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  • États-Unis

    J’ai grandi au Guatemala dans des églises évangéliques et pentecôtistes. Les chants, l’école du dimanche et les sermons étaient imprégnés de la théologie chrétienne sioniste qui déclare que la volonté de Dieu est l’établissement d’une patrie juive en Palestine. Le devoir des chrétiens est de soutenir Israël. Certaines églises affichent même un drapeau israélien dans leur sanctuaire. 

    Là, comme dans les assemblées mennonites évangéliques et hispaniques de Calgary (Alberta, Canada) et de Goshen (Indiana, États-Unis), notre culte comprenait des chants sur le Dieu d’Israël qui coupe les têtes de nos ennemis. Les passages bibliques étaient principalement tirés de l’Ancien Testament, lesquelles décrivaient la violence et le génocide. 

    Dans nos cultes, nous célébrions la mort des ennemis d’Israël. 

    On m’a appris à croire que la nation et l’État d’Israël étaient le peuple de Dieu. C’était un péché de remettre en question cette croyance. 

    Ce n’est pas une surprise 

    Je ne suis pas surpris de constater que de nombreuses personnes issues de milieux théologiques similaires ne remettent pas en question les actions du gouvernement israélien à l’heure actuelle. 
    Ils considèrent l’État d’Israël comme un David affrontant un Goliath. Ils pensent qu’Israël est toujours la petite nation biblique qu’il a été, et non la superpuissance mondiale qu’il est aujourd’hui. 

    J’ai conservé cette vision sioniste d’Israël pendant la majeure partie de ma vie. Jusqu’à ce que j’étudie l’histoire et la théologie au Goshen College, dans le cadre du programme des ministères hispaniques. 

    Des professeurs de théologie comme Juan (John) Driver et Ron Collins ont eu la patience de m’aider à déconstruire ces récits violents et à reconstruire une nouvelle théologie anabaptiste de la paix avec une vision différente de Dieu, de Jésus et d’Israël. 

    J’ai appris que la Bible n’est pas plate. Il y a une montagne dans les évangiles, où nous nous tenons avec Jésus et d’où nous pouvons voir et comprendre le reste de la Bible à travers les enseignements, la vision et la mission de Jésus. 

    Ainsi, lorsque mes frères et sœurs hispaniques-latinos/as se sont opposés à une résolution « Chercher la Paix en Israël et en Palestine » lors de la convention de Mennonite Church USA en 2015, j’ai su exactement d’où venait cette opposition. 

    Venez et voyez 

    Alors, j’ai décidé de rejoindre le groupe de travail Israël-Palestine ‘Come and See’ (Venez et Voyez), composé de groupes et d’organisations anabaptistes. 

    L’objectif du groupe de travail était de sensibiliser les responsables à la Palestine et à Israël et de participer à un voyage d’étude en Terre Sainte comprenant une visite en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. 

    Plus de 110 responsables mennonites se sont inscrits, y compris la plupart de mes frères et sœurs hispaniques-latinos/as qui ont pris le micro lors de la convention de 2015. 

    Certains ont déclaré : « Je suis pro-Israël et je ne changerai pas d’avis. » Mais cet état d’esprit a été remis en question lorsque nous avons écouté les récits de personnes vivant de part et d’autre du mur de séparation israélien. 

    En 2017, j’ai de nouveau rejoint un groupe de voyage d’étude. Il comprenait des responsables de MC USA Iglesia Menonita Hispana (Église mennonite hispanique), quelques responsables mennonites anglophones et un couple afro-américain. 

    Outre la visite de “lieux saints” typiquement chrétiens, nous avons franchi des murs que très peu de visiteurs franchissent. Nous avons traversé des postes de contrôle, ce qui nous a rappelé les difficultés auxquelles sont confrontés les membres sans papiers de nos assemblées aux États-Unis. 

    Nous avons visité des camps de réfugiés palestiniens et des colonies israéliennes. 

    Nous avons profité de l’hospitalité de sœurs et de frères chrétiens palestiniens près de Bethléem, et écouté les récits de juifs, de chrétiens et de musulmans. Au Bethlehem Bible College, nous avons découvert des perspectives théologiques chrétiennes complexes sur la question de territoire. 

    Nous avons planté des oliviers en Cisjordanie, à proximité de colonies israéliennes (construites en violation du droit international). Les colons voulaient déplacer les agriculteurs palestiniens chrétiens. 

    Nous avons appris que le conflit n’est ni musulman-juif, ni juif-palestinien, mais qu’il oppose l’État d’Israël à tous ceux qui s’opposent à l’expansion de son occupation — et même aux juifs dont la conscience s’opposent à l’expansion illégale et au déplacement des Palestiniens. 

    L’expérience de l’apartheid  

    Nous avons fait l’expérience de l’apartheid dès notre arrivée, en constatant la forte ségrégation et l’oppression des Palestiniens sous une occupation militaire brutale. 

    Nous avons ressenti des tensions et la ségrégation raciale. Nous, Latinas/os, partageons certaines caractéristiques physiques avec des groupes ethniques du Moyen-Orient (on me demandait constamment si j’étais libanais). 

    Lors de notre passage aux services d’immigration et de douane israéliens, une femme a été retenue pour être interrogée. Elle était si excitée et joyeuse lorsque nous avons atterri. Mais lorsqu’elle est sortie des postes de douane et d’immigration, elle était presque en larmes. 

    Trois jours après le début du voyage d’étude, l’Afro-Américaine de notre groupe a souhaité retourner aux États-Unis, car elle ne se sentait pas en sécurité, évoquant l’époque de Jim Crow aux États-Unis. 

    Ê la fin de notre voyage d’étude ‘Venez et voyez’, nous ne pouvions plus accepter le récit unique de notre éducation chrétienne sioniste. 

    Nos convictions spirituelles et notre théologie avaient changé. 

    Engagés pour la paix 

    Lors de la convention de Mennonite Church USA en 2017, les responsables mennonites hispaniques et racisées ont été parmi les premiers à s’approcher du micro pour parler en faveur de la résolution ‘Chercher la Paix’. 

    Mais dans nos nouvelles compréhensions figurait la complexité des histoires que nous avions entendues et de l’humanité commune des Palestiniens et des Israéliens. 

    Nous nous sommes engagés à lire et à étudier le document Kairos élaboré par nos frères et sœurs chrétiens de Palestine et d’Israël. 

    Nous nous sommes engagés à prendre la parole ! 

    Alors que nous assistons aux atrocités des récentes violences en Israël, à Gaza et en Cisjordanie, cet engagement me revient à l’esprit. 

    Le moment est venu d’utiliser notre influence politique chrétienne pour appeler à un cessez-le-feu permanent et à une résolution juste du conflit. 

    Le moment est venu d’embrasser la complexité dans un monde où les médias simplifient souvent ce qui est dit, répandent des récits mal informés et alimentent les conflits. 

    Le moment est venu de rechercher la paix sans relâche. 

    —Saulo Padilla est coordinateur de l’éducation à la migration pour les Ministères de la Paix et de la Justice du Comité central mennonite aux États-Unis. 


    39.1

  • « Il faut que justice soit faite. Ils doivent payer pour le mal terrible qu’ils ont fait ». Ces phrases et d’autres du même genre ont été souvent répétées dans l’actualité ces derniers mois. 

    Dans mon pays, la Colombie, je n’ai entendu que trop souvent les mêmes phrases sur les lèvres de chrétiens qui prétendent suivre Jésus, le Dieu qui a choisi la compassion plutôt que la vengeance, celui qui nous a enseigné à donner à nos ennemis et même à nos oppresseurs, non pas ce qu’ils méritent, mais ce dont ils ont besoin. 

    Alors que je réfléchis devant les images des atrocités causées par la guerre dans d’innombrables endroits du monde, je me souviens des paroles d’un sage rabbin juif, Jonathan Sacks, qui a été le grand rabbin des Congrégations hébraïques unies du Commonwealth de 1991 à 2013. Permettez-moi de citer quelques-uns de ses écrits : 

    « Il est de la responsabilité [de la foi abrahamique] d’être une bénédiction pour le monde…. Invoquer Dieu pour justifier la violence contre les innocents n’est pas un acte de sainteté mais de sacrilège. C’est une sorte de blasphème. C’est prendre le nom de Dieu en vain » [1]. 

    « Rien n’est plus décourageant que le cycle de vengeance qui hante les zones de conflit et enferme leurs populations dans un passé qui ne relâche jamais son emprise. Tel a été le sort des Balkans, de l’Irlande du Nord, de l’Inde et du Cachemire, du Moyen-Orient…. Les représailles sont la réponse instinctive à ce qui est perçu comme une injustice…. Les griefs historiques sont rarement oubliés. Ils font partie de la mémoire collective d’un peuple…. C’est ce qui fait du pardon une idée si contre-intuitive. C’est plus qu’une technique de résolution des conflits. C’est une stratégie étonnamment originale. Dans un monde sans pardon, le mal engendre le mal, la souffrance engendre la souffrance, et il n’y a pas d’autre moyen que l’épuisement ou l’oubli pour briser ce cycle. Le pardon seul peut le rompre » [2]. 

