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  • « Disséminer et relier ». Cette devise a guidé l’église mennonite de Hawkesville lors de la fermeture du ministère actif de l’assemblée et de la distribution des actifs pour soutenir d’autres ministères. La Conférence Mennonite Mondiale a été l’un des bénéficiaires de cette assemblée de l’Ontario rural, Canada.

    « Les biens de l’église seront utilisés pour promouvoir la mission de l’église », dit David Martin, pasteur intérimaire de Hawkesville au moment de la fermeture. (L’Agence du revenu du Canada exige que les dons soient utilisés selon leur désignation).

    L’assemblée a choisi la Conférence mennonite mondiale, Mennonite Church Canada et Mennonite Church Eastern Canada, qui représentent les ministères mondiaux, nationaux et locaux de l’église.

    « Le culte de clôture avait un air de mandat : prenez ce que nous avons reçu ici et portez ces dons dans d’autres lieux », dit David Martin.

    L’argent et les membres de l’église sont maintenant dispersés pour continuer à se lier aux gens et à l’Évangile.

    Avant la fermeture de l’église, le responsable du culte hebdomadaire de Hawkesville présentait brièvement la façon dont la CMM, MC Canada et MCEC travaillaient à l’édification de l’église. Cela a permis à l’assemblée de mieux comprendre le rôle de l’Église dans sa mission. « L’Église mondiale est importante », dit David Martin.

    La fermeture de l’église a été « une décision audacieuse », selon David Martin. L’assemblée disposait de dirigeants solides et des ressources financières nécessaires pour continuer.

    Cependant, l’assemblée a reconnu qu’il y avait peu de possibilités d’accueillir de nouveaux membres dans son contexte rural. La région est bien pourvue en églises et les jeunes s’installent généralement dans les centres urbains.

    « L’assemblée n’avait aucune chance de prospérer si elle ne se réduisait pas », a déclaré David Martin.

    Près d’un an de discernement a précédé la décision et une autre année de deuil et de célébration a précédé le dernier culte en juin 2024.

    David Martin a guidé l’assemblée dans des pratiques spirituelles pour faire le deuil, se libérer, célébrer et se positionner pour « un nouvel avenir que Dieu est en train de créer pour nous », dit-il.

    Au cours de ses 75 années de ministère, l’église mennonite de Hawkesville a rendu de nombreux services : les membres ont confectionné des quilts pour le MCC, des oreillers pour un hôpital local, des brioches à la crème pour la vente annuelle d’aide sociale, et bien d’autres choses encore.

    « Nous avons décidé de mettre nos efforts au service d’autres églises locales, de trouver différentes façons de nous réinvestir dans la mission de l’église, d’utiliser les actifs pour ensemencer l’avenir ».

    Chaque membre avait au moins une, voire plusieurs options dans un rayon de 15 minutes, explique David Martin. Ils se sont donc dispersés pour trouver de nouveaux liens et consacrer leur énergie à de nouvelles voies de service.

    « Il y a de la tristesse et nous aurions aimé que cela ne se produise pas. Mais il n’y a pas de regrets », déclare Julene Fast, présidente de la congrégation.

    Des rencontres informelles prévues l’année prochaine continueront à rassembler les membres dispersés de Hawkesville pour créer des liens. La mission de Dieu se poursuit sous de nouvelles formes.

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  • Vous êtes invités à participer à un Lecture-o-thon de la Bible.  

    Pour commémorer le 500e anniversaire de l’anabaptisme, MennoMedia a fait réaliser une nouvelle Bible d’étude en anglais. Pour célébrer sa sortie, MennoMedia et la Conférence mennonite mondiale collaborent à la diffusion de trois jours de lecture de la Bible sur YouTube. 

    À partir du 18 janvier 2025, le Lecture-o-thon anabaptiste mondial de la Bible sera diffusé sur YouTube — un circuit de 72 heures non-stop à travers la Bible entière, avec des voix d’anabaptistes du monde entier. 

    « Le 21 janvier 2025, la lecture se terminera par un culte et une célébration en direct à Goshen, Indiana (États-Unis), où nous lirons ensemble le dernier passage de l’Apocalypse et célébrerons le lancement de l’Anabaptist Community Bible‚ » annonce John D. Roth, directeur du projet.  

    « Pouvoir lire la Bible soi-même était un élément important du renouveau de la foi des premiers anabaptistes », explique César García. « Non seulement lire, mais le faire ensemble, sous la direction et le discernement de l’Esprit Saint, voilà leur action révolutionnaire, que nous commémorons chaque année avec le Dimanche de la Fraternité Anabaptiste Mondiale (21 janvier). 

    La lecture collective de la Bible continue d’être un élément clé de notre pratique anabaptiste. Nous invitons nos membres du monde entier à participer à ce projet en tant que lecteurs et spectateurs ». 

    Cliquez ici pour apprendre comment soumettre une vidéo. 

    En tant qu’année anniversaire, 2025 comportera de nombreux événements : locaux, nationaux et internationaux. La Conférence mennonite mondiale organisera une journée de souvenir, de réflexion et de réconciliation à Zurich, le 29 mai 2025. Cliquez ici pour en savoir plus. 

    Soutenez la communauté mondiale spirituelle dans la tradition anabaptiste à travers la CMM.
  • De l’Indonésie à la Bolivie — une année YAMEN à travers les cinq sens :

    • Goûter : la nourriture fraîche (surtout la viande)
    • Toucher : les étreintes serrées et les baisers sur les joues avec le son
    • Sentir l’odeur : le soleil sur la peau
    • Entendre : le bruit de la ville (microbus, taxis, personnes qui parlent fort, etc.)
    • Se sentir : comme à la maison

    C’est ainsi qu’Arni Alice Paidjo décrit son séjour en Bolivie, à Santa Cruz. Ce membre de Gereja Kristen Muria Indonesia (Église chrétienne Muria d’Indonésie, GKMI) à Salatiga (Indonésie) a pris part à YAMEN 2023-2024.

    Le programme Réseau Anabaptiste Mondial d’Échanges de Jeunes (“Young Anabaptist Mennonite Exchange Network “ YAMEN) est un programme conjoint de la Conférence Mennonite Mondiale et du Comité Central Mennonite (” MCC”). Il met l’accent sur le renforcement de la communion entre les églises de tradition anabaptiste et sur le développement de jeunes responsables dans le monde entier.

