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  • Vivre dans l’Esprit : Apprendre. Servir. Louer.

    34 délégués : 4 d’Amérique du Nord, 4 d’Europe, 11 d’Asie, 6 d’Afrique et 9 d’Amérique latine.

    Lors des réunions de délégués, des difficultés communes à tous les jeunes ont fait surface : la solitude et le besoin d’appartenance, le besoin d’un bon leadership, de combler le fossé des générations et le besoin de redéfinir l’église pour qu’elle puisse se déplacer vers les espaces où se trouvent les jeunes. Les délégués ont également réfléchi à des solutions qui contribuent au changement par l’établissement de relations et le partage des ressources.

    Plus que de simples discussions, les délégués et les participants ont apprécié le temps qu’ils ont passé à découvrir leurs différentes cultures, à partager des collations de chaque pays, des mots d’encouragement, de soutien et à prier les uns pour les autres.

    « L’un des moments les plus marquants du GYS a eu lieu après que les délégués ont partagé leurs conclusions avec les participants, et que nous avons passé du temps à prier pour les pays des autres sur une grande carte étalée sur le sol, ainsi que les uns pour les autres personnellement. L’Esprit était très présent alors que nous nous unissions dans la prière, et les gens priaient authentiquement pour le changement qu’ils voulaient voir dans le monde et en eux-mêmes », déclare Ebenezer Mondez, représentant du comité YABs pour l’Asie (2015-2022), mentor YABs (2022-2028)


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Mercredi matin

    Il y a toujours eu deux principaux modes d’apprentissage : académique et expérientiel. La plupart d’entre nous ont un penchant pour l’un ou pour l’autre, mais la réalité est que les deux sont nécessaires à l’apprentissage. La connaissance n’est pas très utile si elle n’est pas appliquée. D’un autre côté, il est souvent inutile et contre-productif de mettre en œuvre quelque chose sans recherche préalable. Diverses perspectives peuvent se comprendre [différemment] dans de multiples contextes, qu’il s’agisse de notre famille anabaptiste mondiale, du corps mondial du Christ ou de notre société multiculturelle plus large. Notre capacité à apprendre de quelqu’un n’est limitée que par notre capacité à voir l’image de Dieu en chaque personne et en étant ouvert à l’Esprit du Christ en nous qui peut nous former en utilisant toute personne ou situation – aussi différente, inconfortable ou peu agréable qu’elles soient. Lorsque nous réfléchissons au fait d’apprendre ensemble en tant que famille anabaptiste mondiale, quatre qualités essentielles dont Jésus a fait preuve nous viennent à l’esprit : l’humilité, l’intégrité, le discernement et la responsabilité.

    L’humilité et l’intégrité

    L’humilité et l’intégrité sont toutes deux liées à notre identité en Christ. Le Psaume 119 commence par : « Heureux ceux dont la conduite est intègre et qui suivent la Loi du Seigneur. ». Si nous savons qui nous sommes, c’est-à-dire les enfants bienaimés du Père sauvés par la grâce par la foi, nous sommes capables d’engager des conversations en étant ouverts à des perspectives diverses, humblement et sans orgueil ou être sur la défensive. Savoir qui nous sommes et à qui nous appartenons nous rend confiants que nous pouvons agir avec intégrité dans des contextes divers.

    Jésus est clair : si nous demeurons en lui, nous ferons ce qu’il commande et nos vies le montreront. Plus nous savons qui nous sommes et qui nous suivons, moins les gens sont surpris par notre comportement, et ils sont obligés de faire un choix en réponse. De même, Jésus connaissait son identité de Fils de Dieu et son appel dès son plus jeune âge, ce qui a déterminé ses priorités, son ministère et les réactions des gens à son égard.

    Pour répondre à notre propre vocation de prêtres et d’ambassadeurs de Dieu, nous devons savoir qui nous sommes par rapport à notre Père. Lorsque nous sommes assurés de l’amour et du pardon de notre Père, nous sommes libres d’aimer et de pardonner sans conditions. Jésus savait qu’il était le Fils bien-aimé de Dieu et pourtant il est venu pour servir et non pour être servi. Nous pouvons vivre avec cette même identité de filiation divine et de servitude.

    Le discernement

    Le discernement n’a pas tant d’éclat, mais j’ai réalisé récemment que cela devient de plus en plus important pour l’Église, avec toutes les informations qui nous inondent – à la fois vraies et fausses. Comment, au milieu de la clameur des voix des médias dans le monde, allons-nous apprendre des autres tout en discernant et en témoignant de ce qui est vrai et authentique ?

    Un pasteur a récemment redéfini pour moi ce qu’était le discernement en le basant sur l’identification de la source : le monde, la chair, Satan ou l’Esprit. Notre capacité à le faire ne vient que de l’Esprit. Un passage de l’Écriture qui illustre cela est 1 Corinthiens 2 : « car l’Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu…. Pour nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous puissions connaitre les dons de la grâce de Dieu. …. L’homme spirituel juge de tout…. Or nous, nous avons la pensée du Christ. »

    L’une des choses les plus difficiles est d’apprendre à faire confiance à l’expérience de Dieu de quelqu’un d’autre. Les chrétiens vivent leur relation avec Dieu de manières très diverses donc leur discernent de la direction et les conseils de Dieu dans leur vie est aussi divers. Parfois, nous évaluons ce qu’apprennent les autres comme si nousmêmes apprenions toujours directement de Dieu. Mais ce que nous apprenons des autres ne vient pas toujours de Dieu ou n’est pas basé sur la Parole de Dieu. Cela doit être discerné par l’Esprit, avec qui nous devrions toujours tester tout ce que nous recevons (1 Jean 4/1, 1 Thessaloniciens 5/21) – qu’il s’agisse de prophéties, d’enseignements ou d’expériences – et l’évaluer par rapport à la Parole de Dieu.

    La responsabilité

    La responsabilité qui vient avec l’apprentissage est dangereux. C’est un principe du Royaume que la connaissance et les bénédictions s’accompagnent de la responsabilité de bien les gérer devant Dieu. « Ê qui on a beaucoup donné, on redemandera beaucoup ; qui on a beaucoup confié, on réclamera davantage. » (Luc 12/48).

    C’est là que réside le danger d’un apprentissage unilatéral : acquérir des connaissances sans les mettre en pratique. Cela s’applique particulièrement aux occidentaux et à ceux d’entre nous qui ont grandi dans des contextes chrétiens. Cependant avoir moins de connaissances n’exonère pas de sa responsabilité. Dans la culture où je vis Il y a tellement de ressources disponibles : des livres aux conférences, en passant par le contenu des réseaux sociaux, les retraites personnelles ou les groupes divers – quoi que vous vouliez, vous pouvez le trouver. Je me demande parfois ce qui arriverait à l’Église en Occident si tout cela disparaissait. S’il ne nous restait que la Parole de Dieu, le monde créé et le peuple de Dieu dirigé par l’Esprit de Dieu : cela nous suffirait-il pour apprendre ?