    Le rabbin Sacks observe — comme toute personne qui s’est penchée sur le conflit israélo-palestinien — que les questions sont complexes. Une solution acceptable pour les principales parties aurait déjà été mise en œuvre s’il avait été simple de la trouver. 

    Une longue mémoire : les Israéliens pensent à « 2 000 ans de souffrance juive et à la nécessité existentielle pour les juifs d’avoir, quelque part sur terre, un espace défendable », écrit le rabbin Sacks, et les Palestiniens se souviennent « des déplacements et des pertes, de l’impuissance politique et des difficultés économiques, de la défaite humiliante et de la colère » [3]. 

    Alors que chaque groupe tente de protéger son propre espace, leurs tentatives de préservation se traduisent parfois par des destructions qui affectent l’autre et se retournent contre eux-mêmes. « Le pardon semble absurdement inadapté aux conflits d’intérêts importants et à la dynamique même de la suspicion, de la méfiance et des griefs cumulés », écrit le rabbin Sacks. 

    « Pourtant, en fin de compte, la paix est établie, si tant est qu’elle le soit, par des personnes qui reconnaissent le statut de personne de leurs adversaires. Tant que les Israéliens et les Palestiniens ne seront pas capables de s’écouter les uns les autres, d’entendre l’angoisse et la colère de chacun et de laisser un espace cognitif aux espoirs de l’autre, il n’y aura pas d’issue [… En tant que juif], j’honore le passé non pas en le répétant mais en en tirant les leçons — en refusant d’ajouter de la souffrance à la souffrance, de la douleur à la douleur. C’est pourquoi nous devons répondre à la haine par l’amour, à la violence par la paix, au ressentiment par la générosité d’esprit et au conflit par la réconciliation » [4]. 

    Au moment où j’écris ces mots, le cycle de la violence et des représailles continue de s’approfondir. Il est presque impossible de dire quoi que ce soit sur cette situation sans fâcher quelqu’un quelque part, comme ce fut le cas avec la réponse conciliatrice à la guerre au Moyen-Orient que nous avons rédigée en octobre 2023. Et pourtant, nous sommes appelés à répondre, en tant que Communion mondiale, à ce scénario de guerre et à beaucoup d’autres scénarios terribles que nous voyons aujourd’hui. C’est pourquoi nous vous invitons, dans ce numéro du Courrier, à réfléchir à la compréhension des messages bibliques en fonction des réalités d’aujourd’hui. 

    Oui, face à de terribles atrocités, les gens, quels qu’ils soient, ont le droit d’exiger que les auteurs obtiennent ce qu’ils méritent pour ce qu’ils ont fait. Mais, grâce à Dieu, il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Grâce à Dieu, Jésus nous montre une autre voie. 

    —César García est secrétaire général de la Conférence Mennonite Mondiale. Originaire de Colombie, il vit à Kitchener, Ontario (Canada).

    [1] Jonathan Sacks, Dieu n’a jamais voulu ça: La violence religieuse décryptée, 5. 
    [2] La dignité de la différence : Pour éviter le choc des civilisations, 178-79. 
    [3] Ibid, 189-190. 
    [4] Ibid, 189-90. 

    Bibliographie 

    • Sacks, Jonathan. The Dignity of Difference: How to Avoid the Clash of Civilizations. London: Bloomsbury, 2003. (traduit chez Bayard, 2004 : La Dignité de la différence : Pour éviter le choc des civilisations

    • ———. Not in God’s Name: Confronting Religious Violence. First American edition. ed. New York: Schocken Books, 2015. (Traduit chez Albin Michel, 2018) : Dieu n’a jamais voulu ça: La violence religieuse décryptée )

    39.1

  • Allemagne 

    Après le lycée, j’ai passé un an en Cisjordanie sous occupation israélienne, où je vivais et travaillais à Tent of Nations

    un projet de paix écologique palestinien et chrétien. J’ai appris beaucoup de choses pendant cette période : à cuisiner sur un feu de bois, à soigner les animaux, et même comment se remettre des gaz lacrymogènes en respirant de l’oignon cru. 

    Mais ce que j’ai appris de plus transformateur et de plus durable concerne la manière dont je comprends et suis Jésus. 

    Ce sont les chrétiens palestiniens qui m’ont appris à voir que Bethléem, Nazareth et Jérusalem sont des lieux réels dont l’histoire a façonné Jésus. Son contexte, marqué par l’oppression militaire, économique et culturelle, n’était pas si différent de la situation des Palestiniens aujourd’hui qui grandissent dans des camps de réfugiés en Cisjordanie ou à Gaza. Aujourd’hui comme hier, l’injustice engendre l’amertume et la répression, créant des spirales de violence et des schémas complexes de traumatisme qui semblent inéluctables. 

    Solidarité avec les opprimés  

    C’est dans ce monde blessé que Dieu a choisi de venir être solidaire des opprimés et montrer une autre façon de lutter pour la dignité et la liberté — une lutte qui libère à la fois la victime et l’oppresseur. 

    Les Nassar, mes hôtes luthériens palestiniens, m’ont appris à mettre en pratique l’enseignement de Jésus sur l’amour des ennemis. Sur des rochers placés à l’origine par des soldats israéliens pour barrer la route, ils ont écrit leur manifeste : « Nous refusons d’être des ennemis »  

    J’ai vu Daher Nassar inviter à prendre le thé des colons armés qui s’étaient introduits sur ses terres, ce qui les a fait reculer, confus. Pour autant, les Nassars ont refusé de renoncer à leur lien avec la terre et à leur rêve d’un avenir commun pour tous. 

    Les membres juifs et musulmans du Cercle des Parents Endeuillés m’ont également fait découvrir une toute nouvelle conception du pardon. En se réunissant pour pleurer la mort de leurs enfants dans le conflit, ils ont compris que les représailles n’apportaient pas la vie. Seul le pardon a le pouvoir de libérer les gens de l’amertume, de les rendre libres pour œuvrer à la libération de tous. 

    Réconciliation plutôt que récrimination 

    Le fait d’avoir vu ces pierres vivantes m’a aidé à regarder en face mon propre enchevêtrement dans ce conflit. Mes deux grands-pères ont combattu dans l’armée nazie et ont contribué à l’assassinat de six millions de juifs en Europe. Les juifs appellent cette atrocité la Shoah, un mot hébreu qui signifie « catastrophe ». Ce crime odieux contre l’humanité représente l’aboutissement de 2 000 ans pendant lesquels les juifs ont été déshumanisés et terrorisés. 

    Il faut rappeler que cette violence a été perpétrée surtout par des chrétiens. Des non-juifs qui ont oublié qu’ils avaient été adoptés dans le peuple de Dieu par grâce. 

    L’antisémitisme est le traumatisme qui a créé le besoin d’un État juif. Pourtant, cet État n’a pas été établi sur une « terre vide », comme le veut l’expression coloniale courante, mais en déplaçant des centaines de milliers de Palestiniens, dont les enfants et les petits-enfants vivent toujours en tant que réfugiés apatrides dans le monde entier. Les Palestiniens appellent cela la « Nakba », qui signifie « catastrophe » en arabe. 

    Ces deux catastrophes sont les blessures fondamentales de ces deux peuples et, comme c’est souvent le cas, nous accordons généralement plus d’attention à nos propres blessures. 

    Des récits qui déstabilisent 

    Lors de conversations avec des militants pacifistes israéliens et palestiniens, j’ai appris avec humilité que le fait d’assumer l’héritage de mon implication dans la violence ne me souillait pas. Au contraire, cela a ouvert des conversations sur la forme que peuvent prendre le repentir et la réconciliation.  

    Ces militants ont parlé de leur lente et douloureuse prise de conscience : réaliser qu’on leur avait menti. Alors que la Shoah était au cœur de l’enseignement israélien, ils n’avaient jamais appris ce qu’était la Nakba.  

    Dans le même temps, les écoles palestiniennes ne présentaient les sionistes que comme des colonisateurs, tout en omettant qu’ils fuyaient la violence génocidaire de l’Europe.  

    Les militants pacifistes m’ont appris l’importance de parler de nos histoires et de permettre à la vérité d’autrui de nous déstabiliser. Pour œuvrer en faveur d’une paix juste et durable depuis la Méditerranée jusqu’au Jourdain, nous devons nous repentir de notre antisémitisme profondément ancré ainsi que de notre imaginaire colonial et résister à leurs manifestations dans nos sociétés d’aujourd’hui. 

