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  • Jeudi matin

    Il y a un an, le responsable de notre union d’églises – dont vous vous souvenez peut-être comme ‘l’homme Alleluia’, l’évêque Ambrocio Porcincula est décédé des suites d’un accident vasculaire cérébral. Je veux me souvenir de lui aujourd’hui, car il était aussi proche de moi que mon propre grand-père. Pour autant que je sache, après être allé pour la première fois à une Assemblée mondiale de la CMM, il n’en a jamais manqué une. Je sais qu’il serait ici s’il était encore en vie, et il serait fier que je sois sur le podium aujourd’hui.

    Trois jours après la mort de mon évêque, mon père a été testé positif à la COVID-19 et a contracté une pneumonie grave. Ce fut l’une des pires crises que nous ayons jamais connues en tant qu’Église et en tant que famille, parce que mon père devait prendre la suite d’Ambrosio à la tête de l’Église après sa mort. Pendant notre période de deuil, la vie de mon père ne tenait qu’à un fil.

    Je pensais que nous perdrions aussi mon père parce que nous ne pouvions pas trouver d’hôpital pour l’accueillir. Mais bien que mes frères et sœurs et moi étions profondément ébranlés, nous nous sommes accrochés à notre foi et accepté de prendre soin de notre père à la maison. Nous avons fait de notre mieux pour obtenir tout ce dont il avait besoin pour l’aider à survivre.

    Je ne pouvais pas imaginer qu’un autre être cher meurt, lui qu’était un père dans l’église pour tous ; ce serait catastrophique. Mais, tout en nous battant, nous avons trouvé du réconfort en nous rappelant que Dieu contrôle tout. Nous avons trouvé la paix dans la foi, sachant que quoi qu’il arrive, ce serait la volonté de Dieu.

    Après deux semaines de soins à domicile, mon père a récupéré et a été guéri par le Seigneur

    L’histoire de ma famille face à la COVID n’en est qu’une parmi des millions. Aucun d’entre nous n’était à l’abri des crises ces deux dernières années, mais malgré l’affliction et la douleur, notre foi a été notre source constante de paix.

    Beaucoup de gens souffrent, écrasés par le poids de leurs maux. Mais le Psaume 9/9 dit : « Le Seigneur est un refuge pour l’opprimé, un refuge dans les temps de détresse. »

    Nos luttes nous rappellent constamment que Dieu est notre aide. Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de Dieu.

    Notre communion prie pour les luttes de nos églises en Inde, qui sont persécutées en raison de leur foi chrétienne. Au Myanmar, nos frères et sœurs souffrent de l’incertitude politique qui a débouché sur la violence. Et en Ukraine, beaucoup sont déplacés à cause de la guerre.

    Mais malgré tout cela, nous sommes ici : vous êtes venus ! Pour ceux qui sont en ligne : nous nous voyons ! (Soit vous devez vous lever très tôt ou vous coucher tard, mais vous êtes avec nous !)

    N’est-ce pas beau de se revoir ? N’est-ce pas beau de voir le rassemblement de vos frères et sœurs dans ce lieu aujourd’hui ?

    N’est-ce pas fantastique que malgré la pandémie et la guerre, nous nous soyons inscrits déjà au début de cette année, et avons eu confiance que tout irait bien d’ici juillet ? C’était un énorme acte de foi !

    En tant que membre de l’équipe d’inscription, je suis stupéfait de voir combien d’entre vous se sont inscrits immédiatement dès que nous avons ouvert l’inscription sur place. Vous vous êtes inscrit tôt malgré toutes les incertitudes… Nous ne savions pas comment la guerre en Ukraine allait tourner, mais les Européens ont quand même été parmi les premiers à s’inscrire.

    Aujourd’hui, je veux me souvenir de nos frères et sœurs en Ukraine. Beaucoup d’entre eux choisissent de rester au milieu des combats et d’aider ceux qui sont dans le besoin. Les églises anabaptistes mennonites rassemblent tout ce qu’elles peuvent pour aider le peuple ukrainien. La guerre est laide, mais quand les gens choisissent de se rassembler et de s’entraider, c’est beau.

    Dans les moments difficiles, nous sommes le prolongement des mains de Dieu. Les miracles de Dieu se produisent par notre intermédiaire.

    C’est ce à quoi ressemble le vivre ensemble en temps de crise. Nous oublions nos différences, nos désaccords, et trouvons un objectif commun pour travailler à la paix. La paix n’est pas une destination, mais un voyage, et ce voyage, nous ne pouvons pas le faire seuls, nous avons besoin les uns des autres.

    Ê ceux qui répondent à l’appel à l’aide de leurs frères et sœurs ; à ceux qui font des dons ; à ceux qui font du bénévolat ; à ceux qui aident à rétablir la justice ; à ceux qui s’occupent des étrangers – merci !

    Vous avez déjà fait un pas pour vous rapprocher du monde pacifique que nous désirons tous. Vous êtes le prolongement du bras de Dieu.

    Maintenant, je vous mets tous au défi de faire de même pour nos frères et sœurs en Inde et au Myanmar. Essayons de mieux connaître leur situation et de découvrir comment nous pouvons être les mains physiques du Christ en ces temps difficiles.

    Il y a un an, pendant la crise de la COVID, ma famille a dû rester isolée à la maison pendant plus d’un mois pendant que mon père se remettait. Nous devions dépendre de la générosité de nos amis et frères et sœurs de l’assemblée locale pour tous nos besoins comme la nourriture, les recharges d’oxygène et les médicaments. En pensant à la manière dont Dieu a utilisé chacun pour subvenir à nos besoins au moment où nous en avions le plus besoin, je m’étonne encore. Même au milieu de la nuit, il y a eu des personnes qui n’ont pas hésité à offrir leur aide. Et même la personne la plus inattendue, dont vous pensez qu’elle ne peut rien vous donner parce qu’elle est aussi dans le besoin, frappait à notre porte pour nous donner quelque chose parce qu’elle se souciait sincèrement de nous.

    Vraiment, les crises et les difficultés font ressortir ce qu’il y a de meilleur en nous. Nous voyons les mains de Dieu travailler en nous utilisant tous.

    Je veux terminer avec Romains 15/13 : « Que le Dieu de l’espérance vous comble de joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint. »

    Faites confiance à la puissance du Saint-Esprit : il y a de l’espoir en cette période difficile. En tant que communion d’églises, nous nous aiderons mutuellement en cas de besoin. Lorsque la puissance du Saint-Esprit se manifeste en nous, nous ne pouvons-nous empêcher d’agir. Le SaintEsprit est notre force motrice pour atteindre ceux qui sont dans le besoin. Et c’est à cela que ressemble le vivre ensemble en temps de crise pour ceux qui suivent le Christ.

    —Ebenezer G. Mondez est le représentant de l’Asie et du Pacifique au Comité YABs (Jeune Anabaptistes ; 2015-2022) et le mentor des YABs (2022-2028). Il est membre de Lumban Mennonite Bible Church, Philippines


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • « Nous étions loin d’être en paix, mais maintenant nous sommes amis avec les chrétiens. Nous œuvrons à la paix avec l’humilité. » Par l’intermédiaire d’un interprète, le commandant Yanni Rusmanto de Solo (Indonésie), a pris la parole lors de l’atelier « les mennonites en Indonésie et les musulmans radicaux œuvrant à la paix » lors de la 17e Assemblée en Indonésie.

