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  • La Conférence Mennonite Mondiale à 100 ans ! 

    Nous avons parfois tendance à penser qu’il faut commencer par définir une doctrine juste et, de là, passer à la pratique. D’abord l’Écriture, ensuite l’action. Mais à bien des égards — dans notre histoire et dans notre réalité actuelle — l’expérience nous pousse à faire de la théologie pour donner un sens à ce qui est en train de se passer. 

    Prenons l’exemple du Concile de Jérusalem. Ses participants se posaient la question suivante : « Pouvons-nous inclure les païens ou non ? » 

    La Bible de l’époque n’était pas claire à ce sujet. 

    Mais en voyant que des païens recevaient le Saint-Esprit, l’Église a été poussée à réfléchir d’une nouvelle manière, sans pour autant contredire ses fondements. 

    Leur expérience les a amenés à interroger les Écritures et à développer de nouvelles compréhensions. 

    En tant qu’anabaptistes, notre histoire a mis l’accent sur l’assemblée locale et sur sa centralité en tant qu’avant-goût du royaume de Dieu. 

    Mais cela ne nous aide pas à répondre à la question de savoir s’il est nécessaire d’avoir d’une union d’églises régionale ou mondiale. 

    Au début de la CMM, c’est le vécu qui a poussé les églises mennonites à imaginer un organisme mondial. 

    Peux-tu nous donner des exemples de points communs entre aujourd’hui et les tendances d’il y a 100 ans, lorsque la CMM a été créée ? 

    Il y avait une pandémie mondiale à l’époque. De nombreux pays venaient de traverser la Première Guerre mondiale. Il y a bien sûr eu des répercussions financières qui ont poussé les gouvernements à chercher un bouc émissaire : qui allons-nous blâmer pour cela ? Cette situation a donc joué un rôle important dans la montée du nationalisme en Europe. 

    Nos églises furent également touchées par la révolution russe et les violentes persécutions qui s’ensuivirent dans la région de l’Ukraine, où se trouvait une grande partie d’entre elles à l’époque. 

    Avec ce mélange de nationalisme, de différences culturelles, de langues, de violences récentes et plus anciennes entre leurs pays, il était difficile pour les responsables des églises mennonites en 1925 de penser à l’unité. 

    Certains spiritualisent l’idée d’unité et disent : Nous serons un au ciel… 

    Ou encore : Oui, nous nous battons violemment les uns contre les autres, mais nous restons unis dans l’esprit.  

    Aujourd’hui comme hier, certaines églises se méfient des autres chrétiens, même à l’intérieur d’une même famille dénominationnelle. 

    Mais ce n’est pas ce que dit la Bible. 

    La Bible parle de l’unité d’une manière très pratique, visible même pour le monde. Il y a un degré d’unité qui relève du miracle. 

    Le fondateur de la CMM, Christian Neff et d’autres ont parlé et écrit sur le besoin de créer un organisme mondial déjà avant 1925, mais il n’a pas été facile de surmonter la méfiance. 

    Finalement, Christian Neff trouva une bonne excuse pour rassembler les gens : célébrons les 400 ans du mouvement anabaptiste ! 

    C’est dans ce contexte que l’église d’Ukraine envoya une lettre aux participants de ce premier rassemblement mondial anabaptiste, demandant la création d’un organisme mondial qui coordonnerait le travail de formation et de mission, et aussi soutiendrait les Églises persécutées et souffrantes. 

    Lorsque les responsables d’églises se sont réunis, cette expérience d’être ensemble leur a ouvert les yeux sur la nécessité d’une communion qui montrerait que notre identité essentielle n’est pas politique, ni un État national, ni même une culture. La source de notre identité est Jésus. 

    Le contexte d’alors était très similaire à celui d’aujourd’hui, après une pandémie, dans un contexte de montée du nationalisme et de la souffrance due à la violence et à la persécution. 

    Il est intéressant et triste à la fois de voir comment l’histoire se répète. 

    Ce qui a changé, c’est que cette expérience nous a invités à réfléchir sur le plan théologique. Voulons-nous être unis uniquement pour des raisons pragmatiques ou parce que la manière dont nous comprenons l’Évangile l’exige ? 

    Quels ont été les moments clés où nous avons cherché à devenir réellement mondiaux ? 

    Pour être une famille mondiale, nous avons besoin de différents niveaux de réconciliation et de pardon pour les divisions que nous avons connues dans le passé. 

    Nous n’étions pas prêts à penser de cette manière il y a 80 ans. 

    Au début, les responsables ont dit qu’il fallait se contenter d’une Assemblée. Et c’est ce qui s’est passé pendant les 40 ou 50 premières années. 

    Mais de plus en plus d’Églises du Sud sont devenues membres. Et les églises qui souffrent voient avec plus de clarté la nécessité d’une Église mondiale. On ne peut pas faire face seul à une persécution violente ou à une catastrophe naturelle. 

    Dans les années 1970, des présidents issus du monde entier ont commencé à être nommés. Au sein du Comité Exécutif, C. J. Dyck dit que, si nous voulons que la CMM continue, elle doit être plus qu’un rassemblement mondial. Elle doit être une partie de la mission à laquelle les mennonites sont appelés dans ce monde, un lieu où ils clarifient le sens de la foi dans leurs divers contextes culturels. 

    Cette vision est le résultat, entre autres, de l’apport des églises du Sud qui demandaient plus d’interdépendance. 

    Ces expériences ont fait évoluer la compréhension théologique d’une Église qui dépasse les portes de notre assemblée locale. 

    Sommes-nous là où nous devrions être ? 

    Je pense que nous allons dans la bonne direction, mais nous sommes confrontés à des défis théologiques dès lors que nous parlons de l’Église mondiale. 

    De nombreux responsables et pasteurs de notre Église mondiale commencent tout juste à avoir une idée claire de l’unité. 

    Trop souvent, notre compréhension de la pureté dans notre tradition anabaptiste nous a poussés à nous fragmenter parce que nous pensons que, pour être saints ou purs, nous devons nous séparer de ceux que nous estimons ne pas l’être. 

    Notre histoire de divisions exige une véritable réconciliation. Certaines blessures historiques n’ont pas été guéries et nous continuons à observer certaines divisions au quotidien. 

    Les problèmes du racisme et du colonialisme sont toujours présents. Certains pans de l’Église ont tendance à prendre des décisions sans consulter les autres et à imposer leur point de vue. 

    Le fait de privilégier nos propres intérêts au détriment de ceux des autres pose problème, comme de dire que nous devons d’abord protéger notre budget avant de penser aux autres églises. 

    En outre, nous avons des ambitions et le désir de contrôler, de dominer et de conquérir les autres. 

    Les royaumes du monde nous attirent beaucoup. Nous aimons nous sentir supérieurs aux autres groupes. 

    Mais Dieu nous invite à avoir une vie qui contraste avec les royaumes du monde. Le royaume de Dieu est une véritable alternative. Nous devons reconnaître que nous avons besoin de la puissance de l’Esprit Saint. 

    500@Anabaptism at South Korea
    500th Anabaptist Anniversary

    Qu’entendons-nous par unité ? 

    Nous devons comprendre que l’unité ne signifie pas nécessairement l’absence de conflit. La véritable unité implique que différents fragments et différents modèles forment un tout. 

    Par définition, l’unité implique la diversité, car s’il n’y a pas de diversité d’opinions, de culture, de théologie ou de vécu, il n’y a pas lieu de parler d’unité puisque tout le monde croit la même chose. Le contraire de l’unité n’est pas la diversité, c’est l’uniformité. 

    En tant qu’Église de paix, nous savons que le problème n’est pas d’avoir des conflits. Le problème, c’est la façon dont nous gérons ces conflits. 

    Il est impossible d’avoir une relation saine sans conflit. 

    Aujourd’hui, beaucoup d’églises de la CMM sont le résultat d’une scission avec d’autres églises. Le fait que le temps ait passé ne change rien au fait qu’il s’agissait d’une division interne. 

    Au sein de la CMM, nous essayons d’encourager les églises à rester ensemble autant que possible et à ne pas se diviser. 

    Cependant, la séparation est parfois nécessaire parce qu’il y a un degré de désaccord tel qu’il n’est pas possible de le résoudre, en raison de la nature de notre cœur. Dieu nous permet un certain niveau de distanciation, et nous pouvons toujours faire partie de la famille mondiale à condition de respecter nos différences, même si nous ne partageons pas la même position sur un sujet donné. 

    Cela implique la volonté de guérir les blessures. Les deux parties doivent s’efforcer de guérir les rancœurs et d’éviter de se haïr. 

    Là encore, ce sont nos expériences qui nous poussent à réfléchir théologiquement à l’unité. 

    En quoi le thème ‘Le Courage d’Aimer’ guide-t-il et façonne-t-il notre réflexion autour de cet anniversaire ? 

    Je pense qu’il s’agit là d’un sujet crucial et pertinent pour le monde politique d’aujourd’hui, où tant de gens sont brutalisés et intimidés et brutalisent les autres. 

    Il y a beaucoup de causes, d’actions et de revendications justes. De nombreuses personnes disent : « Nous avons le droit de défendre notre terre. Nous avons le droit d’exiger que ces agresseurs cessent leurs agressions. » 

    Mais existe-t-il une possibilité de faire autre chose que de revendiquer ses droits ? 

    Je pense que Jésus nous invite à emprunter un autre chemin. 

    Dire « Je veux mettre mes droits de côté et aimer » demande un rare courage. 

    Ce n’est pas une attitude passive. Cela implique d’avoir une réponse très intentionnelle, voire assertive, qui cherche le bénéfice de l’autre, qui cherche même le bien-être de l’agresseur. 

    Le courage d’aimer que nos prédécesseurs ont découvert il y a 500 ans n’était pas nouveau. Dieu nous invite à le faire depuis le début de l’histoire de l’humanité. 

    Le courage d’aimer implique également de se libérer de la peur (1 Jean 4.18). 

    Je perçois que de nombreux responsables agissent par peur : peur d’être contaminés, peur d’être influencés, peur du changement. 

    Lorsque l’amour est parfait, on peut parler de n’importe quel sujet difficile sans craindre de perdre quelque chose. 

    Il n’y a pas de fragmentation, d’excommunication ou de condamnation mutuelle, mais du respect pour les convictions fortes. 

    Comme l’a dit Augustin d’Hippone, le péché peut se définir comme l’égocentrisme. L’amour est donc le contraire de cela. 

    Quand on aime, on s’ouvre aux autres et il n’y a pas de place pour la peur. 

    Une partie de la mission de la CMM est d’établir des relations avec d’autres communions. En quoi cette expérience t’a-t-elle façonné ? 

    Si vous n’avez pas de relations avec d’autres chrétiens, vous risquez d’avoir une idée très étroite de ce qu’est l’Église chrétienne. 

    Étant un organisme mondial, la CMM a la capacité de nous représenter en tant qu’entité auprès d’autres Églises. 

    Lorsque vous avez une identité claire et que vous vivez vos valeurs, les expériences avec d’autres Églises peuvent être immensément riches et transformatrices. Vous pouvez alors apprendre des autres et partager vos valeurs. 

    Cela ne veut pas dire que c’est facile. Par exemple, à la Conférence des secrétaires des communions chrétiennes mondiales, il y avait 21 entités mondiales représentées. Comme vous pouvez l’imaginer, la diversité est énorme. 

    Pour certaines d’entre elles, il existe un passé compliqué de persécutions et de condamnations mutuelles. Pour d’autres, il n’y a même pas de relations. 

    Et bien sûr, la compréhension qu’ont ces Églises sur de nombreux sujets, tels que la gouvernance et la hiérarchie est très différente. 

    C’était donc un défi de réfléchir à la manière de représenter la CMM. Comment est-ce que je dois réagir face aux défis ? Il y a des réunions où les sujets sont si controversés que les discussions deviennent très vives. 

    Mais avec le temps, j’ai commencé à voir que les défis que présente une communion sont très similaires à ceux d’une autre communion. 

    Et les relations ont commencé à s’approfondir. Cela m’a aidé à apprécier les personnes avant les doctrines ou les différences doctrinales. 

    Je me souviens d’une réunion où il y avait plusieurs secrétaires généraux à un repas. 

    L’un d’eux a dit à l’autre : « Vous connaissant, je pense de manière tellement similaire à vous que je serais d’accord pour faire partie de votre Église » et l’autre a répondu :« Je pourrais aussi être membre de votre Église ». 

    Ces expériences façonnent donc votre façon de comprendre les Écritures et vous transforment en cours de route. 

    Prayer group in Peru
    500 years of Anabaptism celebration in Peru

    Comment la CMM peut-elle évoluer fidèlement pour devenir une communion forte et revivifiée, capable de relever les défis d’un avenir qui pourrait être très différent ? 

    Je dirais que, si nous continuons sur la même voie, nous serons résilients : 

    • construire une communion mondiale, 
    • rechercher l’interdépendance, 
    • prendre des décisions par consensus, 
    • se consulter les uns les autres, 
    • avoir de bons responsables, 
    • entretenir de bonnes relations avec les autres membres de la famille anabaptiste, 
    • établir de bonnes relations avec d’autres communions mondiales,
    • guérir les mémoires à l’intérieur et à l’extérieur. 

    Mais, bien sûr, nous devons aussi avoir le courage de reconnaître nos propres faiblesses. 

    Nous avons parfois une approche triomphaliste de la mission et de l’implantation d’églises, de l’action sociale et du développement, de notre impact sur le commerce et de la construction de la paix. 

    Bien sûr, il est bon de reconnaître le travail que nous avons accompli. Mais il est également bon de reconnaître toutes nos faiblesses. 

    Nous devons nous rendre compte de la quantité de travail qui fait double emploi en matière d’implantation d’églises, de l’omniprésence du colonialisme dans notre travail et du paternalisme qui subsiste dans nos organismes missionnaires. 

    Et être conscient aussi du bien accompli par notre engagement et, tout en sachant combien de personnes nous avons blessées dans ce processus. 

    Il est également crucial de nous regarder avec humilité et de voir à quel point nous sommes petits par rapport aux autres communions mondiales. 

    Ainsi, pour être une Église résiliente et pleine d’espoir pour l’avenir, nous devons reconnaître les domaines sur lesquels nous devons travailler. 

    Une communion forte est une communion capable de parler de ses différences avec amour. 

    ‘Le courage d’aimer’ : l’amour nous donne l’ouverture d’esprit et le courage de faire des choses difficiles. 

    Secrétaire General de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM) depuis 2012, César García, mennonite colombien et canadien s’est entretenu avec la rédactrice de Courrier, Karla Braun, à propos des 100 ans de la CMM et du Courage d’Aimer. Cet entretien a été édité pour des raisons de concision et de clarté. 