    Une image nourrit mon espoir. Chaque année, les Nassar invitaient les gens à venir dans le vignoble pour aider lors des vendange et dissuader de manière non violente la violence des colons. Je me souviens avoir récolté des seaux et des seaux des raisins les plus sucrés que j’aie jamais mangés avec des dizaines de volontaires du monde entier, y compris des Israéliens.  

    Tant les Israéliens que mes hôtes palestiniens ont pris des risques considérables lors de cette rencontre, car, des deux côtés, des personnes s’opposent catégoriquement à toute forme de coexistence. Pourtant, ils ont consciemment pris le risque, parce qu’ils étaient convaincus que la paix exige des relations de confiance et de solidarité qui ne se développent qu’avec le temps et le travail en commun.  

    La joie de cette vendange et le festin de houmous, d’olives et de falafels à la pause déjeuner sont devenus un avant-goût de la famille du Royaume que je chéris et dont j’ai hâte de goûter à nouveau. 

    —Benjamin Isaak-Krauß est co-pasteur avec son épouse Rianna à Mennonitengemeinde Frankfurt, une assemblée de Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer Gemeinden (AMG) en Allemagne. Il représente le Deutsche Mennonitische Friedenskomitee (Comité mennonite allemand pour la paix) au sein du comité de pilotage des Community Peacemaker Teams. 

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    39.1

  • La Conférence Mennonite Mondiale n’a pas officiellement d’églises membres anabaptistes au Moyen-Orient. Ne pas créer une autre église dans une région offrant une grande diversité a été une décision missiologique. 

    Cependant, les chrétiens palestiniens sont un témoignage pour la communion mennonite dans le monde. Là où la théorie rencontre la réalité, ils ont montré à ceux qui y prêtent attention ce qu’est être fidèle à l’appel de Jésus à la non-violence. 

    Depuis le 7 octobre 2024, les yeux du monde sont tournés vers le Moyen-Orient où violence et différentes sortes of violations ont déclenché un flot de mort et de destruction. 

    En tant que chrétiens, nous pouvons nous tourner vers notre Bible pour interpréter les réalités d’aujourd’hui à la lumière des promesses faites il y a longtemps. 

    « La réponse à cette question est différente pour chaque communauté religieuse », dit Dorothy Jean Weaver. Pour une communauté juive, les réponses découlent de la Bible hébraïque, mais en tant que chrétiens, nous sommes appelés à vivre dans le cadre de la nouvelle alliance, où la géographie « n’est plus un facteur pour les disciples de Jésus ». 

    Dorothy Jean Weaver s’est jointe à plusieurs universitaires mennonites ayant une expérience de la région pour réfléchir au passage d’aujourd’hui. 

    Une trajectoire d’inclusion 

    Dès Genèse 12, nous pouvons discerner une trajectoire d’inclusion qui se poursuit dans toute l’Écriture, explique J. Nelson Kraybill. Il y est question de bénédiction et de malédiction, mais celles-ci sont transmises aux autres par l’intermédiaire du peuple d’Israël. 

    « Dans Amos 9,7, Dieu libère non seulement les Israélites, mais aussi d’autres peuples, même ceux qui sont considérés comme ennemis d’Israël », ajoute Paulus Widjaja. 

    « L’un des thèmes qui ressort de l’Ancien Testament, dans des passages tels que Lévitique 26 ou Jérémie 7, est que l’alliance avec le peuple de Dieu est conditionnée à la pratique de la justice », explique J. Nelson Kraybill. 

    « Jésus reprend ensuite la vision d’Esaïe, qui voit toutes les nations affluer vers la montagne de la maison du Seigneur (Esaïe 2,2), lorsqu’il dit que la montagne du Temple est censée être une maison de prière pour toutes les nations (Matthieu 21,13) », dit J. Nelson Kraybill. 

    « Matthieu (qui est un évangile très juif) se termine par le départ des disciples de Jérusalem, de Galilée, pour aller faire des disciples de toutes les nations » explique Dorothy Jean Weaver. 

    La même chose se produit dans l’Évangile de Luc. Au début de l’histoire de Jésus, l’accent est mis sur Jérusalem, mais à la fin, et plus encore dans les Actes, « l’Évangile se déplace de la Judée à la Samarie jusqu’aux extrémités de la terre », dit Dorothy Jean Weaver. 

    Let Gaza Live’ œuvre d’art par Leyla Barkman

    Un cadre différent 

    Il y a parfois un problème d’ignorance, même chez certains chrétiens, dit Paulus Widjaja. « L’Israël de la Bible et l’État moderne d’Israël sont deux choses différentes. Nous ne pouvons pas les associer comme si l’Israël moderne était l’Israël biblique ». 

    « Ce qui me rend triste, c’est que ce qui a été créé aujourd’hui, c’est la haine, et non l’amour. Les Israéliens comme les Palestiniens sont devenus des victimes », déclare Paulus Widjaja. 

    « Selon le Lévitique, la terre appartient à Dieu — les gens sont des locataires et des étrangers sur la terre », dit Alain Epp Weaver. Cela s’applique aussi bien à Israël qu’à l’Amérique du Nord ou à n’importe quel autre endroit. 

    « Rappelons-nous qu’en tant que mennonites, nous avons historiquement rejeté l’idée de l’État-nation et de la souveraineté des rois », dit Jonathan Brenneman. 

    « Si nous lisons attentivement la Bible, Abraham a été choisi non pas pour lui-même, mais pour bénir les autres », explique Paulus Widjaja. 

    « Et dans le Nouveau Testament, nous voyons que ces idées sont reprises et élargies pour inclure le peuple de Dieu qui suit Jésus (1 Corinthiens 6,19, 1 Pierre 2,9) », ajoute Dorothy Jean Weaver. 

    « Pour savoir si nous sommes des intendants fidèles de la terre que nous habitons, il faut savoir si nous y rendons la justice. Nous avons besoin d’une théologie de la compassion pour Israël et la Palestine, une théologie qui reconnaisse l’image de Dieu et de chaque personne — qu’elle soit israélienne, palestinienne, musulmane, chrétienne ou juive. Dieu appelle les gens à faire régner la justice et à s’opposer à la violence de l’État-nation qui porte atteinte à l’image de Dieu », déclare Alain Epp Weaver. 

    « En tant qu’anabaptiste, je suis en quête d’un système transnational, populaire, qui ne soit pas basé sur l’État. Il n’est pas lié à l’ethnicité. Rien ne justifie la violence dans la vie d’un chrétien, car nous suivons celui qui, même capturé par l’armée impériale (la police), a dit “de remettre son épée dans son fourreau” et a guéri l’oreille de Malchus (Jean 18,10) », explique Sarah Nahar. 

    « En lisant la Bible jusqu’à l’Apocalypse, nous découvrons que nous sommes appelés à être des groupes de personnes qui vivent d’une manière égalitaire, en brisant les frontières et en respectant profondément la terre et les autres », ajoute-t-elle. 

    « C’est un appel à la complexité, et non à la facilité. Nous cherchons à être des personnes qui vivent sans avoir besoin de contrôler les autres », dit-elle encore. 

    « Les églises blanches d’origine européenne ont hérité de théologies antijuives qui affirment que Dieu a répudié le peuple juif. Nous devons examiner et rejeter les théologies antijuives qui ont alimenté l’antisémitisme », dit Alain Epp Weaver. 

    « Historiquement, l’antisémitisme fait partie intégrante du colonialisme et du racisme européens. En tant qu’anabaptistes, nous devons nous opposer fermement à l’antisémitisme en tant que forme de racisme », dit-il encore. 

    « Le même appel concerne tous les lecteurs de la Parole : aimer la miséricorde, rechercher la justice, libérer les opprimés, relâcher les captifs, déclarer le Jubilé (Michée 6,8) », dit Jonathan Brenneman. 

    La réponse à la question « qui est élu » se trouve dans les Béatitudes : « Heureux les artisans de paix, heureux ceux qui ont faim et soif de justice, heureux les pauvres » (Matthieu 5,3-10). 

    « Heureux les opprimés, en somme », dit Jonathan Brenneman. 

    Certains commentateurs, y compris des organisations de défense des droits de l’homme, ont qualifié la réalité du Moyen-Orient d’aujourd’hui un apartheid. Comment les mennonites peuvent-ils créer un espace où tous les peuples, palestiniens et israéliens, pourront s’asseoir en toute confiance sous la vigne et le figuier (Michée 4,4) ? 

    « Il est très difficile de voir quelle feuille de route permettrait de passer de la réalité actuelle de la violence et de la discrimination structurelle à une réalité future dans laquelle les Palestiniens et les Israéliens pourraient vivre librement, en sécurité et en paix », dit Alain Epp Weaver. 

