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  • Pourquoi l’Église Meserete Kristos est-elle l’Église mennonite qui connaît la plus forte croissance ?

    L’Éthiopie est une nation multiethnique, multireligieuse et multilingue de plus de 120 millions d’habitants, soit le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique. Située au nord-est de l’Afrique, l’Éthiopie est un pays enclavé.

    Les puissances européennes n’ont pas colonisé l’Éthiopie. Cependant, des conflits internes ont déchiré le pays et l’ont morcelé selon des critères ethniques, religieux et géographiques. Les guerres civiles ont anéanti l’économie du pays. Les conflits ethniques et religieux ont endommagé les liens sociaux entre les différents groupes de population et ont intensifié la peur ; l’intolérance et la vengeance font partie de la vie de la population. Certains pensent que la pauvreté, la guerre et la famille sont les symboles de l’Éthiopie.

    Pourtant, les personnes qui ont perdu espoir retrouvent un sens à leur vie et une perspective lorsqu’elles se tournent vers le Créateur du ciel et de la terre. Lorsque des personnes croient en Jésus-Christ, elles reçoivent non seulement l’espoir de la vie éternelle, mais aussi un nouveau regard sur leur difficile situation, leur permettant de mettre en place de meilleurs mécanismes d’adaptation.

    Notre compréhension de la croissance de l’Église

    Pour l’Église Meserete Kristos (MKC) la croissance de l’Église a deux dimensions.

    D’abord, la croissance de l’Église est une augmentation numérique des membres. Les assemblées sont appelées à ajouter de nouveaux croyants tous les ans, comme cela se pratiquait dans l’Église primitive (Actes 2/47).

    Le second aspect de la croissance de l’Église se manifeste par la maturité de la vie spirituelle des croyants. Les croyants qui portent les fruits de l’Esprit dans leur vie et suivent les traces du Christ exercent une influence positive sur la société. Lorsque des personnes annoncent l’Évangile à d’autres par leurs pratiques, la possibilité d’une réponse positive au message augmente.

    Il existe une corrélation entre la croissance spirituelle de chaque chrétien et la croissance de l’Église.

    Stratégies de croissance de l’Église

    Dans les pages qui suivent, nous décrirons les dix stratégies/principes qui ont permis à la MKC de connaître une croissance rapide au cours de la période post-communiste (1991-2024).

    1. Des prières ferventes

    La MKC a utilisé la prière comme une arme spirituelle pour vaincre le pouvoir du diable et libérer les gens de l’esclavage du péché. Dans la prière, nous parlons à Dieu et écoutons ce qu’il nous dit.

    Dans toutes les assemblées de la MKC, les équipes de prière prient pour le ministère de l’Église, en fonction des thèmes qui leur sont donnés. Les équipes prient pour que l’Eglise surmonte le pouvoir du mal qui empêche les gens d’entendre et de croire en l’Évangile de Jésus-Christ.

    Des réunions de prière qui durent toute la nuit rassemblent tous les membres de la paroisse. Les pasteurs à plein temps consacrent beaucoup de temps à la prière. Les responsables d’églises prient avant les réunions de travail.

    Les chrétiens prient en croyant que Dieu les écoute et répond à leurs prières selon sa volonté.

    Au siège de la MKC, une équipe de prière nationale se réunit chaque mois pendant une journée pour prier que Dieu aide l’Église à atteindre les peuples qui ne connaissent pas la bonne nouvelle de Jésus-Christ.

    De nombreuses assemblées prient pour le salut des gens par l’Évangile de JésusChrist en utilisant différentes approches.

    Certaines assemblées locales prient pour les non-chrétiens au cours des cultes le dimanche. Par exemple, Tabour MKC dans la ville de Hawassa, dans le sud de l’Éthiopie, a préparé des affiches sur plusieurs groupes ethniques, et chaque semaine, l’affiche d’un des groupes ethniques figure sur le devant de la scène de l’église. Toute la communauté prie pour ce groupe ethnique pendant 5 à 10 minutes.

    2. Appeler de nouvelles personnes à croire en Jésus

    « Cher prédicateur, lorsque vous terminez votre sermon, n’oubliez pas d’inviter de nouvelles personnes à accepter le Seigneur. » 

    Dans chaque assemblée locale de la MKC, après le sermon du culte du dimanche, le prédicateur invite de nouvelles personnes à accepter le Christ comme leur Sauveur et Seigneur. La MKC croit que le Saint-Esprit touche le cœur des gens et les convainc de péchés pour qu’ils se repentent et croient en Jésus. Par conséquent, les prédicateurs sont des canaux pour l’action du Saint-Esprit.

    De nombreuses personnes se tournent vers Jésus chaque dimanche. L’assemblée emmène ces nouveaux croyants dans la salle de prière afin de prier pour eux. Les évangélistes prennent leur adresse et leur numéro de téléphone pour assurer le suivi. Ensuite, ils rejoignent le groupe des nouveaux croyants pour apprendre les doctrines chrétiennes de base. Une fois baptisés, le département d’évangélisation les remet au département pastoral pour qu’il leur fournisse les services pastoraux appropriés.

    Il convient de noter que le fait d’appeler des personnes depuis la chaire sans que soient présentes de nouvelles personnes (non-croyantes) dans l’église n’a aucun sens. Les assemblées rappellent aux membres d’inviter et d’amener leurs amis, les membres de leur famille ou leurs collègues au culte du dimanche.

    Le pasteur Deneke Hussein, secrétaire général de la région de la MKC du sud de l’Éthiopie, cite une expérience récente : Après le culte dominical, il est sorti et a vu une femme triste. Il a senti que le SaintEsprit le guidait à parler à cette femme. Il l’a saluée et lui a demandé : « Vous avez l’air malheureux, que s’est-il passé ? » La femme a répondu : « J’étais désespérée par la vie et je suis venue à l’église pour entendre la Parole de Dieu. J’ai entendu le message et j’ai été encouragée. Cependant, personne ne m’a parlé »

    Le pasteur Deneke s’est rendu compte que le prédicateur n’invitait pas les gens à accepter le Christ comme leur Sauveur et Seigneur personnel. Il a emmené cette dame dans la salle de prière et lui a demandé ouvertement d’accepter le Christ. Elle a accepté le Christ, on a prié pour elle et elle a été mise en contact avec l’évangéliste de l’assemblée pour un suivi ultérieur.

    Un pasteur de l’ouest de l’Éthiopie déclare : «Après qu’un prédicateur a prêché l’Évangile dans un lieu où de nombreuses personnes se sont rassemblées, ne pas appeler les personnes qui veulent croire au Seigneur Jésus, c’est comme planter une graine et refuser de récolter le fruit une fois qu’il a mûri.»

    3. Rester petit tout en se grandissant

    Photo : Liesa Unger

    Selon la politique de la MKC, une assemblée atteignant plus de 1 000 membres doit être divisée en deux petites assemblées1 . D’un point de vue pratique, les petites églises (moins de 1 000 membres) peuvent fournir des services efficaces à leurs membres. Les membres de la paroisse se connaissent et peuvent vivre une véritable communion fraternelle.

    Une église mère nourrit la nouvelle paroisse fille pour qu’elle devienne une paroisse à part entière. Ensuite, elles continuent à se développer pour donner naissance à d’autres paroisses.

    Le pasteur Sebrela Kedir, directeur du ministère pastoral de la MKC, explique que lorsque des assemblées comptent un grand nombre de membres, elles ne peuvent pas fournir de services pastoraux appropriés aux membres et les mobiliser vers un objectif commun. «Un pasteur ne peut nourrir et protéger correctement le troupeau que lorsque le nombre de membres est raisonnable. Si la paroisse est trop grande, certains membres se perdent.

    «En gardant une taille raisonnable, la MKC croît en qualité et en quantité. Les disciples du Christ partagent fidèlement l’Évangile avec d’autres», ajoute-t-il.

    4. La responsabilité de partager l’Évangile

    Toute personne qui a goûté à la bonté de Jésus devrait en faire part aux autres.

    La MKC déclare clairement que la raison d’être de l’Église est de prêcher l’Évangile de Jésus-Christ à tous les peuples et en faire des disciples du Christ. La Constitution de la MKC mentionne la participation des membres de l’Église à son ministère holistique en la servant par les dons spirituels qui lui sont accordés, la prière, les conseils/consultations professionnelles, le travail, la sagesse et les contributions financières2 .

    Avant de devenir membres de l’Église par le baptême d’eau, on apprend aux nouveaux chrétiens ce que l’Église attend d’eux une fois qu’ils sont devenus membres à part entière.

    L’un des sujets abordés est le concept d’amener d’autres personnes à croire au Christ. La paroisse s’attend à ce que les nouveaux croyants amènent d’autres personnes au Christ comme ils ont euxmêmes été amenées au Christ. Elle les encourage à partager avec d’autres personnes la bonté de Jésus dont ils ont fait l’expérience dans leur vie. Dire aux autres ce que Jésus a fait pour eux ne nécessite pas de formation théologique.

    5. La mise en œuvre d’un plan stratégique adapté au contexte

    Dans toute la MKC, les gens parlent désormais le même langage ‚Äî l’Objectif 2819 est notre priorité.

    Dans le plan stratégique que la MKC a préparé et mis en œuvre en 2022, elle a établi une feuille de route pour soutenir sa croissance. Sa mission a été révisée pour préciser qu’elle est une Église missionnaire/ évangéliste. Elle indique : «La raison d’être de la MKC est de prêcher l’Évangile de Jésus-Christ à tous les peuples et en faire des disciples du Christ».3

    Pour inculquer cela aux membres de l’Église, celle-ci a préparé des présentations sur Matthieu 28/19 ‚Äî Objectif 2819, et des sessions de sensibilisation ont été organisées dans toutes les régions de la MKC. Ce qui a incité ses responsables et ses membres à se concentrer sur la prédication de l’Évangile et à amener les gens à croire en Jésus-Christ. Le président de la MKC a consacré beaucoup de temps à transmettre ce message à toutes les assemblées de la MKC afin d’atteindre ces objectifs.

    Le plan stratégique a également défini des indicateurs spécifiques pour suivre les progrès de l’Église vers une croissance annuelle de 10 % du nombre de membres. Le plan stratégique a permis à l’Église de mobiliser des ressources pour atteindre les objectifs fixés. Par-dessus tout, les dirigeants de l’Église ont réalisé qu’ils existaient pour prêcher l’Évangile et faire de ceux qui croient des disciples du Christ.

    Le pasteur Dessu Abebe, secrétaire général de la région de Nekemte MKC, a déclaré que l’orientation définie par le plan stratégique était très pertinente. Il l’a lu à plusieurs reprises pour le mémoriser, car s’il n’est pas mis en œuvre, l’objectif pour la région échouera.

