier voyage missionnaire de Paul (vers 46-48 après JC). 

    Ê leur arrivée à Chypre, le proconsul romain Sergius Paulus devient le premier haut fonctionnaire du gouvernement romain connu à devenir chrétien (Actes 13.4-12). Le peu de détails permet de spéculer sur ses motivations et ses sentiments. En explorant l’histoire ci-dessous, nous prendrons des libertés pour chercher à en tirer des perspectives. 

    De Chypre, ils naviguent vers Perga en Pamphylie (sud de la Turquie) où Marc (Jean) « les quitta à cet endroit et retourna à Jérusalem ». Cette référence (Actes 13.13) est probablement devenue un événement important dans la vie de Paul, Barnabas et Marc. 

    Apparemment, Marc était le jeune cousin de Barnabas, le fils de sa tante Marie, qui était à la tête d’une église de maison à Jérusalem (Actes 12.12). 

    On ne nous le dit pas directement, mais on peut en déduire que Marie avait suggéré à Marc d’accompagner son cousin aîné Barnabas et Paul dans le voyage missionnaire. Barnabas (‘celui qui console’ [Actes 4.36]), ou ‘qui encourage les autres’) a peut-être persuadé Paul de permettre au jeune homme de les accompagner afin de renforcer la foi de Marc et de lui donner une expérience de témoin et de missionnaire. 

    On ne nous dit pas pourquoi Marc décide de rentrer chez lui. Peut-être avait-il le mal du pays ou trouvait-il ce ministère rigoureux trop exigeant. Mais on nous raconte la vive dispute entre Paul et Barnabas, causée par le départ de Marc dans la ville portuaire de Perga, capitale de la Pamphylie : 

    Après un certain temps, Paul dit à Barnabas : « Retournons donc visiter les frères dans chacune des villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur [premier voyage missionnaire]. Nous verrons où ils en sont. » Barnabas voulait emmener aussi avec eux Jean appelé Marc. Mais Paul n’était pas d’avis de reprendre comme compagnon un homme qui les avait quittés en Pamphylie et n’avait donc pas partagé leur travail. Leur désaccord s’aggrava tellement qu’ils partirent chacun de leur côté. Barnabas prit Marc avec lui et s’embarqua pour Chypre, tandis que Paul s’adjoignait Silas et s’en allait, remis par les frères à la grâce du Seigneur [second voyage missionnaire – autour 50-52 après JC]. Parcourant la Syrie et la Cilicie, Paul affermissait les églises. (Actes 15.36-41)  

    Leçons à tirer sur le développement du leadership 

    “San Barnaba”, a depiction of Barnabas, “Son of Encouragement” (anonymous Lombard painter).
    « San Barnaba », une représentation de Barnabas (Fils d’Encouragement), d’un peintre lombardi anonyme. Domaine public

    L’espoir que Barnabas avait dans le potentiel du jeune Marc et les encouragements qu’il a donnés à son cousin témoignent d’un esprit de discernement. 

    Au moment de la dispute, Paul n’aurait jamais pu imaginer que ce jeune homme apparemment faible écrirait un jour l’un des quatre Évangiles. De plus, selon la tradition copte, Marc a finalement traversé la Méditerranée et a fondé l’Église copte en Égypte – la plus ancienne église chrétienne du monde. 

    Il est intéressant de relier l’histoire du conflit avec Barnabas au récit de Paul et Silas venus à Lystre, en Turquie : « ‚Ķ Il y avait là un disciple nommé Timothée, fils d’une Juive devenue croyante ‚Ķ Paul désirait l’emmener avec lui ; il le prit donc et le circoncit. (Actes 16.1-3) 

    Se pourrait-il que Paul ait réalisé l’importance d’encourager la foi chez les jeunes hommes et de leur donner l’expérience de communiquer l’Évangile ? Le jeune Timothée, encadré par Paul – tout comme le jeune Marc, encadré par Barnabas – se révélerait être l’un des disciples les plus aimés et les plus fidèles de Paul. 

    Autour de 60 après JC, alors que Paul était en prison à Césarée, il a terminé ainsi sa lettre à l’église de Colosses, près d’Éphèse : « Aristarque, mon compagnon de captivité, te salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabas » (Colossiens 4.10). Il semble qu’au cours des années précédentes, Paul s’était réconcilié avec Marc (on se demande si c’était à l’instigation de Barnabas ?). 

    Il semblerait que plus de dix ans après que Paul et Barnabas aient eu un grave conflit impliquant Marc, Paul peut désormais écrire à son propre disciple Timothée : « Luc seul est avec moi. Emmène Marc avec toi, car il pourra me rendre service dans ma tâche. » (2 Timothée 4.11)  

    Marc pourra me rendre service dans ma tâche. Pouvons-nous supposer que Barnabas, le ‘fils d’encouragement’, ait vécu assez longtemps pour voir le fruit de son ministère avec son jeune cousin Marc ? La confiance de Barnabas en son cousin Marc et l’encouragement qu’il a apporté à Marc et à l’apôtre Paul ont peut-être modifié le cours de l’histoire. 

    Peut-être que ces trois disciples de Jésus représentent la réalisation de la promesse de la seconde chance, de la rédemption, du pardon et de la réconciliation. Cela étant, l’histoire de ces séparations nous invite à en souligner certaines conséquences. 

    • Parfois, la séparation est inévitable, voire conseillée afin d’éviter de nouveaux conflits. Néanmoins, le choix de la séparation, bien qu’amère sur le moment, peut être altéré à l’avenir. 
    • La séparation et la division ne doivent pas nécessairement être permanentes. L’espoir de mieux se comprendre et de se réconcilier à l’avenir peut subsister. 
    • Il est possible que Barnabas soit devenu le mentor de Marc. Quoi qu’il en soit, cela nous rappelle qu’il est nécessaire de s’occuper des jeunes et des futurs responsables d’églises dans ce domaine. Et cela demande toujours un engagement, de la patience, la volonté de prendre des risques et un investissement généreux en temps et en énergie. 
    • L’histoire suggère aussi qu’il existe une place particulière pour le ministère de la médiation. Et bien entendu, un tel ministère dépend de la confiance et de la bonne volonté des parties concernées. Barnabas a pu jouer un rôle de médiateur entre Paul et Marc. (Il est intéressant de noter que la lettre de Paul à Philémon peut également être lue comme documentant le travail de médiation de Paul entre Philémon et Onésime). 
    • Enfin, dans notre lecture imaginative, est-il juste de projeter que la ‘réunion’ de Paul et de Marc ait été possible, non pas parce que l’un d’entre eux a prévalu ayant eu raison, mais parce que tous deux ont continué à mûrir et à tirer des leçons de leurs expériences passées ? 

    Au début de cet article, je souligne que deux facteurs sont liés et toujours présents dans les situations de conflit comme celles évoquées dans notre étude de cas d’Actes 15 : ce qui est juste ou vrai, qui reflète et favorise la fidélité ; et l’amour et la grâce qui recherchent la paix et favorisent la réconciliation et la construction de la communauté. Le Psaume 85.10-11 fait allusion à ce lien indissociable et résume magnifiquement la vision du shalom pour la transformation et la guérison des conflits : « Fidélité et Vérité se sont rencontrées, elles ont embrassé Paix et Justice. La Vérité germe de la terre et la Justice se penche du ciel ». Qu’il en soit ainsi ! 

    ‚ÄîDaniel Schipani est pasteur de Mennonite Church USA et membre de l’assemblée locale mennonite de Belmont à Elkhart, Indiana (États-Unis). Lui et sa femme Margaret ont deux enfants adultes et trois petits-enfants. Titulaire d’un doctorat en psychologie et d’un doctorat en théologie pratique, il est professeur émérite à AMBS (séminaire biblique anabaptiste mennonite) et professeur affilié au séminaire théologique McCormick et au séminaire théologique de San Francisco. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’éducation, la pastorale, l’accompagnement et la théologie pratique. 


    Courrier 38.4

  • Vous êtes invités ! Joignez-vous à nous pour une série de webinaires sur la protection de la création intitulée « Pollinisateur climatique ». Voir ci-dessous. 


    Du temps de la création de l’être humain dans Genèse, « la première mission de l’être humain était… de profiter de la création, mais aussi de la protéger et d’en prendre soin », explique Danang Kristiawan. 