    AWFS group photo Netherlands
  • Courrier : Perspectives

    Amérique latine : Paraguay

    La mission de l’ASCIM (Association de Services de Coopération Indigène-Mennonite ; Associacion De Servicios De Cooperacion Indigena – Ménonita) est de promouvoir la croissance socio-économique des communautés indigènes par le biais de partenariats dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’économie et d’une aide socio-spirituelle, en vue d’une coexistence interculturelle harmonieuse. L’ASCIM est née des efforts d’évangélisation et de coopération de trois colonies mennonites allemandes et de leurs voisins Enhlet et Nivaclé à Yalve Sanga dans le Chaco, à l’ouest du Paraguay. Elle a été officiellement fondée en 1978. L’ASCIM est membre du Réseau Anabaptiste Mondial d’Entraide (GASN). 

    La population du Chaco central du Paraguay étant multiculturelle, il est évident que la paix dans cette région ne peut être maintenue que par la coopération. Si le fossé entre ceux qui sont économiquement plus faibles et ceux qui sont économiquement plus forts se creuse trop, il est prévisible que des conflits sociaux surgissent. C’est pourquoi l’ASCIM, fondée sur la foi chrétienne, s’engage à faire en sorte que les habitants de cette région vivent dans une coexistence coopérative.  

    Car si Dieu a donné à chacun la dignité, personne ne doit donc être laissé pour compte ; les besoins fondamentaux de chacun doivent être satisfaits afin d’assurer une coexistence harmonieuse. 

    L’ASCIM propose des programmes de partenariat dans les domaines de l’éducation, de la santé, des affaires et d’une aide socio-spirituelle. En travaillant ensemble en tant que partenaires dans les différents domaines de la vie, les gens se découvrent, apprennent à se connaître et à s’apprécier, discutent et planifient ensemble. Il ne s’agit pas de petits projets temporaires, mais d’une coopération à long terme au service de la paix. 

    Un accident révèle une maladie 

    Si vous aviez vu cette femme de 50 ans, de la communauté Nivaclé de Nicha Toyisch, vous auriez pu penser qu’elle avait 70 ans. Cette femme, appelons-la Lisa, conduisait une moto. Son gros orteil gauche s’est coincé entre la chaîne et la roue dentée alors qu’elle conduisait, et l’orteil a été complètement arraché de son pied.  

    Le gros orteil n’est pas seulement le plus gros des orteils, c’est aussi le plus important pour la marche.  

    Lisa a été transportée à l’hôpital par camioneta (petit camion), mais n’a pas pu payer une opération dans un hôpital privé. Elle est arrivée à Yalve Sanga à 18 heures, avec une hémorragie et de fortes douleurs. Il y avait une plaie ouverte à l’endroit où aurait dû se trouver le gros orteil. 

    Nous nous sommes mis au travail avec les moyens du bord. Nous lui avons administré une anesthésie locale, pendant laquelle les infirmières lui ont posé une intraveineuse, par laquelle elle a également reçu des analgésiques. Dans un calme relatif, nous avons ensuite pu laver la plaie, déjà moins douloureuse, à l’aide d’un désinfectant, pour éviter tout risque d’infection. Nous avons ensuite arrêté l’hémorragie. Nous avons tiré la peau restante sur la plaie ouverte autant que possible et l’avons recousue pour qu’elle ne saigne plus et qu’elle puisse cicatriser (même si cela peut prendre beaucoup de temps) et mis un pansement.  

    Lisa a été hospitalisée et a reçu des antibiotiques, des analgésiques et des vaccins contre le tétanos. Son fils adulte, qui vit toujours chez elle, était très inquiet. Il l’a accompagnée tout au long de la procédure.  

    Cependant, nous avons remarqué que Lisa avait peut-être d’autres problèmes de santé. Normalement, les patients plus âgés profitent de l’hospitalisation pour manger plus sainement. Dans le cas de Lisa, le personnel soignant a remarqué qu’elle laissait beaucoup de nourriture dans son assiette. 

    En outre, elle présentait une toux persistante que les infirmières ont trouvée suspecte. Les expectorations ont été examinées à la recherche de tuberculose, et il s’est avéré que le plus grand ennemi de Lisa était le bacille de la tuberculose, et non l’orteil amputé. 

    Nous avons donc commencé à traiter la tuberculose. Lisa a continué à recevoir des soins quotidiens pour sa plaie, et le régime riche en protéines a commencé à avoir meilleur goût. 

    Au bout de dix jours, elle s’était suffisamment rétablie pour pouvoir sortir de l’hôpital. La plaie avait encore besoin d’un peu de temps pour guérir, mais elle était capable de se déplacer à la maison à l’aide d’une canne. L’agent de santé communautaire de Nicha Toyisch, formé par l’ASCIM, et l’infirmière qui se rend chaque semaine dans le campement se sont chargés de changer régulièrement les pansements. 

    Au bout de deux mois environ, le pied était guéri et au bout de six mois, le traitement contre la tuberculose était terminé. 

    (écrit par le Dr Richard Wiens, médecin en chef du Sanatorium ASCIM) 

    Cette histoire montre notre impact sur la vie de quelqu’un dans le cadre de notre travail pratique à long terme. 

    Dans le domaine de l’éducation, nous proposons des formations pour les enseignants. Dans le secteur de la santé, nous assurons la formation et l’accompagnement du personnel de santé, ainsi que les soins préventifs, les consultations et, si nécessaire, les transferts de patients. Nous collaborons avec les conseils d’administration des colonies pour l’estimation des coûts, nous donnons des conseils en matière d’élevage et d’agriculture et nous proposons des formations en comptabilité. Nous proposons une formation socio-spirituelle aux femmes. Nous fournissons du matériel pédagogique pour les jardins d’enfants et formons des enseignants indigènes. Des services volontaires sont disponibles sur recommandation de l’église d’origine.  

    Dans l’ensemble, nous croyons que notre travail est holistique et qu’il contribue à la paix. 

    Gloire à Dieu ! 

    – Heinrich Dyck Harder est le vice-directeur de l’ASCIM (Associacion De Servicios De Cooperacion Indigena – Menonita) à Yalve Sanga, au Paraguay.  

    Site web : ASCIM.org 

    Meeting of CEA graduates
  • Courrier : Perspectives

    Europe : Espagne

    AMyHCE (Anabautistas, Menonitas y Hermanos en Cristo / anabaptistes, mennonites et Frères en Christ) est un petit mouvement d’églises de tradition anabaptiste qui est devenu une fédération unique au sein de la FEREDE. Cette fédération d’églises évangéliques aide à la reconnaissance de nos églises dans le cadre juridique espagnol. Pour donner quelques exemples, cela permet aux mariages célébrés dans nos églises d’avoir une validité juridique ; nous avons l’autorisation de proposer une assistance dans les prisons et une aumônerie d’hôpital ; et à Burgos, le conseil municipal a donné un terrain pour y construire un lieu de rencontre. 

    Nous sommes rattachés à la CMM depuis le début, ce qui nous a permis d’être visibles auprès de nos églises sœurs en Europe et ailleurs. Devenir une fédération nationale est utile, mais en outre, la CMM nous donne le sentiment précieux d’appartenir à une véritable église ayant une identité anabaptiste mondiale. AMyHCE est membre de la Fraternité Missionnaire Mondiale (GMF). 

    Nous étions très peu nombreux lorsque nous avons commencé à nous appeler mennonites ou anabaptistes en Espagne. Nous nous sommes regroupés pour nouer des relations, interagir assez régulièrement et explorer des questions communes. 

    C’est ainsi qu’est née la EME, (Rencontre Mennonite Espagnole), qui a lieu tous les deux ans pour mieux se connaître, près de la paroisse qui l’organise. Tous les membres qui le souhaitent peuvent y participer et certains viennent d’autres pays. 

    Pendant deux ou trois jours bien remplis, nous découvrons les cuisines régionales et différents styles de culte ; nous avons un thème, un intervenant et nous nous mélangeons dans des groupes de discussion ; nous avons des ateliers, nous écoutons des témoignages et un prédicateur le dimanche ; nous renforçons notre amitié, et nous faisons un peu de tourisme. 

    Cette remarquable diversité nous enrichit et nous stimule pour grandir dans l’amour. Nous nous efforçons à suivre Jésus et le Saint-Esprit nous surprend et nous émerveille sans cesse. 

    Un large éventail de missions 

    L’assemblée mennonite de Barcelone reste petite, mais un noyau offre des logements à des migrants. 

    Depuis des décennies, nous travaillons avec trois paroisses Frères en Christ qui ont un centre de mission aux environs de Madrid, et un autre maintenant dans les Asturies.  

    L’église « évangélique » de Vigo a un ministère parmi les Roms (anciennement appelés « gitans »).  

    L’église « anabaptiste » de Burgos est beaucoup plus grande, avec un centre missionnaire dans une autre ville, et est en train de changer de génération. En 1999, elle a créé La Casa Grande au Bénin : un foyer pour enfants abandonnés, qui permet à de nombreux enfants de la région de recevoir une éducation.

    Une forte immigration en Espagne a amené des frères et sœurs des églises ‘Amor Viviente’ au Honduras (fondées par des missionnaires de Eastern Mennonite Board of Missions) qui nous encouragent, car ils ont implanté une demi-douzaine d’églises et continuent à faire de la formation et à avoir de nouveaux centres missionnaires. 

    CTK (Centre Théologique Koinonia) a été créé par des responsables de Madrid et de Burgos qui souhaitaient en former d’autres. Certaines communautés ont fait appel au CTK pour étudier la Bible et la doctrine chrétienne avec une approche anabaptiste, tout en apprenant les fondements du ministère chrétien pour le service dans les églises. Les étudiants viennent de leur ville un samedi par mois, et ils créent une communauté par la dynamique des cours, en dialoguant en groupes et en partageant un repas.  

    Se connaître, c’est développer des relations d’amitié, quelle que soit la communauté à laquelle on appartient. 

    Le plus surprenant, c’est peut-être qu’une retraite annuelle favorise la communion fraternelle entre les pasteurs et les responsables de groupes aussi différents. Aucune structure ou formalité ne menace l’identité propre de chaque groupe. Nous invitons les missionnaires nouvellement arrivés à apprendre à nous connaître dans ce cadre.  

    Tout semble fragile et spontané, mais il y a un désir que l’Esprit de Dieu réponde aux besoins personnels. Oui, lors des réunions annuelles, les ordres du jour et les sujets sont discutés, mais c’est surtout un lieu où les responsables prient ensemble et parlent de leurs progrès et de leurs besoins avec une totale vulnérabilité, recevant la prière, l’amour et le soutien de leurs collègues. Nous rions et pleurons ensemble. Dernièrement, deux ou trois fois par an, nous nous réunissons sur Zoom pour maintenir une certaine communion. 

    Je ne peux m’empêcher de penser que tout ce qu’il y a de meilleur dans le royaume de Dieu est un don du Saint-Esprit. Lorsque je regarde en arrière, je vois clairement que ce qui est durable, c’est ce que Dieu initie et fait en nous et à travers nous. Tout ce que nous réalisons par nos propres forces ou avec nos talents humains risque de s’effondrer un jour. 

    Laissons donc Dieu être vraiment le protagoniste de nos vies et de nos actions, et choisissons de laisser l’Esprit agir en nous. Nous apprenons à être la famille de Dieu. 

    – Connie Bentson Byler a vécu en Espagne au service du Mennonite Mission Network (Réseau missionnaire mennonite) pendant quarante ans. Elle et Dennis Byler sont membres des Communautés anabaptistes Unies de Burgos, bien qu’ils vivent à deux heures de route depuis qu’ils ont pris leur retraite en2018. 

    Site internet : www.menonitas.org/ 

    EME (Spanish Mennonite Encounter) 2017 in Barcelona with 170 participants.
  • Courrier : Perspectives

    Afrique : Benin

    Casa Grande, en Benin, a été fondée par des missionnaires de l’église mennonite de Burgos en Espagne (Iglesia Evangélica Comunidades Unidas Anabautistas, qui fait partie de l’église membre de la CMM Anbautistas, Menonitas y Hermanos en Cristo – España), travaillant avec l’Institut Biblique du Bénin. Aujourd’hui, les partenaires sont Mennonite Mission Network, Mennonitiches Hilfswerk, Mennonite Men et d’autres. Casa Grande est membre du GASN. 

    C’est un plaisir de voir ce qu’accomplit ce Dieu merveilleux dont les enfants sont partout et dont l’amour se déverse sur tous, où qu’ils soient. 

    Casa Grande a commencé comme un foyer pour les enfants orphelins ou qui avaient besoin d’un soutien plus important que celui que leur famille pouvait leur apporter. Aujourd’hui, nous avons étendu nos activités à l’éducation (du primaire au secondaire) et à la formation professionnelle, tout en partageant la Parole de Dieu à travers ces différentes actions de développement dans les communautés. Les projets relatifs à l’agriculture, aux sources d’énergie propre de combustible solide et à la gestion des déchets comprennent une unité d’élevage de porcs, du charbon écologique à partir des déchets et la construction de latrines.  

    Notre ministère de l’éducation accorde une attention particulière aux filles qui subissent souvent des pressions pour abandonner l’école. En outre, des mesures de soutien d’accompagnement sont prévues pour les enfants handicapés et vulnérables. Le centre a recruté un physiothérapeute et un orthophoniste pour travailler avec ces enfants.  

    Notre travail de gestion et de valorisation des déchets, forme les femmes et les filles de la communauté à l’entretien et à l’utilisation des latrines et à la fabrication de combustible de cuisson et de compost amélioré à partir de déchets. 

    Lorsque vous voyez des rues bordées d’arbres dans la Commune d’Allada, cela signifie que la Casa Grande est proche. Notre quartier est différent des autres car les rues sont bordées d’arbres. C’est une démonstration de notre action de protection environnementale et un signe de notre lutte contre la déforestation.  

    Lorsque nous prenons en charge un enfant pour son éducation à l’école Les Leaders d’Afrique de la Casa Grande, les membres de sa famille sont impliqués. Les enfants bénéficiant de notre ministère et qui ont été directement touchés par notre travail d’appui scolaire en 2023 sont au nombre de 86, mais nous pouvons estimer le nombre de ceux qui sont indirectement touchés à près de 800. Pour estimer le nombre de personnes concernées, nous faisons une multiplication, car nous supposons que cet enfant a un père, une mère et un frère ou une sœur. En soutenant l’enfant, nous soulageons le fardeau des membres de la famille. 