    «J’ai convoqué les pasteurs principaux et le président du conseil des anciens de toutes les assemblées locales de ma région pour trois jours de formation sur le plan stratégique. J’ai fait de mon mieux pour les aider à comprendre». Il a souligné que la formation ne suffisait pas à elle seule pour bien comprendre.

    Lorsqu’il rencontre les pasteurs principaux lors des sessions de révision trimestrielles, il réactualise le plan stratégique et il les écoute pour comprendre leurs difficultés, leurs préoccupations et leurs succès. Le pasteur Dessu admet que le plan stratégique est difficile et demande beaucoup de travail. Deux des principaux pasteurs de sa région ont démissionné parce qu’ils ont reconnu qu’ils n’avaient pas les compétences nécessaires pour mettre en œuvre le plan stratégique.

    La région de Nekemte de la MKC a pu identifier des districts où il n’y avait pas de paroisse de la MKC. «Nous en avons implanté dans trois de ces districts. Nous n’avions jamais pensé ainsi auparavant. Le plan stratégique nous a guidés vers les endroits où nous devions nous focaliser».

    «Le plan stratégique nous a aidés à avoir une vue d’ensemble de la direction que prend la MKC et de notre r√¥le spécifique en tant qu’assemblée locale», a déclaré le pasteur Shambel Genene, pasteur principal de la paroisse Asella MKC. Elle était déjà engagée dans l’évangélisation des musulmans avant même l’introduction du plan stratégique. Aujourd’hui, «nous avons aligné nos activités d’évangélisation sur le plan stratégique de l’assemblée afin d’apporter notre contribution à la réalisation des objectifs communs».

    6. Ordonner des évangélistes dans les assemblées

    Chaque église locale de la MKC doit avoir au moins un évangéliste qui se consacre à la prédication de la Parole de Dieu et qui amène les gens à la foi en Jésus-Christ.

    Il y a deux décennies, les évangélistes faisaient le travail du pasteur. La MKC a révisé le cahier de charges concernant leur ministère pour que les évangélistes soient libérés du travail pastoral et se concentrent sur l’évangélisation.

    Dans une assemblée, l’évangéliste annonce la bonne nouvelle de Jésus Christ et doit être un modèle. Il/elle est également chargé de motiver et d’équiper les membres pour qu’ils participent activement à l’évangélisation et à l’implantation de nouvelles églises. Il/elle rend compte de ses réalisations en matière d’évangélisation au pasteur principal et au conseil des anciens tous les trimestres.

    Ayalew Balcha est dipl√¥mé du séminaire de Meserete Kristos et a été ordonné évangéliste à Akaki MKC. Il affirme que les assemblées ont besoin d’évangélistes pour proclamer l’Évangile aux non-croyants. Il coordonne le ministère d’évangélisation des assemblées locales et la mobilise pour l’évangélisation.

    Il a une équipe d’évangélisation ‚Äî un groupe d’action ‚Äî qui va chaque mois dans les rues, de village en village, et qui annonce la bonne nouvelle de JésusChrist à tous ceux qu’elle rencontre.

    L’année dernière, 19 nouveaux croyants étant venus à la foi de cette manière ont été baptisés et sont devenus membres d’une paroisse. «Nous prions et travaillons dur pour gagner davantage d’√¢mes au Christ cette année», a-t-il déclaré.

    7. Mobiliser les ressources locales

    « Nos ressources sont les personnes qui sont dans la paroisse. »

    La plupart des membres de la MKC ne sont pas riches. Nous avons plusieurs assemblées dans des zones rurales où est pratiquée une agriculture de subsistance. En raison du changement climatique, des conflits, du type d’agriculture traditionnel, de l’accès insuffisant aux semences améliorées et aux engrais, et d’autres facteurs, ils ne peuvent pas améliorer leurs revenus.

    La plupart d’entre eux sont des paysans qui travaillent dur qui contribuent aux besoins de l’assemblée par la dîme, les offrandes, les dons exceptionnels et les dons d’amour. Ils sont pauvres mais suffisamment généreux pour soutenir le ministère de l’assemblée.

    Les employés et les hommes d’affaires ayant des revenus réguliers paient leur dîme tous les mois.

    Les assemblées locales collectent également des offrandes pour l’évangélisation et la mission. Dans certaines assemblées, les groupes d’étude biblique organisés par l’assemblée versent de l’argent au fonds de mission de la MKC.

    Birru Robele, l’un des principaux dirigeants de la MKC, collecte les contributions mensuelles des membres de son groupe d’étude biblique et les remet à l’assemblée de Misrak d’Addis-Abeba. Elle soutient plus de 130 implanteurs d’églises dans différentes régions du pays ayant un salaire mensuel d’environ 50 USD.

    Certaines personnes ne peuvent pas continuer à travailler après avoir cru en Jésus-Christ parce que ces emplois sont incompatibles avec les enseignements bibliques. Il s’agit notamment de femmes qui se prostituaient ou produisaient et vendaient de boissons alcoolisées locales. Réhabiliter et changer leurs sources de revenus demande de l’argent.

    Le pasteur Bekele Bajira, pasteur principal de Bordi Nekemte MKC, a déclaré que trois prostituées sont venues au Seigneur gr√¢ce à la campagne d’évangélisation. Elles ont suivi l’enseignement chrétien de base et ont été baptisées. Plus tard, ces femmes lui ont dit qu’elles n’avaient plus de nourriture parce qu’elles avaient cessé leur précédent travail. Lorsque le pasteur Bekele a raconté leur histoire à l’assemblée, les membres ont apporté une contribution financière qui a suffi à les aider à démarrer d’autres petites entreprises.

    «Si nous présentons réellement les besoins à satisfaire pour faire avancer la cause de l’Évangile, les croyants sont prêts à donner ce qu’ils ont», dit le pasteur Bekele.

    8. Parler la langue de la population

    Photo : Liesa Unger

    La politique de la MKC stipule que l’évangile doit être prêché et enseigné dans la langue locale. Puisque le but de l’Église est d’aider les gens à entendre l’Évangile, à croire au Christ et à devenir ses disciples, elle prêche et enseigne la parole de Dieu dans la langue préférée par les populations. Le plus souvent les gens ouvrent leur cœur lorsqu’ils entendent l’Évangile dans leur propre langue.

    Dans une société où la question de la langue est sensible, permettre aux personnes d’apprendre l’Évangile dans leur propre langue les aide à ne pas associer les ministères de l’Église à la politique.

    La MKC prépare et met à disposition du matériel d’évangélisation et de formation de disciples en différentes langues. Nous encourageons les croyants qui se sentent appelés au ministère à être multilingues. La connaissance de plusieurs langues ouvre la porte au ministère et à l’implantation d’églises dans différentes cultures.

    Le pasteur Firew Lemma, du département de l’éducation et de la formation au siège de la MKC, s’est récemment rendu à Tigray, dans le nord de l’Éthiopie, pour former des responsables d’églises. Ayant appris leur langue dans sa famille, il a salué les participants en tigrigna et a observé l’expression chaleureuse et accueillante de leur visage. Ils ont été surpris qu’il parle leur langue.

    Parler la langue des personnes que nous servons est essentiel pour communiquer clairement l’Évangile et développer de bonnes relations, dit le pasteur Firew.

    9. Placer des implanteurs dans des communautés sans églises

    «Travaille la terre avec les bœufs de ta région».

    La MKC recrute, forme et place des implanteurs d’églises dans leur propre culture. Étant donné que les implanteurs d’Églises connaissent la culture et ont déjà établi des liens, ils peuvent facilement annoncer l’Évangile de Jésus-Christ.

    La MKC envoie des implanteurs d’églises dans plusieurs contextes : fortement orthodoxes, musulmans et croyances traditionnelles. Wendimu W. Mariam, coordinateur de mission au siège de la MKC, dit que les implanteurs d’églises dans le contexte où les croyances et les pratiques traditionnelles sont prédominantes ont de meilleurs résultats que dans les autres contextes. Dans les communautés qui pratiquent les croyances traditionnelles, si un chef important se convertit au Christ, de nombreux membres de la communauté le suivent et croient en Jésus.

    Dans ce contexte, «nos implanteurs d’églises prient et travaillent pour conduire les gardiens de la communauté au Christ. Une fois qu’ils sont venus à Jésus, il est facile d’amener d’autres personnes au Christ», explique Wendimu.

    10. Suivre la direction de l’Esprit Saint

    La MKC enseigne ce qu’est le Saint-Esprit et affirme que les croyants devraient être capables de vivre une vie chrétienne victorieuse et de témoigner du Christ. Les croyants sont encouragés à écouter les conseils du Saint-Esprit pour discerner la volonté de Dieu dans leur vie. Les pasteurs à plein temps et les responsables des paroisses prient pour que les croyants soient fortifiés par le Saint-Esprit.

    Sur le champ de la mission, la dépendance des implanteurs d’églises à l’égard de la direction du Saint-Esprit a une influence sur leur travail.

    Les implanteurs d’églises qui prient pour les malades et annoncent la Parole de Dieu selon les directives de l’Esprit conduisent plus de personnes au Christ que ceux qui ne le font pas. Lorsque l’Évangile est prêché/ annoncé avec puissance (démontrée par la guérison des malades, le rétablissement de la santé mentale, la libération de la peur des mauvais esprits et le sentiment de la présence de Dieu), les gens sont motivés pour croire en l’Évangile.

    C’est différent de ce que font certains ‚Äòfaiseurs de miracles’ à la télévision. La MKC n’organise pas de réunions de guérison, mais des événements pour prêcher la parole de Dieu. Là, le Saint-Esprit fait les choses selon la volonté de Dieu.

    Les implanteurs d’église ne se concentrent pas sur les miracles, mais sur le fait d’aider chacun à comprendre l’Évangile. Les miracles se produisent lorsqu’ils prient pour les besoins. Dieu confirme la puissance de l’Évangile en libérant les gens de tout ce qui les empêche de connaître le plan de Dieu pour leur vie.

    En conclusion, Dieu attire de manière unique les hommes et les femmes dans son Royaume au sein d’intenses bouleversements politiques, sociaux et économiques dans le pays.

    La croissance de l’Église Meserete Kristos montre que les conditions sur terre n’empêchent pas l’expansion du Royaume de Dieu. L’ampleur et la profondeur des problèmes dans notre contexte auraient pu détruire l’Église. Les forces du mal qui tentent de créer des obstacles à l’évangile sur terre n’ont pas réussi. Notre Dieu qui est sage a utilisé les nombreuses souffrances pour conduire des multitudes vers son Royaume.

    Dieu fait son œuvre. Nous, les enfants de Dieu, devons apporter l’Évangile à tous. Nous pouvons participer à la grande mission de Jésus-Christ en donnant notre argent, notre travail, nos connaissances, notre temps, nos talents, et tout ce que nous avons, et en faire une priorité.