    Les participants passent un an en mission interculturelle, du mois d’août au mois de juillet suivant.

    Les participants sont attirés par le travail du MCC dans les domaines de la paix, de l’aide et du développement, par la possibilité de rencontrer et d’apprendre d’autres jeunes adultes venant de différents pays, et par la possibilité d’apprendre une nouvelle langue, de nouveaux modes de vie et de mettre en pratique de nouvelles compétences.

    Vivre l’unité et de construire la paix

    Ils font l’expérience de vivre l’unité et de construire la paix.

    Avant même qu’elle n’ait appris l’espagnol, le groupe de jeunes de l’église locale qu’elle fréquentait l’a invitée à leur retraite et les responsables l’ont invitée à rejoindre l’équipe de musique de louange. Elle a été invitée à participer à l’étude biblique des jeunes tous les mardis et samedis et à manger une glace après le culte du dimanche.

    « Ces jeunes sont maintenant mes amis proches », a déclaré Arni Alice Paidjo.

    « Ils ne se soucient pas de savoir d’où je viens, ils veulent simplement que j’apprenne beaucoup de choses de leur église.

    « Vivre l’unité, c’est commencer à apprendre à s’ouvrir à d’autres personnes très différentes les unes des autres, les amener à connaître Dieu à travers nous, leur faire sentir qu’ils sont acceptés et leur donner l’occasion de faire de bonnes choses ensemble », a-t-elle ajouté.

    « Construire la paix, c’est commencer à s’ouvrir pour savoir que l’on est différent les uns des autres et, en même temps, entretenir des relations saines partout. »

    Le déluge de nouvelles expériences au cours de son année YAMEN a poussé Arni Alice Paidjo à suivre Jésus. « Je peux trouver Dieu si facilement lorsque tout ce qui m’entoure est nickel…

    Lorsque les temps difficiles apparaissent, je peux facilement juger et ne plus croire pendant un certain temps. Lorsque je peux encore croire en Dieu dans toutes les situations, bonnes ou mauvaises, je peux lui faire confiance. C’est alors que je peux suivre Jésus ».

    D’autres paroles de YAMENers :

    « Je crois que le sens de la vie va au-delà de la réalisation d’objectifs individuels. YAMEN ouvre la porte au service des autres dans une nouvelle culture et avec de nouvelles personnes, ce qui élargira ma perspective de la vie, de Dieu et du monde qui m’entoure. » — Debora L, membre de l’Église Meserete Kristos (MKC), assemblée locale de Kebena à Addis-Abeba, en service au Kenya. (2024-2025)

    « J’apprends à m’adapter, à accepter et à aimer cette nouvelle communauté d’église sans la comparer à d’autres ou à celle de chez moi », dit-elle. Vivre l’unité sans comparaisons signifie « qu’il y aura un amour qui peut tous nous unir ». – Priscilla Mensah, membre de l’Église mennonite du Ghana, assemblée de Dalive, servant en Ouganda (2024-205)

  • « Investir dans les jeunes adultes est un facteur clé pour aller de l’avant. Pour moi, la Conférence Mennonite Mondiale est le meilleur moyen de le faire », dit Doug Klassen, pasteur exécutif de Mennonite Church Canada et représentant de l’Amérique du Nord au Comité Exécutif de la CMM

    Cette église membre de la Conférence Mennonite Mondiale joint le geste à la parole. Elle est organisée en cinq régions, et chacune d’entre elles envoie un délégué au Sommet Mondial de la Jeunesse. Ensemble, les responsables en choisissent un qui servira de représentant officiel. 

    Cette pratique a débuté lors du Sommet mondial de la jeunesse (GYS) de 2022, qui s’est tenu en Indonésie. La restructuration de l’Église en 2017 avait placé le développement des responsables au niveau régional, et il était donc naturel que chaque région choisisse un jeune adulte pour servir de délégué. 

    L’Église nationale donne à chaque région 1 000 dollars pour financer leur délégué. Il appartient à la région de trouver le reste. 

    L’investissement est payant : le système de multi-délégués a montré sa force à l’arrivée comme au départ. 

    Les délégués du GYS ont pour mission d’enquêter auprès des jeunes de leur pays et de rédiger un rapport sur les résultats. 

    Ils interrogent leurs pairs sur l’engagement dans l’Église (pourquoi certains jeunes choisissent-ils d’investir du temps et de l’énergie pour le travail de l’Église ? Pourquoi certains jeunes quittent-ils l’Église ?), sur le rôle de responsable (quels sont les obstacles ?) et sur les sujets sensibles (quels sont les sujets difficiles ? Comment les idées contradictoires sont-elles gérées dans l’Église ?) 

    Avec un délégué pour chaque région recueillant les réponses en fonction de leurs différentes forces, le rapport pour le GYS de MC Canada était plus représentatif de la diversité du pays. 

    Après avoir participé au GYS, les cinq délégués ont rapporté des informations sur les défis de l’Église que ni Doug Klassen ni d’autres dirigeants n’avaient encore nommés. 

    Ils ont ramené de l’énergie pour mobiliser leur église locale. 

    « Parfois, il suffit d’un événement ou d’une expérience captivante pour que la trajectoire d’un jeune adulte s’infléchisse d’un cran et qu’il se dise qu’il y a peut-être de la place pour l’Église », a déclaré Doug Klassen. 

    Doug Klassen souhaite que le plus grand nombre possible de jeunes rencontrent la foi profonde que l’on trouve dans l’Église mondiale et élargissent leur compréhension « au-delà des histoires eurocentriques familières ». 

    « Exposer les jeunes adultes à l’Église mondiale est l’une de mes plus grandes priorités dans ce rôle », a-t-il déclaré. 

  • Qu’ont en commun Shakira, la star de la musique, et Deborah, la prophétesse biblique ? Lors d’un culte spécial le 6 septembre 2024, Riki Neufeld a analysé les chants de victoire sous l’angle de la paix avec l’assemblée mennonite de Hambourg-Altona (Allemagne). Le Centre de Théologie de la Paix de l’Université de Hambourg (Allemagne) et l’assemblée ont remis le Prix Menno Simons du Sermon à Riki Neufeld, pasteur de l’assemblée mennonite de Schänzli à Muttenz (Suisse). 