    Je ne dis pas que nous devons ignorer toutes les ressources disponibles, mais ma préoccupation, lorsque j’évalue ma propre vie, est la facilité avec laquelle je peux me tourner vers d’autres sources de croissance et de connaissance que la véritable Source. Et plus important encore : que fais-je avec tout ce que j’ai appris et obtenu ?

    C’est le défi que je vous lance, chers frères et sœurs, en ces temps tumultueux, ainsi qu’il est écrit dans Éphésiens : « Nous ne serons plus des enfants, ballottés, menés à la dérive, à tout vent de doctrine, joués par les hommes et leur astuce à nous fourvoyer dans l’erreur. Mais confessant la vérité dans l’amour, nous grandirons à tous égards vers celui qui est la tête, Christ. » (Éphésiens 4/14-15). Alors que nous nous transformons continuellement à l’image de Christ, puisse notre capacité à apprendre ensemble en toute humilité et intégrité nous conduisent à un plus grand discernement par l’Esprit pour connaître la vérité et montrer ce que cela signifie dans notre vie.

    C’est le royaume que Jésus a initié, et c’est notre vocation en tant que corps du Christ : le rendre concret pour que le monde le voie.

    —Larissa Swartz est présidente du comité des jeunes anabaptistes (YAB) (2015- 2022). Actuellement, elle est en transition vers New York pour faire partie d’un mouvement d’églises de maison.

    Apprendere Ensemble – Plénière du matin: 6 juillet 2022


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Mercredi matin

    Apprendre ensemble à discerner la volonté de Dieu : les premiers chrétiens, dès l’origine, ont été confrontés à ce défi. En effet, ‘apprendre ensemble à discerner la volonté de Dieu’ n’est pas un vœu pieux ! Ce n’est pas un processus confortable. En fait, c’est le grand défi de la vie chrétienne, de nos vies personnelles comme celles de nos assemblées, de nos églises locales.

    Pour réfléchir à ce défi, je vous propose de revenir à un moment fondamental, un moment originel : le moment où les disciples ont été appelés chrétiens (en Actes 11, 26) : « Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. »

    Or, grande a été ma surprise de constater que la lecture et la méditation de cet épisode de l’histoire de l’église venait me déplacer, me déloger de ce que je croyais connaître. Ce déplacement a été de constater que le moment où le nom de chrétien a été donné était tout sauf… un moment idyllique, idéal, pour les croyants. Ce n’est pas tant le contexte de persécution, de « détresse » est-il écrit, qui était la menace la plus dangereuse pour l’église chrétienne naissante. Non, le plus étonnant pour moi était de voir que ce moment si beau, ce moment où l’on reçoit un « nom », de plus un nom qui contient celui du Christ, correspond en réalité à un épisode où la plus grande menace pour les nouveaux croyants est celle de la division, de la division interne.

    En effet, d’un côté, il y a la communauté de Jérusalem, la communauté-mère, plus « ancienne » et de culture juive. De l’autre côté, il y a la communauté d’Antioche, de culture grecque, communauté plus jeune, plus dynamique, avec davantage de croissance et de fruits visibles ! Donc d’un côté il y a ceux qui annoncent la Parole uniquement aux juifs, et de l’autre, ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle aux païens, aux grecs.

    Deux styles : les anciens, proches de la tradition ; les jeunes, plus inventifs et libres sans doute !

    Deux manières d’être et deux projets d’évangélisation. Dans cette situation, comment continuer à apprendre ensemble ? Comment discerner ensemble la volonté de Dieu ?

    Dès l’origine, les premiers chrétiens ont été confrontés, douloureusement, à ce défi. Nous pouvons transposer cela pour nous aujourd’hui : qu’y a-t-il de commun entre les mennonites de la vieille Europe qui a connu les débuts de l’anabaptisme et les mennonites d’autres continents, aux églises plus jeunes et dynamiques ?

    Mais revenons à notre histoire des Actes des Apôtres : pour quelles raisons ce schisme n’a pas eu lieu, en tout cas pas à ce moment-là, alors que tous les ingrédients de la division étaient présents ? Quelles ont été les étapes du processus de discernement ?

    Tout d’abord, on peut remarquer que l’église-mère (celle de Jérusalem) fait le choix d’envoyer un homme, Barnabas, qui n’est pas un homme de premier plan, en tout cas à ce moment-là. C’est l’attitude de cet homme qui est déterminante et qui va rendre possible un lien d’unité : « A son arrivée, lorsqu’il vit la grâce de Dieu, il se réjouit et les encouragea » (v. 23).

    Ainsi, Barnabas commence par prendre le temps de regarder, non pas avec un regard de jugement, mais un regard d’émerveillement. Il n’a pas peur de la nouveauté ! Sans doute aurait-il pu être jaloux devant la croissance de cette nouvelle communauté, sans doute a-t-il vu (assez justement sinon Jérusalem ne l’aurait pas envoyé !) tous les risques que cette jeune communauté dynamique courait, toutes les dérives possibles… Mais son premier regard est un regard d’émerveillement devant ce que vit l’autre, une action de grâce pour les fruits que portent les autres.

    Telle est la première étape de ce processus : avoir un regard de bonté et admirer ce qu’il y a de bon en l’autre, dans l’église de l’autre. Nos relations entre pays et cultures différents ne changeraientelles pas si nous osions nous émerveiller devant l’autre ? Les occidentaux sont-ils prêts à admirer ce qui se fait ailleurs et à apprendre des autres ? Sommes-nous prêts à cette conversion du regard ?

    Encore une fois, revenons à notre histoire ! Barnabas n’est pas dans un optimisme béat devant ce qui porte du fruit ! La vraie bienveillance, la vraie bonté, n’excluent pas le travail de la vérité qui rend les choses solides. C’est ainsi que dans un deuxième temps, Barnabas prend l’initiative d’aller chercher Paul et de le ramener à Antioche pour qu’à deux ils enseignent pendant un an cette jeune et nouvelle communauté.

    Mais il y a un petit détail, qui, en fait, n’en n’est pas un : Paul et Barnabé ne sont pas seulement dans une posture d’enseignants. Il nous est dit qu’ils « participaient aux réunions de l’église » (v. 26). Ils n’ont pas peur d’être « un parmi d’autres », d’être à égalité, dans une relation de réciprocité où tout le monde peut prend part à la conversation. Cela se fait dans la durée (une année) qui permet de tisser des liens et de connaître la situation de l’intérieur. Telle est la seconde étape du processus.

    Revenons à la jeune église, Antioche. Elle n’a donc pas peur de recevoir un homme envoyé par l’église-mère, d’accepter de se laisser enseigner par une personne issue d’une communauté beaucoup moins dynamique, portant apparemment moins de fruits. Elle n’a pas peur de se recevoir d’autres. Mais l’histoire n’est pas finie : la jeune église, à son tour, va prendre soin de l’église mère : lors d’une famine, elle organise une collecte et envoie de l’argent en Judée (cf. vv. 27-30). Il y a vraiment réciprocité dans ce soin concret les uns des autres !