    Il s’agissait de l’un des nombreux ateliers sur les relations interreligieuses axés sur les chrétiens et les musulmans. Au total, plus de 50 ateliers ont eu lieu lors de la 17e Assemblée de la Conférence Mennonite Mondiale, dont beaucoup ont été enregistrés pour être visionnés plus tard.

    Yanni Rusmanto est un chef du Hezbollah, un groupe paramilitaire indonésien (‘Hezbollah’ signifie ‘Parti de Dieu’ et c’est le nom de nombreux groupes musulmans sans lien les uns avec les autres.) Ils veillent sur la communauté pour lutter contre l’ivresse et la délinquance, ils donnent des avertissements et assurent la liaison avec la police en cas de combats de rue.

    Lors de l’atelier, le pasteur de la GKMI, Paulus Hartono, et Yanni Rusmanto ont parlé de leur collaboration.

    Après le tremblement de terre et le tsunami du 26 décembre 2004 qui ont dévasté une partie d’Aceh, Le Mennonite Diakonia Service (MDS), basé à Solo, ne pouvait intervenir seul. Le fondateur du MDS, Paulus Hartono, a invité le commandant musulman local à se joindre au MDS pour apporter des secours.

    « Pourquoi cet infidèle veut-il dialoguer ? » s’est demandé Yanni Rusmanto quand Paulus Hartono l’a approché. Il avait peur d’avoir à se convertir. Il a essayé de le repousser, mais Paulus Hartono a persévéré dans sa demande.

    « Il m’a parlé d’humilité et du tremblement de terre à Aceh. J’ai commencé à ouvrir mon cœur », raconte Yanni Rusmanto.

    Les deux groupes ont travaillé côte à côte à Aceh pendant 15 jours, vivant sous le même toit. « Nous avons commencé à nous connaître. Nous nous respectons, bien que nous soyons très différents dans beaucoup de choses. Mais cela ne signifie pas que nous ne puissions pas travailler ensemble », déclare Paulus Hartono.

    Yanni Rusmanto considère toujours Paulus comme un kéfir – un infidèle. Mais « Paulus est un bon kéfir. Je veux être ami avec Paulus et je veux le dialogue. »

    Pour Paulus Hartono, le travail pour la paix et l’aide humanitaire vont de pair. Le MDS intervient lors de catastrophes, soutient la durabilité de l’environnement et mène un dialogue interreligieux. Les trois sont inséparables, voire parfois indiscernables.

    On demande parfois à Paulus Hartono le secret de sa paroisse florissante et de son ministère d’avant-garde : « Nous devons accomplir la mission de Jésus : pas la mission de notre organisation ou la mission de notre paroisse. Nous vivons les valeurs du royaume : mission, paix, vérité, justice et amour, guidés par le Saint-Esprit. »


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Présentation de la famille mondiale : 

     

     


    ICOMB
    La Communauté internationale des Frères Mennonites (ICOMB) est composée de 22 églises nationales dans 19 pays. L’ICOMB compte également des membres associés dans plus de 20 pays, tous à des stades différents sur la voie de l’adhésion à part entière. L’ICOMB existe pour faciliter les relations et les ministères afin d’améliorer le témoignage et le discipulat de ses églises nationales membres – connecter, renforcer et élargir la famille mondiale de l’ICOMB.  
  • Stephanie Setiawan, originaire de Sidoarjo, en Indonésie, n’avait pas prévu de partir en Amérique latine. Elle a postulé pour le programme d’échange international de volontaires (International Volunteer Exchange Program (IVEP)) du Comité central mennonite en 2013/2014, mais le créneau pour son synode était déjà pris. Les coordinateurs lui ont proposé un stage YAMEN en Colombie à la place. 

    Stephanie Setiawan a ainsi découvert un amour pour la culture latine et une formation pour un service futur. « Je suis tellement reconnaissante d’avoir servi en Colombie. Là-bas, Dieu m’a préparée à servir pour l’Assemblée en Indonésie », dit-elle. 

    Le Réseau Anabaptiste Mondial d’Échange de Jeunes (YAMEN) est un programme conjoint du Comité central mennonite et de la Conférence Mennonite Mondiale. Il a pour objectif de promouvoir la communion entre les églises de la tradition anabaptiste et de former de jeunes dirigeants partout dans le monde. Les participants vivent une année dans un contexte interculturel, à compter du mois d’août jusqu’au mois de juillet de l’année suivante.  

    « Je ne m’étais jamais intéressée à la Colombie auparavant », dit Stephanie Setiawan, mais elle a commencé à apprendre. Elle a entamé une correspondance avec un jeune de l’église où elle allait servir. « Ça m’a fait du bien d’avoir une amitié avant d’y aller ». 

    « Quand je suis arrivée, je ne parlais pas du tout espagnol et ma famille d’accueil ne parlait pas anglais. Ils se sont tellement investis pour m’apprendre la langue », dit-elle. « Ils m’ont expliqué les mots espagnols ; s’il y avait des choses, ils les montraient ; s’il y avait une action, ils la mettaient en scène pour moi. Chaque fois que nous avions du temps libre, ils le consacraient à discuter avec moi. » 

    Dans sa mission de service, « les enfants étaient si patients », dit-elle. Elle leur montrait des images pour leur enseigner le vocabulaire anglais et les enfants lui enseignaient l’espagnol à leur tour.  

    Après plusieurs mois, Stephanie Setiawan était capable de parler et de comprendre l’espagnol, mais « je ne comprenais toujours pas les blagues. C’est bizarre quand les gens parlent et que je ne saisissais pas ce qui était drôle. Un jour, quand j’ai ri, je me suis sentie vraiment bien. Enfin, j’ai pu saisir les interactions. » 

    « Ce serait génial de rencontrer plus de personnes d’autres cultures », pensait-elle, alors que le programme YAMEN lui présentait des amis du monde entier. Elle a commencé à anticiper l’Assemblée de la CMM en Indonésie dont sa mère d’accueil lui avait parlé. « Ce serait vraiment puissant d’adorer Dieu ensemble avec notre diversité ». 

    Lorsque l’Assemblée est arrivée, Ary Rusdianto, coordinateur de la langue indonésienne, s’est tourné vers Stephanie Setiawan, qui travaille maintenant comme assistante de communication web pour la CMM. Les interprètes pour l’espagnol et l’indonésien étaient rares : elle connaissait les deux langues.  

    « Je n’ai jamais été traductrice. Je parle rarement devant un grand groupe. C’est la plus grande étape de ma vie. Si j’avais eu le choix, j’aurais dit non », dit Stephanie Setiawan. Ses amis l’ont encouragée et l’ont aidée à se préparer.  

    Et elle s’est souvenue du quartier Barrio Tokio à Pereira, Risaralda, en Colombie.  

    Une partie de son travail pour YAMEN l’a conduite dans ce quartier à la réputation difficile. « Jamais je n’ai eu peur », dit-elle. « Mon interaction avec les enfants et les parents est encore toute fraîche dans ma mémoire. J’ai ressenti la paix de Dieu dans ce lieu et la chaleur de ces gens. » 

    Le miracle de la paix au milieu de l’incertitude s’est à nouveau produit sur la scène de Salatiga, alors qu’elle interprétait pour José Rutilio Rivas. « C’était un honneur de servir de cette manière ». 

