Catégorie : De Nos Responsables

  • La Conférence Mennonite Mondiale félicite le cardinal Robert Francis Prevost pour son élection en tant que pape et 267ème évêque de Rome le 8 mai 2025, sous le nom de Léon XIV. Cette élection est historique, car il s’agit du premier pape originaire d’Amérique du Nord, après le pape François (le cardinal Jorge Mario Bergoglio), qui était le premier pape latino-américain.

    Dans une lettre adressée au pape Léon XIV, César García, secrétaire général de la CMM, a écrit : « Nous pensons que les dialogues officiels que nous avons mené avec l’Église catholique ont créé des opportunités essentielles pour renforcer les liens entre nos Églises. Alors que ma communion mondiale commémore ses 500 ans dans quelques jours, j’espère que votre pontificat ouvrira de nouvelles portes pour apaiser les mémoires et renforcer nos relations en tant que disciples du Christ. »

    Lors de sa première apparition sur la place Saint-Pierre, le pape Léon XIV a salué les fidèles en invoquant la paix du Christ ressuscité, l’amour de Dieu envers tous, et en invitant l’Église à marcher ensemble sans peur. Il a appelé à un esprit missionnaire qui construit des ponts et qui ouvre les bras.

    Le nouveau pape est alors passé de l’italien à l’espagnol pour s’adresser à son diocèse de Chiclayo au Pérou.

    « Je loue notre Seigneur pour l’importance que vous accordez à une Église synodale qui marche aux côtés de ceux qui souffrent », a écrit César García dans sa lettre, répondant au souhait du pape Léon XIV d’une « Église synodale, marchant et recherchant toujours la paix, la charité, la proximité, en particulier envers ceux qui souffrent ».

    « Je loue notre Seigneur pour l’importance que vous accordez à une Église synodale qui marche aux côtés de ceux qui souffrent »

    César García

    « Confesser le Christ ensemble, avec les chrétiens d’autres traditions, fait partie de la mission de la CMM. Nous invitons nos membres à soutenir le pape Léon XIV dans la prière alors qu’il fait face aux défis du leadership, et en particulier pour son travail dans le ministère de l’unité dans le corps du Christ », déclare Henk Stenvers, président de la CMM.

    Le cardinal Robert Francis Prevost est originaire de Chicago, dans l’Illinois, aux États-Unis. Il est le premier membre de l’Ordre de Saint-Augustin (O.S.A.) à être élu pape. Il a servi pendant plus de dix ans dans les missions de l’O.S.A. au Pérou, a enseigné le droit canonique, la doctrine des premiers Pères de l’Eglise et la théologie morale au séminaire. Il a occupé des fonctions de direction au sein de l’O.S.A. Après sa nomination comme évêque du diocèse de Chiclayo, au Pérou, en 2015, le pape François l’a nommé préfet du Dicastère pour les évêques en 2023 et l’a promu archevêque ; il l’a également nommé membre des Dicastères pour l’évangélisation. Sa nomination comme cardinal a pris effet en 2024.

    pope stands on balcony flanked by cardinals
  • Le dialogue entre la CMM et la CMER résulte en une déclaration et un guide d’études

    « La recherche de la paix commence d’abord au sein du corps du Christ », déclare Tom Yoder Neufeld, président de la Commission Foi et Vie de la CMM. Alors que la Conférence Mennonite Mondiale célèbre ses 100 ans d’existence et de vivre l’unité dans la famille anabaptiste, nos responsables travaillent aussi sur notre mission de faire du lien avec d’autres familles chrétiennes au niveau mondial.

    Le travail de réconciliation entre mennonites et luthériens, abouti à Stuttgart en 2010, a servi d’exemple et permis l’ouverture vers d’autres communautés chrétiennes mondiales. En lien avec la préparation du 500ème anniversaire à Zurich, les responsables de la CMM sont entrés en dialogue avec la Communion mondiale d’Eglises réformées (CMER).

    Le travail commun entre les délégations mennonites et réformées a abouti à une déclaration commune pour la commémoration du centenaire, le 29 mai 2025 à Zurich. Il a également produit un guide d’étude, pour aider nos assemblées locales à célébrer un culte en commun avec leurs frères et sœurs de l’église réformée, dans leurs contextes locaux.

    Les anabaptistes et les réformés ont tous deux vu le jour dans le même cercle de réformateurs et d’étudiants de la Bible à Zurich dans les années 1520, note Tom Yoder Neufeld, qui est également coprésident de la commission du dialogue CMM/CMER.

    « Le désir d’un dialogue n’était pas de revenir sur les questions qui nous ont divisés… mais de rétablir le cercle d’étude biblique », explique Tom Yoder Neufeld.

    Tom Yoder Neufeld, président de la Commission Foi et Vie de la CMM

    “We believe that sharing our reflection and praying together contributes to healing the wounds of estrangement and hostility, especially enabling us to discover opportunities of common witness and peace,” says Anne-Cathy Graber, MWC secretary for ecumenical relations.

    “There was real hunger to find opportunities to witness together to justice and peace in a world buffeted by oppression, violence and war,” says Tom Yoder Neufeld.

    Le titre de la déclaration résume bien ces impulsions : « Restaurer l’intégrité de notre famille : la recherche d’un témoignage commun – Déclaration commune de confession, reconnaissance et engagement »

    Divers facteurs, notamment des changements de personnel et la pandémie, ont retardé le début du dialogue. Une réunion en présentiel a rassemblé trois responsables réformés et quatre responsables mennonites en Colombie-Britannique, au Canada, en 2023. D’autres réunions ont eu lieu sur Zoom.

    « Malgré tout, nous avons appris à nous connaître et à beaucoup nous apprécier. Ce fut un cadeau de pouvoir travailler intensément ensemble en tant que sœurs et frères mennonites et réformés. Il est apparu à maintes reprises que ce qui nous unit en Christ est bien plus fort que ce qui nous divise », déclare Tom Yoder Neufeld.

    “We believe that sharing our reflection and praying together contributes to healing the wounds of estrangement and hostility…”

    Anne-Cathy Graber, secrétaire de la CMM pour les relations œcuméniques

    « Nous espérons que cette déclaration servira de catalyseur pour que les communautés se rencontrent et travaillent ensemble à notre mission commune d’œuvrer pour la paix », ajoute-t-il.

    Les participants au dialogue ont produit conjointement un document de 24 pages intitulé « Un guide pour l’étude, le culte et le dialogue ». Ce guide d’étude est destiné à être utilisé par les assemblées locales qui recevrons la déclaration. Il comprend une description du contexte historique et des ressources liturgiques pour une célébration commune entre les congrégations anabaptistes et réformées.

    « Les dialogues œcuméniques ne sont pas seulement des débats d’idées », déclare Anne-Cathy Graber. Le guide d’étude, qui comprend des ressources pour le culte commun, « est un aspect unique de ce document et, espérons-le, favorisera la rencontre entre les chrétiens mennonites et réformés ».

    « Accueillir cette déclaration au niveau local et dans son propre contexte est un défi important », ajoute-t-elle.

    « Il y avait une vraie soif de trouver des occasions de témoigner ensemble de la justice et de la paix dans un monde secoué par l’oppression, la violence et la guerre. »

    Tom Yoder Neufeld, président de la Commission Foi et Vie de la CMM

    Les dirigeants de la CMM et de la CMER n’ont pas encore décidé s’il y aura d’autres rencontres formelles pour poursuivre ce dialogue.

  • Ebenezer Mondez, mentor des YABs (Jeunes anabaptistes), raconte son parcours, de participant au Sommet Mondial de la Jeunesse (GYS) en 2015, à équipier de 2022 à 2028. Il partage ses espoirs pour le Sommet Mondial de la Jeunesse (GYS). 

    Les jeunes adultes âgés de 18 à 30 ans sont le public cible.  

    Comment as-tu vécu ta première expérience au GYS aux USA en 2015 ? 