    Le moment où les croyants reçoivent le beau nom de chrétiens est donc ce moment où ils acceptent de ne pas rester dans leur manière de voir en fonction uniquement de leur ethnie, de leur culture, de la réalité locale. « Apprendre ensemble » c’est prendre le risque de traverser des frontières, parce que nous appartenons à un seul et même corps, parce que « nous sommes membres les uns des autres » (Romains 12, 5). Nous sommes de la même chair, celle du Corps du Christ.

    —Anne-Cathy Graber est pasteure évangélique mennonite et célibataire consacre dans la Communauté du Chemin Neuf en Paris, France. Elle est membre de la Commission Foi et Vie de la CMM et leur représentante auprès du Forum Chrétien Mondial et de la Commission de Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises. Elle est membre de l’église évangélique Mennonite de Chatenay-Malabry, Paris, France.

    Apprendere Ensemble – Plénière du matin: 6 juillet 2022


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.

     

  • Mercredi soir

    Êl’âge de 17 ans, mon grandpère a été obligé de se battre pendant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque j’ai commencé à parler de mon projet d’étudier la paix et la théologie de la paix, il s’est un peu énervé. Il m’a dit : « Vous voulez parler de paix et de guerre, mais vous ne savez pas de quoi vous parlez ! Quand la guerre arrive, personne n’a le choix. Il n’y a rien à faire ! » Ê cette époque, je pensais que ce qui manquait à l’Europe occidentale pendant la Seconde Guerre mondiale, c’était une bonne théologie de la paix. Ce que nous avons maintenant, donc tout ira bien. C’est du moins ce que je pensais.

    Il y a quelques mois (et environ 80 ans après la Seconde Guerre mondiale), la guerre a éclaté en Ukraine. Et tandis que nos frères et sœurs en Ukraine font face aux horreurs de la guerre, de nombreux mennonites d’Europe occidentale sont choqués par la proximité et la réalité de la guerre. Nos nombreuses années de bonne théologie de la paix sont oubliées. Nous ressentons à nouveau ce que mon grandpère ressentait : « Il n’y a rien à faire ». Soudain, pour de nombreux chrétiens pacifistes, la seule option possible est l’engagement violent. Nous affirmions la non-violence lorsque notre contexte était pacifique, mais face à la guerre, nous considérons la résistance non-violente comme naïve et irréaliste. Nous avons beaucoup de bons théologiens de la paix, mais ce qu’ils disaient est devenu caduc. Aujourd’hui, nous avons peur que la guerre n’envahisse l’Europe. Alors tout à coup, notre théologie et nos croyances semblent obsolètes. Une tempête s’est abattue sur l’Europe, et nos convictions se sont effondrées. Les tempêtes ont tendance à faire cela : elles brisent ce que nous pensions être solide et fort.

    Le passage biblique que nous avons lu est la conclusion du Sermon sur la Montagne. Ce sermon est un recueil d’enseignements de Jésus, adressés à des personnes vivant dans des temps difficiles. Ê l’époque, la Palestine était sous occupation romaine et les Juifs luttaient sous l’oppression d’un régime violent. Les lourds impôts, le travail forcé et les abus sexuels faisaient partie de leur quotidien. Pourtant, Jésus les appelle, eux, le peuple opprimé par la Rome impériale, à aimer collectivement leurs ennemis et à ne pas résister à celui qui fait le mal. Et il les prévient que cela sera très difficile, et qu’ils risquent de le payer de leur vie.
    Curieusement, les foules semblent apprécier ce qu’elles entendent. « Oh la la, Jésus a vraiment beaucoup de charisme, voyez comment il enseigne ! Quelle autorité ! » Jésus sait probablement que beaucoup de ses auditeurs sont simplement curieux. Ils sont là pour voir de quoi il retourne, pour écouter, discuter, commenter… et ils ne vont pas agir en fonction de ses enseignements ou les mettre en pratique. Mais une tempête se prépare et elle va mettre à l’épreuve toutes leurs idées et leurs croyances. Pour les gens assis sur la montagne et qui écoutent Jésus, la guerre avec Rome est sur le point de s’aggraver. Pour les lecteurs de Matthieu, la persécution va frapper ceux qui décident de suivre la voie du Christ. Et ces tempêtes vont briser certaines opinions et croyances qui semblaient si solides.

    Cependant, il existe un moyen pour les croyances de survivre à la tempête. Jésus parle de deux maisons, l’une construite sur le roc, l’autre sur le sable. La tempête est venue pour les deux. « La pluie est tombée, les torrents ont débordé, la tempête s’est abattue sur cette maison », mais une maison s’est écroulée et pas l’autre. La différence entre les deux maisons est leurs fondations. Les fondations de la maison ne sont pas la foi en Jésus ou non. Jésus nous dit que les fondations sur le roc sont la mise en pratique de ses paroles.

    Dans l’histoire qu’il raconte, les deux hommes ont entendu les paroles de Jésus, mais seul le sage les a mises en pratique. C’est le fait de mettre en pratique les paroles de Jésus, encore et encore, jour après jour, qui nous prépare à la tempête. Car la tempête viendra de toute façon. Il n’y a qu’un seul moyen pour tenir bon dans la tempête : la pratique ! S’entraîner à aimer ses ennemis, s’entraîner à la résistance non violente, s’entraîner à désarmer l’oppresseur sans le blesser. C’est quelque chose que nous pouvons pratiquer tous ensemble.

    Si nous mettons en pratique ensemble, nous apprenons ensemble. Avant d’être pasteure, j’étais ergothérapeute. L’idée centrale de l’ergothérapie est que le cerveau et le corps apprennent en faisant. Lorsque nous faisons quelque chose de nouveau, les neurones de notre corps se connectent de manière nouvelle. Lorsque nous répétons et pratiquons, les connexions se renforcent. Après un certain temps, nous pouvons faire cette nouvelle chose dans différentes situations, sans avoir à y penser.

    Lorsque nous pratiquons quelque chose, nous l’apprenons. Cela veut aussi dire que si nous voulons apprendre quelque chose, nous devons le mettre en pratique. En théorie, je crois que je pourrais courir un marathon. Mais je ne pourrai le faire que si je m’entraîne à courir. C’est pareil si nous voulons être des vrais témoins de paix, ou si nous voulons résister sans violence. En Europe occidentale, lorsque nous, mennonites, parlons de la paix, nous passons beaucoup de temps à parler de la façon dont on devrait agir dans différentes situations. Et la plupart du temps, c’est tout ce que nous faisons. Et quand la guerre arrive, tout à coup nous devons commencer à mettre en pratique ce dont nous avons discuté. Sauf que le milieu de la tempête n’est pas le bon moment pour apprendre comment agir.