    « Je pense qu’il est vraiment important d’avoir des liens avec des personnes du monde entier », dit-elle. « Lorsque vous accueillez les différences et la diversité, vous pouvez grandir, et votre âme peut être riche. Il y a toujours quelque chose de bon dans une autre culture qui n’attend que d’être appris. »  

    « Lorsque vous savez que quelqu’un qui vit loin de vous prie pour vous, cela vous touche le cœur. Il est important pour nous de prier pour nos frères et sœurs du monde entier, surtout lorsque vous savez qu’ils sont confrontés à des difficultés. »  


    Participantes de YAMEN 2022-2023 

    Nom Pays d’origine Pays de service Membre de l’église  
    *union d’églises membre de la CMM 
    Emilia Macono Guzman  Bolivie Mexique Sinai Evangelical Mennonite Church (IEMB) *
    Uziel Zambrana Hurtado  Bolivie  Colombie Smyrna Evangelical Mennonite Church*
    Sina Dy Cambodge Kenya  Community of Changed Hearts Church 
    Sokvoleak Chum  Cambodge Ouganda Tumnup Tek Khmer Evangelical Church 
    Sovanich Chhoun  Cambodge Nicaragua  Nation Church Phnom Penh 
    Lilibeth Guzman Macea  Colombie  Honduras Communidad Menonita Nueva Vida en Cristo Jesus 
    Nidia Marleny Linares Martinez  El Salvador  Mexique Mennonite Evangelical Church of El Salvador* 
    Esther Abigail Aguilar Velasquez  Honduras  Bolivie Iglesia Evangélica Menonita de Santa Rosa de Copan 
    Eve Franklin  Inde Kenya  Mennonite Church Durg (MCI, Dhamtari)* 
    Mahima Tandi  Inde Ouganda Bethlehem Mennonite Church Memra Pithora (BGCMC)* 
    Shepher Sona  Inde Cambodge Hebron Mennonite Church (BGCMC)* 
    Cahya Putri Wulansari  Indonésie Rwanda  GITJ Kelet* 
    Johana Christianti  Indonésie Burkina Faso  GKMI Bogor* 
    Setyawan ‚ÄúAdi‚Äù Nugroho  Indonésie Bolivie GKMI Kudus*
    Rael Kiptoo  Kenya  Ouganda Shalom Mennonite Church 
    Sarah Pariken  Kenya  Cambodge Dominion Chapel International Ministries 
    Febe Daniella Madirgal Salgado  Nicaragua  Guatemala  Fuente de Vida (Convenci√≥n de Iglesias Menonitas)* 
    Melania Elizabeth Chaparro  Paraguay  Honduras  Dulce Refugio 
    Monika Warkentin  Allemagne/Paraguay  Palestine et Isra√´l Iglesia Hermanos Menonitas Concordia (AHM)* 
    Denise Dushime  Rwanda  Inde Gatenga Evangelical Friends Church 
    Yejin Kim Corée du Sud Bolivie Jesus Heart Church 
    Sondobi ‚ÄúDaniel‚Äù Chacha Sondobi  Tanzanie Cambodge KMT Bukiroba*  
    Ladia Zulu  Zambie Cambodge Baptist Community Church 

    ‚ÄîCommuniqué commun de la Conférence Mennonite Mondiale et du Comité Central Mennonite par Karla Braun, rédacteur pour la Conférence Mennonite Mondiale. Elle vit à Winnipeg.   

    Le Réseau Anabaptiste Mondial d’Échange de Jeunes (YAMEN) est un programme conjoint du Comité central mennonite et de la Conférence Mennonite Mondiale. Il a pour objectif de promouvoir la communion entre les églises de la tradition anabaptiste et de former de jeunes dirigeants partout dans le monde. Les participants vivent une année dans un contexte interculturel, à compter du mois d’août jusqu’au mois de juillet de l’année suivante. 
  • Lors de la célébration du Dimanche de la Paix le 18 septembre 2022, l’église GKMI de Petra-Depok en Indonésie a évoqué le thème « être une nouvelle création » avec un invité spécial. Sadanand Hembrom s’est joint au culte par vidéo depuis l’Inde. 

    Depuis quelques années, l’église GKMI de Petra-Depok dans le grand Jakarta franchit les murs de l’église pour diffuser la bonne nouvelle. Avant la pandémie, les membres de l’église ont effectué plusieurs missions dans des régions éloignées de différentes îles d’Indonésie.  

    Après l’Assemblée de la CMM de 2022, leur vision s’est élargie au-delà des frontières de l’Indonésie. Huit délégués de l’église ont assisté à l’Assemblée et trois jeunes adultes ont participé au Sommet Mondial de la Jeunesse. 

    « Nous nous rendons compte qu’il y a des églises en dehors de l’Indonésie que nous devons connaître, à qui nous pouvons apporter notre soutien dans la prière et avec qui nous pouvons aussi partager nos ressources », déclare Ary Rusdianto, un responsable d’église qui a également été coordinateur de l’interprétation vers l’indonésien pendant l’Assemblée.  

    Les participants de l’église au Sommet Mondial des Jeunes (GYS) ont suggéré que Sadanand Hembrom, délégué de l’Église des Frères en Christ du Népal au GYS, s’adresse à l’église lors du Dimanche de la Paix. Ary Rusdianto lui avait servi d’interprète en indonésien pendant le culte satellite à l’église GKMI de Solo.  

    « Inviter quelqu’un d’une autre partie du monde à prendre la parole lors d’une occasion spéciale à l’église est une bonne façon de mieux se connaître et de se soutenir les uns les autres », dit Ary Rusdianto.  

    « En plus de cela, nous pensons au grand potentiel que représentent les jeunes générations pour la vie future de l’Église. » 

    Ê la fin de sa présentation, Sadanand Hembrom a demandé la prière pour les implanteurs d’église, pour les personnes touchées par les fortes pluies et les inondations, et pour les activités de son union d’églises, l’Église des Frères en Christ du Népal.  

    « Dans notre église, notre compréhension et notre vision des autres se sont élargies, et nous éprouvons de la joie à en faire l’expérience », dit Ary Rusdianto. 


    Regarder la vidéo

    Vous pouvez utiliser le matériel du Dimanche de la Paix de la CMM à tout moment de l’année.

  • 26 Août 1930–30 Octobre 2022

    Raúl O. García, président de la Conférence Mennonite Mondiale de 1990 à 1997 est décédé le 30 octobre 2022. Pasteur, enseignant et professeur de longue date, il est né en Argentine le 26 août 1930. 

    De famille catholique, il est devenu mennonite à l’âge de 14 ans. Ses dons pastoraux ont été reconnus et 10 ans plus tard, il a été nommé pasteur adjoint de l’Iglesia Evangélica Menonita Pehuajó, dans une ville située à l’intérieur des terres près de Buenos Aires, en Argentine. 

    L’année suivante, Raúl García, qui a obtenu son diplôme universitaire de traducteur et de professeur d’anglais, part aux Etats-Unis pour étudier au Goshen College Biblical Seminary. 

    Il y retrouve Anita Schwartzentruber, fille de missionnaires en Argentine, et ils se marient le 28 juillet 1956.

    Ils sont retournés en Argentine où il a repris la direction pastorale de Pehuajó en plus d’enseigner l’anglais au lycée et plus tard d’en être le directeur.

    Il a joué un rôle majeur dans le développement de l’éducation biblico-théologique pour les responsables sud-américains. Au fil des ans, il a été président du conseil d’administration du Séminaire mennonite d’Uruguay et du Paraguay, et président du conseil d’administration de la conférence de l’Église évangélique mennonite d’Argentine (IEMA).