    Danang Kristiawan est pasteur de l’assemblée GITJ (Gereja Injili di Tanah Jawa) à Jepara, en Indonésie, et chargé de cours au séminaire théologique Wiyata Wacana à Pati. Il déplore que dans de nombreuses églises mennonites d’Indonésie, les questions environnementales soient considérées comme n’ayant pas de rapport avec la foi et l’église.  

    Il explique comment cette séparation s’est produite dans une vidéo qu’il a produite pour l’Assemblée de la Conférence Mennonite Mondiale en Indonésie en 2022. 

    « La vision traditionnelle javanaise comprend qu’il existe un lien entre les humains et la nature », dit-il dans la vidéo. « Il existe de nombreuses traditions ou sagesses locales qui respectent positivement la nature. »  

    Mais, explique Danang Kristiawan, lorsque les missionnaires mennonites néerlandais sont arrivés en Indonésie au 19e siècle, ils « étaient très critiques des pratiques culturelles locales. En conséquence, la communauté chrétienne ne veut pas s’impliquer dans les rites et les festivals locaux pour éviter toute idée de syncrétisme. » 

    Danang Kristiawan travaille avec d’autres responsables d’églises javanaises pour intégrer le lien javanais avec la nature dans la théologie de l’église. 

    Lors de la Journée de la paix en septembre 2021, Danang a participé à un rassemblement d’églises mennonites javanaises. « J’ai parlé de respect pour les peuples autochtones et de la valeur de trouver des points de vue différents », a-t-il déclaré. Il a rappelé à l’auditoire que dans la tradition javanaise, « les humains font partie de la nature. »  

    Danang trouve également dans la Bible une base pour l’écothéologie. Colossiens 1,16 dit que toutes les choses ont été créées en Jésus. « Il est, lui, par devant tout ; tout est maintenu en lui » (v.17).  

    « Christ a embrassé la création en lui-même et il a réconcilié toutes choses en lui-même », dit Danang Kristiawan. « Nous devons prendre soin de la création parce que vous pouvez aussi trouver Christ dans la création. » 

    Pour Danang Kristiawan, la théologie dans Colossiens semble familière. « Je pense qu’elle est proche de la culture javanaise, de la vision javanaise du monde, d’une vision asiatique du monde. »  

    Le fait d’avoir ces conversations est un pas dans la bonne direction. Mais Danang Kristiawan constate encore un manque d’initiative lorsqu’il s’agit d’aborder les questions environnementales en tant qu’église. Il a une solution dont il discute avec ses étudiants du séminaire. 

    « Je propose l’écodiscipline. » 

    Dans l’Église, si quelqu’un fait quelque chose de mal, on lui demande de se repentir et on lui impose parfois une discipline de la part de la communauté. Pourquoi ne pas étendre ce principe aux fautes commises à l’encontre du monde naturel ? 

    En conduisant des voitures et des motos, en utilisant un climatiseur et en produisant des déchets plastiques, Danang Kristiawan ajoute : « Nous participons au réchauffement de la planète. Nous devrions nous amender en consacrant de l’argent à la protection de la création. » 

    Il est important de se rappeler, selon Danang, que « la discipline n’est pas seulement individuelle, elle est collective en tant que communauté. Il est de notre responsabilité d’aller donner des conseils et de rappeler aux autres que nous pouvons travailler ensemble et être des disciples de Jésus. » 

    Il se demande si les mennonites ne pourraient pas commencer à se tenir mutuellement responsables des dommages causés à la nature.  

    Ce webinaire est organisé conjointement par le Groupe de travail de la CMM pour la protection de la création et le Collectif anabaptiste pour le climat/Anabaptist Climate Collaborative. 

    Cliquez ici pour accéder aux enregistrements des webinaires précédents : 
    17 octobre 2023 –zoom sur l’Afrique avec Sibonokuhle Ncube 

    —Sierra Ross Richer est membre de la Waterford Mennonite Church, à Goshen, en Indiana (États-Unis). Elle est stagiaire au Collectif anabaptiste pour le climat / Anabaptist Climate Collaborative (ACC). Cette histoire, tirée de la série préparée pour la période du carême Pollinisateur climatique : Histoires anabaptistes mondiales sur le changement climatique est reproduite avec sa permission. 

    Les membres du Groupe de travail de la CMM pour la protection de la création de chaque région animeront une heure de récits et de questions-réponses. Des membres d’églises du monde entier raconteront comment ils sont affectés par le changement climatique et comment ils y répondent par des actions résilientes et l’espoir de l’Évangile.

    Autres articles pour le webinaire « Asie » (en anglais)

    Chaque webinaire aura lieu le mardi à 14h UTC (cliquez ici pour trouver l’heure dans votre région). Inscrivez-vous ici :

  • Vous êtes invités ! Joignez-vous à nous pour une série de webinaires sur la protection de la création intitulée « Pollinisateur climatique » . Voir ci-dessous !


    Comme plusieurs autres personnes au Zimbabwe, Sukoluhle Ncube partage son temps entre la ville où sa famille vit et travaille, et la communauté rurale où ils cultivent la terre, à 40 minutes de distance.

    « La plupart des gens ont deux maisons », explique Sukoluhle Ncube. « En ville, on vient travailler et tout ça, mais dans le village, c’est là que nous pratiquons l’agriculture. »

    Sukoluhle Ncube est diplômée en gestion d’entreprise et en technologies de l’information. Elle passe la plupart de ses week-ends et de ses vacances à travailler sur le terrain de sa famille dans le village d’Irisville.

    Sukoluhle Ncube explique que l’instabilité de l’économie zimbabwéenne fait qu’il est difficile de gagner suffisamment d’argent pour vivre. De nombreuses familles complètent leurs revenus en cultivant eux-mêmes leur maïs, millet et sorgho, et en élevant du bétail.

    Mais les changements saisonniers dus au changement climatique rendent l’agriculture moins fiable.

    La Banque mondiale a indiqué qu’en 2020, près de 50 % des Zimbabwéens étaient confrontés à la pauvreté alimentaire. Ce chiffre a légèrement baissé depuis la pandémie, mais plusieurs, en particulier ceux qui pratiquent une agriculture de subsistance, ont encore du mal à subvenir à leurs besoins. L’une des principales causes nommées dans le rapport est la sécheresse.

    « Le changement climatique a modifié le régime des pluies », explique Sukoluhle Ncube. La saison des pluies commençait autrefois à la fin du mois d’octobre et durait jusqu’en mars. Aujourd’hui, la pluie n’arrive souvent qu’à la mi-décembre et se termine au bout d’un mois.

    « Les cultures se dessèchent et meurent, dit Sukoluhle Ncube. Tout ce changement climatique affecte beaucoup de gens, même dans les grandes villes. »

    Son église, l’Église des Frères en Christ Lobengula, a lancé des programmes pour aider ses membres à surmonter ces défis.

    « Habituellement, nous séparons les affaires de notre culte quotidien », a déclaré Ntando Ndlovu. Elle dirige l’initiative « Une vision du monde plus forte ».

    Le projet vise à renforcer la résilience en donnant aux membres de l’église les compétences, les relations et les marchés dont ils ont besoin pour générer des revenus.

    Pendant un an, l’église a organisé des ateliers permettant aux personnes fréquentant l’église d’acquérir les compétences nécessaires à la création de leur propre entreprise. En mai dernier, les participants ont été invités à présenter leur entreprise lors d’une exposition organisée après le culte.

    Trente-sept propriétaires de petites entreprises ont installé des tables pour présenter leurs produits et services. Les stands proposaient de tout, des sacs à main faits à la main à des produits biologiques, en passant par des services de soudure et de la barbe à papa préparée sur place.

    L’exposition « a été mise en place dans le but de créer un écosystème commercial actif, qui favorisera les échanges entre les personnes de l’église », explique Sukoluhle Ncube.

    « Je pense que cela s’est très bien passé, dit-elle. Beaucoup de gens sont venus, beaucoup de gens se sont sentis soutenus. »

    —Sierra Ross Richer est membre de la Waterford Mennonite Church, à Goshen, en Indiana (États-Unis). Elle est stagiaire au Collectif anabaptiste pour le climat / Anabaptist Climate Collaborative (ACC). Cette histoire, tirée de la série préparée pour la période du carême Pollinisateur climatique : Histoires anabaptistes mondiales sur le changement climatique est reproduite avec sa permission.

