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  • Mercredi matin

    Il y a toujours eu deux principaux modes d’apprentissage : académique et expérientiel. La plupart d’entre nous ont un penchant pour l’un ou pour l’autre, mais la réalité est que les deux sont nécessaires à l’apprentissage. La connaissance n’est pas très utile si elle n’est pas appliquée. D’un autre côté, il est souvent inutile et contre-productif de mettre en œuvre quelque chose sans recherche préalable. Diverses perspectives peuvent se comprendre [différemment] dans de multiples contextes, qu’il s’agisse de notre famille anabaptiste mondiale, du corps mondial du Christ ou de notre société multiculturelle plus large. Notre capacité à apprendre de quelqu’un n’est limitée que par notre capacité à voir l’image de Dieu en chaque personne et en étant ouvert à l’Esprit du Christ en nous qui peut nous former en utilisant toute personne ou situation – aussi différente, inconfortable ou peu agréable qu’elles soient. Lorsque nous réfléchissons au fait d’apprendre ensemble en tant que famille anabaptiste mondiale, quatre qualités essentielles dont Jésus a fait preuve nous viennent à l’esprit : l’humilité, l’intégrité, le discernement et la responsabilité.

    L’humilité et l’intégrité

    L’humilité et l’intégrité sont toutes deux liées à notre identité en Christ. Le Psaume 119 commence par : « Heureux ceux dont la conduite est intègre et qui suivent la Loi du Seigneur. ». Si nous savons qui nous sommes, c’est-à-dire les enfants bienaimés du Père sauvés par la grâce par la foi, nous sommes capables d’engager des conversations en étant ouverts à des perspectives diverses, humblement et sans orgueil ou être sur la défensive. Savoir qui nous sommes et à qui nous appartenons nous rend confiants que nous pouvons agir avec intégrité dans des contextes divers.

    Jésus est clair : si nous demeurons en lui, nous ferons ce qu’il commande et nos vies le montreront. Plus nous savons qui nous sommes et qui nous suivons, moins les gens sont surpris par notre comportement, et ils sont obligés de faire un choix en réponse. De même, Jésus connaissait son identité de Fils de Dieu et son appel dès son plus jeune âge, ce qui a déterminé ses priorités, son ministère et les réactions des gens à son égard.

    Pour répondre à notre propre vocation de prêtres et d’ambassadeurs de Dieu, nous devons savoir qui nous sommes par rapport à notre Père. Lorsque nous sommes assurés de l’amour et du pardon de notre Père, nous sommes libres d’aimer et de pardonner sans conditions. Jésus savait qu’il était le Fils bien-aimé de Dieu et pourtant il est venu pour servir et non pour être servi. Nous pouvons vivre avec cette même identité de filiation divine et de servitude.

    Le discernement

    Le discernement n’a pas tant d’éclat, mais j’ai réalisé récemment que cela devient de plus en plus important pour l’Église, avec toutes les informations qui nous inondent – à la fois vraies et fausses. Comment, au milieu de la clameur des voix des médias dans le monde, allons-nous apprendre des autres tout en discernant et en témoignant de ce qui est vrai et authentique ?

    Un pasteur a récemment redéfini pour moi ce qu’était le discernement en le basant sur l’identification de la source : le monde, la chair, Satan ou l’Esprit. Notre capacité à le faire ne vient que de l’Esprit. Un passage de l’Écriture qui illustre cela est 1 Corinthiens 2 : « car l’Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu…. Pour nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous puissions connaitre les dons de la grâce de Dieu. …. L’homme spirituel juge de tout…. Or nous, nous avons la pensée du Christ. »

    L’une des choses les plus difficiles est d’apprendre à faire confiance à l’expérience de Dieu de quelqu’un d’autre. Les chrétiens vivent leur relation avec Dieu de manières très diverses donc leur discernent de la direction et les conseils de Dieu dans leur vie est aussi divers. Parfois, nous évaluons ce qu’apprennent les autres comme si nousmêmes apprenions toujours directement de Dieu. Mais ce que nous apprenons des autres ne vient pas toujours de Dieu ou n’est pas basé sur la Parole de Dieu. Cela doit être discerné par l’Esprit, avec qui nous devrions toujours tester tout ce que nous recevons (1 Jean 4/1, 1 Thessaloniciens 5/21) – qu’il s’agisse de prophéties, d’enseignements ou d’expériences – et l’évaluer par rapport à la Parole de Dieu.

    La responsabilité

    La responsabilité qui vient avec l’apprentissage est dangereux. C’est un principe du Royaume que la connaissance et les bénédictions s’accompagnent de la responsabilité de bien les gérer devant Dieu. « Ê qui on a beaucoup donné, on redemandera beaucoup ; qui on a beaucoup confié, on réclamera davantage. » (Luc 12/48).

    C’est là que réside le danger d’un apprentissage unilatéral : acquérir des connaissances sans les mettre en pratique. Cela s’applique particulièrement aux occidentaux et à ceux d’entre nous qui ont grandi dans des contextes chrétiens. Cependant avoir moins de connaissances n’exonère pas de sa responsabilité. Dans la culture où je vis Il y a tellement de ressources disponibles : des livres aux conférences, en passant par le contenu des réseaux sociaux, les retraites personnelles ou les groupes divers – quoi que vous vouliez, vous pouvez le trouver. Je me demande parfois ce qui arriverait à l’Église en Occident si tout cela disparaissait. S’il ne nous restait que la Parole de Dieu, le monde créé et le peuple de Dieu dirigé par l’Esprit de Dieu : cela nous suffirait-il pour apprendre ?

    Je ne dis pas que nous devons ignorer toutes les ressources disponibles, mais ma préoccupation, lorsque j’évalue ma propre vie, est la facilité avec laquelle je peux me tourner vers d’autres sources de croissance et de connaissance que la véritable Source. Et plus important encore : que fais-je avec tout ce que j’ai appris et obtenu ?

    C’est le défi que je vous lance, chers frères et sœurs, en ces temps tumultueux, ainsi qu’il est écrit dans Éphésiens : « Nous ne serons plus des enfants, ballottés, menés à la dérive, à tout vent de doctrine, joués par les hommes et leur astuce à nous fourvoyer dans l’erreur. Mais confessant la vérité dans l’amour, nous grandirons à tous égards vers celui qui est la tête, Christ. » (Éphésiens 4/14-15). Alors que nous nous transformons continuellement à l’image de Christ, puisse notre capacité à apprendre ensemble en toute humilité et intégrité nous conduisent à un plus grand discernement par l’Esprit pour connaître la vérité et montrer ce que cela signifie dans notre vie.

    C’est le royaume que Jésus a initié, et c’est notre vocation en tant que corps du Christ : le rendre concret pour que le monde le voie.

    —Larissa Swartz est présidente du comité des jeunes anabaptistes (YAB) (2015- 2022). Actuellement, elle est en transition vers New York pour faire partie d’un mouvement d’églises de maison.

    Apprendere Ensemble – Plénière du matin: 6 juillet 2022


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Mercredi matin

    Apprendre ensemble à discerner la volonté de Dieu : les premiers chrétiens, dès l’origine, ont été confrontés à ce défi. En effet, ‘apprendre ensemble à discerner la volonté de Dieu’ n’est pas un vœu pieux ! Ce n’est pas un processus confortable. En fait, c’est le grand défi de la vie chrétienne, de nos vies personnelles comme celles de nos assemblées, de nos églises locales.

    Pour réfléchir à ce défi, je vous propose de revenir à un moment fondamental, un moment originel : le moment où les disciples ont été appelés chrétiens (en Actes 11, 26) : « Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. »

    Or, grande a été ma surprise de constater que la lecture et la méditation de cet épisode de l’histoire de l’église venait me déplacer, me déloger de ce que je croyais connaître. Ce déplacement a été de constater que le moment où le nom de chrétien a été donné était tout sauf… un moment idyllique, idéal, pour les croyants. Ce n’est pas tant le contexte de persécution, de « détresse » est-il écrit, qui était la menace la plus dangereuse pour l’église chrétienne naissante. Non, le plus étonnant pour moi était de voir que ce moment si beau, ce moment où l’on reçoit un « nom », de plus un nom qui contient celui du Christ, correspond en réalité à un épisode où la plus grande menace pour les nouveaux croyants est celle de la division, de la division interne.

    En effet, d’un côté, il y a la communauté de Jérusalem, la communauté-mère, plus « ancienne » et de culture juive. De l’autre côté, il y a la communauté d’Antioche, de culture grecque, communauté plus jeune, plus dynamique, avec davantage de croissance et de fruits visibles ! Donc d’un côté il y a ceux qui annoncent la Parole uniquement aux juifs, et de l’autre, ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle aux païens, aux grecs.

    Deux styles : les anciens, proches de la tradition ; les jeunes, plus inventifs et libres sans doute !

    Deux manières d’être et deux projets d’évangélisation. Dans cette situation, comment continuer à apprendre ensemble ? Comment discerner ensemble la volonté de Dieu ?

    Dès l’origine, les premiers chrétiens ont été confrontés, douloureusement, à ce défi. Nous pouvons transposer cela pour nous aujourd’hui : qu’y a-t-il de commun entre les mennonites de la vieille Europe qui a connu les débuts de l’anabaptisme et les mennonites d’autres continents, aux églises plus jeunes et dynamiques ?

    Mais revenons à notre histoire des Actes des Apôtres : pour quelles raisons ce schisme n’a pas eu lieu, en tout cas pas à ce moment-là, alors que tous les ingrédients de la division étaient présents ? Quelles ont été les étapes du processus de discernement ?

    Tout d’abord, on peut remarquer que l’église-mère (celle de Jérusalem) fait le choix d’envoyer un homme, Barnabas, qui n’est pas un homme de premier plan, en tout cas à ce moment-là. C’est l’attitude de cet homme qui est déterminante et qui va rendre possible un lien d’unité : « A son arrivée, lorsqu’il vit la grâce de Dieu, il se réjouit et les encouragea » (v. 23).