    La fillette perdue 

    Lorsque sa famille a connu des temps difficiles, une fillette que nous nommons F de six ou sept ans a été envoyée chez une femme riche pour faire gagner de l’argent à sa tante. La fillette s’est rapidement enfuie. La police l’a retrouvée et l’a placée dans un centre. Cinq ans plus tard, elle est venue vivre avec nous à Casa Grande. 

    Nous avons entrepris de retrouver sa famille. Lorsque F nous a été confiée, nous nous sommes mis à la recherche de la famille de l’enfant. Nous avons passé de nombreuses nuits et nous avons parcouru beaucoup de kilomètres, allant d’un village à l’autre. 

    À près de 200 km de la Casa Grande, nous avons trouvé une famille qui nous a parlé d’une fillette perdue, une histoire semblable à la fillette de notre foyer. Nous avons écouté l’histoire de la séparation de l’enfant de sa famille. 

    Soudain, une jeune femme est sortie de la maison, ressemblant à notre fillette F, comme si elle était sa sœur aînée. Nous avons dit : « C’est notre enfant ! » Quelques instants après est apparue une femme qui ressemblait elle aussi à F et qui nous a raconté leur histoire. Elle nous a montré une photo de l’enfant qu’elle avait perdu et nous lui avons montré une photo de la fillette que nous avions trouvée. 

    Lorsque nous avons montré la photo à la mère, elle est sortie en courant et a fait le tour du village. Elle s’est mise à sauter de joie, s’est jeté par terre, pleurant et criant sa joie. « Gloire à Dieu. Dieu a retrouvé ma fille ! » Et ce fut un jour de fête ; le village est sorti en grand nombre pour nous entourer. 

    C’est donc une histoire qui a touché toute la communauté, et nous avons toujours une relation avec F que nous avons remise à sa maman. Toute la famille était très contente car la fillette perdue était retrouvée. 

    Tout le monde a sa place 

    Les gens n’aimaient pas que les enfants handicapés aillent à l’école avec les enfants en bonne santé. Mais grâce au projet de soutien aux enfants handicapés, nous avons créé l’inclusion, où les enfants en bonne santé et les enfants handicapés grandissent côte à côte et étudient dans la même classe.  

    Deux petits garçons ayant besoin de soins médicaux importants et dont les mères étaient célibataires nous ont été confiés.  

    L’un d’eux que nous allons nommer T a été confié à sa tante qui le négligeait. Il souffrait de grave malnutrition. En le regardant, on ne voyait que ses os. Un voisin a appelé la police qui l’a emmené à l’hôpital, mais la tante ne voulait pas payer. Un juge a donc émis une ordonnance de placement pour que T vienne chez nous.  

    Lorsque T nous a été confié, nous avons eu un peu peur, mais nous sommes très heureux que Dieu ait pu se servir de nous pour sauver la vie de cet enfant. Aujourd’hui, quand les gens viennent voir l’enfant, ils ne peuvent pas croire que c’est le même enfant. 

    Mais nous répondons que c’est bien lui !  

    L’autre a une mère qui est en prison et qui a des problèmes de santé mentale. Elle l’a jeté comme un vulgaire paquet, et le juge des enfants a ordonné que l’enfant que nous nommons P soit confié à nos soins.  

    Lorsque nous l’avons ramené à la maison il y a 10 mois, nous avons découvert qu’il était atteint d’un cas grave d’anémie falciforme, une maladie très difficile à soigner. Chaque mois nous passons des jours à l’hôpital avec P pour qu’il soit soigné, mais depuis près de 4 mois nous n’avons plus eu besoin d’aller à l’hôpital. 

    Nous avons prié et l’enfant se porte très bien aujourd’hui.  

    Sa maman est toujours en prison, alors nous prions avec P, nous méditons la Parole ensemble et nous aidons cet enfant à découvrir son avenir et à sentir la chaleur de l’amour de Dieu. 

    —Koissivi Bienvenu KADJA est le coordinateur national de La Casa Grande à Allarda, au Bénin, depuis 2019. Il a rejoint l’équipe en 2011 et a occupé plusieurs fonctions. 

    Site-web : casagrandebenin.org 

  • Le MDS est intervenu lors dune nouvelle inondation catastrophique à Barre, dans le Vermont, et dans ses environs, où des bénévoles ont nettoyé ou réparé plus de 50 maisons. Les femmes photographiées ont nettoyé la boue du sous-sol dune maison inondée par les eaux de larivière. Photographe : Brent Trumbo 

    Amérique du Nord : États-Unis

    Mennonite Disaster Service (Service mennonite de secours), qui intervient en cas de catastrophe en reconstruisant des maisons et en redonnant de l’espoir, fournit les moyens à des bénévoles pour aider les personnes sinistrées aux États-Unis et au Canada. Créé dans les années 1950 comme une mise en pratiques anabaptistes de l’entraide, le MDS est aujourd’hui respecté par les agences nationales de gestion de catastrophes dans les deux pays. En 2022-2023, le MDS comptait plus de 7 000 bénévoles — certains expérimentés dans le domaine de la construction, et d’autres totalement novices — venant des églises mennonites partenaires, d’autres églises ou d’aucune église, et issus de tout l’éventail anabaptiste en Amérique du Nord, des Amish Old Order aux mennonites urbains et férus de technologie. Le MDS est membre du réseau Anabaptiste Mondial d’Entraide. 

    Le 29 juillet 2024, Brent Trumbo, chef d’équipe à Barre, dans le Vermont (Etats-Unis), était aux côtés de volontaires mennonites Old Order de Dayton (Virginie) et du comté de Lancaster (Pennsylvanie). Ce volontaire de longue date de MDS est membre de l’église mennonite de Harrisonburg, en Virginie. 

    « J’ai été abasourdi quand j’ai vu ce qu’elles faisaient », dit-il. « Des femmes, pour la plupart âgées d’une vingtaine d’années, utilisaient des pelles pour remplir de boue des seaux de 20 litres, puis les portaient, un dans chaque main, hors du sous-sol d’une maison vieille de 200 ans qui avait été inondée par la boue de la rivière. » 

    « Elles portaient environ 18 kg dans chaque main. Elles ont fait cela pendant des heures, sans s’arrêter ni ralentir ». 

    Et elles chantaient tout en travaillant. « C’était incroyablement harmonieux », dit Brent Trumbo. « On aurait pu faire un enregistrement dans cette cave ! » 

    Il est émerveillé par la beauté de ces chants qui s’élevaient de la boue de cette cave. « C’était un environnement désagréable. Nous y avions installé des lumières temporaires, mais il faisait sombre. Ça ne sentait pas bon. » 

    Mais les conditions de travail ne semblaient pas du tout perturber les femmes. Il s’est donc mis au travail. 

    « J’essayais de suivre », dit Brent Trumbo, 65 ans. « J’ai dû prendre quelques ibuprofènes (antidouleurs) ». 

    Il se souvient avoir eu les larmes aux yeux lors de son dernier jour de travail, le 2 août 2024. 

    « Ces jeunes femmes travaillaient si dur. Elles étaient humbles. Elles étaient très amicales et venaient parler avec moi quelquefois pendant 20 minutes, très à l’aise », a-t-il déclaré. « Elles m’ont redonné espoir concernant la prochaine génération. C’est vraiment ce que je ressens. Je suis très ému lorsque j’en parle ». 

    Il ne se doutait pas que la photo qu’il avait prise des femmes aux robes boueuses serait vue par des milliers de personnes sur Facebook et Instagram. 

    « Les gens pensaient qu’il s’agissait de quelqu’un qui faisait preuve de créativité avec l’IA (intelligence artificielle) ! », dit Brent Trumbo, qui voudrait que les gens soient sûrs qu’il est vraiment un être humain ! 

    Qui n’est pas sur la photo ? Le propriétaire de la maison, un homme qui apportait périodiquement des collations et des boissons au sous-sol pour les bénévoles, et qui a été stupéfait en voyant le travail accompli. 

    « Alors que nous partions, j’ai remarqué qu’il était sorti dans la cour et qu’il s’était assis sur une chaise de jardin, et qu’il semblait pleurer », dit Brent Trumbo. « Je suis sûr qu’il était sous le choc. C’était un moment très émouvant. » 

    Cette histoire a été publiée pour la première fois sur le site web du MDS après que la photo ait paru sur les médias sociaux. 


    Une réflexion du directeur exécutif du MDS, Kevin King : 

    Fin août, j’ai passé plusieurs jours à Barre, dans le Vermont, pour visiter le projet du MDS et les communautés environnantes. J’ai rejoint des volontaires d’Arizona, de New York, de l’Illinois, de l’Ohio, de la Virginie, du Minnesota et de l’Indiana et j’ai écouté les survivants des inondations et les responsables des communautés locales. Trois inondations majeures ont touché le nord et le centre du Vermont au cours des 12 derniers mois. On m’a raconté comment, lorsque des orages éclatent, de nombreux habitants revivent le traumatisme et se demandent si une quatrième inondation va les frapper. 

    Un matin, au cours du petit-déjeuner, Dan Molind, pasteur baptiste local, a fait la remarque suivante : « Comme je suis béni de voir la grande variété de mennonites qui sont venus nettoyer et reconstruire grâce au MDS — des Amish aux progressistes. Comment est-ce possible ? » 

    J’ai répondu que c’était par compassion, par obéissance à la Parole et par reconnaissance envers Dieu. 

    En tant que communauté de foi anabaptiste, nous avons peut-être des différences, mais je constate toujours que les volontaires du MDS vivent leur unité dans le Christ en mettant leur foi en action. 

    Et je suis toujours encouragé. 

    Site web : mds.org 

  • Asie : Inde

    La « Little Flock Discipleship School » (l’École de Disciples du Petit troupeau) est un groupe de communautés situé à Uttar Medabari, dans le district d’Alipurduar, au Bengale occidental (Inde). En 1985, Little Flock a été créé par des églises évangéliques pour répondre à l’Ordre missionnaire [de Jésus] dans la partie nord du Bengale occidental. Cependant, au fur et à mesure que la mission se développait, la nécessité de former, d’équiper et d’envoyer des disciples dans des régions non atteintes est devenue évidente. La première promotion de la Little Flock Discipleship School, composée de 12 disciples, a commencé son travail en avril 2010 dans une maison louée dans le village de Bamanpara. La 14e promotion, diplômée en 2024, s’ajoutera aux 24 disciples aux 201 déjà formés.  

    Little Flock fait partie de l’Église missionnaire unie de l’Inde (BJCPM-Bharatiya Jukta Christa Prachar Mandali) et fonctionne en partenariat avec l’Église missionnaire de Nappanee. Little Flock est membre de la Fraternité Missionnaire Mondiale (GMF). 

    Little Flock est situé au pied des montagnes de l’Himalaya, entouré de paysages magnifiques — forêts et rivières, montagnes et cultures de thé — près de sept États indiens et bordant trois pays voisins : le Bhoutan, le Népal et le Bangladesh. 

    Nous nous sommes fixé les quatre objectifs suivants : 

    • #1. Former des disciples à l’image du Christ. 
    • #2. Équiper des disciples avec la Parole. 
    • #3. Impacter les vies grâce à des disciples efficaces. 
    • # 4 Multiplier les disciples. 

    Notre ministère comprend un centre de formation de disciples, des ateliers de formation de disciples, des centres de développement de l’enfant (écoles pour les enfants socialement, économiquement et politiquement marginalisés, dont les frais de scolarité et les repas sont payés), des centres de formation de base en informatique, des centres de prière et d’accompagnent, des campagnes de don du sang, des campagnes de soins ophtalmologiques et des festivals pour les enfants. 

    Après avoir étudié dans l’école de Little Flock, les étudiants comprennent mieux ce qu’ils doivent apprendre et comment servir. Ils poursuivent leur formation dans le domaine de la santé ou dans des instituts de théologie. D’autres organisations et dénominations envoient leurs agents de terrain se former pour le travail missionnaire.  

    Quelques témoignages : 

    Transformation sociale et spirituelle 

    Libéré de sa dépendance à la drogue par la puissance du Saint-Esprit lors d’une formation à Little Flock en 2018-2019, Saikhoram Reang est retourné dans son village de Gaurangapara, à Tripura. Il est très motivé pour travailler parmi les plus pauvres des enfants pauvres, privés de nourriture régulière, d’école, d’éducation et de soins parentaux.  

    Little Flock a aidé Saikhoram Reang à créer un centre de stimulation de l’enfant. Les enfants y apprennent des chansons, des sketches et ont des activités artistiques, tant bibliques que profanes. L’école a permis à des enfants qui avaient abandonné l’école de reprendre leurs études, aujourd’hui jusqu’au lycée. 

    Depuis 2020, Saikhoram Reang et son équipe sont une grande bénédiction pour éduquer, nourrir et former spirituellement 71 enfants.  

    De la timidité à l’intrépidité missionnaire 

    Lorsqu’il a rejoint Little Flock en 2014, Bibek Narjinary était extrêmement timide et introverti. Mais sa vie a été radicalement transformée. 

    En voyant sa motivation pour le travail missionnaire, Little Flock l’a envoyé étudier dans une école de théologie. Après avoir obtenu sa maîtrise, il a consacré sa vie à la création d’une école pour les enfants les plus défavorisés dans le village forestier de Nornoso à Karbi Anglong, en Assam.  

    Cet endroit n’a ni route, ni électricité, ni école, ni marché, ni église, pour les 400 enfants et leurs familles. Cette communauté ne connaît pas l’Évangile. « Je suis prêt à mourir pour l’évangile ici », déclare Bibek Narjinary.  

    L’esprit de foi et de grâce des intouchables 

    Les tribus Dimasa vivant dans les Collines du Nord Cachar, en Assam, sont farouchement opposées à l’Évangile. Les chrétiens, un groupe minuscule, sont considérés comme des « intouchables ». 

    Mais Gobilal Ponglo, qui a été formé à Little Flock en 2010, est retourné dans son village et a gardé une foi inébranlable malgré la persécution persistante de ses voisins. Il a contribué à la création de deux églises de maison et d’un centre pour les enfants dans le village.  

    Ce n’est pas un endroit facile pour vivre sa foi chrétienne, mais Dieu a été bon et bienveillant et les a protégés. 

    Un formateur pour être transformé 

    Disciple à Little Flock en 2011, Kripa Joy Reang est un missionnaire passionné travaillant dans les Collines du Nord Cachar. Il a le don d’établir de nouvelles antennes missionnaires dans les endroits les plus reculés de la région.  