    Raúl O. García est le premier président de la Conférence Mennonite Mondiale originaire d’Amérique Latine. Il a été investi lors de l’Assemblée de 1990 à Winnipeg, Manitoba, Canada. 

    Il est l’auteur de « I Am A Christian Evangelical Anabaptist » (Je suis un Chrétien Évangélique Anabaptiste) en anglais et en espagnol, qui a également été traduit en portugais.

    En 2004, le Goshen College (Etats-Unis) a décerné à Raúl et Anita García son prix « Culture for Service » en reconnaissance de leur vie de service exemplaire.

    Raúl O. García laisse derrière lui son épouse Anita Schwarzentruber García et leurs trois fils.

    Témoignages des responsables de la CMM

    Fin juillet 1990, Raúl et Anita García se rendirent à l’Assemblée de la CMM à Winnipeg, sans s’attendre à « quelque chose d’important. Juste être là et profiter de la communion fraternelle », disent-ils. Mais quelque chose d’important et de totalement inattendu s’est produit : Raúl a été élu président de la Conférence Mennonite Mondiale. Ses premiers mots, comme ceux du pape François des décennies plus tard, ont été : « Priez pour moi. Si le Seigneur m’a mis à cette place, il m’aidera avec la grâce et la sagesse nécessaires pour rester engagé. » Le Seigneur a accordé à Raúl la grâce et la sagesse alors qu’il présidait avec douceur la CMM pendant une période de changements historiques dans le monde anabaptiste-mennonite et de changements correspondants dans la CMM. En 1994, pour la première fois, la famille mennonite et des Frères en Christ comptait plus de membres dans le Sud que dans le Nord, ce qui a inspiré les premiers pas de la CMM de « conférence » vers la « communion », la création du Fonds de Partage de l’Eglise Mondiale, une reconceptualisation de l’Assemblée Mondiale et plus encore. Dans son premier message en tant que président de la CMM, adressé aux 32 000 personnes rassemblées dans le stade de Winnipeg (probablement le plus grand rassemblement d’anabaptistes-mennonites de l’histoire), Raúl a parlé avec son cœur, comme il le fait si souvent : « Si nous avons été fidèles, il y a de la joie dans le ciel pour chacun d’entre nous qui a été un témoin. » Raúl a été un témoin. Raúl a gardé la foi. Il y a de la joie au ciel ! Et de la gratitude sur la terre.
    — Larry Miller, ancien secrétaire général de la CMM (1990-2011)

    Pendant plus de six décennies, Raúl O. García s’est engagé fidèlement dans de nombreuses formes de service. Ses collègues de travail, les membres de son église et ses étudiants l’ont connu fidèle, gentil, attentionné, fiable, productif et bien plus encore. Il a été le mentor de centaines de personnes en Argentine et ailleurs.
    —Daniel Schipani, Professeur émérite,, Anabaptist Mennonite Biblical Seminary

    C’est avec tristesse que j’ai appris la nouvelle du décès de notre cher frère Raúl García. J’ai toujours été impressionné par son humilité, sa simplicité, son amour pour servir Jésus-Christ et son souci d’honorer notre héritage et nos valeurs anabaptistes. Nous avons eu de nombreuses et bonnes conversations, notamment sur le progrès de nos églises en Amérique du Sud. Il a fidèlement rempli son appel. Que le Seigneur réconforte sa famille.
    —Hans Gerhard Peters, Aliança Evangélica Menonita, Brazil
    (représentant de Comité Exécutif pour l’Amérique Latine de 1990-1997)

     Dans chaque réunion d’église à laquelle j’ai participé, nous avons eu un temps de partage qui a été une grande bénédiction pour la vie de l’église en Argentine.
    —Elvio Danilo Cayul, pasteur, Église évangélique mennonite d’Argentine

    Laissez les souvenirs de Raúl García ci-dessous ‚ܰ

    (Défilez la page)

  • « Je ne serai jamais assez reconnaissant du fait que, bien que nous soyons un énorme groupe très divers, nous parlons la même langue : la langue de l’amour pour le Christ et son peuple », déclare Daniel Nugroho. Il faisait partie de l’équipe qui a nous a permis à tous de nous comprendre.

    Jusqu’à quatre interprètes sur une équipe de 21 traduisaient en indonésien sur la scène les orateurs lors de chaque culte. Pendant ce temps, deux interprètes d’une équipe de sept travaillaient dans les cabines française et espagnole.

    Les interprètes ont rencontré des difficultés inattendues en Indonésie avec le COVID et les problèmes de connexion internet affectant les casques d’écoute.

    « La traduction simultanée est un exercice particulièrement exigeant, qui demande beaucoup d’attention, d’autant plus qu’il faut s’adapter aux accents et aux modes de d’expression des différents locuteurs », explique Karina Derksen-Schrock, coordinatrice de l’interprétation de la CMM.

    Et la compréhension ne dépend pas seulement des mots utilisés.

    « En tant qu’interprète, nous avons l’occasion d’être un pont non seulement pour le langage mais aussi pour la culture, et ainsi de connecter les gens », dit Sarah Pillay, interprète de l’anglais vers l’indonésien.

    Le coordinateur de l’interprétation pour l’indonésien, Ary Rusdianto, a travaillé dans les coulisses pendant des années. Il a supervisé la traduction des divers textes et des documents sur le culte en indonésien pour aider les autres Indonésiens à se familiariser avec la CMM avant l’Assemblée. L’une de ses difficultés a été de trouver des interprètes pour l’indonésien et l’espagnol.

    « Dieu nous a béni car il a fourni de nombreux interprètes indonésiens pour nous aider lors de l’Assemblée », dit Ary Rusdianto.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Vivre dans l’Esprit : Apprendre. Servir. Louer.

    34 délégués : 4 d’Amérique du Nord, 4 d’Europe, 11 d’Asie, 6 d’Afrique et 9 d’Amérique latine.

    Lors des réunions de délégués, des difficultés communes à tous les jeunes ont fait surface : la solitude et le besoin d’appartenance, le besoin d’un bon leadership, de combler le fossé des générations et le besoin de redéfinir l’église pour qu’elle puisse se déplacer vers les espaces où se trouvent les jeunes. Les délégués ont également réfléchi à des solutions qui contribuent au changement par l’établissement de relations et le partage des ressources.

    Plus que de simples discussions, les délégués et les participants ont apprécié le temps qu’ils ont passé à découvrir leurs différentes cultures, à partager des collations de chaque pays, des mots d’encouragement, de soutien et à prier les uns pour les autres.

    « L’un des moments les plus marquants du GYS a eu lieu après que les délégués ont partagé leurs conclusions avec les participants, et que nous avons passé du temps à prier pour les pays des autres sur une grande carte étalée sur le sol, ainsi que les uns pour les autres personnellement. L’Esprit était très présent alors que nous nous unissions dans la prière, et les gens priaient authentiquement pour le changement qu’ils voulaient voir dans le monde et en eux-mêmes », déclare Ebenezer Mondez, représentant du comité YABs pour l’Asie (2015-2022), mentor YABs (2022-2028)


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Mercredi matin

    Il y a toujours eu deux principaux modes d’apprentissage : académique et expérientiel. La plupart d’entre nous ont un penchant pour l’un ou pour l’autre, mais la réalité est que les deux sont nécessaires à l’apprentissage. La connaissance n’est pas très utile si elle n’est pas appliquée. D’un autre côté, il est souvent inutile et contre-productif de mettre en œuvre quelque chose sans recherche préalable. Diverses perspectives peuvent se comprendre [différemment] dans de multiples contextes, qu’il s’agisse de notre famille anabaptiste mondiale, du corps mondial du Christ ou de notre société multiculturelle plus large. Notre capacité à apprendre de quelqu’un n’est limitée que par notre capacité à voir l’image de Dieu en chaque personne et en étant ouvert à l’Esprit du Christ en nous qui peut nous former en utilisant toute personne ou situation – aussi différente, inconfortable ou peu agréable qu’elles soient. Lorsque nous réfléchissons au fait d’apprendre ensemble en tant que famille anabaptiste mondiale, quatre qualités essentielles dont Jésus a fait preuve nous viennent à l’esprit : l’humilité, l’intégrité, le discernement et la responsabilité.