    Riki Neufeld étudiait le chant de Deborah dans Juges 5 à l’époque où « I can buy myself flowers » de Miley Cyrus et « Última » de Shakira sont devenus des tubes. Dans ces chansons, les femmes expriment leur chagrin d’amour non pas en se plaignant de leur souffrance, mais plutôt en réglant leurs comptes grâce à des paroles percutantes telles que « Je peux m’aimer mieux que toi » ou « Tu as échangé une Rolex contre un Casio ».  

    Une autre chanson entraînante 

    Juges 5 n’est pas une chanson sur le chagrin d’amour, mais plutôt sur le règlement de comptes d’une manière plus sanglante. Si quelqu’un voulait trouver un texte biblique pour légitimer le soutien militaire dans la lutte contre la tyrannie, ce serait Juges 5, a déclaré Riki Neufeld.  

    Toutefois, ce n’est pas la supériorité des armes qui l’emporte, mais Dieu et les forces de la création qui s’opposent aux attaquants. Dans les versets 19-21, Deborah chante que l’eau, les étoiles et le ruisseau de Kishon balaient les ennemis.  

    Puis, dans les versets 24-27, Déborah chante Yaël qui a tué l’ennemi Sisera. Elle ne se retient pas. Elle raconte comment Jaël « martela… broya… écrasa… et transperça » Sisera. Le puissant tyran « tombe… couché à ses pieds, il s’affaisse… anéanti » 

    « Je peux imaginer que cela aurait été un air entraînant », a déclaré Riki Neufeld. « Quelque chose de difficile à digérer pour nous, en tant qu’église de paix ». 

    Un second regard 

    « Il y a quelque chose de satisfaisant dans cette histoire », a déclaré Riki Neufeld. « Nous compatissons avec le peuple qui était attaqué de manière injustifiée, nous nous réjouissons lorsque le tyran a été tué et que le peuple a été libéré. Mais le chant de Déborah ne s’arrête pas là. »  

    Au verset 28 de son chant de victoire, elle évoque le chagrin de la mère de Sisera après la mort de son fils. 

    Déborah jette un second regard et voit une humanité commune : « Chaque soldat, qu’il soit israélite ou cananéen, ukrainien ou russe, israélien ou combattant du Hamas, a une mère qui craint pour lui », a déclaré Riki Neufeld. « L’Église a pour tâche d’affiner sans cesse ce second regard au milieu des conflits de ce monde » — militaires, géopolitiques ou interpersonnels. 

    « Cette mission à laquelle Jésus nous appelle a quelque chose d’impossible… Chercher l’humanité dans l’ennemi, encore et encore — porter ce second regard — ce n’est pas réalisable par la seule volonté », a-t-il ajouté.  

    Nous ne pouvons vivre cette mission que grâce à la puissance de l’Esprit Saint en nous, qui nous donne un but et la résilience nécessaire pour le faire chaque jour de notre vie, a-t-il ajouté. 

    La version intégrale de ce sermon a été prononcée pour la première fois le 26 février 2023, un an après l’invasion russe de l’Ukraine, devant l’assemblée mennonite de Schänzli, en Suisse. 

    Fernando Enns, membre du jury, a qualifié de courageux le fait qu’un membre d’une église pacifiste affronte un texte aussi violent. « Il faut du courage pour prêcher sans reculer devant les ambivalences du texte et de notre propre expérience. …. Il ne vous calme pas mais vous invite à une discussion honnête — et de cette manière, il offre une nouvelle perspective sur l’appel de Dieu ». 

    « Notre position en tant que mennonites est claire : nous sommes une église de paix qui aime ses ennemis, mais qui déteste les injustices », dit Riki Neufeld. « Certaines personnes ont encore du mal à concilier les deux et à vivre cet enseignement au quotidien. C’est ce qui m’a poussé à envoyer le texte à Fernando Enns pour qu’il soit pris en considération pour le prix ». 

    Pour en savoir plus sur le Prix international Menno Simons pour la prédication, cliquez ici

    Riki Neufeld receives the Menno Simons Sermon Prize from a representative of the award committee.

     

    Riki Neufeld (third from left) with his mother Wilma Neufeld Kaethler (second from left). 

     

  • En 2025, le mouvement anabaptiste mondial se penchera sur les 500 ans de son existence. La Conférence mennonite mondiale invite à marquer l’événement le jour de l’Ascension, le 29 mai 2025, à Zurich, en Suisse.

    Même si nous regardons vers un long passé, l’actualité du mouvement anabaptiste doit être mise en avant lors de cet anniversaire. 

    • Qui sommes-nous aujourd’hui en tant que communauté mondiale ? 
    • Qu’est-ce qui est important pour nous ? 
    • Dans quoi nous engageons-nous pour ce monde ?

    En nous arrêtant sur les 500 ans de notre mouvement, nous voulons partager ce que nous sommes et ce que nous avons à offrir. Et pas seulement avec d’autres Églises. L’engagement dans ce monde pour la paix, pour la réconciliation, pour l’unité, où l’on peut entrevoir la venue du royaume de paix du Christ — cela fait partie des éléments clés de ce que comprennent les anabaptistes comme une vie de disciple.

    Nous regroupons ces engagements sous le thème « Le courage d’aimer ».

    Il faut du courage pour s’engager en faveur de la réconciliation dans une société déchirée par la polarisation des discours. 

    Il faut du courage pour se placer au cœur des conflits, d’écouter et essayer de comprendre les raisons de chacun.

    Il faut du courage pour miser sur l’amour plutôt que sur l’influence, le pouvoir et le contrôle.

    Dans un monde où l’on nous demande de choisir son camp et de se distinguer de ceux à qui l’on ne veut pas être identifié, il faut du courage pour miser sur l’amour. L’amour qui est prêt à donner sa vie pour les ennemis, tout comme le Christ a donné sa vie.

    La non-violence signifie un engagement courageux pour un monde dans lequel l’amour de Dieu est vécu. Comme, par exemple, celui des frères et sœurs d’Éthiopie qui, au milieu de la violence d’une guerre civile, rendent public le fait qu’ils ne portent pas d’armes. 

    Ou celui des personnes qui cherchent à suivre le Christ au cœur des conflits au Myanmar ou en Ukraine, où ils créent des espaces loin des lieux communs et recherchent des voies pour dépasser la violence.

    • Et nous ici aujourd’hui ? 
    • Où est-ce que notre action courageuse dans l’amour est requise ? 
    • Comment pouvons-nous nous interposer utilement au sein des conflits, comment témoigner d’un Dieu qui se donne pour réconcilier le monde avec lui ?