    Ainsi, Barnabas commence par prendre le temps de regarder, non pas avec un regard de jugement, mais un regard d’émerveillement. Il n’a pas peur de la nouveauté ! Sans doute aurait-il pu être jaloux devant la croissance de cette nouvelle communauté, sans doute a-t-il vu (assez justement sinon Jérusalem ne l’aurait pas envoyé !) tous les risques que cette jeune communauté dynamique courait, toutes les dérives possibles… Mais son premier regard est un regard d’émerveillement devant ce que vit l’autre, une action de grâce pour les fruits que portent les autres.

    Telle est la première étape de ce processus : avoir un regard de bonté et admirer ce qu’il y a de bon en l’autre, dans l’église de l’autre. Nos relations entre pays et cultures différents ne changeraientelles pas si nous osions nous émerveiller devant l’autre ? Les occidentaux sont-ils prêts à admirer ce qui se fait ailleurs et à apprendre des autres ? Sommes-nous prêts à cette conversion du regard ?

    Encore une fois, revenons à notre histoire ! Barnabas n’est pas dans un optimisme béat devant ce qui porte du fruit ! La vraie bienveillance, la vraie bonté, n’excluent pas le travail de la vérité qui rend les choses solides. C’est ainsi que dans un deuxième temps, Barnabas prend l’initiative d’aller chercher Paul et de le ramener à Antioche pour qu’à deux ils enseignent pendant un an cette jeune et nouvelle communauté.

    Mais il y a un petit détail, qui, en fait, n’en n’est pas un : Paul et Barnabé ne sont pas seulement dans une posture d’enseignants. Il nous est dit qu’ils « participaient aux réunions de l’église » (v. 26). Ils n’ont pas peur d’être « un parmi d’autres », d’être à égalité, dans une relation de réciprocité où tout le monde peut prend part à la conversation. Cela se fait dans la durée (une année) qui permet de tisser des liens et de connaître la situation de l’intérieur. Telle est la seconde étape du processus.

    Revenons à la jeune église, Antioche. Elle n’a donc pas peur de recevoir un homme envoyé par l’église-mère, d’accepter de se laisser enseigner par une personne issue d’une communauté beaucoup moins dynamique, portant apparemment moins de fruits. Elle n’a pas peur de se recevoir d’autres. Mais l’histoire n’est pas finie : la jeune église, à son tour, va prendre soin de l’église mère : lors d’une famine, elle organise une collecte et envoie de l’argent en Judée (cf. vv. 27-30). Il y a vraiment réciprocité dans ce soin concret les uns des autres !

    Le moment où les croyants reçoivent le beau nom de chrétiens est donc ce moment où ils acceptent de ne pas rester dans leur manière de voir en fonction uniquement de leur ethnie, de leur culture, de la réalité locale. « Apprendre ensemble » c’est prendre le risque de traverser des frontières, parce que nous appartenons à un seul et même corps, parce que « nous sommes membres les uns des autres » (Romains 12, 5). Nous sommes de la même chair, celle du Corps du Christ.

    —Anne-Cathy Graber est pasteure évangélique mennonite et célibataire consacre dans la Communauté du Chemin Neuf en Paris, France. Elle est membre de la Commission Foi et Vie de la CMM et leur représentante auprès du Forum Chrétien Mondial et de la Commission de Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises. Elle est membre de l’église évangélique Mennonite de Chatenay-Malabry, Paris, France.

    Apprendere Ensemble – Plénière du matin: 6 juillet 2022


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.

     

  • Mercredi soir

    Êl’âge de 17 ans, mon grandpère a été obligé de se battre pendant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque j’ai commencé à parler de mon projet d’étudier la paix et la théologie de la paix, il s’est un peu énervé. Il m’a dit : « Vous voulez parler de paix et de guerre, mais vous ne savez pas de quoi vous parlez ! Quand la guerre arrive, personne n’a le choix. Il n’y a rien à faire ! » Ê cette époque, je pensais que ce qui manquait à l’Europe occidentale pendant la Seconde Guerre mondiale, c’était une bonne théologie de la paix. Ce que nous avons maintenant, donc tout ira bien. C’est du moins ce que je pensais.

    Il y a quelques mois (et environ 80 ans après la Seconde Guerre mondiale), la guerre a éclaté en Ukraine. Et tandis que nos frères et sœurs en Ukraine font face aux horreurs de la guerre, de nombreux mennonites d’Europe occidentale sont choqués par la proximité et la réalité de la guerre. Nos nombreuses années de bonne théologie de la paix sont oubliées. Nous ressentons à nouveau ce que mon grandpère ressentait : « Il n’y a rien à faire ». Soudain, pour de nombreux chrétiens pacifistes, la seule option possible est l’engagement violent. Nous affirmions la non-violence lorsque notre contexte était pacifique, mais face à la guerre, nous considérons la résistance non-violente comme naïve et irréaliste. Nous avons beaucoup de bons théologiens de la paix, mais ce qu’ils disaient est devenu caduc. Aujourd’hui, nous avons peur que la guerre n’envahisse l’Europe. Alors tout à coup, notre théologie et nos croyances semblent obsolètes. Une tempête s’est abattue sur l’Europe, et nos convictions se sont effondrées. Les tempêtes ont tendance à faire cela : elles brisent ce que nous pensions être solide et fort.

    Le passage biblique que nous avons lu est la conclusion du Sermon sur la Montagne. Ce sermon est un recueil d’enseignements de Jésus, adressés à des personnes vivant dans des temps difficiles. Ê l’époque, la Palestine était sous occupation romaine et les Juifs luttaient sous l’oppression d’un régime violent. Les lourds impôts, le travail forcé et les abus sexuels faisaient partie de leur quotidien. Pourtant, Jésus les appelle, eux, le peuple opprimé par la Rome impériale, à aimer collectivement leurs ennemis et à ne pas résister à celui qui fait le mal. Et il les prévient que cela sera très difficile, et qu’ils risquent de le payer de leur vie.
    Curieusement, les foules semblent apprécier ce qu’elles entendent. « Oh la la, Jésus a vraiment beaucoup de charisme, voyez comment il enseigne ! Quelle autorité ! » Jésus sait probablement que beaucoup de ses auditeurs sont simplement curieux. Ils sont là pour voir de quoi il retourne, pour écouter, discuter, commenter… et ils ne vont pas agir en fonction de ses enseignements ou les mettre en pratique. Mais une tempête se prépare et elle va mettre à l’épreuve toutes leurs idées et leurs croyances. Pour les gens assis sur la montagne et qui écoutent Jésus, la guerre avec Rome est sur le point de s’aggraver. Pour les lecteurs de Matthieu, la persécution va frapper ceux qui décident de suivre la voie du Christ. Et ces tempêtes vont briser certaines opinions et croyances qui semblaient si solides.

    Cependant, il existe un moyen pour les croyances de survivre à la tempête. Jésus parle de deux maisons, l’une construite sur le roc, l’autre sur le sable. La tempête est venue pour les deux. « La pluie est tombée, les torrents ont débordé, la tempête s’est abattue sur cette maison », mais une maison s’est écroulée et pas l’autre. La différence entre les deux maisons est leurs fondations. Les fondations de la maison ne sont pas la foi en Jésus ou non. Jésus nous dit que les fondations sur le roc sont la mise en pratique de ses paroles.

    Dans l’histoire qu’il raconte, les deux hommes ont entendu les paroles de Jésus, mais seul le sage les a mises en pratique. C’est le fait de mettre en pratique les paroles de Jésus, encore et encore, jour après jour, qui nous prépare à la tempête. Car la tempête viendra de toute façon. Il n’y a qu’un seul moyen pour tenir bon dans la tempête : la pratique ! S’entraîner à aimer ses ennemis, s’entraîner à la résistance non violente, s’entraîner à désarmer l’oppresseur sans le blesser. C’est quelque chose que nous pouvons pratiquer tous ensemble.

    Si nous mettons en pratique ensemble, nous apprenons ensemble. Avant d’être pasteure, j’étais ergothérapeute. L’idée centrale de l’ergothérapie est que le cerveau et le corps apprennent en faisant. Lorsque nous faisons quelque chose de nouveau, les neurones de notre corps se connectent de manière nouvelle. Lorsque nous répétons et pratiquons, les connexions se renforcent. Après un certain temps, nous pouvons faire cette nouvelle chose dans différentes situations, sans avoir à y penser.

    Lorsque nous pratiquons quelque chose, nous l’apprenons. Cela veut aussi dire que si nous voulons apprendre quelque chose, nous devons le mettre en pratique. En théorie, je crois que je pourrais courir un marathon. Mais je ne pourrai le faire que si je m’entraîne à courir. C’est pareil si nous voulons être des vrais témoins de paix, ou si nous voulons résister sans violence. En Europe occidentale, lorsque nous, mennonites, parlons de la paix, nous passons beaucoup de temps à parler de la façon dont on devrait agir dans différentes situations. Et la plupart du temps, c’est tout ce que nous faisons. Et quand la guerre arrive, tout à coup nous devons commencer à mettre en pratique ce dont nous avons discuté. Sauf que le milieu de la tempête n’est pas le bon moment pour apprendre comment agir.

    N’attendez pas la tempête pour savoir si vos fondations sont solides. Assurezvous qu’elles le soient. Comment ? Avec la pratique ! Les mennonites ont l’habitude d’entendre des appels à la résistance non-violente lors des Assemblées.

    Lors de l’Assemblée de la CMM à Amsterdam en 1967, Vincent Harding a appelé les mennonites à se joindre à nos sœurs et frères noirs dans la lutte pour la liberté, à se joindre aux nombreux mouvements révolutionnaires dans le monde.

