Prayers of gratitude and intercession

  • L’Église ÉvangĂ©lique Mennonite du Burkina Faso (EEMBF) a soufflĂ© ses 40 bougies les 23, 24 et 25 novembre 2018 Ă  Orodara, dans la province du KĂ©nĂ©dougou. RĂ©cit haut en couleur !

    Cette cĂ©lĂ©bration est intervenue dans un contexte sĂ©curitaire difficile pour le Burkina Faso. Un appel Ă  la prière avait Ă©tĂ© lancĂ© Ă  toutes les Ă©glises. Nous avons fait appel aux forces de sĂ©curitĂ© nationale, mais nous avons fait confiance Ă  l’éternel qui combattra pour nous (Exode 14/14).

    Au matin du 23 novembre 2018, l’ambiance est inhabituelle. Le nouveau temple se dresse fièrement, parĂ© de ses plus belles robes de dĂ©coration multicolores, l’œuvre des femmes mennonites. Les jeunes volontaires s’affairent pour les derniers rĂ©glages. Partout, on observe de la propretĂ©, des arbres peints en blanc, des fleurs ! Tout est beau ce matin.

    À 9 h, le maître de cérémonie, Paul Ouédraogo, annonce le programme dans une église archi-comble.

    Puis, le président de l’EEMBF, le pasteur Abdias Coulibaly, précise le sens et les objectifs du quarantenaire avec ses quatre temps forts : la cérémonie d’ouverture ; la marche à travers la ville d’Orodara ; les conférences ; la cérémonie de clôture.

    SĂ©ance inaugurale

    L’exĂ©cution de l’hymne du quarantenaire est un moment de grande Ă©motion qui a contribuĂ© au succès du quarantenaire. Tel un symbole d’unitĂ©,l’ensemble des reprĂ©sentants des 19 Ă©glises locales mennonites du Burkina Faso, rĂ©unis en un seul lieu, entonnent ce cantique avec solennitĂ© en l’honneur du Seigneur JĂ©sus-Christ !

    Personne n’avait imaginĂ© un tel scĂ©nario 40 ans auparavant ! « L’Éternel a fait pour nous de grandes choses, nous sommes dans la joie ! Â» (Psaume 126/3).

    La marche Ă  travers la ville

    Une marche en tenue d’apparat en plein jour de marchĂ© d’Orodara Ă  la manière de l’ArmĂ©e du Salut : du jamais vu Ă  Orodara !

    Environ 600 personnes défilent au son de la fanfare venue spécialement de Ouagadougou. Chaque église locale avait délégué 30 participants.

    Au-delà du spectacle festif, cette marche constituait un témoignage public qui a dissipé la peur au regard du contexte d’insécurité. La marche terminée sans incident est la preuve de l’exaucement de la prière adressée au Seigneur par son peuple. Cette assurance de l’exaucement a galvanisé l’ardeur et la ferveur des organisateurs.

    Les conférences

    Rod Hollinger-Janzen prĂ©sente un exposĂ© sur l’histoire et la doctrine mennonites. Rod rappelle :« Les mennonites sont une branche sur le grand arbre de l’église universelle. Â»

    Il conclut :« Nous cĂ©lĂ©brons ce week-end l’arrivĂ©e au Burkina Faso de l’Église mennonite anabaptiste et son enracinement dans le sol burkinabĂ©. Vous faites partie de cette branche de l’arbre, et vous portez des fruits, beaucoup de fruits, parce que vous ĂŞtes enracinĂ©s en Dieu, en JĂ©sus-Christ, et en l’Esprit Saint, et c’est dans votre nature d’en porter. Â»

    Siaka TraorĂ© rappelle ensuite que, de 1978 Ă  2018, ce sont 50 missionnaires qui ont investi le KĂ©nĂ©dougou pour annoncer l’Évangile parmi les peuples senoufo, siamu, samogho, etc. Ils ont concentrĂ© leurs efforts sur la traduction en langues locales. L’orateur souligne l’importance du rĂ´le de la femme et des jeunes au sein de l’EEMBF.Il conclut par un appel lancĂ© Ă  la jeunesse : soyez meilleurs que vos prĂ©dĂ©cesseurs1 !