    —Jürg Bräker est secrétaire général de la Conférence mennonite suisse, représente l’Europe pour le comité exécutif de la CMM et est membre du comité qui organise l’évènement.


    Une version de cet article a d’abord été publiée dans le bulletin électronique mensuel de Konferenz der Mennoniten der Schweiz / Conférence Mennonite Suisse. 
  • « Présider la Conférence des secrétaires des communions chrétiennes, c’est assumer une fonction de service. C’est une fonction où l’on est au service des autres secrétaires en préparant l’ordre du jour, la logistique et les documents pour notre réunion, et en dirigeant et facilitant des discussions vigoureuses sur des sujets cruciaux pour l’Église chrétienne mondiale aujourd’hui », explique César García, secrétaire général de la CMM. En novembre 2023, il a été reconduit dans ses fonctions de président pour les deux prochaines années. 

    La Conférence des secrétaires, qui se réunit tous les ans depuis 1957 à quelques exceptions près, n’a pas d’objectifs programmatiques et n’adopte pas de résolutions. Cependant, la diversité des dirigeants des communions chrétiennes participant à cette réunion facilite l’échange d’informations, l’apprentissage mutuel et le développement de relations fraternelles entre les églises du monde entier. 

    « En travaillant avec d’autres secrétaires et en nous écoutant les uns les autres, nous commençons à établir des relations de confiance avec d’autres communions chrétiennes », explique César García. « Et en apprenant à nous connaître, nous pouvons commencer à explorer un domaine d’intérêt particulier pour la plupart des participants à la réunion. » 

    « Dans certains cas, je ramène à la CMM les discussions entamées lors de ce rassemblement annuel. Dans un cas, le secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale est venu à notre Conseil Général pour parler de son parcours personnel et de celui des luthériens dans le processus de devenir une communion mondiale, une église mondiale ». 

    « D’autres fois, j’ai été invité par d’autres communions mondiales à prendre la parole lors de leurs réunions, en particulier pour offrir une perspective anabaptiste sur les sujets dont ils discutent », dit César García.  

    « Une chose que j’ai faite dans ma fonction de président, c’est d’augmenter le nombre de fois où nous prions ensemble pour une situation particulière. Une pratique fréquente dans nos conversations est d’explorer comment nous pouvons répondre ensemble à une crise qui touche nos églises ou une région géographique. »  

    Outre l’échange de points de vue et d’apprentissages, les discussions qui ont lieu lors de ces réunions sèment les graines de la réconciliation.  

    Par exemple, le dialogue officiel et le processus de réconciliation entre les luthériens et les mennonites ont été envisagés il y a plusieurs années par les secrétaires généraux des deux communions.  

    Plus récemment, à la suite des réunions de la réunion annuelle de la Conférence des secrétaires, la CMM et la Communion mondiale d’Églises réformées (CMER) ont discuté du lancement d’un processus similaire de réconciliation entre les Églises réformées et anabaptistes. 

    « Vivre notre ministère de réconciliation est l’une des choses que nous voulons faire, surtout en vue de la commémoration des 500 ans du mouvement anabaptiste », dit César Garcia. « L’idée est de se souvenir de notre histoire dans le cadre de nos dialogues avec l’Église catholique, luthérienne et réformée et d’aller de l’avant avec une mémoire guérie vers l’appel que nous avons reçu à suivre Jésus dans notre tradition anabaptiste. »  

  • « Les anniversaires sont l’occasion de s’arrêter et de réfléchir : nous nous rappelons d’où nous venons, nous considérons qui nous sommes aujourd’hui et nous anticipons ce à quoi Dieu nous appelle », dit César García, secrétaire général de la CMM.

    « Le courage d’aimer », voilà le thème de l’anniversaire de la Conférence Mennonite Mondiale en 2025.

    Pour plus d’informations sur la journée de commémoration de la CMM en Suisse ou sur les autres événements organisés tout au long de l’année, visitez le site mwc-cmm.org/anabaptism500.

    Les activités de la journée comprendront des chorales, une table ronde, des promenades historiques dans la vieille ville de Zurich, des ateliers et un jeu interactif « Trouvez l’église secrète ». La journée se terminera par une célébration avec des invités internationaux et œcuméniques dans l’église Grossmünster.

    Vous pouvez vous rendre à Zurich pour participer à cette journée en voyage organisé ou par vous-même. Le culte de clôture sera retransmis en direct en anglais, en français, en espagnol et en allemand.

    Tout au long de l’année, des événements seront organisés dans le monde entier pour célébrer le mouvement anabaptiste et réfléchir à ce qu’il est devenu aujourd’hui.

    » Nous sommes stimulés par la façon dont « Le courage d’aimer » nous incite à agir à la manière du Christ aujourd’hui, tout autant qu’il y a 500 ans. Les Églises nationales ou les assemblées locales peuvent utiliser ce thème pour leurs propres événements en 2025 », dit Liesa Unger, responsable des événements internationaux de la CMM.

    Anabaptisme at 500 site-web selectionnez 'Français'

    Un ensemble de rassemblements

    Avant l’événement, le Conseil Général de la Conférence Mennonite Mondiale (composé des responsables de chaque Église nationale membre dans le monde) se réunira pour prendre des décisions et pour apprendre. Après l’événement, les jeunes se réuniront pour un Sommet mondial de la jeunesse — c’est la première fois que cet événement a lieu en dehors d’une année d’Assemblée.

    Deux anniversaires

    2025 est l’occasion d’une double célébration pour la CMM. Il y a 500 ans, Conrad Grebel, Georg Blaurock et Felix Manz ont pris l’initiative courageuse de se « rebaptiser » les uns les autres pour exprimer leur conception de la foi. Cet acte a marqué symboliquement le début du mouvement anabaptiste, qui compte aujourd’hui environ 2,13 millions de croyants dans plus de 80 pays à travers le monde.

    Cela fait également 100 ans que la Conférence Mennonite Mondiale a été créée. Son premier événement était une conférence : un rassemblement de responsables d’églises mennonites d’Allemagne, de France, des Pays-Bas, de Suisse et des États-Unis. Le thème de leur première rencontre : « Comment pouvons-nous améliorer la vie spirituelle de nos assemblées ? »

    Télécharger des ressources

    Cliquer ici pour les affiches de l’événement 

  • La crise environnementale et notre mission de protection de la création 


    Un mot d’encouragement de la part de la Commission Foi et Vie de la CMM et du groupe de travail pour la protection de la création 

    Partie 2 sur 2 

    Il est de plus en plus urgent de « Protéger la création ». 