    N’attendez pas la tempête pour savoir si vos fondations sont solides. Assurezvous qu’elles le soient. Comment ? Avec la pratique ! Les mennonites ont l’habitude d’entendre des appels à la résistance non-violente lors des Assemblées.

    Lors de l’Assemblée de la CMM à Amsterdam en 1967, Vincent Harding a appelé les mennonites à se joindre à nos sœurs et frères noirs dans la lutte pour la liberté, à se joindre aux nombreux mouvements révolutionnaires dans le monde.

    Lors de l’Assemblée de 1984 à Strasbourg, Ron Sider a exhorté l’Église à monter et former une équipe hautement qualifiée pour le travail de paix – ce qui a donné lieu à la création des Community Peacemaker Teams.

    Mais la plupart d’entre nous sont restés sur la touche, là où la vie est plus confortable. Dans une jolie petite maison sur la plage.

    Ê quoi ça ressemble de pratiquer l’amour de l’ennemi au niveau collectif, à notre époque et dans nos pays ? Cela peut très bien ressembler à la résistance non-violente à la guerre. Peut-être que les mennonites pourraient se préparer à la résistance à la guerre avec un ‘contre-service militaire’, comme un camp d’entraînement à la résistance non-violente. Les nations se préparent à la guerre par le service militaire. Il existe des formations de secourisme pour les soins de santé d’urgence. Il est peut-être temps pour nous de créer une formation généralisée pour que les gens d’église ordinaires apprennent et pratiquent les bases de la résistance civile.

    Certaines personnes s’engagent et s’engageront toute leur vie dans la construction non-violente de la paix, et nous avons énormément besoin de ce genre de personnes. Mais nous avons également besoin d’une base de pratique pour l’ensemble de l’église.

    Dans la majeure partie de l’Europe, nous avons plus d’expérience en matière de discussion et de débat que d’activisme, de résistance à la guerre, de révolution ou de changement social. Nous avons besoin de l’aide de l’église mondiale si nous voulons mettre le pied dans le domaine de la pratique. Nous savons que nous avons des frères et des sœurs qui ont de l’expérience dans la résistance non violente. S’il vous plaît, formez-nous. Pratiquez avec nous. Pour que nous puissions apprendre ensemble. C’est ainsi que nous tiendrons bon lorsque les tempêtes arriveront.

    —Salomé Haldemann a une formation d’ergothérapeute et une maîtrise en théologie et paix à Anabaptist Mennonite Biblical Seminary, Elkhart, Indiana, USA. Elle fait son stage comme pasteure de l’Eglise Evangélique Mennonite de Béthel, Neuf-Brisach, France.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Mardi soir

    Jésus est épuisé, probablement frustré ! Il vient de décider d’avoir une retraite avec ses disciples, mais des foules bruyantes se mettent en travers de son chemin. Ainsi, il passe une journée entière à enseigner, et à organiser un repas pour 5 000 personnes.

    Vient ensuite une nuit de prière, puis une traversée de la mer de Galilée. Il voit ses disciples lutter contre le vent. Son désir est de passer devant eux et de révéler son identité divine, mais les disciples passent complètement à côté de l’essentiel. Alors, il calme miraculeusement la tempête, et il soupire : ils ne comprennent rien !

    Vient ensuite une confrontation houleuse avec des chefs religieux bornés et une conversation décevante avec des disciples obtus (les paroles de Jésus, pas les miennes !).

    Il a besoin d’une pause. Alors, il se dirige vers la station balnéaire la plus proche sur la côte méditerranéenne – un peu comme une station balnéaire sur la côte californienne, ou Bali, ou Tenerife ou Rio. Encore une fois, ses plans sont déjoués : (je cite) « Il ne voulait pas que quiconque le sache ; pourtant il ne pouvait pas garder sa présence secrète ! »

    Avez-vous remarqué comment les aspects humains et divins de Jésus s’entremêlent dans ce passage de l’Évangile de Marc ? Jésus multiplie miraculeusement les pains, marche sur l’eau, s’identifie comme ‘JE SUIS’. Et pourtant, il est fatigué, frustré, incapable de réaliser des plans soigneusement élaborés.

    ‘Jésus est le centre de notre foi.’

    • le Jésus humain, qui a appris, vécu, servi, souffert et connu toutes sortes de limitations humaines, comme nous tous.
    • le Jésus divin, qui existe de toute éternité comme deuxième personne de la Trinité, créateur du ciel et de la terre, digne de tout honneur et d’adoration comme DIEU !

    Ce ‘Jésus divin-humain’ est le centre de notre foi.

    L’Église fidèle a toujours confessé que Jésus est pleinement humain et pleinement divin. C’est ce mystère que nous appelons ‘l’Incarnation’ : Dieu devenant une personne humaine, unissant éternellement divinité et humanité dans la personne de Jésus.

    L’Incarnation est l’histoire de celui qui a franchi la plus grande barrière de l’histoire de l’univers. En Jésus, la barrière a été franchie entre l’éternité et le temps, l’esprit et la matière, le Créateur et la création. Et à cause de cela, nous pouvons être sûrs que l’immense barrière qui sépare encore Dieu et le peuple fidèle de Dieu disparaîtra un jour pour toujours.

    Après ce grand événement que nous appelons ‘Incarnation’, Jésus a continué à franchir des barrières : entre riche et pauvre, puissant et faible, homme et femme, sacré et profane, pur et impur, Juif et Gentil.

    Jésus étant pleinement divin et pleinement humain, il est bon d’explorer les récits évangéliques avec deux questions à l’esprit :

    1. Que nous révèle Jésus, le Jésus incarné, Dieu dans la chair, sur la nature de Dieu ? et,

    2. Que nous révèle Jésus, le Jésus pleinement humain, sur ce que devrait être notre relation avec Dieu et les uns avec les autres ?

    Dans de nombreux textes, les aspects divins de Jésus semblent passer au premier plan. Dans le texte de Marc sur Jésus et la femme syrophénicienne, les aspects humains transparaissent assez clairement.

    Dieu incarné ne peut pas même garder sa présence secrète. Une femme se présente – une candidate très improbable pour que l’exercice du ministère de Jésus. Une femme non juive, une Syro-phénicienne ; son équivalent biblique le plus proche serait la reine Jézabel ! Cela ne plait pas à Jésus. Et si nous ne prêtons pas vraiment attention, il semble que Jésus l’insulte ! « Quoi ? Jeter de la bonne nourriture à un chien ? Certainement pas ! »

    Attendez une minute ! Que se passet-il ? Est-ce vraiment Jésus qui parle ?