    Lors de l’Assemblée de 1984 à Strasbourg, Ron Sider a exhorté l’Église à monter et former une équipe hautement qualifiée pour le travail de paix – ce qui a donné lieu à la création des Community Peacemaker Teams.

    Mais la plupart d’entre nous sont restés sur la touche, là où la vie est plus confortable. Dans une jolie petite maison sur la plage.

    Ê quoi ça ressemble de pratiquer l’amour de l’ennemi au niveau collectif, à notre époque et dans nos pays ? Cela peut très bien ressembler à la résistance non-violente à la guerre. Peut-être que les mennonites pourraient se préparer à la résistance à la guerre avec un ‘contre-service militaire’, comme un camp d’entraînement à la résistance non-violente. Les nations se préparent à la guerre par le service militaire. Il existe des formations de secourisme pour les soins de santé d’urgence. Il est peut-être temps pour nous de créer une formation généralisée pour que les gens d’église ordinaires apprennent et pratiquent les bases de la résistance civile.

    Certaines personnes s’engagent et s’engageront toute leur vie dans la construction non-violente de la paix, et nous avons énormément besoin de ce genre de personnes. Mais nous avons également besoin d’une base de pratique pour l’ensemble de l’église.

    Dans la majeure partie de l’Europe, nous avons plus d’expérience en matière de discussion et de débat que d’activisme, de résistance à la guerre, de révolution ou de changement social. Nous avons besoin de l’aide de l’église mondiale si nous voulons mettre le pied dans le domaine de la pratique. Nous savons que nous avons des frères et des sœurs qui ont de l’expérience dans la résistance non violente. S’il vous plaît, formez-nous. Pratiquez avec nous. Pour que nous puissions apprendre ensemble. C’est ainsi que nous tiendrons bon lorsque les tempêtes arriveront.

    —Salomé Haldemann a une formation d’ergothérapeute et une maîtrise en théologie et paix à Anabaptist Mennonite Biblical Seminary, Elkhart, Indiana, USA. Elle fait son stage comme pasteure de l’Eglise Evangélique Mennonite de Béthel, Neuf-Brisach, France.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Mardi soir

    Jésus est épuisé, probablement frustré ! Il vient de décider d’avoir une retraite avec ses disciples, mais des foules bruyantes se mettent en travers de son chemin. Ainsi, il passe une journée entière à enseigner, et à organiser un repas pour 5 000 personnes.

    Vient ensuite une nuit de prière, puis une traversée de la mer de Galilée. Il voit ses disciples lutter contre le vent. Son désir est de passer devant eux et de révéler son identité divine, mais les disciples passent complètement à côté de l’essentiel. Alors, il calme miraculeusement la tempête, et il soupire : ils ne comprennent rien !

    Vient ensuite une confrontation houleuse avec des chefs religieux bornés et une conversation décevante avec des disciples obtus (les paroles de Jésus, pas les miennes !).

    Il a besoin d’une pause. Alors, il se dirige vers la station balnéaire la plus proche sur la côte méditerranéenne – un peu comme une station balnéaire sur la côte californienne, ou Bali, ou Tenerife ou Rio. Encore une fois, ses plans sont déjoués : (je cite) « Il ne voulait pas que quiconque le sache ; pourtant il ne pouvait pas garder sa présence secrète ! »

    Avez-vous remarqué comment les aspects humains et divins de Jésus s’entremêlent dans ce passage de l’Évangile de Marc ? Jésus multiplie miraculeusement les pains, marche sur l’eau, s’identifie comme ‘JE SUIS’. Et pourtant, il est fatigué, frustré, incapable de réaliser des plans soigneusement élaborés.

    ‘Jésus est le centre de notre foi.’

    • le Jésus humain, qui a appris, vécu, servi, souffert et connu toutes sortes de limitations humaines, comme nous tous.
    • le Jésus divin, qui existe de toute éternité comme deuxième personne de la Trinité, créateur du ciel et de la terre, digne de tout honneur et d’adoration comme DIEU !

    Ce ‘Jésus divin-humain’ est le centre de notre foi.

    L’Église fidèle a toujours confessé que Jésus est pleinement humain et pleinement divin. C’est ce mystère que nous appelons ‘l’Incarnation’ : Dieu devenant une personne humaine, unissant éternellement divinité et humanité dans la personne de Jésus.

    L’Incarnation est l’histoire de celui qui a franchi la plus grande barrière de l’histoire de l’univers. En Jésus, la barrière a été franchie entre l’éternité et le temps, l’esprit et la matière, le Créateur et la création. Et à cause de cela, nous pouvons être sûrs que l’immense barrière qui sépare encore Dieu et le peuple fidèle de Dieu disparaîtra un jour pour toujours.

    Après ce grand événement que nous appelons ‘Incarnation’, Jésus a continué à franchir des barrières : entre riche et pauvre, puissant et faible, homme et femme, sacré et profane, pur et impur, Juif et Gentil.

    Jésus étant pleinement divin et pleinement humain, il est bon d’explorer les récits évangéliques avec deux questions à l’esprit :

    1. Que nous révèle Jésus, le Jésus incarné, Dieu dans la chair, sur la nature de Dieu ? et,

    2. Que nous révèle Jésus, le Jésus pleinement humain, sur ce que devrait être notre relation avec Dieu et les uns avec les autres ?

    Dans de nombreux textes, les aspects divins de Jésus semblent passer au premier plan. Dans le texte de Marc sur Jésus et la femme syrophénicienne, les aspects humains transparaissent assez clairement.

    Dieu incarné ne peut pas même garder sa présence secrète. Une femme se présente – une candidate très improbable pour que l’exercice du ministère de Jésus. Une femme non juive, une Syro-phénicienne ; son équivalent biblique le plus proche serait la reine Jézabel ! Cela ne plait pas à Jésus. Et si nous ne prêtons pas vraiment attention, il semble que Jésus l’insulte ! « Quoi ? Jeter de la bonne nourriture à un chien ? Certainement pas ! »

    Attendez une minute ! Que se passet-il ? Est-ce vraiment Jésus qui parle ?

    Si c’est tout ce que nous entendons, nous n’écoutons pas attentivement. Il est vrai que les juifs appelaient parfois les nonjuifs ‘des chiens’ ! (kunes). Pas les animaux domestiques, ceux qui sont sauvages, impurs, les chiens errants. Ici, Jésus utilise un mot différent ! Si votre traduction ne le montre pas de manière évidente, vérifiez les notes de bas de page. Il utilise le mot kunaria, (chiots), des « mignons petits chiots », ceux qui sont domestiqués et qui vivent avec « les enfants » qui mangent à table. Le texte devient déjà assez différent, n’est-ce pas ? Et notez que Jésus ne l’appelle pas réellement un chiot : il utilise une métaphore ! Et avezvous remarqué qu’en anglais on utilise le mot ‘kid’ pour parler des enfants, ce qui signifie petites chèvres et qu’on utilise couramment pour parler des enfants !

    La métaphore de Jésus n’est pas conçue pour être offensante, pas plus que la mienne ne l’est. Il ne la rabaisse pas. Il sait qu’un jour les non-juifs seront des partenaires à part entière avec les juifs dans le peuple de Dieu.

    Dans ce texte, le vrai problème n’est pas que Jésus parle de chiots, c’est que Jésus rejette sa demande ! « Je suis en vacances ! Ce n’est pas le bon moment. Désolé, votre demande est refusée ! » Mais encore une fois, écoutons plus attentivement :« D’abord, laissez les enfants manger à leur faim. »

    l dit « Pas encore ! » Certaines choses doivent arriver avant ! Jésus connaît le plan divin pour le salut du monde : « D’abord les juifs, puis les non-juifs. D’abord la bénédiction pour Abraham et ses descendants, puis à travers eux le reste du monde. Jésus est venu sauver le monde entier ! C’est pourquoi il commence par Israël, recrutant et formant ceux qu’il chargera de répandre la bonne nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre !

    Et cette femme courageuse, persistante et pleine de foi est d’accord ! « Oui ! Oui Seigneur ! D’abord, les enfants. Alors, je ne demande pas une place à table… pas encore. Je vais juste attendre qu’une petite miette tombe de la table maintenant déjà. C’est tout ce dont j’ai besoin. Sa réponse intelligente et manifestant une grande foi suffit à faire changer d’avis Jésus.

    Martin Luther l’a formulé ainsi : « Derrière le « non » de Jésus, elle a entendu le « oui » secret de Dieu.

    Jésus n’est pas venu à Tyr pour exercer son ministère, mais c’est ce qu’il finit par faire. Jésus a des projets précis, mais il change d’avis. Ou peut-être devrionsnous dire qu’elle change son avis à lui.

    En fait, elle fait même plus que cela. Elle devient l’instrument par lequel Jésus apprend ce que sera la ‘prochaine étape’ à franchir pour faire la volonté de son Père.

    Pourquoi cela devrait-il nous surprendre ? Il nous montre comment répondre aux besoins des autres – d’autres que Dieu utilise souvent pour nous aider à découvrir notre propre vocation. Jésus nous montre à quoi devrait ressembler notre humanité rachetée. En même temps, il est l’image de Dieu : il entend les cris suppliants de ceux qui sont dans le besoin, il brise les barrières pour répondre à tous avec générosité.

    Puissions-nous apprendre de Jésus qui est vraiment Dieu, qui a préparé un plan pour sauver le monde, travaille au-delà du temps et de l’espace pour amener ce plan à son accomplissement glorieux et déverse sa grâce sur chacun tout au long du chemin. Puissions-nous apprendre de Jésus ce que nous sommes appelés à être, des ‘franchisseurs de barrières’ qui transmettent la grâce de Dieu aux autres. Et puissions-nous apprendre de la femme syro-phénicienne le courage de franchir les barrières, de tendre la main avec une foi courageuse pour être en contact avec le cœur de Jésus, le Jésus divin-humain, qui est le centre de notre foi.