    La cérémonie de clôture

    Le succès de l’événement dépendait de deux choses essentielles : l’accueil et la restauration. La commission restauration était présidée par la très dynamique sœur Dakuo Justine. On s’attendait à une abondante nourriture servie dans de grandes marmites, autour desquelles plusieurs personnes œuvreraient pour se régaler à l’africaine.

    Mais Justine et son Ă©quipe surprennent tous les invitĂ©s en nous servant un repas dans des kits individuels ! Plus de 1 000 kits sont servis ! L’équipe de Justine passe mĂŞme la nuit Ă  la cuisine, afin d’offrir des repas de qualitĂ© aux convives.

    Lorsque l’ordre est donnĂ© de servir les convives, Justine et ses amazones demandent Ă  chacun de rester Ă  sa place. Elles font manger tout le monde, et il en restera dans des corbeilles, Ă  la manière de JĂ©sus (Matthieu 15/37).

    Ce dĂ®ner offert par Justine et son Ă©quipe prĂ©figure les noces de l’Agneau. Alors fĂ©licitations Ă  la commission restauration avec sa tĂŞte, Maman Justine Dakuo ! Salut les amazones du quarantenaire !

    Cette prouesse a Ă©tĂ© observĂ©e par un des photographes qui nous a fait cette remarque :« Votre service Ă©tait propre, pas de distinction entre les grands et les petits. Tous ont mangĂ© la mĂŞme quantitĂ© et qualitĂ© de nourriture. Chez vous, il y a de l’amour. Â»

    —Paul Ouédraogo, cofondateur et ancien de l’Église mennonite d’Orodara, Burkina Faso

    Note 1. Un article paru dans Christ Seul, février 2019, p. 14–15, a donné plus de détails sur l’histoire et les activités des Églises mennonites du Burkina Faso

     

    Cet article et le Réseau mennonite francophone Cet article est publié dans le cadre du Réseau mennonite francophone et paraît aussi dans Le Lien (Québec) et sur le site de la Conférence Mennonite Mondiale (www.mwc-cmm.org). Coordination de la publication des articles : Jean-Paul Pelsy.

  • L’Eglise de Samoghohiri au Burkina Faso a vĂ©cu la joie de la consĂ©cration de FabĂ© TraorĂ© et de Kari TraorĂ© au ministère pastoral.

    Le 1er mai 2016, deux pasteurs ont été consacrés à Samoghohiri, dans la province du Kénédougou dont le chef-lieu est Orodara. Cela fait plus d’un quart de siècle que des missionnaires mennonites se sont installés dans ce village pour traduire les Saintes Ecritures dans la langue Dzùùn et annoncer la Bonne Nouvelle au peuple samogho. C’est la première consécration de pasteurs originaires de ce peuple. Elle concerne deux grandes familles de l’Eglise de Samogohiri : celle de Fabé Traoré et son épouse Abibata et celle de Kari Traoré et son épouse Biba.

    Fabé et Abibata ont 15 années de vie de couple et le Seigneur les a bénis avec deux filles et un garçon. Ils exercent leur ministère à Samoghohiri, après leur formation à la Faculté de théologie à Abidjan et un stage pratique dans l’Eglise à Orodara. Le second couple, plus jeune, a deux enfants, un garçon et une fille. Ils se sont également engagés dans la traduction de la Bible en Dùùngoo après l’obtention d’une licence dans un institut biblique au Togo. Ils exercent leur ministère dans un village voisin, Saraba, où des missionnaires ont travaillé pendant environ 20 ans.

    Ces deux couples veulent, par leur vie d’obéissance à la Parole de Dieu et par leur dévouement, être des instruments utiles entre les mains du Seigneur.

