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  • Malawi

    « Je suis un Yao», dit Madalistso Blessings Kaputa. Ce groupe ethnique est considéré comme musulman au Malawi.  

    « Les Chewas, les Yaos et les Lomés (groupes ethniques majeurs au Malawi) peuvent tous faire partie de la famille de Dieu » dit-il. 

    En tant que Yao, il a la possibilité de représenter l’Église dans les zones musulmanes. « Il existe un lien, une relation entre les musulmans et l’Église. Nous essayons de laisser la communauté musulmane Yao se définir elle-même. Nous faisons partie de la famille de Dieu. Nous n’imposons rien. Les églises travaillent ensemble », dit-il.  

    « Je suis un témoin vivant de l’Église et de la façon dont les anabaptistes vivent avec les autres. Si je n’étais pas capable de vivre de cette manière, il me serait difficile de vivre dans une communauté musulmane. Je recherche la paix. Je partage l’Évangile avec dans la paix. 

    Les paroisses anabaptistes-mennonites du Malawi proclament avec audace l’Évangile en offrant aide et secours tout autant à leurs membres et qu’à leur communauté. 

    Il existe deux églises membres de la CMM au Malawi : Mpingo Wa Abale Mwa Kristu (Frères en Christ- BIC) et l’Église Mennonite des Frères (MB) au Malawi. Toutes deux ont été soutenues à leurs débuts par des évangélistes africains. 

    Mpingo Wa Abale Mwa Kristu (BIC) : Comme l’appel macédonien (Actes 16) 

    Un petit groupe a commencé à se réunir pour prier à Blantyre en 1983. Il a appris l’existence de l’église BIC au Zimbabwe et a souhaité établir un lien avec elle. Pendant qu’ils priaient, ils ont été amenés à écrire une lettre invitant les responsables du Zimbabwe à venir. 

    L’Église BIC du Zimbabwe a entendu cet appel. En 1984, ils ont envoyé les pasteurs Philemon M Khumalo, Bekithemba Dube et leur famille. 

    Une petite assemblée a commencé à se réunir à Ndirande, une banlieue de Blantyre, le centre industriel et urbain du pays. Une deuxième assemblée a bientôt été ouverte à Zombe. Elle a été officiellement reconnue en 1986. 

    Les premiers responsables étaient Sani Selamani Chibwana qui a réuni les premiers amis ; Melawrie Fred Mbamera qui est devenu président et Ephraim Disi, secrétaire. 

    Aujourd’hui, l’Église compte 75 assemblés locales dans les régions du sud et du centre du pays. Il est formé de membres de plusieurs groupes ethniques. 

    L’Église a un ministère envers les jeunes et les femmes. Il existe des projets d’évangélisation, des ministères auprès des personnes touchées par le VIH/SIDA et d’autres ministères de compassion. 

    Ses membres vivent leur identité anabaptiste en pratiquant la paix et l’amour mutuel. Ils cherchent à vivre comme le Christ l’a montré dans Matthieu 5. « Nous avons besoin de Jésus car Dieu est amour. C’est cela notre véritable identité », dit Madalitso Blessing Kaputa. 

    Lorsque les membres annoncent l’Évangile et découvrent qu’il y a des besoins matériels, ils apportent leur aide : en priant, en accompagnant ceux qui en ont besoin et en les soutenant dans la recherche de la guérison ou par des ressources. 

    Ils apportent également un enseignement tiré de la Bible sur le besoin de mettre sa foi en Jésus-Christ plutôt qu’en de fausses doctrines. 

    « Nous pouvons atteindre les gens de deux manières : par les aspects spirituels et par les aspects pratiques », dit Madalitso Blessings Kaputa. 

    « Nous sommes là. Nous sommes sel et lumière, répondant à leurs besoins en prenant en considération la personne tout entière avec un évangile holistique », dit-il. 

    Difficultés 

    La pandémie n’était que l’un des problèmes majeurs auxquels est confrontée l’Église BIC au Malawi. Le VIH/SIDA continue de détruire les familles. L’épidémie de choléra ne s’est atténuée que récemment. Le changement climatique provoque des sécheresses et des intempéries. Récemment, le cyclone Freddy a balayé le pays, détruisant des maisons, des bâtiments d’église et anéantissant des jardins et des cultures, entraînant la mort de pasteurs, de membres de paroisses et de voisins. Les pénuries alimentaires entraînent une hausse des prix. L’Église prie pour savoir comment elle peut aider lorsque les récoltes ne sont pas bonnes. 

    Mais l’Église BIC ne regarde pas qu’aux problèmes. Elle a de l’espoir. 

    « Nous sommes l’agent que Dieu a chargé de transmettre de l’amour à ceux qui ne sont pas aimés », dit Madalitso Blessings Kaputa. 

    « Même si aujourd’hui nous avons des problèmes de santé, l’Église est là pour donner nous de l’espoir. 

    « Même devant un défi comme le changement climatique, nous avons de l’espoir avec Jésus », dit-il. 

    Le baptême : un moment de joie 

    Ê propos d’un récent baptême, Madalitso Blessing Kaputa dit « Si cela avait été une tasse de thé, on y aurait ajouté beaucoup de sucre… pour montrer notre joie ! » 

    Au Malawi, un pays en grande partie rural, le baptême est principalement célébré au bord des rivières ou des lacs. 

    La plupart du temps, de nombreuses personnes, debout, regardent et se réjouissent. 

    C’est un moment de communion fraternelle, alors il y a souvent de la nourriture. 

    Rien ne peut se passer sans chansons ! Chanter, c’est manifester notre joie. 

    Parfois, le baptême est demandé après des mois ou une année d’études. Mais quelquefois d’autres se réveillent et disent : « Allons-y ! » et comprennent ensuite la signification de leur baptême. Après tout, ce n’est pas le baptême qui apporte le salut, mais ce qui se passe dans le cœur. 

    —Madalitso Blessing Kaputa est un évangéliste de l’Église BIC du Malawi. 

    Leaders at the MBCM annual general conference.
    Réunion des responsables lors de l’assemblée générale annuelle du MBCM. Photo : Lyson Makawa

    Église des Frères Mennonites (MB) au Malawi : multiplication des paroisses 

    En 2009, un homme originaire de République démocratique du Congo qui vivait dans le camp de réfugiés de Dzaleka (district de Dowa au Malawi), a pensé qu’il fallait fonder une assemblée. Safari Mutabesha Bahati (RDC), Onesime Kabula (Rwanda), Charles Isaiah, Chiza Sedata, Gems Mariamungu, Gemeya et leur famille ont commencé une paroisse qui a grandi. Des personnes de RDC, du Burundi, d’Éthiopie et du Rwanda s’y sont joints, parlant français, anglais, swahili et bien d’autres langues encore. 