    Lors de l’une de ses missions, il a rencontré Samson Reang à Dasta, au sud de Tripura, qui dirigeait une petite école maternelle pour les enfants réfugiés et pauvres. Kripa Joy Reang l’a formé pour élargir son champ d’action. C’est ainsi que Samson Reang a créé la Victory English School, avec un foyer et une chapelle. 

    Cette école est un outil de transformation sociale, éducative, économique et spirituelle où 200 élèves étudient de la maternelle à la cinquième année. 

    Au-delà des frontières 

    Amrit Kujur, un Adivasi qui a été formé en 2010, a joué un rôle déterminant dans l’aide apportée au missionnaire de Little Flock dans l’est du Népal. Amrit Kujur a créé des communautés de maison dans les plantations de thé de Tokla. 

    Faire grandir la foi dans les forêts 

    Un autre évangéliste Adivasi, Chotelal Oraon et sa femme Filmita Oraon, continuent de travailler pour établir le royaume de Dieu dans les villages forestiers du nord du Bengale. Depuis qu’ils sont venus à Christ en 2010, ils ont fondé deux églises. 

    Dans le village de Lothabari, où ils ont créé une maison communautaire, il y a maintenant un petit bâtiment d’église pour accueillir l’assemblée. 

    Au cours de la dernière décennie, l’Inde a connu une renaissance parmi les religions majoritaires. Nous avons été confrontés à de nombreux défis dans notre travail missionnaire et aussi à la persécution. Nous avons donc changé de paradigme dans nos stratégies missionnaires. L’annonce personnelle de l’Évangile et la formation des membres pour mener à bien la mission sont essentiels. Il est nécessaire de former les croyants à être disciples pour qu’ils adoptent un comportement conforme à la vie du Christ. Nous adoptons une approche apostolique en formant des responsables autochtones pour annoncer l’Évangile dans les endroits les plus reculés. Nous croyons qu’il faut être agent de transformation sociale, économique et spirituelle, tournés vers l’éternité. 

    Et nous prions continuellement.  

    Grâce au travail de Little Flock, des églises sont vivifiées pour former des disciples et répandre l’Évangile de Jésus-Christ dans des régions qui n’ont pas été encore atteintes. La jeune génération de chrétiens adopte aussi cette vision.  

    Nous remercions Dieu de nous donner l’occasion de répandre la bonne nouvelle de Jésus-Christ dans ces régions et ces pays. 

    — Le révérend Asit Basumata est directeur de la Little Flock Discipleship School en Inde. Il est titulaire d’une maîtrise en théologie et a travaillé comme professeur au Pax Christiana Bible College à Chennai et comme coordinateur d’un projet de lutte contre le VIH/SIDA. Il a présenté les écoles Little Flock Discipleship avec M. Gyan Mochary, directeur de Little Flock et président de Literacy International India, lors d’un webinaire du GASN, le 10 septembre 2024. 

  • James Krabill avec des étudiants de STAKWW (Sekolah Tinggi Agama Kristen Wiyata) à Pati, en Indonésie.

    À propos de la Commission Mission

    La Commission Mission met à la disposition des églises membres de la CMM des ressources et un forum pour dialoguer sur le témoignage et le service dans le monde. Composée du Réseau Anabaptiste Mondial d’Entraide (GASN) et de la Fraternité Missionnaire Mondiale (GMF), elle guide et facilite le dialogue autour de questions et d’opportunités pressantes concernant le témoignage et le service dans le monde.

    Concernant les agences missionnaires et les églises, la Commission espère stimuler des partenariats aux niveaux mondial, continental, régional et local dans l’évangélisation, se concentrant sur les lieux où l’Évangile de Jésus n’a pas encore été proclamé.

    En ce qui concerne les services d’entraide, la Commission cherche à favoriser le dialogue et la collaboration inter-agences en réponse aux nécessités pressantes du peuple de Dieu et de nos communautés.

    La réunion de juin 2023 à Harrisonburg, en Virginie (États-Unis), a été essentielle pour promouvoir et consolider le sens et l’esprit de travail d’équipe. Une soixantaine de membres du GASN et de la GMF ont pu se réunir.

    En outre, au cours des dernières années, les réunions en ligne ont été une aide précieuse pour le travail de la Commission Mission, en particulier pour la coordination de nos deux réseaux actuels. Ces webinaires ont permis aux membres d’apprendre ensemble, de partager leurs connaissances et leurs expériences, de poser des questions et de prier ensemble.

    En 2024, la Commission Mission a organisé les webinaires suivants :

    • Février : « Partage des meilleures Pratiques du “Good Dear Child” et du “Youth Development Project” (projet de développement de la jeunesse) »
      • Orateurs : Dejene Gurmessa (Éthiopie), Abdi Dubela (Éthiopie)
      • Organisé par le GASN
    • June: “The hope of Christian witness/mission in a polarized world”
      • Presenter: J. Nelson Kraybill (USA)
      • Organized by GMF
    • Septembre : « Impact de la Formation de Disciples dans la Vie des Individus, de la Société et de l’Église grâce à la Little Flock Discipleship School. »
      • Orateurs : Asit Basumata (Inde), Gyan Mochary (Inde)
      • Organisé par le GASN
    • Octobre : « La Succession dans le Témoignage : préparer la prochaine vague de responsables de mission »
      • Orateur : Ebenezer Mondez (Philippines), Tigist Tesfaye (Éthiopie), C. Daniel Soto (Argentine), Galen Burkholder (États-Unis)
      • Organisé par la GMF

    La Commission Mission est en train de réviser « Anabaptism and Mission ».  Cette bibliographie en ligne – en anglais uniquement – répertorie les écrits anabaptistes sur la mission de 1859 à 2011. Les corrections et actualisations sont en cours et devraient être publiées lors de la réunion de mai en 2025.

    Une visite du « Synode des Martyrs » à Augsbourg pour les membres du GASN et de la GMF est prévue lors du rassemblement de 2025 en Allemagne. Cela répond aux souhaits reçus par la Commission Mission concernant une visite sur place lors des réunions en présentiel.

    Les conversations se poursuivent avec le Réseau Anabaptiste Mondial de Santé (GASN) qui est en train de se développer.

    • James R. Krabill (États-Unis), président
    • Rafael Zaracho (Paraguay), secrétaire
    • Nelson Okanya (États-Unis), président du comité de pilotage de la GMF
    • Barbara Hege-Galle (Allemagne), présidente du comité directeur du GASN
    • Eladio Mondez (Philippines)
    • Hyacinth Stevens (États-Unis)
    • Simon Okoth (Ouganda)
    • Felo Gracia (RD Congo)

    Barbara Hege-Galle, James R. Krabill, Nelson Okanya, Simon Okoth, Hyacinth Stevens

    James Krabill with students at STAKWW
(Sekolah Tinggi Agama Kristen Wiyata) in Pati,
Indonesia.
  • « Si vous ne savez pas où vous allez, n’importe quelle route vous y mènera ». Ce dicton résume l’une des idées du conte classique pour enfants de Lewis Carroll, Alice au Pays des Merveilles. Il est essentiel d’avoir une route et de définir sa destination si l’on veut y arriver.

    Il existe une version biblique de ce dicton dans Proverbes 11.14 « Faute de politique un peuple tombe » .

    Gouverner, direction, route, destination’ : tous ces mots sont impliqués dans un autre mot qui est parfois mal compris et historiquement problématique, mais qui a beaucoup de contenu théologique : ’mission’.

    Dans le livre God’s People in Mission: An Anabaptist Perspective, je définis la mission comme tout ce que l’Église est et fait en témoignant de Jésus-Christ dans son ministère de réconciliation. Permettez-moi de développer un peu plus cette définition :

    Tout ce que l’Église est et fait

    • L’Église est un avant-goût du Royaume de Dieu.
    • L’Église n’a pas de message. Elle est le message.
    • L’Église en tant que message implique sa véritable présence. Toute mission qui n’est pas communautaire et interdépendante est fragile.
    • La présence de l’Église annonce l’Évangile de Jésus-Christ par des paroles et des actes, travaillant ainsi à la réconciliation.
    • L’action de l’Église dans son travail de témoignage comprend tout ce qu’elle fait : culte, accompagnement pastoral, enseignement, évangélisation, service, construction de la paix et ministères pour la santé, entre autres. Ce que l’Église fait ou ne fait pas, et comment elle le fait, fait partie de son message.

    en témoignant de Jésus-Christ

    • Par ses paroles et ses actes, le message de la communauté est un témoignage de son expérience et de ses connaissances. Cela implique une approche qui n’est pas impérialiste (comme si elle était la maîtresse et la gardienne de la vérité absolue) et qui n’est pas présentée à partir d’une position de pouvoir humain. Il s’agit plutôt de partager ‘depuis la base’ notre expérience de la foi, avec une humilité constante.
    • Le message concerne Jésus-Christ, il doit donc être communiqué à partir d’une position de vulnérabilité et de service, tout comme Jésus l’a fait. Cela exige un abandon sacrificiel et un style de vie conforme à la croix qui mettent en œuvre des stratégies pour que ce ministère soit conforme à la vie et à l’œuvre du Christ.
    • Compte tenu de l’incarnation divine et de l’identification du Christ avec les personnes discriminées, témoigner de Jésus exige une contextualisation approfondie du message et une identification intentionnelle avec les personnes exclues, ignorées ou victimes de la société.

    dans son ministère de réconciliation

    • Le ministère de la réconciliation a été confié à l’Église. Cela implique que la vie nouvelle dans la communauté, grâce à l’Esprit, permet de faire l’expérience de la réconciliation avec Dieu et entre les hommes.
    • Le ministère de la réconciliation ne vise pas seulement le salut de l’âme dans un avenir lointain, mais aussi le rétablissement d’une pleine relation avec l’Esprit de Dieu et d’une vie de relations justes qui nous permettent de jouir de la paix que ce même Esprit rend possible dans la nouvelle création.

    Dans une perspective anabaptiste, la manière dont on arrive à sa destination — la route — est cruciale. C’est pourquoi il est si important de comprendre et de pratiquer la mission. À la Conférence Mennonite Mondiale (CMM), nous voulons nous organiser (structure) et travailler (route) d’une manière qui montre ce que nous entendons par mission.

    La Commission Mission de la CMM rassemble un réseau d’agences du monde entier qui travaillent de manière interdépendante et multiculturelle. En appartenant aux réseaux Mission (GMF) et Entraide (GASN) de la Commission Mission de la CMM, ces organisations affirment leur identité en tant que dépendantes de l’Église, et en sont ses expressions missionnaires. Par leur travail, elles témoignent du Christ dans plusieurs domaines de ministères spécialisés, tels que l’implantation d’églises et le développement social. C’est le sujet de ce numéro du Courrier. Rejoignons nos organisations et les réseaux de la CMM pour suivre Jésus, vivre l’unité et construire la paix !

     César García, secrétaire général de la CMM, originaire de Colombie, vit à Kitchener, Ontario (Canada).

    Lire le chapitre de César García, ‘L’accomplissement de notre mission’ et 9 autres chapitres sur les 10 déclarations de la Commission Mission dans ‘God’s People in Mission’ : An Anabaptist Perspective, édité par Stanley W. Green et Rafael Zaracho, (en anglais) © 2018.

  • L’Église, en tant que corps du Christ, est au cœur de la mission de réconciliation de Dieu pour le monde. Nous voulons incarner cette idée au niveau de notre structure mondiale. 

    La Conférence Mennonite Mondiale (CMM) est une communauté vivante et non une institution bureaucratique. En tant qu’église mondiale, nous nous engageons à servir les gens plutôt qu’à construire une infrastructure pour maintenir notre institution. 

    Certes, nous voulons avoir un organisme solide qui a des plans, des politiques et des principes d’organisation sains, mais c’est pour servir et entretenir des relations. 

    Nous parlons de la CMM comme d’un cœur ayant quatre cavités, les Commissions représentant chacune d’entre elles : Foi et Vie (théologie), Paix, Diacres et Mission. 

    La Commission Mission a le mandat de stimuler la conscience pour la mission et le service dans les unions d’églises. 

    « Nous suscitons des conversations qui montrent que la mission et le service font partie intégrante de la théologie anabaptiste », dit James Krabill, président de la Commission Mission. « Nous encourageons différentes organisations à travailler en partenariat, mais nous ne sommes pas un organe administratif qui gérerait les programmes de la mission. » 

    « Ce que nous faisons, c’est faciliter les conversations. Nous travaillons en réseau avec les organisations concernées par la mission et nous essayons de leur fournir des ressources pour les aider à mieux faire leur travail. Nous créons des contacts », ajoute-t-il. 

    La Commission Mission supervise également les Réseaux, qui sont un lieu de contact pour les agences et les organisations qui servent l’Église en tant qu’expression de l’Église. 

    « Il est facile pour ces organisations de se développer individuellement et de ne pas être en conversation avec les autres », explique James Krabill. « Lorsque nous nous réunissons, nous nous rendons mieux compte que la mission et le service constituent une partie intégrante de notre fidélité à ce qui est important pour le Royaume ». 

    Le service et la mission sont inextricablement liés à l’Église, rassemblement des disciples du Christ dans le monde. Si ce lien est perdu, il manque quelque chose. 

    Voici les objectifs généraux de la Commission Mission et des Réseaux. 

    1. Être solidaire dans la mission — nord, sud, est, ouest. 
    2. Prier les uns pour les autres, s’encourager mutuellement, et travailler en partenariat comme Dieu nous conduit. 
    3. Apprendre les uns des autres. 
    4. Partager des ressources de la mission — la prière, le personnel, l’enseignement et les finances. 

    Historique 

    La Fraternité Missionnaire Mondiale (Global Mission Fellowship, GMF) et le Réseau Anabaptiste Mondial d’Entraide (Global Anabaptist Service Network, GASN) sont des réseaux établis.  

    Depuis 2015, d’autres Réseaux apparaissent : 

    • Réseau anabaptiste mondial pour l’Éducation primaire et secondaire (Global Anabaptist Education Networks—Primary and Secondary, GAPSEN) et pour l’Éducation supérieure (Global Anabaptist Higher Education Network, GAHEN) 
    • Réseau Anabaptiste Mondial pour la Paix (Global Anabaptist Peace Network, GAPN)  
    • Réseau Anabaptiste Mondial de Santé (Global Anabaptist Health Network, GAHN) 

    La GMF a été créée en 2003 lors de l’Assemblée de Bulawayo (Zimbabwe). Elle se réunit en présentiel tous les trois ans, en même temps que le Conseil Général. Entre ces réunions, les rencontres se font en ligne. 

    Issus des consultations en 2006 sur la diakonia et le service à Pasadena, en Californie (États-Unis), un dialogue et une consultation se poursuivent et ont conduit à la création formelle du GASN en 2012 en Suisse. 