    FOULE DES GRANDS JOURS

    Petit à petit, le hangar dressé pour la circonstance a connu une telle affluence qu’il a fallu refuser du monde. De toutes les zones et régions, les frères et sœurs avaient mis à part ce jour pour venir manifester leur soutien à l’Église de Samoghohiri et aux deux couples consacrés. La cérémonie s’est déroulée comme un culte d’adoration du dimanche avec cependant quelques spécificités, notamment les cantiques de louange et d’adoration, de joie et de consécration au Seigneur.

    PAS UN GRADE !

    Lors de la prédication, le pasteur Abdias Coulibaly a insisté sur les implications de la consécration dans la vie et dans le ministère des pasteurs. Le chrétien est appelé à se donner dans sa totalité, comme l’apôtre Paul le mentionne dans son épître aux Romains : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. » (Rm 12.1). La consécration ne doit pas être perçue comme une simple cérémonie, mais comme un acte de renoncement à soi-même, un engagement pris de façon libre et consciente de ne vivre que pour le Seigneur Jésus-Christ. C’est ce que signifie la vie de disciple du Seigneur Jésus-Christ qui, lui-même, est le modèle de serviteur par excellence. La consécration, c’est d’avoir pour priorité l’obéissance personnelle au Seigneur et de servir les autres et non soi-même. Selon ce que le Maître disait : « Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. » D’aucuns pensent que la consécration est un grade que l’on obtient dans le ministère et qui aurait des privilèges d’ordre matériel ou financier. Loin de là ! C’est un engagement à une vie de disciple de Jésus-Christ dans tous les domaines de la vie. Pour être consacré, le pasteur doit remplir trois conditions : avoir accompli au moins trois ans de ministère après sa formation pastorale ; être recommandé par son Église locale ; être approuvé par l’Église nationale.

    ENGAGEMENTS COMME PERE, EPOUX, SERVITEUR

    Pour le temps de consécration, le pasteur Siaka Traoré a exprimé sa reconnaissance au Seigneur, félicité la communauté pour sa grande mobilisation et brièvement rappelé les circonstances de la présente cérémonie. Par des questions suivies de réponses, chaque pasteur s’est engagé à être d’abord un bon père de famille et un bon époux avant d’être un serviteur fidèle à l’image du Seigneur Jésus-Christ. Enfin, les responsables de l’Église nationale ont prié et ont imposé les mains aux deux couples pour les accompagner dans leur engagement à être des témoins de Christ dans leur vie de famille et dans le service de la communauté mennonite et leur communauté d’origine : les Dzùùn. Pendant la cérémonie de consécration, le nouveau pasteur Fabé Traoré a eu l’opportunité de présenter au Seigneur les enfants de son collaborateur Kari Traoré. C’était son baptême de feu !

    Nous voulons féliciter les deux nouveaux couples pastoraux et les encourager. Leur engagement est digne, louable et honorable. C’est ce que le Seigneur demande à tous ses disciples, qu’ils soient engagés dans un ministère ou non. A nous tous qui traînons les pieds dans notre marche avec le Seigneur : il nous veut engagés, à quelque niveau que ce soit. Nous sommes appelés à être des disciples et des faiseurs de disciples.

    —Othniel Dakouo Sabere, Eglise d’Orodara, Burkina Faso, étudiant en théologie, coordinateur du programme mennonite de prévention du Sida


    Cet article et le RĂ©seau mennonite francophone

    Cet article paraît dans le cadre d’articles publiés par le Réseau mennonite francophone de la Conférence Mennonite Mondiale, et il relie les Eglises du Burkina Faso, de la République démocratique du Congo, du Québec, de la Suisse et de la France. Coordination : Jean-Paul Pelsy.

  • Le comitĂ© de pilotage du projet de formation thĂ©ologique anabaptiste en ligne s’est rencontrĂ© Ă  Abidjan, CĂ´te D’Ivoire, les 14–15 septembre 2018. Le point sur l’état d’avancement du projet.