    La principale raison de la croissance de la MKC est que nous avons fait de l’appel missionnaire notre priorité absolue et que nous donnons ce que nous avons pour cette cause. .

    Notes
    1. MKC Constitution Part II, Article 11(2), 2022
    2. MKC Constitution Part II, Article 10(1), 2022, page 8.
    3. MKC Strategic Plan 2022-2026.


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  • Inspiration et réflexion

    Perspectives

    Resources

    Secrétaire Général


    Partager le pain de vie

    «Toute personne qui a découvert la bonté de Jésus devrait en faire part aux autres»

    L’évangélisation est un mot qui fait peur à beaucoup d’entre nous ; mais ce simple conseil offert par des pasteurs éthiopiens simplifie la tâche. Bien que nous ayons tous la responsabilité de partager l’Évangile, c’est le Saint-Esprit qui change les cœurs. Notre travail consiste simplement à parler de notre expérience de la bonté de Dieu.

    Dans ce numéro du Courrier, nous publions des récits de paroisses qui grandissent de différentes manières. L’équipe de responsables des assemblées Meserete Kristos (MKC) partage sa stratégie en 10 étapes concernant leur croissance.

    L’assemblée locale d’Anolaima (Colombie), est une bénédiction pour les arbres, l’herbe et les oiseaux, plantant des graines d’évangile dans le cœur des visiteurs de leur «Igle-Parque».

    Et aux Pays-Bas, un centre de retraite mennonite et un réseau de camping qui y est associé vivent des vies transformatrices dans la communauté, en accueillant les interrogations et en laissant Dieu y répondre.

    Vous trouverez également des témoignages de l’événement ‘Renouveau 2024’ à Curitiba (Brésil) : Transformés, ensemble nous vivons Jésus. En Indonésie, au Zimbabwe et en Uruguay, lisez comment les églises favorisent la croissance de la foi lorsque nous suivons Jésus et parlons ce que nous avons vécu.

    Dans nos articles ‘Ressources’, vous découvrirez des informations intéressantes sur le 500e anniversaire de l’anabaptisme, qui sera célébré prochainement. Enfin, nous avons besoin de votre avis!

    Comment les témoignages que vous avez lus dans Courrier vous ont-ils touché ? Comment avezvous fait connaître ces témoignages dans votre communauté d’églises au sens large?

    Nous souhaitons connaître votre opinion sur ce que vous trouvez de plus intéressant dans Courrier. Merci de scanner le QR code ci-dessous ou de visiter [URL] pour répondre à notre enquête. Elle ne vous prendra que cinq minutes, mais votre réponse aidera la CMM à faire en sorte que Courrier soit pertinent pour vous et votre paroisse. Nous vous remercions de votre aide.

    —Karla Braun est rédactrice, auteure et coordinatrice du site Internet de la CMM. Elle vit à Winnipeg, Manitoba, Canada.

    Courier magazine cover - A crowd of people
  • La crise environnementale et notre mission de protection de la création 


    Un mot d’encouragement de la part de la Commission Foi et Vie de la CMM et du groupe de travail pour la protection de la création. 

    Partie 1 sur 2 

    Il est de plus en plus urgent de « Protéger la création ». 

    L’actualité nous rappelle quotidiennement les changements alarmants de notre climat. Comme le montre l’enquête du groupe de travail pour la protection de la création, nos sœurs et nos frères de la famille mondiale de foi subissent sécheresses, inondations, tempêtes destructrices, incendies, famines et ravages causés par les guerres. Diverses espèces sont menacées, voire en voie d’extinction. 

    Nous sommes témoins d’une épouvantable violence infligée à la création bien-aimée de Dieu. Et nous nous rendons de plus en plus compte à quel point nous sommes liés à ce mal, à la fois en tant que pécheurs et en tant que victimes du péché. 

    Comment réagir ? 

    Nos réponses dépendront sans doute de l’endroit où nous vivons, de nos ressources, de la profondeur de notre foi, de notre théologie et de notre volonté de répondre à l’appel. Cependant, nous nous devons de répondre, que nous vivions dans le Nord, qui est en très grande partie responsable de cette crise, ou dans le Sud, qui en subit une très grande partie des conséquences.  

    Nous vivons dans un monde qui subit les effets du péché humain depuis Eden. Il a brisé notre relation avec Dieu, avec les autres et avec la création dans toute sa diversité. Mais nous vivons aussi dans un monde où l’Esprit bienveillant et libérateur de Dieu opère une « nouvelle création » par et dans le Christ (2 Corinthiens 5,17). 

    Qu’est-ce que cet Esprit nous dit aujourd’hui ? 

    Les Convictions communes et la protection de la création.  

    Une des façons qu’utilise l’Esprit pour nous parler est de nous rappeler les Convictions Communes de la CMM. Malgré nos nombreuses différences, elles nous rappellent que nous partageons une base qui nous permet de répondre en tant que famille de foi à la crise environnementale. 

    Voici quelques implications des convictions que nous partageons : 

    Convictions communes #1 : Dieu est pour nous Père, Fils et Saint-Esprit, le Créateur qui cherche à restaurer l’humanité déchue en appelant un peuple à lui être fidèle dans la fraternité, le culte, le service et le témoignage. 

    D’un point de vue biblique, l’action restauratrice de Dieu dans la Conviction n° 1 englobe « tout ce qui est dans les cieux et sur la terre » (Éphésiens 1.10). Dieu désire restaurer non seulement « l’humanité déchue », mais aussi les écosystèmes qui souffrent des effets de notre chute. 

    En effet, Dieu désire nous sauver de notre violence et de notre insensibilité à l’égard de sa création bien-aimée, afin que nous puissions nous joindre à lui pour prendre véritablement soin de la création en détresse. Nous ne serons pas sauvés par nos œuvres en tant que gardiens de la création, mais nous sommes « sauvés par la grâce » pour les bonnes œuvres, ce qui inclut la protection de la création. (Éphésiens 2,8-10.) 

    Convictions communes #2 : Jésus est le Fils de Dieu. Par sa vie et ses enseignements, sa mort en croix et sa résurrection, il nous a montré comment être des disciples fidèles, il a racheté le monde et il lui donne la vie éternelle. 

    Le « monde » qui est « racheté » par Jésus Christ est un « monde » qui englobe toute la création. C’est parce que Dieu a tant aimé le cosmos (Jean 3,16) que Dieu « réunit l’univers entier » en Christ, ce qui est dans les cieux et sur la terre (Ephésiens 1,10). C’est ce Jésus qui aime le cosmos en entier qui nous montre comment être des disciples qui aiment sa création.  

    Convictions communes #3 : Nous sommes une Église : une communauté composée de ceux que l’Esprit de Dieu appelle à se détourner du péché, à reconnaître Jésus-Christ comme Seigneur, à recevoir le baptême sur confession de foi et à suivre Christ dans leur vie. 

    Nous entendons l’Esprit nous appeler à répondre à la souffrance de la création par la repentance, en nous détournant de la cupidité et de nos ambitions égoïstes. Reconnaître que le Christ est seigneur est un fondement solide pour notre appel missionnaire à prendre soin de la création. 

    Puisque le Christ est Seigneur, l’intégralité du cosmos est un terrain où Dieu poursuit sa mission de rachat, de rédemption et de création. Suivre Christ dans sa vie, c’est participer à cette mission, en vivant simplement, en réduisant l’impact de notre consumérisme sur notre environnement, en défendant les plus vulnérables et en répondant concrètement à leurs souffrances. 

    Convictions communes #4 : Nous sommes une communauté des croyants, nous reconnaissons que la Bible fait autorité pour nous en matière de foi et de vie ; nous l’interprétons ensemble sous la direction de l’Esprit Saint, à la lumière de Jésus-Christ, pour discerner la volonté de Dieu afin d’y obéir. 

    Le Jésus Christ que nous rencontrons dans la Bible est celui par qui tout a été créé — tout, et pas seulement les êtres humains (Jean 1,3 et Colossiens 1,16). Il est vraiment la « lumière du cosmos » (Jean 9,12). Ce mystère profond doit impacter notre vie de disciple (Jean 3,21 

    Convictions communes #5 : L’Esprit de Jésus nous rend capables de faire confiance à Dieu dans tous les domaines de la vie, de sorte que nous devenons artisans de paix renonçant à la violence, en aimant nos ennemis, en recherchant la justice et en partageant nos biens avec ceux qui sont dans le besoin. 

    Nous reconnaissons que la violence fait intrinsèquement partie de l’exploitation des ressources naturelles, les puissants revendiquant les terres et les ressources et cherchant à faire taire les voix qui s’élèvent pour s’y opposer. Ceux qui protègent et défendent l’environnement sont persécutés et tués dans des proportions jamais vues auparavant dans le monde entier. 

    Aujourd’hui, protéger la création nous oblige, en tant que corps du Christ, à dénoncer l’injustice et la violence en étant solidaires des plus vulnérables. La protection de la création et la recherche de la justice sont inséparables. 

    Convictions communes #7 : Nous sommes une communauté mondiale de foi et de vie : nous dépassons les frontières de nationalité, de race, de classe, de sexe et de langue. Nous cherchons à vivre dans le monde sans nous conformer aux puissances du mal, à témoigner de la grâce de Dieu en servant les autres, à prendre soin de la création et à inviter tout être humain à connaître Jésus comme Sauveur et Seigneur. 

    Dans cette conviction, nous affirmons clairement que la protection de la création est au cœur même de la mission de l’Église, qui est de « témoigner de la grâce de Dieu ». En outre, en tant que « communauté mondiale de foi et de vie », transcendant les frontières géographiques, politiques et économiques, nous avons d’innombrables opportunités pour collaborer et répondre au grave défi que représente la protection de la création. 

    Nous rendons grâce pour les collaborations déjà en cours. 

    C’est au Seigneur qu’appartient le monde avec tout ce qu’il contient, la terre avec ceux qui l’habitent. Psaumes 24,1 


    La deuxième partie sera publiée le mois prochain :


  • « […] appliquez-vous à garder l’unité de l’esprit par le lien de la paix. » Ephésiens 4,3 

    Une communauté mondiale, 109 unions d’églises, 58 pays, près de 10 000 paroisses, 1,4 million de membres, 45 langues : est-ce possible que tous puissent être un jour unis ? 

    L’Église est souvent appelée le corps du Christ. Un corps humain a besoin de différents organes pour fonctionner. Il en va de même pour l’Église : il faut de la diversité pour fonctionner, pour être une entité à part entière. 

    Il en va de même pour la communion mondiale. Selon leur place dans le monde, selon leur contexte, les églises membres de la CMM sont différentes. Elles peuvent donc se soutenir mutuellement et apprendre les unes des autres. 