    « Nous prions, nous soutenons les Palestiniens et les Israéliens qui s’efforcent de faire tomber les murs de séparation qui empêchent les gens de se reconnaître les uns les autres comme enfants de Dieu et même de voit ces murs de séparation. Nous devons nous élever contre les fossés qui se dressent (amusant « des fossés qui se dressent !) murs élevés dans nos cœurs — et même contre les murs de pierres érigés par l’État israélien — qui blessent, dégradent et tuent », déclare-t-il. 

    « Nous vivons dans un monde qui a été divisé, où un groupe de personnes déclare “ceci est à nous !” à propos d’une parcelle de terre. Mais notre appel à être fidèles, où que nous soyons dans la société, est de faire pression pour que s’accomplisse la justice de Dieu sur terre selon la mesure de notre énergie pour avancer vers cet objectif, car nous sommes mandatés par Dieu : “ Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre” (Matthieu 6,12) », dit Dorothy Jean Weaver. 

    « Qui est responsable de l’accomplissement de la volonté de Dieu sur terre ? » demande-t-elle. “La réponse définitive est que Dieu est tout-puissant. Mais Dieu nous appelle aussi à agir pour que sa volonté se réalise sur terre. Nous devons prier le Notre Père avec audace et courage”. 

    Pour ceux qui vivent au Canada et aux États-Unis, le mouvement mennonite « Dismantling the Doctrine of Discovery » (Coalition pour la Déconstruction de la Doctrine de la Découverte) nous aide à reconnaître que le péché est structurel, ce qui est un véritable défi. 

    “Le travail que je peux entreprendre consiste à comprendre comment les dynamiques de pouvoir se manifestent partout, à reconnaître les systèmes de déplacement et de dépossession, à me demander à quel prix et au détriment de qui j’obtiens des privilèges dans la société”, explique Sarah Nahar. 

    “L’Évangile propose une nouvelle fa√ßon de penser nos vies et nous encourage à dépasser les frontières, où que nous soyons et qui que nous soyons”, ajoute-t-elle. 

    “D’un point de vue éthique, si nous voulons que notre action ait un sens, elle doit se fonder sur un récit, sinon elle n’aura aucun sens”, explique Paulus Widjaja. 

    Ceux qui recherchent des récits significatifs pour fonder leur action et leur compréhension de la Terre sainte ont la possibilité de le faire. Le Bethlehem Bible College, une école évangélique située au cœur de la Cisjordanie, organise sa 7e conférence  : ‚ÄòLe Christ au checkpoint’ du 21 au 26 mai 2026. “Faire la justice, aimer la miséricorde : le témoignage chrétien dans les contextes d’oppression” — une invitation à “venir et voir !” en personne ou en diffusion en direct. (Cliquez ici pour en savoir plus.) 

    Comment les mennonites peuvent-ils être pacifiques sans être passifs ? Lorsqu’il semble y avoir deux camps, est-il possible d’être neutre sans se ranger implicitement du côté de l’oppresseur ? 

    “La neutralité est un mot très dangereux pour nous, car il nous permet d’imaginer que les choses sont égales, alors qu’elles le sont rarement”, dit Dorothy Jean Weaver. 

    Dans une grande partie du monde, en particulier aux États-Unis, il est admis que les chrétiens sont du côté de l’armée qui commet le génocide. En tant que chrétiens, si nous ne nous exprimons pas, on considère que nous sommes du côté du militarisme, de la violence et du génocide », dit Jonathan Brenneman. 

    « Si nous examinons cette question d’un point de vue théologique, alors oui, nous prenons parti, mais pas pour un peuple, et certainement pas pour un État — nous prenons parti pour des valeurs : la justice, la paix, la réconciliation », dit Paulus Widjaja. 

    « Dans la Bible, les Israélites pensaient que Dieu était toujours de leur côté, mais il y a eu des moments où Dieu a dit : “Je suis de ton côté quand tu es opprimé, mais je suis aussi avec les autres quand ce sont eux qui sont opprimés”. 

    Voyez les prophètes bibliques. On ne pourrait jamais les accuser d’être neutres face aux situations qu’ils ont vécues », ajoute Dorothy Jean Weaver. 

    « Je me range donc du côté des principes chrétiens de justice, d’amour et de réconciliation. Qui que ce soit est opprimé, je serai avec lui, quelle que soit sa nationalité », déclare Paulus Widjaja. 

    « Il a été très important de faire de la théologie dans les rues ensemble, en travaillant pour un cessez-le-feu avec des juifs, des musulmans, des chrétiens, des bah√°’√≠s et des humanistes », dit Sarah Nahar, qui voit qu’il y a bien davantage que deux camps. 

    « J’ai eu l’occasion de faire de la théologie aux côtés de juifs antisionistes qui sont très malheureux lorsque leur foi magnifique, multiforme et profonde est anéantie d’un côté par le nationalisme et de l’autre par le militarisme », dit-elle. 

    Les chrétiens se remettent encore de l’année 313 après Jésus-Christ, lorsque l’empire s’est emparé de la chrétienté ; aussi nous pouvons comprendre ceux qui disent qu’ils ne veulent pas être associés au pouvoir de l’État. 

    « La violence de l’État ne me protège pas : ce sont les relations qui me protègent. Nous pouvons avoir la sécurité et une place dans un monde que l’on partage », continue-t-elle. 

    « D’un point de vue eschatologique », dit Alain Epp Weaver, « il n’y a qu’un côté, le côté de l’humanité, l’humanité que Dieu réconcilie avec lui-même par l’œuvre de l’Esprit, l’Esprit qui brise les murs de la division et de la haine ». 

    « Pour l’Église, témoigner dans ce monde brisé signifie s’élever contre toutes les formes d’injustice, y compris les structures d’occupation militaire qui construisent des murs et approfondissent les divisions. Lorsque nous défendons la justice, les gens nous accusent parfois de créer des divisions, mais nous sommes animés par cette vision d’une humanité réconciliée que Dieu rappelle à Lui, nous rappelant à notre nature originelle », déclare Alain Epp Weaver. 

    Les chrétiens palestiniens ont lancé un appel qui a été publié à la fin du mois d’octobre : « Nous demandons aux responsables d’églises et aux théologiens occidentaux qui soutiennent les guerres d’Israël de rendre compte de leur complicité théologique et politique avec les crimes israéliens contre les Palestiniens », écrivent-ils. (Cliquez ici pour lire le document complet.) 

    « J’ai vu et je soutiens cet appel », dit Alain Epp Weaver. « L’Église occidentale a été complice de la dépossession des Palestiniens. Il est grand temps qu’elle s’exprime par des actions concrètes. 

    « La large coalition chrétienne palestinienne qui a écrit cette lettre travaille en étroite collaboration avec les autres et dénonce le bluff de l’Église occidentale. Je prie pour que l’Église occidentale ait des oreilles et un cœur pour écouter », dit Dorothy Jean Weaver. 

    « Je suis reconnaissante à la tradition pacifiste de nous permettre de prendre courageusement et humblement non seulement position, mais aussi d’agir et de prier en nous engageant à ne pas éliminer les autres », déclare Sarah Nahar. 

    « Si nous nous trompons, nous pouvons chercher, réparer et apprendre. Je me poserai certaines de ces questions à l’occasion de notre 500e anniversaire, que certains estiment devoir être célébré parce que nous avons été fidèles, tandis que d’autres pensent qu’il devrait s’agir d’un moment de deuil parce que notre corps chrétien a été déchiré », ajoute-t-elle. « C’est également une question complexe. » 

    « Nous continuons tous à agir et à prier pour la guérison de ce qui est brisé dans le monde et nos propres vies », dit J. Nelson Kraybill. 