    La GMF encourage la consultation, la coopération et le travail sur la mission interculturelle et la création d’églises, dit Nelson Okanya, président du comité de pilotage du GMF. 

    C’est une occasion pour les membres d’apprendre les uns des autres, dit Nelson. Les organisations peuvent trouver des espaces stratégiques pour contribuer à ce que les autres font dans le monde en matière de mission, en se posant la question suivante :  

    • Que se passe-t-il dans cette partie du monde ? 
    • Et dans cette autre partie du monde, que se passe-t-il ?  
    • Que pouvons-nous apprendre les uns des autres ? 

    Barbara Hege-Galle, présidente du comité de pilotage du GASN, précise que le GASN est né parce que des groupes réunis par leur intérêt pour le service (diaconie) étaient intéressés par les espaces centrés sur la mission. 

    « Il est difficile d’expliquer l’intérêt qu’il y a de passer du temps ensemble sans prévoir de résultats tangibles », dit Barbara. « Ce que l’on retire du Réseau, c’est de mieux connaître les autres — qui travaille où — et de savoir que l’on n’est pas seul à faire ce travail ». 

    Encourager et soutenir 

    « C’est ce à quoi servent les réseaux : que les personnes soient encouragées et reconnues dans le ministère et le service qu’elles fournissent, mais aussi soutenues dans leur expérience personnelle qu’elles partagent avec les autres », explique Barbara. 

    Un commentaire fait lors des réunions en présentiel parallèlement au Conseil Général au Kenya en 2018 est resté gravé dans les mémoires. Les membres du groupe parlaient de leurs expériences en matière de microfinance. L’un d’entre eux, originaire du Sud, est resté silencieux pendant la discussion, mais s’est ensuite adressé à Barbara. Il pensait que les autres avaient plus de sagesse et qu’il n’était là que pour apprendre, mais il s’est rendu compte qu’il avait lui aussi une expérience pertinente à partager. 

    Le GASN sait de mieux en mieux créer ces espaces de partage. 

    Les webinaires récents ont été structurés autour d’une présentation et d’un temps de partage. Les membres découvrent une organisation — ses meilleures pratiques, ses difficultés — et ont la possibilité de poser des questions. 

    Dans des groupes plus restreints, les membres peuvent discuter de leurs propres expériences et compétences et poser des questions. Enfin, ils ont tous l’occasion de prier les uns pour les autres et de s’encourager mutuellement. 

    Un changement mondial  

    « J’ai “chanté” le fait que le centre du christianisme s’est déplacé du Nord vers l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine », dit Nelson Okanya. 

    Mais Nelson note que ce changement n’est pas aussi évident en ce qui concerne la missiologie, où la majorité des voix proviennent toujours du Nord. 

    « Comment créer cette fertilisation croisée dans nos espaces afin que nous puissions écouter les voix qui sont nombreuses à remplir l’Église ? », dit Nelson. 

    Cette évolution est évidente dans la famille anabaptiste mondiale : environ deux tiers des croyants baptisés vivent en dehors des pôles historiques de l’anabaptisme que sont l’Europe et l’Amérique du Nord : 37 % en Afrique, 20 % en Asie et dans le Pacifique, 10 % en Amérique latine et dans les Caraïbes ; seulement 3 % en Europe et 30 % en Amérique du Nord. 

    La Commission Mission a fait un premier pas pour prendre en compte les voix non représentées en publiant en 2018 le livre Gods People in Mission : An Anabaptist Perspective, avec des contributeurs du monde entier. 

    Barbara Hege-Galle regrette qu’il semble que « nos frères et sœurs du Sud soient encore tournés vers le Nord ». On a tendance à s’en remettre à ceux qui ont étudié dans des institutions. « Mais ce ne sont pas eux qui sont les plus importants. 

    « Nous sommes tous concernés, vous n’êtes pas seuls » est un message clé pour les participants au GASN, déclare Barbara. 

    Les réseaux — où tous les participants sont sur un pied d’égalité — sont un lieu où l’on peut entendre des voix d’ailleurs. Chaque réseau a été structuré avec un comité de pilotage composé d’un représentant de chaque région. 

    « Mais nous avons encore un long chemin à parcourir », dit James Krabill. 

    Un changement de communication 

    Avec des membres issus de cultures du monde entier, les manières de partager les connaissances et l’expérience sont diverses. Pour beaucoup, ce sont des témoignages plutôt que des rapports ou des méthodes didactiques qui sont les moyens de partager. 

    Selon James Krabill, les récits nous éloignent de la sécheresse des chiffres et des rapports (qui sont tout à fait valables) et nous permettent d’impliquer les gens dans des événements qui changent la donne, et pas seulement dans les statistiques. 

    « Lorsque vous racontez une histoire, il n’y a pas que des faits ; il y a une vie dans le récit. Il témoigne non seulement de ce qui s’est passé, mais aussi de l’impact que cela a sur vous et sur le monde qui vous entoure », dit Barbara. « S’écouter les uns les autres demande de la patience et du respect. » 

    « Si nous accordons de l’importance aux voix mondiales, nous devons tous être en mesure de nous asseoir à la même table », dit Nelson. 

    Cela signifie également que nous devons faire en sorte de pouvoir nous entendre les uns les autres. Cela s’applique à la traduction et aux mots que nous utilisons, mais aussi au fait de s’assurer que chacun peut entendre, explique Nelson. « Rendre les choses accessibles. » 

    Cela signifie qu’il faut en priorité veiller à ce que chacun puisse être présent. « Cela ne veut pas dire qu’il faut faire la charité », précise Nelson, mais plutôt qu’il faut être honnête sur les disparités financières dans le monde. 

    « Lorsque nous nous réunissons et que nous entendons des témoignages encourageants de régions du monde qui n’ont pas beaucoup de ressources financières, cela nous rappelle que les dons sont bien plus que de l’argent », dit James. 

    « Ce qui est souvent une source d’inspiration, c’est la fidélité dans le service et les actes. Dans certains cas, être fidèle a entraîné la persécution ou une vie difficile : les témoignages nous rappellent que les dons dont nous parlons sont multiples », dit James. 

    « Tout le monde vient à la table avec quelque chose. Apportez ce que vous avez avec vous », dit Nelson. 

    Grandir ensemble 

    James Krabill évoque Éphésiens 3, où l’apôtre Paul dit que c’est ensemble que nous grandissons dans la connaissance de la sagesse de Dieu. Souvent, les théologiens se concentrent sur la définition de la « sagesse », dit-il, « mais le mot le plus important est peut-être “ensemble” ». 

    « Il faut vraiment que chacun apporte ses connaissances et sa sagesse pour qu’ensemble nous grandissions dans cette connaissance », ajoute James. « C’est un rappel constant qu’il n’y a pas une seule personne, un seul professeur, un seul pasteur, une seule culture qui comprenne tout de la sagesse du Christ ». 

    Le mot « ensemble » est un élément clé des thèmes de la CMM : il figure dans les thèmes de l’Assemblée de 2022 (Suivre Jésus ensemble à travers les frontières), de 2009 (Marchons ensemble sur le chemin de Jésus-Christ), implicite en 2003 (Mettons nos dons en commun dans la souffrance et la joie) et est fondamental dans le nouveau slogan en trois parties de la CMM, qui résume la mission de l’organisation : Suivre Jésus ensemble, vivre l’unité, construire la paix. 

    Les églises et les organisations qui font partie des réseaux de la Commission Mission sont en train de réfléchir à la manière de témoigner au monde, de construire la paix (parfois difficile à concilier avec la mission) et de fonctionner ensemble en tant que corps du Christ. 

    Tensions et divisions 

    Nelson voit des opportunités dans les tensions, même si des divisions se produisent. 

    « La Conférence mennonite mondiale est une sorte de lieu sûr où ceux qui veulent conserver une identité anabaptiste et s’inscrire dans ce courant de l’histoire peuvent le faire », dit-il. « Et ils se retrouvent autour de la table avec des personnes avec lesquels ils s’étaient séparés. 

    « C’est porteur d’espoir. Cela crée un espace où chacun peut rester en conversation ». 

    Les réseaux, qui mettent l’accent sur le travail plutôt que sur la théologie, peuvent être utiles pour établir des relations de collaboration sans se focaliser sur les différences. 

    « Je pense que la Conférence Mennonite Mondiale crée un espace qui est un peu moins anxiogène », dit James. 

    Les Convictions Communes fournissent une base théologique qui permet aux membres d’apprendre les uns des autres, de faire des choses ensemble et de prier ensemble. 

    « On mange ensemble et on communie ensemble », dit Nelson, évoquant les fois où il a vu des responsables manger ensemble dans des contextes de réseau — des responsables qui, autrement, ne seraient pas enclin à travailler les uns avec les autres. 

    Selon Barbara, la camaraderie, l’apprentissage et les réunions stratégiques sont plus riches lorsqu’ils se déroulent en présentiel. Mais l’élément le plus important des réunions en personne en Virginie en 2023 (pour compenser les difficultés liées au COVID de se réunir en Indonésie en 2022) fut une histoire. Une participante venue d’Inde a déclaré que ce qu’elle avait raconté au groupe avec d’autres personnes n’aurait pu être partagé dans aucun autre forum. Pour la sécurité des personnes impliquées, il n’aurait pas été possible d’en parler dans une lettre d’information, un courrier électronique ou même une réunion en ligne. 

    « C’est différent quand on se rencontre et qu’on voit le visage de l’autre », dit Barbara. « Cela vaut la peine de dépenser de l’argent pour des réunions triennales afin d’avoir la possibilité de connaître un visage vu sur un écran. » 


    Les réseaux se réuniront en même temps que le Conseil général en 2025. Cette année marquera le 500e anniversaire des premiers baptêmes anabaptistes. 

    « Ces premiers anabaptistes en Suisse ont élaboré un plan d’évangélisation de l’Europe et, en l’espace d’un an ou deux, la plupart d’entre eux ont été mis à mort. Cela nous rappelle les implications de notre travail », dit James Krabill. 

    Lors des réunions de 2025, le mandat révisé sera soumis à l’examen des membres. Le nouveau document est simplifié et clarifie mieux les rôles des réseaux et de leurs responsables. 

    GASN 

    Organisation membre

    Afrique 

    • La Casa Grande – Bénin 
    • Centre de Réflexion et d’Appui aux Initiatives de Développement – RDC
    • Meserete Kristos Church Development Commission – Éthiopie 
    • Mennonite Association for Peace and Development – Malawi 
    • Passion Center for Children – Malawi 
    • Igreja Irmãos em Cristo em Moçambique – Mozambique 
    • Brethren In Christ Church (Zambia Conference) – Zambie 
    • BIC Compassionate Ministries-Zimbabwe – Zimbabwe 

    Asie & Pacifique

    • Brethren In Christ Church, Odisha – Inde
    • Emmanuel Ministries (BJCPM) – Inde 
    • Little Flock Fellowship (BJCPM) – Inde 
    • Mennonite Brethren Development Organization – Inde 
    • Mennonite Christian Service Fellowship of India – Inde 
    • Mennonite Diakonia Service-GKMI Synode – Indonésie
    • Japan Mennonite Fellowship (JMF) –Japon 
    • Korea Anabaptist Center – Corée de Sud
    • Nepal BIC Church/Brethren in Community Welfare Society – Népal
    • Integrated Mennonite Churches, Inc. – Philippines 

    Europe 

    • Caisse de secours – France 
    • Christliche Dienste – Allemagne 
    • Mennonitisches Hilfswerk e. V. – Allemagne 
    • Doopsgezind WereldWerk – Pays-Bas 
    • Services Missionnaires Mennonites/Schweizerische Mennonitische Mission – Suisse 

    Amérique latine & Caraïbes

    • Iglesia Evangélica Menonita Boliviana – Bolivie 
    • Iglesia Misionera Anabaptista – Bolivie 
    • Associaçao Menonita Beneficente – Brésil 
    • Associação Menonita de Ação Integral – Brésil 
    • Associação Menonita de Assistência Social – Brésil 
    • Asociación Sembrando Semillas de Paz – Colombie 
    • Centro Cristiano para Justicia, Paz y Acción Noviolenta – Colombie 
    • Fundación Agropecuaria Tejiendo Esperanza – Colombie 
    • Fundación de Educación para la Paz y Resolución de Conflictos Edupaz – Colombie 
    • Fundación Menonita Colombiana para el Desarrollo –Colombie 
    • Comité de Justicia y Paz – Costa Rica 
    • Iglesia Evangélica Menonita de El Salvador – La Salvador 
    • Iglesia Evangélica Menonita de Guatemala – Guatemala 
    • Programa Fundameno – Guatemala 
    • Red Regional de Justicia y Paz – RedPaz – Guatemala 
    • Acción Cristiana Educativa Menonita – Honduras
    • Comisión de Acción Social Menonita – Honduras 
    • Proyecto Paz y Justicia – Honduras 
    • Comisión de Emergencia Anabautista de Nicaragua (CAE) – Nicaragua 
    • Comisión de Paz y Justicia de las Iglesias Anabautistas de Nicaragua – Nicaragua 
    • Asociación de Servicios de Cooperación Indigena Menonita – Paraguay 
    • Servicio Voluntario Menonita – Paraguay 

    Amérique du Nord

    • Mennonite Central Committee Canada – Canada 
    • Mennonite Central Committee – États-Unis
    • Mennonite Disaster Service – États-Unis
    • Mennonite Health Service Alliance – États-Unis
    • Mennonite Mission Network – États-Unis 

    GMF 

    Organisation membre

    Afrique

    • Igreja da Comunidade Menonita em Angola – Angola 
    • Igreja Evangélica dos Irmãos Mennonitas em Angola – Angola 
    • Igreja Evangélica Menonita em Angola – Angola 
    • Église Évangélique Mennonite du Burkina Faso – Burkina Faso 
    • Communauté des Églises des Frères Mennonites au Congo – RDC
    • Communauté Évangélique Mennonite – RDC 
    • Communauté Mennonite au Congo – RDC
    • Meserete Kristos Church – Éthiopie
    • International Mennonite Mission of East Africa – Kenya 
    • Kenya Mennonite Church – Kenya 
    • Mpingo Wa Abale Mwa Kristu – Malawi 
    • Mennonite Church Nigeria – Nigéria
    • Grace Community Church in South Africa – Afrique du Sud 
    • Kanisa la Mennonite Tanzania – Tanzanie 
    • Brethren In Christ Church (Zambia Conference) – Zambie 
    • Ibandla Labazalwane kuKristu eZimbabwe (Brethren in Christ Church) – Zimbabwe 