    Être une communauté spirituelle aux Pays-Bas est très différent de ce qu’est une communauté spirituelle en Indonésie ou au Myanmar. Faire partie d’une petite minorité dans un pays où une autre religion est de loin majoritaire, ou dans un pays déchiré par la guerre civile et la violence est bien différent que de vivre dans un pays où il n’y a pas eu de guerre depuis plus de 70 ans et où il existe la liberté de religion. 

    Les anciennes communautés ne sont pas confrontées aux mêmes défis que les nouvelles, et en cela aussi, nous pouvons apprendre les uns des autres et nous encourager mutuellement. 

    Cette unité dans la diversité est très vulnérable. Trop facilement, nous protestons que l’autre ne fait pas partie des nôtres parce qu’il ne vit pas sa foi exactement comme nous, ou parce qu’il lit la Bible autrement de nous. 

    Mais la Parole dit que l’unité est un don de l’Esprit : qui sommes-nous pour la briser ? 

    Il faut donc faire un effort, chercher la rencontre plutôt que la séparation. Et nous devons avoir le courage de nous soutenir les uns les autres, même lorsque nous sommes en désaccord. Car c’est le « mortier » d’un seul Dieu et d’un seul Esprit qui assemble toutes les parties disparates pour en faire une image à la diversité magnifique. 

    C’est ainsi que nous en sommes arrivés à définir les 7 convictions communes de la Conférence Mennonite Mondiale. Il nous a fallu 13 ans pour les formuler et les faire approuver par consensus par le Conseil général. Nous avons aussi défini les valeurs que nous partageons sur Dieu, la Bible, Jésus, le témoignage pour la paix et le culte. 

    Si notre fondement est ce sentiment de cohésion basé sur des convictions, alors nous pouvons parler de nos différences. Nous pouvons nous rapprocher les uns des autres sans porter de jugement, mais en nous intéressant à ce qui préoccupe l’autre. 

    Et si nous sommes assez courageux pour maintenir cela, nous pouvons créer une belle mosaïque, montrant au monde que nous pouvons dépasser les frontières humaines de nationalité, de langue, de couleur et plus encore, pour vivre en paix les uns avec les autres. 

    Henk Stenvers est président de la Conférence Mennonite Mondiale (2022-2028). Il a prononcé ce discours le dimanche de la Fraternité Anabaptiste Mondiale devant son assemblée locale de Doopsgezinde Gemeente Bussum-Naarden, aux Pays-Bas.

    Cliquez ici pour regarder le culte sur YouTube (en néerlandais). 


    39.1

  • Indonésie 

    Nous sommes le 7 octobre 2023. Simon Setiawan et Sarah Yetty, mari et femme, membres de l’église indonésienne Jemaat Kristen Indonesia (JKI), se trouvaient en Égypte, à la tête d’un groupe de plus de 40 personnes originaires d’Indonésie et des États-Unis ayant l’intention de se rendre en Israël-Palestine. Ayant entendu parler des attaques du Hamas contre Israël au petit matin, ils se sont inquiétés de la sécurité des participants à leur voyage. Les ambassades d’Indonésie en Égypte et en Jordanie leur ont téléphoné pour leur dire de ne pas se rendre en Israël. 

    « Après avoir parlé aux agents de l’ambassade et obtenu des informations de nos partenaires locaux, nous avons expliqué la situation au groupe. Nous avons dit que nous suivrions ce que les participants jugeraient le mieux », expliqua Simon Setiawan. « La grande majorité d’entre eux ont voulu continuer, après avoir reçu l’assurance de nos partenaires locaux que nos itinéraires ajustés se trouvaient dans des zones sûres ». 

    Ce jour-là, ils sont donc entrés en Israël par la frontière de Taba, en passant par la station balnéaire d’Eilat. L’attente pour passer la frontière a été longue. Il y avait plus de soldats que d’habitude au poste de contrôle. Les officiers étaient amicaux, mais tendus. L’un d’eux a demandé : « Vous savez ce qui se passe en Israël, n’est-ce pas ? » et a été surpris lorsque le groupe a dit qu’il voulait toujours entrer. Les rues étaient calmes, et seuls deux autres groupes de touristes ont été aperçus. 

    De là, ils se sont dirigés vers le nord, ajustant leurs plans en fonction des dernières évolutions sécuritaires. lIs sont restés une fois dans leur hôtel parce qu’ils avaient entendu dire qu’il y avait des troubles sur place. Une autre fois, ils ont dû changer leur projet de passer la nuit à Bethléem pour se rendre à Jérusalem pour des raisons de sécurité. Ils ont néanmoins réussi à visiter Jéricho, Bethléem et Jérusalem, rencontrant quelques autres groupes de touristes. 

    Ils prévoient d’y retourner cette année, en fonction des conditions de sécurité sur le terrain. « Parce que nous aimons la Terre sainte », dit Simon. 

    Le désir de se rendre en Terre Sainte 

    En 2009, Simon Setiawan et Sarah Yetty se sont inscrits pour la première fois à un voyage en Terre Sainte avec leur paroisse. 

    « Cela faisait longtemps que nous voulions aller en Terre Sainte, mais nous savions que c’était bien au-dessus de nos moyens », explique Sarah Yetty. « J’étais institutrice en maternelle et Simon contribuait au programme missionnaire de l’église. Nous n’avions pas beaucoup d’argent. » 

    Ils ont renouvelé leurs passeports périmés et prié quotidiennement pour un miracle. 

    « Trois mois avant le départ, une femme d’une église presbytérienne que nous n’avions jamais rencontrée a payé la totalité du voyage. Elle nous a dit qu’elle avait fait un rêve un mois plus tôt, dans lequel elle voyait une personne vêtue d’une robe blanche brillante venir la voir et lui dire de bénir un couple pour qu’il se rende en Terre Sainte », raconte Sarah Yetty. 

    « Et puis Simon a dit que comme que quelqu’un avait payé notre voyage, il nous fallait faire quelque chose pour les autres ». 

    Dieu sera avec vous 

    Lorsqu’ils en ont parlé à leur pasteur, celui-ci leur a dit qu’ils pourraient être guides de voyage. « Nous avons dit que nous n’avions aucune expérience, mais il nous a dit que tout irait bien et que Dieu serait avec nous ». 

    « C’était la première fois pour nous, et nous avons énormément aimé », dit Simon Setiawan. 

    Lors de ce premier voyage, ils ont organisé un circuit avec 11 bus, soit environ 500 personnes. Ils ont dû diviser le groupe et partir dans des directions différentes, Sarah Yetty conduisant une équipe et Simon Setiawan le reste. 

    « Nous sommes partis avec seulement 20 dollars en poche. Mais Dieu n’a cessé de nous bénir, comme une manne quotidienne », raconte Sarah Yetty. 

    « Après ce premier voyage, le pasteur nous a demandé de calculer les dépenses concernant la visite enTerre Sainte et de créer une entreprise spécialisée dans les excursions en Terre Sainte. Il nous a aussi demandé d’étudier davantage la Terre Sainte et de suivre une formation sur la manière d’y organiser des excursions. Depuis lors, nous nous sommes engagés à proposer des voyages en Terre Sainte à des prix abordables, afin que les pasteurs et les membres des églises, en particulier ceux des petites villes et des villages, puissent avoir la possibilité de s’y rendre », dit Simon Setiawan. 

    « J’aime y emmener des groupes, être sur la terre où vivait Jésus et voir la Bible prendre vie. Mais plus important encore, j’aime être dans les bus et écouter les témoignages des gens : celui d’un mariage qui a failli se terminer par un divorce jusqu’à ce qu’il arrive à Cana et décide de se réconcilier ; ou encore d’un médecin qui a gravi le mont Sinaï avec moi, et qui n’a avoué, une fois arrivé au sommet, qu’on lui avait posé son 13e stent dans les artères une semaine auparavant », raconte Simon Setiawan. 

    « Je dis toujours qu’il ne s’agit pas d’un simple voyage, mais d’un pèlerinage. Priez pour que, quel que soit le plan de Dieu pour vous au cours de ce voyage, vos yeux soient ouverts pour le voir », ajoute-t-il. 

    Nous aspirons à la paix 

    « Nous prions pour la paix en Israël et en Palestine », déclare Simon Setiawan. 

    « Tout le monde est concerné émotionnellement par la Terre Sainte. Lorsqu’il y a un peu d’instabilité, le monde entier en entend parler et les gens ont peur. Lorsqu’ils ont peur, ils ne viennent pas et l’industrie touristique locale en souffre, en particulier les travailleurs qui vivent dans les zones contrôlées par l’Autorité palestinienne (Jéricho, Bethléem, Ramallah) », dit Simon Setiawan. 

    « Nous voulons que les industries locales prospèrent et que les gens ordinaires puissent vivre leur vie sans crainte. Les gens veulent la stabilité, la sécurité, des deux côtés. Et c’est ce que nous souhaitons pour eux aussi », déclarent Simon Setiawan et Sarah Yetty. 

    —Interim Chief Communications Officer Elina Ciptadi spoke with Simon Setiawan and Sarah Yetty about their experience.


    39.1

  • États-Unis

    J’ai grandi au Guatemala dans des églises évangéliques et pentecôtistes. Les chants, l’école du dimanche et les sermons étaient imprégnés de la théologie chrétienne sioniste qui déclare que la volonté de Dieu est l’établissement d’une patrie juive en Palestine. Le devoir des chrétiens est de soutenir Israël. Certaines églises affichent même un drapeau israélien dans leur sanctuaire. 

    Là, comme dans les assemblées mennonites évangéliques et hispaniques de Calgary (Alberta, Canada) et de Goshen (Indiana, États-Unis), notre culte comprenait des chants sur le Dieu d’Israël qui coupe les têtes de nos ennemis. Les passages bibliques étaient principalement tirés de l’Ancien Testament, lesquelles décrivaient la violence et le génocide. 

    Dans nos cultes, nous célébrions la mort des ennemis d’Israël. 

    On m’a appris à croire que la nation et l’État d’Israël étaient le peuple de Dieu. C’était un péché de remettre en question cette croyance. 

    Ce n’est pas une surprise 

    Je ne suis pas surpris de constater que de nombreuses personnes issues de milieux théologiques similaires ne remettent pas en question les actions du gouvernement israélien à l’heure actuelle. 
    Ils considèrent l’État d’Israël comme un David affrontant un Goliath. Ils pensent qu’Israël est toujours la petite nation biblique qu’il a été, et non la superpuissance mondiale qu’il est aujourd’hui. 

    J’ai conservé cette vision sioniste d’Israël pendant la majeure partie de ma vie. Jusqu’à ce que j’étudie l’histoire et la théologie au Goshen College, dans le cadre du programme des ministères hispaniques. 