    Contributeurs 

    • Dorothy Jean Weaver a pris sa retraite après avoir enseigné le Nouveau Testament au Eastern Mennonite Seminary de Harrisonburg, en Virginie (États-Unis). Elle a aussi beaucoup voyagé en Israël-Palestine et à l’extérieur, à la fois dans le cadre de congés sabbatiques universitaires et pour diriger des voyages d’études et des groupes de travail. 
    • J. Nelson Kraybill est un universitaire à la retraite et ancien président de la CMM (2015-2022). Il est également impliqué depuis longtemps en Israël-Palestine, à la fois en tant qu’organisateur de voyages et en tant qu’universitaire. Il a récemment été chercheur en résidence au Bethlehem Bible College, en Cisjordanie, pendant huit mois. 
    • Paulus Widjaja est pasteur ordonné de la GKMI. Il est chargé de cours à la faculté de théologie de l’université chrétienne Duta Wacana à Yogyakarta, en Indonésie. 
    • Alain Epp-Weaver dirige la planification stratégique du Comité Central Mennonite. Il vit à Lancaster, en Pennsylvanie (États-Unis). Il a travaillé pendant 11 ans en Palestine occupée, dont deux ans à Gaza, en tant que coordinateur de programme, et a écrit et édité des livres sur la Palestine. 
    • Jonathan Brenneman est un mennonite américain d’origine palestinienne. Il a travaillé avec les Community Peacemaker Teams en Palestine et a travaillé sur le programme « Peace in Israel and Palestine (Paix en Israël et en Palestine) » de Mennonite Church USA en 2017. 
    • Sarah Nahar vit actuellement à Syracuse, dans l’État de New York (États-Unis), sur les terres non concédées de la nation Onondaga. Elle a été la représentante de l’Amérique du Nord au sein de AMIGOS — un précurseur du Comité YABs de la CMM. En tant que directrice exécutive de Community Peacemaker Teams, elle a servi en Israël-Palestine et a travaillé avec le Sabeel Liberation Theology Centre à Jérusalem. 

    39.1

    Updated 16 April 2024: date of Christ At The Checkpoint conference corrected

  • Paraguay

    Je m’appelle Monika. Je viens du Paraguay et j’ai effectué un service volontaire au Village Nazareth. Le Village Nazareth est un musée en plein air situé à Nazareth, en Israël. Ce musée recrée la vie du premier siècle et vise à montrer aux touristes le Nazareth de l’époque de Jésus.

    J’ai participé au programme YAMEN* pendant 11 mois, en 2022-2023.

    En regardant en arrière et en pensant à mon vécu, je me rends compte que beaucoup de choses m’ont formée.

    La Bible, et donc aussi notre foi, est historiquement prouvée. C’est en Israël Palestine que j’en ai pris conscience pour la première fois. Et cela m’a aidé à mieux apprécier ma foi. Pour moi, la foi — et surtout la personne de Jésus — était très abstraite. Il m’était difficile de comprendre que Jésus soit un homme et qu’il ait vécu sur terre. 

    Durant mon temps à Nazareth, j’ai consacré beaucoup de temps à expliquer la vie du premier siècle aux touristes. J’ai répété les mêmes informations encore et encore, et soudain, ce n’était plus une abstraction. Il devenait de plus en plus facile d’imaginer Jésus enseignant dans la synagogue de Nazareth ou marchant sur la mer de Galilée. J’avais l’impression d’être dans les événements des Évangiles. 

    Il y a aussi quelque chose que je n’avais pas compris jusqu’alors, c’est que les écritures de l’Ancien Testament font référence à Jésus à maintes reprises. Je savais que certains versets, comme celui d’Ésaïe 9, faisaient référence à Jésus. Mais le fait qu’il y ait tant de promesses que Jésus ait accomplies était nouveau pour moi. Et j’ai été ravie de découvrir ces liens. 

    Ce ne sont pas les lieux eux-mêmes — les fouilles ou bien les endroits où Jésus a parlé à ses disciples — qui ont renforcé ma foi. C’est le fait que ce que je lis dans la Bible est confirmé dans de nombreux cas par l’histoire. J’ai été impressionnée par la manière dont Dieu a utilisé les hommes et la nature pour révéler son existence.

    Le musée est une réplique d’un village juif du premier siècle, et Nazareth est aujourd’hui une ville arabe. La majorité du personnel est composée de chrétiens arabes qui représentent les habitants du village historique.

    Bien que je ne connaisse rien à la culture arabe et que je ne parle pas un mot d’arabe, l’équipe du Village Nazareth m’a accueillie comme membre du groupe dès le premier jour. J’ai toujours admiré le personnel pour le temps et l’énergie qu’il consacre à établir des relations avec les volontaires, même si la plupart d’entre eux ne restent que quelques mois.

    Les gens du Village m’ont appris à cultiver les relations et à ne pas juger les gens sur leurs performances.

    Une chose très typique des Arabes est de demander des nouvelles de la famille. Tous les lundis, ils me demandaient si j’avais parlé à ma mère au téléphone et comment elle allait. Ê un moment donné, je me suis retrouvée appeler ma mère le week-end pour ne pas avoir à répéter que je ne lui avais pas parlé.

    J’ai appris que ce ne sont pas toujours les mots qui transmettent l’amour de Jésus. Parfois, ce sont les actes qui parlent plus fort que les mots. J’ai appris à aimer et à apprécier le personnel de Nazareth Village, et je suis reconnaissante pour le témoignage qu’il laisse. 

    — Monika Warkentin est membre de HMC – Iglesia Hermanos Mennitas Concordia, Asuncion, Paraguay, qui fait partie de la conférence des Frères mennonites. Son petit ami paraguayen est venu lui rendre visite pendant son année de service et l’a demandée en mariage à la Mer Morte. Elle est aujourd’hui heureuse en mariage.

    *Le Réseau Anabaptiste Mondial d’Échange de Jeunes (YAMEN) est un programme conjoint du Comité central mennonite et de la Conférence Mennonite Mondiale. Il a pour objectif de promouvoir la communion entre les églises de la tradition anabaptiste et de former de jeunes dirigeants partout dans le monde. Les participants vivent une année dans un contexte interculturel, à compter du mois d’août jusqu’au mois de juillet de l’année suivante.

    39.1

  • « Ceux qui sont impliqués dans des projets humanitaires et pastoraux connaissent la solitude, la lassitude, la faiblesse, l’abattement, le cynisme… Mais tout cela a été lavé dans l’eau et essuyé avec des serviettes », explique Denis Gorenkov, pasteur baptiste en Ukraine, à propos du rituel du lavement des pieds avec Henk Stenvers, président de la CMM.   

    Du 22 au 25 février 2024, le président de la CMM, Henk Stenvers, a visité l’Ukraine avec une équipe de Dnipro Hope Mission (DHM).  

    DHM a réuni quelque 25 pasteurs baptistes et frères mennonites, ainsi que leurs épouses, qui travaillent sur des projets soutenus par DHM, dans l’ouest de l’Ukraine. Nombre de ces pasteurs travaillent près des lignes de front, parfois même comme aumôniers.  

    L’équipe de DHM comprenait Joshua Searle, administrateur et fondateur, Rodger et Margaret Murchison, membres américains du conseil d’administration, et Max Zimmermann, professeur de théologie baptiste à la Theologische Hochschule Elstal en Allemagne. Ils ont accueilli le président de la CMM dans leur délégation, après qu’il leur ait demandé de l’aider à organiser une rencontre avec les pasteurs frères mennonites. 

    Le but de cette visite était de donner aux travailleurs quelques jours de repos, l’occasion de partager leurs expériences et de montrer leur solidarité.  

    « Prier, écouter et même être présent pendant trois petits jours semble si peu », déclare Henk Stenvers, « mais l’importance de savoir que des gens pensent à eux et prient pour eux ne peut être sous-estimée ». 

    Henk Stenvers a emporté en Ukraine un bagage supplémentaire contenant 400 cartes manuscrites provenant des églises Doopsgezinde des Pays-Bas. C’est Menno’s Global Village, une initiative de la jeunesse mennonite néerlandaise visant à mettre en contact des jeunes du monde entier, qui a initié et dirigé la collecte.  

    Le temps passé ensemble s’est terminé par un culte au cours duquel Max Zimmermann a délivré un message inspirant, tiré d’Éphésiens 3:14.  

    Mais le moment le plus fort, comme l’a raconté le pasteur baptiste ci-dessus, a été la soirée de lavement des pieds et de communion.  

    Le week-end comprenait des enseignements sur le repos et le soin de soi. Les pasteurs ont également eu des moments pour partager leurs expériences.  

    Ils ont parlé des repas et des abris qu’ils ont distribués aux milliers de personnes déplacées dans les premiers jours de l’invasion.  

    Ils ont parlé de leur service en tant qu’aumôniers et de la douleur de perdre des amis et des membres de l’église à cause de la violence de la guerre.  

    Ils ont parlé de leur colère face à l’invasion et à la guerre, et des relations rompues avec le peuple russe.  

    Ils ont parlé du travail incessant pour répondre aux besoins physiques et émotionnels de la population.  

    Ils ont parlé de la façon dont les petites églises libres sont devenues « visibles » dans la société en offrant leur aide à tous ceux qui la demandent.  

    « Nous ne pouvons pas marcher à votre place, mais nous pouvons faire comme Jésus et vous laver les pieds », a déclaré Henk Stenvers. Les cinq membres de la délégation du DHM ont lavé les pieds de chaque personne présente dans la salle. Pour beaucoup, c’était la première fois qu’ils faisaient l’expérience de ce rituel intime et vulnérable.  