    L’actualité nous rappelle quotidiennement les changements alarmants de notre climat. Nous sommes témoins d’une épouvantable violence infligée à la création bien-aimée de Dieu. Et nous nous rendons de plus en plus compte à quel point nous sommes liés à ce mal, à la fois en tant que pécheurs et en tant que victimes du péché. 

    Comment réagir ? 

    Nos réponses dépendront sans doute de l’endroit où nous vivons, de nos ressources, de la profondeur de notre foi, de notre théologie et de notre volonté de répondre à l’appel.  

    Le péché a brisé notre relation avec Dieu, avec les autres et avec la création dans toute sa diversité. Mais nous vivons aussi dans un monde où l’Esprit bienveillant et libérateur de Dieu opère une « nouvelle création » par et dans le Christ (2 Corinthiens 5,17). 

    Qu’est-ce que cet Esprit nous dit aujourd’hui ? 

    Le slogan de la CMM et la protection de la création.  

    Il n’est pas surprenant que le slogan de la CMM « Suivre Jésus, vivre l’unité, construire la paix » fasse écho aux Convictions Communes. L’Esprit peut l’utiliser pour nous aider dans notre fidélité écologique. 

    Suivre Jésus 

    Le slogan donne la première place à « suivre Jésus ». Le Jésus que nous nous sommes engagés à suivre n’est pas seulement le guérisseur et l’enseignant des Évangiles, mais aussi le Christ qui crée et maintient toute la création dans son étreinte transformatrice et recréatrice (Colossiens 1,17). Nous ne pouvons pas suivre Jésus sans partager l’amour rédempteur du Créateur pour ce monde — le monde tout entier ! Nous ne pouvons pas le suivre sans faire preuve d’amour, de simplicité et de générosité. 

    Vivre l’unité 

    Le deuxième point est « vivre l’unité ». Le cœur de la prière de Jésus pour nous, ses disciples, dans Jean 17, est que nous soyons un. Avec qui devons-nous être un ? Avec qui devons-nous vivre l’unité ? 

    La première préoccupation de Jésus est que nous soyons un avec lui comme il est un avec son (et notre !) Père (Jean 17,21-23). L’unité avec Dieu signifie que nous partageons l’amour du Créateur pour l’ensemble du cosmos* (Jean 3,16, 17). Nous aussi, nous devons être la « lumière du cosmos », comme le dit Jésus dans le Sermon sur la montagne (Matthieu 5,14 ; Jean 3,21). 

    En tant que corps de ce Christ créateur et rédempteur, nous devons participer en tant que gardiens et gardiennes de la création. Tout comme le sabbat était le grand geste de Dieu pour protéger la création (Lévitique 25), nous honorons le sabbat lorsque nous permettons à la création de se reposer de notre exploitation incessante et insouciante des richesses de la terre. 

    Deuxièmement, nous devons être unis les uns avec les autres, ne ménageant aucun effort pour maintenir l’unité créée par l’Esprit (Éphésiens 2,18 ; 4,3). Nous vivons cette unité en étant activement solidaires de ceux qui, dans le corps du Christ, souffrent des effets de la crise environnementale (1 Corinthiens 12,26). Cette solidarité s’étend à l’ensemble de l’humanité et sera de plus en plus mise à l’épreuve au fur et à mesure que l’impact sur les populations vulnérables augmentera. 

    Nous vivons également cette unité en priant les uns pour les autres afin qu’ils aient le courage de ne plus blesser la création, et donc les uns les autres. Nous avons beaucoup à confesser, beaucoup à pardonner et beaucoup à changer alors que nous marchons dans l’unité en tant que corps du Christ. 

    Troisièmement, le fait que Dieu « réunit l’univers entier sous un seul chef, le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre » (Ephésiens 1,10) nous rappelle notre profonde unité avec l’ensemble de la création, une unité de toutes choses en Christ. Nous nous réjouissons de la beauté et de la richesse de la création. Mais nous partageons aussi la douleur de Dieu lorsque la création souffre, en particulier lorsque nous en sommes responsables. 

    Nous confessons donc et nous nous repentons de notre refus d’écouter la souffrance de la création et de notre incapacité à respecter le mandat que Jésus nous a confié en tant que disciples, à savoir proclamer l’Évangile du salut à toute la création (Marc 16,15). 

    Quatrièmement, non seulement nous sommes en unité avec Dieu, mais Dieu est en unité avec nous. Nous ne sommes pas seuls. L’Esprit, le souffle de vie que le Créateur prête à toute la création, nous habite, nous guidant, nous soutenant et nous renforçant dans notre détermination à être fidèles (Romains 8,9-27, 1 Corinthiens 12, Galates 5,22-25, Éphésiens 4,4, Phil 2,12-13). Nous n’osons pas éteindre ou attrister cet Esprit (1 Thessaloniciens 5,19) en négligeant de nous associer à l’amour du Créateur et à l’attention qu’il porte à notre maison terrestre. 

    Construire la paix. 

    Le troisième élément du slogan est « construire la paix ». Le mot hébreu pour paix est shalom, qui signifie avant tout « plénitude » et « harmonie ». Shalom est la meilleure expression du premier sabbat, lorsque Dieu a contemplé la création dans toute sa réalité matérielle et l’a qualifiée de « très bonne » (Genèse 1,25 ; 2,2-3). 

    S’engager à « construire la paix », c’est faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous détourner de nos chemins de destruction et nous engager, en tant que co-créateurs avec Dieu, dans le « ministère de la réconciliation » (2 Corinthiens 5,16-21, Colossiens 1,20), notamment en prenant soin de la création dans toute sa diversité. Construire la paix, c’est travailler à restaurer la création dans sa plénitude, là où la paix et la justice s’embrasseront à nouveau (Psaume 85,10). 

    Le fondement de notre espérance. 

    Nous sommes confrontés à des questions troublantes : Y a-t-il de l’espoir pour ce monde ? Pouvons-nous vraiment changer les choses avec nos intelligences, notre énergie et nos ressources limitées ? Ou bien ce monde va-t-il bientôt disparaître, quels que soient nos efforts ? Que devons-nous espérer ? 

    Les Convictions communes se terminent par ces mots : 

    « Nous cherchons à marcher en son nom [Jésus] par la puissance de l’Esprit Saint, attendant avec confiance le retour de Christ et l’avènement définitif du Royaume de Dieu. ». 