    Si c’est tout ce que nous entendons, nous n’écoutons pas attentivement. Il est vrai que les juifs appelaient parfois les nonjuifs ‘des chiens’ ! (kunes). Pas les animaux domestiques, ceux qui sont sauvages, impurs, les chiens errants. Ici, Jésus utilise un mot différent ! Si votre traduction ne le montre pas de manière évidente, vérifiez les notes de bas de page. Il utilise le mot kunaria, (chiots), des « mignons petits chiots », ceux qui sont domestiqués et qui vivent avec « les enfants » qui mangent à table. Le texte devient déjà assez différent, n’est-ce pas ? Et notez que Jésus ne l’appelle pas réellement un chiot : il utilise une métaphore ! Et avezvous remarqué qu’en anglais on utilise le mot ‘kid’ pour parler des enfants, ce qui signifie petites chèvres et qu’on utilise couramment pour parler des enfants !

    La métaphore de Jésus n’est pas conçue pour être offensante, pas plus que la mienne ne l’est. Il ne la rabaisse pas. Il sait qu’un jour les non-juifs seront des partenaires à part entière avec les juifs dans le peuple de Dieu.

    Dans ce texte, le vrai problème n’est pas que Jésus parle de chiots, c’est que Jésus rejette sa demande ! « Je suis en vacances ! Ce n’est pas le bon moment. Désolé, votre demande est refusée ! » Mais encore une fois, écoutons plus attentivement :« D’abord, laissez les enfants manger à leur faim. »

    l dit « Pas encore ! » Certaines choses doivent arriver avant ! Jésus connaît le plan divin pour le salut du monde : « D’abord les juifs, puis les non-juifs. D’abord la bénédiction pour Abraham et ses descendants, puis à travers eux le reste du monde. Jésus est venu sauver le monde entier ! C’est pourquoi il commence par Israël, recrutant et formant ceux qu’il chargera de répandre la bonne nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre !

    Et cette femme courageuse, persistante et pleine de foi est d’accord ! « Oui ! Oui Seigneur ! D’abord, les enfants. Alors, je ne demande pas une place à table… pas encore. Je vais juste attendre qu’une petite miette tombe de la table maintenant déjà. C’est tout ce dont j’ai besoin. Sa réponse intelligente et manifestant une grande foi suffit à faire changer d’avis Jésus.

    Martin Luther l’a formulé ainsi : « Derrière le « non » de Jésus, elle a entendu le « oui » secret de Dieu.

    Jésus n’est pas venu à Tyr pour exercer son ministère, mais c’est ce qu’il finit par faire. Jésus a des projets précis, mais il change d’avis. Ou peut-être devrionsnous dire qu’elle change son avis à lui.

    En fait, elle fait même plus que cela. Elle devient l’instrument par lequel Jésus apprend ce que sera la ‘prochaine étape’ à franchir pour faire la volonté de son Père.

    Pourquoi cela devrait-il nous surprendre ? Il nous montre comment répondre aux besoins des autres – d’autres que Dieu utilise souvent pour nous aider à découvrir notre propre vocation. Jésus nous montre à quoi devrait ressembler notre humanité rachetée. En même temps, il est l’image de Dieu : il entend les cris suppliants de ceux qui sont dans le besoin, il brise les barrières pour répondre à tous avec générosité.

    Puissions-nous apprendre de Jésus qui est vraiment Dieu, qui a préparé un plan pour sauver le monde, travaille au-delà du temps et de l’espace pour amener ce plan à son accomplissement glorieux et déverse sa grâce sur chacun tout au long du chemin. Puissions-nous apprendre de Jésus ce que nous sommes appelés à être, des ‘franchisseurs de barrières’ qui transmettent la grâce de Dieu aux autres. Et puissions-nous apprendre de la femme syro-phénicienne le courage de franchir les barrières, de tendre la main avec une foi courageuse pour être en contact avec le cœur de Jésus, le Jésus divin-humain, qui est le centre de notre foi.

    Et que tout ce que nous ferons ensemble au cours de ces quatre prochains jours – écouter, prier, chanter, louer et célébrer la diversité de la famille de Dieu – nous donne un aperçu de ce que Jésus fait parmi nous et dans le monde qu’il est venu sauver.

    —Tim Geddert est professeur de Nouveau Testament à l’université Fresno Pacific University (Biblical Seminary) à Fresno, Californie, ÉtatsUnis. Il est membre de l’église North Fresno Mennonite Brethren Church, Californie, États-Unis.

    Culte D’ouverture & Louanges – 5 juillet 2022


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Ressource documentaire : Convictions communes 

    L’Esprit de Jésus nous rend capables de faire confiance à Dieu dans tous les domaines de la vie, de sorte que nous devenons artisans de paix renonçant à la violence, en aimant nos ennemis, en recherchant la justice et en partageant nos biens avec ceux qui sont dans le besoin. 
    —Conviction commune no5 

    En tant que disciples du Christ appelés à incarner sa vie, sa mort et sa résurrection dans notre vie quotidienne, nous devons comprendre le pourquoi de ce que nous faisons et la nature de notre appel à pratiquer ce que Christ a enseigné et fait au cours de son ministère terrestre. Les Convictions communes de la CMM expriment certaines de nos valeurs et notre identité en tant que disciples anabaptistes-mennonites du Christ.  

    Comment cela se traduit-il dans notre situation actuelle ? 

    Pendant que je réfléchissais à cette question, je me suis remémoré des voyages récents. J’ai eu l’honneur de me rendre en Australie et en Corée du Sud pour rendre visite à des partenaires et amis.  

    Lors de ma visite à l’Association anabaptiste d’Australie et de Nouvelle-Zélande (AAANZ), j’ai été émerveillé par l’histoire de nos frères et sœurs de Sydney qui ont accueilli chez eux une famille de réfugiés d’Ukraine.  

    Lors de ce voyage, j’ai également assisté à une conférence publique de théologie organisée par Cooperative Hub Brisbane. De nombreuses présentations portaient sur la décolonisation de la théologie, de la mission et des pratiques de chrétiens qui portent l’héritage de la colonisation des aborigènes en Australie. 

    Comment vivre en tant que chrétien dans notre société moderne lorsque nous avons un tel bagage ?  

    Ils ont également discuté des défis et des préoccupations concernant l’église dans une ère postchrétienne.  

    • Comment incarner les valeurs chrétiennes dans tous les domaines de la vie quand les gens s’intéressent moins à l’activité religieuse qu’auparavant ?  
    • Comment pouvons-nous être des artisans de paix qui recherchent la justice, en particulier lorsqu’il est question des traumatismes passés et de la colonisation des peuples autochtones ?  

    Après l’Australie, j’ai rendu visite à des artisans de paix en Corée du Sud : Institut régional pour la paix en Asie du Sud-Est (NARPI), Institut coréen pour la paix (KOPI), Centre anabaptiste coréen (KAC), Église mennonite de la Corée du Sud (MCSK).  

    Avec des membres de l’église mennonite sud-coréenne, Andi Santoso, président de la Commission Diacres, et Andrew Suderman, secrétaire de la Commission Paix, ont découvert la DMZ (zone démilitarisée) entre la Corée du Nord et la Corée du Sud.  