    « Je l’ai présenté comme un symbole de service », explique Henk Stenvers. » Ensuite, nous avons partagé la communion, qui symbolise le fait d’être ensemble dans la communauté, ainsi que notre témoignage de paix. Ce fut une soirée très émouvante. 

    Trois pasteurs frères mennonites qui faisaient partie de la délégation ont parlé à Henk Stenvers de l’Église mennonite en Ukraine.  

    Avec l’aide des églises mennonites d’Europe et d’Amérique du Nord, les églises des frères mennonites ont distribué plus de 2000 tonnes d’aide humanitaire (nourriture, doudous et autres fournitures). Elles travaillent en étroite collaboration avec d’autres églises protestantes, comme celles du DHM, dans le cadre de l’aide humanitaire. 

    « Dans des moments comme celui-ci, les différences sont moins importantes que l’aide aux personnes dans le besoin », dit Henk Stenvers. 


    Ê propos de l’Association des Églises des frères mennonites d’Ukraine 

    Créée en 2004, l’Église des frères mennonites d’Ukraine compte aujourd’hui environ 1 000 membres répartis dans 18 assemblées.  

    Six d’entre elles se trouvent dans les territoires occupés. Elles se réunissent principalement dans les maisons ; la communication avec le corps principal peut être difficile et elles sont confrontées à la suspicion du gouvernement.  

    L’église et le Centre mennonite de Molochansk que les responsables de la CMM avaient visités en 2019 ont été repris par l’armée russe et sont maintenant utilisés à des fins militaires ou de propagande.  

    Comment pouvez-vous prier pour l’Ukraine ?

     

  • Le 29 mai 2025, la Conférence Mennonite Mondiale (CMM) accueillera des invités du monde entier pour l’événement « Le courage d’aimer : 500 ans d’anabaptisme ». Cette journée de célébration commémorera la naissance du mouvement anabaptiste à Zurich (Suisse). Après des ateliers, des concerts, une table ronde et des visites historiques à pied, les participants se rassembleront pour un culte œcuménique à la Grossmünster (cathédrale).  

    Les débuts symboliques du mouvement anabaptiste remontent à janvier 1525, lorsqu’un groupe de jeunes se sont réunis dans la maison de Felix Manz pour commettre un acte subversif : le baptême d’adultes. Conrad Grebel a baptisé George Blaurock qui en a baptisé plusieurs autres sur leur confession de foi.  

    Leur lecture de la Bible a convaincu ces premiers réformateurs que le baptême est le symbole d’une décision consciente de se soumettre à la seigneurie de Jésus-Christ que seuls les adultes peuvent prendre. Cet acte radical les a mis en désaccord avec l’Église établie qui baptisait les enfants depuis un millénaire.  

    Comme un acte de consolidation de la paix et un témoignage de la récente réconciliation, la CMM invite des responsables de communions mondiales (catholiques, luthériens et réformés) qui étaient autrefois en désaccord profond avec le mouvement anabaptiste. « Ce jour-là, les anabaptistes seront visibles dans les rues de Zurich », dit Liesa Unger, responsable des événements internationaux de la CMM. Tous les événements sont à distance de marche et le culte se déroulera en anglais et sera traduit en français, en espagnol et en allemand.  

    « L’événement aura une forte composante historique qui montrera clairement pourquoi nous nous réunissons à Zurich. Mais un accent encore plus fort sera mis sur l’avenir », dit John D. Roth, historien et coordinateur de Renouveau 2025 de la CMM. « Le mouvement anabaptiste continue d’être dynamique, diversifié et créatif en faisant partager l’Évangile dans des contextes culturels très différents. »  

    Aujourd’hui, environ 2,13 millions de croyants dans plus de 80 pays s’identifient comme anabaptistes. La CMM se prépare à recevoir des centaines d’invités le 29 mai, notamment des cinq régions qu’elle sert : l’Amérique latine, l’Europe, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du Nord. Des ensembles musicaux de chaque région se produiront, ainsi qu’un ensemble international, comme lors des Assemblées Réunies de la CMM.  

    Ceux qui assisteront à la célébration de la CMM pourront profiter au maximum de leur voyage en Suisse avec une visite du patrimoine anabaptiste.  

    TourMagination, le premier fournisseur nord-américain de circuits touristiques du patrimoine anabaptiste, a planifié trois circuits avec des animateurs experts où des groupes visiteront des sites importants aux Pays-Bas, en Allemagne, en France, en Suisse et en Autriche.  

    L’historien et ancien professeur du Hesston College, John Sharp, dirigera le circuit de 15 jours Celebrate 500: Classic Anabaptist Heritage Tour, du 19 mai au 3 juin 2025. 

    Le mennonite néerlandais Ayold Fanoy dirigera le circuit de 15 jours Celebrate 500: Anabaptist Story in Europe Tour, du 19 mai au 2 juin 2025. 

    L’archiviste mennonite Conrad Stoesz dirigera le circuit de 13 jours 500 Years of Anabaptist Faith, Art & History Tour, du 28 mai au 9 juin 2025. 

    TourMagination a aidé le Conrad Grebel University College à organiser une visite d’anciens élèves et d’amis qui est déjà complet. Il aide également l’Eastern Mennonite University à organiser un circuit.  

    « Nous nous engageons à garder vivante l’histoire anabaptiste en emmenant les anabaptistes sur les sites où leurs ancêtres ont vécu, aimé et sont morts pour leur foi », déclare Audrey Voth Petkau, présidente de TourMagination. « Collaborer avec la CMM sur l’événement `Le courage d’aimer : 500 ans d’anabaptisme´ est une merveilleuse occasion de servir la communauté anabaptiste. » 

     

  • Les anabaptistes-mennonites pourraient-ils pratiquer le « souvenir de notre baptême » comme un outil pour la formation de disciples tout au long de la vie ? 

    Même si les catholiques et les luthériens baptisent souvent les jeunes enfants, ils incitent les croyants – à un moment donné de l’année, tous les ans – à se souvenir de leur baptême dans leur vie de disciple. 

    L’ancien secrétaire général de la CMM, Larry Miller, l’a découvert en participant au processus de dialogue trilatéral entre mennonites, luthériens et catholiques, qui s’est déroulé sur une période de cinq ans. 

    « Je leur ai avoué avec une certaine gêne que, bien qu’ayant été baptisé en tant que jeune adulte, je ne me souvenais même pas exactement de la date du baptême », raconte Larry Miller. 

    Nous invitons nos responsables à se souvenir de leur baptême. Et vous ? Comment racontez-vous votre baptême ? 

    N’oubliez pas de lire le guide d’étude du rapport sur le baptême. Vos réponses aux questions sont les bienvenues jusqu’en novembre 2024. 


    Un mode de vie alternatif

    Lorsque j’ai été baptisé dans une assemblée mennonite à l’âge de 20 ans, une femme se faisait baptiser en même temps que moi.  Atsuhiro Katano

    Pendant le culte, elle a donné un témoignage puissant, racontant son histoire de souffrances, de turbulences spirituelles et de luttes familiales qui l’ont conduite à une conversion radicale. Elle a finalement trouvé le véritable Seigneur de sa vie.  

    Son témoignage m’a bouleversé, moi qui étais un jeune étudiant brillant et encore innocent, avec une vie facile.  

    Puis ce fut mon tour : j’étais tellement intimidé que je n’ai pu que marmonner que j’avais décidé de suivre Jésus parce que j’avais l’impression que c’était en quelque sorte juste et naturel de le faire. 

    En réfléchissant à mon embarras, j’ai compris plus tard que j’étais devenu mennonite parce que la non-conformité au monde était une valeur fondamentale de l’anabaptisme. 

    Bien que ce ne soit pas aussi spectaculaire, je luttais contre la pression constante de se conformer à la culture environnante dans la société japonaise à contexte élevé. L’accent anabaptiste sur le baptême des croyants et le discipulat comme mode de vie alternatif me faisait clairement comprendre que j’avais de la valeur en tant que personne et qu’il n’y avait pas de mal à être différent de la majorité. 

    —Hiro Katano, Conseil Général délégué pour Nihon Menonaito Kirisuto Kyokai Kyogikai (Japan Mennonite Christian Church Conference), Japon


    La relation avec Jésus grandit

    Mes parents m’ont dit : « Il est temps de penser au baptême. Tu dois demander pardon et accepter Jésus comme ton Sauveur personnel ».  Vikal Rao

    Nous allions tous à l’église, mais à l’époque, je ne comprenais pas grand-chose à la rencontre personnelle avec Jésus. Le pasteur m’a enseigné la Bible dans une classe pendant 10 jours. 

    Le jour de mon baptême, c’était le 16 novembre 1986. J’avais 20 ans. J’ai mis des vêtements blancs et j’ai été baptisé par aspersion dans l’Église de Bethel (membre de la Conférence générale de Bhartiya de l’Église Mennonite). 