    Ce programme a pour but de développer et de mettre à disposition des formations en ligne liées à la théologie anabaptiste, et particulièrement aux thèmes de la paix, de la justice et de la réconciliation.

    La mise en place et le suivi du programme sont assurés par le comité de pilotage qui vient de se réunir en septembre 2018. Il est constitué par Roger N’dri, théologien et informaticien, responsable du Département de Développement Holistique de la Faculté évangélique de l’Alliance Chrétienne (FATEAC) à Abidjan, John Masebi du Centre Universitaire de Missiologie (Kinshasa, RDC), Matthew Krabill, de la Faculté de Théologie Fuller (Californie, Etats-Unis) et bientôt au Centre Mennonite de Paris (France), et par l’auteur de ces lignes. Avec sa femme Toni, Matthew Krabill possède une expérience de la mise en place de programmes en ligne à Fuller. Toni Krabill et Martine Audéoud, professeur à la FATEAC, pourront jouer un rôle de conseil technique à côté de l’expertise de Roger N’dri.

    Un programme hébergé à Abidjan

    En raison d’une panne d’avion, John Masebi n’a malheureusement pas pu ĂŞtre prĂ©sent Ă  la rencontre, mais la communication via Skype et tĂ©lĂ©phone a Ă©tĂ© possible. L’aspect le plus marquant de cette rencontre a Ă©tĂ© l’examen du programme en ligne du DĂ©partement de DĂ©veloppement Holistique de la FATEAC Ă  Abidjan, et la dĂ©couverte d’une vingtaine de cours qui pourront facilement entrer dans le projet envisagĂ© : par exemple, « Partenariat et rĂ©seaux Â», « Culture, EthnicitĂ© et DiversitĂ© Â», « Gestion des conflits Â», « Analyse de situation Â», « Ă‰glise, Shalom et rĂ©silience des populations vulnĂ©rables Â», « Leadership, paix et rĂ©conciliation Â».

    La FATEAC, en voie de devenir une université, propose ces cours en ligne aux niveaux master et doctorat. Ils ont été développés en grande partie par Martine Audéoud. Celle-ci, qui vient de rentrer en Alsace avec sa famille, a travaillé à la FATEAC en lien avec Mennonite Mission Network et elle continuera son engagement en Côte d’Ivoire avec plusieurs visites par an.

    L’ensemble des partenaires concernĂ©s (voir encadrĂ© ci-dessous) mettra en place le « Centre de formation Ă  la justice et Ă  la paix Â» qui sera hĂ©bergĂ© Ă  la FATEAC Ă  Abidjan, facultĂ© qui a des liens avec les mennonites depuis un certain temps dĂ©jĂ . Le Centre de formation Ă  la justice et Ă  la paix entrera donc dans le dĂ©partement de dĂ©veloppement holistique qui, par la FATEAC, bĂ©nĂ©ficie d’une accrĂ©ditation universitaire valable sur les trois continents concernĂ©s.

    Différents niveaux d’études

    Chaque école partenaire créera des cours qui pourront entrer dans le curriculum qui vise d’abord le niveau master et ensuite le niveau doctorat, sans oublier des cours de base en théologie et histoire anabaptistes. Les crédits pour les cours suivis pourront être ensuite reconnus par l’école où se trouve inscrit l’étudiant en question.

    Le défi est grand, car il faudra à l’avenir trouver des ressources, créer des cours et un curriculum cohérent. Cependant, le modèle et l’expérience du Département de Développement Holistique à Abidjan (qui compte plusieurs centaines d’étudiants des pays africains), ainsi que les cours déjà construits, ont été un signe concret que le projet pourra se réaliser.