    Asie & Pacifique

    • Bharatiya Jukta Christa Prachar Mandali (India United Missionary Church) – Inde 
    • Bhartiya General Conference Mennonite Church – Inde
    • Bihar Mennonite Mandli – Inde 
    • Brethren In Christ Church, Odisha – Inde 
    • Gilgal Mission Trust – Inde 
    • Mennonite Christian Service Fellowship of India – Inde 
    • Mennonite Church in India Dhamtari CG – Inde 
    • The Governing Council of the Conference of the Mennonite Brethren Church of India – Inde 
    • PIPKA – GKMI Synode – – Indonésie
    • Nepal BIC Church/Brethren in Community Welfare Society – Népal 
    • Integrated Mennonite Churches, Inc. – Philippines 

    Europe 

    • Igreja dos Irmãos Menonitas de Portugal – Portugal 
    • Anabautistas, Menonitas y Hermanos en Cristo – España (AMyHCE) – Espagne 

    Latin America & Caribbean 

    • Iglesia Evangélica Menonita Argentina – Argentine 
    • Iglesia Evangélica Menonita de Belice – Belize 
    • Iglesia Evangélica Menonita Boliviana – Bolivie 
    • Iglesia Misionera Anabaptista – Bolivie 
    • Liga de Iglesias Anabautistas de Bolivia – Bolivie 
    • Aliança Evangélica Menonita – Brésil 
    • Associação das Igrejas Menonitas do Brasil – Brésil 
    • Iglesia Cristiana Menonita de Colombia – Colombie 
    • Iglesias Hermanos Menonitas de Colombia – Colombie 
    • Asociación Iglesias Cristianas Menonitas de Costa Rica – Costa Rica 
    • Sociedad Misionera Cubana Hermanos en Cristo – Cuba 
    • Conferencia Evangélica Menonita, Inc. – République Dominicaine
    • Iglesia Evangélica Menonita de El Salvador – La Salvador 
    • Iglesia Evangélica Menonita de Guatemala – Guatemala 
    • Iglesia Evangélica Menonita Hondureña – Honduras 
    • Organización Cristiana Amor Viviente – Honduras 
    • Jamaica Mennonite Church – Jamaica 
    • Conferencia de Iglesias Evangélicas Anabautistas Menonitas de México – Mexique 
    • Conferencia Menonita de Mexico – Mexique 
    • Asociación Misión Evangélica de los Hermanos en Cristo en Nicaragua – Nicaragua 
    • Asociación Hermanos Menonitas – Paraguay 
    • Convención de los Pastores de las Iglesias Mennonitas del Paraguay / Vereinigung der Mennonitengemeinden von Paraguay – Paraguay 
    • Convención Evangélica de Iglesias Paraguayas Hermanos Menonitas – Paraguay 
    • Convención Evangélica Hermanos Menonitas Enlhet – Paraguay
    • Convención Evangélica Hermanos Menonitas Nivaclé – Paraguay 
    • Convención Evangélica Menonita Paraguaya – Paraguay 
    • Consejo de las Congregaciones de los Hermanos Menonitas del Uruguay – Uruguay 
    • Konferenz der Mennonitengemeinden in Uruguay – Uruguay 
    • Casa de Restauracion y Vida Shalom – Venezuela 

    Amérique du Nord

    • Evangelical Mennonite Conference (EMC) – Canada 
    • Mennonite Central Committee (MCC) Canada – Canada 
    • Mennonite Church Canada WITNESS – Canada 
    • Multiply – Canada 
    • Africa Inter-Mennonite Mission (AIMM) – États-Unis
    • Brethren in Christ World Missions – États-Unis 
    • Eastern Mennonite Missions (EMM) – États-Unis 
    • Mennonite Central Committee (MCC) – États-Unis 
    • Mennonite Mission Network (MMN) – États-Unis 
    • Mosaic Mennonite Conference – États-Unis 
    • Rosedale International – États-Unis
    • Virginia Mennonite Missions (VMM) – États-Unis 

  • « Au cours des 100 dernières années, le monde a énormément changé et en même temps, pas tant que cela », dit Henk Stenvers. L’Église et la société font face au nationalisme et à la polarisation, et même à la guerre en Ukraine. 

    « Alors que nous nous préparons à marquer les 100 ans de la CMM et les 500 ans de l’anabaptisme en 2025, il est temps de regarder vers l’avenir », déclare Henk Stenvers. « C’est le moment d’examiner la signification de notre message et de notre mission pour les années à venir. Les questions importantes au temps de la Réforme le sont-elles toujours pour nous ? Avons-nous de nouvelles questions ? certaines n’ont-elles plus de sens ? » 

    « L’étude de l’histoire des traditions de notre Église nous aide à nous rappeler qui nous sommes vraiment et à nous souvenir de notre vrai fondement qui repose sur la Bible », dit Tigist Tesfaye. 

    « Le renouveau ne consiste pas à retourner au passé, même s’il faut s’en souvenir », dit Tom Yoder Neufeld. « Le renouveau, c’est s’ouvrir au souffle vivant de Dieu, le Saint-Esprit (Ezéchiel 37). 

    « C’est la promesse, au cœur de l’appel à la repentance, à faire ‘demi-tour’ et aller dans une nouvelle direction. C’est le don du pardon, qui ouvre l’avenir à la réconciliation. C’est au centre du drame du baptême, la mort avec le Christ et la marche dans la nouveauté de vie : vivre la résurrection. Il réside dans l’espoir d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre », dit Tom Yoder Neufeld. 

    « Le renouveau implique de regarder le passé avec de nouvelles lentilles ainsi que de d’imaginer de nouveau le présent et l’avenir », dit Andrés Pacheco Lozano. « Pour être renouvelés, nous devons redire notre histoire particulière. Redire notre histoire peut être une expérience transformatrice car cela nous permet de (re)façonner les narratifs qui forment notre identité. Cette créativité libératrice ouvre la possibilité à de nouvelles interprétations pour vivre la radicalité du message évangélique de justice et de paix dans le présent et dans l’avenir ».  

    « Le renouvellement nous fait passer de l’ancien au nouveau », dit Andi Santoso. 

    « Le Dieu qui est aussi esprit appelle les gens à différentes époques de l’histoire, toujours pour apporter quelque chose de nouveau et nous connecter à Dieu. La nouveauté est quelque chose de spirituel et de naturel (par exemple, il y a des saisons – le printemps après l’hiver) », explique Andi Santoso. 

    « Il est important d’être dans un état constant de renouvellement », dit Lisa Carr-Pries. « Cela n’arrive pas une fois pour toutes. Nous devons toujours être à l’écoute : le renouveau a besoin de nos oreilles et nécessite aussi un changement constant de perspective. » 

    « Le vin nouveau ne peut pas être mis dans de vieilles outres, il éclatera », dit Sunoko Lin, réfléchissant à Marc 2. Lorsque Jésus a dit à l’homme paralysé de prendre sa natte et de rentrer chez lui, il lui a donné plus qu’il n’attendait : la capacité de marcher et de porter quelque chose. « Le renouveau apporte quelque chose de nouveau ou de meilleur. Jésus a promis du vin nouveau, des outres neuves ; non seulement pour marcher, mais aussi pour porter une natte. » 

    Être radical 

    « Le besoin de renouvellement reste constant, que nous nous focalisions sur notre identité (qu’est-ce que signifie être anabaptiste ?) ou sur notre mission (quelle est notre mission dans le monde ? Est-ce l’évangélisation ? le rétablissement de la paix ?) », dit Tom Yoder Neufeld. 

    « Je ne pense pas que le renouveau consiste à adapter l’anabaptisme à différents contextes et réalités, mais plutôt à voir les nuances des nouvelles formes ou visions de l’anabaptisme qui ont émergé dans des endroits différents », dit Andres Pacheco Lozano. « La manière dont la tradition anabaptiste s’est développée à un endroit donné et la façon dont les individus, les paroisses et les communautés de ces endroits l’ont mise en pratique en font des compositions hybride uniques dans de nombreuses régions du monde. » 

    Il dit qu’il faut parler non seulement de polygenèse mais aussi de polyanabaptisme pour discerner des différences et des variations. « Un espace comme la CMM a le potentiel de les faire dialoguer, ce qui est l’un des dons les plus importants de la conversation anabaptiste de notre communion mondiale. » 

    Un jeune pasteur des Pays-Bas a dit à Henk Stenvers : « Nous redeviendrons vraiment mennonites lorsque la police frappera à nos portes. Le message de paix du Christ était radical. Est-ce que nous, dans le Nord, sommes trop bien intégrés dans la société par notre conformisme aux autorités et aux systèmes économiques ? » 

    « Y a-t-il un renouveau dans notre relation avec les autres ? » demande Andi Santoso. Nous devons remettre en question le statu quo et considérer aussi l’aspect social du salut. « En lui, Jésus a apporté la réconciliation : faisons-nous une différence dans le monde en œuvrant pour la paix et la justice ? Y a-t-il un changement dans la manière dont nous nous comportons ? » 

    « Aujourd’hui, le renouveau devrait nous mettre mal à l’aise… surtout si nous détenons pas mal de pouvoir » déclare Anicka Fast. « Lorsque le mouvement anabaptiste a commencé, il était perturbateur et gênant. Les gens en marge de l’Église ont contesté ce que disaient ses puissants dirigeants. Le renouveau sera souvent déstabilisant. » 

    Historienne, elle étudie l’histoire des églises en Afrique : elle est animée par des vagues de réveil, dirigées par des Africains, dirigées par des femmes.  

    Le Réveil est-africain a commencé dans les années 1930 et a balayé le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie. « Tout a commencé par des amitiés et une communion fraternelle entre chrétiens africains et missionnaires européens et nord-américains. Ils se repentaient ensemble de leurs comportements les uns envers les autres. Ils ont développé de solides amitiés et sont devenus des groupes très unis appelés fraternités de réveil. » 

    « Le premier évêque mennonite de Tanzanie, Zedekiah Kisare, a rappelé que lorsque le réveil est arrivé chez lui, c’était comme si une mèche avait allumé de la dynamite : c’était une explosion ! », raconte Anicka Fast. « Tous ont commencé à pleurer. Ils ont changé de vie. L’évêque missionnaire américain a changé son attitude de supériorité envers les chrétiens africains. C’était un revirement complet qui a conduit à une nouvelle façon de vivre ensemble. » 

    « Le réveil a fait exploser les frontières entre les dénominations. Les gens voulaient prendre la Sainte Cène tous ensemble », dit Anicka Fast. Malheureusement, « parfois, le renouveau se produit et nous nous accrochons à ce qui est ancien et nous le bloquons ». 

    Prendre des risques 

    Parfois, nous devons tout abandonner pour vivre de nouvelles expériences et vraiment dépendre de Dieu, dit Andi Santoso. Il l’a fait personnellement, laissant derrière lui sa culture et son ministère, pour étudier aux États-Unis. « En voyant de nouvelles réalités, je remets en question ma propre foi et mes convictions. Si Dieu existe, où est l’amour de Dieu dans cette réalité brisée ? L’aspect communautaire des églises se développe alors que nous devenons des thérapeutes souffrants, des bâtisseurs de paix brisés. » 

    Le besoin de renouvellement ne doit pas nous mettre sur la défensive. « Nous avons encore des difficultés : difficultés interculturelles et énormes différences de situation économique. La manière par laquelle le Nord est devenu si riche : les flux économiques vont de pair avec l’exploitation des pays d’Afrique pour le bien-être du Nord ; ce sont des raisons de se repentir », déclare Henk Stenvers. « Une partie du renouveau consiste à reconna√Ætre que les choses doivent changer. » 

    S’appuyant sur les travaux de la théologienne Dorothee S√∂llee sur la spiritualité, Andrés Pacheco Lozano identifie le renouveau comme un processus (spirituel) qui comprend trois dimensions. Via positiva : qui célèbre les dons et la manière dont ils s’expriment à différentes époques et dans différents contextes ; Via negativa : le lâcher prise sur l’ego, la confrontation des manières dont nous avons bénéficié ou renforcé les systèmes oppressifs (y compris la discrimination fondée sur les races, les genres, les capacités ou les classes, et d’autres formes d’injustice et de violence, y compris l’urgence climatique induite par les êtres humains), l’exploration des souffrances qu’elles ont causées et les efforts pour réparer les relations rompues. Via transformativa : être soi-même transformé pour transformer les injustices et la violence dans le monde.  

    « Les dons sur lesquels nous construisons [nos vies], les problèmes que nous affrontons et que nous délaissons, les blessures que nous entretenons, nous invitent à être transformés et à incorporer de nouvelles pratiques, de nouvelles compréhensions, de nouvelles façons de voir l’anabaptisme », dit Andrés Pacheco Lozano.  

    Stratégies 

    « Le renouveau est individuel, mais c’est aussi un choix que l’on peut faire en tant que communion […] comme de prendre les décisions par consensus, par l’échange, même si cela prend beaucoup de temps », explique Henk Stenvers. « Ensemble, dialoguant les uns avec les autres et avec l’Esprit, nous voulons découvrir ce que Dieu nous dit. Pour cela il faut être ouverts les uns envers les autres (écouter ce que les autres disent), être ouverts par rapport au temps (ne pas être pressés de prendre des décisions) et être à l’écoute de l’Esprit. » 

    L’écoute est ce qui motive les gens. « Que vous dit la Bible ? Que me dit la Bible ? Comment pouvons-nous nous mettre d’accord ? » 

    « Si nous venons d’un endroit où il n’y a pas eu de renouveau, il peut être difficile d’être en mesure d’entendre ceux qui en ont vécu un », explique Anicka Fast. « Les témoignages peuvent sembler étranges, mais l’œuvre du Saint-Esprit est souvent surprenante. Il franchit les barrières. Le renouveau se produit lorsqu’on fait un pas, ensemble ou en tant que groupe, et qu’on commence à se repentir ensemble, à prier ensemble et à étudier la Bible ensemble en petits groupes ». 

    « Le renouvellement et le renouveau ont une dimension très politique. Ils ne sont jamais limités à la vie intérieure des personnes. Historiquement, les réveils commencent presque toujours par des mouvements de repentance : réparer ce qui a été brisé, ceci souvent dans les relations.  

    « Le renouveau est lié à la mission : agrandir la famille de Dieu » ajoute Anicka Fast. Reconna√Ætre dans nos propres cœurs là où nous ne sommes pas fidèles – et ensuite changer. Ce qui en ressort est à la fois une nouvelle façon d’être Église et de nouvelles perspectives sur les relations sociales. 