    L’humilité et l’intégrité

    L’humilité et l’intégrité sont toutes deux liées à notre identité en Christ. Le Psaume 119 commence par : « Heureux ceux dont la conduite est intègre et qui suivent la Loi du Seigneur. ». Si nous savons qui nous sommes, c’est-à-dire les enfants bienaimés du Père sauvés par la grâce par la foi, nous sommes capables d’engager des conversations en étant ouverts à des perspectives diverses, humblement et sans orgueil ou être sur la défensive. Savoir qui nous sommes et à qui nous appartenons nous rend confiants que nous pouvons agir avec intégrité dans des contextes divers.

    Jésus est clair : si nous demeurons en lui, nous ferons ce qu’il commande et nos vies le montreront. Plus nous savons qui nous sommes et qui nous suivons, moins les gens sont surpris par notre comportement, et ils sont obligés de faire un choix en réponse. De même, Jésus connaissait son identité de Fils de Dieu et son appel dès son plus jeune âge, ce qui a déterminé ses priorités, son ministère et les réactions des gens à son égard.

    Pour répondre à notre propre vocation de prêtres et d’ambassadeurs de Dieu, nous devons savoir qui nous sommes par rapport à notre Père. Lorsque nous sommes assurés de l’amour et du pardon de notre Père, nous sommes libres d’aimer et de pardonner sans conditions. Jésus savait qu’il était le Fils bien-aimé de Dieu et pourtant il est venu pour servir et non pour être servi. Nous pouvons vivre avec cette même identité de filiation divine et de servitude.

    Le discernement

    Le discernement n’a pas tant d’éclat, mais j’ai réalisé récemment que cela devient de plus en plus important pour l’Église, avec toutes les informations qui nous inondent – à la fois vraies et fausses. Comment, au milieu de la clameur des voix des médias dans le monde, allons-nous apprendre des autres tout en discernant et en témoignant de ce qui est vrai et authentique ?

    Un pasteur a récemment redéfini pour moi ce qu’était le discernement en le basant sur l’identification de la source : le monde, la chair, Satan ou l’Esprit. Notre capacité à le faire ne vient que de l’Esprit. Un passage de l’Écriture qui illustre cela est 1 Corinthiens 2 : « car l’Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu…. Pour nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous puissions connaitre les dons de la grâce de Dieu. …. L’homme spirituel juge de tout…. Or nous, nous avons la pensée du Christ. »

    L’une des choses les plus difficiles est d’apprendre à faire confiance à l’expérience de Dieu de quelqu’un d’autre. Les chrétiens vivent leur relation avec Dieu de manières très diverses donc leur discernent de la direction et les conseils de Dieu dans leur vie est aussi divers. Parfois, nous évaluons ce qu’apprennent les autres comme si nousmêmes apprenions toujours directement de Dieu. Mais ce que nous apprenons des autres ne vient pas toujours de Dieu ou n’est pas basé sur la Parole de Dieu. Cela doit être discerné par l’Esprit, avec qui nous devrions toujours tester tout ce que nous recevons (1 Jean 4/1, 1 Thessaloniciens 5/21) – qu’il s’agisse de prophéties, d’enseignements ou d’expériences – et l’évaluer par rapport à la Parole de Dieu.

    La responsabilité

    La responsabilité qui vient avec l’apprentissage est dangereux. C’est un principe du Royaume que la connaissance et les bénédictions s’accompagnent de la responsabilité de bien les gérer devant Dieu. « Ê qui on a beaucoup donné, on redemandera beaucoup ; qui on a beaucoup confié, on réclamera davantage. » (Luc 12/48).

    C’est là que réside le danger d’un apprentissage unilatéral : acquérir des connaissances sans les mettre en pratique. Cela s’applique particulièrement aux occidentaux et à ceux d’entre nous qui ont grandi dans des contextes chrétiens. Cependant avoir moins de connaissances n’exonère pas de sa responsabilité. Dans la culture où je vis Il y a tellement de ressources disponibles : des livres aux conférences, en passant par le contenu des réseaux sociaux, les retraites personnelles ou les groupes divers – quoi que vous vouliez, vous pouvez le trouver. Je me demande parfois ce qui arriverait à l’Église en Occident si tout cela disparaissait. S’il ne nous restait que la Parole de Dieu, le monde créé et le peuple de Dieu dirigé par l’Esprit de Dieu : cela nous suffirait-il pour apprendre ?

    Je ne dis pas que nous devons ignorer toutes les ressources disponibles, mais ma préoccupation, lorsque j’évalue ma propre vie, est la facilité avec laquelle je peux me tourner vers d’autres sources de croissance et de connaissance que la véritable Source. Et plus important encore : que fais-je avec tout ce que j’ai appris et obtenu ?

    C’est le défi que je vous lance, chers frères et sœurs, en ces temps tumultueux, ainsi qu’il est écrit dans Éphésiens : « Nous ne serons plus des enfants, ballottés, menés à la dérive, à tout vent de doctrine, joués par les hommes et leur astuce à nous fourvoyer dans l’erreur. Mais confessant la vérité dans l’amour, nous grandirons à tous égards vers celui qui est la tête, Christ. » (Éphésiens 4/14-15). Alors que nous nous transformons continuellement à l’image de Christ, puisse notre capacité à apprendre ensemble en toute humilité et intégrité nous conduisent à un plus grand discernement par l’Esprit pour connaître la vérité et montrer ce que cela signifie dans notre vie.

    C’est le royaume que Jésus a initié, et c’est notre vocation en tant que corps du Christ : le rendre concret pour que le monde le voie.

    —Larissa Swartz est présidente du comité des jeunes anabaptistes (YAB) (2015- 2022). Actuellement, elle est en transition vers New York pour faire partie d’un mouvement d’églises de maison.

    Apprendere Ensemble – Plénière du matin: 6 juillet 2022


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Mercredi matin

    Apprendre ensemble à discerner la volonté de Dieu : les premiers chrétiens, dès l’origine, ont été confrontés à ce défi. En effet, ‘apprendre ensemble à discerner la volonté de Dieu’ n’est pas un vœu pieux ! Ce n’est pas un processus confortable. En fait, c’est le grand défi de la vie chrétienne, de nos vies personnelles comme celles de nos assemblées, de nos églises locales.

    Pour réfléchir à ce défi, je vous propose de revenir à un moment fondamental, un moment originel : le moment où les disciples ont été appelés chrétiens (en Actes 11, 26) : « Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. »

    Or, grande a été ma surprise de constater que la lecture et la méditation de cet épisode de l’histoire de l’église venait me déplacer, me déloger de ce que je croyais connaître. Ce déplacement a été de constater que le moment où le nom de chrétien a été donné était tout sauf… un moment idyllique, idéal, pour les croyants. Ce n’est pas tant le contexte de persécution, de « détresse » est-il écrit, qui était la menace la plus dangereuse pour l’église chrétienne naissante. Non, le plus étonnant pour moi était de voir que ce moment si beau, ce moment où l’on reçoit un « nom », de plus un nom qui contient celui du Christ, correspond en réalité à un épisode où la plus grande menace pour les nouveaux croyants est celle de la division, de la division interne.