    Des professeurs de théologie comme Juan (John) Driver et Ron Collins ont eu la patience de m’aider à déconstruire ces récits violents et à reconstruire une nouvelle théologie anabaptiste de la paix avec une vision différente de Dieu, de Jésus et d’Israël. 

    J’ai appris que la Bible n’est pas plate. Il y a une montagne dans les évangiles, où nous nous tenons avec Jésus et d’où nous pouvons voir et comprendre le reste de la Bible à travers les enseignements, la vision et la mission de Jésus. 

    Ainsi, lorsque mes frères et sœurs hispaniques-latinos/as se sont opposés à une résolution « Chercher la Paix en Israël et en Palestine » lors de la convention de Mennonite Church USA en 2015, j’ai su exactement d’où venait cette opposition. 

    Venez et voyez 

    Alors, j’ai décidé de rejoindre le groupe de travail Israël-Palestine ‘Come and See’ (Venez et Voyez), composé de groupes et d’organisations anabaptistes. 

    L’objectif du groupe de travail était de sensibiliser les responsables à la Palestine et à Israël et de participer à un voyage d’étude en Terre Sainte comprenant une visite en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. 

    Plus de 110 responsables mennonites se sont inscrits, y compris la plupart de mes frères et sœurs hispaniques-latinos/as qui ont pris le micro lors de la convention de 2015. 

    Certains ont déclaré : « Je suis pro-Israël et je ne changerai pas d’avis. » Mais cet état d’esprit a été remis en question lorsque nous avons écouté les récits de personnes vivant de part et d’autre du mur de séparation israélien. 

    En 2017, j’ai de nouveau rejoint un groupe de voyage d’étude. Il comprenait des responsables de MC USA Iglesia Menonita Hispana (Église mennonite hispanique), quelques responsables mennonites anglophones et un couple afro-américain. 

    Outre la visite de “lieux saints” typiquement chrétiens, nous avons franchi des murs que très peu de visiteurs franchissent. Nous avons traversé des postes de contrôle, ce qui nous a rappelé les difficultés auxquelles sont confrontés les membres sans papiers de nos assemblées aux États-Unis. 

    Nous avons visité des camps de réfugiés palestiniens et des colonies israéliennes. 

    Nous avons profité de l’hospitalité de sœurs et de frères chrétiens palestiniens près de Bethléem, et écouté les récits de juifs, de chrétiens et de musulmans. Au Bethlehem Bible College, nous avons découvert des perspectives théologiques chrétiennes complexes sur la question de territoire. 

    Nous avons planté des oliviers en Cisjordanie, à proximité de colonies israéliennes (construites en violation du droit international). Les colons voulaient déplacer les agriculteurs palestiniens chrétiens. 

    Nous avons appris que le conflit n’est ni musulman-juif, ni juif-palestinien, mais qu’il oppose l’État d’Israël à tous ceux qui s’opposent à l’expansion de son occupation — et même aux juifs dont la conscience s’opposent à l’expansion illégale et au déplacement des Palestiniens. 

    L’expérience de l’apartheid  

    Nous avons fait l’expérience de l’apartheid dès notre arrivée, en constatant la forte ségrégation et l’oppression des Palestiniens sous une occupation militaire brutale. 

    Nous avons ressenti des tensions et la ségrégation raciale. Nous, Latinas/os, partageons certaines caractéristiques physiques avec des groupes ethniques du Moyen-Orient (on me demandait constamment si j’étais libanais). 

    Lors de notre passage aux services d’immigration et de douane israéliens, une femme a été retenue pour être interrogée. Elle était si excitée et joyeuse lorsque nous avons atterri. Mais lorsqu’elle est sortie des postes de douane et d’immigration, elle était presque en larmes. 

    Trois jours après le début du voyage d’étude, l’Afro-Américaine de notre groupe a souhaité retourner aux États-Unis, car elle ne se sentait pas en sécurité, évoquant l’époque de Jim Crow aux États-Unis. 

    Ê la fin de notre voyage d’étude ‘Venez et voyez’, nous ne pouvions plus accepter le récit unique de notre éducation chrétienne sioniste. 

    Nos convictions spirituelles et notre théologie avaient changé. 

    Engagés pour la paix 

    Lors de la convention de Mennonite Church USA en 2017, les responsables mennonites hispaniques et racisées ont été parmi les premiers à s’approcher du micro pour parler en faveur de la résolution ‘Chercher la Paix’. 

    Mais dans nos nouvelles compréhensions figurait la complexité des histoires que nous avions entendues et de l’humanité commune des Palestiniens et des Israéliens. 

    Nous nous sommes engagés à lire et à étudier le document Kairos élaboré par nos frères et sœurs chrétiens de Palestine et d’Israël. 

    Nous nous sommes engagés à prendre la parole ! 

    Alors que nous assistons aux atrocités des récentes violences en Israël, à Gaza et en Cisjordanie, cet engagement me revient à l’esprit. 

    Le moment est venu d’utiliser notre influence politique chrétienne pour appeler à un cessez-le-feu permanent et à une résolution juste du conflit. 

    Le moment est venu d’embrasser la complexité dans un monde où les médias simplifient souvent ce qui est dit, répandent des récits mal informés et alimentent les conflits. 

    Le moment est venu de rechercher la paix sans relâche. 

    —Saulo Padilla est coordinateur de l’éducation à la migration pour les Ministères de la Paix et de la Justice du Comité central mennonite aux États-Unis. 


    39.1

  • « Il faut que justice soit faite. Ils doivent payer pour le mal terrible qu’ils ont fait ». Ces phrases et d’autres du même genre ont été souvent répétées dans l’actualité ces derniers mois. 

    Dans mon pays, la Colombie, je n’ai entendu que trop souvent les mêmes phrases sur les lèvres de chrétiens qui prétendent suivre Jésus, le Dieu qui a choisi la compassion plutôt que la vengeance, celui qui nous a enseigné à donner à nos ennemis et même à nos oppresseurs, non pas ce qu’ils méritent, mais ce dont ils ont besoin. 

    Alors que je réfléchis devant les images des atrocités causées par la guerre dans d’innombrables endroits du monde, je me souviens des paroles d’un sage rabbin juif, Jonathan Sacks, qui a été le grand rabbin des Congrégations hébraïques unies du Commonwealth de 1991 à 2013. Permettez-moi de citer quelques-uns de ses écrits : 

    « Il est de la responsabilité [de la foi abrahamique] d’être une bénédiction pour le monde…. Invoquer Dieu pour justifier la violence contre les innocents n’est pas un acte de sainteté mais de sacrilège. C’est une sorte de blasphème. C’est prendre le nom de Dieu en vain » [1]. 

    « Rien n’est plus décourageant que le cycle de vengeance qui hante les zones de conflit et enferme leurs populations dans un passé qui ne relâche jamais son emprise. Tel a été le sort des Balkans, de l’Irlande du Nord, de l’Inde et du Cachemire, du Moyen-Orient…. Les représailles sont la réponse instinctive à ce qui est perçu comme une injustice…. Les griefs historiques sont rarement oubliés. Ils font partie de la mémoire collective d’un peuple…. C’est ce qui fait du pardon une idée si contre-intuitive. C’est plus qu’une technique de résolution des conflits. C’est une stratégie étonnamment originale. Dans un monde sans pardon, le mal engendre le mal, la souffrance engendre la souffrance, et il n’y a pas d’autre moyen que l’épuisement ou l’oubli pour briser ce cycle. Le pardon seul peut le rompre » [2]. 

    Le rabbin Sacks observe — comme toute personne qui s’est penchée sur le conflit israélo-palestinien — que les questions sont complexes. Une solution acceptable pour les principales parties aurait déjà été mise en œuvre s’il avait été simple de la trouver. 

    Une longue mémoire : les Israéliens pensent à « 2 000 ans de souffrance juive et à la nécessité existentielle pour les juifs d’avoir, quelque part sur terre, un espace défendable », écrit le rabbin Sacks, et les Palestiniens se souviennent « des déplacements et des pertes, de l’impuissance politique et des difficultés économiques, de la défaite humiliante et de la colère » [3]. 

    Alors que chaque groupe tente de protéger son propre espace, leurs tentatives de préservation se traduisent parfois par des destructions qui affectent l’autre et se retournent contre eux-mêmes. « Le pardon semble absurdement inadapté aux conflits d’intérêts importants et à la dynamique même de la suspicion, de la méfiance et des griefs cumulés », écrit le rabbin Sacks. 

    « Pourtant, en fin de compte, la paix est établie, si tant est qu’elle le soit, par des personnes qui reconnaissent le statut de personne de leurs adversaires. Tant que les Israéliens et les Palestiniens ne seront pas capables de s’écouter les uns les autres, d’entendre l’angoisse et la colère de chacun et de laisser un espace cognitif aux espoirs de l’autre, il n’y aura pas d’issue [… En tant que juif], j’honore le passé non pas en le répétant mais en en tirant les leçons — en refusant d’ajouter de la souffrance à la souffrance, de la douleur à la douleur. C’est pourquoi nous devons répondre à la haine par l’amour, à la violence par la paix, au ressentiment par la générosité d’esprit et au conflit par la réconciliation » [4]. 

    Au moment où j’écris ces mots, le cycle de la violence et des représailles continue de s’approfondir. Il est presque impossible de dire quoi que ce soit sur cette situation sans fâcher quelqu’un quelque part, comme ce fut le cas avec la réponse conciliatrice à la guerre au Moyen-Orient que nous avons rédigée en octobre 2023. Et pourtant, nous sommes appelés à répondre, en tant que Communion mondiale, à ce scénario de guerre et à beaucoup d’autres scénarios terribles que nous voyons aujourd’hui. C’est pourquoi nous vous invitons, dans ce numéro du Courrier, à réfléchir à la compréhension des messages bibliques en fonction des réalités d’aujourd’hui. 

    Oui, face à de terribles atrocités, les gens, quels qu’ils soient, ont le droit d’exiger que les auteurs obtiennent ce qu’ils méritent pour ce qu’ils ont fait. Mais, grâce à Dieu, il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Grâce à Dieu, Jésus nous montre une autre voie. 

    —César García est secrétaire général de la Conférence Mennonite Mondiale. Originaire de Colombie, il vit à Kitchener, Ontario (Canada).

    [1] Jonathan Sacks, Dieu n’a jamais voulu ça: La violence religieuse décryptée, 5. 
    [2] La dignité de la différence : Pour éviter le choc des civilisations, 178-79. 
    [3] Ibid, 189-190. 
    [4] Ibid, 189-90. 