    Vous êtes invités ! Joignez-vous à nous pour une série de webinaires sur la protection de la création intitulée « Pollinisateur climatique ».

    Les membres du Groupe de travail de la CMM pour la protection de la création de chaque région animeront une heure de récits et de questions-réponses. Des membres d’églises du monde entier raconteront comment ils sont affectés par le changement climatique et comment ils y répondent par des actions résilientes et l’espoir de l’Évangile.

    Autres articles pour le webinaire « Afrique » (en anglais)

    Chaque webinaire aura lieu le mardi à 14h UTC (cliquez ici pour trouver l’heure dans votre région). Inscrivez-vous ici :

  • Taïwan   

    La Communauté des églises mennonites de Taïwan  (Fellowship of Mennonite Churches in Taiwan) 

    Fondée en 1962, la Communauté des églises mennonites de Taïwan (FOMCIT) réunit 24 paroisses à Taipei, Taoyuan, Taichung et Hualien. C’est une branche de l’anabaptisme, et elle est membre de la Conférence mennonite d’Asie et de la Conférence Mennonite Mondiale. Elle a été affectée par le COVID-19 et le nombre total de membres baptisés en 2022 était de 1 935. Les ministères de la FOMCIT comprennent l’évangélisation, l’implantation d’églises, les services sociaux, l’éducation théologique et la publication. 

    Ê Taïwan, la FOMCIT est connue pour ses engagements sociaux. Actuellement, il existe trois ministères sociaux à Hualien : l’hôpital chrétien mennonite, le New Dawn Educare Center pour les personnes handicapées physiques ou mentales et le Good Shepherd Center pour les filles et les femmes maltraitées. 

    Histoire

    L’anabaptisme a fait son apparition à Taïwan en 1948 lorsque le Comité Central Mennonite (MCC) a lancé un travail médical et humanitaire parmi les peuples autochtones en réponse à l’appel du missionnaire presbytérien, le révérend James Ira Dickson. Des médecins, des infirmières et des pasteurs missionnaires mennonites – dont le Docteur Robert Hess et sa femme ainsi que le pasteur Glen Graber et sa femme – ont déménagé à Taïwan et ont commencé à créer des cliniques mobiles dans des endroits reculés et montagneux. 

    En janvier 1955, le MCC a créé le Mennonite Christian Hospital (MCH) à Hualien, une ville de l’est de Taïwan. Ê cette époque, la région était considérée comme éloignée et arriérée ; les peuples autochtones représentaient environ 25 % de sa population. La même année, la General Conference Mennonite Church Commission on Overseas Mission (Commission sur la Mission outremer de la General Conference Mennonite Church) a aussi commencé des ministères d’implantation d’églises à Taïwan, ce qui a abouti à la création du FOMCIT. 

    La mission a mis fin à ses activités dans le pays en 1994, lorsque la FOMCIT a conclu une alliance avec les églises mennonites d’Amérique du Nord pour devenir églises sœurs.   

    Apports et développements importants : Organisations sociales  

    Hôpital chrétien mennonite  

    Roland P. Brown
    Roland P. Brown, le médecin mennonite qui a fondé l’Hôpital chrétien mennonite / FOMCIT

    Situé à Hualien, l’Hôpital chrétien mennonite (MCH) est un établissement de soins complets spécialisé dans la santé communautaire, la médecine gériatrique et les soins de longue durée. L’hôpital universitaire régional de 500 lits offre une large gamme de services médicaux aux habitants de l’est de Taïwan, et c’est actuellement le plus grand hôpital mennonite au monde. 

    Il y a soixante-quinze ans, le MCH a commencé en étant une équipe médicale mobile apportant son aide médicale aux peuples autochtones de Taïwan. L’hôpital a été construit en 1955 par le Dr Roland Brown, le fondateur et ancien directeur du MCH, avec au début seulement 35 lits. 

    Au fil des années, plus de 160 missionnaires mennonites sont venus travailler au MCH. Prônant la paix et mettant l’accent sur une vie de ‘service pour le Seigneur’, ils ont discrètement consacré leur vie à Hualien. Le gouvernement taïwanais a accordé à sept des médecins et infirmières missionnaires le Prix du Dévouement médical, et le Dr Roland Brown a reçu ‘l’Ordre de l’Étoile brillante avec le grand Cordon violet’ du président Lee Teng-Hui, un honneur rare récompensant des contributions exceptionnelles au développement de la nation. 

    Les missionnaires vivaient selon les valeurs mennonites. Après avoir pris leur retraite et être rentrés chez eux, le personnel local a pris le relais. Avec plus de 1 500 employés, dont 20 pour cent sont autochtones, le MCH et ses filiales continuent de s’occuper des personnes défavorisées et vulnérables. 

    Les filiales du MCH comprennent le campus MCH et le foyer résidentiel pour adultes handicapés mentaux de Shoufeng, la maison de retraite de Shoufeng, le Centre mennonite de soins post-partum et des centres de soins à domicile. Le MCH a aussi mis en place divers fonds pour venir en aide aux peuples autochtones et aux personnes défavorisées ou handicapées.

    Dans l’avenir, le MCH continuera à servir ‘les moins importants des frères et sœurs de Jésus’ (Matthieu 25/40) et s’efforcera d’améliorer la santé de la communauté en perfectionnant la qualité de ses services et sa capacité médicale, en tirant parti des technologies concernant l’intelligence artificielle, et en dotant ses employés des connaissances, des compétences et des ressources dont ils ont besoin. 

    En tant qu’hôpital chrétien, le HME se préoccupe de la foi des membres de son personnel. Des réunions de prière et des petits groupes sont organisés régulièrement. Fidèle à sa mission, le HME continuera de répandre l’évangile par le biais du travail médical et de servir les autres comme s’il servait le Seigneur (Matthieu 25/36). 

    New Dawn Educare Center  

    Fondé en 1977 par des missionnaires mennonites, le pasteur Otto Dirks et son épouse Elaine, le New Dawn Educare Center un service d’hôpital de jour ou de séjours à temps complet pour des patients souffrant d’un large éventail de handicaps physiques et mentaux.

    Otto Dirks et Elaine sont venus à Taïwan en 1968 avec leur jeune fils Randall. Leur tâche initiale était d’implanter des églises. Peu de temps après leur arrivée à Taïwan, ils ont eu un deuxième fils qui s’est révélé trisomique. Plus tard, ils ont adopté une fille autochtone avec un handicap physique et mental. 

    Ê cette époque, le handicap était stigmatisé ; les familles négligeaient ou abandonnaient souvent leur enfant handicapé.

    Otto et Elaine Dirk l’ont remarqué et ont décidé de venir en aide à ces enfants. Ils sont retournés au Canada pour faire des études dans le domaine de l’éducation spécialisée, puis sont revenus à Taïwan en 1977. Grâce à leurs nouvelles compétences et aux ressources financières qu’ils avaient réunies, ils ont créé le New Dawn Special Education Center à Hualien (plus tard rebaptisé Taiwan Mennonite New Dawn Educare Center).  

    Depuis plus de quatre décennies, New Dawn Educare Center est au service des personnes souffrant de handicaps physiques et mentaux. Ce centre propose une variété d’approches éducatives et thérapeutiques, notamment la thérapie musicale, animale et artistique, une formation professionnelle et des occasions de stages ou d’emplois dans des entreprises locales. 

    Le travail acharné de New Dawn a été reconnu par le gouvernement : en 2019, il a reçu le Presidential Culture Award in Humanitarian Dedication (Récompense présidentielle concernant le dévouement humanitaire). Constatant une augmentation rapide du nombre de personnes touchées par le syndrome de Kanner (une forme d’autisme), New Dawn s’efforce de créer un réseau de soutien pour les personnes qui en sont atteintes. En 2020, New Dawn a commencé à construire le Campus Joy, une maison de retraite verte pour adultes atteints du syndrome de Kanner. 

    New Dawn se consacre à créer un environnement convivial et à offrir des ressources pour aider les personnes souffrant de troubles physiques et mentaux. New Dawn continuera à donner aux patients et à leurs familles les capacités nécessaires pour vivre avec un handicap et prendre soin d’une personne handicapée. 