    Leur ferveur évangélique les a emmenés au-delà des limites du camp pour implanter des églises parmi les Malawites locaux. 

    Aujourd’hui, il y a deux paroisses dans le camp et 60 à l’extérieur, dispersées dans les zones rurales de ce pays densément peuplé. 

    La stratégie est qu’une paroisse en implante une autre. Celles-ci forment des centres de 7 à 12 assemblées locales autour d’un centre missionnaire dirigé par un pasteur principal qui rend compte à l’exécutif. Avec cette croissance rapide, toutes les paroisses ne disposent pas d’un pasteur ayant une formation, mais trois fois par an, les pasteurs se réunissent pour une ou deux semaines de formation dans le cadre des ateliers de Formation au Leadership Missionnaire de l’ICOMB. 

    La solidarité régionale et culturelle est forte dans la société malawite. L’Église MB cherche à dépasser ces barrières. « Dans l’Église, tous ces groupes sont ensemble : notre langue commune est Jésus-Christ notre chef. Ce qui nous unit, c’est l’Évangile », dit Lyson Makawa. 

    Les MB s’efforcent d’implanter des églises holistiques. L’évangélisation et la formation de disciples sont des priorités. « Nous croyons qu’il faut former les personnes qui viennent à Jésus-Christ afin qu’elles puissent se développer en maturité », déclare Lyson Makawa. Les nouveaux croyants sont encouragés à suivre des cours pendant au moins un mois pour apprendre les bases de la foi avant le baptême. 

    « Nous croyons aussi qu’il est important d’implanter des assemblées là o√π vous êtes connus spirituellement et physiquement. » 

    Un exemple est le projet de couture lancé dans le camp de réfugiés. Les femmes apprennent à coudre des articles destinés à la vente afin d’avoir une source de revenu. 

    Un autre projet consiste à distribuer un système agricole en kit. Les agriculteurs reçoivent un seau dans lequel se trouvent un outil pour l’irrigation et des graines de légumes. 

    La paroisse a également fourni un incubateur pour faire éclore des poussins pour que les pasteurs puissent élever des poulets afin de se nourrir et avoir un revenu. 

    Difficultés 

    Les pasteurs sont confrontés à de nombreuses difficultés : du manque de formation aux déplacements entre villages en passant par le fait de devoir subvenir aux besoins de leurs familles avec peu de revenus. Leurs paroisses comptent sur eux pour obtenir un soutien spirituel tandis que leurs familles ont besoin d’un soutien financier. 

    Bien que la plupart des pasteurs soient des hommes, une femme est pasteure. Jusqu’à 70 pour cent des membres des assemblées locales sont des femmes. Bien que les différences dans les pratiques religieuses entre maris et femmes puissent causer des problèmes conjugaux, ces difficultés poussent parfois aussi les femmes à chercher de l’aide dans leur paroisse. 

    L’Église MB n’a pas été épargnée par les conséquences du cyclone Freddy. Elle concentre ses efforts de secours vers les personnes âgées, les personnes handicapées et celles qui ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins. 

    Les cultes 

    La réunion du dimanche matin commence par une prière, suivie d’environ 30 minutes d’enseignement. Le chant suit sous différentes formes : louanges puissantes avec des danses, hymnes plus contemplatifs et chorales. Au cours de l’heure suivante, le pasteur ou un ancien, ou même un pasteur d’une autre assemblée, prêche la Parole de Dieu. Ensuite, c’est le moment de l’offrande, suivie de la bénédiction. 

    Les paroisses organisent parfois des cultes en milieu de semaine pendant environ une heure. 

    Des réunions pour enseigner la Parole de Dieu ont lieu le mercredi, à partir de 15 heures. 

    Le jeudi, souvent les femmes se réunissent. C’est l’occasion de travailler ensemble comme pour décorer l’église, ou avoir des moments de soutien mutuel. 

    Le samedi, il y a des réunions d’intercession. « Nous avons un Dieu qui répond à nos prières », déclare Lyson Makawa. 

    —Lyson Makawa est coordinatrice du leadership et du renforcement des capacités auprès de l’Église des Frères mennonites (MB) du Malawi. 

    Relations avec d’autres églises 

    « Nous savons que nous appartenons à la grande famille anabaptiste », déclare Lyson Makawa. « Avoir les mêmes racines nous unit. » 

    Les églises mennonites-anabaptistes du Malawi sont reliées au corps plus large du Christ dans le monde ainsi qu’entre elles. Le BIC et le MB sont tous deux liés au Comité central mennonite et travaillent ensemble. 

    Les MB ont également collaboré avec un groupe anabaptiste-mennonite conservateur du pays pour la publication de matériel d’évangélisation. 

    Les relations se poursuivent entre les églises BIC du Malawi et du Zimbabwe : des Zimbabwéens sont fréquemment invités aux conférences des églises du Malawi, et apportent parfois des enseignements. Une délégation de femmes du Malawi s’est rendue au Zimbabwe dans le cadre d’un projet d’apprentissage. 

    Ê l’instar de son Église mère, le Malawi BIC évangélise également dans de nouveaux domaines. Une planification stratégique est en cours pour atteindre la partie nord du pays ainsi que le Mozambique voisin. « Nous avons à cœur la mission », déclare Madalitso Blessing Kaputa. 

    Les relations avec d’autres organisations ecclésiales rappellent aux frères et sœurs du Malawi qu’ils ne sont pas seuls. « Quoi qu’il se passe à la CMM, cela implique même l’Église du Malawi. Nous ne tenons pas cela pour acquis : nous sommes une famille », déclare Madalitso Blessings Kaputa. 


    Courrier 38.4

  • Vous êtes invités ! Joignez-vous à nous pour une série de webinaires sur la protection de la création intitulée « Pollinisateur climatique ». Voir ci-dessous. 


    De janvier à avril, c’est la saison des pluies à Guayaquil, une ville portuaire sur la côte équatorienne. Mais cette année, explique Sara Noemi Viteri Moreno, membre de Iglesia Jesus el Buen Pastor (Église mennonite Jésus le bon berger) à Guayaquil, il n’a pratiquement pas plu. 