    Interculturalité

    Lors de la première rencontre de 2017, Jean-Claude Girondin, pasteur de l’Église mennonite de Villeneuve-le-Comte, a insistĂ© auprès des participants sur l’importance d’une vĂ©ritable « interculturalitĂ© Â» du projet et sur le respect mutuel nĂ©cessaire entre les partenaires. Travailler ensemble entre partenaires de trois continents, sachant que la grande majoritĂ© des mennonites francophones se trouvent en Afrique, voilĂ  un enjeu de taille.

    —Neal Blough, directeur du Centre Mennonite de Paris, Église de Châtenay-Malabry


    Historique

    En septembre 2017, Ă  Abidjan, des reprĂ©sentants de neuf Ă©coles bibliques ou thĂ©ologiques et six institutions partenaires ont signĂ© une convention de collaboration pour crĂ©er un « Consortium des institutions offrant des formations thĂ©ologiques et bibliques anabaptistes Â». 

    Ces écoles et partenaires viennent de trois continents et de neuf pays francophones et cherchent à réaliser un souhait qui s’exprime depuis un certain temps au sein du Réseau mennonite francophone. S’y trouvent évidemment des membres de ce Réseau représentant la France, la Suisse, la République Démocratique du Congo (RDC), le Burkina Faso et le Québec, ainsi que des agences missionnaires ayant des liens avec ces Églises et écoles. En même temps, étant donné les liens existant depuis longtemps entre les mennonites et d’autres Églises en Afrique et l’intérêt de ces Églises pour le projet, des écoles non mennonites, plutôt interdénominationnelles, ont aussi signé la convention. Celles-ci se trouvent au Bénin, en Côte d’Ivoire, en RDC et au Tchad.

    [Sidebar : Alex, can you put this in a box ? Or use an <h2> subhead ?]

    Cet article et le RĂ©seau mennonite francophone

    Cet article paraĂ®t aussi dans Perspective (journal mennonite suisse), Le Lien (journal des mennonites quĂ©becois) et sur le site de la ConfĂ©rence Mennonite Mondiale (www.mwc-cmm.org). Il est publiĂ© sous les auspices du RĂ©seau mennonite francophone. Coordination des articles : Jean-Paul Pelsy.

  • Depuis une quinzaine d’annĂ©es, les mennonites de France rĂ©flĂ©chissent Ă  adhĂ©rer Ă  une entitĂ© fĂ©dĂ©rative ou inter-dĂ©nominationnelle. Le processus est Ă  l’arrĂŞt actuellement. Explications.

    Comment les mennonites français peuvent-ils se situer dans l’ensemble du protestantisme français ? Nous sommes une petite minoritĂ© au sein de la minoritĂ© protestante française, elle-mĂŞme composĂ©e de familles nombreuses. Ces familles ont leurs origines – directement ou indirectement – dans la RĂ©forme protestante. Depuis, les protestants ont continuĂ© Ă  se diviser et comptent aujourd’hui plusieurs milliers de dĂ©nominations dans le monde.

    Nés dans les premières années de la Réforme, les mennonites ont connu le rejet et la persécution, ce qui a fait d’eux des marginaux, souvent obligés à l’émigration. Pendant longtemps, à cause de cette histoire, les liens avec les protestants luthériens et réformés n’étaient pas évidents. Vers la fin du 17e siècle est apparu un mouvement de renouveau au sein du luthéranisme appelé le piétisme. Ce mouvement s’est beaucoup répandu et a eu une influence importante sur les mennonites français et européens. Beaucoup d’Eglises évangéliques d’aujourd’hui ont leurs racines dans le piétisme et les réveils qui en sont issus. C’est un milieu dans lequel les mennonites français se sentent à l’aise.

    FPF

    Mais que faire malgrĂ© tout en rĂ©ponse au fractionnement protestant ? En 1905, la FĂ©dĂ©ration Protestante de France (FPF) est nĂ©e, avec l’intention de crĂ©er une plate-forme oĂą les protestants pouvaient collaborer, et dialoguer avec la sociĂ©tĂ© environnante. Essentiellement composĂ©e de rĂ©formĂ©s et de luthĂ©riens, il y a cependant eu des membres Ă©vangĂ©liques dans cette fĂ©dĂ©ration depuis ses origines, ce qui est encore le cas aujourd’hui.