    La veille, toute la famille avait prié ensemble. 

    Le dimanche matin, j’ai partagé mon témoignage devant toute l’Église, puis j’ai été baptisé. Tout le monde est venu m’embrasser et me bénir, je me suis senti vraiment spécial. Ensuite, je suis devenu membre de l’église. 

    Après mon baptême, j’ai senti que j’avais soumis ma vie à quelqu’un et que je devais donc faire attention. Cette compréhension m’a accompagné, mais j’ai fait des erreurs. J’ai appris lentement. 

    J’ai souvent prié et j’ai reçu des réponses. Lorsque j’ai obtenu mon diplôme, j’ai prié pour trouver un emploi qui me permettrait de servir l’Église. Dieu m’a guidé. Mon père m’a conseillé d’accepter un poste d’enseignant. Bien des années plus tard, j’ai eu l’occasion de servir l’Église. 

    Petit à petit, la relation avec Jésus grandit. C’est ce qui s’est passé pour moi. Il m’a fallu un certain temps pour comprendre pleinement ce que signifie abandonner sa vie au Christ. C’est au baptême que j’ai remis ma vie, mais c’est plus tard que s’est développé le lien solide qui m’unit à lui. 

     —Vikal Rao, pasteur et secrétaire exécutif de Mennonite Church India. 

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    Choisi pour servir 

    Personnellement, en ce qui me concerne, j’étais baptisé à l’âge de 13 ans. 

    Mon baptême était le baptême par immersion. 

    Les souvenirs sont que j’étais accompagné par plusieurs membres de l’Église, les gens de la chorale. L’ambiance était vraiment festive le jour de mon baptême. J’étais plongé dans l’eau dans une rivière de la région qui s’appelle la rivière Kwilu. 

    Et ce jour-là, c’était un dimanche, le matin, nous avons eu uniquement le baptême, il n’y avait pas d’autre service. Le seul service était le service de baptême. 

    Le matin, nous avons été baptisés. Et après, vers 09h00, il y a eu un culte pour rendre grâce à Dieu et aussi pour partager la communion avec le peuple de Dieu et la Sainte Cène. 

    Donc nous avons été baptisées à quatre dont deux filles et deux garçons après un moment de suivi des enseignements, près de 4 mois. 

    Parmi les textes ce jour-là, je me souviens, de Romains 3,23 et aussi Romain 6,23 ainsi que Jean 3,16. 

    Et parmi les chants, il y a un chant qui dit que Dieu t’a choisie pour le servir, et tu dois les servir. C’est dans une langue de la région. 

    [Cliquez ici pour écouter une brève version audio de la chanson] 

    « Dieu t’a choisie pour que tu le serves de tout ton cœur, de tout ton âme et de toute de tout ton esprit. » 

    Ces sont là, parmi les chansons chantées, les jours de mon baptême. 

    —Felo Gracia, membre de la Commission Mission de la CMM, de la République Démocratique du Congo  

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    Une porte s’ouvre pour servir le Christ

    J’ai été baptisé à l’âge de 17 ans. Victor Wall

    Ayant été élevé dans un foyer chrétien, j’ai appris à prier dès mon plus jeune âge. Ma mère m’avait appris une prière que je répétais chaque soir avant d’aller me coucher. Un jour, elle m’a dit qu’il était temps que je fasse une autre prière — sans me dire comment ni m’enseigner une nouvelle prière. Très vite, j’ai décidé de réciter le Notre Père, que j’avais appris par cœur à l’école du dimanche. 

    Chaque jour, avant d’aller me coucher, je m’agenouillais et priais le «‚ÄâVater Unser‚Äâ». Ce n’est que plus tard que j’ai réalisé à quel point ce choix était judicieux. 

    √Ä l’âge de 13 ans, je me débattais avec des questions sotériologiques. Comment un enfant ou un adolescent «‚Äâchrétien‚Äâ» devient-il chrétien‚Äâ? J’ai commencé à prier à ce sujet. La réponse est venue lors d’une campagne d’évangélisation la même année, o√π j’ai découvert une manière de prendre la décision consciente de devenir un disciple du Christ. 

    √Ä l’adolescence, ma décision prise quelques années plus tôt avait besoin d’être mise à jour. Après avoir vécu un renouveau spirituel personnel, j’ai décidé de demander le baptême. 

    Nous étions plus de 20 personnes dans notre groupe de baptême, en majorité des jeunes. Après un cours de préparation très utile sur ce que signifie suivre le Christ, se faire baptiser et appartenir à l’Eglise, nous étions prêts pour le grand événement. 

    La veille, l’église des Frères mennonites de Filadelfia, au Paraguay, s’était réunie pour écouter nos témoignages, généralement accompagnés d’une sorte de dialogue sur notre expérience de foi. 

    Le culte de baptême était un événement important qui se déroulait en trois parties : Un culte axé sur la signification du baptême, le fait d’être chrétien et l’appartenance à l’Église. Ensuite, le baptême a eu lieu à l’extérieur du bâtiment, o√π tout le monde s’est rassemblé autour des fonts baptismaux. Tous les candidats au baptême étaient vêtus de blanc. 

    En général, le pasteur ne baptisait pas lui-même, mais un diacre ou un autre prédicateur. 

    Par la suite, la personne était accueillie dans la communauté de l’Église et recevait un certificat. Le culte se terminait par la célébration de la Sainte Cène, avec une attention particulière pour les nouveaux. 

    Ce fut une expérience très significative. Un témoignage public, le fait d’entrer dans l’eau et d’être immergé dans l’eau devant tout le monde et de vivre pour la première fois la Cène du Seigneur a été très émouvant pour moi. 

    C’était aussi comme une porte qui s’ouvrait à moi pour servir le Christ. Et c’est le privilège que j’ai depuis lors. 

    —Victor Wall est membre du comité de pilotage du GAHEN (Réseau anabaptiste mondial pour l’éducation supérieure) et assure la liaison avec la Commission Foi et Vie. Il est membre de l’Eglise des Frères mennonites du Paraguay. 

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  • « Nous sommes appelés à être des artisans du shalom partout où nous allons. Cela demande du courage, de la discipline, de l’engagement et, bien sûr, l’accompagnement du Saint-Esprit », déclare Andi Santoso, président de la Commission Diacres. 

    Qu’est-ce que la Commission Diacres ? 

    La Commission Diacres* est la branche pastorale de la Conférence Mennonite Mondiale. Elle se consacre au bien-être des églises membres, en particulier dans les moments de détresse. La Commission apporte son écoute, ses prières, ses encouragements et son soutien aux églises en « cheminant avec elles » face à leurs besoins particuliers. 

    La Commission encourage une attitude et une pratique de service parmi les églises membres par le biais de visites, d’enseignement et de ressources. 

    Que fait la Commission Diacres ? 

    Fonds de Partage de l’Église Mondiale 

    La Commission Diacres gère le Fonds de Partage de l’Église Mondiale (GCSF), qui permet aux églises membres et membres associés de la CMM en Afrique, en Asie et en Amérique Latine/Caraïbes de demander une subvention pouvant aller jusqu’à 10 000 USD pour des ministères qui contribuent à la vie et à la mission de leurs églises. En 2023, le GCSF a versé plus de 100 000 USD aux églises de neuf pays, pour des initiatives allant de la construction d’églises à la traduction de documents anabaptistes dans les langues locales, en passant par des mesures d’aide lors de cataclysmes, le soutien à des groupes défavorisés et le développement des compétences. 

    « Il est important que nous continuions à nous soutenir mutuellement afin que “ce que vous avez en trop compensera ce qu’ils ont en moins, pour qu’un jour ce qu’ils auront en trop compense ce que vous aurez en moins” (2 Corinthiens 8/13-15), poursuit Andi, mais il est tout aussi important que ceux qui reçoivent le don aient le pouvoir de déterminer comment il contribuera à la mission de Dieu dans leur situation ». 

    Cliquez ici pour en savoir plus sur le Fonds de Partage de l’Église Mondiale 

    Prières 

    La Commission Diacres publie une Lettre de Nouvelles mensuelle du réseau de prière, qui recense les demandes de prière des églises membres de la CMM du monde entier. Avec les représentants régionaux, la Commission Diacres anime aussi l’Heure de Prière Virtuelle tous les deux mois, une réunion virtuelle d’une heure permettant aux membres du monde entier de prier les uns pour les autres et les uns avec les autres. 

    Inscrivez-vous à la Lettre de Nouvelles du réseau de prière ici 

    Inscrivez-vous pour la prochaine Heure de Prière Virtuelle ici. 