    Et que tout ce que nous ferons ensemble au cours de ces quatre prochains jours – écouter, prier, chanter, louer et célébrer la diversité de la famille de Dieu – nous donne un aperçu de ce que Jésus fait parmi nous et dans le monde qu’il est venu sauver.

    —Tim Geddert est professeur de Nouveau Testament à l’université Fresno Pacific University (Biblical Seminary) à Fresno, Californie, ÉtatsUnis. Il est membre de l’église North Fresno Mennonite Brethren Church, Californie, États-Unis.

    Culte D’ouverture & Louanges – 5 juillet 2022


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Suivre Jésus ensemble à travers les frontières

    Les assemblées mondiales de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM) sont l’équivalent des réunions dominicales des paroisses locales.

    Dans la liturgie, nous déclarons la souveraineté du Christ sur notre église mondiale, défiant le nationalisme, le racisme et d’autres fausses idéologies qui nous demandent de notre soumission.

    Grâce aux enseignements, aux ateliers et aux messages, nous affirmons notre identité anabaptiste et nous contribuons à former l’identité de nos églises en les exposant à différentes perspectives et à des accents bibliques développés dans le contexte de nombreuses cultures différentes.

    Lors des activités informelles, nous valorisons chaque individu et sa communauté, nous partageons les dons que nous avons reçus et nous nous enrichissons mutuellement par de nouvelles relations.

    Pendant les moments de prière, nous soutenons ceux qui sont confrontés à la persécution, à la violence, à l’extrême pauvreté et aux catastrophes naturelles.

    Nous découvrons que nous ne sommes pas seuls, que nous sommes un organisme vivant et que nous faisons partie du corps du Christ.

    Ce ne sont là que quelques-unes des raisons pour lesquelles les Assemblées de la CMM sont une part essentielle de notre communauté mondiale depuis des décennies. En 2022, nous avons célébré la deuxième Assemblée mondiale ayant lieu en Asie, et la 17e depuis la création de la CMM en 1925.

    Lorsque nous avons commencé à planifier la 17e Assemblée, nous n’avions jamais imaginé l’ampleur des obstacles que nous aurions à franchir. Indonésie 2022 restera dans l’histoire comme l’un des événements les plus complexes et les plus stimulants que nous ayons jamais organisés. Outre les différences de culture, de classe sociale et de perspectives théologiques. Voici les obstacles que nous avons dû surmonter, parmi d’autres :

    • Finances : Le report de l’Assemblée de 2021 à 2022 en raison de la pandémie a entraîné des coûts financiers supplémentaires.
    • Santé : Un nombre important de personnes placées en quarantaine – moi y compris – en raison du COVID 19 et d’autres virus. Cela a empêché la pleine participation de nombreux participants.
    • Technologie : Comme il s’agit de la première Assemblée officiellement hybride, de nombreuses activités ont été prévues pour faciliter la participation en ligne. Cependant, des défaillances techniques ont entravé la diffusion en direct et ont empêché la réception de l’interprétation simultanée sur place, malgré de nombreux tests et l’apparente certitude des experts que la technologie ne tomberait pas en panne.

    Les responsables de l’Assemblée se sont préparés pendant sept ans pour en faire une réussite. L’évaluation que nous ferons après l’Assemblée et l’expérience des participants révéleront son niveau de réussite. Cependant, en tant qu’Église, il est bon de se rappeler que nous sommes appelés à organiser des événements qui portent des fruits plutôt que de simples événements réussis.

    C’est en considérant ses fruits que nous pouvons apprécier la valeur de l’Assemblée en Indonésie.

    Grâce à des obstacles [des ‘frontières’] variés, les disciples du Christ de nombreux pays ont appris à pratiquer la patience les uns envers les autres. Des personnes de cultures différentes se sont mobilisées pour travailler dans l’unité et rechercher le bien-être de ceux qui étaient malades et qui avaient besoin de soutien. Très souvent, l’amour et le souci pour les autres étaient évidents. Des malentendus et des conflits inattendus nous ont amenés à pratiquer le ministère de la réconciliation parmi nous. On redécouvre l’importance de la vulnérabilité et de l’aveu des fautes commises. Nous avons compris à quel point il est crucial de demander humblement pardon et de le recevoir.

    Ainsi, l’Assemblée de 2022 a approfondi la relation interculturelle de nombreux membres de nos Églises et facilité l’unité dans la diversité. Certes, la 17e Assemblée n’a peut-être pas été la plus aboutie selon les paramètres humains qui mesurent la qualité des événements. Pourtant, il a été l’un des plus fructueux pour grandir dans notre appel à être une communion mondiale dans la tradition anabaptiste.

    —César García, secrétaire général de la CMM, originaire de Colombie, vit à Kitchener, Ontario, Canada.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Inde

    Des missionnaires mennonites des États-Unis ont commencé leur travail dans le centre de l’Inde, aujourd’hui l’État du Chhattisgarh, en novembre 1899. Ils ont débuté par des œuvres caritatives, apportant leur aide à la population frappée par la sécheresse. C’est en décembre 1900 qu’a eu lieu le premier baptême de 43 nouveaux convertis. Au début, le nombre de membres augmenta très rapidement. En 1949, lors de la célébration du Jubilé d’Or de l’œuvre missionnaire, le nombre de membres baptisés était de 1 579.

    Cependant, au cours des années suivantes, l’Église Mennonite d’Inde (MCI) n’a pas connu la croissance numérique espérée. Ses premiers responsables indiens ont tenté de créer des églises dans de nouvelles régions. Toutefois, étant satisfaite du maintien du statu quo, la MCI n’a procédé à aucune auto-évaluation.

    Dieu n’était peut-être pas satisfait de ce statu quo, et c’est alors qu’est apparu le mouvement pentecôtiste.

    L’arrivée des pentecôtistes dans la région occupée par la MCI

    Avant les années 1970, je me souviens que des prédicateurs pentecôtistes étaient invités à prêcher par les églises locales et aussi par la MCI lors d’occasions spéciales. Ces prédicateurs savaient généralement émouvoir les gens.

    Puis, au début des années 70, la présence pentecôtiste s’est faite davantage sentir dans certaines paroisses mennonites urbaines où les membres venaient de différentes dénominations. Dans la principale paroisse mennonite, des culte pentecôtistes ont commencé dans une maison particulière au milieu des années 70. Les jeunes mennonites, en particulier, qui ne suivaient pas de très près les activités de la MCI ont commencé à se réunir pour le culte et la communion fraternelle dans des maisons particulières. Des nonchrétiens ont aussi commencé à assister à ces réunions pentecôtistes dans les maisons.

    Les réunions étaient caractérisées par des chants et des prières animés et chargés d’émotion. Petit à petit, le mouvement s’est accéléré. La nouvelle naissance, le baptême par immersion, la dîme et le parler en langues ont pris de l’importance. Les participants étaient encouragés à crier « Alléluia !», « Amen !» et « Louez le Seigneur !» pendant le sermon. Lors des cultes, ils étaient invités à partager ce que le Seigneur avait fait dans leur vie au cours de la semaine précédente. Parfois, un peu de nourriture était offerte après les cultes.

    En semaine, les pasteurs pentecôtistes effectuaient régulièrement des visites à domicile, même dans les maisons mennonites. Ils priaient avec ferveur pour les malades. Les pasteurs recherchaient toutes les occasions d’être présents, comme lors de funérailles. Ils se liaient souvent d’amitié avec des membres aisés de la MCI qui n’étaient pas très actifs dans les églises de la MCI. Lentement, les églises de maison pentecôtistes ont augmenté. Elles se sont rapidement répandues dans d’autres villes et villages et se sont multipliées. Les responsables laïcs enthousiastes étaient encouragés à fréquenter les écoles bibliques pentecôtistes et, une fois la formation terminée, on leur donnait des postes dans des assemblées.

    Il semble qu’il y avait peu de structures. Les pasteurs décidaient de tout et étaient libres de la manière de gérer les assemblées locales.

    Églises de la MCI et présence pentecôtiste

    Au début, bien que les responsables des paroisses invitaient des prédicateurs pentecôtistes éloignés à prêcher, il se tenaient à distance des pentecôtistes locaux. Les membres mennonites qui avaient rejoints le mouvement pentecôtiste ont été forcés de quitter les églises mennonites. Mais la présence persistante des pentecôtistes et leur nombre croissant ont peu à peu changé la façon de penser de la MCI. De plus, de nombreux membres de la MCI ont épousé des femmes d’origine pentecôtiste qui sont devenues actives dans les églises de la MCI.

    Maintenant, la présence des assemblées locales et des responsables pentecôtistes est reconnue et acceptée. Il n’y a plus de rivalité ouverte entre les deux. En fait, la MCI a intégré des changements dans ses propres cultes. Il y a davantage de cantiques lors du temps de louange, et les gens sont invités à partager ce que le Seigneur a fait dans leur vie au cours de la semaine écoulée.

    Les pasteurs pentecôtistes sont acceptés avec respect. Les pasteurs mennonites sont encouragés à prier pour les non-chrétiens qui assistent ensuite aux cultes. Les demandes de prière de non-chrétiens sont incluses dans les prières pastorales, et ceux-ci sont également autorisés à partager leurs témoignages lors des cultes du dimanche

    Cela a encouragé les groupes pentecôtistes non affiliés dans les villages à demander la participation des responsables de la MCI. La MCI, pour sa part, a établi d’abord ces groupes en cellules de prière pour soutenir leurs responsables, puis, sous certaines conditions, les a reconnues comme des assemblées locales de la MCI à part entière.