    Le Sommet Mondial de la Jeunesse (GYS) est un mélange d’émotions et d’intenses apprentissages. Y participer m’a entièrement transformé. 

    Ça a ouvert ma perception sur ce qu’est l’église mondiale et ce que sera ma prochaine vision. Ça m’a donné l’opportunité d’apprendre et d’absorber toute cette différence culturelle. 

    Au début du GYS, tu rencontres d’autres anabaptistes, qui ont des compréhensions théologiques très différentes. Comme d’autres, j’ai été choqué, et j’ai voulu d’abord m’éloigner de tout ce qui était si différent de moi. 

    Mais plus tard, j’ai réalisé que le besoin d’être ensemble était plus fort que ce désir de s’éloigner. 

    Quel est ton conseil pour faire face à la différence ? 

    Ebenezer Mondez

    Je pense que la peur vient de penser que je vais personnellement changer parce que l’autre a une autre façon de vivre ou de rendre un culte à Dieu. 

    Mais tu n’as pas à les changer eux, ni à changer toi. Ouvre les bras, les yeux et le cœur pour accepter le fait que d’autres personnes croient différemment, et que c’est OK. Trouvez un endroit où vos deux visions se rejoignent, et travaillez ensemble. 

    Quand tu viens dans un endroit avec une telle diversité culturelle, demande-toi : « quel est mon don ? qu’est-ce que je pourrais apporter ? Et pas seulement ce que je pourrais recevoir pendant ce temps ! Qu’est ce que je peux apprendre dans ce lieu ? Quelles connaissances pourrais-je partager ? » 

    Et quand on est convaincus qu’on doit partager quelque chose, la peur s’en va, parce qu’on a une mission à accomplir. 

    Mon travail est de donner la chance à chacun de s’exprimer et d’être écouté. 

    Et à propos de la mission pour les YABs (Jeunes Anabaptistes) ? 

    Comme par le passé, un délégué de chaque église nationale membre de la CMM représente les jeunes de sa communauté. Ces délégués doivent accomplir une mission avant que leur voyage ne soit confirmé. 

    Certains ont une grande église à sonder, d’autres n’ont qu’une douzaine de jeunes dans toute leur église. Mais cette tâche est un bon moyen de mesurer leur engagement et leur participation à la vie de l’église. 

    Nous acceptons tout le monde, quel que soit le niveau d’études, et cette mission permet de mettre tout le monde au même niveau. Lorsque nous nous réunissons, nous pouvons nous comprendre. 

    Nous espérons qu’après le GYS, tous les participants répercuteront ce qu’ils ont appris les uns des autres dans les groupes de jeunes qu’ils ont chez eux, notamment en célébrant la Semaine de la fraternité des jeunes adultes. 

    Ce sera une excellente occasion pour les groupes de jeunes du monde entier de sentir qu’ils font partie d’une famille mondiale. 

    Un GYS très spécial 

    Jusqu’à présent, le GYS n’avait lieu qu’en même temps que l’Assemblée, tous les six ans. En 2025, il se tiendra aussi à l’occasion du double anniversaire et d’une proposition visant à ajouter des délégués des YABs (Jeunes Anabaptistes) au Conseil Général (pour en savoir plus, voir le mois prochain). 

    Dans le passé, le Comité des YABs changeait complètement tous les six ans. La continuité au sein du comité a été un défi permanent. Les jeunes adultes connaissent souvent des changements de vie considérables au cours de ces six années, ce qui rend difficile l’engagement pour un mandat complet. 

    Désormais, après trois ans, deux membres du comité des jeunes adultes continueront à siéger pendant trois années supplémentaires aux côtés du mentor des jeunes adultes, tandis que trois autres seront remplacés par de nouveaux membres du comité. 

    Ces changements permettront d’assurer la continuité des programmes et faciliteront les transitions. 


    Il n’est pas trop tard pour s’inscrire !

    GYS 2022 worship session
  • Message du secrétaire général à l’occasion d’un jour saint

    Il est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! Dans le jardin de Gethsémani, Jésus a prié pour que ses disciples soient un. En ce jour de Pâques, je suis heureux de transmettre ce message des dirigeants de communions chrétiennes de douze traditions différentes. Grâce à mon travail avec divers responsables de communion mondiale, je considère ces personnes comme des collègues et des amis. Veuillez recevoir ce message dans l’esprit d’unité pour lequel Christ a prié.

    — César García, secrétaire général

    « C'est vous qui en êtes les témoins. » Luc 24:48 Un message des dirigeants de communions chrétiennes

    Chers frères et sœurs en Christ dans le monde entier,

    Alléluia ! Christ est ressuscité !

    En tant que représentants de douze communions chrétiennes mondiales, présentes dans toutes les nations du monde, nous sommes émus et reconnaissants de parler d’une seule voix et d’un seul cœur de la résurrection de notre Seigneur, dont nous sommes les témoins et que nous professons ensemble.

    Ensemble — de l’Est et de l’Ouest, du Nord et du Sud – en cette année de grâce 2025, Dieu nous a fait le don magnifique d’une date commune pour Pâques. De fervents chrétiens ont prié pendant des générations pour que cela soit possible. Bien que nous ne soyons pas encore parvenus à un accord sur une date permanente pour Pâques, nous ne doutons pas que le Seigneur nous appelle à un accord et à un témoignage commun, afin que le monde croie (Jean 17.21).

    Comme un appel supplémentaire, Dieu, dans sa miséricorde, nous a permis de célébrer cette année le 1700e anniversaire du Concile de Nicée et de son Credo.

    Nous sommes honorés et émerveillés de pouvoir, en ce jour de Pâques, professer ensemble le fait qu’

    il ressuscita le troisième jour,
    conformément aux Écritures,
    et il monta au ciel ;
    il est assis à la droite du Père.
    Il reviendra dans la gloire,
    pour juger les vivants et les morts ;
    et son règne n’aura pas de fin.

    À la lumière de ces dons, nous demandons à l’Esprit Saint d’inciter nos communions à vivre et à marcher ensemble, en obéissance à l’appel de Jésus afin que tous ses disciples soient un. Nous espérons entendre à nouveau ses « paroles », comme lorsqu’il est apparu à ses disciples après sa résurrection et qu’il leur a « ouvert l’intelligence pour qu’ils comprennent les Écritures », à savoir que le Messie doit souffrir et ressusciter, « et que la conversion et le pardon des péchés doivent être prêchés en son nom à toutes les nations » (Luc 24.44-47).

    En cette période de grande instabilité politique dans le monde où tant de personnes vivent dans la peur, la souffrance, la persécution, la famine et d’autres formes d’instabilité et de vulnérabilité, nous cherchons ensemble à être « témoins de ces choses » de Dieu, accomplies par notre Seigneur et Sauveur (24.48). À cette fin, nous prions encore et encore, dans l’attente et l’espérance que nous soyons tous un, « revêtus de puissance d’en haut » (24.49).

    Que le Seigneur nous accorde son Esprit de coopération et d’obéissance, qu’il nous pardonne nos péchés et qu’il nous utilise comme ses instruments de réconciliation et de guérison dans le monde.

    Et que Dieu baigne nos cœurs et nos esprits dans la lumière purificatrice de sa résurrection d’entre les morts.

    Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !


    Communion anglicane
    Très Rev. Anthony Poggo
    Secrétaire général

    Église apostolique arménienne (Cilicie)
    Très Rev. Fr. Hrant Tahanian
    Responsable œcuménique

    Alliance baptiste mondiale Rev. Elijah Brown
    Secrétaire général et directeur général

    Convention mondiale des Églises du Christ Tina Bruner
    Secrétaire générale et Directrice générale

    Patriarcat œcuménique Évêque Maximos Pafilis de Melitene
    Archevêché orthodoxe grec de Thyatire et de Grande-Bretagne

    Conférence internationale des évêques vieux-catholiques/Églises vieilles catholiques Rev. Christoph Amstad Schuler
    Responsable œcuménique

    Fédération luthérienne mondiale
    Rev.Anne Burghardt
    Secrétaire générale

    Conseil de l’unité mondiale de l’Église morave
    Rev. Jørgen Bøytler
    Administrateur du conseil d’administration de l’unité

    Conférence Mennonite Mondiale César García
    Secrétaire général

    Communauté pentecôtiste mondiale Rev. David Wells
    Vice-président

    Armée du Salut Jane Paone
    Secrétaire aux relations œcuméniques internationales

    Conseil méthodiste mondial Rev. Reynaldo Ferreira Leão Neto (Léo)
    Secrétaire général

  • Sœurs et frères bien-aimés : 

    L’état de « conflit armé interne » a été déclaré en Équateur depuis janvier 2024. Le gouvernement continue de lutter contre la violence des groupes criminels organisés. Les trois unions d’églises mennonites d’Équateur – Iglesia Evangélica Menonita Ecuatoriana (IEME – église membre de la CMM), Iglesia Cristiana Anabautista Menonita de Ecuador (ICAME), Iglesia Cristiana Menonita (ICME) – appellent notre famille anabaptiste mondiale à la prière. 

    Chers frères et sœurs en Christ, chaleureuses salutations depuis les montagnes et la côte de l’Équateur. 

    Nous appelons à la prière, car nous savons que Dieu désire le shalom et le bien-être pour le peuple équatorien et nos églises mennonites. 

    Nous sommes quotidiennement en proie aux ténèbres ; notre pays est passé du statut d’« île de paix » à celui d’un puits de désolation. Chaque jour, on nous rapporte des histoires de massacres et d’horreur. Aujourd’hui, nos églises sont confrontées à des dilemmes impensables, par exemple s’il convient d’affecter une partie de l’offrande aux barons de la drogue qui contrôlent nos quartiers. Cela les apaiserait et permettrait à nos assemblées de continuer à prier ensemble le dimanche. 

    Nous savons que Dieu a un autre projet pour nous. 

    En tant que communauté de responsables engagés dans la non-violence, les trois conférences anabaptistes d’Équateur se sont unies pour travailler à la paix dans notre pays.

    Cependant, nous savons que nous ne pouvons pas faire ce travail seuls. C’est pourquoi nous demandons à nos chers frères et sœurs de se joindre à nous dans l’intercession de sorte que le corps du Christ ne fasse qu’un avec l’Équateur.

    Nous vous demandons également de prier pour les groupes criminels afin que les personnes agressées et agressives puissent connaître le shalom qui mène à la paix. 

    Que notre travail commun pour unir les différentes églises et nos différentes manières d’être Église soit un phare de paix en ces temps troublés et de division. 

    Joignez-vous à nos frères et sœurs anabaptistes pour prier pour l’Équateur. 

    En Jésus-Christ, notre paix 

    Henk Stenvers,
    président 

    Andrés Pacheco Lozano,
    Président de la Commission Paix

    praying group
  • James Krabill avec des étudiants de STAKWW (Sekolah Tinggi Agama Kristen Wiyata) à Pati, en Indonésie.

    À propos de la Commission Mission

    La Commission Mission met à la disposition des églises membres de la CMM des ressources et un forum pour dialoguer sur le témoignage et le service dans le monde. Composée du Réseau Anabaptiste Mondial d’Entraide (GASN) et de la Fraternité Missionnaire Mondiale (GMF), elle guide et facilite le dialogue autour de questions et d’opportunités pressantes concernant le témoignage et le service dans le monde.

    Concernant les agences missionnaires et les églises, la Commission espère stimuler des partenariats aux niveaux mondial, continental, régional et local dans l’évangélisation, se concentrant sur les lieux où l’Évangile de Jésus n’a pas encore été proclamé.

    En ce qui concerne les services d’entraide, la Commission cherche à favoriser le dialogue et la collaboration inter-agences en réponse aux nécessités pressantes du peuple de Dieu et de nos communautés.

    La réunion de juin 2023 à Harrisonburg, en Virginie (États-Unis), a été essentielle pour promouvoir et consolider le sens et l’esprit de travail d’équipe. Une soixantaine de membres du GASN et de la GMF ont pu se réunir.

    En outre, au cours des dernières années, les réunions en ligne ont été une aide précieuse pour le travail de la Commission Mission, en particulier pour la coordination de nos deux réseaux actuels. Ces webinaires ont permis aux membres d’apprendre ensemble, de partager leurs connaissances et leurs expériences, de poser des questions et de prier ensemble.

    En 2024, la Commission Mission a organisé les webinaires suivants :

    • Février : « Partage des meilleures Pratiques du “Good Dear Child” et du “Youth Development Project” (projet de développement de la jeunesse) »
      • Orateurs : Dejene Gurmessa (Éthiopie), Abdi Dubela (Éthiopie)
      • Organisé par le GASN
    • June: “The hope of Christian witness/mission in a polarized world”
      • Presenter: J. Nelson Kraybill (USA)
      • Organized by GMF
    • Septembre : « Impact de la Formation de Disciples dans la Vie des Individus, de la Société et de l’Église grâce à la Little Flock Discipleship School. »
      • Orateurs : Asit Basumata (Inde), Gyan Mochary (Inde)
      • Organisé par le GASN
    • Octobre : « La Succession dans le Témoignage : préparer la prochaine vague de responsables de mission »
      • Orateur : Ebenezer Mondez (Philippines), Tigist Tesfaye (Éthiopie), C. Daniel Soto (Argentine), Galen Burkholder (États-Unis)
      • Organisé par la GMF

    La Commission Mission est en train de réviser « Anabaptism and Mission ».  Cette bibliographie en ligne – en anglais uniquement – répertorie les écrits anabaptistes sur la mission de 1859 à 2011. Les corrections et actualisations sont en cours et devraient être publiées lors de la réunion de mai en 2025.

    Une visite du « Synode des Martyrs » à Augsbourg pour les membres du GASN et de la GMF est prévue lors du rassemblement de 2025 en Allemagne. Cela répond aux souhaits reçus par la Commission Mission concernant une visite sur place lors des réunions en présentiel.

    Les conversations se poursuivent avec le Réseau Anabaptiste Mondial de Santé (GASN) qui est en train de se développer.

    • James R. Krabill (États-Unis), président
    • Rafael Zaracho (Paraguay), secrétaire
    • Nelson Okanya (États-Unis), président du comité de pilotage de la GMF
    • Barbara Hege-Galle (Allemagne), présidente du comité directeur du GASN
    • Eladio Mondez (Philippines)
    • Hyacinth Stevens (États-Unis)
    • Simon Okoth (Ouganda)
    • Felo Gracia (RD Congo)

    Barbara Hege-Galle, James R. Krabill, Nelson Okanya, Simon Okoth, Hyacinth Stevens

    James Krabill with students at STAKWW
(Sekolah Tinggi Agama Kristen Wiyata) in Pati,
Indonesia.
  • « Au cours des 100 dernières années, le monde a énormément changé et en même temps, pas tant que cela », dit Henk Stenvers. L’Église et la société font face au nationalisme et à la polarisation, et même à la guerre en Ukraine. 

    « Alors que nous nous préparons à marquer les 100 ans de la CMM et les 500 ans de l’anabaptisme en 2025, il est temps de regarder vers l’avenir », déclare Henk Stenvers. « C’est le moment d’examiner la signification de notre message et de notre mission pour les années à venir. Les questions importantes au temps de la Réforme le sont-elles toujours pour nous ? Avons-nous de nouvelles questions ? certaines n’ont-elles plus de sens ? » 

    « L’étude de l’histoire des traditions de notre Église nous aide à nous rappeler qui nous sommes vraiment et à nous souvenir de notre vrai fondement qui repose sur la Bible », dit Tigist Tesfaye. 