    Le Good Shepherd Center (Centre du Bon Berger) 

    The Good Shepherd Center’s leadership team
    L’équipe de direction du Centre ‘Good Shepherd’. La quatrième à partir de la gauche est Yu-Gui Chu, la PDG actuelle de ‘Good Shepherd’ / FOMCIT

    Dans les années 1980, la prostitution enfantine était courante à Taïwan. Les enfants autochtones vivant dans des communautés tribales éloignées et montagneuses étaient vendus à des fins de prostitution par les familles pauvres, mais le grand public n’était pas conscient de ce problème. En 1987, une jeune fille de 16 ans fut envoyée au service des urgences du HME en raison d’un choc septique causé par une infection sexuellement transmissible et d’une maladie inflammatoire pelvienne. Les médecins et les infirmières se sont battus pour la sauver et elle a survécu. Cependant, ils ont découvert qu’elle avait été vendue pour être prostituée à l’âge de 8 ans. Pendant de nombreuses années, elle avait été enfermée dans des maisons closes de Taipei. 

    Un pédiatre et un travailleur social du HME ont demandé à la pasteure Fang-Fang (Katherine) Wu, une pasteure mennonite, et plus tard la première PDG du Good Shepherd Center, de se joindre à eux pour sauver des enfants et des adolescents de la prostitution et de l’exploitation sexuelle. 

    La pasteure Wu, qui a grandi dans une famille mennonite, a été profondément influencée par des missionnaires comme le Dr Roland Brown et sa femme Sophie, le Dr Carl Epp et sa femme Hilda, et les infirmières du HME Helen Willms Bergen et Sue Martens Kehler. Ils agissaient avec justice, aimaient la miséricorde, et marchaient humblement avec Dieu, servant le plus petit des frères et sœurs de Jésus. Leur attitude la marqua profondément. C’était une réponse naturelle pour elle de faire de même. 

    Le travail de sauvetage a commencé et la Good Shepherd Association (plus tard connue sous le nom de Good Shepherd Center) a été créée. Chaque semaine, la pasteure Wu se rendait dans des villages autochtones de Hualien, à la recherche de jeunes victimes et de filles en danger. Sans protection ni soutien du gouvernement, elle a travaillé avec des assemblées locales, organisé des programmes périscolaires dans les villages tribaux, sensibilisé le public au problème du trafic sexuel d’enfants et exhorté les autorités compétentes à reconna√Ætre la gravité de ce problème redoutable. Chaque fois qu’elle découvrait une victime, elle la sauvait et la cachait dans le refuge du Good Shepherd Center. 

    Encouragée par la pasteure Wu, l’Association du Good Shepherd s’est joint au FOMCIT en 1990, et son nom a été changé en ‘Good Shepherd Center’. 

    Un matin de 1993, la pasteure Wu a été battue par des gangsters alors qu’elle se rendait au travail, parce qu’elle ¬´ avait entravé leur activité lucrative ¬ª. Cet incident a attiré l’attention des médias et du grand public. Les gens furent stupéfaits et s’inquiétèrent, et le gouvernement promulgua finalement des lois pour protéger les enfants et les adolescents. Par conséquent, la prostitution des enfants a progressivement cessé. 

    Le Good Shepherd Center est maintenant un refuge pour les adolescentes maltraitées, délinquantes, agressées sexuellement ou négligées, pour les femmes et les enfants victimes de violence domestique, et pour les adolescentes enceintes. Il organise également des programmes périscolaires pour les familles désavantagées et aide les femmes défavorisées à trouver un emploi. Le Good Shepherd Center s’engage à aider les personnes dans le besoin pour qu’elles retrouvent l’espoir.   

    Linshen Road Mennonite Church in Taichung
    La paroisse mennonite de Linshen Road à Taichung, fondée par Glen Graber en 1954, a été la première assemblée mennonite de Taïwan. Le bâtiment actuel a été achevé  en 1993. / FOMCIT

    Difficultés et opportunités 

    Les mennonites sont peu nombreux, avec seulement 24 paroisses et moins de 2 000 membres. Dans les premières années, les assemblées mennonites étaient souvent confondues avec les églises presbytériennes, car beaucoup de nos pasteurs avaient une formation presbytérienne. Nos responsables s’efforcent de mettre l’accent sur l’identité mennonite de leur église. 

    Au cours des 20 dernières années, le mouvement charismatique s’est développé à Taiwan. Les jeunes générations sont davantage attirées par les églises charismatiques. Nous avons besoin de nouvelles stratégies pour partager l’évangile, intéresser les jeunes et conserver nos valeurs. 

    Cependant, avec notre engagement envers la justice sociale et le vécu de la miséricorde et de l’humilité, les ministères sociaux du FOMCIT restent vitaux pour la société. En étant au service des moins importants de nos frères et sœurs et en considérant que notre travail est fait pour le Seigneur, nous continuons à mettre en pratique nos valeurs et notre foi en action.

    ‚ÄîÉcrit par Jessica Lu, mennonite de troisième génération. Nous remercions particulièrement M. Harold Lu pour sa coordination et sa contribution inestimable tout au long de la rédaction, le révérend Kim Chen, le Mennonite Christian Hospital, le New Dawn Educare Center et le Good Shepherd Center pour leurs informations abondantes.  


    Courrier Juillet 2023

  • La colonne des responsables de la CMM  

    Le Comité Exécutif est élu au sein du Conseil Général, et se réunit annuellement. Deux membres de chaque région continentale sont élus au sein du Conseil ; un président et un vice-président sont également élus par le Conseil. Le trésorier et le secrétaire général sont membres du Comité Exécutif. 

    Rencontrez la vice-présidente Lisa Carr-Pries, nommée en 2022.

    1. Que cela signifie pour la CMM que d’être une Église mondiale ?

    Je suis reconnaissante pour l’Église mondiale. Depuis des années, elle élargit ma compréhension du monde au-delà de mon contexte local. Elle m’a aussi aidé à élever mes enfants pour qu’ils soient conscients du monde qui les entoure. L’Église mondiale a définitivement changé le cours de ma vie et a approfondi ma foi et ma spiritualité. J’ai l’espoir que la pertinence de l’Église anabaptiste participe à la transformation de la vie de chacun.

    2. Comment pries-tu pour l’Église mondiale ? 

    Je prie pour que les églises soient un témoin d’espérance pour ce monde où règnent le désespoir et la violence. 

    3. Qu’espères-tu que la CMM accomplira ou deviendra dans les années à venir ? 

    J’espère que nous continuerons à célébrer notre unité dans le Christ en célébrant le don de notre diversité dans nos théologies, nos origines, nos cultures et par un discipulat fidèle. 

    4. Quelles idées concernant la famille mondiale trouves-tu dans tes lectures ? 

    Je lis quotidiennement les méditations publiées par le Center for Action and Contemplation. Je crois fermement qu’en tant que disciples de Jésus, il doit y avoir autant de temps d’action que de contemplation dans notre vie chrétienne.

    « Nous avons besoin à la fois d’action et de contemplation pour que notre cheminement spirituel soit complet…. L’action peut vous conduire à la contemplation et la contemplation peut vous conduire à l’action. Mais en fait, elles ont besoin et se nourrissent l’une l’autre. » (CAC Daily Meditation, 13 mai 2016) 

    5. Quelle est ton rôle dans ton assemblée locale ? 

    J’aime conduire les cultes et la musique. Je prends plaisir à préparer des cultes qui permettent aux membres de la paroisse de participer de tout leur cœur lorsqu’ils se joignent à cette communauté spirituelle pratiquant une vie fidèle. 

    6. Quelle est ta formation professionnelle ? 

    J’ai un diplôme en musique religieuse et en théologie ainsi qu’une maîtrise en théologie. J’aime apprendre tout au long de ma vie et j’ai suivi des cours pour avoir un certificat en accompagnement spirituel, en gestion des conflits et en leadership d’église. J’ai aimé être pasteure pendant la majeure partie de ma vie d’adulte.   


    Courrier Juillet 2023

  • En kichwa, un mot, ayni, décrit la règle et la pratique de l’interdépendance. 

    « On ne peut exister que si la communauté existe », déclare Julian Guamán. Dans la vision du monde des Kichwa, cette communauté englobe toute la création, et pas seulement les êtres humains. L’ayni stipule qu’en tant que membres de la communauté, les humains ont la responsabilité d’entretenir la réciprocité entre eux et tous les autres membres, y compris les plantes, les animaux, l’eau et le sol. 