    D’autres expériences sont en cours à la MCI pour intégrer des jeunes dans le ministère d’évangélisation.

    Suggestions concernant les relations avec les pentecôtistes

    1. Puisque ce mouvement pentecôtiste est un phénomène mondial, nous devrions l’accepter comme œuvre de Dieu. Nous ferions bien de prendre en compte les conseils du professeur de droit juif, le professeur Gamaliel, mentionné dans Actes 5/33-39.

    2. Nous devons faire une auto-évaluation : réfléchir à la raison pour laquelle Dieu a développé le pentecôtisme malgré la présence des églises établies. C’est comme la montée du mouvement anabaptiste/mennonite au début du XVIe siècle.

    3. Nous devrions pouvoir nous réjouir de ce que Dieu fait, amenant de plus en plus de personnes à Jésus-Christ par le ministère des pentecôtistes.

    4. Les églises établies devraient trouver des moyens de développer des relations de travail avec les pentecôtistes et les autres dénominations.

    5. Nous devrions accepter le fait que toute dénomination d’église, y compris la dénomination MCI, n’est jamais la seule capable de proclamer la « sagesse infinie de Dieu » (Éphésiens 3/9-11). Nous avons besoin de l’unité de l’esprit et de la coopération des églises pour cet appel.

    — Shantkumar Kunjam est évêque de la Conférence de l’Église mennonite d’Inde et vit à Rajnandgaon, Chhatisgarh, Inde.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Canada

    Il y a 20 ans, mon mari et moi pleurions la fin navrante de notre paroisse, qui avait été déstabilisée pendant le renouveau des années 1990.

    Je me sentais à la fois cynique et nostalgique concernant le mouvement charismatique. Nous recherchions un équilibre mental, une stabilité et un enseignement solide, et une paroisse Frères Mennonites (MB) à proximité a attiré notre attention. Pourrait-elle être notre prochaine assemblée ?

    Intérieurement, j’ai fait la grimace. Je ne voulais pas abandonner les poussées d’adrénaline produite par les prophéties, les sommets extatiques des moments de louange, les rencontres intenses et personnelles du ministère de la prière. La joie.

    Certains de mes amis se sont rendus à l’église pentecôtiste la plus proche, mais ont fini par se plaindre du manque d’enseignement solide. D’autres ont rejoint les évangéliques traditionnels, et ont fini par se plaindre du manque de souffle de l’Esprit. Étions-nous condamnés à nous joindre à quelque reste secrètement bouillonnant d’élitistes spirituels mécontents qui ne faisaient que se plaindre peu importe l’église dans laquelle ils se trouvaient ?

    Nous avons prié, nous avons respiré profondément, et nous nous sommes joints aux Frères Mennonites.

    Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais.

    Anabaptistes charismatiques

    Ce premier dimanche, j’ai vu des mains levées dans l’adoration, des anciens qui priaient et un fort accent sur la communauté, ce qui a mis à l’épreuve mon égocentrisme. Le pasteur venait de rentrer d’une expérience avec Jeunesse en Mission (JEM) et désirait voir le Saint-Esprit agir dans son église. Pentecôtiste déguisé ? Non. Frère mennonite.

    L’Église MB est née il y a 155 ans, fruit d’un mariage improbable entre une ‘mère’ mennonite dévouée et un ‘père’ plus charismatique (un hybride de baptiste allemand et de piétiste luthérien enthousiaste) ; leur union a produit un ‘enfant de l’amour’ peu flexible et littéralement enclin à sauter de joie.

    Les premiers Frères étaient une force évangélique avec laquelle il fallait compter, attachés à une expérience intensément personnelle de Dieu.

    ‘Maman mennonite’ a été un peu surprise. Elle a attendu de voir ce qui arriverait. Lorsque la sensualité et le péché ont fait surface, elle a réprimé cette émotivité excessive d’une main lourde. Depuis lors, son enfant remuant a été beaucoup plus sage.

    Mais au Canada, certains MB ont des fourmis dans les jambes. Quelle en est la raison ?

    Diversité de l’Esprit

    Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que le Canada a activement encouragé l’immigration de personnes ni européennes blanches ni anglophones. Un boom économique après la Seconde Guerre mondiale a ensuite amené à élargir la palette des couleurs de peau des immigrants acceptables pour inclure les Asiatiques, les Africains subsahariens et les Sud-Américains. L’église MB canadienne – qui avait envoyé des missionnaires à l’étranger pendant des années – a commencé à s’intéresser à la diaspora à sa porte, ce qui a créé des ministères ethniques au sein des paroisses et l’implantation de paroisses ethno-spécifiques.

    En utilisant une métaphore, on pourrait dire que le repas en commun du dimanche comportait des dim sum théologiques, des papadum et des tortillas outre les saucisses et le platz.

    Malgré les réticences de longue date concernant le pentecôtisme traditionnel, les muscles atrophiés des MB se sont soumis à l’influence subtile mais croissante de ceux du Sud, où le pentecôtisme est une expression dominante du christianisme protestant. Aujourd’hui, cette influence charismatique est comme un morceau de silex cherchant des bûches bien arrangées, et dans la cheminée MB solidement construite, se trouvent toujours les braises du feu qui nous a autrefois donné naissance.

    Certaines églises s’enflamment, d’autres – comme la nôtre – se consument lentement.

    Vingt ans se sont écoulés depuis notre premier dimanche à la paroisse Frères mennonites. Récemment, le pasteur a avoué son désir de renouveau. Il a défini l’élément manquant dans sa vie – déjà riche en prière, en étude biblique et en communauté – comme le risque. Ê l’automne 2021, il a commencé une série de sermons sur le don du Saint-Esprit, encourageant des expressions charismatiques faisant honneur à la théologie et aux valeurs MB.

    A quoi cela ressemble-t-il ?

    Imaginez : un culte contemporain dynamique avec des paroles soigneusement choisies à l’aide d’une herméneutique communautaire ; des prises de position diverses sur des questions théologiques non-essentielles ne rencontrant ni hostilité ni évitement ; des initiatives radicales pour la justice sociale défendues par des artisans de paix radicaux ; la Parole prêchée hardiment mais avec une humble reconnaissance des ambiguïtés de l’Écriture ; une prière audacieuse mais qui évite les demandes unilatérales ; une formation dans le domaine de la pratique des dons spirituels, et un espace pour des rencontres personnelles avec Dieu par le ministère de la prière.

    Lorsque le plus brillant et le meilleur du pentecôtisme mondial fusionne avec le plus brillant et le meilleur de l’héritage MB, l’espoir devrait monter en flèche. Quel meilleur contexte pour devenir un peuple qui non seulement s’engagera dans le renouveau, mais qui saura le guider ?

    —Nikki White écrit pour MULTIPLY (l’agence internationale Frères Mennonites d’envoi) et auteur de Identity in Exodus. Elle fréquente l’église communautaire de North Langley en Colombie-Britannique (Canada), où elle supervise l’élaboration du programme et la formation au ministère de la prière.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Zimbabwe

    Le pentecôtisme est devenu l’expression du christianisme qui connaît la croissance la plus rapide dans le monde aujourd’hui. Les anabaptistes d’Afrique ne sont pas étrangers à cette réalité. Le désir de s’affranchir du contrôle missionnaire, ou mieux ‘la quête de liberté spirituelle’ ont trouvé chez les anabaptistes un moyen d’expression dans la spiritualité pentecôtiste.

    En Afrique australe, au cours des 20 dernières années, le climat spirituel s’est rapproché du pentecôtisme et s’est éloigné de l’anabaptisme et des autres églises traditionnelles/principales. Une grande partie du style, de la pensée et de la pratique de l’Église africaine soit s’oppose aux mouvements pentecôtistes, ou se modèle sur eux. Il est difficile pour les églises traditionnelles de rivaliser avec les églises pentecôtistes dont la ferveur spirituelle est si proche de la religion traditionnelle africaine.

    Comment cette évolution affecte-t-elle les églises anabaptistes africaines ?

    Les anabaptistes doivent s’adapter à la croissance du pentecôtisme dans le contexte africain. Ce n’est pas un mouvement que les églises anabaptistes peuvent faire disparaître ; il est là pour rester.

    Au fil du temps, la plus haute expression de spiritualité dans les églises africaines a trouvé son idéal dans la spiritualité pentecôtiste. L’élément essentiel est sa ferveur. De nombreux chrétiens africains considèrent que les églises traditionnelles, avec leur style de foi, de culte et de pratique enseignés par les missionnaires, manquent de ferveur spirituelle. Aujourd’hui, les croyants africains recherchent une expression enthousiaste de leur foi et de leur spiritualité, et le pentecôtisme la leur offre.

    Aussi les assemblées anabaptistes voient certains de leurs membres les quitter ou introduire des pratiques venant du pentecôtisme. Les sermons poignants, les prières ferventes, les chants, les danses, les exorcismes, l’appel au Saint-Esprit, et toutes les autres expressions pentecôtistes sont plus attrayantes pour de nombreux chrétiens africains aujourd’hui que l’ambiance froide et figée des cultes couramment observée dans les assemblées anabaptistes. Ces caractéristiques trouvent un écho pour l’Africain moyen, ce qui fait que le pentecôtisme semble plus africain qu’étranger.

    Ce que le pentecôtisme semble offrir est une expression véritablement africaine de la foi dans le Dieu trinitaire. Contrairement aux églises traditionnelles africaines, le pentecôtisme croit fermement en la plupart des vérités fondamentales auxquelles adhèrent les chrétiens conservateurs, mais il est parfois erroné dans leur application. C’est donc l’occasion pour les églises anabaptistes d’exprimer ces vérités bibliques et théologiques de manière plus pertinente pour les croyants africains.