    Sara Noemi Viteri Moreno est une ingénieure en environnement qui aide à diriger le programme pour les jeunes dans son église. 

    « Il ne pleut plus comme avant, dit-elle, ce qui fait qu’il fait plus chaud ». Elle soupçonne que ces tendances sont liées à un autre facteur : la diminution des terrains arborés de la ville. 

    « Près de l’église, il y avait des arbres très vieux », explique Sara Noemi Viteri Moreno. Mais il y a environ cinq ans, la ville les a abattus. 

    Depuis, il y a moins d’ombre et la chaleur accrue est notable, explique Sara Noemi Viteri Moreno. Ces arbres ne sont pas les seuls en cause. Partout dans la ville, des arbres ont été abattus en raison de l’augmentation de la population. « Ces arbres amenaient la pluie dans cette région », dit-elle. 

    Avec plus de trois millions d’habitants, Guayaquil est la plus grande ville d’Équateur, et elle ne cesse de s’agrandir. La plupart des nouveaux arrivants sont des Équatoriens originaires des régions rurales, mais la ville accueille également un nombre croissant de réfugiés venus de l’extérieur du pays, principalement du Venezuela. 

    Depuis 2015, l’Équateur a accueilli plus de 500 000 réfugiés fuyant les troubles politiques, la violence, la pauvreté et l’insécurité économique et sociale au Venezuela. Ê Guayaquil, beaucoup vivent au bord des rivières, sous les ponts et dans les parcs.  

    La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) décrit le changement climatique comme un multiplicateur de menaces. « Il aggrave les pressions sociales, économiques et environnementales, entraînant des bouleversements sociaux, voire des conflits violents. » 

    L’immigration de réfugiés en provenance du Venezuela signifie que des destinations comme Guayaquil deviennent de plus en plus surpeuplées. Les gens coupent les forêts et construisent près des rivières. Cela entraîne des problèmes comme des glissements de terrain et des inondations, explique Sara Noemi Viteri Moreno. 

    Dans l’église, « nous ne sommes pas très conscients de ce qui se passe. » 

    Cependant, ils soutiennent les réfugiés vénézuéliens. Au fil des ans, le bâtiment de l’église a servi de foyer temporaire à des familles à la recherche d’un emploi et d’un logement. Les fidèles ont fourni aux nouveaux arrivants des matelas pour dormir, de la nourriture pour manger et des vêtements pour se vêtir. 

    « La migration signifie qu’il y a plus de gens au même endroit », explique Sara Noemi Viteri Moreno. « Il n’y a plus d’endroits où s’établir. » 

    « Cela fait partie du changement climatique. C’est un des problèmes auquel nous pouvons nous attaquer au départ. 

    —Sierra Ross Richer est membre de la Waterford Mennonite Church, à Goshen, en Indiana (États-Unis). Elle est stagiaire au Collectif anabaptiste pour le climat / Anabaptist Climate Collaborative (ACC). Cette histoire, tirée de la série préparée pour la période du carême Pollinisateur climatique : Histoires anabaptistes mondiales sur le changement climatique est reproduite avec sa permission. 

    Cliquez ici pour accéder aux enregistrements des webinaires précédents : 

    Les membres du Groupe de travail de la CMM pour la protection de la création de chaque région animeront une heure de récits et de questions-réponses. Des membres d’églises du monde entier raconteront comment ils sont affectés par le changement climatique et comment ils y répondent par des actions résilientes et l’espoir de l’Évangile.

    Autres articles pour le webinaire Amérique latine

    Chaque webinaire aura lieu le mardi à 14h UTC (cliquez ici pour trouver l’heure dans votre région). Inscrivez-vous ici :

  • La Conférence des secrétaires des communions chrétiennes mondiales s’est réunie à l’Institut œcuménique du Conseil œcuménique des Églises à Bossey, en Suisse, du 30 octobre au 3 novembre 2023. 

    Afin de favoriser la compréhension mutuelle et de familiariser les participants avec les activités de chacun, chaque communion a présenté un rapport. Les prières du matin et du soir ont porté sur les guerres et les conflits violents en cours dans le monde. Les participants ont également bénéficié de visites guidées du Centre œcuménique et des Nations Unies. 

    « En écoutant ce que Dieu fait dans chaque communion mondiale, nous identifions les défis communs et les tendances actuelles de l’Église chrétienne », déclare César García, secrétaire général de la Conférence mennonite mondiale et président de la rencontre. 

    « En priant les uns avec les autres et les uns pour les autres, nous renforçons notre engagement à suivre le Christ. »  

    « En approfondissant nos relations, nous témoignons du don de l’unité au milieu de la diversité et de la différence, un témoignage dont nous avons tant besoin dans les circonstances actuelles du monde », ajoute César García. 

    Le révérend Dr Ganoune Diop, actuel secrétaire de la Conférence des secrétaires des communions chrétiennes mondiales et directeur des affaires publiques et de la liberté religieuse de l’Église adventiste du septième jour, déclare : « Cette rencontre annuelle sans pareille est un espace où des responsables éminents des communions chrétiennes mondiales engagent des dialogues bilatéraux et multilatéraux, chaque communion partageant selon ses propres termes sa vie et son travail ecclésiastique en tant que témoins de la souveraineté du Dieu trinitaire et de son dessein ultime de rassembler le monde entier (oikumene) sous la seigneurie du Christ ». 

    Depuis 1957 (sauf 1960, 1961, 1975), la Conférence annuelle des secrétaires des communions chrétiennes mondiales réunit des représentants de diverses traditions chrétiennes. Le Conseil œcuménique des Églises a accueilli la réunion en 2023. 

    « Ce groupe ne signe pas de résolutions, ne s’engage pas dans une planification stratégique commune ou dans un plan d’action. L’accent est mis sur les relations, sur le fait d’être plutôt que de faire des choses ensemble », explique le révérend Dr Ganoune Diop. « Se côtoyer permet de dissiper les préjugés et nous aide à nous concentrer sur notre participation respective à ce que Dieu fait dans le monde ». 

    WCC news release with permission to reprint

  • 5 conseils pour apaiser son anxiété 

    Des guerres aux catastrophes climatiques, en passant par une reprise économique plus lente que prévu après une pandémie, 2023 a été une année difficile. Alors que nous traversons ces événements mondiaux et réfléchissons à leur impact sur nos vies, Noël approche. Comment accueillir les festivités imminentes — les dîners, les spectacles d’église, les décorations festives — alors que le monde qui nous entoure semble s’effondrer ? Comment exprimer notre gratitude pour le salut alors que la mort et la destruction s’affichent constamment sur nos écrans ? 