    « L’attente confiante » est une façon de parler de l’espérance. Cette espérance en l’avenir que Dieu nous réserve ne doit cependant jamais être une échappatoire à assumer nos responsabilités ici et maintenant. L’espérance nous pousse à agir maintenant, là où nous sommes. Cette espérance n’est pas de l’optimisme, elle ne repose pas non plus sur notre résilience ou notre inventivité. Elle repose pleinement sur la fidélité de Dieu. 

    L’amour que le Créateur répand dans nos cœurs par l’intermédiaire de l’Esprit (Romains 5,1-5) nous donne le pouvoir d’agir avec espérance en tant que corps du Christ qui a donné sa vie pour sauver ce cosmos. Nous travaillons avec espérance alors même que nous attendons dans la foi. Toute la création gémit avec impatience en attendant que nous mettions en pratique notre foi remplie d’espérance (Romains 8,22 ; Hébreux 11,1 ; 12,12-15). 

    Aujourd’hui, nous pourrions donc reformuler la conclusion des Convictions communes comme suit : « Nous cherchons à marcher par la puissance de l’Esprit qui donne la vie, au nom de Jésus-Christ, par qui tout a été créé, racheté et entretenu, dans l’attente ardente et active du shalom qu’apportera l’accomplissement du royaume de Dieu ». 

    Demandons à l’Esprit la clarté et la vision qui nous aideront à répondre fidèlement au défi de notre époque. 

    Engageons-nous à faire preuve d’amour et de patience les uns envers les autres alors que nous marchons ensemble sur ce chemin semé d’emb√ªches. 

    Soutenons dans la prière le groupe de travail pour la protection de la création et tous les efforts déployés pour répondre à la crise à laquelle nous sommes confrontés ensemble. 

    Telle est notre prière pour la famille de foi de la CMM. 

    Au SEIGNEUR, la terre et ses richesses, le monde et ses habitants ! (Psaumes 24,1) 


    * Dans les premiers manuscrits, le mot « monde » dans Jean 3/16 est traduit en grec par « cosmos », ce qui encourage notre imagination à aller bien au-delà de l’expérience humaine.  


    Vous avez manqué la première partie le mois dernier ? Lire « Car Dieu a tant aimé le cosmos‚Ķ ». 

  • Africa

    Les veillées funèbres et les enterrements sont l’un des événements qui nous rassemblent. 

    L’année dernière, l’un des responsables de notre église a vu sa femme rejoindre le Seigneur. Ce fut une période difficile non seulement pour lui, sa famille et la paroisse, mais aussi pour la communauté. Elle s’est réunie tous les soirs pendant quatre jours avant les funérailles. 

    L’homme qui a perdu sa femme était un pasteur et un dirigeant respecté. La mort de cette femme précieuse a rassemblé des responsables d’églises et des personnes qui ne se seraient jamais rencontrés et n’auraient jamais prié ensemble ! 

    Chaque jour, les orateurs et les prédicateurs venaient d’églises et de dénominations différentes. L’unité du corps du Christ est devenue une réalité pour beaucoup. Le Christ a été adoré et la veillée funèbre s’est littéralement transformée en une sorte de réveil. La présence du Christ a été ressentie, l’Esprit de Dieu ayant touché de nombreux participants. 

    Les funérailles sont généralement accompagnées de deuil et de chagrin. Dans ce cas, il y avait des marques de douleur, mais surtout, il s’est agi de célébrer la vie de quelqu’un qui avait marché de manière exemplaire avec Jésus. 

    Une marche exemplaire 

    Les témoignages se sont succédé de la part de personnes qui ne faisaient pas partie de la paroisse et qui disaient combien cette sœur et ce frère (le mari) avaient touché leur vie de manière significative. 

    Lors du service funèbre, l’un de ses collègues de travail (la défunte était enseignante) a donné un témoignage émouvant. Lorsque d’autres enseignants se sont mis en grève pour réclamer ce qu’ils estimaient être leurs droits, la défunte n’y a jamais participé, estimant que l’enseignement était pour elle une vocation. Le bien-être des enfants était sa priorité. 

    Les représentants des parents d’élèves ont également témoigné de la même chose et du fait qu’au fil des ans, les enfants qu’elle a enseignés ont presque toujours obtenu les meilleurs résultats. 

    Lors de ses funérailles, de nombreuses personnes qui n’avaient absolument rien à voir avec l’assemblée y ont assisté et ont témoigné de l’amour et de la bonté de Dieu, et de la bénédiction qu’il y a à suivre Jésus. 

    Permettez-moi de souligner que les veillées funèbres sont plus ou moins culturelles et prévues. Cependant, c’est la démonstration par l’Esprit de l’unité de l’Église et de la réalité de la puissance transformatrice de Jésus qui a été expérimentée à cette occasion. 

    Aujourd’hui encore, des personnes parlent de cette veillée funèbre. Le pouvoir transformateur de Jésus a rendu ces funérailles différentes des autres. 

    Pour nous, chrétiens, et pour beaucoup d’autres, la veillée funèbre et les funérailles elles-mêmes ont rendu vivantes les paroles de Paul dans Romains 14,7-9. Ces mots continuent à nous encourager :  

    « En effet, aucun de nous ne vit pour soi-même et personne ne meurt pour soi-même. Car, si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur : soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur. Car c’est pour être Seigneur des morts et des vivants que Christ est mort et qu’il a repris vie. » 

    Amen. 

    Danisa Ndlovu est le représentant régional de la CMM pour l’Afrique Australe. Il a été évêque de l’Église des Frères en Christ du Zimbabwe de 2000 à 2014.  

    Cet article est adapté du discours qu’il a prononcé lors de Renouveau 2024, « Transformés, nous vivons ensemble Jésus », le 6 avril 2024 au Brésil. 

    Courrier 39.2&#

  • Indonésie

    Ma femme et moi sommes pasteurs depuis 25 ans dans une paroisse du centre-ville de Jakarta, qui compte environ 250 personnes. Nous aimons beaucoup notre vocation ministérielle, qui consiste à grandir avec l’assemblée dont nous sommes les bergers. 

    Nous avons une fille qui est maintenant dans son sixième semestre de l’école de médecine et qui se prépare à devenir médecin. 