    Mais là où le mouvement pentecôtiste pose problème, c’est qu’il entraîne la création d’églises dissidentes. L’Afrique est saturée de mouvements pentecôtistes qui deviennent autant de mouvements charismatiques si bien que même certaines églises pentecôtistes s’en séparent. Ces églises dissidentes sont devenues une menace pour la stabilité du christianisme dans la région de l’Afrique australe. Les opposants à la foi chrétienne dans cette région accusent le pentecôtisme de fabriquer de faux pasteurs, de faux prophètes, de faux hommes de Dieu, et de prêcher l’évangile de la prospérité.

    Un dialogue entre le pentecôtisme et l’anabaptisme est essentiel. Il faut identifier les points de confluence et les points de divergence. Pour développer un contexte chrétien plus pertinent et plus fervent, il faut que les deux mouvements dialoguent. Le pentecôtisme doit être consolidé par des fondements doctrinaux sur la pensée et la pratique chrétiennes, plutôt que de privilégier l’expression des sentiments et les expériences.

    Grâce aux relations œcuméniques, il y a maintenant des dialogues, des séminaires, des formations et des ateliers sur les meilleurs moyens de communiquer la foi chrétienne africaine qui ne soient pas contraire à l’enseignement biblique. Les églises se réunissent pour critiquer certains mouvements dissidents qui cherchent à transmettre un message biblique dont l’expression n’est pas conforme à la doctrine, à la pensée et à la pratique chrétiennes. Des responsables et des enseignants des églises pentecôtistes et des églises missionnaires collaborent pour produire et publier des articles et de la littérature destinées à éduquer les chrétiens sur les valeurs et les pratiques chrétiennes appropriées. La télévision et la radio diffusent des conversations entre pasteurs, responsables et enseignants de divers horizons religieux pour débattre des véritables enseignements chrétiens.

    Les anabaptistes doivent prendre conscience de la nécessité de dialoguer avec les mouvements pentecôtistes. Dans le contexte africain, notre désir est de faire l’expérience d’une véritable spiritualité chrétienne africaine. Un enseignement anabaptiste pour bien comprendre les textes bibliques est également crucial. Si nous ne communiquons pas la spiritualité africaine la plus pertinente, associant le meilleur de l’anabaptisme et du pentecôtisme, alors les chrétiens africains seront influencés par des formes de spiritualité mal interprétées.

    —Mfakazi Ndlovu est titulaire d’un Bachelor of Arts en théologie, d’un diplôme de troisième cycle en gouvernance d’entreprise et d’une maîtrise en administration. Il est enseignant et a été doyen de l’Institut biblique Ekuphileni, un collège biblique de l’Église Frères en Christ (BICC) au Zimbabwe, ainsi que professeur assistant au Collège théologique du Zimbabwe. Il travaille avec la BICC Zimbabwe en tant qu’administrateur.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Brésil

    Pour de nombreux évangéliques brésiliens, la Pentecôte n’est pas un événement ponctuel du passé. Ils sont conscients de la présence de l’Esprit dans leur vie quotidienne. Environ 70% des paroisses évangéliques du Brésil sont pentecôtistes, les autres sont influencées par le mouvement pentecôtiste.

    Ce qui influence notre vision de la Pentecôte

    Au Brésil, nous n’avons pas de tradition de pensée critique. Nous nous attendons à ce que Dieu change notre vie par l’œuvre merveilleuse du Saint-Esprit, comme cela s’est passé lors de la première effusion à la Pentecôte.

    Nous sommes aussi influencés par le spiritisme. Les pratiques de l’Umbanda – des manifestations surnaturelles – poussent les Brésiliens à accepter ce qui se passe sans se poser de questions ni discerner s’ils ont affaire au Saint-Esprit ou à d’autres esprits.

    Lorsque nous entendons parler de manifestations surnaturelles dans une assemblée locale, nous voulons les voir de nos propres yeux pour savoir ce que Dieu fait aujourd’hui. Nous lisons souvent [la Bible] sans considération d’ordre historique. Dans Actes 2, nous sautons ce qui concerne le vent et la proclamation : ce qui est vraiment important, ce sont les langues, preuve que Dieu est à l’œuvre et que nous sommes son peuple choisi. [Nous pensons] que si cela s’est produit dans le passé, cela pourrait et devrait arriver à nouveau aujourd’hui (Marc 16/17-18).

    Cette conception est si ancrée que ceux qui ne sont pas pentecôtistes ont le sentiment de passer à côté de quelque chose. Certains se demandent pourquoi ces manifestations surnaturelles ne se produisent pas en eux ou dans leur paroisse aujourd’hui. Ils se reprochent de ne pas être ouverts à l’Esprit. D’autres sont sur la défensive, et demandent si les manifestations (langues, guérison, prophétie) changent vraiment la vie de ceux qui prétendent avoir ces dons.

    Rechercher le Saint-Esprit

    Cependant, aucune de ces réactions ne nous aide à comprendre ce que Luc essayait de nous dire. Notre lecture devient alors non pas la recherche du sens du texte, mais ce qu’il a à dire « pour moi ».

    Lorsque nous parlons du Saint-Esprit, souvent nous ne sommes pas vraiment intéressés par le Saint-Esprit, mais par ce que l’Esprit peut nous donner : la puissance.

    La même vision du monde domine notre lecture des Évangiles. Nous ne nous soucions pas de la question cruciale que les évangélistes essaient de nous amener à nous poser : « Qui finalement est ce Jésus ? » Notre lecture est : « Que peut faire ce Jésus pour moi ? »

    Ce qui nous inquiète, c’est que cette question apparaît déjà dans les Évangiles lorsque les responsables juifs voulaient que Jésus accomplisse un miracle devant eux (Matthieu 12/39), ou quand Hérode souhaitait voir un miracle (Luc 23/8-9). La réponse de Jésus aux responsables juifs a été le signe de Jonas ; et à Hérode, Jésus n’a pas dit un mot.

    Dans notre recherche pragmatique de la puissance de l’Esprit, nous recherchons des avantages personnels plutôt qu’une adoration authentique. Ainsi, nous avons besoin d’entendre les paroles d’A.W. Tozer : « Celui qui cherche Dieu comme un moyen d’atteindre ses objectifs personnels ne trouvera pas Dieu. » Cela soulève une question embarrassante : Si ces gens ne trouvent pas Dieu, qui ou que trouvent-ils ?

    L’œuvre de l’Esprit comme transformation

    Néanmoins, la grâce de Dieu transcende nos faiblesses. Même si nous lisons tous la Bible avec nos présupposés, Dieu s’approche de nous et change nos vies. Ceux qui sont ouverts à l’œuvre de l’Esprit, à travers la Parole, les conversations personnelles, les situations quotidiennes, voire les manifestations surnaturelles, et qui essaient de discerner ce que Dieu fait, sont transformés. Souvent nous espérons que cette croissance dans la foi soit beaucoup plus rapide, mais le processus de maturation est lent.

    Il n’est pas facile pour nous de changer notre perspective : « Dieu est à notre disposition pour satisfaire nos besoins ». Nous devons apprendre ce que la Bible enseigne sur la vie chrétienne, accompagnés par des personnes qui pratiquent ce style de vie. Nous n’avons pas besoin de héros ; nous avons besoin de chrétiens ordinaires qui remettent en question les modèles contemporains de réussite et dont le modèle est Jésus.

    Je me réjouis du fait que mes compatriotes brésiliens – pentecôtistes et mennonites – s’ouvrent à l’œuvre de l’Esprit dans leur vie, qu’ils reconnaissent leurs péchés (Jean 16/8) et se laissent guider par l’Esprit vers la vérité (Jean 16/13).

    Nous savons que l’œuvre de l’Esprit est loin d’être terminée dans nos propres vies et prions que le processus de transformation se poursuive jusqu’à ce que « nous devenions en tous points semblables à Christ » (Éphésiens 4/15). Cela pourrait prendre plus d’une génération. Nous sommes appelés à modeler nos vies sur Jésus et à influencer ceux qui nous entourent. Seul Dieu peut changer le monde.

    —Arthur Duck est professeur à Faculdade Fidelis, une école biblique affiliée aux Frères mennonites à Curitiba (Brésil). Une version de cet article a été publiée dans le MB Herald du 1er juin 2011.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Allemagne

    Mon parcours spirituel dans et hors des traditions mennonites et pentecôtistes commence avant ma naissance. Ê 18 ans, ma mère a quitté l’église mennonite après un commentaire irréfléchi et franchement embarrassant fait à son encontre, du haut de la chaire.

    Mon père et elle ont élevé leurs enfants dans des églises évangéliques jusqu’à ce qu’ils connaissent une guérison émotionnelle dans une assemblée de New Holland, Pennsylvanie (États-Unis). Chose intéressante, bien que classée comme non confessionnelle, cette paroisse, implantée par des mennonites, est caractérisée par les dons du SaintEsprit issus du mouvement pentecôtiste.

    Après l’école biblique, mon propre parcours m’a conduit dans des mouvements que certains pourraient trouver embarrassants à tout le moins, et que d’autres qualifieraient de sectes. J’ai finalement trouvé la stabilité lorsque j’ai fondé ma foi, non pas sur un mouvement ou une dénomination, mais sur ma relation avec Dieu et dans l’étude de la Parole de Dieu.

    Des recherches sur l’anabaptisme soulèvent des questions

    C’est précisément à cause des recherches que j’ai faites sur l’histoire anabaptiste, un mouvement qui met l’accent sur les principes de vérité à partir de la Parole, sur le pacifisme et la justice sociale, que j’ai commencé à remettre certaines choses en question. Pourquoi les mouvements pentecôtistes et mennonites ont-ils mis en veilleuse des pratiques caractéristiques de l’autre mouvement, alors qu’il est bien évident que chacun comporte des aspects positifs ?