    Bibliographie 

    • Sacks, Jonathan. The Dignity of Difference: How to Avoid the Clash of Civilizations. London: Bloomsbury, 2003. (traduit chez Bayard, 2004 : La Dignité de la différence : Pour éviter le choc des civilisations

    • ———. Not in God’s Name: Confronting Religious Violence. First American edition. ed. New York: Schocken Books, 2015. (Traduit chez Albin Michel, 2018) : Dieu n’a jamais voulu ça: La violence religieuse décryptée )

    39.1

  • Allemagne 

    Après le lycée, j’ai passé un an en Cisjordanie sous occupation israélienne, où je vivais et travaillais à Tent of Nations

    un projet de paix écologique palestinien et chrétien. J’ai appris beaucoup de choses pendant cette période : à cuisiner sur un feu de bois, à soigner les animaux, et même comment se remettre des gaz lacrymogènes en respirant de l’oignon cru. 

    Mais ce que j’ai appris de plus transformateur et de plus durable concerne la manière dont je comprends et suis Jésus. 

    Ce sont les chrétiens palestiniens qui m’ont appris à voir que Bethléem, Nazareth et Jérusalem sont des lieux réels dont l’histoire a façonné Jésus. Son contexte, marqué par l’oppression militaire, économique et culturelle, n’était pas si différent de la situation des Palestiniens aujourd’hui qui grandissent dans des camps de réfugiés en Cisjordanie ou à Gaza. Aujourd’hui comme hier, l’injustice engendre l’amertume et la répression, créant des spirales de violence et des schémas complexes de traumatisme qui semblent inéluctables. 

    Solidarité avec les opprimés  

    C’est dans ce monde blessé que Dieu a choisi de venir être solidaire des opprimés et montrer une autre façon de lutter pour la dignité et la liberté — une lutte qui libère à la fois la victime et l’oppresseur. 

    Les Nassar, mes hôtes luthériens palestiniens, m’ont appris à mettre en pratique l’enseignement de Jésus sur l’amour des ennemis. Sur des rochers placés à l’origine par des soldats israéliens pour barrer la route, ils ont écrit leur manifeste : « Nous refusons d’être des ennemis »  

    J’ai vu Daher Nassar inviter à prendre le thé des colons armés qui s’étaient introduits sur ses terres, ce qui les a fait reculer, confus. Pour autant, les Nassars ont refusé de renoncer à leur lien avec la terre et à leur rêve d’un avenir commun pour tous. 

    Les membres juifs et musulmans du Cercle des Parents Endeuillés m’ont également fait découvrir une toute nouvelle conception du pardon. En se réunissant pour pleurer la mort de leurs enfants dans le conflit, ils ont compris que les représailles n’apportaient pas la vie. Seul le pardon a le pouvoir de libérer les gens de l’amertume, de les rendre libres pour œuvrer à la libération de tous. 

    Réconciliation plutôt que récrimination 

    Le fait d’avoir vu ces pierres vivantes m’a aidé à regarder en face mon propre enchevêtrement dans ce conflit. Mes deux grands-pères ont combattu dans l’armée nazie et ont contribué à l’assassinat de six millions de juifs en Europe. Les juifs appellent cette atrocité la Shoah, un mot hébreu qui signifie « catastrophe ». Ce crime odieux contre l’humanité représente l’aboutissement de 2 000 ans pendant lesquels les juifs ont été déshumanisés et terrorisés. 

    Il faut rappeler que cette violence a été perpétrée surtout par des chrétiens. Des non-juifs qui ont oublié qu’ils avaient été adoptés dans le peuple de Dieu par grâce. 

    L’antisémitisme est le traumatisme qui a créé le besoin d’un État juif. Pourtant, cet État n’a pas été établi sur une « terre vide », comme le veut l’expression coloniale courante, mais en déplaçant des centaines de milliers de Palestiniens, dont les enfants et les petits-enfants vivent toujours en tant que réfugiés apatrides dans le monde entier. Les Palestiniens appellent cela la « Nakba », qui signifie « catastrophe » en arabe. 

    Ces deux catastrophes sont les blessures fondamentales de ces deux peuples et, comme c’est souvent le cas, nous accordons généralement plus d’attention à nos propres blessures. 

    Des récits qui déstabilisent 

    Lors de conversations avec des militants pacifistes israéliens et palestiniens, j’ai appris avec humilité que le fait d’assumer l’héritage de mon implication dans la violence ne me souillait pas. Au contraire, cela a ouvert des conversations sur la forme que peuvent prendre le repentir et la réconciliation.  

    Ces militants ont parlé de leur lente et douloureuse prise de conscience : réaliser qu’on leur avait menti. Alors que la Shoah était au cœur de l’enseignement israélien, ils n’avaient jamais appris ce qu’était la Nakba.  

    Dans le même temps, les écoles palestiniennes ne présentaient les sionistes que comme des colonisateurs, tout en omettant qu’ils fuyaient la violence génocidaire de l’Europe.  

    Les militants pacifistes m’ont appris l’importance de parler de nos histoires et de permettre à la vérité d’autrui de nous déstabiliser. Pour œuvrer en faveur d’une paix juste et durable depuis la Méditerranée jusqu’au Jourdain, nous devons nous repentir de notre antisémitisme profondément ancré ainsi que de notre imaginaire colonial et résister à leurs manifestations dans nos sociétés d’aujourd’hui. 

    Une image nourrit mon espoir. Chaque année, les Nassar invitaient les gens à venir dans le vignoble pour aider lors des vendange et dissuader de manière non violente la violence des colons. Je me souviens avoir récolté des seaux et des seaux des raisins les plus sucrés que j’aie jamais mangés avec des dizaines de volontaires du monde entier, y compris des Israéliens.  

    Tant les Israéliens que mes hôtes palestiniens ont pris des risques considérables lors de cette rencontre, car, des deux côtés, des personnes s’opposent catégoriquement à toute forme de coexistence. Pourtant, ils ont consciemment pris le risque, parce qu’ils étaient convaincus que la paix exige des relations de confiance et de solidarité qui ne se développent qu’avec le temps et le travail en commun.  

    La joie de cette vendange et le festin de houmous, d’olives et de falafels à la pause déjeuner sont devenus un avant-goût de la famille du Royaume que je chéris et dont j’ai hâte de goûter à nouveau. 

    —Benjamin Isaak-Krauß est co-pasteur avec son épouse Rianna à Mennonitengemeinde Frankfurt, une assemblée de Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer Gemeinden (AMG) en Allemagne. Il représente le Deutsche Mennonitische Friedenskomitee (Comité mennonite allemand pour la paix) au sein du comité de pilotage des Community Peacemaker Teams. 

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    39.1

  • La Conférence Mennonite Mondiale n’a pas officiellement d’églises membres anabaptistes au Moyen-Orient. Ne pas créer une autre église dans une région offrant une grande diversité a été une décision missiologique. 

    Cependant, les chrétiens palestiniens sont un témoignage pour la communion mennonite dans le monde. Là où la théorie rencontre la réalité, ils ont montré à ceux qui y prêtent attention ce qu’est être fidèle à l’appel de Jésus à la non-violence. 

    Depuis le 7 octobre 2024, les yeux du monde sont tournés vers le Moyen-Orient où violence et différentes sortes of violations ont déclenché un flot de mort et de destruction. 

    En tant que chrétiens, nous pouvons nous tourner vers notre Bible pour interpréter les réalités d’aujourd’hui à la lumière des promesses faites il y a longtemps. 

    « La réponse à cette question est différente pour chaque communauté religieuse », dit Dorothy Jean Weaver. Pour une communauté juive, les réponses découlent de la Bible hébraïque, mais en tant que chrétiens, nous sommes appelés à vivre dans le cadre de la nouvelle alliance, où la géographie « n’est plus un facteur pour les disciples de Jésus ». 

    Dorothy Jean Weaver s’est jointe à plusieurs universitaires mennonites ayant une expérience de la région pour réfléchir au passage d’aujourd’hui. 

    Une trajectoire d’inclusion 

    Dès Genèse 12, nous pouvons discerner une trajectoire d’inclusion qui se poursuit dans toute l’Écriture, explique J. Nelson Kraybill. Il y est question de bénédiction et de malédiction, mais celles-ci sont transmises aux autres par l’intermédiaire du peuple d’Israël. 

    « Dans Amos 9,7, Dieu libère non seulement les Israélites, mais aussi d’autres peuples, même ceux qui sont considérés comme ennemis d’Israël », ajoute Paulus Widjaja. 

    « L’un des thèmes qui ressort de l’Ancien Testament, dans des passages tels que Lévitique 26 ou Jérémie 7, est que l’alliance avec le peuple de Dieu est conditionnée à la pratique de la justice », explique J. Nelson Kraybill. 

    « Jésus reprend ensuite la vision d’Esaïe, qui voit toutes les nations affluer vers la montagne de la maison du Seigneur (Esaïe 2,2), lorsqu’il dit que la montagne du Temple est censée être une maison de prière pour toutes les nations (Matthieu 21,13) », dit J. Nelson Kraybill. 

    « Matthieu (qui est un évangile très juif) se termine par le départ des disciples de Jérusalem, de Galilée, pour aller faire des disciples de toutes les nations » explique Dorothy Jean Weaver. 

    La même chose se produit dans l’Évangile de Luc. Au début de l’histoire de Jésus, l’accent est mis sur Jérusalem, mais à la fin, et plus encore dans les Actes, « l’Évangile se déplace de la Judée à la Samarie jusqu’aux extrémités de la terre », dit Dorothy Jean Weaver. 

    Let Gaza Live’ œuvre d’art par Leyla Barkman

    Un cadre différent 

    Il y a parfois un problème d’ignorance, même chez certains chrétiens, dit Paulus Widjaja. « L’Israël de la Bible et l’État moderne d’Israël sont deux choses différentes. Nous ne pouvons pas les associer comme si l’Israël moderne était l’Israël biblique ». 

    « Ce qui me rend triste, c’est que ce qui a été créé aujourd’hui, c’est la haine, et non l’amour. Les Israéliens comme les Palestiniens sont devenus des victimes », déclare Paulus Widjaja. 

    « Selon le Lévitique, la terre appartient à Dieu — les gens sont des locataires et des étrangers sur la terre », dit Alain Epp Weaver. Cela s’applique aussi bien à Israël qu’à l’Amérique du Nord ou à n’importe quel autre endroit. 

    « Rappelons-nous qu’en tant que mennonites, nous avons historiquement rejeté l’idée de l’État-nation et de la souveraineté des rois », dit Jonathan Brenneman. 

    « Si nous lisons attentivement la Bible, Abraham a été choisi non pas pour lui-même, mais pour bénir les autres », explique Paulus Widjaja. 