    « Cette année a apporté une multitude de facteurs de stress », note Virgo Handojo, professeur de psychologie à l’Université baptiste de Californie et pasteur de la Jemaat Kristen Indonesia (JKI) Anugerah en Californie, aux États-Unis. « Les facteurs de stress peuvent être perçus comme des menaces, des événements neutres ou des opportunités de croissance — un défi. Ils deviennent accablants lorsqu’ils sont perçus comme des menaces pour notre existence, ce qui nous fait perdre de vue ce qui compte vraiment ». 

    Pour atténuer l’anxiété causée par les facteurs de stress, Handojo propose cinq conseils : 

    1. Faire la distinction entre ce que l’on peut contrôler et ce que l’on ne peut pas contrôler, puis formuler des actions réalisables. 

    Donnez la priorité aux choses que vous pouvez contrôler et modifiez-les, tout en adaptant vos attentes aux facteurs sur lesquels vous n’avez pas de contrôle. Bien que l’arrêt des catastrophes climatiques puisse être hors de notre portée, avoir un impact positif sur notre micro-environnement — nos foyers, nos quartiers ou même contacter nos élus — est à notre portée. 

    2. Établir une routine.  

    L’incertitude accroît le stress et peut conduire à l’anxiété. L’adoption d’habitudes régulières — comme des heures de repas constantes, des horaires de travail ou d’école réguliers, des exercices quotidiens avec le même groupe, des moments de prière en famille et des études bibliques hebdomadaires — aide à retrouver un sentiment de contrôle. 

    3. Spécifier les facteurs de stress.  

    L’anxiété découle de pensées irrationnelles ; une anticipation qui manque de clarté, de spécificité et de réalité la rend accablante. En donnant un nom au facteur de stress, par exemple en identifiant un aspect concret d’une situation macroéconomique (par exemple, une augmentation des taux d’intérêt), nous pouvons commencer à élaborer des stratégies et à trouver des solutions. 

    4. Baissez le volume du monde. 

    Il peut s’agir d’éteindre la télévision, de faire une pause avec les réseaux sociaux ou de fixer des limites avec les personnes qui contribuent à vos inquiétudes — du moins jusqu’à ce que vous ayez développé de meilleurs mécanismes d’adaptation. Connectez-vous à vos pensées intérieures, ici et maintenant. 

    5. Demander de l’aide.  

    Parler à une personne de confiance peut s’avérer extrêmement utile. Le simple fait d’être entendu peut nous rassurer sur le fait que nous ne sommes pas seuls. Si le fait de partager son fardeau avec des amis n’apporte pas de soulagement, cela indique qu’une aide professionnelle peut être nécessaire pour éviter que l’anxiété ne prenne le dessus sur notre vie et notre joie de vivre. 

    « Vivre dans ce monde, c’est éprouver des émotions positives et négatives », dit Virgo Handojo. « Nous ne connaîtrons pas le bonheur sans avoir connu la tristesse ni le réconfort sans la douleur. Ce dont nous devons nous souvenir, c’est que nous pouvons abandonner notre esprit et nos pensées à la main de Dieu, en ayant confiance que c’est lui qui a le contrôle. »  

    « Nous avons aussi la promesse que Dieu connaît nos besoins, qu’il en prendra soin et qu’il sera avec nous dans les bons comme dans les mauvais jours. Matthieu 6,25-34, qui traite de l’inquiétude et de l’anxiété, met l’accent sur la recherche en priorité du royaume de Dieu et de sa justice, avec l’assurance que toutes les autres choses seront pourvues également ». 

    La présence et le soutien de Dieu, dans les bons comme dans les mauvais moments, sont les cadeaux célestes pour lesquels nous pouvons être reconnaissants en ce Noël. 

  • La Conférence Mennonite Mondiale pleure la perte de John A. Lapp, décédé le mardi 7 décembre 2023, à l’âge de 90 ans.

    John A. Lapp a été coordinateur et coéditeur de la Projet d’Histoire Mennonite Mondiale. De 1997 à 2012, avec C. Arnold Snyder, il a documenté l’implantation et la croissance des églises anabaptistes-mennonites dans le monde. Il a travaillé avec les responsables anabaptistes-mennonites de chaque pays sur la recherche, la rédaction et l’édition de cinq livres, un pour chaque région continentale. Bien que les livres aient plus de dix ans, leurs récits continuent d’instruire et d’inspirer. « C’était son grand projet de retraite, et un grand cadeau à la CMM et à ses églises membres », dit Arli Klassen, coordinatrice des représentants régionaux de la CMM.

    John A. Lapp a enseigné l’histoire à l’Eastern Mennonite University (1956-1969), a été doyen académique puis vice-recteur au Goshen College (1972-1984), et a été directeur général du Comité central mennonite de 1985 à 1996, avant d’être honoré à titre de directeur émérite en 2006. Pendant son mandat, il a nourri les relations entre le MCC et la CMM et a joué un rôle déterminant dans le « don du jubilé » du MCC de 600 000 dollars, qui a servi à créer le Fonds de Partage de l’Église Mondiale de la CMM.

    « Je me souviens de lui comme d’un homme doux et amical », dit Henk Stenvers, président de la CMM. « Ce fut un honneur de le connaître et de poursuivre sa passion pour faire connaître la portée du mouvement anabaptiste dans le monde. » 

    « L’influence positive de John A. Lapp sur notre Église mondiale est immense », dit César García, secrétaire général de la CMM. « Son ministère d’historien, d’administrateur d’église et de coordinateur de la Collection Histoire Mennonite Mondiale pour la CMM continuera à éclairer le chemin de beaucoup d’entre nous. « Les gens intelligents rayonneront de splendeur comme la voûte céleste ; après avoir montré aux autres comment être fidèles, ils brilleront pour toujours comme des étoiles. » (Daniel 12 :3)

    John A. Lapp laisse dans le deuil son fils John F. (Sandra Shenk) Lapp, ses filles Jennifer (Robert) Lerch et Jessica W. (Phil Hertzler) Lapp ; six petits-enfants ; deux arrière-petits-enfants.  

    Cliquez ici pour voir la collection des cinq volumes d’histoire.