    L’ayni a des implications pratiques sur la vie des Kichwas et constitue un élément important de la vision de Julian Guamán pour l’Église anabaptiste. 

    « L’Église mennonite mondiale peut montrer la voie à d’autres églises », dit Julian Guamán. Beaucoup de chrétiens parlent de réconciliation en termes spirituels, mais ce qui distingue les anabaptistes aux yeux de Julian Guamán, c’est que : « La réconciliation recherchée par les chrétiens mennonites s’applique aussi à la création ». 

    Beaucoup d’indigènes d’Amérique latine sont attirés par l’anabaptisme, dit Julian Guamán, et il pense que c’est parce que « la théologie mennonite coïncide à bien des égards avec des éléments de la spiritualité indigène ». 

    L’un des éléments communs est l’accent mis sur la vie en communauté. 

    « La vie mennonite est une vie de coopération », dit Julian Guamán. De même, « la vie des Kichwas consiste à vivre en interdépendance avec autrui ». 

    Le deuxième élément commun est la réconciliation. Les mennonites sont connus pour leur travail de réconciliation au sein de l’Église et dans le monde. Les Kichwas pratiquent également la réconciliation, dit Julian Guamán, en « cultivant l’harmonie et l’équilibre et en construisant des ponts par le dialogue ». 

    Julian Guamán estime que la protection de la création est une conséquence naturelle de l’application de ces deux valeurs. Il en a donné un exemple concret. 

    Dans les Andes, l’exploitation minière de l’or, du lithium, du cuivre et d’autres métaux nécessaires à la technologie met en péril la santé de la terre, de l’eau et des populations. 

    Alors que les compagnies minières internationales s’installent dans de nombreuses régions, les terres indigènes sont parmi les mieux protégées. « Une grande partie du páramo (toundra alpine) où vivent les populations indigènes est encore intacte », explique Julian Guamán. 

    Les Occidentaux pourraient considérer que les efforts de conservation des communautés indigènes visent à préserver les ressources – comme l’eau – pour l’avenir. Mais ce n’est pas ainsi que les peuples indigènes voient les choses, dit-il. 

    « Je ne pense pas que ce soit la raison pour laquelle nous, les indigènes, nous en soucions », déclare Julian Guamán, « mais parce que nous avons besoin de conserver des relations avec le lieu, le páramo. Là, il y a de la vie. Le páramo lui-même, les montagnes, les collines, ont une dimension sacrée dont nous faisons partie. » 

    Et si l’église anabaptiste mondiale adoptait la règle de l’ayni ? 

    « Dans un monde marqué par le changement climatique, les crises environnementales et un système économique qui détruit la nature et exploite les gens », déclare Julian Guamán, « nous, en tant qu’églises mennonites, pouvons être différents, parce que Jésus-Christ nous a appelés à nous aimer les uns les autres ». 

    —Sierra Ross Richer est membre de la Waterford Mennonite Church, à Goshen, dans l’Indiana (États-Unis). Elle est stagiaire à l’Anabaptist Climate Collaborative. Cette histoire, tirée de la série « Pollinisateur climatique du carême » de l’ACC : Histoires anabaptistes mondiales sur le changement climatique est reproduite avec sa permission. 

  • Rencontrez Hiro Katano de Sapporo, Hokkaido (Japon) Membre de la Commission Foi  et Vie 

    Quelle fonction occupes-tu au sein de la CMM ? 

    Je suis membre du Conseil Général, et je représente Nihon Menonaito Kirisuto Kyokai Kyogikai (Conférence de l’Église chrétienne mennonite du Japon), depuis 2016. Je fais le lien entre la CMM et mon union d’églises par la correspondance, l’information, la traduction et l’enseignement. Je suis aussi membre de la Commission Foi et Vie depuis juillet 2022.   

    Quelle fonction occupes-tu dans ta paroisse ?     

    Je suis membre de l’église mennonite de Sapporo Bethel depuis 1998 et je prêche et préside les cultes régulièrement. Ma femme Miwako et moi résidons au Centre mennonite de Fukuzumi à Sapporo. Le centre appartient et est géré par notre union d’églises pour des hôtes, les cultes, des réunions de travail et d’autres réunionsts. J’aide aussi ma femme dans son ministère de pasteure bénévole. 

    Les églises anabaptistes/mennonites du Japon m’ont donné la responsabilité du Northeast Asia Regional Peacebuilding Institute – NARPI (Institut régional de consolidation de la paix en Asie du NordEst) depuis son lancement en 2010. J’ai des occasions de présenter des conférences, des ateliers et d’écrire sur la théologie de la paix pour les mennonites et aussi pour d’autres dénominations.  

    Que signifie ‘être unifié’ pour le corps  du Christ ?    

    Pour moi, cela signifie revenir de temps en temps à nos valeurs communes en tant que disciples de notre Seigneur Jésus. 

     Foi : nous revenons régulièrement à la vie, aux enseignements et au ministère de Jésus pour réfléchir à notre discipulat. 

    Vie : nous nous rencontrons régulièrement dans notre communauté spirituelle pour discerner la direction du Saint-Esprit, pour être renouvelés et grandir. 

    Travail : nous œuvrons régulièrement à la réconciliation holistique avec Dieu, les autres et nous-mêmes et aussi avec la création, dans notre cheminement spirituel quotidien. 

    Bien que je me base sur ce qu’on appelle les valeurs anabaptistes fondamentales, elles attirent aussi les autres dénominations.    

    Quel livre ou podcast lu ou écouté récemment pourrais-tu nous recommander ? 

    J’ai été béni et encouragé par la série ‘The Jesus Way: Small Books of Radical Faith’ de Herald Press. Ces dix livres présentent de manière concise et lisible la foi et les conceptions anabaptistes. J’en ai fait des livrets pour présenter la foi anabaptiste de base aux jeunes japonais.   

    Quelles ressources publiées par la CMM recommandes-tu et pourquoi ?  

    ‘Convictions communes des Anabaptistes du Monde entier’ vaut la peine d’être lu, répété, réfléchi et étudié pour s’en imprégner. Bien que notre union d’églises ait sa propre confession de foi, ‘Convictions communes’ présente des éléments supplémentaires plus complets de la foi anabaptiste. 

    ‘Ce que nous croyons’ d’Alfred Neufeld est un guide utile pour approfondir ce document. J’ai organisé un atelier pour explorer les ‘convictions communes’ et j’ai fait une série de sermons basés sur ce qu’on en apprend. Je m’en sers maintenant pour une série de conférences vidéo sur les doctrines anabaptistes fondamentales. 

    Comme les quatre cavités du cœur, les quatre Commissions de la Conférence Mennonite Mondiale sont au service de la communauté mondiale des églises anabaptistes dans les domaines suivants : diaconie, foi et vie, paix et mission. Les Commissions préparent des documents à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils, proposent des ressources aux églises membres et facilitent le travail des réseaux et des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun. Ci-dessous le communiqué d’une des commissions.

  • Inspiration et réflexion

    Perspectives

    Profil d’un pays

    Ressources

    Secrétaire Général 

    Le mot de la rédactrice 

    Prenez part à cette communion mondiale

    Quelle joie d’être ensemble ! 

    Ce numéro de Courrier présente ‘Renouveau 2023’. 

    Trois ans après qu’il ait été projeté, cet événement spécial a eu lieu en Colombie-Britannique. 

    Renouveau est une série d’événements en souvenir de la naissance du mouvement anabaptiste en 1525, et pour réfléchir avec anticipation au présent et à l’avenir de l’Église anabaptiste-mennonite à travers le monde. 

    La Conférence Mennonite Mondiale a lancé cette série d’événements en 2017, l’année où les luthériens commémoraient le 500e anniversaire de leur Église. Chaque année, avec le Comité Exécutif, la CMM et les églises membres hôtes organisent un événement local où des invités internationaux de la CMM de chaque région continentale témoignent de l’œuvre de Dieu au travers de l’Église d’aujourd’hui.  