    Du sommet de la montagne de Chuncheon, on peut voir la vallée qui fut le champ de bataille pendant la guerre de Corée de 1950 à 1953. En réfléchissant à l’histoire du conflit entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, j’ai ressenti une tristesse profonde.  

    • Comment pouvons-nous devenir des artisans de paix dans cette situation ?  
    • Comment pouvons-nous suivre Christ tout en endurant les blessures de la guerre et la séparation de la famille ?  
    • Comment parlons-nous de paix, de justice, de réconciliation ou même de pardon à l’égard de nos ennemis ?  
    • Qui est notre ennemi ?  

    Mes rencontres avec des frères et des sœurs anabaptistes-mennonites en Corée du Sud m’ont marqué. Ces croyants illustrent ce que signifie être un disciple du Christ. Ils transforment leur propre traumatisme en une vie semblable à celle du Christ. Ils sont porteurs de passion, de paix, d’amour et d’un cœur qui accueille les étrangers dans leur maison. En plus d’offrir de la délicieuse nourriture coréenne, ils racontent des histoires de leur passé difficile sans montrer aucune colère, vengeance ou haine. Kamsahamnida !  

    Je suis vraiment reconnaissant d’avoir rencontré de véritables artisans de paix qui incarnent l’amour et la compassion du Christ, qui vivent selon la voie de la paix. Je suis encouragé par une famille qui ouvre sa maison à une famille de réfugiés ; ils ont montré ce qu’est l’amour du Christ.  

    En tant que président de la Commission Diacres, j’ai l’espoir de voir la communauté mondiale des anabaptistes-mennonites poursuivre cette marche ensemble dans ce mode de vie – tel qu’exprimé dans nos Convictions communes – ici et maintenant ! 

    — Andi Santoso est le président de la Commission Diacres (2022-2028). Pasteur ordonné de GKMI (Gereja Kristen Muria Indonesia, une église membre de la CMM), il est actuellement administrateur régional du Mennonite Mission Network pour l’Asie et le Moyen-Orient.  


    Comme les quatre cavités du cœur, les quatre Commissions de la Conférence Mennonite Mondiale sont au service de la communauté mondiale des églises anabaptistes dans les domaines suivants : diaconie, foi et vie, paix et mission. Les Commissions préparent des documents à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils, proposent des ressources aux églises membres et facilitent le travail des réseaux et des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun. Ci-dessous le communiqué d’une des commissions. 
  • Avec des prédications en provenance du Honduras, du Canada, de l’Indonésie et d’autres pays, « le concours a été excellent cette année », déclare Fernando Enns, membre du jury du Prix Menno Simons de la prédication, une initiative de l’Église mennonite Hambourg-Altona en Allemagne et du Centre de théologie de l’église de paix de l’Université de Hambourg. « Ce fut un réel plaisir de lire toutes ces prédications inspirantes et très différentes et d’en discuter au sein du jury. » 

    Pour la première fois depuis sa création en 2008, le Prix Menno Simons de la prédication a été décerné en 2022 à une personne en dehors de l’Europe ou de l’Amérique du Nord. Peter (Pedro) Stucky, pasteur de Iglesia Menonita Teusaquillo à Bogota, en Colombie, a été récompensé pour sa prédication intitulée « Mois de la mission » sur 1 Pierre 2/9. 

    « Nous voulons voir l’Église comme un être qui annonce et vit la bonne nouvelle de manière à devenir un agent de changement, une famille accueillante, une communauté d’amour et de guérison, une lumière évangélisatrice », dit Peter Stucky.

    « Le sacerdoce appartient à une communauté de foi : l’église est là pour aider la personne qui est accablée par son passé, accablée par ses erreurs… à recevoir le pardon et la libération que Jésus-Christ offre ».

    « Savoir que nous pouvons appartenir à une famille de foi où nous pouvons faire l’expérience de l’étreinte de l’amour divin est une nouvelle trop grande et excellente à imaginer, mais c’est la vérité », dit Peter Stucky.

    Les diverses prédications soumises mettent le jury au défi de devenir plus international. « Lire le contexte d’une prédication donnée, son contexte ecclésial et sociétal, est crucial pour comprendre et évaluer son message », commente Fernando Enns.

    Pour en savoir plus sur le prix, cliquez ici :

    https://mwc-cmm.org/stories/can-preaching-bring-peace 

    Pour savoir comment soumettre une prédication, cliquez ici : 

    https://www.theologie.uni-hamburg.de/einrichtungen/arbeitsstellen/friedenskirche/menno-simons-predigtpreis.html 

    Pour visionner la prédication (anglais et allemand), cliquez ici :

    https://youtu.be/-kjvzOVwvxU 

     

  • « J’ai été inspirée par la foi radicale des premiers anabaptistes, mais je ne veux pas que nous restions coincés au XVIe siècle… L’anabaptisme a maintenant un corps culturellement diversifié », explique Hyejung Yum, cofondatrice de Sowing for Peace, un ministère interculturel de la paix basé à Toronto. Elle a participé à une conférence de travail du 26 au 28 août 2022 pour développer une Bible anabaptiste. 

    Anabaptism at 500 (L’anabaptisme à 500 ans) est un projet de Menno Media visant à célébrer le 500e anniversaire des débuts du mouvement anabaptiste en créant une bible d’étude à partir de documents fournis par la communauté.  

    « La Bible anabaptiste est un effort pour aider les lecteurs à comprendre ce que signifie lire l’Écriture à travers le prisme distinctif « centré sur Jésus » de la tradition anabaptiste », explique le directeur du projet, John D. Roth. 

    En accord avec l’herméneutique communautaire qui façonne la théologie et la pratique anabaptistes, la Bible d’étude sera formée par et comme une conversation de 500 groupes de membres de l’église. 

    Les personnes intéressées peuvent s’inscrire pour recevoir des indications pour guider quatre réunions. Chaque groupe reçoit un ensemble de textes : un passage de l’Ancien Testament, du Nouveau Testament et un Psaume ou un passage des Proverbes. Les réflexions enregistrées, les idées et les questions soulevées seront compilées par les éditeurs du projet pour former le contenu de base de la Bible anabaptiste.  

    Bien que le projet soit principalement destiné à un public nord-américain, les guides d’étude biblique sont disponibles en anglais, français et espagnol. 

    « Nous partons du principe que les participants au groupe d’étude biblique seront des chrétiens sincères, prêts à s’engager dans une conversation réfléchie avec les textes qui leur sont attribués, à travers le prisme d’une herméneutique anabaptiste. Mais nous n’attendons pas des participants qu’ils aient des diplômes de séminaire ou qu’ils possèdent des dons uniques en matière d’interprétation biblique », déclare John D Roth. 

    « La seule façon pour une tradition d’exister pendant 500 ans est d’avoir une capacité de renouvellement fréquent et continu », dit John D. Roth. « Chaque époque reste ouverte à un souffle nouveau de l’Esprit, trouvé dans la conversation les uns avec les autres et dans la prière et l’étude. »  

    « Si des groupes mennonites immigrés participent au projet de la Bible anabaptiste et que leur interprétation (d’un passage) est incluse dans la barre latérale d’une Bible anabaptiste… cela façonnera notre identité anabaptiste d’une nouvelle manière au 21e siècle », dit Hyejung Yum. 