    Depuis notre passage au séminaire, ma femme et moi avons été les mentors de plus de 120 adolescents. Nous les avons formés au discipulat, si bien qu’un grand nombre des membres actifs de l’assemblée aujourd’hui sont des adolescents que nous avons encadrés. 

    Si l’on me demandait quel a été mon poste ou mon rôle le plus significatif, ma réponse serait d’avoir été le père des nombreux enfants placés que nous avons accueillis dans notre foyer comme faisant partie de notre famille. Il a plus de valeur que tous les autres rôles que j’ai occupés au sein de notre synode ou de notre association d’églises, voire au niveau mondial. 

    Une maison aux portes ouvertes 

    Cette histoire a commencé lorsque nous commencions à nous fréquenter, ma femme et moi, au séminaire de Salatiga. 

    Nous avions la même passion pour l’amour des enfants et des jeunes, pour les aider à connaître le Seigneur Jésus et à grandir dans tous les aspects de leur vie. Nous avons tous deux réalisé que notre existence n’était due qu’à la grâce de Dieu, et nous voulions que d’autres personnes fassent également l’expérience de sa grâce. 

    Après notre mariage et alors que notre fille avait 10 mois, Dieu nous a envoyé un jeune homme. Il n’avait pas de parents et avait été rejeté par sa famille. Son corps était émacié et il avait un tympan crevé causé par de la violence de son oncle. 

    Un membre de l’assemblée l’a emmené chez nous, et ce soir-là, nous avons accepté de le prendre en charge. Il est resté avec nous pendant de nombreuses années. Nous avons pu le guider pour qu’il rencontre le Seigneur Jésus. 

    Ce jeune a ensuite suivi des études de théologie et de missiologie, et travaille depuis 10 ans comme missionnaire à l’intérieur du pays. 

    Depuis lors, Dieu a envoyé chez nous de nombreux enfants de diverses régions et origines ethniques. 

    Quelques 43 enfants ont rejoint notre famille. En général, ils viennent de familles pauvres des villages et des régions reculées et n’ont ni père ni mère. Plusieurs d’entre eux ont des besoins particuliers ou souffrent de maladies telles que l’épilepsie, qui doivent être suivies par un médecin. 

    Il n’est pas facile d’accueillir autant d’enfants dans notre foyer. Dès le début, nous nous sommes engagés à utiliser notre propre argent, qui était très limité au début, même pour les repas quotidiens. En tant que pasteurs, nos revenus ne sont pas élevés. C’est devenu difficile lorsque nos enfants accueillis sont passés de 4 à 10, puis à 13 et enfin à 17. Pourtant, nous considérons qu’il est de notre devoir de prendre en charge tous leurs frais de subsistance : nourriture, vêtements, frais de scolarité. 

    Pendant deux ans, nous avons mangé du poisson salé presque tous les jours (ce qui a causé de l’hypertension à ma femme). Mais nous ne regrettons jamais de l’avoir fait car Dieu nous donne la joie. 

    Sur le chemin de Dieu 

    Le plus difficile n’est pas de nourrir nos enfants, mais de les amener à Dieu en raison de leurs différents contextes familiaux et culturels. 

    Nous n’avons pas créé un orphelinat, ni même un dortoir pour les enfants. Au contraire, nous les intégrons à notre famille. Nous disons souvent à nos enfants que c’est leur maison et que c’est leur famille, afin qu’ils découvrent la chaleur et la sécurité de la famille qu’ils n’ont jamais eue. 

    Notre objectif n’est pas seulement de leur permettre de poursuivre leurs rêves, mais de les élever pour qu’ils soient transformés par le Christ et qu’ils trouvent leur vocation en tant que disciples. 

    Lorsque notre fille était à l’école primaire, elle a demandé un jour : « Maman et papa, pourquoi amenez-vous tant d’enfants dans notre maison ? Notre maison est tellement pleine. Ce serait bien si nous vivions seuls tous les trois, et si tout était à moi. » 

    Cependant, lorsqu’elle finissait l’école secondaire, elle a écrit un essai pour un concours d’écriture organisé par le plus grand journal de notre pays. 

    « Je suis née fille unique et je devrais pouvoir jouir de cette bénédiction sans avoir besoin de la partager avec d’autres. Mais mon père et ma mère ont élevé de nombreux enfants dans notre maison, ce qui signifie que j’ai dû tout partager, y compris mon père et ma mère. Au début, j’étais triste et j’avais du mal à l’accepter. Mais mes parents étaient très aimants qui souhaitaient ardemment que d’autres enfants ressentent l’amour de Dieu et aient un avenir. Ils ont accepté que leur vie soit bouleversée pour devenir comme des arbres abritant de nombreuses personnes vulnérables. Aujourd’hui, ma maison est remplie de membres de ma famille venus de toute l’Indonésie. Je comprends à présent que la vie doit être partagée. Où est la beauté de la vie si elle n’est vécue que pour soi ? » 

    Nous avons pleuré en lisant sa réflexion, reconnaissants qu’elle ait également découvert que le véritable sens de la vie ne se trouve que dans le partage. 

    Et elle a même gagné le concours ! 

    Beaucoup de nos enfants ont obtenu leur diplôme et poursuivent leur vocation en tant que pasteurs, missionnaires, enseignants, infirmières ou sur les marchés. S’ils nous demandent : « Comment pouvons-nous vous remercier pour toute la gentillesse dont vous avez fait preuve en tant que père, mère et sœur ? », nous répondons toujours : « Remboursez en partageant l’amour de Dieu avec d’autres, afin qu’il ne s’arrête pas à vous. Nous nous réjouissons de vous rendre visite et de voir de nombreux enfants dans vos familles. » 

    Bien sûr, il y a beaucoup de nuances à apporter dans tout ce processus – beaucoup de joies et de peines. Mais Dieu a permis à notre rêve de se réaliser. 

    Priez pour que nos enfants continuent à devenir des croyants et des disciples fidèles, servant Dieu selon leurs dons et leurs appels. 

    Que le nom du Seigneur soit béni ! 

    —Agus W. Mayanto est le représentant régional de la Conférence Mennonite Mondiale pour l’Asie du Sud-Est. Avec sa femme Rosmaida, il est co-pasteur de la GKMI Cempaka Putih Jakarta en Indonésie depuis 1999. 

    Cet article est adapté de la présentation qu’il a donnée à Renouveau 2024, ‘Transformés, nous vivons ensemble Jésus’, le 6 avril 2024 au Brésil. 