    « Le renouveau ne consiste pas à retourner au passé, même s’il faut s’en souvenir », dit Tom Yoder Neufeld. « Le renouveau, c’est s’ouvrir au souffle vivant de Dieu, le Saint-Esprit (Ezéchiel 37). 

    « C’est la promesse, au cœur de l’appel à la repentance, à faire ‘demi-tour’ et aller dans une nouvelle direction. C’est le don du pardon, qui ouvre l’avenir à la réconciliation. C’est au centre du drame du baptême, la mort avec le Christ et la marche dans la nouveauté de vie : vivre la résurrection. Il réside dans l’espoir d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre », dit Tom Yoder Neufeld. 

    « Le renouveau implique de regarder le passé avec de nouvelles lentilles ainsi que de d’imaginer de nouveau le présent et l’avenir », dit Andrés Pacheco Lozano. « Pour être renouvelés, nous devons redire notre histoire particulière. Redire notre histoire peut être une expérience transformatrice car cela nous permet de (re)façonner les narratifs qui forment notre identité. Cette créativité libératrice ouvre la possibilité à de nouvelles interprétations pour vivre la radicalité du message évangélique de justice et de paix dans le présent et dans l’avenir ».  

    « Le renouvellement nous fait passer de l’ancien au nouveau », dit Andi Santoso. 

    « Le Dieu qui est aussi esprit appelle les gens à différentes époques de l’histoire, toujours pour apporter quelque chose de nouveau et nous connecter à Dieu. La nouveauté est quelque chose de spirituel et de naturel (par exemple, il y a des saisons – le printemps après l’hiver) », explique Andi Santoso. 

    « Il est important d’être dans un état constant de renouvellement », dit Lisa Carr-Pries. « Cela n’arrive pas une fois pour toutes. Nous devons toujours être à l’écoute : le renouveau a besoin de nos oreilles et nécessite aussi un changement constant de perspective. » 

    « Le vin nouveau ne peut pas être mis dans de vieilles outres, il éclatera », dit Sunoko Lin, réfléchissant à Marc 2. Lorsque Jésus a dit à l’homme paralysé de prendre sa natte et de rentrer chez lui, il lui a donné plus qu’il n’attendait : la capacité de marcher et de porter quelque chose. « Le renouveau apporte quelque chose de nouveau ou de meilleur. Jésus a promis du vin nouveau, des outres neuves ; non seulement pour marcher, mais aussi pour porter une natte. » 

    Être radical 

    « Le besoin de renouvellement reste constant, que nous nous focalisions sur notre identité (qu’est-ce que signifie être anabaptiste ?) ou sur notre mission (quelle est notre mission dans le monde ? Est-ce l’évangélisation ? le rétablissement de la paix ?) », dit Tom Yoder Neufeld. 

    « Je ne pense pas que le renouveau consiste à adapter l’anabaptisme à différents contextes et réalités, mais plutôt à voir les nuances des nouvelles formes ou visions de l’anabaptisme qui ont émergé dans des endroits différents », dit Andres Pacheco Lozano. « La manière dont la tradition anabaptiste s’est développée à un endroit donné et la façon dont les individus, les paroisses et les communautés de ces endroits l’ont mise en pratique en font des compositions hybride uniques dans de nombreuses régions du monde. » 

    Il dit qu’il faut parler non seulement de polygenèse mais aussi de polyanabaptisme pour discerner des différences et des variations. « Un espace comme la CMM a le potentiel de les faire dialoguer, ce qui est l’un des dons les plus importants de la conversation anabaptiste de notre communion mondiale. » 

    Un jeune pasteur des Pays-Bas a dit à Henk Stenvers : « Nous redeviendrons vraiment mennonites lorsque la police frappera à nos portes. Le message de paix du Christ était radical. Est-ce que nous, dans le Nord, sommes trop bien intégrés dans la société par notre conformisme aux autorités et aux systèmes économiques ? » 

    « Y a-t-il un renouveau dans notre relation avec les autres ? » demande Andi Santoso. Nous devons remettre en question le statu quo et considérer aussi l’aspect social du salut. « En lui, Jésus a apporté la réconciliation : faisons-nous une différence dans le monde en œuvrant pour la paix et la justice ? Y a-t-il un changement dans la manière dont nous nous comportons ? » 

    « Aujourd’hui, le renouveau devrait nous mettre mal à l’aise… surtout si nous détenons pas mal de pouvoir » déclare Anicka Fast. « Lorsque le mouvement anabaptiste a commencé, il était perturbateur et gênant. Les gens en marge de l’Église ont contesté ce que disaient ses puissants dirigeants. Le renouveau sera souvent déstabilisant. » 

    Historienne, elle étudie l’histoire des églises en Afrique : elle est animée par des vagues de réveil, dirigées par des Africains, dirigées par des femmes.  

    Le Réveil est-africain a commencé dans les années 1930 et a balayé le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie. « Tout a commencé par des amitiés et une communion fraternelle entre chrétiens africains et missionnaires européens et nord-américains. Ils se repentaient ensemble de leurs comportements les uns envers les autres. Ils ont développé de solides amitiés et sont devenus des groupes très unis appelés fraternités de réveil. » 

    « Le premier évêque mennonite de Tanzanie, Zedekiah Kisare, a rappelé que lorsque le réveil est arrivé chez lui, c’était comme si une mèche avait allumé de la dynamite : c’était une explosion ! », raconte Anicka Fast. « Tous ont commencé à pleurer. Ils ont changé de vie. L’évêque missionnaire américain a changé son attitude de supériorité envers les chrétiens africains. C’était un revirement complet qui a conduit à une nouvelle façon de vivre ensemble. » 

    « Le réveil a fait exploser les frontières entre les dénominations. Les gens voulaient prendre la Sainte Cène tous ensemble », dit Anicka Fast. Malheureusement, « parfois, le renouveau se produit et nous nous accrochons à ce qui est ancien et nous le bloquons ». 

    Prendre des risques 

    Parfois, nous devons tout abandonner pour vivre de nouvelles expériences et vraiment dépendre de Dieu, dit Andi Santoso. Il l’a fait personnellement, laissant derrière lui sa culture et son ministère, pour étudier aux États-Unis. « En voyant de nouvelles réalités, je remets en question ma propre foi et mes convictions. Si Dieu existe, où est l’amour de Dieu dans cette réalité brisée ? L’aspect communautaire des églises se développe alors que nous devenons des thérapeutes souffrants, des bâtisseurs de paix brisés. » 

    Le besoin de renouvellement ne doit pas nous mettre sur la défensive. « Nous avons encore des difficultés : difficultés interculturelles et énormes différences de situation économique. La manière par laquelle le Nord est devenu si riche : les flux économiques vont de pair avec l’exploitation des pays d’Afrique pour le bien-être du Nord ; ce sont des raisons de se repentir », déclare Henk Stenvers. « Une partie du renouveau consiste à reconna√Ætre que les choses doivent changer. » 

    S’appuyant sur les travaux de la théologienne Dorothee S√∂llee sur la spiritualité, Andrés Pacheco Lozano identifie le renouveau comme un processus (spirituel) qui comprend trois dimensions. Via positiva : qui célèbre les dons et la manière dont ils s’expriment à différentes époques et dans différents contextes ; Via negativa : le lâcher prise sur l’ego, la confrontation des manières dont nous avons bénéficié ou renforcé les systèmes oppressifs (y compris la discrimination fondée sur les races, les genres, les capacités ou les classes, et d’autres formes d’injustice et de violence, y compris l’urgence climatique induite par les êtres humains), l’exploration des souffrances qu’elles ont causées et les efforts pour réparer les relations rompues. Via transformativa : être soi-même transformé pour transformer les injustices et la violence dans le monde.  

    « Les dons sur lesquels nous construisons [nos vies], les problèmes que nous affrontons et que nous délaissons, les blessures que nous entretenons, nous invitent à être transformés et à incorporer de nouvelles pratiques, de nouvelles compréhensions, de nouvelles façons de voir l’anabaptisme », dit Andrés Pacheco Lozano.  