    Lors de la guerre anticoloniale des Mau Mau au Kenya dans les années 1950, les ‘abalokole’ (les ‘sauvés’) ne participaient pas à la guerre. Ces personnes disaient « Je ne peux pas tuer quelqu’un pour qui Christ est mort ». Ils s’appuyaient sur l’idée forte que Jésus fait de nous un nouveau type de famille – une famille au-delà des frontières des ethnies, des races et des nationalités – comme raison de ne pas soutenir l’un ou l’autre côté en guerre », dit Anicka Fast. 

    « La seule façon de se transformer est de le faire par la pratique », dit Lisa Carr-Pries. « Nous sommes tentés de dissimuler nos mauvais côtés parce que nous craignons d’être condamnés ou rejetés par les autres ; nous n’aimons pas les responsabilités parce que nous aurions honte de ne pas être à la hauteur. Ce n’est pas ce que l’église doit être si nous voulons vivre un renouveau. Admettons que nous avons fait une erreur et que nous voulons faire mieux. 

    « Nous devons essayer des faire des choses radicales qui nous mettent mal à l’aise », dit Lisa Carr-Pries. « Nous devons être une communauté qui ressemble à un trampoline : il est souple, il nous rattrape avant d’être blessés et c’est amusant. » 

    Il y a des étapes dans les formes de pratique. Nous n’allons pas réussir immédiatement après avoir essayé. Il est possible de faire des erreurs et il est possible de les réparer. Et nous partons du principe que tout le monde ne sera pas d’accord. » dit Lisa Carr-Pries. 

    « La réparation et le pardon ne sont pas nécessairement la même chose. Épanouissement, réconciliation, retour aux sources, appartenance – ce sont des mots qui invitent à la transformation dans les communautés où nous les exerçons. » 

    « Si nous évitons de discuter de certains sujets et si nous limitons les conversations, nous agissons de façon très contre-productive. Au contraire, les espaces mondiaux devraient précisément nous aider dans notre processus de renouveau : comprendre que les frères et sœurs dans la foi vivant dans différents contextes auront d’autres façons de contribuer à nos propres luttes et à nos propres questions sur ce que signifie être une église », dit Andrés Pacheco Lozano. 

    « Nous allons devoir faire des progrès pour accepter qu’il peut y avoir plusieurs vérités en même temps », déclare Lisa Carr-Pries. « Cela ne veut pas dire être tièdes ou de ne pas se prononcer. » 

    Aujourd’hui, l’Église fait face à de multiples difficultés, que ce soient les divisions internes jusqu’à l’urgence climatique dans le monde. La crise révèle le besoin de renouveau – et éviter de faire face à tous les défis est en soi de la violence. 

    Idéalement, le CMM devrait créer des espaces, des opportunités et des conditions pour que des relations se développent et aussi pour avoir des conversations difficiles et ainsi être transformés. 

    « L’Église est comme un système vivant. Un système qui n’a pas d’échange avec l’environnement qui l’entoure est immobilisé. Il meurt à long terme. Nous devons tirer les leçons de notre héritage sur la paix et la résolution des conflits. Nier les conflits n’est pas la solution. Mais si on les aborde convenablement, ils peuvent conduire à la transformation non seulement des opinions, mais aussi des relations, pour notre plus grand bien. » 

    « Il n’est pas facile d’être assis dans une pièce avec des personnes qui ont des expériences différentes ou qui interprètent théologiquement et ecclésiologiquement des expériences similaires autrement » dit Andrés Pacheco Lozano. « Mais, comme dans une famille, quand vous êtes à table, vous parlez aussi des choses difficiles. En mettant de côté certaines des dynamiques de pouvoir liées à la métaphore familiale, les repas permettent de partager à la fois des joies et des sujets difficiles, fréquemment espérons-le, et où nous pouvons aborder des questions autrement. » 

    « Nous devrions être encouragés, remis en question, transformés et renouvelés par la façon dont nous apprenons de nos frères et sœurs dans d’autres parties du monde. C’est ce qui est beau et malaisé en même temps. Peut-être que la diversité est ce qui nous en donne la possibilité. La CMM donne des opportunités de croissance » dit Andrés Pacheco Lozano. 

    « Il y a beaucoup de raisons d’espérer. La CMM est un exemple de la manière dont on peut franchir les barrières culturelles, nationales et aussi théologiques, et être toujours une seule communion », déclare Henk Stenvers. « Notre défi est d’être ouvert ; changer même si nous ne savons pas ce que ce changement apportera. Quand le Christ nous demande d’être un, la seule manière de l’être, c’est dans l’espérance et la confiance en Dieu. » 

    Anne Marie Stoner-Eby, ‚ÄúBuilding a Church Locally and Globally: The Ministry of Zedekiah Marwa Kisare, First African Bishop of the Tanzanian Mennonite Church,‚Äù Journal Biographique Des Chrétiens d’Afrique 7, no. 2 (July 2022): 26. 
    Festo Kivengere y Dorothy Smoker, Revolutionary Love (Moscow, Idaho: Community Christian Ministries, 2018). 
    David W. Shenk, Justice, Reconciliation and Peace in Africa, Revised edition (Nairobi: ‘Uzima Press’, 1997) see also; Festo Kivengere, ‚ÄúForce and Power‚Äù, in Justice, Reconciliation and Peace in Africa, by David W. Shenk, Revised edition (Nairobi: Uzima Press, 1997), 169–72.


    Nous avons interrogé les responsables de la CMM sur ‘Renouveau’. 

    • Comment pourrions-nous, en tant qu’anabaptistes-mennonites, rechercher le renouveau à ce stade de notre histoire ? 
      • Quels changements devrions-nous peut-être apporter ? 
      • Quels risques devons-nous être prêts à prendre ? 
      • Pouvons-nous être aussi radicaux que l’étaient les premiers anabaptistes en leur temps ? Voudrions-nous l’être ? 
      • Le renouveau est généralement perturbateur, mais peut-il être non violent ? 
    • De quelles stratégies ou positions avons-nous besoin pour relever le défi d’être une famille anabaptiste mondiale unie aujourd’hui ? 

    Qu’en pensez-vous ? 

    Joignez-vous à notre conversation ! Ajoutez vos propres réflexions ci-dessous ou envoyez-nous un courriel (info@mwc-cmm.org). 

    Contributeurs : 

    • Andrés Pacheco Lozano, Commission Paix, secrétaire (Colombie/Pays-Bas) 
    • Anicka Fast, Commission Foi & Vie, secrétaire (Canada/Pays-Bas/Burkina Faso) 
    • Andi Santoso, Commission Diacres, président (Indonésie/États-Unis) 
    • Henk Stenvers, Comité Exécutif, président (Pays-Bas) 
    • Lisa Carr-Pries, Comité exécutif, vice-présidente (Canada) 
    • Sunoko Lin, Comité Exécutif, trésorier (Indonésie/États-Unis) 
    • Thomas R Yoder Neufeld, Commission Foi & Vie, président (Canada) 
    • Tigist Tesfaye, Commission Diacres, secrétaire (Éthiopie) 

  • Timo Doetsch, pasteur des jeunes à l’Evangelisch Mennonitsche Freikirche de Dresde (Allemagne), et membre du Conseil général de l’Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer Brudergemeinden in Deutschland (AMBD), a interviewé l’ancien secrétaire de la Commission Diacres et nouveau président de la CMM, Henk Stenvers.

    Parle-nous de ton expérience en tant que responsable de la Commission Diacres ?

    J’ai été secrétaire de la Commission Diacre pendant 10 ans. C’était une source d’inspiration et j’ai toujours apprécié le travail. Même si, parfois, c’était beaucoup, c’était merveilleux de pouvoir visiter autant d’assemblées locales, parfois très petites, parfois dans des zones très rurales.

    Le travail de la Commission Diacres ne consiste pas seulement à apporter les salutations de la Conférence Mennonite Mondiale, mais aussi de faire sentir aux gens qu’ils font partie de la famille.

    Mais pour moi, c’était enrichissant. Cela a changé ma foi dans le bon sens. Je suppose que je suis devenu plus fidèle.

    Comment l’heure de prière en ligne a-t-elle commencé ?

    La Commission Diacres s’est réunie avec l’équipe de Communication de la CMM au cours de la première période de confinement en 2020. Tant de personnes étaient touchées par la pandémie. Nous avons pensé qu’il serait peut-être bon d’organiser une prière en ligne juste pour prier de pouvoir y faire face. La première fois, il y avait tout de suite 60, 70 personnes. Et la réponse a été si positive que nous avons décidé de le refaire en septembre.

    Ensuite, 90 personnes y ont assisté. Alors, d’accord, nous en aurons une autre en novembre ! Et c’est Arli Klassen, coordinatrice des représentants régionaux, moi (pour les diacres) et Karla Braun de l’équipe de Communication qui l’avons organisée.

    Puis, la CMM a décidé d’en faire un événement international officiel. Nous avons passé un merveilleux moment à organiser cela avec toute l’équipe technique de l’Assemblée, Liesa (Unger) et tout le monde. Ainsi, c’est devenu une rencontre régulière tous les deux mois.

    Après l’Assemblée, l’équipe technique ne sera plus là, mais nous avons déjà décidé de continuer.

    Peux-tu décrire certains projets de la Commission Diacres ?

    Eh bien, la première chose qui me vient à l’esprit, bien sûr, c’est le groupe de travail autour du COVID-19.

    La Commission Diacres est responsable du Fonds de Partage de l’Église Mondiale avec le secrétaire général. Il s’agit pour les églises membres dans les pays du Sud de demander de l’argent pour des projets. Nous avons décidé en 2020 d’en faire un groupe de travail COVID-19, en coopération avec le Comité Central Mennonite. Et cela a été vraiment, vraiment, réussi.

    Nous avons soutenu quelques 54 projets liés au COVID dans de nombreux pays. Nous avons déboursé plus de 500 000 USD, alors que nous n’avions jamais donné plus de 10 000 USD à un quelconque projet.

    Et la réponse des paroisses, des individus, concernant les dons a été vraiment encourageante.

    Donc, finalement, nous avons pu soutenir tous les projets qui remplissaient les critères.

    Et il y a eu une excellente coopération. Ce groupe de travail a réuni toutes les différentes organisations de secours mennonites lors de réunions Zoom, juste pour s’informer mutuellement de ce qu’elles faisaient par rapport au COVID-19 et pouvoir coordonner certains de leurs projets.

    Je pense que c’était merveilleux de voir comment la CMM pouvait être l’organisme de liaison entre toutes ces organisations qui font ces projets.

    Quel lien vois-tu avec les autres Commissions ?

    Il y a un lien fort, surtout avec la Commission Paix. Au fil des années, nous avons réalisé plusieurs projets communs. Deux fois, nous avons fait ensemble des visites [de solidarité]. Nous écrivons des lettres ensemble lorsqu’une union d’églises d’un pays a des problèmes, en particulier à cause de guerres ou de conflits.

    Chaque mois, nous avons une réunion entre les secrétaires des Commissions. Nous discutons très ouvertement et nous avons une très bonne collaboration.

    Tu te retires de la Commission Diacres. Selon toi, quels sont les défis futurs et les questions clés concernant la Commission ?

    Le bâton de berger a été offert à J. Nelson Kraybill en Pennsylvanie par Calvin Greiner, un prédicateur charismatique qui s’est promené dans la ville hôte de la 16e Assemblée en priant. « Après plusieurs voyages, Calvin Greiner a appris que les mennonites étaient sur le point de tenir une Assemblée là-bas, et qu’un natif de Pennsylvanie serait installé comme président. Il a alors compris pourquoi Dieu l’envoyait si souvent à Harrisburg », dit J. Nelson Kraybill. Sur la photo : Hens Roesita Sara Dewi (interprète : anglais-indonésien), Miekje Hoffscholte-Spoelder, Henk Stenvers, J. Nelson Kraybill. Photo : Nelson Okanya

    Bien sûr, d’abord, le défi de la sauvegarde de la création.

    On voit aussi que dans de plus en plus de pays, il y a soit de la violence, soit des divisions, soit des polarisations. Dans les années à venir, il y aura davantage de travail pour la Commission Diacres, en particulier avec des visites de délégations pour encourager les églises membres et simplement leur faire savoir qu’elles font partie de l’Église mondiale.

    Par exemple, nous avons rendu visite aux Wounaan, un peuple indigène vivant dans la forêt entre le Panama et la Colombie. Beaucoup d’entre eux sont Frères Mennonites. Ils ont des problèmes avec l’exploitation forestière illégale sur leurs terres. Ils nous ont demandé de venir, mais ils ont dit, très sérieusement, « nous ne vous demandons pas de résoudre nos problèmes, parce que vous ne pouvez pas. Nous vous demandons de prier pour nous et de dire au monde ce qui se passe. »

    C’est exactement de notre mission.

    Quel est l’un de tes passages bibliques préférés ?

    C’est toujours une question difficile car cela dépend de la situation. 1 Corinthiens 12 – à propos du corps de Christ – pour moi en ce moment, c’est l’un des plus importants.

    Aussi le Sermon sur la Montagne, parce que c’est un des passages clés sur le pacifisme, le travail pour la paix, la réconciliation, l’intérêt pour ceux qui ont moins de chances.

    Et Philippiens 4/7 : il y a une forme de paix que nous ne pouvons pas comprendre, et que nous n’avons pas besoin de comprendre, mais elle garde nos cœurs et nos esprits.

    Peux-tu recommander un livre, une chanson ou un film ?

    Jonathan Sachs, ancien grand rabbin des United Hebrew Congregations of the Commonwealth, a écrit de merveilleux livres sur la Torah, les cinq premiers livres de la Bible. Ce fut vraiment une révélation pour moi de découvrir le regard qu’il porte sur toutes ces histoires de la tradition juive que nous trouvons parfois déroutantes.

    Tu es le nouveau président de la CMM, qu’est-ce que tu ressens?

    Cela me paraît être une grande responsabilité ; et même après quatre ans en tant que futur président, je ne sais pas si je suis prêt, mais commençons. Ê la CMM, nous travaillons en équipe : les responsables, le Comité Exécutif, le personnel – nous travaillons tous ensemble.

    Je me sens honoré et touché de faire partie de cette lignée de présidents.

    Tu viens des Pays-Bas, et parmi les églises de la CMM, l’Église européenne est minuscule. Qu’en penses-tu ?

    Dans la CMM, votre origine importe peu. Les gens ne vous choisissent pas à cause de votre pays. Ils vous choisissent parce qu’ils vous connaissent.

    Je pense que les gens m’ont choisi parce qu’ils me connaissent. Je participe à la ‘vie mondiale’ depuis 2003. En tant que membre du Conseil Général, je suis devenu secrétaire de la Commission Diacres en 2012. J’ai été représentant de l’Europe en même temps de 2014 à 2020. J’ai donc été dans de nombreux endroits et rencontré de nombreuses personnes dans l’Église mondiale.