    « Nous avons chanté ensemble, nous avons prié ensemble et nous avons entendu des témoignages de sœurs et de frères de différents endroits et de différents contextes sur la manière dont ils vivent en Jésus-Christ, notre espérance. Des témoignages qui nous ont fait prendre conscience que bien que nous ne fassions qu’un, nos situations sont très différentes. C’est la beauté de la Conférence Mennonite Mondiale : malgré la diversité de nos contextes, nous sommes un en Christ. Nous sommes un dans notre espérance : le Christ lui-même nous tend la main et nous dit « Suivez-moi » ! C’est lui qui nous tend la main, et c’est à nous de la saisir et de vivre dans l’espérance. » 

    C’est ce qu’a dit le président Henk Stenvers aux anabaptistes-mennonites réunis à Abbotsford, en Colombie-Britannique (Canada) en mars 2023. Il venait de rentrer d’une visite aux églises mennonites et frères mennonites (MB) au Pérou et en Colombie ; il a aussi transmis les salutations de ces frères et sœurs. 

    « La CMM est le témoin vivant de cette espérance, nous rassemblant dans une seule communion, au-delà des frontières de nationalité, de couleur, de langue, de situation économique et de culture. Tout comme Dieu veut rassembler les êtres humains, la Conférence Mennonite Mondiale veut abattre les murs afin que nous puissions former une communion qui soit un don de Dieu. »  

    « Il est important pour les églises qu’elles sachent que nous faisons partie d’une communion plus large : que les sœurs et les frères du monde entier les connaissent, partagent leurs triomphes et leurs épreuves, et prient les uns pour les autres. Mes expériences de visite de paroisses dans de nombreuses régions du monde m’ont appris que faire partie d’une grande communion mondiale ranime l’espoir, en particulier pour les églises isolées ou qui connaissent des conflits et des persécutions. Le sentiment de solidarité, les prières, les visites, parfois l’aide financière, tout cela remplit de joie le cœur de ceux qui souffrent. 

    « La Conférence Mennonite Mondiale, c’est nous tous », dit Henk Stenvers. « Et je veux vous encourager à entrer dans la vie quotidienne de la CMM et à rester informés de ce qui arrive à nos sœurs et frères dans d’autres parties du monde. » 

    En lisant les articles de ce numéro de Courrier, vous participez à la CMM. Vous êtes témoins de la manière dont notre espérance en Jésus-Christ transcende les barrières, nous unissant en un seul corps. S’il vous plaît, faites connaître ces récits et envoyez-nous vos propres témoignages de votre vie avec Jésus-Christ.  

    —Karla Braun est rédactrice en chef de COURRIER pour la Conférence Mennonite Mondiale. Elle vit à Winnipeg (Canada).

  • « Au cours des 100 dernières années, le monde a énormément changé et en même temps, pas tant que cela », dit Henk Stenvers. L’Église et la société font face au nationalisme et à la polarisation, et même à la guerre en Ukraine. 

    « Alors que nous nous préparons à marquer les 100 ans de la CMM et les 500 ans de l’anabaptisme en 2025, il est temps de regarder vers l’avenir », déclare Henk Stenvers. « C’est le moment d’examiner la signification de notre message et de notre mission pour les années à venir. Les questions importantes au temps de la Réforme le sont-elles toujours pour nous ? Avons-nous de nouvelles questions ? certaines n’ont-elles plus de sens ? » 

    « L’étude de l’histoire des traditions de notre Église nous aide à nous rappeler qui nous sommes vraiment et à nous souvenir de notre vrai fondement qui repose sur la Bible », dit Tigist Tesfaye. 

    « Le renouveau ne consiste pas à retourner au passé, même s’il faut s’en souvenir », dit Tom Yoder Neufeld. « Le renouveau, c’est s’ouvrir au souffle vivant de Dieu, le Saint-Esprit (Ezéchiel 37). 

    « C’est la promesse, au cœur de l’appel à la repentance, à faire ‘demi-tour’ et aller dans une nouvelle direction. C’est le don du pardon, qui ouvre l’avenir à la réconciliation. C’est au centre du drame du baptême, la mort avec le Christ et la marche dans la nouveauté de vie : vivre la résurrection. Il réside dans l’espoir d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre », dit Tom Yoder Neufeld. 

    « Le renouveau implique de regarder le passé avec de nouvelles lentilles ainsi que de d’imaginer de nouveau le présent et l’avenir », dit Andrés Pacheco Lozano. « Pour être renouvelés, nous devons redire notre histoire particulière. Redire notre histoire peut être une expérience transformatrice car cela nous permet de (re)façonner les narratifs qui forment notre identité. Cette créativité libératrice ouvre la possibilité à de nouvelles interprétations pour vivre la radicalité du message évangélique de justice et de paix dans le présent et dans l’avenir ».  

    « Le renouvellement nous fait passer de l’ancien au nouveau », dit Andi Santoso. 

    « Le Dieu qui est aussi esprit appelle les gens à différentes époques de l’histoire, toujours pour apporter quelque chose de nouveau et nous connecter à Dieu. La nouveauté est quelque chose de spirituel et de naturel (par exemple, il y a des saisons – le printemps après l’hiver) », explique Andi Santoso. 

    « Il est important d’être dans un état constant de renouvellement », dit Lisa Carr-Pries. « Cela n’arrive pas une fois pour toutes. Nous devons toujours être à l’écoute : le renouveau a besoin de nos oreilles et nécessite aussi un changement constant de perspective. » 

    « Le vin nouveau ne peut pas être mis dans de vieilles outres, il éclatera », dit Sunoko Lin, réfléchissant à Marc 2. Lorsque Jésus a dit à l’homme paralysé de prendre sa natte et de rentrer chez lui, il lui a donné plus qu’il n’attendait : la capacité de marcher et de porter quelque chose. « Le renouveau apporte quelque chose de nouveau ou de meilleur. Jésus a promis du vin nouveau, des outres neuves ; non seulement pour marcher, mais aussi pour porter une natte. » 

    Être radical 

    « Le besoin de renouvellement reste constant, que nous nous focalisions sur notre identité (qu’est-ce que signifie être anabaptiste ?) ou sur notre mission (quelle est notre mission dans le monde ? Est-ce l’évangélisation ? le rétablissement de la paix ?) », dit Tom Yoder Neufeld. 

    « Je ne pense pas que le renouveau consiste à adapter l’anabaptisme à différents contextes et réalités, mais plutôt à voir les nuances des nouvelles formes ou visions de l’anabaptisme qui ont émergé dans des endroits différents », dit Andres Pacheco Lozano. « La manière dont la tradition anabaptiste s’est développée à un endroit donné et la façon dont les individus, les paroisses et les communautés de ces endroits l’ont mise en pratique en font des compositions hybride uniques dans de nombreuses régions du monde. » 

    Il dit qu’il faut parler non seulement de polygenèse mais aussi de polyanabaptisme pour discerner des différences et des variations. « Un espace comme la CMM a le potentiel de les faire dialoguer, ce qui est l’un des dons les plus importants de la conversation anabaptiste de notre communion mondiale. » 

    Un jeune pasteur des Pays-Bas a dit à Henk Stenvers : « Nous redeviendrons vraiment mennonites lorsque la police frappera à nos portes. Le message de paix du Christ était radical. Est-ce que nous, dans le Nord, sommes trop bien intégrés dans la société par notre conformisme aux autorités et aux systèmes économiques ? » 

    « Y a-t-il un renouveau dans notre relation avec les autres ? » demande Andi Santoso. Nous devons remettre en question le statu quo et considérer aussi l’aspect social du salut. « En lui, Jésus a apporté la réconciliation : faisons-nous une différence dans le monde en œuvrant pour la paix et la justice ? Y a-t-il un changement dans la manière dont nous nous comportons ? » 

    « Aujourd’hui, le renouveau devrait nous mettre mal à l’aise… surtout si nous détenons pas mal de pouvoir » déclare Anicka Fast. « Lorsque le mouvement anabaptiste a commencé, il était perturbateur et gênant. Les gens en marge de l’Église ont contesté ce que disaient ses puissants dirigeants. Le renouveau sera souvent déstabilisant. » 

    Historienne, elle étudie l’histoire des églises en Afrique : elle est animée par des vagues de réveil, dirigées par des Africains, dirigées par des femmes.  