    OPH Mai 2024

    Délégations 

    Au cours de ses réunions en présentiel, la Commission Diacres a convenu d’élargir la définition des visites de délégation aux églises confrontées à une situation extrêmement difficile ou prolongée. 

    • a. Réunions virtuelles avec des responsables d’églises et d’autres réseaux de la CMM. En 2023, la Commission Diacres s’est réunie virtuellement avec le Comité des Jeunes Anabaptistes (« YAB ») pour connaître leurs priorités et voir comment les deux groupes peuvent collaborer. Des sessions de formation pourraient être organisées à l’avenir. 
    • b. Visites non officielles. Lorsque des membres de la Commission Diacres sont invités à prendre la parole dans une autre église ou un autre pays, ils peuvent rendre visite aux assemblées anabaptistes-mennonites locales, animer un atelier ou dialoguer sur le rôle de la CMM dans le renforcement des capacités des églises locales. Par exemple, en 2023, Tigist Tesfaye, secrétaire de la Commission Diacres, a été invitée à prendre la parole en Inde lors de la conférence annuelle des femmes mennonites. Elle a aussi rendu visite à 15 églises anabaptistes-mennonites locales, et a parlé de la façon dont les femmes étaient impliquées dans le travail de l’Église. 
    • c. Visites officielles : une équipe de délégués continentaux, d’experts sur différents sujets et de membres de la Commission Diacres effectue une visite officielle pour encourager une église membre en détresse, confrontée à des difficultés ou à un conflit. La dernière visite officielle a eu lieu en 2020 au Burkina Faso. 

    Projets pour 2024. 

    Après un moratoire sur les voyages pendant les années COVID, les nouveaux membres de la Commission Diacres ont tenu des réunions en présentiel en marge du Festival mondial sur le Travail pour la Paix à Harrisonburg, Virginie (États-Unis), en juin 2023. Ils ont passé en revue les tâches de la Commission Diacres (Fonds de Partage de l’Église mondiale, Réseau de prière, délégations) et ont élaboré des projets pour l’avenir. 

    « Nous voulons relancer la visite des délégations de diacres dans les assemblées les moins soutenues ou celles qui souffrent de catastrophes naturelles ou de conflits », explique Andi Santoso. 

    Des projets sont également en cours pour former les membres de la Commission Diacres à un ministère tenant compte des traumatismes et pour être solidaire des églises confrontées à des traumatismes collectifs. 

    Qui sont les membres de la Commission Diacres ? Cliquez ici pour en savoir plus. 


    Comme les quatre cavités du cœur, les quatre commissions de la CMM servent la communauté mondiale des églises anabaptistes dans les domaines suivants : Diacres, Foi & Vie, Paix et Mission. Les commissions préparent du matériel à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils et proposent des ressources aux églises membres et facilitent le travail des réseaux ou des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun. Ci-dessous, une des commissions communique un message de leur ministère. 
  • « Quelle belle conclusion pour notre journée que de prier ensemble en tant qu’église mondiale », dit Sushant Nand, un responsable de Mennonite Church India. Il dirigeait une salle de réunion pour l’Heure de Prière Virtuelle, un événement bimensuel à 14 h UTC qui rassemble des anabaptistes-mennonites du monde entier. 

    Après quelques prières sur Mennonite Action (un mouvement qui appelle les Canadiens et les Américains à demander à leurs représentants élus de soutenir un cessez-le-feu à Gaza), les plus de 50 participants à l’Heure de Prière en Ligne se répartissent en petits groupes sur Zoom pour prier. 

    De fortes tempêtes en Inde et une panne de réseau en Afrique de l’Ouest, au Burkina Faso, ont empêché les participants de ces régions de rester connectés. 

    Les groupes de discussion en hindi abordent la question du témoignage vivant pour la paix au milieu de la persécution en Inde. Dans plusieurs régions, les chrétiens ont été battus, leurs églises démolies ; d’autres fois, la persécution est plus subtile : « la non-coopération du gouvernement concernant la foi chrétienne ». 

    Les participants de la République démocratique du Congo affirment que la peur alimente les conflits, créant des cycles de violence et de déplacement. « Prier pour la paix dans le monde est très concret en RD Congo », dit Bruce Campbell-Janz, responsable du développement de la CMM et animateur du groupe francophone. 

    Beaucoup appellent à prier pour des élections équitables et pour que les églises vivent l’amour de leurs prochains. La rhétorique politique d’intolérance et de division gagne en popularité. En 2024, des élections nationales auront lieu dans plus de 60 pays, dont l’Inde en avril et en mai. 

    Les participants prient pour Haïti, où des milliers de personnes tentent de quitter le pays en raison de la violence et de l’instabilité politique croissantes. 

    Ils prient aussi pour que de nouveaux responsables, des jeunes engagés et de nouvelles implantations d’églises anabaptistes-mennonites nationales voient le jour dans le monde entier. 

    « Alors que nous nous préparons à célébrer le 500e anniversaire de l’anabaptisme, nous prions pour que le temps que nous passons ensemble ne soit pas seulement un temps pour regarder en arrière, mais un temps pour regarder en avant », dit J. Ron Byler, coordinateur des secrétaires des commissions. La Commission Foi et Vie de la CMM est aussi en dialogue avec les membres de la Communion Mondiale d’Églises Réformées. Pour la commémoration de l’Ascension en Suisse, il appelle à prier pour que les membres du Conseil Général d’Afrique et d’Asie obtiennent les visas nécessaires pour participer, afin que l’événement soit vraiment un rassemblement mondial. Il appelle également à prier pour les prochaines réunions du Comité exécutif et pour l’événement Renouveau 2024 au Brésil. 

    « Puissions-nous faire entendre notre voix pour parler avec courage et amour », dit Cynthia Peacock, représentante régionale de la CMM pour l’Asie du Sud. 


    OPH May 2024

  • Prière urgente

    Le Seigneur est ma lumière, c’est lui qui me sauve…

    Quand tout ira mal,
    il m’abritera sous son toit,
    il me cachera dans sa tente,
    il me mettra sur un roc, hors d’atteinte….

    Compte patiemment sur le Seigneur ; sois fort et reprends courage, oui, compte patiemment sur le Seigneur !

    Psaume 27.1, 5, 14

    Sœurs et frères bien-aimés :

    Nos frères et sœurs de la Conférence Mennonite Mondiale au Myanmar ont demandé à notre communion mondiale de prier pour eux. Ils nous écrivent :

    La guerre civile dans notre pays dure depuis plus de trois ans. Le nombre de morts augmente chaque jour. Plus de la moitié du pays est sous le contrôle des armées révolutionnaires. Comme les effectifs militaires de la junte ont diminué, une loi sur la conscription a été introduite pour augmenter le nombre de soldats. Les jeunes hommes et les jeunes femmes ne veulent pas rejoindre l’armée de la junte et s’enfuient.

    Les combats font rage dans tout le pays. Les citoyens subissent également les conséquences de la guerre. Conditions de vie inconfortables, manque de médicaments, nourriture insuffisante, les mennonites vivent avec la population les difficultés, le chagrin et l’incertitude persistante. Les enfants et les personnes âgées souffrent énormément.

    Des combats ont eu lieu dans la ville de Kalay, où se trouve le siège de la Bible Missionary Church — Mennonite et deux assemblées de la BMC. Les citoyens ont reçu l’ordre de quitter la ville pour éviter les bombardements aériens et les combats. Les familles mennonites sont en deuil, confrontées à la mort et déplacées.

    En tant que communion mondiale, la CMM pleure avec nos frères et sœurs du Myanmar pour les pertes qu’ils ont subies et le traumatisme actuel.

    Nous pleurons pour tous ceux qui ont été exposés à la guerre et à la violence.

    Nous prions pour que l’esprit de consolation enveloppe les membres de l’église afin qu’ils soient des flambeaux de lumière et de la paix du Christ pour ceux qui les entourent.

    Seigneur, aie pitié !
    Regarde avec compassion ton peuple souffrant au Myanmar.
    Panse les corps et les âmes blessées dans cette guerre civile.
    Apporte ton réconfort aux ventres affamés et aux esprits assoiffés de paix.
    Apporte le courage et la fermeté nécessaires pour résister aux puissances de domination et de violence.

    Nous sommes une communauté mondiale de foi et de vie : nous dépassons les frontières de nationalité, de race, de classe, de sexe et de langue. Nous cherchons à vivre dans le monde sans nous conformer aux puissances du mal, à témoigner de la grâce de Dieu en servant les autres, à prendre soin de la création et à inviter tout être humain à connaître Jésus comme Sauveur et Seigneur.
    —Convictions communes no 7

    Seigneur, entends notre appel à l’aide et aie pitié. 
    Dans le nom de Jésus,  

    Henk Stenvers, Président