    La CMM est une plate-forme o√π nous devrions pouvoir parler de tout. Soit lors d’un dialogue officiel, soit de personne à personne, dans le respect, sans jugement, sans clivage. C’est important, je pense, si notre désir d’être une Église de paix est réel, et nous ne devrions pas résoudre les problèmes en nous divisant. Acceptons le fait de venir de contextes différents, commençons à lire la Bible ensemble et essayons d’expliquer ce que nous comprenons et ce que d’autres comprennent, et alors peut-être pourrions-nous mieux nous entendre.

    Qu’est-ce qui sera important pour toi pendant ta présidence ?

    Ce que nous voyons le plus, ce sont les problèmes de leadership dans les églises. Et je pense que la CMM peut jouer un rôle en essayant de fournir des ressources concernant le leadership dans les églises. Nous voulons encourager des responsables qui ne soient pas collés à leur chaise, mais prêts à céder la place à quelqu’un d’autre, sans provoquer de conflit. Ces choses seront importantes.

    Tu as utilisé l’image de la cathédrale de la Sagrada Familia pour l’Église. Peux-tu en dire plus ?

    J’aime l’idée de la cathédrale comme maison de Dieu.

    Les gens qui ont commencé à construire les cathédrales n’ont jamais vu leur achèvement. Il faut donc avoir beaucoup de confiance pour commencer la construction. On dit que l’architecte Antoni Gaud√≠ ne voulait pas vraiment la terminer. Il voulait continuer à construire tout le temps.

    Je pense que c’est un merveilleux parallèle. La maison de Dieu n’est jamais terminée. C’est solide, mais il faut continuer à construire.

    Mais aussi, lorsque vous vous promenez dans la Sagrada Familia, vous voyez d’abord la partie conçue par Gaud√≠. C’est surprenant avec toutes sortes d’images intéressantes. Vous faites le tour et vous voyez la partie conçue après sa mort. Totalement différente. Et il y a des parties conçues par d’autres architectes.

    C’est un bâtiment très varié ; pourtant il a une unité. Il atteint Dieu et il n’est jamais terminé.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • La Conférence Mennonite Mondiale a engagé un premier dialogue officiel avec l’Alliance baptiste mondiale en1989. Depuis, la CMM a entre tenu des conversations avec la Fédération luthérienne mondiale, les adventistes du septième jour, les catholiques et, plus récemment, avec les catholiques et les luthériens dans le cadre d’un dialogue trilatéral de cinq ans. En raison de la valeur de ces dialogues, la Commission Foi et Vie a élaboré ce document pour permettre aux conférences nationales des églises et aux assemblées locales de la CMM de mieux comprendre le fondement théologique de l’hospitalité œcuménique, et pourquoi nous pensons que ces conversations sont conformes aux valeurs anabaptistes. Le document a été approuvé comme ressource pédagogique de la CMM par le Conseil Général de Limuru, au Kenya, en avril 2018. 


    Lorsque nous parlons de l’Église mondiale du Christ dans le contexte de la Conférence Mennonite Mondiale, la première lettre de Paul à l’église de Corinthe apporte un élément de référence utile. Au chapitre 13, qui traite du thème de l’amour, Paul reconnaît que toute connaissance humaine–même chrétienne, théologique ou confessionnelle, est limitée. En faisant de la théologie, nous connaissons seulement « en partie » (1 Corinthiens 13/9), nous voyons la vérité « dans un miroir » (1 Corinthiens 13/12). Notre connaissance et notre capacité à comprendre sont toujours influencées par notre point de vue. Dans la présence éternelle de Dieu, ce sera différent (1 Corinthiens 13/12). Mais pour l’instant, nous devons nous contenter de cela. Dans nos trajectoires d’êtres humains, limitées parle temps, l’espace et nos cinq sens, notre connaissance est toujours partielle et notre compréhension de la Vérité est façonnée par notre contexte et notre point de vue personnel.

    C’est pourquoi nous devons être prévenants, patients, empathiques et, surtout, aimants avec les autres. « Les prophéties, dit Paul, elles seront abolies… Ê présent, nous voyons dans un miroir et de façon confuse…Ma connaissance est limitée, alors, je connaîtrai comme je suis connu. Maintenant donc ces trois-là demeurent : la foi, l’espérance et l’amour. Mais l’amour est le plus grand. » (1 Corinthiens 13/8-13)

    Ainsi, chaque fois que des chrétiens de traditions théologiques différentes se rencontrent et dialoguent, nous devons le faire dans l’esprit des trois grandes vertus chrétiennes qui de meurent. Paul note également qu’en tant que chrétiens nous parlons différentes langues – littéralement et aussi sur le plan de nos identités théologiques, de nos développements historiques et de nos contextes variés. « Il y a je ne sais combien d’espèces de mots dans le monde, écrit Paul, et aucun n’est sans signification. Or, si j’ignore la valeur du mot, je serai un barbare pour celui qui parle, et ce lui qui parle sera pour moi un barbare. » (1 Corinthiens 14/10-11)

    Ce sont de véritables limitations. Mais reconnaître cela peut aussi devenir une expérience libératrice – je suis libre de réaffirmer mon identité et mon point de vue, car « c’est le seul que j’ai ». Mais je suis également libre de reconnaître la possibilité que les autres aient leurs propres compréhensions, leur propre point de vue, leurs propres limites historiques et contextuelles. Et c’est aussi libérateur de savoir que tout cela peut se faire dans l’esprit et le pouvoir de « la foi, l’espérance et l’amour ».

    1. Nous avons besoin d’une identité de confession chrétienne

    On peut déplorer la scission de l’église chrétienne en autant de confessions et de traditions. Mais cette réalité, après 2000 ans de christianisme, n’est pas forcément une mauvaise chose, tant que nous nous souvenons de la prière du Seigneur pour l’unité des chrétiens dans Jean17. En effet, les identités confessionnelles peuvent être utiles et aussi nécessaires :

    1.1. Aucune église ou confession n’est capable de saisir toute la richesse de Dieu; la diversité est essentielle pour construire l’unité. Pour que le corps fonctionne bien, l’œil doit être un œil; l’oreille doit être une oreille; la main doit être une main (1 Corinthiens 12/15-20). Si ces différences sont abolies, le corps ne peut pas survivre.

    1.2. Tout au long de l’histoire, les confessions ont contribué à appliquer la règle de l’Évangile à des situations spécifiques. Par exemple, à une époque où l’église était riche et mêlée à la politique, les franciscains voulaient vivre radicalement les paroles de Jésus dans le Sermon sur la montagne. Ê une époque où certains chrétiens payaient pour le pardon des péchés, Luther a redécouvert l’Évangile de la grâce gratuite. Les anabaptistes ont osé insister sur la pratique biblique du baptême volontaire et de la non-violence, rompant avec le statu quo adopté par les églises d’État catholiques et protestantes, même au prix de sévères persécutions et d’exils. Les méthodistes ont surgi à une époque où un réveil était grandement nécessaire; et les pentecôtistes sont apparus dans un contexte de discrimination raciale et de rigidité institutionnelle.

    1.3. Les confessions chrétiennes apportent des correctifs : à ses débuts, chaque confession a émergé pour corriger des problèmes spirituels ou éthiques dans l’église. C’est pourquoi les confessions doivent rester flexibles. Ce qui était vrai et nécessaire à un moment donné peut devenir mauvais et inutile dans un contexte historique ou culturel différent. C’est arrivé au peuple d’Israël avec le serpent d’airain : un symbole du salut pendant un temps qui deviendra plus tard un objet d’idolâtrie. C’est pourquoi les confessions doivent être ouvertes au renouveau – pour corriger ce qui ne va pas et aborder les éventuels manques bibliques – si elles veulent rester fidèles à l’esprit de leurs mères et de leurs pères fondateurs.

    1.4. Chaque confession est porteuse de dons et de grâces spécifiques qui doivent être partagés au bénéfice de tous. Le « banquet » chrétien interconfessionnel est un véritable et merveilleux cadeau pour l’Église mondiale parce que nous pouvons apprendre tellement les uns des autres : l’érudition des jésuites, par exemple, ou le style de vie simple des franciscains ; le mysticisme centré sur le Christ de Meister Eckhart, de Jean de la Croix et de Gerhard Tersteegen ; le zèle pour la mission, l’éducation chrétienne et la spiritualité des piétistes ; le biblisme, la non-violence et les convictions de l’église des croyants anabaptistes ; sola fide, sola gratia et sola scriptura des luthériens ; la souveraineté et la gloire de Dieu de la tradition calviniste ; la « méthode » chrétienne des méthodistes ; l’évangélisation personnelle des baptistes ; le discernement communautaire des quakers ; la simplicité des amish ; la dimension transcendantale du pouvoir divin des pentecôtistes ; le royaume « inversé » des communautés latino-américaines, etc.

    Par conséquent, ce n’est pas l’uniformité, mais la diversité qui contribue à l’édification du corps unique du Christ (Éphésiens 4/1-16).

    2. Nous avons besoin d’une œcuménicité centrée sur le Christ

    Les églises et les confessions ne doivent pas rester seules et isolées les unes des autres. Elles ont besoin de l’hospitalité et du dialogue interéglises.

    2.1. Les églises devraient célébrer le corps unique du Christ. Éphésiens4/4-6 nous rappelle qu’il n’y a qu’un seul Esprit, un seul espoir, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême et un seul Père divin. Quand le Christ reviendra, les gens de « toutes les nations, tribus, peuples et langues » s’uniront pour former une communauté de louanges pour l’accueillir (Apocalypse 7/9). D’autres passages des Écritures affirment qu’il n’y a qu’une seule « épouse de l’Agneau » (Apocalypse 19,7), un « peuple de Dieu » (1 Pierre 2/9-10), une «famille spirituelle » (Galates 6/10), un «corps du Christ » (Romains 12/5), un « royaume des cieux » (Matthieu 16/19). Au-delà là de l’histoire des confessions chrétiennes, l’Église est une unité existentielle unie par sa rédemption dans le Dieu trinitaire.

    2.2. Cela signifie qu’en tant qu’enfants de Dieu, nous sommes tous « frères et sœurs » . Éphésiens 3/14-15 nous informe que notre parenté commune avec Dieu fait de nous une famille. Le dicton « vous pouvez choisir vos amis, mais vous ne pouvez pas choisir votre famille » est valable pour les relations interéglises : quiconque appartient à Christ est mon frère ou ma sœur. D’un point de vue éternel, il n’y a pas de « cousins germains », de « cousins au second degré » ou de « parents éloignés » dans la « maison de Dieu ».

    2.3. Des églises et des traditions distinctes peuvent potentiellement se compléter. Romains 12/4-5 et 1 Corinthiens12/12-20 insistent sur le fait que les membres d’un même corps sont différents, mais que leur diversité permet au corps de fonctionner comme il se doit. Bien s√ªr, tous les membres ne sont pas égaux par leur nature et leur fonction : une tête coordonne un travail divin. Pourtant, pour que le corps fonctionne, les différences entre les membres sont essentielles. Personne ne peut négliger un autre membre du corps de Christ comme s’il pouvait se passer de lui. Personne ne possède tous les dons nécessaires. Le corps est bien plus qu’une oreille, une bouche ou des yeux. C’est vrai aussi bien pour l’église locale que pour le parcours commun de différentes traditions chrétiennes.

    2.4. Les églises sont appelées à s’entraider et à se construire l’une l’autre. Les membres faible sont besoin des forts ; et il y a des moments où la faiblesse ou la vulnérabilité d’un membre du corps révèle le caractère du Christ. Comme l’écrit Paul, « même les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont nécessaires, et ceux que nous tenons pour les moins honorables, c’est à eux que nous faisons le plus d’honneur. » (1 Corinthiens 12/22-23)

    Conclusion

    Dans la famille de Dieu (ecumene), nous devons être prêts à vivre une « diversité réconciliée » , en étant à la fois courageux en revendiquant l’héritage et la contribution de notre confession, et humbles en reconnaissant que notre compréhension est limitée.

    Toute vérité que Dieu a placée dans les différentes confessions et leur histoire doit être entendue, préservée et articulée. Les minorités ne devraient pas être dominées par les majorités. Alors même que nous reconnaissons la diversité comme saine, il y a aussi un besoin d’humilité. Dans nos histoires confessionnelles spécifiques, tout n’est pas bon, biblique et agréable à Dieu. De nombreuses divisions auraient pu être évitées. Maintes mémoires doivent être guéries. De nombreuses condamnations appellent à la repentance et à la réconciliation. Les péchés et les erreurs du passé doivent être confessés et pardonnés. Après tout, l’Église a reçu le ministère de la réconciliation (2 Corinthiens 5/18-19). Et si notre témoignage veut être crédible pour le monde qui regarde, le travail de réconciliation doit commencer dans la « maison de Dieu » (Ephésiens 2/19). S’engager pour le ministère de réconciliation prendra sans doute plusieurs formes. Dans certains cas, cela peut signifier une unité complète et formelle dans tous les aspects de la vie d’église ; avec d’autres groupes, il peut s’agir simplement d’une unité fonctionnelle, dans laquelle nous acceptons de collaborer sur un nombre limité d’initiatives. Mais dans tous les cas, notre orientation ecclésiale ira dans le sens de la réconciliation plutôt que dans celui d’une identité ancrée principalement dans nos différences.

    Alfred Neufeld Friesen d’Asunción(Paraguay), est président de la Commission Foi et Vie de la CMM, et ancien de l’Église des frères mennonites. Il est président de l’Universidad Evangélica del Paraguay (université protestante) (au moment de la rédaction de cet article).


    «Œcuménicité» est compris ici comme une tendance et une bonne volonté à l’égard du dialogue et de la coopération avec les autres confessions chrétiennes ou traditions d’église. Le mot « œcuménicité » provient du grec oikos (maison) et menein (habiter) et équivaut à « l’entière famille chrétienne qui habite dans la maison de Dieu. »

    1 Corinthiens 13/12 : « dans un miroir » – signifie littéralement « comme une énigme » du grec ainigmati.



    23 juillet 1955–24 juin 2020  

    La Conférence Mennonite Mondiale (CMM) a perdu Alfred Neufeld Friesen, auteur prolifique, théologien, historien, enseignant et grande influence dans le domaine de la théologie anabaptiste au niveau mondial. Il est décédé le 24 juin 2020 à Münster, en Allemagne où il était hospitalisé pour un cancer du foie et des problèmes rénaux.