  • Les valeurs anabaptistes, au contraire, appellent à l’intendance (une prise en charge réfléchie), à la simplicité et à la dignité de toutes les personnes créées à l’image de Dieu. Au nom de la Conférence mennonite mondiale, le Groupe de travail pour la protection de la création (Creation Care Task Force, CCTF) a soutenu l’appel interreligieux en faveur d’un traité de non-prolifération des combustibles fossiles. « Pour être de bons gardiens de notre maison commune, nous devons agir et mettre fin progressivement à la production de combustibles fossiles », peut-on lire dans la lettre interconfessionnelle. 

    Elle appelle les gouvernements à établir un plan mondial contraignant visant à 

    1. mettre fin à l’expansion de toute nouvelle production de charbon, de pétrole ou de gaz ; 
    2. Éliminer progressivement la production existante de combustibles fossiles d’une manière juste et équitable ; 
    3. Assurer une transition juste à l’échelle mondiale vers un accès à 100 % aux énergies renouvelables. 

    La lettre, adressée aux gouvernements du monde entier, a été remise pour la première fois aux dirigeants mondiaux lors de la COP27 (Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique de 2022 à Charm el-Cheikh, en Égypte). Cet appel, lancé en 2015 par les pays des îles du Pacifique dont les frontières sont rapidement réduites par la montée des océans, tente d’inciter les nations à s’attaquer à la production de pétrole, de gaz et de charbon et à négocier une transition équitable vers les énergies renouvelables. 

    « Il est important que les anabaptistes fassent entendre leur voix pour soutenir les actions en faveur de la planète », déclare Doug Graber Neufeld, président de la CCTF. « L’abandon des combustibles fossiles est une des meilleures façons de soutenir nos frères et sœurs du monde entier dont la survie est menacée par le changement climatique ». 

    « Pour les anabaptistes du Sud, la production et l’utilisation de ressources naturelles non renouvelables telles que les combustibles fossiles, le gaz et le charbon soulèvent divers problèmes éthiques, notamment en ce qui concerne nos responsabilités envers les générations futures. Nous devons non seulement rechercher des énergies alternatives, mais aussi veiller à ce que chacun puisse profiter équitablement de l’abondance des ressources naturelles. Nous croyons que la création de Dieu peut répondre à tous les besoins humains, mais pas à l’avidité humaine », déclare Nindyo Sasongko, représentant de la CCTF pour l’Asie. 

    « Toute la création est l’œuvre de l’amour de Dieu », déclare Thomas R. Yoder Neufeld, président de la Commission Foi et Vie. « Se détourner de l’exploitation irresponsable des énergies fossiles n’est pas seulement dans notre intérêt humain, mais c’est surtout une manière de participer à l’amour de Dieu pour le monde ». 

    « Les anabaptistes croient que les schémas humains d’avidité, d’égoïsme et de surconsommation sont des péchés qui nécessitent la repentance et la transformation. Il s’agit d’un travail spirituel, mais aussi d’un travail sociétal. Cet appel à la non-prolifération des combustibles fossiles demande aux gouvernements d’utiliser leur pouvoir pour réduire les effets de ces péchés sur les plus vulnérables et sur l’ensemble de l’humanité », dit César García, secrétaire général de la CMM. 

    La CMM rejoint des centaines d’autres groupes religieux, du Mouvement Laudato Si’ (catholique romain) au Parlement des Religions du Monde, en demandant aux gouvernements d’élaborer et de mettre en œuvre un traité de non-prolifération des combustibles fossiles. 

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  • Une perspective mennonite sur la liberté religieuse en 3 parties 

    « Quant à nous, nous sommes citoyens des cieux : de là, nous attendons ardemment la venue du Seigneur Jésus-Christ pour nous sauver. » (Phillipiens 3,20) 

    Ces paroles de l’apôtre Paul font partie d’une lettre qui s’adresse à un auditoire ecclésiastique comprenant probablement des païens et des juifs. Certains étaient citoyens romains, d’autres non. Cependant, Paul identifie tous ces chrétiens, quelle que soit leur nationalité politique, comme des citoyens d’un autre royaume – le royaume de Dieu. 

    Lorsque nous décidons de suivre le Christ, nous changeons d’allégeance fondamentale. Nous nous détournons de tout ce qui exige notre obéissance et nous donnons notre loyauté à Jésus comme notre ultime et unique Seigneur. Nous devenons membres d’une communauté internationale de personnes qui, elles aussi, accordent leur plus grande loyauté à Jésus et à lui seul. 

    C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Empire romain a parfois persécuté les chrétiens au cours des premiers siècles de l’Église. L’Église affirmait la suprématie de Jésus, même sur l’empereur, ce qui constituait un délit passible de la peine de mort.  

    Être citoyens du royaume de Dieu fait de nous des ambassadeurs et des représentants de ce royaume auprès des sociétés et des gouvernements où nous vivons. La citoyenneté du royaume de Dieu nous confère une nouvelle identité en tant que membres d’une communauté transnationale. 

    Nous retrouvons cette même idée de citoyenneté céleste et de notre rôle d’ambassadeurs du royaume dans 2 Corinthiens 5,20 et Éphésiens 6,20. 

    Ne vous méprenez pas. Je ne dis pas pour autant qu’il y a quelque chose de mal à aimer sa culture, son pays, ses coutumes, sa langue et les gens avec qui on a grandi. Dieu n’ignore ni ne supprime notre identité culturelle (voir Apocalypse 7,9-10). 

    Mais en tant qu’ambassadeurs, notre allégeance exclusive va à la nation de Dieu et à son roi, Jésus. 

    En tant qu’ambassadeurs du royaume de Dieu, nous ne croyons pas aux dirigeants politiques qui se présentent comme des sauveurs, car notre seul sauveur est Jésus.  

    Nous ne soutenons pas l’idée de pays « chrétiens » parce que la nation divine que nous représentons comprend des citoyens de toutes les langues et de toutes les cultures et a des ambassadeurs dans tous les royaumes de ce monde. 

    La tendance à confondre les systèmes politiques et les empires humains avec le royaume de Dieu a été un modèle tragique dans l’histoire de l’Église. Ê partir de la conversion de l’empereur romain Constantin au quatrième siècle, les chrétiens ont trop souvent identifié le royaume de Dieu à un empire politique. 