    Le Réveil est-africain a commencé dans les années 1930 et a balayé le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie. « Tout a commencé par des amitiés et une communion fraternelle entre chrétiens africains et missionnaires européens et nord-américains. Ils se repentaient ensemble de leurs comportements les uns envers les autres. Ils ont développé de solides amitiés et sont devenus des groupes très unis appelés fraternités de réveil. » 

    « Le premier évêque mennonite de Tanzanie, Zedekiah Kisare, a rappelé que lorsque le réveil est arrivé chez lui, c’était comme si une mèche avait allumé de la dynamite : c’était une explosion ! », raconte Anicka Fast. « Tous ont commencé à pleurer. Ils ont changé de vie. L’évêque missionnaire américain a changé son attitude de supériorité envers les chrétiens africains. C’était un revirement complet qui a conduit à une nouvelle façon de vivre ensemble. » 

    « Le réveil a fait exploser les frontières entre les dénominations. Les gens voulaient prendre la Sainte Cène tous ensemble », dit Anicka Fast. Malheureusement, « parfois, le renouveau se produit et nous nous accrochons à ce qui est ancien et nous le bloquons ». 

    Prendre des risques 

    Parfois, nous devons tout abandonner pour vivre de nouvelles expériences et vraiment dépendre de Dieu, dit Andi Santoso. Il l’a fait personnellement, laissant derrière lui sa culture et son ministère, pour étudier aux États-Unis. « En voyant de nouvelles réalités, je remets en question ma propre foi et mes convictions. Si Dieu existe, où est l’amour de Dieu dans cette réalité brisée ? L’aspect communautaire des églises se développe alors que nous devenons des thérapeutes souffrants, des bâtisseurs de paix brisés. » 

    Le besoin de renouvellement ne doit pas nous mettre sur la défensive. « Nous avons encore des difficultés : difficultés interculturelles et énormes différences de situation économique. La manière par laquelle le Nord est devenu si riche : les flux économiques vont de pair avec l’exploitation des pays d’Afrique pour le bien-être du Nord ; ce sont des raisons de se repentir », déclare Henk Stenvers. « Une partie du renouveau consiste à reconna√Ætre que les choses doivent changer. » 

    S’appuyant sur les travaux de la théologienne Dorothee S√∂llee sur la spiritualité, Andrés Pacheco Lozano identifie le renouveau comme un processus (spirituel) qui comprend trois dimensions. Via positiva : qui célèbre les dons et la manière dont ils s’expriment à différentes époques et dans différents contextes ; Via negativa : le lâcher prise sur l’ego, la confrontation des manières dont nous avons bénéficié ou renforcé les systèmes oppressifs (y compris la discrimination fondée sur les races, les genres, les capacités ou les classes, et d’autres formes d’injustice et de violence, y compris l’urgence climatique induite par les êtres humains), l’exploration des souffrances qu’elles ont causées et les efforts pour réparer les relations rompues. Via transformativa : être soi-même transformé pour transformer les injustices et la violence dans le monde.  

    « Les dons sur lesquels nous construisons [nos vies], les problèmes que nous affrontons et que nous délaissons, les blessures que nous entretenons, nous invitent à être transformés et à incorporer de nouvelles pratiques, de nouvelles compréhensions, de nouvelles façons de voir l’anabaptisme », dit Andrés Pacheco Lozano.  

    Stratégies 

    « Le renouveau est individuel, mais c’est aussi un choix que l’on peut faire en tant que communion […] comme de prendre les décisions par consensus, par l’échange, même si cela prend beaucoup de temps », explique Henk Stenvers. « Ensemble, dialoguant les uns avec les autres et avec l’Esprit, nous voulons découvrir ce que Dieu nous dit. Pour cela il faut être ouverts les uns envers les autres (écouter ce que les autres disent), être ouverts par rapport au temps (ne pas être pressés de prendre des décisions) et être à l’écoute de l’Esprit. » 

    L’écoute est ce qui motive les gens. « Que vous dit la Bible ? Que me dit la Bible ? Comment pouvons-nous nous mettre d’accord ? » 

    « Si nous venons d’un endroit où il n’y a pas eu de renouveau, il peut être difficile d’être en mesure d’entendre ceux qui en ont vécu un », explique Anicka Fast. « Les témoignages peuvent sembler étranges, mais l’œuvre du Saint-Esprit est souvent surprenante. Il franchit les barrières. Le renouveau se produit lorsqu’on fait un pas, ensemble ou en tant que groupe, et qu’on commence à se repentir ensemble, à prier ensemble et à étudier la Bible ensemble en petits groupes ». 

    « Le renouvellement et le renouveau ont une dimension très politique. Ils ne sont jamais limités à la vie intérieure des personnes. Historiquement, les réveils commencent presque toujours par des mouvements de repentance : réparer ce qui a été brisé, ceci souvent dans les relations.  

    « Le renouveau est lié à la mission : agrandir la famille de Dieu » ajoute Anicka Fast. Reconna√Ætre dans nos propres cœurs là où nous ne sommes pas fidèles – et ensuite changer. Ce qui en ressort est à la fois une nouvelle façon d’être Église et de nouvelles perspectives sur les relations sociales. 

    Lors de la guerre anticoloniale des Mau Mau au Kenya dans les années 1950, les ‘abalokole’ (les ‘sauvés’) ne participaient pas à la guerre. Ces personnes disaient « Je ne peux pas tuer quelqu’un pour qui Christ est mort ». Ils s’appuyaient sur l’idée forte que Jésus fait de nous un nouveau type de famille – une famille au-delà des frontières des ethnies, des races et des nationalités – comme raison de ne pas soutenir l’un ou l’autre côté en guerre », dit Anicka Fast. 

    « La seule façon de se transformer est de le faire par la pratique », dit Lisa Carr-Pries. « Nous sommes tentés de dissimuler nos mauvais côtés parce que nous craignons d’être condamnés ou rejetés par les autres ; nous n’aimons pas les responsabilités parce que nous aurions honte de ne pas être à la hauteur. Ce n’est pas ce que l’église doit être si nous voulons vivre un renouveau. Admettons que nous avons fait une erreur et que nous voulons faire mieux. 

    « Nous devons essayer des faire des choses radicales qui nous mettent mal à l’aise », dit Lisa Carr-Pries. « Nous devons être une communauté qui ressemble à un trampoline : il est souple, il nous rattrape avant d’être blessés et c’est amusant. » 

    Il y a des étapes dans les formes de pratique. Nous n’allons pas réussir immédiatement après avoir essayé. Il est possible de faire des erreurs et il est possible de les réparer. Et nous partons du principe que tout le monde ne sera pas d’accord. » dit Lisa Carr-Pries. 

    « La réparation et le pardon ne sont pas nécessairement la même chose. Épanouissement, réconciliation, retour aux sources, appartenance – ce sont des mots qui invitent à la transformation dans les communautés où nous les exerçons. » 

    « Si nous évitons de discuter de certains sujets et si nous limitons les conversations, nous agissons de façon très contre-productive. Au contraire, les espaces mondiaux devraient précisément nous aider dans notre processus de renouveau : comprendre que les frères et sœurs dans la foi vivant dans différents contextes auront d’autres façons de contribuer à nos propres luttes et à nos propres questions sur ce que signifie être une église », dit Andrés Pacheco Lozano. 

    « Nous allons devoir faire des progrès pour accepter qu’il peut y avoir plusieurs vérités en même temps », déclare Lisa Carr-Pries. « Cela ne veut pas dire être tièdes ou de ne pas se prononcer. » 

    Aujourd’hui, l’Église fait face à de multiples difficultés, que ce soient les divisions internes jusqu’à l’urgence climatique dans le monde. La crise révèle le besoin de renouveau – et éviter de faire face à tous les défis est en soi de la violence. 

    Idéalement, le CMM devrait créer des espaces, des opportunités et des conditions pour que des relations se développent et aussi pour avoir des conversations difficiles et ainsi être transformés. 

    « L’Église est comme un système vivant. Un système qui n’a pas d’échange avec l’environnement qui l’entoure est immobilisé. Il meurt à long terme. Nous devons tirer les leçons de notre héritage sur la paix et la résolution des conflits. Nier les conflits n’est pas la solution. Mais si on les aborde convenablement, ils peuvent conduire à la transformation non seulement des opinions, mais aussi des relations, pour notre plus grand bien. » 

    « Il n’est pas facile d’être assis dans une pièce avec des personnes qui ont des expériences différentes ou qui interprètent théologiquement et ecclésiologiquement des expériences similaires autrement » dit Andrés Pacheco Lozano. « Mais, comme dans une famille, quand vous êtes à table, vous parlez aussi des choses difficiles. En mettant de côté certaines des dynamiques de pouvoir liées à la métaphore familiale, les repas permettent de partager à la fois des joies et des sujets difficiles, fréquemment espérons-le, et où nous pouvons aborder des questions autrement. » 

    « Nous devrions être encouragés, remis en question, transformés et renouvelés par la façon dont nous apprenons de nos frères et sœurs dans d’autres parties du monde. C’est ce qui est beau et malaisé en même temps. Peut-être que la diversité est ce qui nous en donne la possibilité. La CMM donne des opportunités de croissance » dit Andrés Pacheco Lozano. 