    Par exemple, pourquoi semble-t-il que des paroisses charismatiques envoient leurs enfants dans des camps mennonites et calvinistes pour mémoriser les Écritures et connaître davantage d’histoires bibliques ?

    D’un autre côté, pourquoi a-t-on l’impression que les prédicateurs mennonites relèguent souvent l’enseignement sur le Saint-Esprit à un sermon bâclé, une ou deux fois par an ?

    Bien que des problèmes doctrinaux secondaires nous définissent différemment en tant que pentecôtistes et mennonites, j’ai fini par réaliser que cela ne devait pas être ‘soit l’un, soit l’autre’ mais ‘tous les deux’.

    Le zèle pentecôtiste rend la foi plus vivante

    Cette prise de conscience est venue lorsque, lors de mes recherches sur l’histoire du mouvement anabaptiste, j’ai découvert le zèle qui a poussé tant de personnes dans les premiers temps du mouvement à donner leur vie pour la vérité en laquelle ils croyaient. Cela a changé ma façon de penser parce que j’ai reconnu que leur ardeur était autant – sinon plus – ce même zèle pour le Seigneur que je voyais dans n’importe quelle paroisse pentecôtiste ou charismatique.

    Dans ma propre histoire, plus d’un ancêtre en France a perdu sa famille entière pour ne pas avoir renoncé à ses croyances protestantes, ou a fui l’Allemagne avec d’autres anabaptistes persécutés.

    Tout comme le parcours de ma mère l’a conduite à trouver la guérison émotionnelle et spirituelle dans une assemblée locale mennonite, la guérison de ma famille se poursuit partout où Dieu me conduit. Maintenant, je fais partie de l’équipe de responsables d’une paroisse internationale multiculturelle à Halle (Allemagne), implantée grâce à la coopération entre Verband Deutsche Mennoniten, Eastern Mennonite Mission et Deutsches Mennonitisches Missionskomitee.

    Équilibre et accueil multiculturel

    J’ai trouvé dans cette assemblée un équilibre entre l’action du Saint-Esprit et l’amour pour le Père en Jésus-Christ, une manière vivante et active de servir Dieu.

    Ê la paroisse Soli Deo, nous proposons des cultes en plusieurs langues lors de presque toutes les réunions, y compris les cultes du dimanche. Nous avons donc appris que nous avons besoin d’équilibre. Nous devons être patients et ouverts aux personnes d’horizons différents tout autant qu’ils doivent l’être avec nous.

    Il faut trouver un équilibre entre s’accrocher à ses croyances, peut- être basées sur la culture de l’église occidentale, et reconnaître que d’autres cultures ont une approche pour connaître Jésus, basée sur leurs origines, lorsqu’elles s’approchent du Père par le Fils et le Saint-Esprit. Nous pouvons sembler différents, mais nous sommes unis lorsque nous regardons vers Jésus, ‘l’initiateur de la foi et qui la mène à son accomplissement.’ (Hébreux 12/2).

    Apprendre à s’écouter dans l’amour est si important. Certaine des personnes qui se sont jointes à nous ne sont pas à l’aise avec les expressions démonstratives du Saint-Esprit, issues du mouvement pentecôtiste, tandis que d’autres trouvent qu’elles sont essentielles à leur pratique spirituelle. Et pourtant, ces deux groupes louent Dieu ensemble, ainsi nous trouvons le moyen d’y arriver alors que certains pourraient dire que ce n’est pas possible.

    Ce sont précisément les principes anabaptistes (la suivance de Jésus), équilibrée par la spontanéité de la présence et de l’action du Saint-Esprit qui me permet d’aider à guider une assemblée internationale.

    Ce genre d’amour et d’appréciation des différences est le message même de l’évangile, et c’est ce qui nous permet de rester ensemble malgré nos différentes origines multiculturelles. Et je crois que développer cet équilibre nous amènera au prochain grand mouvement de Dieu sur cette terre.

    —Kellie Swope est membre de l’équipe des responsables de l’assemblée locale mennonite Soli Deo, à Halle (Allemagne).


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Le Comité Exécutif est élu par le Conseil Général et se réunit chaque année. Deux membres de chaque région continentale sont élus au sein du Conseil Général ; un président et un vice-président sont également élus par le Conseil Général. Le président élu commence son mandat trois ans avant la passation des responsabilités. Le trésorier et le secrétaire général sont également membres du Comité Exécutif. Voir le numéro d’octobre 2021 de Courrier pour rencontrer les membres du bureau.

    Représentants d’Afrique

    Samson Omondi
    Paroisse : Majiwa Mennonite Church, Kisumu, Kenya
    « C’est un honneur de servir l’Église mondiale à travers la CMM car elle offre une excellente occasion de partager des expériences et des idées issues des diverses cultures du monde entier. »

    Représentants d’Asie/ Pacifique

    Paul Phinehas
    Paroisse : Gilgal Mission Trust Pollachi, Tamil Nadu, Inde
    « Je suis reconnaissant de faire partie de la CMM parce que nous pouvons faire ensemble plus que ce nous pouvons faire individuellement, et nous nous rassemblons pour adorer Dieu comme il l’a enseigné dans la Bible. »
     

    MZ Ichsanudin
    Paroisse : GITJ Semarang, Java Centre, Indonésie
    « C’est un honneur d’être engagé dans le ministère de l’Église à l’échelle mondiale par le biais de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM) car, sur le plan organisationnel, la CMM est le seul forum qui permette aux Églises de promouvoir la paix de manière spécifique, non seulement à petite échelle, mais aussi au niveau mondial, entre religions, tribus et nations. Comment parvenir à la paix sans entrer en guerre, utiliser des armes et faire de la politique, c’est un grand défi pour la CMM. Nous ne pensons pas seulement à nous-mêmes mais à tous les êtres humains. »

    Représentants d’Europe

    Alexander Neufeld
    Paroisse : Evangelischmennonitische Freikirche Dresden, Allemagne
    « Je suis reconnaissant de faire partie de la CMM car cela renforce mon sentiment d’appartenance à cette merveilleuse famille spirituelle. Elle me donne l’occasion de rencontrer et d’agir avec de nombreuses personnes aimantes et intéressantes. Ma prière pour l’église anabaptistemennonite mondiale est que nous puissions glorifier le Christ et faire connaître l’Évangile de Jésus, sa façon de vivre et d’être en relation avec les autres. »

    Wieteke van der Molen
    Paroisse : Doopsgezind Gemeente Schoorl, Pays-Bas
    « Ce qui est le plus beau dans la CMM est que nous essayons : nous essayons de tendre la main, de vraiment nous écouter les uns les autres, nous-mêmes, Dieu, de voir le Christ à travers les yeux d’un frère ou d’une sœur. Nous échouons totalement, complètement et constamment : à nous comprendre, à communiquer, à vraiment nous aider mutuellement, à créer un espace sûr pour que tous nos frères et sœurs se joignent à cette histoire unique de Dieu et de l’humanité. Et pourtant nous essayons encore. C’est cette essai, cet échec et cet nouvel essai, qui édifient le royaume de Dieu »

    Représentants d’Amérique du Nord

    Lisa Carr Pries
    Paroisse : Nith Valley Mennonite Church, New Hamburg, Canada
    « En tant que bénévole, je souhaite intéresser les gens à la vision de la Conférence Mennonite Mondiale en leur offrant l’espérance de Jésus et la lumière du Christ afin qu’ils soient transformés, soient convaincus qu’ils sont les enfants bien-aimés de Dieu et sachent voir les signes de l’action de Dieu. »

    Représentants des Caraïbes, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud

    Carlos Martínez García
    Paroisse : Fraternité Chrétienne/Vie Nouvelle (CIEAMM), Mexique.
    « C’est un grand privilège et une bénédiction de pouvoir connaître les difficultés et les opportunités auxquelles notre famille mondiale est confrontée. C’est enrichissant de partager nos expériences et nos projets liés au fait d’être disciples du Christ dans un monde de plus en plus diversifié. »
     

    Juan Silverio Verón Aquino
    Paroisse : Église Maranata des Frères Mennonites (Frères Mennonites), Asuncion, Paraguay
    « Ma prière pour l’Église anabaptiste mondiale est qu’elle continue à apporter la paix du Christ dans chaque ‘coin’ de la Terre. »

    Vacant **

    Afrique
    *Steven Mang’ana Watson est décédé le 4 mars 2021.

    Amérique du Nord *
    *Le mandat de Bill Braun a pris fin en décembre 2021 lorsque sa paroisse locale Willow Avenue Mennonite a été suspendue de son adhésion à la US Conference of Mennonite Brethren Churches.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.
  • Viêt Nam

    Histoire

    Il existe deux formes d’anabaptisme au Viêt Nam :

    La H·ªôi Thánh Mennonite Vi·ªát Nam (Église Mennonite du Viêt Nam – VMC) a été fondée en 1964 par la Mission mennonite au Viêt Nam, un ministère de l’Eastern Mennonite Missions (1957). Après une période d’inactivité suite au changement de gouvernement en 1975, elle a repris son travail dans les années 1980 et a été officiellement reconnue par le gouvernement actuel en 2007.

    L’Église Évangélique Mennonite du Viêt Nam (non enregistrée) a vu le jour en 1998 et s’est constituée officiellement en 2004. Elle rassemble divers groupes indigènes et est soutenue par les mennonites vietnamiens du Canada.

    Jésus au centre

    Au Viêt Nam, être anabaptiste-mennonite c’est simplement vivre l’évangile tel qu’on le reçoit. ‘Jésus est au centre de notre foi, la communauté est au centre de notre vie et la réconciliation est au centre de notre mission’. Cette approche, enseignée par le pasteur et professeur nord-américain Palmer Becker, est appréciée par les Vietnamiens.

    Les pasteurs et les responsables mennonites apportent ce message dans leur prédication. Il est facile à comprendre et attrayant. Ê l’intérieur comme à l’extérieur de l’Église, il trouve une résonance dans les cœurs.