    Parce que l’empereur soutenait l’Église, les gens ont perçu Constantin comme un dirigeant oint, un sauveur qui renforcerait le royaume de Dieu sur terre. Il a appris à utiliser les symboles chrétiens pour manipuler la foi des disciples de Jésus à des fins politiques. 

    Depuis son règne, de nombreux autres dirigeants politiques ont gouverné en alliance avec l’Église, en utilisant des stratégies similaires. En conséquence, de nombreux ambassadeurs du royaume de Dieu ont perdu leur rôle dans la société et ont fini par soutenir des politiques impériales qui contredisent les enseignements de Jésus. 

    C’est une leçon douloureuse que les mennonites ont apprise dès leurs débuts au XVIe siècle et tout au long de leur histoire jusqu’à aujourd’hui. Parmi les milliers de martyrs de notre tradition, la grande majorité a été persécutée et tuée par les gouvernements des royaumes ou nations soi-disant chrétiens. 

    Très tôt dans leur histoire, les mennonites ont vu la nécessité de séparer l’Église de l’État pour garantir la viabilité de l’Église. 

    Malheureusement, au cours de notre histoire, nous n’avons pas toujours été fidèles à cette vision. 

    Dans des contextes comme celui de la Colombie, nos églises doivent la retrouver. Nous voyons souvent des personnes parler de la Colombie comme d’un pays « chrétien » ou promouvoir l’approbation de lois qui reflètent les valeurs chrétiennes mais qui sont oppressives pour les personnes qui ne partagent pas les mêmes convictions.  

    Bien que les chrétiens soient appelés à promouvoir la moralité générale dans la société, cela ne peut se faire en imposant des valeurs chrétiennes spécifiques à des personnes qui ne sont pas chrétiennes, même s’il s’agit d’une minorité. 

    Les valeurs chrétiennes sont destinées aux chrétiens. La morale chrétienne ne peut être pratiquée par d’autres que si elle résulte d’une conviction et d’une conversation honnête. La pratique des valeurs chrétiennes doit toujours être adoptée volontairement. La violence apparaît comme une réponse naturelle à l’oppression lorsque ce n’est pas le cas.  

    En d’autres termes, la liberté religieuse est une condition préalable à la possibilité d’une convivialité pacifique. La paix – une autre valeur clé des mennonites – est directement liée à la liberté religieuse. 

    Aujourd’hui, 500 ans après nos débuts, la liberté religieuse reste un besoin crucial dans de nombreux pays. La liberté religieuse continue d’être demandée aux chrétiens qui, dans de nombreux endroits comme mon pays, finissent par opprimer les minorités dans leur quête de pouvoir politique et de privilèges. 

    Travailler pour la liberté religieuse ouvre la porte à la création de nouvelles mosaïques, de nouvelles sociétés où les personnes de toutes les confessions et sans confession peuvent offrir leurs valeurs. Une nouvelle mosaïque où, par le biais d’une conversation honnête et d’un consensus, une coexistence pacifique est possible. 

    —Cet article en trois parties est adapté d’un discours que César García, secrétaire général de la CMM, a prononcé lors du 9e Congrès mondial de l’International Religious Liberty Association (IRLA, Association Internationale pour la Liberté Religieuse). Des parties de ce discours sont extraites du livre de César García What is God’s Kingdom and What Does Citizenship Look Like? (Herald Press, 2021, non traduit en français) 

  • Il y a quelques années, dans mon assemblée locale en Colombie, un ami m’a dit : « Oh ! César, comme je t’envie ! » « Pourquoi ? » lui ai-je demandé. « Je travaille dans une entreprise multinationale. Je fais face à beaucoup de stress en raison des conflits persistants et des relations brisées avec mes collègues et mes patrons. Mais toi, César, tu travailles avec des pasteurs et des responsables d’églises. Quels conflits pourriez-vous avoir ? » 

    Nous savons que les conflits entre responsables, la polarisation et les divisions font partie de toutes les églises – locales, régionales ou mondiales. Les relations brisées en raison de désaccords semblent être la seule option lorsque les différences sont irréconciliables. Cependant, je me demande s’il doit en être ainsi. 

    La manière particulière dont les paroisses gèrent les conflits devrait être la spécificité d’une communauté alternative. L’Église est la communauté qui peut montrer au monde qu’il est possible de gérer les conflits sans division ni relations brisées. 

    Mais nous, anabaptistes, nous savons que notre histoire nous montre que cela n’a pas été toujours le cas. 

    Il y a quelques mois, je lisais un article dans un magazine mennonite. Son auteur a déclaré : « Je suis fier de quitter cette assemblée parce que c’est ce que la fidélité me demande. Vous savez, quand vous devez sacrifier la doctrine ou l’éthique, il est temps de partir. 

    Bien sûr, c’est un dilemme si vous devez choisir entre l’unité d’un côté ou la doctrine ou l’éthique de l’autre. Faut-il sacrifier l’unité pour garder une doctrine saine ou une éthique intègre ? C’est ainsi que nous avons approché les conflits doctrinaux et éthiques au cours de notre histoire anabaptiste. Notre expérience de constante fragmentation nous a amenés à spiritualiser l’unité ou à la laisser pour l’au-delà. 

    Cependant, le Nouveau Testament parle de l’unité des disciples de Jésus comme d’un don du Saint-Esprit qui doit être reçu, apprécié et maintenu ici et maintenant (voir, par exemple, l’Épître aux Éphésiens). 

    Parler d’unité implique l’existence de différences et de désaccords. 

    Je crois que l’unité et les désaccords ne sont pas opposés. Dans ma propre vie, je vis des contradictions. Aujourd’hui, je ne suis pas entièrement d’accord avec tout ce que j’ai enseigné au cours de mes 30 années de ministère. Grâce à Dieu, je peux dire que j’ai grandi dans ma vie spirituelle et dans mon parcours à la suite de Jésus. 

    « Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait », dit l’apôtre Paul (Romains 12,2). Le renouvellement implique un changement, une transformation et une certaine contradiction interne avec ce que je croyais, faisais ou étais auparavant. 

    Si les désaccords et les contradictions font partie du corps du Christ, les conflits le font aussi. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles les désaccords, les enseignements sur le pardon et la résolution des conflits entre disciples sont des sujets fréquents tout au long du Nouveau Testament. 

    Le problème n’est donc pas lié à l’existence de conflits, mais plutôt à la manière dont nous les gérons. 