    En effet, d’un côté, il y a la communauté de Jérusalem, la communauté-mère, plus « ancienne » et de culture juive. De l’autre côté, il y a la communauté d’Antioche, de culture grecque, communauté plus jeune, plus dynamique, avec davantage de croissance et de fruits visibles ! Donc d’un côté il y a ceux qui annoncent la Parole uniquement aux juifs, et de l’autre, ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle aux païens, aux grecs.

    Deux styles : les anciens, proches de la tradition ; les jeunes, plus inventifs et libres sans doute !

    Deux manières d’être et deux projets d’évangélisation. Dans cette situation, comment continuer à apprendre ensemble ? Comment discerner ensemble la volonté de Dieu ?

    Dès l’origine, les premiers chrétiens ont été confrontés, douloureusement, à ce défi. Nous pouvons transposer cela pour nous aujourd’hui : qu’y a-t-il de commun entre les mennonites de la vieille Europe qui a connu les débuts de l’anabaptisme et les mennonites d’autres continents, aux églises plus jeunes et dynamiques ?

    Mais revenons à notre histoire des Actes des Apôtres : pour quelles raisons ce schisme n’a pas eu lieu, en tout cas pas à ce moment-là, alors que tous les ingrédients de la division étaient présents ? Quelles ont été les étapes du processus de discernement ?

    Tout d’abord, on peut remarquer que l’église-mère (celle de Jérusalem) fait le choix d’envoyer un homme, Barnabas, qui n’est pas un homme de premier plan, en tout cas à ce moment-là. C’est l’attitude de cet homme qui est déterminante et qui va rendre possible un lien d’unité : « A son arrivée, lorsqu’il vit la grâce de Dieu, il se réjouit et les encouragea » (v. 23).

    Ainsi, Barnabas commence par prendre le temps de regarder, non pas avec un regard de jugement, mais un regard d’émerveillement. Il n’a pas peur de la nouveauté ! Sans doute aurait-il pu être jaloux devant la croissance de cette nouvelle communauté, sans doute a-t-il vu (assez justement sinon Jérusalem ne l’aurait pas envoyé !) tous les risques que cette jeune communauté dynamique courait, toutes les dérives possibles… Mais son premier regard est un regard d’émerveillement devant ce que vit l’autre, une action de grâce pour les fruits que portent les autres.

    Telle est la première étape de ce processus : avoir un regard de bonté et admirer ce qu’il y a de bon en l’autre, dans l’église de l’autre. Nos relations entre pays et cultures différents ne changeraientelles pas si nous osions nous émerveiller devant l’autre ? Les occidentaux sont-ils prêts à admirer ce qui se fait ailleurs et à apprendre des autres ? Sommes-nous prêts à cette conversion du regard ?

    Encore une fois, revenons à notre histoire ! Barnabas n’est pas dans un optimisme béat devant ce qui porte du fruit ! La vraie bienveillance, la vraie bonté, n’excluent pas le travail de la vérité qui rend les choses solides. C’est ainsi que dans un deuxième temps, Barnabas prend l’initiative d’aller chercher Paul et de le ramener à Antioche pour qu’à deux ils enseignent pendant un an cette jeune et nouvelle communauté.

    Mais il y a un petit détail, qui, en fait, n’en n’est pas un : Paul et Barnabé ne sont pas seulement dans une posture d’enseignants. Il nous est dit qu’ils « participaient aux réunions de l’église » (v. 26). Ils n’ont pas peur d’être « un parmi d’autres », d’être à égalité, dans une relation de réciprocité où tout le monde peut prend part à la conversation. Cela se fait dans la durée (une année) qui permet de tisser des liens et de connaître la situation de l’intérieur. Telle est la seconde étape du processus.

    Revenons à la jeune église, Antioche. Elle n’a donc pas peur de recevoir un homme envoyé par l’église-mère, d’accepter de se laisser enseigner par une personne issue d’une communauté beaucoup moins dynamique, portant apparemment moins de fruits. Elle n’a pas peur de se recevoir d’autres. Mais l’histoire n’est pas finie : la jeune église, à son tour, va prendre soin de l’église mère : lors d’une famine, elle organise une collecte et envoie de l’argent en Judée (cf. vv. 27-30). Il y a vraiment réciprocité dans ce soin concret les uns des autres !

    Le moment où les croyants reçoivent le beau nom de chrétiens est donc ce moment où ils acceptent de ne pas rester dans leur manière de voir en fonction uniquement de leur ethnie, de leur culture, de la réalité locale. « Apprendre ensemble » c’est prendre le risque de traverser des frontières, parce que nous appartenons à un seul et même corps, parce que « nous sommes membres les uns des autres » (Romains 12, 5). Nous sommes de la même chair, celle du Corps du Christ.

    —Anne-Cathy Graber est pasteure évangélique mennonite et célibataire consacre dans la Communauté du Chemin Neuf en Paris, France. Elle est membre de la Commission Foi et Vie de la CMM et leur représentante auprès du Forum Chrétien Mondial et de la Commission de Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises. Elle est membre de l’église évangélique Mennonite de Chatenay-Malabry, Paris, France.

    Apprendere Ensemble – Plénière du matin: 6 juillet 2022


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.

     

  • Mercredi soir

    Êl’âge de 17 ans, mon grandpère a été obligé de se battre pendant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque j’ai commencé à parler de mon projet d’étudier la paix et la théologie de la paix, il s’est un peu énervé. Il m’a dit : « Vous voulez parler de paix et de guerre, mais vous ne savez pas de quoi vous parlez ! Quand la guerre arrive, personne n’a le choix. Il n’y a rien à faire ! » Ê cette époque, je pensais que ce qui manquait à l’Europe occidentale pendant la Seconde Guerre mondiale, c’était une bonne théologie de la paix. Ce que nous avons maintenant, donc tout ira bien. C’est du moins ce que je pensais.

    Il y a quelques mois (et environ 80 ans après la Seconde Guerre mondiale), la guerre a éclaté en Ukraine. Et tandis que nos frères et sœurs en Ukraine font face aux horreurs de la guerre, de nombreux mennonites d’Europe occidentale sont choqués par la proximité et la réalité de la guerre. Nos nombreuses années de bonne théologie de la paix sont oubliées. Nous ressentons à nouveau ce que mon grandpère ressentait : « Il n’y a rien à faire ». Soudain, pour de nombreux chrétiens pacifistes, la seule option possible est l’engagement violent. Nous affirmions la non-violence lorsque notre contexte était pacifique, mais face à la guerre, nous considérons la résistance non-violente comme naïve et irréaliste. Nous avons beaucoup de bons théologiens de la paix, mais ce qu’ils disaient est devenu caduc. Aujourd’hui, nous avons peur que la guerre n’envahisse l’Europe. Alors tout à coup, notre théologie et nos croyances semblent obsolètes. Une tempête s’est abattue sur l’Europe, et nos convictions se sont effondrées. Les tempêtes ont tendance à faire cela : elles brisent ce que nous pensions être solide et fort.