    Le message de paix et d’amour des enseignements non violents anabaptistes fait aussi partie de la prédication transformatrice qui touche les mennonites vietnamiens et influent sur la manière dont ils se comportent les uns avec les autres. « Cela affecte tous les domaines de la vie », disent les pasteurs mennonites. « Suivre Jésus sur le chemin de la paix apporte la réconciliation à tous. »

    Pour les non-croyants, il est bienfaisant de parler du péché et d’apprendre comment Jésus en délivre. Les membres de l’église évangélique traditionnelle considèrent que cette approche est libératrice.

    Ce message intéresse aussi les groupes d’églises de maisons indigènes qui ne font partie d’aucun réseau d’églises. Après avoir entendu cette conception de la foi, certains demandent à rejoindre la communauté mennonite.

    « Pour démontrer ce que nous croyons, nous le vivons au quotidien », disent les pasteurs mennonites Vietnamiens. « La foi chrétienne est une foi vécue, pas seulement un système de croyances. »

    Un culte mennonite à Hai Phong, Viêt Nam Toutes les photos sont publiées avec l’aimable autorisation d’EMM

    Une foi vécue

    Dans la partie nord du Viêt Nam, certaines églises mennonites sont très actives dans l’évangélisation, et témoignent de leur foi en la puissance du Saint-Esprit. Tous les jours, les femmes évangélisent en faisant leurs courses au marché. Certaines sont des vendeuses qui partagent l’évangile avec leurs clients. Des guérisons se produisent. Lorsque quelqu’un se tourne vers Jésus par l’intermédiaire d’un membre de l’assemblée, on le présente au pasteur pour qu’il étudie la Bible avec lui.

    Dans le centre et le sud du pays, il y a neuf équipes missionnaires organisées composées de membres des paroisses mennonites qui partent chaque mois en mission.

    Il y a une équipe à la frontière du Cambodge, et une dans la partie la plus à l’ouest (Kien Giang).

    Ê Da-nang, le pasteur Hoang Bich dirige une équipe qui évangélise le groupe ethnique Ka-tu, et qui travaille aussi avec un groupe d’étudiants.

    Une équipe est très active à Quang Ngai (Région Centre).

    En outre, il y a des équipes dans les régions Est et de Daklak, deux équipes à Soc Trang et une autre à Ca Mau.

    Les équipes font du porte-à-porte. Elles s’adressent aux personnes qu’elles connaissent, aux membres de leur famille et aux habitants des provinces désignées. Une fois qu’un groupe se montre intéressé, elles commencent une étude biblique pour le préparer au baptême.

    Le pasteur Quyen dirige une équipe dans la province la plus au sud (Ca Mau). Il a consacré sa vie à servir Jésus après que sa fille soit tombée malade et ait été déclarée morte par le médecin. Mais elle est revenue à la vie pendant que sa femme continuait à prier.

    Il est très actif et a réuni un groupe pour étudier la Bible. Ce groupe est très discipliné, presque comme dans un monastère médiéval.

    En ces temps de COVID-19, le pasteur Quyen prêche tous les deux jours sur Internet (via Zoom). Sa paroisse virtuelle est si grande – près de 1 000 personnes qui écoutent en même temps – qu’elle va au-delà des limites de la plate-forme.

    Ceux qui rencontrent le Christ à travers le ministère du pasteur Quyen sont témoins de manifestations du Saint-Esprit et de miracles. Certaines personnes choisissent de déménager pour se rapprocher de son église. Il contacte également d’autres églises locales pour rencontrer personnellement ceux qui se sont connectés via son ministère sur Zoom.

    Dans les régions de Quang Ngai, Soc Trang, Thu Duc et Binh Thanh, des membres aident les plus démunis.

    Bien que les paroisses ne soient pas très grandes, elles ont un impact important.

    Au-delà des limites

    Les assemblées mennonites se développent tout aussi bien à la campagne qu’en ville. Les principaux groupes ethniques minoritaires auxquels la MVC s’adresse sont les S’tiengs, les Kors, les Bahnars, les H’mongs, les Ka-tus, les Edes, les Des, les Khmers et les Chams. Aujourd’hui, environ 50 % des membres appartiennent à au moins 10 groupes ethniques minoritaires différents. L’autre moitié est vietnamienne.

    Les paroissiens des villes s’adressent aux membres d’ethnies rurales qui se déplacent vers la ville pour le travail, l’éducation et pour avoir davantage d’opportunités.

    Les membres de la paroisse suivent les directives du Saint-Esprit. « Nous sommes libres et ouverts à recevoir tous les dons de l’Esprit, selon les enseignements bibliques », disent les pasteurs vietnamiens ; ce que ne font pas les églises évangéliques traditionnelles qui ont tendance à décourager ou à ne pas reconnaître certains dons de l’Esprit.

    Bien que cela ne soit pas formalisé, les assemblées mennonites vietnamiennes suivent également Jésus au-delà des limites [traditionnelles] en reconnaissant aux femmes le rôle de pasteurs et de responsables.

    Difficultés et opportunités

    Un évangéliste mennonite prie avec un membre de la communauté à Quang Ninh, Viêt Nam. Toutes les photos sont publiées avec l’aimable autorisation d’EMM.

    Comme beaucoup d’églises qui grandissent rapidement, leur force présente aussi une faiblesse : elles ont donc besoin de former rapidement des responsables. Le COVID-19 affecte les ressources financières des paroisses car le ralentissement de l’économie touche les revenus des membres.

    De nombreuses personnes – même dans les zones rurales – ont pu se faire vacciner. « Cela nous donne de l’espoir », disent les pasteurs.

    La VMC n’a pas de bureau ni de centre de formation. Lorsque les restrictions dues au COVID-19 seront levées, le besoin d’un centre se fera plus pressant. L’évangélisation fidèle de la population pauvre contribue à la croissance des paroisses, mais leur capacité financière reste faible.

    Avec le soutien des mennonites vietnamiens des États-Unis, les assemblées ont pu apporter à leurs voisins une aide médicale et sociale et de la nourriture pendant le pire moment de la pandémie. « Cela montre l’amour des anabaptistes pour le peuple du Viêt Nam », disent les pasteurs mennonites.

    Bien que le COVID-19 ait restreint le champ du possible, il a aussi contribué à créer de nouvelles occasions d’étude, de formation et de fraternité en ligne. Des études bibliques et d’autres formations ont lieu via Zoom, ce qui rassemble des personnes très éloignées les unes des autres – y compris de l’Est et de l’Ouest – et ceci avec un investissement minime en temps et en argent.

    C’est aussi une opportunité pour les jeunes. « Nous encourageons des jeunes d’autres pays intéressés par la mission à s’adresser aux responsables des jeunes du Viêt Nam », déclarent les pasteurs mennonites. « Est-ce que les jeunes de la communauté de la Conférence Mennonite Mondiale pourraient être régulièrement en contact avec des jeunes du Viêt Nam ?

    Les jeunes du Viêt Nam, dont beaucoup savent l’anglais, sont prêts à tirer le meilleur parti d’internet, pour développer des relations, apprendre et aider les autres. « Cela peut transformer la mission. C’est une opportunité pour les jeunes du monde entier », déclarent les pasteurs mennonites.

    La famille mondiale

    La VMC se souvient avec émotion de la visite de la délégation fraternelle de la CMM (venue des cinq continents) en 2008 à l’occasion de leur reconnaissance légale par les autorités gouvernementales du Viêt Nam. Cela a été très important car la délégation de la CMM a passé trois jours avec des responsables et a visité des assemblées locales, o√π elle a pratiqué, entre autres, le lavement des pieds.

    La VMC a été heureuse de devenir une Église membre de la CMM en 2009 au Paraguay. « Nous apprécions les occasions de communion avec les croyants du monde entier lors des réunions du Conseil Général et de l’Assemblée. Puissent ces relations grandir et s’approfondir », disent les pasteurs mennonites.

    Ils désirent être en contact avec d’autres mennonites proches en Asie, et développer davantage de liens avec Eastern Mennonite Mission aux États-Unis.

    Les jeunes ont participé au Programme International d’Échange de Volontaires (IVEP) du Comité Central Mennonite (MCC), qui s’est fait connaître au Viêt Nam en 1954. « Plusieurs de nos jeunes ont bien bénéficié de ce programme », disent-ils.

    Une Église qui grandit

    L’Église Mennonite du Viêt Nam est un témoignage de l’action de Dieu. « La VMC est consciente de la bénédiction de Dieu en ce moment », disent les pasteurs. Le COVID-19 n’empêche pas ce message simple d’être transmis : nous sommes tous pécheurs et nous avons besoin de Jésus. Avec Jésus, on jouit d’une nouvelle liberté, paix et protection.

    Pendant cette pandémie, de nombreuses personnes souffrent de problèmes émotionnels en raison de l’incertitude constante. Debout sur le roc qu’est Jésus Christ, les mennonites vietnamiens trouvent le réconfort et l’assurance qu’ils apportent aux autres. « Vous n’avez pas besoin de vous inquiéter ; Dieu prend soin de vous ! »

    -Les pasteurs vietnamiens suivants ont contribué à cet article : Huynh Dinh Nghia, président, VMC ; Huynh Minh Dang, secrétaire général, VMC ; et Tuyen Nguyen, évêque, LMC (communauté d’églises anabaptistes des États-Unis) a répondu aux questions de Gerry H. Keener, qui travaille avec l’EMM.

    Pour en savoir davantage : Vous trouverez une histoire plus détaillée des mennonites du Viêt Nam au chapitre 9 de ‘Churches Engage Asian Traditions’ dans la série d’Histoire Mennonite Mondiale : l’Asie; ¬© 2011, Good Books.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.