    Courrier 39.2&#

  • Colombie 

    Appelés et choisis pour le projet de Dieu sur terre. 

    Quand on a une vision, on trouve les moyens de la réaliser.  

    Lorsque le but est d’amener les cieux sur la terre, Dieu apporte son soutien total. 

    Il y a 33 ans, nous avons entendu un appel à évangéliser et à faire grandir l’Église. 

    Nous avons commencé à participer à l’assemblée mennonite de notre ville natale, Anolaima. Ê l’époque, le pasteur Peter Stucky nous a donné son accord pour participer en tant que responsables à la direction de cette communauté. Le nombre de membres diminuait au point de penser à la fermer. 

    Dans la municipalité d’Anolaima, il n’a jamais été facile d’évangéliser en raison du contexte culturel. Nous avons commencé à évangéliser en dehors du temple (bâtiment de l’église). Nous voulions prêcher l’Évangile là où se trouvaient les perdus. 

    Nous avons donc décidé d’aller dans les écoles pour prêcher aux enfants et aux jeunes, en leur fournissant des principes et des valeurs bibliques comme outils. 

    Nous avons également organisé des conférences pour les familles dans le seul but qu’elles nous reconnaissent comme une alternative ouverte et large d’esprit, développant une culture du Royaume de Dieu. 

    Nous avons créé une école pour les entrepreneurs en tant que modèle d’autosuffisance. 

    Nous avons travaillé dans les parcs en revalorisant des espaces verts comme exemple de service et de vie meilleure. 

    Nous avions alors reçu une vision de Dieu : créer un parc pour évangéliser en partant de la nature — là où les cieux racontent la gloire de Dieu et où le firmament proclame l’œuvre de ses mains (Psaume 19). 

    Nous avons donc rêvé d’un parc au milieu de la nature, qui recréerait la Parole pour aider à répondre aux besoins et à annoncer la bonne nouvelle du salut. 

    Pourquoi un parc ? 

    Nous ne pouvions pas comprendre, mais nous avons commencé à rêver sans savoir, sans argent, mais avec l’intention que ce soit le rêve de Dieu. Lors d’une réunion de cinquante personnes de la paroisse et en utilisant un vase d’argile pour symboliser notre intention, nous avons semé une graine de tournesol et donné naissance au rêve de Dieu de construire un parc en vue de créer une sorte de tourisme de conversion et de transformation. 

    Il nous a fallu un certain temps avant de pouvoir investir dans un terrain. Nous avons économisé 30 000 USD, acheté et vendu une propriété de 6 000 m2 pour 45 000 USD, puis acquis un terrain de 51 000 m2 pour la même somme. 

    Lorsque la vision vient de Dieu, la foi devient la monnaie qui achète sans argent, car le vendeur avait demandé 75 000 USD et il nous a fait l’honneur de ‘semer’ avec nous la somme restante. 

    Dieu est toujours fidèle pour accomplir ses propres rêves lorsque nous les faisons nôtres. 

    Nous avons dû apprendre à faire confiance à Dieu : l’œuvre est de Dieu, nous ne faisons que l’accompagner. 

    Une rencontre avec Dieu 

    « IgleParque » met en scène des épisodes du récit biblique dans un cadre naturel. Nous respectons la nature en profitant de ses couleurs majestueuses, de la diversité des oiseaux et des animaux qui enrichissent le tableau biblique. 

    Au cours de l’année, nous accueillons entre 2 000 et 3 000 visiteurs, dont de jeunes enfants, des familles et des assemblées qui transmettent l’information de bouche à oreille. 

    Notre but est d’encourager les visiteurs dans leur foi et dans chacun de leurs besoins perçus, qu’ils soient émotionnels ou physiques, d’apporter une aide, une lumière sur leurs chemins, par la connaissance de Jésus-Christ. 

    Nous transmettons un message de paix, puisque telle est notre mission en tant que mennonites. 

    IgleParque est un espace ouvert dans un environnement naturel où les visiteurs remportent avec eux une expérience ‘infinie’ avec Dieu, puisque dans ce projet le ciel brise les barrières qui entravent leur rencontre avec leur Créateur. La créativité est la clé de voûte d’une évangélisation différente, contemporaine mais avec des éléments bibliques. 

    Pour ceux qui le visitent, le parc est une voix de l’espoir, car pour tout besoin, il y a une solution. Il y a 17 espaces pour offrir des conseils bibliques et interagir avec la bonne nouvelle du salut. 

    IgleParque est une bénédiction non seulement pour les visiteurs, mais aussi pour la ville elle-même, puisqu’il a permis aux hôtels, aux restaurants et aux transports de se développer. En raison de sa proximité avec la capitale Bogota (nous ne sommes qu’à 70 km), IgleParque est devenu un point de rencontre pour les visites internationales. IgleParque est un lieu de visite qui ouvre une porte à l’évangélisation. 

    Dieu nous a donné une stratégie pour une évangélisation sans limites. C’est une visite de deux heures présentant la foi, l’histoire et des convictions à ceux d’entre nous qui ont besoin de Dieu. 

    Selon la vision du parc 60 % de sa construction est achevée, mais la communauté s’engage à terminer ce que Dieu a fidèlement commencé avec nous. 

    La passion est le moteur du travail 

    Nous développons peu à peu le projet IgleParque depuis plus de 10 ans. C’est un processus avec des hauts et des bas, mais nous ne perdons pas courage parce que Dieu nous a donné sa force. Nous apprenons à construire par la puissance de la Parole, la foi et la persévérance, en rendant l’impossible possible et l’invisible visible. 

    Au cours du processus, Dieu a ajouté des personnes, l’une après l’autre, jusqu’à ce que nous devenions une équipe et une famille ayant la passion de transformer un rêve en réalité. 

    Nous avons appris à construire sur le modèle de Jésus en nous mettant à son service, en gérant les ressources divines, humaines et physiques et en les transformant grâce à la créativité et à la bénédiction que Dieu nous a transmis. 

    Nous espérons être une source d’inspiration, de motivation et de témoignage pour l’accomplissement de l’Ordre Missionnaire d’aller et de faire des disciples des nations dans la perspective d’un évangile de paix (Matthieu 28,19), mais surtout de la foi en Dieu et en sa Parole. 

    —Le pasteur Eduardo et Lucy Bautista sont pasteurs dans la communauté des responsables de l’assemblée Menonita Anolaima (Colombie). 


    Courrier 39.2&#