    Le passage biblique que nous avons lu est la conclusion du Sermon sur la Montagne. Ce sermon est un recueil d’enseignements de Jésus, adressés à des personnes vivant dans des temps difficiles. Ê l’époque, la Palestine était sous occupation romaine et les Juifs luttaient sous l’oppression d’un régime violent. Les lourds impôts, le travail forcé et les abus sexuels faisaient partie de leur quotidien. Pourtant, Jésus les appelle, eux, le peuple opprimé par la Rome impériale, à aimer collectivement leurs ennemis et à ne pas résister à celui qui fait le mal. Et il les prévient que cela sera très difficile, et qu’ils risquent de le payer de leur vie.
    Curieusement, les foules semblent apprécier ce qu’elles entendent. « Oh la la, Jésus a vraiment beaucoup de charisme, voyez comment il enseigne ! Quelle autorité ! » Jésus sait probablement que beaucoup de ses auditeurs sont simplement curieux. Ils sont là pour voir de quoi il retourne, pour écouter, discuter, commenter… et ils ne vont pas agir en fonction de ses enseignements ou les mettre en pratique. Mais une tempête se prépare et elle va mettre à l’épreuve toutes leurs idées et leurs croyances. Pour les gens assis sur la montagne et qui écoutent Jésus, la guerre avec Rome est sur le point de s’aggraver. Pour les lecteurs de Matthieu, la persécution va frapper ceux qui décident de suivre la voie du Christ. Et ces tempêtes vont briser certaines opinions et croyances qui semblaient si solides.

    Cependant, il existe un moyen pour les croyances de survivre à la tempête. Jésus parle de deux maisons, l’une construite sur le roc, l’autre sur le sable. La tempête est venue pour les deux. « La pluie est tombée, les torrents ont débordé, la tempête s’est abattue sur cette maison », mais une maison s’est écroulée et pas l’autre. La différence entre les deux maisons est leurs fondations. Les fondations de la maison ne sont pas la foi en Jésus ou non. Jésus nous dit que les fondations sur le roc sont la mise en pratique de ses paroles.

    Dans l’histoire qu’il raconte, les deux hommes ont entendu les paroles de Jésus, mais seul le sage les a mises en pratique. C’est le fait de mettre en pratique les paroles de Jésus, encore et encore, jour après jour, qui nous prépare à la tempête. Car la tempête viendra de toute façon. Il n’y a qu’un seul moyen pour tenir bon dans la tempête : la pratique ! S’entraîner à aimer ses ennemis, s’entraîner à la résistance non violente, s’entraîner à désarmer l’oppresseur sans le blesser. C’est quelque chose que nous pouvons pratiquer tous ensemble.

    Si nous mettons en pratique ensemble, nous apprenons ensemble. Avant d’être pasteure, j’étais ergothérapeute. L’idée centrale de l’ergothérapie est que le cerveau et le corps apprennent en faisant. Lorsque nous faisons quelque chose de nouveau, les neurones de notre corps se connectent de manière nouvelle. Lorsque nous répétons et pratiquons, les connexions se renforcent. Après un certain temps, nous pouvons faire cette nouvelle chose dans différentes situations, sans avoir à y penser.

    Lorsque nous pratiquons quelque chose, nous l’apprenons. Cela veut aussi dire que si nous voulons apprendre quelque chose, nous devons le mettre en pratique. En théorie, je crois que je pourrais courir un marathon. Mais je ne pourrai le faire que si je m’entraîne à courir. C’est pareil si nous voulons être des vrais témoins de paix, ou si nous voulons résister sans violence. En Europe occidentale, lorsque nous, mennonites, parlons de la paix, nous passons beaucoup de temps à parler de la façon dont on devrait agir dans différentes situations. Et la plupart du temps, c’est tout ce que nous faisons. Et quand la guerre arrive, tout à coup nous devons commencer à mettre en pratique ce dont nous avons discuté. Sauf que le milieu de la tempête n’est pas le bon moment pour apprendre comment agir.

    N’attendez pas la tempête pour savoir si vos fondations sont solides. Assurezvous qu’elles le soient. Comment ? Avec la pratique ! Les mennonites ont l’habitude d’entendre des appels à la résistance non-violente lors des Assemblées.

    Lors de l’Assemblée de la CMM à Amsterdam en 1967, Vincent Harding a appelé les mennonites à se joindre à nos sœurs et frères noirs dans la lutte pour la liberté, à se joindre aux nombreux mouvements révolutionnaires dans le monde.

    Lors de l’Assemblée de 1984 à Strasbourg, Ron Sider a exhorté l’Église à monter et former une équipe hautement qualifiée pour le travail de paix – ce qui a donné lieu à la création des Community Peacemaker Teams.

    Mais la plupart d’entre nous sont restés sur la touche, là où la vie est plus confortable. Dans une jolie petite maison sur la plage.

    Ê quoi ça ressemble de pratiquer l’amour de l’ennemi au niveau collectif, à notre époque et dans nos pays ? Cela peut très bien ressembler à la résistance non-violente à la guerre. Peut-être que les mennonites pourraient se préparer à la résistance à la guerre avec un ‘contre-service militaire’, comme un camp d’entraînement à la résistance non-violente. Les nations se préparent à la guerre par le service militaire. Il existe des formations de secourisme pour les soins de santé d’urgence. Il est peut-être temps pour nous de créer une formation généralisée pour que les gens d’église ordinaires apprennent et pratiquent les bases de la résistance civile.

    Certaines personnes s’engagent et s’engageront toute leur vie dans la construction non-violente de la paix, et nous avons énormément besoin de ce genre de personnes. Mais nous avons également besoin d’une base de pratique pour l’ensemble de l’église.

    Dans la majeure partie de l’Europe, nous avons plus d’expérience en matière de discussion et de débat que d’activisme, de résistance à la guerre, de révolution ou de changement social. Nous avons besoin de l’aide de l’église mondiale si nous voulons mettre le pied dans le domaine de la pratique. Nous savons que nous avons des frères et des sœurs qui ont de l’expérience dans la résistance non violente. S’il vous plaît, formez-nous. Pratiquez avec nous. Pour que nous puissions apprendre ensemble. C’est ainsi que nous tiendrons bon lorsque les tempêtes arriveront.

    —Salomé Haldemann a une formation d’ergothérapeute et une maîtrise en théologie et paix à Anabaptist Mennonite Biblical Seminary, Elkhart, Indiana, USA. Elle fait son stage comme pasteure de l’Eglise Evangélique Mennonite de Béthel, Neuf-Brisach, France.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Mardi soir

    Jésus est épuisé, probablement frustré ! Il vient de décider d’avoir une retraite avec ses disciples, mais des foules bruyantes se mettent en travers de son chemin. Ainsi, il passe une journée entière à enseigner, et à organiser un repas pour 5 000 personnes.

    Vient ensuite une nuit de prière, puis une traversée de la mer de Galilée. Il voit ses disciples lutter contre le vent. Son désir est de passer devant eux et de révéler son identité divine, mais les disciples passent complètement à côté de l’essentiel. Alors, il calme miraculeusement la tempête, et il soupire : ils ne comprennent rien !

    Vient ensuite une confrontation houleuse avec des chefs religieux bornés et une conversation décevante avec des disciples obtus (les paroles de Jésus, pas les miennes !).