    « Et dans le Nouveau Testament, nous voyons que ces idées sont reprises et élargies pour inclure le peuple de Dieu qui suit Jésus (1 Corinthiens 6,19, 1 Pierre 2,9) », ajoute Dorothy Jean Weaver. 

    « Pour savoir si nous sommes des intendants fidèles de la terre que nous habitons, il faut savoir si nous y rendons la justice. Nous avons besoin d’une théologie de la compassion pour Israël et la Palestine, une théologie qui reconnaisse l’image de Dieu et de chaque personne — qu’elle soit israélienne, palestinienne, musulmane, chrétienne ou juive. Dieu appelle les gens à faire régner la justice et à s’opposer à la violence de l’État-nation qui porte atteinte à l’image de Dieu », déclare Alain Epp Weaver. 

    « En tant qu’anabaptiste, je suis en quête d’un système transnational, populaire, qui ne soit pas basé sur l’État. Il n’est pas lié à l’ethnicité. Rien ne justifie la violence dans la vie d’un chrétien, car nous suivons celui qui, même capturé par l’armée impériale (la police), a dit “de remettre son épée dans son fourreau” et a guéri l’oreille de Malchus (Jean 18,10) », explique Sarah Nahar. 

    « En lisant la Bible jusqu’à l’Apocalypse, nous découvrons que nous sommes appelés à être des groupes de personnes qui vivent d’une manière égalitaire, en brisant les frontières et en respectant profondément la terre et les autres », ajoute-t-elle. 

    « C’est un appel à la complexité, et non à la facilité. Nous cherchons à être des personnes qui vivent sans avoir besoin de contrôler les autres », dit-elle encore. 

    « Les églises blanches d’origine européenne ont hérité de théologies antijuives qui affirment que Dieu a répudié le peuple juif. Nous devons examiner et rejeter les théologies antijuives qui ont alimenté l’antisémitisme », dit Alain Epp Weaver. 

    « Historiquement, l’antisémitisme fait partie intégrante du colonialisme et du racisme européens. En tant qu’anabaptistes, nous devons nous opposer fermement à l’antisémitisme en tant que forme de racisme », dit-il encore. 

    « Le même appel concerne tous les lecteurs de la Parole : aimer la miséricorde, rechercher la justice, libérer les opprimés, relâcher les captifs, déclarer le Jubilé (Michée 6,8) », dit Jonathan Brenneman. 

    La réponse à la question « qui est élu » se trouve dans les Béatitudes : « Heureux les artisans de paix, heureux ceux qui ont faim et soif de justice, heureux les pauvres » (Matthieu 5,3-10). 

    « Heureux les opprimés, en somme », dit Jonathan Brenneman. 

    Certains commentateurs, y compris des organisations de défense des droits de l’homme, ont qualifié la réalité du Moyen-Orient d’aujourd’hui un apartheid. Comment les mennonites peuvent-ils créer un espace où tous les peuples, palestiniens et israéliens, pourront s’asseoir en toute confiance sous la vigne et le figuier (Michée 4,4) ? 

    « Il est très difficile de voir quelle feuille de route permettrait de passer de la réalité actuelle de la violence et de la discrimination structurelle à une réalité future dans laquelle les Palestiniens et les Israéliens pourraient vivre librement, en sécurité et en paix », dit Alain Epp Weaver. 

    « Nous prions, nous soutenons les Palestiniens et les Israéliens qui s’efforcent de faire tomber les murs de séparation qui empêchent les gens de se reconnaître les uns les autres comme enfants de Dieu et même de voit ces murs de séparation. Nous devons nous élever contre les fossés qui se dressent (amusant « des fossés qui se dressent !) murs élevés dans nos cœurs — et même contre les murs de pierres érigés par l’État israélien — qui blessent, dégradent et tuent », déclare-t-il. 

    « Nous vivons dans un monde qui a été divisé, où un groupe de personnes déclare “ceci est à nous !” à propos d’une parcelle de terre. Mais notre appel à être fidèles, où que nous soyons dans la société, est de faire pression pour que s’accomplisse la justice de Dieu sur terre selon la mesure de notre énergie pour avancer vers cet objectif, car nous sommes mandatés par Dieu : “ Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre” (Matthieu 6,12) », dit Dorothy Jean Weaver. 

    « Qui est responsable de l’accomplissement de la volonté de Dieu sur terre ? » demande-t-elle. “La réponse définitive est que Dieu est tout-puissant. Mais Dieu nous appelle aussi à agir pour que sa volonté se réalise sur terre. Nous devons prier le Notre Père avec audace et courage”. 

    Pour ceux qui vivent au Canada et aux États-Unis, le mouvement mennonite « Dismantling the Doctrine of Discovery » (Coalition pour la Déconstruction de la Doctrine de la Découverte) nous aide à reconnaître que le péché est structurel, ce qui est un véritable défi. 

    “Le travail que je peux entreprendre consiste à comprendre comment les dynamiques de pouvoir se manifestent partout, à reconnaître les systèmes de déplacement et de dépossession, à me demander à quel prix et au détriment de qui j’obtiens des privilèges dans la société”, explique Sarah Nahar. 

    “L’Évangile propose une nouvelle fa√ßon de penser nos vies et nous encourage à dépasser les frontières, où que nous soyons et qui que nous soyons”, ajoute-t-elle. 

    “D’un point de vue éthique, si nous voulons que notre action ait un sens, elle doit se fonder sur un récit, sinon elle n’aura aucun sens”, explique Paulus Widjaja. 

    Ceux qui recherchent des récits significatifs pour fonder leur action et leur compréhension de la Terre sainte ont la possibilité de le faire. Le Bethlehem Bible College, une école évangélique située au cœur de la Cisjordanie, organise sa 7e conférence  : ‚ÄòLe Christ au checkpoint’ du 21 au 26 mai 2026. “Faire la justice, aimer la miséricorde : le témoignage chrétien dans les contextes d’oppression” — une invitation à “venir et voir !” en personne ou en diffusion en direct. (Cliquez ici pour en savoir plus.) 

    Comment les mennonites peuvent-ils être pacifiques sans être passifs ? Lorsqu’il semble y avoir deux camps, est-il possible d’être neutre sans se ranger implicitement du côté de l’oppresseur ? 

    “La neutralité est un mot très dangereux pour nous, car il nous permet d’imaginer que les choses sont égales, alors qu’elles le sont rarement”, dit Dorothy Jean Weaver. 

    Dans une grande partie du monde, en particulier aux États-Unis, il est admis que les chrétiens sont du côté de l’armée qui commet le génocide. En tant que chrétiens, si nous ne nous exprimons pas, on considère que nous sommes du côté du militarisme, de la violence et du génocide », dit Jonathan Brenneman. 

    « Si nous examinons cette question d’un point de vue théologique, alors oui, nous prenons parti, mais pas pour un peuple, et certainement pas pour un État — nous prenons parti pour des valeurs : la justice, la paix, la réconciliation », dit Paulus Widjaja. 

    « Dans la Bible, les Israélites pensaient que Dieu était toujours de leur côté, mais il y a eu des moments où Dieu a dit : “Je suis de ton côté quand tu es opprimé, mais je suis aussi avec les autres quand ce sont eux qui sont opprimés”. 

    Voyez les prophètes bibliques. On ne pourrait jamais les accuser d’être neutres face aux situations qu’ils ont vécues », ajoute Dorothy Jean Weaver. 

    « Je me range donc du côté des principes chrétiens de justice, d’amour et de réconciliation. Qui que ce soit est opprimé, je serai avec lui, quelle que soit sa nationalité », déclare Paulus Widjaja. 

    « Il a été très important de faire de la théologie dans les rues ensemble, en travaillant pour un cessez-le-feu avec des juifs, des musulmans, des chrétiens, des bah√°’√≠s et des humanistes », dit Sarah Nahar, qui voit qu’il y a bien davantage que deux camps. 

    « J’ai eu l’occasion de faire de la théologie aux côtés de juifs antisionistes qui sont très malheureux lorsque leur foi magnifique, multiforme et profonde est anéantie d’un côté par le nationalisme et de l’autre par le militarisme », dit-elle. 

    Les chrétiens se remettent encore de l’année 313 après Jésus-Christ, lorsque l’empire s’est emparé de la chrétienté ; aussi nous pouvons comprendre ceux qui disent qu’ils ne veulent pas être associés au pouvoir de l’État. 

    « La violence de l’État ne me protège pas : ce sont les relations qui me protègent. Nous pouvons avoir la sécurité et une place dans un monde que l’on partage », continue-t-elle. 

    « D’un point de vue eschatologique », dit Alain Epp Weaver, « il n’y a qu’un côté, le côté de l’humanité, l’humanité que Dieu réconcilie avec lui-même par l’œuvre de l’Esprit, l’Esprit qui brise les murs de la division et de la haine ». 

    « Pour l’Église, témoigner dans ce monde brisé signifie s’élever contre toutes les formes d’injustice, y compris les structures d’occupation militaire qui construisent des murs et approfondissent les divisions. Lorsque nous défendons la justice, les gens nous accusent parfois de créer des divisions, mais nous sommes animés par cette vision d’une humanité réconciliée que Dieu rappelle à Lui, nous rappelant à notre nature originelle », déclare Alain Epp Weaver. 

    Les chrétiens palestiniens ont lancé un appel qui a été publié à la fin du mois d’octobre : « Nous demandons aux responsables d’églises et aux théologiens occidentaux qui soutiennent les guerres d’Israël de rendre compte de leur complicité théologique et politique avec les crimes israéliens contre les Palestiniens », écrivent-ils. (Cliquez ici pour lire le document complet.) 

    « J’ai vu et je soutiens cet appel », dit Alain Epp Weaver. « L’Église occidentale a été complice de la dépossession des Palestiniens. Il est grand temps qu’elle s’exprime par des actions concrètes. 

    « La large coalition chrétienne palestinienne qui a écrit cette lettre travaille en étroite collaboration avec les autres et dénonce le bluff de l’Église occidentale. Je prie pour que l’Église occidentale ait des oreilles et un cœur pour écouter », dit Dorothy Jean Weaver. 

    « Je suis reconnaissante à la tradition pacifiste de nous permettre de prendre courageusement et humblement non seulement position, mais aussi d’agir et de prier en nous engageant à ne pas éliminer les autres », déclare Sarah Nahar. 

    « Si nous nous trompons, nous pouvons chercher, réparer et apprendre. Je me poserai certaines de ces questions à l’occasion de notre 500e anniversaire, que certains estiment devoir être célébré parce que nous avons été fidèles, tandis que d’autres pensent qu’il devrait s’agir d’un moment de deuil parce que notre corps chrétien a été déchiré », ajoute-t-elle. « C’est également une question complexe. » 

    « Nous continuons tous à agir et à prier pour la guérison de ce qui est brisé dans le monde et nos propres vies », dit J. Nelson Kraybill. 