    Pour en savoir plus ou vous inscrire pour diriger un groupe d’étude, rendez-vous sur www.anabaptismat500.com. La clôture des inscriptions est fixée au 1er mars 2023. Toutes les propositions doivent être soumises avant le 15 juin 2023. 

    Anabaptism at 500 brochure

    Voir aussi :  

    https://vimeo.com/725422044/b8481b3c3d  (Anglais) 
    https://vimeo.com/725755452 (Français) 
    https://vimeo.com/725755269/15c57fd996 (Indonesien) 
    https://vimeo.com/725755364 (Espagnol)

  • « Merci de nous porter dans vos cœurs », dit Siaka Traore, représentant régional de la CMM pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest. Les membres de la Conférence Mennonite Mondiale sont invités à se rassembler à l’Heure de Prière Virtuelle, le 18 novembre 2022. 

    Cet événement comprendra un bref partage sur le Burkina Faso avec Natacha Wendyam Kyendrebeogo. Membre de l’Église Évangélique Mennonite du Burkina Faso à Ouagadougou, elle a récemment terminé un mandat YAMEN en tant que spécialiste de la langue française au sein de l’équipe chargée des inscriptions à l’Assemblée de la CMM. 

    Fin septembre, le Burkina Faso a connu un deuxième coup d’État en moins d’un an. La violence liée aux idéologies politiques est en augmentation dans la région. Le sentiment anti-colonisateur est en hausse. Et les Nations unies ont tiré la sonnette d’alarme sur les pénuries alimentaires et la famine. 

    Natacha W Kyendrebeogo

    Au milieu de cette période stressante, les membres de l’Église Évangélique Mennonite du Burkina Faso, une église membre de la CMM, prêchent et témoignent de la bonne nouvelle de Jésus-Christ. 

    « Entendre les cris des frères et sœurs d’autres endroits met nos propres cris en perspective », déclare Arli Klassen, coordinatrice des représentants régionaux. 

    « Nous invitons les personnes qui prient à nous rejoindre lors de cette réunion en ligne – vous n’avez pas besoin d’être un responsable d’église pour écouter, intercéder et partager les fardeaux de la famille mondiale », déclare Tigist Tesfaye, secrétaire de la Commission Diacres et coorganisateur de l’heure de prière virtuelle. 

    Cliquez ici pour vous inscrire à l’Heure de Prière Virtuelle du 18 novembre 2022 

    Cliquez ici pour connaître les dates des prochaines heures de prière virtuelles 

  • Suivre Jésus ensemble à travers les frontières

    Les assemblées mondiales de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM) sont l’équivalent des réunions dominicales des paroisses locales.

    Dans la liturgie, nous déclarons la souveraineté du Christ sur notre église mondiale, défiant le nationalisme, le racisme et d’autres fausses idéologies qui nous demandent de notre soumission.

    Grâce aux enseignements, aux ateliers et aux messages, nous affirmons notre identité anabaptiste et nous contribuons à former l’identité de nos églises en les exposant à différentes perspectives et à des accents bibliques développés dans le contexte de nombreuses cultures différentes.

    Lors des activités informelles, nous valorisons chaque individu et sa communauté, nous partageons les dons que nous avons reçus et nous nous enrichissons mutuellement par de nouvelles relations.

    Pendant les moments de prière, nous soutenons ceux qui sont confrontés à la persécution, à la violence, à l’extrême pauvreté et aux catastrophes naturelles.

    Nous découvrons que nous ne sommes pas seuls, que nous sommes un organisme vivant et que nous faisons partie du corps du Christ.

    Ce ne sont là que quelques-unes des raisons pour lesquelles les Assemblées de la CMM sont une part essentielle de notre communauté mondiale depuis des décennies. En 2022, nous avons célébré la deuxième Assemblée mondiale ayant lieu en Asie, et la 17e depuis la création de la CMM en 1925.

    Lorsque nous avons commencé à planifier la 17e Assemblée, nous n’avions jamais imaginé l’ampleur des obstacles que nous aurions à franchir. Indonésie 2022 restera dans l’histoire comme l’un des événements les plus complexes et les plus stimulants que nous ayons jamais organisés. Outre les différences de culture, de classe sociale et de perspectives théologiques. Voici les obstacles que nous avons dû surmonter, parmi d’autres :

    • Finances : Le report de l’Assemblée de 2021 à 2022 en raison de la pandémie a entraîné des coûts financiers supplémentaires.
    • Santé : Un nombre important de personnes placées en quarantaine – moi y compris – en raison du COVID 19 et d’autres virus. Cela a empêché la pleine participation de nombreux participants.
    • Technologie : Comme il s’agit de la première Assemblée officiellement hybride, de nombreuses activités ont été prévues pour faciliter la participation en ligne. Cependant, des défaillances techniques ont entravé la diffusion en direct et ont empêché la réception de l’interprétation simultanée sur place, malgré de nombreux tests et l’apparente certitude des experts que la technologie ne tomberait pas en panne.

    Les responsables de l’Assemblée se sont préparés pendant sept ans pour en faire une réussite. L’évaluation que nous ferons après l’Assemblée et l’expérience des participants révéleront son niveau de réussite. Cependant, en tant qu’Église, il est bon de se rappeler que nous sommes appelés à organiser des événements qui portent des fruits plutôt que de simples événements réussis.

    C’est en considérant ses fruits que nous pouvons apprécier la valeur de l’Assemblée en Indonésie.

    Grâce à des obstacles [des ‘frontières’] variés, les disciples du Christ de nombreux pays ont appris à pratiquer la patience les uns envers les autres. Des personnes de cultures différentes se sont mobilisées pour travailler dans l’unité et rechercher le bien-être de ceux qui étaient malades et qui avaient besoin de soutien. Très souvent, l’amour et le souci pour les autres étaient évidents. Des malentendus et des conflits inattendus nous ont amenés à pratiquer le ministère de la réconciliation parmi nous. On redécouvre l’importance de la vulnérabilité et de l’aveu des fautes commises. Nous avons compris à quel point il est crucial de demander humblement pardon et de le recevoir.

    Ainsi, l’Assemblée de 2022 a approfondi la relation interculturelle de nombreux membres de nos Églises et facilité l’unité dans la diversité. Certes, la 17e Assemblée n’a peut-être pas été la plus aboutie selon les paramètres humains qui mesurent la qualité des événements. Pourtant, il a été l’un des plus fructueux pour grandir dans notre appel à être une communion mondiale dans la tradition anabaptiste.