    Stratégies 

    « Le renouveau est individuel, mais c’est aussi un choix que l’on peut faire en tant que communion […] comme de prendre les décisions par consensus, par l’échange, même si cela prend beaucoup de temps », explique Henk Stenvers. « Ensemble, dialoguant les uns avec les autres et avec l’Esprit, nous voulons découvrir ce que Dieu nous dit. Pour cela il faut être ouverts les uns envers les autres (écouter ce que les autres disent), être ouverts par rapport au temps (ne pas être pressés de prendre des décisions) et être à l’écoute de l’Esprit. » 

    L’écoute est ce qui motive les gens. « Que vous dit la Bible ? Que me dit la Bible ? Comment pouvons-nous nous mettre d’accord ? » 

    « Si nous venons d’un endroit où il n’y a pas eu de renouveau, il peut être difficile d’être en mesure d’entendre ceux qui en ont vécu un », explique Anicka Fast. « Les témoignages peuvent sembler étranges, mais l’œuvre du Saint-Esprit est souvent surprenante. Il franchit les barrières. Le renouveau se produit lorsqu’on fait un pas, ensemble ou en tant que groupe, et qu’on commence à se repentir ensemble, à prier ensemble et à étudier la Bible ensemble en petits groupes ». 

    « Le renouvellement et le renouveau ont une dimension très politique. Ils ne sont jamais limités à la vie intérieure des personnes. Historiquement, les réveils commencent presque toujours par des mouvements de repentance : réparer ce qui a été brisé, ceci souvent dans les relations.  

    « Le renouveau est lié à la mission : agrandir la famille de Dieu » ajoute Anicka Fast. Reconna√Ætre dans nos propres cœurs là où nous ne sommes pas fidèles – et ensuite changer. Ce qui en ressort est à la fois une nouvelle façon d’être Église et de nouvelles perspectives sur les relations sociales. 

    Lors de la guerre anticoloniale des Mau Mau au Kenya dans les années 1950, les ‘abalokole’ (les ‘sauvés’) ne participaient pas à la guerre. Ces personnes disaient « Je ne peux pas tuer quelqu’un pour qui Christ est mort ». Ils s’appuyaient sur l’idée forte que Jésus fait de nous un nouveau type de famille – une famille au-delà des frontières des ethnies, des races et des nationalités – comme raison de ne pas soutenir l’un ou l’autre côté en guerre », dit Anicka Fast. 

    « La seule façon de se transformer est de le faire par la pratique », dit Lisa Carr-Pries. « Nous sommes tentés de dissimuler nos mauvais côtés parce que nous craignons d’être condamnés ou rejetés par les autres ; nous n’aimons pas les responsabilités parce que nous aurions honte de ne pas être à la hauteur. Ce n’est pas ce que l’église doit être si nous voulons vivre un renouveau. Admettons que nous avons fait une erreur et que nous voulons faire mieux. 

    « Nous devons essayer des faire des choses radicales qui nous mettent mal à l’aise », dit Lisa Carr-Pries. « Nous devons être une communauté qui ressemble à un trampoline : il est souple, il nous rattrape avant d’être blessés et c’est amusant. » 

    Il y a des étapes dans les formes de pratique. Nous n’allons pas réussir immédiatement après avoir essayé. Il est possible de faire des erreurs et il est possible de les réparer. Et nous partons du principe que tout le monde ne sera pas d’accord. » dit Lisa Carr-Pries. 

    « La réparation et le pardon ne sont pas nécessairement la même chose. Épanouissement, réconciliation, retour aux sources, appartenance – ce sont des mots qui invitent à la transformation dans les communautés où nous les exerçons. » 

    « Si nous évitons de discuter de certains sujets et si nous limitons les conversations, nous agissons de façon très contre-productive. Au contraire, les espaces mondiaux devraient précisément nous aider dans notre processus de renouveau : comprendre que les frères et sœurs dans la foi vivant dans différents contextes auront d’autres façons de contribuer à nos propres luttes et à nos propres questions sur ce que signifie être une église », dit Andrés Pacheco Lozano. 

    « Nous allons devoir faire des progrès pour accepter qu’il peut y avoir plusieurs vérités en même temps », déclare Lisa Carr-Pries. « Cela ne veut pas dire être tièdes ou de ne pas se prononcer. » 

    Aujourd’hui, l’Église fait face à de multiples difficultés, que ce soient les divisions internes jusqu’à l’urgence climatique dans le monde. La crise révèle le besoin de renouveau – et éviter de faire face à tous les défis est en soi de la violence. 

    Idéalement, le CMM devrait créer des espaces, des opportunités et des conditions pour que des relations se développent et aussi pour avoir des conversations difficiles et ainsi être transformés. 

    « L’Église est comme un système vivant. Un système qui n’a pas d’échange avec l’environnement qui l’entoure est immobilisé. Il meurt à long terme. Nous devons tirer les leçons de notre héritage sur la paix et la résolution des conflits. Nier les conflits n’est pas la solution. Mais si on les aborde convenablement, ils peuvent conduire à la transformation non seulement des opinions, mais aussi des relations, pour notre plus grand bien. » 

    « Il n’est pas facile d’être assis dans une pièce avec des personnes qui ont des expériences différentes ou qui interprètent théologiquement et ecclésiologiquement des expériences similaires autrement » dit Andrés Pacheco Lozano. « Mais, comme dans une famille, quand vous êtes à table, vous parlez aussi des choses difficiles. En mettant de côté certaines des dynamiques de pouvoir liées à la métaphore familiale, les repas permettent de partager à la fois des joies et des sujets difficiles, fréquemment espérons-le, et où nous pouvons aborder des questions autrement. » 

    « Nous devrions être encouragés, remis en question, transformés et renouvelés par la façon dont nous apprenons de nos frères et sœurs dans d’autres parties du monde. C’est ce qui est beau et malaisé en même temps. Peut-être que la diversité est ce qui nous en donne la possibilité. La CMM donne des opportunités de croissance » dit Andrés Pacheco Lozano. 

    « Il y a beaucoup de raisons d’espérer. La CMM est un exemple de la manière dont on peut franchir les barrières culturelles, nationales et aussi théologiques, et être toujours une seule communion », déclare Henk Stenvers. « Notre défi est d’être ouvert ; changer même si nous ne savons pas ce que ce changement apportera. Quand le Christ nous demande d’être un, la seule manière de l’être, c’est dans l’espérance et la confiance en Dieu. » 

    Anne Marie Stoner-Eby, ‚ÄúBuilding a Church Locally and Globally: The Ministry of Zedekiah Marwa Kisare, First African Bishop of the Tanzanian Mennonite Church,‚Äù Journal Biographique Des Chrétiens d’Afrique 7, no. 2 (July 2022): 26. 
    Festo Kivengere y Dorothy Smoker, Revolutionary Love (Moscow, Idaho: Community Christian Ministries, 2018). 
    David W. Shenk, Justice, Reconciliation and Peace in Africa, Revised edition (Nairobi: ‘Uzima Press’, 1997) see also; Festo Kivengere, ‚ÄúForce and Power‚Äù, in Justice, Reconciliation and Peace in Africa, by David W. Shenk, Revised edition (Nairobi: Uzima Press, 1997), 169–72.


    Nous avons interrogé les responsables de la CMM sur ‘Renouveau’. 

    • Comment pourrions-nous, en tant qu’anabaptistes-mennonites, rechercher le renouveau à ce stade de notre histoire ? 
      • Quels changements devrions-nous peut-être apporter ? 
      • Quels risques devons-nous être prêts à prendre ? 
      • Pouvons-nous être aussi radicaux que l’étaient les premiers anabaptistes en leur temps ? Voudrions-nous l’être ? 
      • Le renouveau est généralement perturbateur, mais peut-il être non violent ? 
    • De quelles stratégies ou positions avons-nous besoin pour relever le défi d’être une famille anabaptiste mondiale unie aujourd’hui ? 