    Il a besoin d’une pause. Alors, il se dirige vers la station balnéaire la plus proche sur la côte méditerranéenne – un peu comme une station balnéaire sur la côte californienne, ou Bali, ou Tenerife ou Rio. Encore une fois, ses plans sont déjoués : (je cite) « Il ne voulait pas que quiconque le sache ; pourtant il ne pouvait pas garder sa présence secrète ! »

    Avez-vous remarqué comment les aspects humains et divins de Jésus s’entremêlent dans ce passage de l’Évangile de Marc ? Jésus multiplie miraculeusement les pains, marche sur l’eau, s’identifie comme ‘JE SUIS’. Et pourtant, il est fatigué, frustré, incapable de réaliser des plans soigneusement élaborés.

    ‘Jésus est le centre de notre foi.’

    • le Jésus humain, qui a appris, vécu, servi, souffert et connu toutes sortes de limitations humaines, comme nous tous.
    • le Jésus divin, qui existe de toute éternité comme deuxième personne de la Trinité, créateur du ciel et de la terre, digne de tout honneur et d’adoration comme DIEU !

    Ce ‘Jésus divin-humain’ est le centre de notre foi.

    L’Église fidèle a toujours confessé que Jésus est pleinement humain et pleinement divin. C’est ce mystère que nous appelons ‘l’Incarnation’ : Dieu devenant une personne humaine, unissant éternellement divinité et humanité dans la personne de Jésus.

    L’Incarnation est l’histoire de celui qui a franchi la plus grande barrière de l’histoire de l’univers. En Jésus, la barrière a été franchie entre l’éternité et le temps, l’esprit et la matière, le Créateur et la création. Et à cause de cela, nous pouvons être sûrs que l’immense barrière qui sépare encore Dieu et le peuple fidèle de Dieu disparaîtra un jour pour toujours.

    Après ce grand événement que nous appelons ‘Incarnation’, Jésus a continué à franchir des barrières : entre riche et pauvre, puissant et faible, homme et femme, sacré et profane, pur et impur, Juif et Gentil.

    Jésus étant pleinement divin et pleinement humain, il est bon d’explorer les récits évangéliques avec deux questions à l’esprit :

    1. Que nous révèle Jésus, le Jésus incarné, Dieu dans la chair, sur la nature de Dieu ? et,

    2. Que nous révèle Jésus, le Jésus pleinement humain, sur ce que devrait être notre relation avec Dieu et les uns avec les autres ?

    Dans de nombreux textes, les aspects divins de Jésus semblent passer au premier plan. Dans le texte de Marc sur Jésus et la femme syrophénicienne, les aspects humains transparaissent assez clairement.

    Dieu incarné ne peut pas même garder sa présence secrète. Une femme se présente – une candidate très improbable pour que l’exercice du ministère de Jésus. Une femme non juive, une Syro-phénicienne ; son équivalent biblique le plus proche serait la reine Jézabel ! Cela ne plait pas à Jésus. Et si nous ne prêtons pas vraiment attention, il semble que Jésus l’insulte ! « Quoi ? Jeter de la bonne nourriture à un chien ? Certainement pas ! »

    Attendez une minute ! Que se passet-il ? Est-ce vraiment Jésus qui parle ?

    Si c’est tout ce que nous entendons, nous n’écoutons pas attentivement. Il est vrai que les juifs appelaient parfois les nonjuifs ‘des chiens’ ! (kunes). Pas les animaux domestiques, ceux qui sont sauvages, impurs, les chiens errants. Ici, Jésus utilise un mot différent ! Si votre traduction ne le montre pas de manière évidente, vérifiez les notes de bas de page. Il utilise le mot kunaria, (chiots), des « mignons petits chiots », ceux qui sont domestiqués et qui vivent avec « les enfants » qui mangent à table. Le texte devient déjà assez différent, n’est-ce pas ? Et notez que Jésus ne l’appelle pas réellement un chiot : il utilise une métaphore ! Et avezvous remarqué qu’en anglais on utilise le mot ‘kid’ pour parler des enfants, ce qui signifie petites chèvres et qu’on utilise couramment pour parler des enfants !

    La métaphore de Jésus n’est pas conçue pour être offensante, pas plus que la mienne ne l’est. Il ne la rabaisse pas. Il sait qu’un jour les non-juifs seront des partenaires à part entière avec les juifs dans le peuple de Dieu.

    Dans ce texte, le vrai problème n’est pas que Jésus parle de chiots, c’est que Jésus rejette sa demande ! « Je suis en vacances ! Ce n’est pas le bon moment. Désolé, votre demande est refusée ! » Mais encore une fois, écoutons plus attentivement :« D’abord, laissez les enfants manger à leur faim. »

    l dit « Pas encore ! » Certaines choses doivent arriver avant ! Jésus connaît le plan divin pour le salut du monde : « D’abord les juifs, puis les non-juifs. D’abord la bénédiction pour Abraham et ses descendants, puis à travers eux le reste du monde. Jésus est venu sauver le monde entier ! C’est pourquoi il commence par Israël, recrutant et formant ceux qu’il chargera de répandre la bonne nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre !

    Et cette femme courageuse, persistante et pleine de foi est d’accord ! « Oui ! Oui Seigneur ! D’abord, les enfants. Alors, je ne demande pas une place à table… pas encore. Je vais juste attendre qu’une petite miette tombe de la table maintenant déjà. C’est tout ce dont j’ai besoin. Sa réponse intelligente et manifestant une grande foi suffit à faire changer d’avis Jésus.

    Martin Luther l’a formulé ainsi : « Derrière le « non » de Jésus, elle a entendu le « oui » secret de Dieu.

    Jésus n’est pas venu à Tyr pour exercer son ministère, mais c’est ce qu’il finit par faire. Jésus a des projets précis, mais il change d’avis. Ou peut-être devrionsnous dire qu’elle change son avis à lui.

    En fait, elle fait même plus que cela. Elle devient l’instrument par lequel Jésus apprend ce que sera la ‘prochaine étape’ à franchir pour faire la volonté de son Père.

    Pourquoi cela devrait-il nous surprendre ? Il nous montre comment répondre aux besoins des autres – d’autres que Dieu utilise souvent pour nous aider à découvrir notre propre vocation. Jésus nous montre à quoi devrait ressembler notre humanité rachetée. En même temps, il est l’image de Dieu : il entend les cris suppliants de ceux qui sont dans le besoin, il brise les barrières pour répondre à tous avec générosité.

    Puissions-nous apprendre de Jésus qui est vraiment Dieu, qui a préparé un plan pour sauver le monde, travaille au-delà du temps et de l’espace pour amener ce plan à son accomplissement glorieux et déverse sa grâce sur chacun tout au long du chemin. Puissions-nous apprendre de Jésus ce que nous sommes appelés à être, des ‘franchisseurs de barrières’ qui transmettent la grâce de Dieu aux autres. Et puissions-nous apprendre de la femme syro-phénicienne le courage de franchir les barrières, de tendre la main avec une foi courageuse pour être en contact avec le cœur de Jésus, le Jésus divin-humain, qui est le centre de notre foi.

    Et que tout ce que nous ferons ensemble au cours de ces quatre prochains jours – écouter, prier, chanter, louer et célébrer la diversité de la famille de Dieu – nous donne un aperçu de ce que Jésus fait parmi nous et dans le monde qu’il est venu sauver.

    —Tim Geddert est professeur de Nouveau Testament à l’université Fresno Pacific University (Biblical Seminary) à Fresno, Californie, ÉtatsUnis. Il est membre de l’église North Fresno Mennonite Brethren Church, Californie, États-Unis.

    Culte D’ouverture & Louanges – 5 juillet 2022


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.