    —César García, secrétaire général de la CMM, originaire de Colombie, vit à Kitchener, Ontario, Canada.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Zoom sur les ressources : L’anabaptisme et la mission : une bibliographie en ligne

    « Les liens qui unissent l’anabaptisme et la mission restent un sujet brûlant, et le sujet continue de s’étendre pour inclure un certain nombre de disciplines et de sous-disciplines émergentes qui tentent d’intégrer une vision à la fois missionnaire et fidèle au message anabaptiste – et de toujours se battre avec ce que cela signifie précisément ! »  

    Notre principale préoccupation en tant que Commission Mission est d’explorer et de mettre en œuvre des moyens pour renforcer les communautés anabaptistes dans leur témoignage et leur engagement dans la mission de Dieu.  

    Quels sont les meilleurs moyens d’y parvenir ? 

    • Ê l’aide de ressources imprimées et en ligne ? 
    • Des rencontres en personne ? 
    • Des conversations virtuelles ? 
    • Des histoires à raconteur ? 
    • Des prédications ? 
    • Des études bibliques ? 
    • Des séminaires ? 
    • Des témoignages ? 

    Nous voulons avoir l’avis de la communauté mondiale sur lequel de ces éléments serait le plus utile ! 

    En attendant, cependant, nous devons nous rappeler que nous ne sommes pas les premiers à nous acquitter de cette tâche. Dès les premiers jours de la « réforme radicale », il y a près de 500 ans, les anabaptistes étaient habités par le besoin de partager leur foi et de montrer l’image d’une Église au service des autres.  

    Beaucoup de leurs efforts n’existent que sous forme orale et restent actuellement hors de portée de la vaste majorité de la communauté de foi. D’autres ont été consignés par écrit et sont éparpillés dans le monde entier dans des archives, des bibliothèques d’église et des collections personnelles. 

    En 1984, une première tentative a été faite pour compiler une liste publiée de certains de ces documents écrits par et sur les anabaptistes en mission. Des éditions ultérieures en 2002 et 2012 ont mis à jour la liste. Elle comprend maintenant plusieurs milliers d’entrées en plusieurs langues : des articles de journaux, des livres, des critiques des livres, des documents non publiés, des dissertations et des compte-rendus de conférence. 

    Il s’agit d’une ressource incroyablement importante pour le peuple-anabaptiste-missionnaire de Dieu. Et elle est disponible pour la communauté mondiale sous forme numérisée sur la page web de la Commission Mission de la CMM : mwc-cmm.org/resources/anabaptism-and-mission-online-bibliography-1859-2011

    Je me réfère régulièrement à cette bibliographie lors de mes recherches. 

    Mais j’ai aussi conscience que nous devons la mettre à jour une fois de plus faciliter sa consultation et y inclure des voix plus diverses de la famille mondiale de la CMM. 

    Nous allons y travailler en tant que Commission Mission au cours des prochaines années. En attendant, profitez de cette précieuse ressource et restez à affût des mises à jour ! 

    Pour faire part de vos commentaires à la commission mission, veuillez commenter ci-dessous ou écrivez-nous à info@mwc-cmm.org

    —James R. Krabill, Président de la Commission Mission 


    Comme les quatre cavités du cœur, les quatre Commissions de la Conférence Mennonite Mondiale sont au service de la communauté mondiale des églises anabaptistes dans les domaines suivants : diaconie, foi et vie, paix et mission. Les Commissions préparent des documents à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils, proposent des ressources aux églises membres et facilitent le travail des réseaux et des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun. Ci-dessous le communiqué d’une des commissions. 
  • « La CMM fut une école pour moi, elle m’a réellement aidé à connaître la doctrine anabaptiste et à comprendre le fonctionnement de l’Église, » nous dit Francisca Ibanda. 

    Connue dans le monde entier sous le nom de ‘Maman Cisca’, Francisa Ibanda, ainsi que Barbara Nkala, ont récemment terminé leur service en tant que représentante régionale de la CMM. Avant d’être représentante régionale pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’ouest (2015-2022), elle a été l’une des deux représentantes de l’Afrique au sein du Comité exécutif (2009-2015). 

    « Durant mon service à la CMM en tant que CE ou Représentante Régionale, j’ai découvert mes talents et j’ai beaucoup appris sur l’humilité, la communication, l’amour du prochain, bref les valeurs Chrétiennes. Je suis fière d’avoir servi au niveau Mondial, » dit Francisca Ibanda. 

    « Les représentants régionaux sont nos yeux et nos oreilles » dit Arli Klassen. Ces serviteurs bénévoles sont les ambassadeurs de la Conférence Mennonite Mondiale dans leur région. Ils représentent le travail de la CMM (via les commissions, les réseaux, le comité exécutif et la production de matériel et de témoignage pour les cultes) auprès des églises membres de la CMM de leur région. Et ils partagent les préoccupations, les questions, les besoins et les joies des églises membres de la CMM avec le reste du corps anabaptiste mondial.   

    « Cette tâche de servir à la CMM m’a appris beaucoup choses, entre autres : le développement de ma foi Chrétienne, l’amélioration de ma relation personnelle avec Dieu, l’amour de l’Église et l’amour envers mon prochain, » dit Francisca Ibanda. « Et bien, ce fut une véritable occasion pour moi d’améliorer mon anglais et de m’ouvrir au monde. »  

    Les représentants régionaux proposent aussi une invitation : quand une union d’églises nationale est intéressée pour rejoindre la CMM, le représentant régional rend visite aux responsables de l’église. Ils présentent l’union d’églises nationale candidate aux responsables de la CMM, et expliquent la CMM à l’église candidate.  

    « J’aimerais que les gens sachent que la famille mennonite mondiale est une structure très riche en valeurs et opportunités que chaque membre y apporte. » 

    « Mon expérience à la CMM m’a aidé à comprendre que l’Église Mondiale est construite à partir des grandes valeurs telles que la communion fraternelle et que dans la diversité, elle forme le corps du Christ. » 

    « Dans les 5 prochaines années, la CMM devra être bien connue de ses membres, afin que ces derniers la connaissent mieux et s’impliquent dans la réalisation de sa vision, » dit Francisca Ibanda. « Ma prière est que la CMM continue à aider ses membres à mieux connaître sa vision afin que ces derniers vivent réellement la communion fraternelle au niveau local, régional et international. Mon souhait le plus ardent est que la CMM développe sa communication avec les Églises de l’hémisphère sud (Amérique latine, Afrique et Asie). » 

    Francisca Ibanda continuera à servir son église locale et à former des femmes. Elle travaille actuellement à la création d’une ONG pour aider les orphelins et les personnes en situation de handicap.  

    « Nous sommes tellement reconnaissants pour le travail de ces frères et sœurs qui nouent des liens essentiels entre les églises anabaptistes-mennonites du monde entier », déclare Arli Klassen. « Nous faisons un adieu chaleureux à Cisca et Barbara, et souhaitons la bienvenue à Siaka Traoré et Danisa Ndlovu qui remplissent désormais ces rôles. »  

    Cliquez ici pour lire les réflexions de Barbara Nkala