    Qu’en pensez-vous ? 

    Joignez-vous à notre conversation ! Ajoutez vos propres réflexions ci-dessous ou envoyez-nous un courriel (info@mwc-cmm.org). 

    Contributeurs : 

    • Andrés Pacheco Lozano, Commission Paix, secrétaire (Colombie/Pays-Bas) 
    • Anicka Fast, Commission Foi & Vie, secrétaire (Canada/Pays-Bas/Burkina Faso) 
    • Andi Santoso, Commission Diacres, président (Indonésie/États-Unis) 
    • Henk Stenvers, Comité Exécutif, président (Pays-Bas) 
    • Lisa Carr-Pries, Comité exécutif, vice-présidente (Canada) 
    • Sunoko Lin, Comité Exécutif, trésorier (Indonésie/États-Unis) 
    • Thomas R Yoder Neufeld, Commission Foi & Vie, président (Canada) 
    • Tigist Tesfaye, Commission Diacres, secrétaire (Éthiopie) 

  • Timo Doetsch, pasteur des jeunes à l’Evangelisch Mennonitsche Freikirche de Dresde (Allemagne), et membre du Conseil général de l’Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer Brudergemeinden in Deutschland (AMBD), a interviewé l’ancien secrétaire de la Commission Diacres et nouveau président de la CMM, Henk Stenvers.

    Parle-nous de ton expérience en tant que responsable de la Commission Diacres ?

    J’ai été secrétaire de la Commission Diacre pendant 10 ans. C’était une source d’inspiration et j’ai toujours apprécié le travail. Même si, parfois, c’était beaucoup, c’était merveilleux de pouvoir visiter autant d’assemblées locales, parfois très petites, parfois dans des zones très rurales.

    Le travail de la Commission Diacres ne consiste pas seulement à apporter les salutations de la Conférence Mennonite Mondiale, mais aussi de faire sentir aux gens qu’ils font partie de la famille.

    Mais pour moi, c’était enrichissant. Cela a changé ma foi dans le bon sens. Je suppose que je suis devenu plus fidèle.

    Comment l’heure de prière en ligne a-t-elle commencé ?

    La Commission Diacres s’est réunie avec l’équipe de Communication de la CMM au cours de la première période de confinement en 2020. Tant de personnes étaient touchées par la pandémie. Nous avons pensé qu’il serait peut-être bon d’organiser une prière en ligne juste pour prier de pouvoir y faire face. La première fois, il y avait tout de suite 60, 70 personnes. Et la réponse a été si positive que nous avons décidé de le refaire en septembre.

    Ensuite, 90 personnes y ont assisté. Alors, d’accord, nous en aurons une autre en novembre ! Et c’est Arli Klassen, coordinatrice des représentants régionaux, moi (pour les diacres) et Karla Braun de l’équipe de Communication qui l’avons organisée.

    Puis, la CMM a décidé d’en faire un événement international officiel. Nous avons passé un merveilleux moment à organiser cela avec toute l’équipe technique de l’Assemblée, Liesa (Unger) et tout le monde. Ainsi, c’est devenu une rencontre régulière tous les deux mois.

    Après l’Assemblée, l’équipe technique ne sera plus là, mais nous avons déjà décidé de continuer.

    Peux-tu décrire certains projets de la Commission Diacres ?

    Eh bien, la première chose qui me vient à l’esprit, bien sûr, c’est le groupe de travail autour du COVID-19.

    La Commission Diacres est responsable du Fonds de Partage de l’Église Mondiale avec le secrétaire général. Il s’agit pour les églises membres dans les pays du Sud de demander de l’argent pour des projets. Nous avons décidé en 2020 d’en faire un groupe de travail COVID-19, en coopération avec le Comité Central Mennonite. Et cela a été vraiment, vraiment, réussi.

    Nous avons soutenu quelques 54 projets liés au COVID dans de nombreux pays. Nous avons déboursé plus de 500 000 USD, alors que nous n’avions jamais donné plus de 10 000 USD à un quelconque projet.

    Et la réponse des paroisses, des individus, concernant les dons a été vraiment encourageante.

    Donc, finalement, nous avons pu soutenir tous les projets qui remplissaient les critères.

    Et il y a eu une excellente coopération. Ce groupe de travail a réuni toutes les différentes organisations de secours mennonites lors de réunions Zoom, juste pour s’informer mutuellement de ce qu’elles faisaient par rapport au COVID-19 et pouvoir coordonner certains de leurs projets.

    Je pense que c’était merveilleux de voir comment la CMM pouvait être l’organisme de liaison entre toutes ces organisations qui font ces projets.

    Quel lien vois-tu avec les autres Commissions ?

    Il y a un lien fort, surtout avec la Commission Paix. Au fil des années, nous avons réalisé plusieurs projets communs. Deux fois, nous avons fait ensemble des visites [de solidarité]. Nous écrivons des lettres ensemble lorsqu’une union d’églises d’un pays a des problèmes, en particulier à cause de guerres ou de conflits.

    Chaque mois, nous avons une réunion entre les secrétaires des Commissions. Nous discutons très ouvertement et nous avons une très bonne collaboration.

    Tu te retires de la Commission Diacres. Selon toi, quels sont les défis futurs et les questions clés concernant la Commission ?

    Le bâton de berger a été offert à J. Nelson Kraybill en Pennsylvanie par Calvin Greiner, un prédicateur charismatique qui s’est promené dans la ville hôte de la 16e Assemblée en priant. « Après plusieurs voyages, Calvin Greiner a appris que les mennonites étaient sur le point de tenir une Assemblée là-bas, et qu’un natif de Pennsylvanie serait installé comme président. Il a alors compris pourquoi Dieu l’envoyait si souvent à Harrisburg », dit J. Nelson Kraybill. Sur la photo : Hens Roesita Sara Dewi (interprète : anglais-indonésien), Miekje Hoffscholte-Spoelder, Henk Stenvers, J. Nelson Kraybill. Photo : Nelson Okanya

    Bien sûr, d’abord, le défi de la sauvegarde de la création.

    On voit aussi que dans de plus en plus de pays, il y a soit de la violence, soit des divisions, soit des polarisations. Dans les années à venir, il y aura davantage de travail pour la Commission Diacres, en particulier avec des visites de délégations pour encourager les églises membres et simplement leur faire savoir qu’elles font partie de l’Église mondiale.

    Par exemple, nous avons rendu visite aux Wounaan, un peuple indigène vivant dans la forêt entre le Panama et la Colombie. Beaucoup d’entre eux sont Frères Mennonites. Ils ont des problèmes avec l’exploitation forestière illégale sur leurs terres. Ils nous ont demandé de venir, mais ils ont dit, très sérieusement, « nous ne vous demandons pas de résoudre nos problèmes, parce que vous ne pouvez pas. Nous vous demandons de prier pour nous et de dire au monde ce qui se passe. »

    C’est exactement de notre mission.

    Quel est l’un de tes passages bibliques préférés ?

    C’est toujours une question difficile car cela dépend de la situation. 1 Corinthiens 12 – à propos du corps de Christ – pour moi en ce moment, c’est l’un des plus importants.

    Aussi le Sermon sur la Montagne, parce que c’est un des passages clés sur le pacifisme, le travail pour la paix, la réconciliation, l’intérêt pour ceux qui ont moins de chances.

    Et Philippiens 4/7 : il y a une forme de paix que nous ne pouvons pas comprendre, et que nous n’avons pas besoin de comprendre, mais elle garde nos cœurs et nos esprits.

    Peux-tu recommander un livre, une chanson ou un film ?

    Jonathan Sachs, ancien grand rabbin des United Hebrew Congregations of the Commonwealth, a écrit de merveilleux livres sur la Torah, les cinq premiers livres de la Bible. Ce fut vraiment une révélation pour moi de découvrir le regard qu’il porte sur toutes ces histoires de la tradition juive que nous trouvons parfois déroutantes.