    Les conflits ne doivent pas nécessairement aboutir à des relations brisées et à des divisions. S’il existe un désaccord profond et irréconciliable entre les disciples de Jésus, se condamner ou s’excommunier mutuellement n’est pas la seule option. Pourquoi penser que notre frère ou notre sœur en Christ n’est pas un chrétien honnête parce qu’il ne pense pas comme nous ou comme notre groupe ? 

    De grands désaccords peuvent nous pousser à nous éloigner – pour un certain temps – les uns des autres. Des positions irréconciliables peuvent rendre la collaboration trop difficile. Mais cela ne signifie pas que nous devons remettre en question l’engagement envers Jésus de ceux qui ne sont pas d’accord avec nous. Pouvons-nous dire : « Je suis fortement en désaccord avec toi, mais je respecte néanmoins ton engagement envers le Christ » ? Pouvons-nous prendre de la distance avec les autres croyants sans les condamner et sans rompre la relation ? 

    Telles sont quelques-unes des questions que nous souhaitons aborder dans ce numéro de Courrier. Que Dieu nous guide pour trouver des réponses bibliques qui nous permettent de montrer au monde ce qui est différent lorsque nous abordons les conflits en tant que membres d’une communauté alternative et avec la puissance du Saint-Esprit. Que Dieu nous aide à renouveler notre esprit pour répondre aux conflits au sein des églises. 

    —César García est secrétaire général de la Conférence Mennonite Mondiale. Originaire de Colombie, il vit à Kitchener, Ontario (Canada).


    Courrier 38.4

  • Indonésie

    L’Église de GITJ (Gereja Injili di Tanah Jawa – Église évangélique de Java), en Indonésie, ont été en conflit pendant 22 ans. La raison principale était qu’un des groupes (comprenant 24 assemblées) était reconnu par le gouvernement indonésien et pas l’autre (environ 50 assemblées).  

    Pendant toute la durée du désaccord, de nombreux membres de ces assemblées désiraient profondément la réconciliation.  

    Les églises demandèrent au pasteur Lawrence Yoder (États-Unis) de venir les aider et, grâce à son approche personnelle, il réussit à persuader les deux groupes de se parler. Elles le firent lors d’une retraite pastorale et d’une réunion du Conseil Général des Églises. 

    Puis, en 1999, chacun des deux groupes eut l’occasion d’envoyer un représentant – Pudjo Kartiko et Hendro Soeradi – assister à un cours d’été sur le travail pour la paix à Eastern Mennonite University à Harrisonburg (États-Unis). A leur retour, ils se mirent au travail avec les deux groupes en vue de la réconciliation. 

    Aidés par le Centre de la Paix de l’Université Chrétienne de Duta Wacana à Yogyakarta, ils acceptèrent de se rencontrer pour résoudre leur conflit. 

    Lors de cette rencontre, ils décidèrent de tenir une conférence extraordinaire dans le but de former une seule entité marquant la réconciliation des membres du synode du GITJ. 

    Cette conférence extraordinaire eut lieu en 2000 et aboutit au choix d’un conseil unique pour le GITJ. Les deux années suivantes, celui-ci mit en place un conseil synodal unifié. Maintenant l’ensemble des paroisses est regroupé sous une seule organisation et s’emploie à maintenir un esprit d’unité. 

    —Gereja Injili di Tanah Jawa (GITJ – Église évangélique de Java) 
    Cet article est paru précédemment dans Courier / Correo / Courrier, volume 19, numéro 3. 


    Courrier 38.4

  • Canada

    L’Église MB (frères mennonites) a vu le jour alors qu’un changement important parmi les mennonites se produisait dans ce qui était alors la Russie du Sud. 

    C’est en 1860 que certains membres de l’assemblée mennonite de Gnadenfeld, dans la colonie de Molotschna, ont demandé à leurs responsables de se réunir séparément pour la cène. Ces membres ne voulaient pas célébrer la cène avec ceux qui n’avaient pas fait l’expérience personnelle du renouveau et de la conversion piétistes. Lorsque les responsables ont refusé d’exaucer leur souhait, ces membres se sont réunis séparément, ont célébré leur propre communion et ont fondé l’Église Mennonite Brethren (MB – frères mennonites). 

    La raison de la création de l’assemblée MB était le désir de ceux qui ont été renouvelés grâce à l’influence du piétisme luthérien et baptiste de former une église qui inclurait uniquement les personnes partageant ces mêmes convictions. En revanche, les autres paroisses mennonites ont accepté les nouvelles influences piétistes ainsi que les pratiques et les formes de piété mennonites historiques. La position séparatiste des MB et son prosélytisme actif dans les paroisses mennonites ont créé des tensions. 

    Après un certain temps, des membres MB sont devenus mécontents du fossé qui s’était développé entre leur assemblée et l’assemblée mennonite, et ils ont été le fer de lance de la formation de l’église mennonite Allianz. Cette assemblée essayait d’être un pont entre les deux, permettant des formes de piété plus diverses. 

    Tensions inter-ecclésiales 

    La migration mennonite vers l’Amérique du Nord dans les années 1870 a eu une importance considérable. De nombreux autres immigrants mennonites venus de diverses églises de Russie se sont joints à la General Conference. Les tensions qui existaient entre les frères mennonites et les autres assemblées mennonites de Russie ont été désormais transférées aux relations entre les MB et les assemblées de la General Conference. 

    Aux États-Unis, avec l’évangélisation comme objectif principal et en raison de la facilité d’accès à la langue allemande, les MB a continué à essayer d’attirer d’autres paroisses mennonites. Ils créèrent des tensions. Lorsque l’union d’églises MB, dont le siège était au Kansas, envoya des « missionnaires » dans la région de Winkler (sud du Manitoba) dans les années 1880 et formèrent la première assemblée MB au Canada, cela créa de nouvelles tensions avec les mennonites de la région. 

    Les groupes d’immigrés se séparent à nouveau 

    L’immigration au Canada de 20 000 mennonites dans les années 1920, dont environ un tiers étaient des frères mennonites, promettait initialement de changer la dynamique entre les MB et les autres mennonites. 

    L’immigration elle-même nécessitait une coopération entre les groupes mennonites du Canada et ceux de la Russie. En Russie, le mouvement d’émigration était dirigé par B. B. Janz et C.F. Klassen, deux MB. Au Canada, il était dirigé par David Toews, président du Canadian Mennonite Board of Colonization, et modérateur de la Conference of mennonites in Canada, qui fait maintenant partie de MC Canada. 