    « Il y a beaucoup de raisons d’espérer. La CMM est un exemple de la manière dont on peut franchir les barrières culturelles, nationales et aussi théologiques, et être toujours une seule communion », déclare Henk Stenvers. « Notre défi est d’être ouvert ; changer même si nous ne savons pas ce que ce changement apportera. Quand le Christ nous demande d’être un, la seule manière de l’être, c’est dans l’espérance et la confiance en Dieu. » 

    Anne Marie Stoner-Eby, ‚ÄúBuilding a Church Locally and Globally: The Ministry of Zedekiah Marwa Kisare, First African Bishop of the Tanzanian Mennonite Church,‚Äù Journal Biographique Des Chrétiens d’Afrique 7, no. 2 (July 2022): 26. 
    Festo Kivengere y Dorothy Smoker, Revolutionary Love (Moscow, Idaho: Community Christian Ministries, 2018). 
    David W. Shenk, Justice, Reconciliation and Peace in Africa, Revised edition (Nairobi: ‘Uzima Press’, 1997) see also; Festo Kivengere, ‚ÄúForce and Power‚Äù, in Justice, Reconciliation and Peace in Africa, by David W. Shenk, Revised edition (Nairobi: Uzima Press, 1997), 169–72.


    Nous avons interrogé les responsables de la CMM sur ‘Renouveau’. 

    • Comment pourrions-nous, en tant qu’anabaptistes-mennonites, rechercher le renouveau à ce stade de notre histoire ? 
      • Quels changements devrions-nous peut-être apporter ? 
      • Quels risques devons-nous être prêts à prendre ? 
      • Pouvons-nous être aussi radicaux que l’étaient les premiers anabaptistes en leur temps ? Voudrions-nous l’être ? 
      • Le renouveau est généralement perturbateur, mais peut-il être non violent ? 
    • De quelles stratégies ou positions avons-nous besoin pour relever le défi d’être une famille anabaptiste mondiale unie aujourd’hui ? 

    Qu’en pensez-vous ? 

    Joignez-vous à notre conversation ! Ajoutez vos propres réflexions ci-dessous ou envoyez-nous un courriel (info@mwc-cmm.org). 

    Contributeurs : 

    • Andrés Pacheco Lozano, Commission Paix, secrétaire (Colombie/Pays-Bas) 
    • Anicka Fast, Commission Foi & Vie, secrétaire (Canada/Pays-Bas/Burkina Faso) 
    • Andi Santoso, Commission Diacres, président (Indonésie/États-Unis) 
    • Henk Stenvers, Comité Exécutif, président (Pays-Bas) 
    • Lisa Carr-Pries, Comité exécutif, vice-présidente (Canada) 
    • Sunoko Lin, Comité Exécutif, trésorier (Indonésie/États-Unis) 
    • Thomas R Yoder Neufeld, Commission Foi & Vie, président (Canada) 
    • Tigist Tesfaye, Commission Diacres, secrétaire (Éthiopie) 

  • France

    Après l’été dernier, on ne pouvait plus le nier. On y était. Ce fut une année très sèche en France, et cela a été ainsi depuis plusieurs années. On voit que les gens sont de plus en plus conscients du changement climatique. Maintenant, cela commence à les affecter. 

    Et pourtant, Il y a encore tant à en dire.

    Cela devrait être un problème prioritaire. Tous les aspects de nos vies en sont affectés et il ne s’agit pas seulement de la création ; il s’agit de nous qui vivons dans cette création. Il s’agit de nos voisins, ceux qui sont proches et ceux qui sont plus lointains, dans le monde entier. 

    Aujourd’hui, nos choix ont le potentiel de changer les choses dans un sens ou dans l’autre. 

    Dans mon travail avec LightclubberZ, un ministère de ‘Joie et Vie’ utilisant les arts, nous ne parlons pas seulement du changement climatique, nous utilisons l’art pour l’exprimer. 

    L’Association des Églises Évangéliques Mennonites de France collabore avec d’autres églises en France dans le cadre de cette organisation missionnaire. Mon travail s’adresse aux jeunes – adolescents et jeunes. En utilisant la danse, la musique, la peinture vivante, le théâtre et le piétinement, nous créons un art qui annonce la bonne nouvelle.  

    Une joyeuse simplicité 

    Bien que nos créations puissent être assez complexes, j’ai été récemment influencé par le concept de simplicité. Je l’ai découvert en lisant ‘La Sobriété heureuse’ de l’écologiste laïc Pierre Rabhi. Mais alors, bien sûr, j’ai aussi trouvé que c’était un message central de Jésus : « n’accumulez pas de richesses ; regardez les oiseaux, regardez la nature ; regardez comment Dieu pourvoit ; limitez-vous à ce dont vous avez besoin, n’ayez pas de choses superficielles » (Matthieu 6/19-34). C’est un grand thème de l’Évangile et de la Bible. 

    En tant que mennonite, je me sens très proche de cette approche. Malheureusement, bien qu’elle soit ancrée dans la Bible et dans la théologie anabaptiste, nous ne l’avons pas vraiment intégrée dans notre pratique quotidienne. 

    Alors, avec les jeunes de LightclubberZ, nous avons écrit ensemble une chanson sur la simplicité. 

    L’ingénieur français Jean-Marc Jancovici souligne que les problèmes techniques du changement climatique ne sont pas ce qui est le plus difficile. Ce sont les aspects culturels qui posent problème : changer les cœurs et les esprits des gens, ou simplement changer leurs habitudes. 

    Ê travers des chansons, des danses et des œuvres d’art, les jeunes de LightclubberZ apprennent à changer leur façon de voir. L’une des forces de l’art est qu’il nous aide à recevoir des informations autrement. Plutôt que d’utiliser notre esprit, nous apprenons par notre corps, notre cœur, nos sentiments.  

    Développer des valeurs dans la communauté 

    Suivant nos convictions mennonites, nous nous rassemblons dans une petite communauté où il est possible de développer des valeurs. Nous rassembler pour faire de l’art est une façon de voir le Royaume de Dieu venir parmi nous. 

    Dieu n’a pas besoin de nous, mais il nous invite à participer à son œuvre dans le monde. Lorsque je travaille avec LightclubberZ, j’ai l’impression de participer un peu à l’œuvre de Dieu à tous les niveaux. 

    Nous sommes des animaux sociaux, nous avons besoin de l’influence des autres. Nous voyons vraiment des changements dans nos vies lorsque nous avons une expérience de vécu commun, pas seulement lorsque nous nous rencontrons, faisons un spectacle et rentrons chez nous. Cela se passe pendant nos camps d’été ou nos tournées, lorsque nous vivons en communauté pendant des jours ou des semaines ensemble. Après les expériences de confinement dues au COVID, il est tellement évident que nous avons besoin de vraies relations pour être influencés dans le bon sens. Nous avons besoin de l’église et d’une vraie communauté de vraies personnes pour nous rapprocher de ce que Jésus nous demande. 

    La Bible est vraiment en avance sur son temps. La théologie anabaptiste interprète toute l’histoire comme une recherche de shalom. L’Évangile n’est pas seulement pour les individus, ni même pour la communauté, mais aussi pour toute la création de Dieu. Ce thème du shalom est présent depuis le tout début de la création – et il inclut le monde naturel tout autant que les êtres humains. 

    C’est un message prophétique que nous devons apporter à un monde où tout tourne autour de l’individu. 

    Notre devise à l’association LightclubberZ est « Faire du beau pour faire du bien » : faire du beau afin de faire du bien. Dieu nous a donné l’exemple dans la création, et Jésus a continué à nous montrer comment le vivre. Travaillons-y ensemble.

    Ephraïm Goldschmidt est membre de l’église mennonite d’Altkirch et directeur de LightclubberZ avec ‘Joie et Vie’. Il vit à Mulhouse (France).