    Tu es le nouveau président de la CMM, qu’est-ce que tu ressens?

    Cela me paraît être une grande responsabilité ; et même après quatre ans en tant que futur président, je ne sais pas si je suis prêt, mais commençons. Ê la CMM, nous travaillons en équipe : les responsables, le Comité Exécutif, le personnel – nous travaillons tous ensemble.

    Je me sens honoré et touché de faire partie de cette lignée de présidents.

    Tu viens des Pays-Bas, et parmi les églises de la CMM, l’Église européenne est minuscule. Qu’en penses-tu ?

    Dans la CMM, votre origine importe peu. Les gens ne vous choisissent pas à cause de votre pays. Ils vous choisissent parce qu’ils vous connaissent.

    Je pense que les gens m’ont choisi parce qu’ils me connaissent. Je participe à la ‘vie mondiale’ depuis 2003. En tant que membre du Conseil Général, je suis devenu secrétaire de la Commission Diacres en 2012. J’ai été représentant de l’Europe en même temps de 2014 à 2020. J’ai donc été dans de nombreux endroits et rencontré de nombreuses personnes dans l’Église mondiale.

    La CMM est une plate-forme o√π nous devrions pouvoir parler de tout. Soit lors d’un dialogue officiel, soit de personne à personne, dans le respect, sans jugement, sans clivage. C’est important, je pense, si notre désir d’être une Église de paix est réel, et nous ne devrions pas résoudre les problèmes en nous divisant. Acceptons le fait de venir de contextes différents, commençons à lire la Bible ensemble et essayons d’expliquer ce que nous comprenons et ce que d’autres comprennent, et alors peut-être pourrions-nous mieux nous entendre.

    Qu’est-ce qui sera important pour toi pendant ta présidence ?

    Ce que nous voyons le plus, ce sont les problèmes de leadership dans les églises. Et je pense que la CMM peut jouer un rôle en essayant de fournir des ressources concernant le leadership dans les églises. Nous voulons encourager des responsables qui ne soient pas collés à leur chaise, mais prêts à céder la place à quelqu’un d’autre, sans provoquer de conflit. Ces choses seront importantes.

    Tu as utilisé l’image de la cathédrale de la Sagrada Familia pour l’Église. Peux-tu en dire plus ?

    J’aime l’idée de la cathédrale comme maison de Dieu.

    Les gens qui ont commencé à construire les cathédrales n’ont jamais vu leur achèvement. Il faut donc avoir beaucoup de confiance pour commencer la construction. On dit que l’architecte Antoni Gaud√≠ ne voulait pas vraiment la terminer. Il voulait continuer à construire tout le temps.

    Je pense que c’est un merveilleux parallèle. La maison de Dieu n’est jamais terminée. C’est solide, mais il faut continuer à construire.

    Mais aussi, lorsque vous vous promenez dans la Sagrada Familia, vous voyez d’abord la partie conçue par Gaud√≠. C’est surprenant avec toutes sortes d’images intéressantes. Vous faites le tour et vous voyez la partie conçue après sa mort. Totalement différente. Et il y a des parties conçues par d’autres architectes.

    C’est un bâtiment très varié ; pourtant il a une unité. Il atteint Dieu et il n’est jamais terminé.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • La Conférence Mennonite Mondiale a engagé un premier dialogue officiel avec l’Alliance baptiste mondiale en1989. Depuis, la CMM a entre tenu des conversations avec la Fédération luthérienne mondiale, les adventistes du septième jour, les catholiques et, plus récemment, avec les catholiques et les luthériens dans le cadre d’un dialogue trilatéral de cinq ans. En raison de la valeur de ces dialogues, la Commission Foi et Vie a élaboré ce document pour permettre aux conférences nationales des églises et aux assemblées locales de la CMM de mieux comprendre le fondement théologique de l’hospitalité œcuménique, et pourquoi nous pensons que ces conversations sont conformes aux valeurs anabaptistes. Le document a été approuvé comme ressource pédagogique de la CMM par le Conseil Général de Limuru, au Kenya, en avril 2018. 


    Lorsque nous parlons de l’Église mondiale du Christ dans le contexte de la Conférence Mennonite Mondiale, la première lettre de Paul à l’église de Corinthe apporte un élément de référence utile. Au chapitre 13, qui traite du thème de l’amour, Paul reconnaît que toute connaissance humaine–même chrétienne, théologique ou confessionnelle, est limitée. En faisant de la théologie, nous connaissons seulement « en partie » (1 Corinthiens 13/9), nous voyons la vérité « dans un miroir » (1 Corinthiens 13/12). Notre connaissance et notre capacité à comprendre sont toujours influencées par notre point de vue. Dans la présence éternelle de Dieu, ce sera différent (1 Corinthiens 13/12). Mais pour l’instant, nous devons nous contenter de cela. Dans nos trajectoires d’êtres humains, limitées parle temps, l’espace et nos cinq sens, notre connaissance est toujours partielle et notre compréhension de la Vérité est façonnée par notre contexte et notre point de vue personnel.

    C’est pourquoi nous devons être prévenants, patients, empathiques et, surtout, aimants avec les autres. « Les prophéties, dit Paul, elles seront abolies… Ê présent, nous voyons dans un miroir et de façon confuse…Ma connaissance est limitée, alors, je connaîtrai comme je suis connu. Maintenant donc ces trois-là demeurent : la foi, l’espérance et l’amour. Mais l’amour est le plus grand. » (1 Corinthiens 13/8-13)

    Ainsi, chaque fois que des chrétiens de traditions théologiques différentes se rencontrent et dialoguent, nous devons le faire dans l’esprit des trois grandes vertus chrétiennes qui de meurent. Paul note également qu’en tant que chrétiens nous parlons différentes langues – littéralement et aussi sur le plan de nos identités théologiques, de nos développements historiques et de nos contextes variés. « Il y a je ne sais combien d’espèces de mots dans le monde, écrit Paul, et aucun n’est sans signification. Or, si j’ignore la valeur du mot, je serai un barbare pour celui qui parle, et ce lui qui parle sera pour moi un barbare. » (1 Corinthiens 14/10-11)

    Ce sont de véritables limitations. Mais reconnaître cela peut aussi devenir une expérience libératrice – je suis libre de réaffirmer mon identité et mon point de vue, car « c’est le seul que j’ai ». Mais je suis également libre de reconnaître la possibilité que les autres aient leurs propres compréhensions, leur propre point de vue, leurs propres limites historiques et contextuelles. Et c’est aussi libérateur de savoir que tout cela peut se faire dans l’esprit et le pouvoir de « la foi, l’espérance et l’amour ».

    1. Nous avons besoin d’une identité de confession chrétienne

    On peut déplorer la scission de l’église chrétienne en autant de confessions et de traditions. Mais cette réalité, après 2000 ans de christianisme, n’est pas forcément une mauvaise chose, tant que nous nous souvenons de la prière du Seigneur pour l’unité des chrétiens dans Jean17. En effet, les identités confessionnelles peuvent être utiles et aussi nécessaires :

    1.1. Aucune église ou confession n’est capable de saisir toute la richesse de Dieu; la diversité est essentielle pour construire l’unité. Pour que le corps fonctionne bien, l’œil doit être un œil; l’oreille doit être une oreille; la main doit être une main (1 Corinthiens 12/15-20). Si ces différences sont abolies, le corps ne peut pas survivre.

    1.2. Tout au long de l’histoire, les confessions ont contribué à appliquer la règle de l’Évangile à des situations spécifiques. Par exemple, à une époque où l’église était riche et mêlée à la politique, les franciscains voulaient vivre radicalement les paroles de Jésus dans le Sermon sur la montagne. Ê une époque où certains chrétiens payaient pour le pardon des péchés, Luther a redécouvert l’Évangile de la grâce gratuite. Les anabaptistes ont osé insister sur la pratique biblique du baptême volontaire et de la non-violence, rompant avec le statu quo adopté par les églises d’État catholiques et protestantes, même au prix de sévères persécutions et d’exils. Les méthodistes ont surgi à une époque où un réveil était grandement nécessaire; et les pentecôtistes sont apparus dans un contexte de discrimination raciale et de rigidité institutionnelle.