    Au moment de leur immigration, les membres des 2 groupes, mennonites et MB, avaient des cultes en commun dans de nombreux endroits. Pendant une courte période, il a semblé que le traumatisme et les difficultés de l’immigration allaient permettre de combler le fossé au sein de la communauté mennonite. 

    Cependant, les loyautés institutionnelles et confessionnelles sont réapparues. Des lieux de culte séparés furent créés, et dans chaque communauté deux églises confessionnelles se formèrent. 

    Coopération avec le MCC autour de l’objection de conscience  

    Il existe cependant aussi des domaines de coopération. 

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, les MB, la Conference of mennonites in Canada et les Swiss Mennonites Conferences in Ontario proposèrent ensemble au gouvernement fédéral un service alternatif comme une forme d’objection de conscience. 

    Par la suite, les MB ont participé à la fondation du Comité central mennonite (MCC) du Canada dans les années 1960 et à la création du Columbia Bible College en Colombie-Britannique au début des années 1970. Cet esprit de coopération s’est poursuivi lors de la création de l’Université mennonite canadienne (CMU) à Winnipeg dans les années 1990. 

    Le changement de langue utilisée lors des cultes de l’allemand à l’anglais dans les années 1950 et 1960 a permis aux MB d’accepter bon nombre des aspects du mouvement évangélique canadien. Le piétisme MB s’est transformé en mouvement évangélique. Pour certains membres des MB, cette influence a entraîné un renforcement des liens avec les groupes évangéliques et une diminution de l’accent mis sur la paix, le service et d’autres caractéristiques mennonites historiques. 

    D’autres MB ont été influencés par l’impulsion de renouveau de la ‘Vision anabaptiste’, associée au nom d’Harold S. Bender. Nombreux sont ceux qui, partageant ces convictions, sont devenues de fervents promoteurs des questions de paix et de justice et ont soutenu des organisations inter-mennonites comme le MCC. 

    Les MB ont également joué un rôle important dans la fondation et le soutien de diverses organisations de services inter-mennonites comme la Banque canadienne de Grains et la branche canadienne de Mennonite Economic Development Associates. 

    La situation actuelle 

    Dès les premières années, les deux groupes ont évolué vers une relation dans laquelle, même s’ils sont quelque peu différents, ils peuvent s’accepter et apprendre l’un de l’autre. 

    —John J. Friesen est professeur émérite de l’Université mennonite canadienne. Cet article est l’adaptation d’un article paru dans le Canadian Mennonite. 

    Courrier 38.4

  • Vous êtes invités ! Joignez-vous à nous pour une série de webinaires sur la protection de la création intitulée « Pollinisateur climatique ». Voir ci-dessous. 


    Sur la carte des églises vertes des Pays-Bas, un point vert correspond à l’église mennonite d’Aalsmeer. Un autre point représente Arboretumkerk (anciennement l’église mennonite de Wageningen), située dans une province plus au sud. 

    « Il y a six ans, l’église (d’Aalsmeer) a réfléchi au changement climatique et s’est dit qu’il fallait faire quelque chose », explique Leo Bakker, membre du comité de développement durable de l’église mennonite d’Aalsmeer. « L’une des premières choses que nous avons faites a été de nous associer à un réseau national d’églises vertes. » 

    Ce réseau, Groene Kerken (Églises vertes), comprend 410 églises dans toute la Hollande. « Il s’agit d’un vaste réseau pour toutes sortes d’églises différentes et de toutes les confessions », explique Leo Bakker. 

    Jan Joost Kessler, qui a fait partie du groupe de travail sur le développement durable de l’Arboretumkerk de Wageningen, explique que l’adhésion au réseau des Églises vertes a également joué un rôle important dans la réponse de son église au changement climatique. 

    « Ê l’entrée de notre église, nous avons une enseigne assez grande qui indique que nous sommes une église verte », dit Jan Joost Kessler. « Il est donc facile de nous reconnaître. » 

    Le site Web des Églises vertes fournit une liste d’actions que les églises peuvent entreprendre. Pour rejoindre le réseau et demander une enseigne, les églises doivent s’engager à entreprendre une nouvelle action chaque année. 

    Les actions sont réparties en six catégories : création et nature ; foi et inspiration ; énergie et climat ; gestion de l’argent ; politique et approche ; et achats réfléchis. Lorsqu’une église réalise une action dans l’une de ces catégories, elle reçoit un badge sur le site Web. 

    Les actions entreprises par l’église d’Aalsmeer comprennent le calcul de l’empreinte carbone de l’église, le passage à des sources d’énergies renouvelables, l’organisation d’événements éducatifs, la publication d’un bulletin d’information contenant des conseils en matière de durabilité, l’utilisation de produits de nettoyage non toxiques et l’organisation de cultes « verts » chaque année. 

    Arboretumkerk a amélioré l’isolation du bâtiment, installé des fenêtres à double vitrage, s’est engagé à acheter des produits issus du commerce équitable et a investi son argent dans des industries responsables. 

    Tous les deux ans, les Églises vertes des Pays-Bas se réunissent pour établir des liens et échanger sur leurs expériences. 

    « C’est très utile parce qu’il y a beaucoup d’échanges, d’apprentissage et d’inspiration », déclare Jan Joost Kessler qui assiste habituellement à ces événements. 

    C’est l’objectif du réseau. 

    « Les églises vertes sont contagieuses », peut-on lire sur le site. « Elles ouvrent la voie à une coexistence joyeuse et simple et attirent les autres églises. » 

    —Sierra Ross Richer est membre de la Waterford Mennonite Church, à Goshen, en Indiana (États-Unis). Elle est stagiaire au Collectif anabaptiste pour le climat / Anabaptist Climate Collaborative (ACC). Cette histoire, tirée de la série préparée pour la période du carême Pollinisateur climatique : Histoires anabaptistes mondiales sur le changement climatique est reproduite avec sa permission. 

    Cliquez ici pour accéder aux enregistrements des webinaires précédents : 

    Les membres du Groupe de travail de la CMM pour la protection de la création de chaque région animeront une heure de récits et de questions-réponses. Des membres d’églises du monde entier raconteront comment ils sont affectés par le changement climatique et comment ils y répondent par des actions résilientes et l’espoir de l’Évangile.

    Autres articles pour le webinaire « Europe » (en anglais)

    Chaque webinaire aura lieu le mardi à 14h UTC (cliquez ici pour trouver l’heure dans votre région). Inscrivez-vous ici :