    Contributeurs 

    • Dorothy Jean Weaver a pris sa retraite après avoir enseigné le Nouveau Testament au Eastern Mennonite Seminary de Harrisonburg, en Virginie (États-Unis). Elle a aussi beaucoup voyagé en Israël-Palestine et à l’extérieur, à la fois dans le cadre de congés sabbatiques universitaires et pour diriger des voyages d’études et des groupes de travail. 
    • J. Nelson Kraybill est un universitaire à la retraite et ancien président de la CMM (2015-2022). Il est également impliqué depuis longtemps en Israël-Palestine, à la fois en tant qu’organisateur de voyages et en tant qu’universitaire. Il a récemment été chercheur en résidence au Bethlehem Bible College, en Cisjordanie, pendant huit mois. 
    • Paulus Widjaja est pasteur ordonné de la GKMI. Il est chargé de cours à la faculté de théologie de l’université chrétienne Duta Wacana à Yogyakarta, en Indonésie. 
    • Alain Epp-Weaver dirige la planification stratégique du Comité Central Mennonite. Il vit à Lancaster, en Pennsylvanie (États-Unis). Il a travaillé pendant 11 ans en Palestine occupée, dont deux ans à Gaza, en tant que coordinateur de programme, et a écrit et édité des livres sur la Palestine. 
    • Jonathan Brenneman est un mennonite américain d’origine palestinienne. Il a travaillé avec les Community Peacemaker Teams en Palestine et a travaillé sur le programme « Peace in Israel and Palestine (Paix en Israël et en Palestine) » de Mennonite Church USA en 2017. 
    • Sarah Nahar vit actuellement à Syracuse, dans l’État de New York (États-Unis), sur les terres non concédées de la nation Onondaga. Elle a été la représentante de l’Amérique du Nord au sein de AMIGOS — un précurseur du Comité YABs de la CMM. En tant que directrice exécutive de Community Peacemaker Teams, elle a servi en Israël-Palestine et a travaillé avec le Sabeel Liberation Theology Centre à Jérusalem. 

    39.1

    Updated 16 April 2024: date of Christ At The Checkpoint conference corrected

  • Paraguay

    Je m’appelle Monika. Je viens du Paraguay et j’ai effectué un service volontaire au Village Nazareth. Le Village Nazareth est un musée en plein air situé à Nazareth, en Israël. Ce musée recrée la vie du premier siècle et vise à montrer aux touristes le Nazareth de l’époque de Jésus.

    J’ai participé au programme YAMEN* pendant 11 mois, en 2022-2023.

    En regardant en arrière et en pensant à mon vécu, je me rends compte que beaucoup de choses m’ont formée.

    La Bible, et donc aussi notre foi, est historiquement prouvée. C’est en Israël Palestine que j’en ai pris conscience pour la première fois. Et cela m’a aidé à mieux apprécier ma foi. Pour moi, la foi — et surtout la personne de Jésus — était très abstraite. Il m’était difficile de comprendre que Jésus soit un homme et qu’il ait vécu sur terre. 

    Durant mon temps à Nazareth, j’ai consacré beaucoup de temps à expliquer la vie du premier siècle aux touristes. J’ai répété les mêmes informations encore et encore, et soudain, ce n’était plus une abstraction. Il devenait de plus en plus facile d’imaginer Jésus enseignant dans la synagogue de Nazareth ou marchant sur la mer de Galilée. J’avais l’impression d’être dans les événements des Évangiles. 

    Il y a aussi quelque chose que je n’avais pas compris jusqu’alors, c’est que les écritures de l’Ancien Testament font référence à Jésus à maintes reprises. Je savais que certains versets, comme celui d’Ésaïe 9, faisaient référence à Jésus. Mais le fait qu’il y ait tant de promesses que Jésus ait accomplies était nouveau pour moi. Et j’ai été ravie de découvrir ces liens. 

    Ce ne sont pas les lieux eux-mêmes — les fouilles ou bien les endroits où Jésus a parlé à ses disciples — qui ont renforcé ma foi. C’est le fait que ce que je lis dans la Bible est confirmé dans de nombreux cas par l’histoire. J’ai été impressionnée par la manière dont Dieu a utilisé les hommes et la nature pour révéler son existence.

    Le musée est une réplique d’un village juif du premier siècle, et Nazareth est aujourd’hui une ville arabe. La majorité du personnel est composée de chrétiens arabes qui représentent les habitants du village historique.

    Bien que je ne connaisse rien à la culture arabe et que je ne parle pas un mot d’arabe, l’équipe du Village Nazareth m’a accueillie comme membre du groupe dès le premier jour. J’ai toujours admiré le personnel pour le temps et l’énergie qu’il consacre à établir des relations avec les volontaires, même si la plupart d’entre eux ne restent que quelques mois.

    Les gens du Village m’ont appris à cultiver les relations et à ne pas juger les gens sur leurs performances.

    Une chose très typique des Arabes est de demander des nouvelles de la famille. Tous les lundis, ils me demandaient si j’avais parlé à ma mère au téléphone et comment elle allait. Ê un moment donné, je me suis retrouvée appeler ma mère le week-end pour ne pas avoir à répéter que je ne lui avais pas parlé.

    J’ai appris que ce ne sont pas toujours les mots qui transmettent l’amour de Jésus. Parfois, ce sont les actes qui parlent plus fort que les mots. J’ai appris à aimer et à apprécier le personnel de Nazareth Village, et je suis reconnaissante pour le témoignage qu’il laisse. 

    — Monika Warkentin est membre de HMC – Iglesia Hermanos Mennitas Concordia, Asuncion, Paraguay, qui fait partie de la conférence des Frères mennonites. Son petit ami paraguayen est venu lui rendre visite pendant son année de service et l’a demandée en mariage à la Mer Morte. Elle est aujourd’hui heureuse en mariage.

    *Le Réseau Anabaptiste Mondial d’Échange de Jeunes (YAMEN) est un programme conjoint du Comité central mennonite et de la Conférence Mennonite Mondiale. Il a pour objectif de promouvoir la communion entre les églises de la tradition anabaptiste et de former de jeunes dirigeants partout dans le monde. Les participants vivent une année dans un contexte interculturel, à compter du mois d’août jusqu’au mois de juillet de l’année suivante.

    39.1

  • Inspiration et reflexion

    Perspectives

    Ressources

    Secrétaire Général 


    Le mot de la rédactrice

    Une confession, et beaucoup d’humilité 

    « Dieu est sous les décombres à Gaza… Il marche avec nous dans la vallée de l’ombre de la mort. Si nous voulons prier, ma prière est que ceux qui souffrent ressentent cette présence bienfaisante et réconfortante ». 

    Dans de son message, le pasteur, professeur et auteur, Munther Isaac, a prononcé ces paroles de lamentation devant son assemblée, en Cisjordanie, en octobre. Elles ont circulé par vidéo et en version imprimée, elles ont été reprises et contestées dans le monde entier au cours des mois qui ont suivi, alors que les décombres ne cessaient de s’amonceler. 

    Ce numéro du Courrier traite d’une question toujours controversée. Au moment où il paraît, la mort s’est abattue sur deux peuples sur une terre appelée Israël, Palestine, Terre sainte, Moyen-Orient, Levant. 

    Cette question « appelle à la confession et à beaucoup d’humilité », déclare J. Daryl Byler, qui travaille depuis longtemps pour le Comité central mennonite en Palestine et en Jordanie. 

    Par l’intermédiaire du Comité central mennonite, les mennonites soutiennent des projets éducatifs destinées au peuple palestinien depuis les années 1940. Dans un pays riche en églises, certains groupes mennonites ont choisi de laisser leur marque par le service plutôt que par l’implantation d’églises. 

    Les mennonites partagent aussi un passé avec les peuples juifs. Les premiers anabaptistes ont reconnu que le judaïsme nous permettait de comprendre Jésus en tant qu’homme juif et qu’il nous permettait de résister à l’empire pour rechercher le royaume de Dieu. Cependant, la coexistence des mennonites et des juifs en Europe aux XIXe et XXe siècles n’a pas toujours été harmonieuse. Dans l’Allemagne nazie, les mennonites avaient autant tendance à soutenir l’État qu’à lui résister. 

    « Les chrétiens ont utilisé la Bible pour soutenir des positions antisémites et sionistes chrétiennes. L’une suggère que le peuple juif n’est pas pleinement humain, l’autre qu’il est spécialement choisi et favorisé », explique J. Daryl Byler. « Aucune de ces positions n’est cohérente avec les valeurs bibliques fondamentales : 

    • Dieu aime le monde 
    • Tous les êtres humains sont créés à l’image de Dieu 
    • Dieu nous appelle à agir avec justice, à aimer la bonté et à marcher humblement 
    • Jésus nous appelle à aimer notre prochain comme nous-mêmes 
    • Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Galates 3,28). 

    Ce numéro s’éloigne de l’horreur qui se déroule chaque jour sur nos écrans pour se pencher sur ces thèmes bibliques et partager des témoignages. 

    Dans notre dossier, des universitaires et des acteurs de terrain nous font part de leur lecture personnelle de la Bible concernant la terre et les peuples qui l’habitent. 

    Les auteurs de Perspectives nous expliquent comment leur séjour sur cette terre a façonné leur foi. 

    « Nous devons désapprendre les mythes », dit Jonathan Kuttab, un chrétien palestinien qui a de nombreux points communs avec les mennonites. 

    Il nous faut désapprendre des mythes sur le peuple palestinien et des mythes sur l’innocence des mennonites à l’égard du peuple juif, ce qui nécessitent humilité et confession. 

    Le fait d’exercer un pouvoir sur d’autres personnes, de les déshumaniser, ne permet pas de construire un monde où chacun peut s’épanouir. Ce n’est certainement pas la voie de Jésus. Qu’il s’agisse d’oppression ou de richesse, nous sommes tous tentés d’en faire porter la responsabilité aux autres et de les détruire pour notre propre bénéfice — qu’ils s’agissent d’Israéliens, de Palestiniens, de juifs, de mennonites ou d’autres. 

    Mais en tant que disciples de Jésus, lorsque nous lisons notre Bible, puissent-elles nous appeler à parler au nom de ceux qui souffrent, quel que soit le ‘camp’ auquel ils s’identifient. Marchons dans la vallée avec ceux qui sont dans l’ombre de la mort. Luttons contre l’injustice, quels qu’en soient les auteurs. Et repentons-nous de notre incapacité à discerner l’injustice, à parler avec courage et à agir avec amour. 

    Karla Braun est rédactrice, auteure et coordinatrice du site Internet de la CMM. Elle vit à Winnipeg, Manitoba, Canada. 

    Further reading on CCC 39.1

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