    1.3. Les confessions chrétiennes apportent des correctifs : à ses débuts, chaque confession a émergé pour corriger des problèmes spirituels ou éthiques dans l’église. C’est pourquoi les confessions doivent rester flexibles. Ce qui était vrai et nécessaire à un moment donné peut devenir mauvais et inutile dans un contexte historique ou culturel différent. C’est arrivé au peuple d’Israël avec le serpent d’airain : un symbole du salut pendant un temps qui deviendra plus tard un objet d’idolâtrie. C’est pourquoi les confessions doivent être ouvertes au renouveau – pour corriger ce qui ne va pas et aborder les éventuels manques bibliques – si elles veulent rester fidèles à l’esprit de leurs mères et de leurs pères fondateurs.

    1.4. Chaque confession est porteuse de dons et de grâces spécifiques qui doivent être partagés au bénéfice de tous. Le « banquet » chrétien interconfessionnel est un véritable et merveilleux cadeau pour l’Église mondiale parce que nous pouvons apprendre tellement les uns des autres : l’érudition des jésuites, par exemple, ou le style de vie simple des franciscains ; le mysticisme centré sur le Christ de Meister Eckhart, de Jean de la Croix et de Gerhard Tersteegen ; le zèle pour la mission, l’éducation chrétienne et la spiritualité des piétistes ; le biblisme, la non-violence et les convictions de l’église des croyants anabaptistes ; sola fide, sola gratia et sola scriptura des luthériens ; la souveraineté et la gloire de Dieu de la tradition calviniste ; la « méthode » chrétienne des méthodistes ; l’évangélisation personnelle des baptistes ; le discernement communautaire des quakers ; la simplicité des amish ; la dimension transcendantale du pouvoir divin des pentecôtistes ; le royaume « inversé » des communautés latino-américaines, etc.

    Par conséquent, ce n’est pas l’uniformité, mais la diversité qui contribue à l’édification du corps unique du Christ (Éphésiens 4/1-16).

    2. Nous avons besoin d’une œcuménicité centrée sur le Christ

    Les églises et les confessions ne doivent pas rester seules et isolées les unes des autres. Elles ont besoin de l’hospitalité et du dialogue interéglises.

    2.1. Les églises devraient célébrer le corps unique du Christ. Éphésiens4/4-6 nous rappelle qu’il n’y a qu’un seul Esprit, un seul espoir, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême et un seul Père divin. Quand le Christ reviendra, les gens de « toutes les nations, tribus, peuples et langues » s’uniront pour former une communauté de louanges pour l’accueillir (Apocalypse 7/9). D’autres passages des Écritures affirment qu’il n’y a qu’une seule « épouse de l’Agneau » (Apocalypse 19,7), un « peuple de Dieu » (1 Pierre 2/9-10), une «famille spirituelle » (Galates 6/10), un «corps du Christ » (Romains 12/5), un « royaume des cieux » (Matthieu 16/19). Au-delà là de l’histoire des confessions chrétiennes, l’Église est une unité existentielle unie par sa rédemption dans le Dieu trinitaire.

    2.2. Cela signifie qu’en tant qu’enfants de Dieu, nous sommes tous « frères et sœurs » . Éphésiens 3/14-15 nous informe que notre parenté commune avec Dieu fait de nous une famille. Le dicton « vous pouvez choisir vos amis, mais vous ne pouvez pas choisir votre famille » est valable pour les relations interéglises : quiconque appartient à Christ est mon frère ou ma sœur. D’un point de vue éternel, il n’y a pas de « cousins germains », de « cousins au second degré » ou de « parents éloignés » dans la « maison de Dieu ».

    2.3. Des églises et des traditions distinctes peuvent potentiellement se compléter. Romains 12/4-5 et 1 Corinthiens12/12-20 insistent sur le fait que les membres d’un même corps sont différents, mais que leur diversité permet au corps de fonctionner comme il se doit. Bien s√ªr, tous les membres ne sont pas égaux par leur nature et leur fonction : une tête coordonne un travail divin. Pourtant, pour que le corps fonctionne, les différences entre les membres sont essentielles. Personne ne peut négliger un autre membre du corps de Christ comme s’il pouvait se passer de lui. Personne ne possède tous les dons nécessaires. Le corps est bien plus qu’une oreille, une bouche ou des yeux. C’est vrai aussi bien pour l’église locale que pour le parcours commun de différentes traditions chrétiennes.

    2.4. Les églises sont appelées à s’entraider et à se construire l’une l’autre. Les membres faible sont besoin des forts ; et il y a des moments où la faiblesse ou la vulnérabilité d’un membre du corps révèle le caractère du Christ. Comme l’écrit Paul, « même les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont nécessaires, et ceux que nous tenons pour les moins honorables, c’est à eux que nous faisons le plus d’honneur. » (1 Corinthiens 12/22-23)

    Conclusion

    Dans la famille de Dieu (ecumene), nous devons être prêts à vivre une « diversité réconciliée » , en étant à la fois courageux en revendiquant l’héritage et la contribution de notre confession, et humbles en reconnaissant que notre compréhension est limitée.

    Toute vérité que Dieu a placée dans les différentes confessions et leur histoire doit être entendue, préservée et articulée. Les minorités ne devraient pas être dominées par les majorités. Alors même que nous reconnaissons la diversité comme saine, il y a aussi un besoin d’humilité. Dans nos histoires confessionnelles spécifiques, tout n’est pas bon, biblique et agréable à Dieu. De nombreuses divisions auraient pu être évitées. Maintes mémoires doivent être guéries. De nombreuses condamnations appellent à la repentance et à la réconciliation. Les péchés et les erreurs du passé doivent être confessés et pardonnés. Après tout, l’Église a reçu le ministère de la réconciliation (2 Corinthiens 5/18-19). Et si notre témoignage veut être crédible pour le monde qui regarde, le travail de réconciliation doit commencer dans la « maison de Dieu » (Ephésiens 2/19). S’engager pour le ministère de réconciliation prendra sans doute plusieurs formes. Dans certains cas, cela peut signifier une unité complète et formelle dans tous les aspects de la vie d’église ; avec d’autres groupes, il peut s’agir simplement d’une unité fonctionnelle, dans laquelle nous acceptons de collaborer sur un nombre limité d’initiatives. Mais dans tous les cas, notre orientation ecclésiale ira dans le sens de la réconciliation plutôt que dans celui d’une identité ancrée principalement dans nos différences.

    Alfred Neufeld Friesen d’Asunción(Paraguay), est président de la Commission Foi et Vie de la CMM, et ancien de l’Église des frères mennonites. Il est président de l’Universidad Evangélica del Paraguay (université protestante) (au moment de la rédaction de cet article).


    «Œcuménicité» est compris ici comme une tendance et une bonne volonté à l’égard du dialogue et de la coopération avec les autres confessions chrétiennes ou traditions d’église. Le mot « œcuménicité » provient du grec oikos (maison) et menein (habiter) et équivaut à « l’entière famille chrétienne qui habite dans la maison de Dieu. »

    1 Corinthiens 13/12 : « dans un miroir » – signifie littéralement « comme une énigme » du grec ainigmati.



    23 juillet 1955–24 juin 2020  

    La Conférence Mennonite Mondiale (CMM) a perdu Alfred Neufeld Friesen, auteur prolifique, théologien, historien, enseignant et grande influence dans le domaine de la théologie anabaptiste au niveau mondial. Il est décédé le 24 juin 2020 à Münster, en Allemagne où il était hospitalisé pour un cancer du foie et des problèmes rénaux.