    Plusieurs assemblées mennonites ont une histoire de collaboration avec les protestants, notamment par le partage de lieux de cultes (Toul, Saint-Genis, Bar-le-Duc, Châtenay-Malabry, Pontarlier). Les œuvres sociales mennonites sont membres de la Fédération de l’Entraide Protestante qui, elle, fait partie de la FPF.

    Ainsi, une discussion a Ă©tĂ© lancĂ©e au sein des assemblĂ©es mennonites de France pour savoir si elles voulaient adhĂ©rer Ă  la FPF. En 2007, une rĂ©ponse nĂ©gative a Ă©tĂ© donnĂ©e Ă  la question. NĂ©anmoins, le bureau de l’Association des Eglises EvangĂ©liques Mennonites de France (AEEMF) d’alors a constatĂ© qu’une majoritĂ© significative (voir ci-dessous) avait votĂ© en faveur de l’adhĂ©sion ; il a fait savoir que ce fait ne pouvait ĂŞtre nĂ©gligĂ© et que la question serait un jour reposĂ©e.

    CNEF

    Entretemps est nĂ© le Conseil National des EvangĂ©liques de France (CNEF) en 2010, composĂ© d’un nombre important des Eglises Ă©vangĂ©liques. Parmi ces Eglises, certaines ne veulent pas ĂŞtre associĂ©es Ă  la FPF, Ă  leurs yeux trop « libĂ©rale Â», tandis que d’autres sont membres des deux (CNEF et FPF). Comment les mennonites de France se positionnent-ils dans cette configuration nouvelle ?

     

    Double adhĂ©sion ?

    Pour rĂ©pondre Ă  cette question, un groupe de travail, composĂ© de membres du bureau de l’AEEMF et de la commission Foi et Vie, collaborant avec des reprĂ©sentants des assemblĂ©es qui voulaient discuter de la question, a proposĂ© une adhĂ©sion aux deux entitĂ©s en 2012. Quelles Ă©taient les raisons derrière cette proposition ?

    • Le constat que 66 % des membres des assemblĂ©es et 65 % des assemblĂ©es avaient exprimĂ© le dĂ©sir d’appartenance Ă  la FPF et que les racines historiques des mennonites remontent Ă  la RĂ©forme protestante.
    • L’enracinement Ă©vident des mennonites dans le milieu Ă©vangĂ©lique et les nombreuses collaborations dĂ©jĂ  existantes
    • Dans un contexte oĂą l’entente entre protestants de diffĂ©rentes tendances (luthĂ©ro-rĂ©formĂ©s et Ă©vangĂ©liques) n’est pas toujours facile, l’accent mennonite sur l’appel Ă  ĂŞtre « artisans de paix Â» pourrait ĂŞtre exprimĂ© par une double adhĂ©sion, ouvrant la possibilitĂ© d’être un « pont Â» entre les deux mondes.
    • L’importance pour les assemblĂ©es mennonites de rĂ©flĂ©chir au bien de l’ensemble de l’union d’Eglises et pas seulement Ă  partir du contexte local. Pourquoi priver les uns ou les autres de pouvoir approfondir des liens et des collaborations dĂ©jĂ  existants ?

    Cette proposition de double adhĂ©sion n’a pas fait l’unanimitĂ©.  La dĂ©cision rĂ©cente de l’Eglise protestante unie de France (EPUdF) de laisser aux pasteurs le choix de bĂ©nir des couples d’homosexuels a compliquĂ© le dĂ©bat. L’EPUdF est l’un des membres de la FPF, ses paroisses ne sont pas toutes d’accord sur cette dĂ©cision et les membres Ă©vangĂ©liques de la FPF s’y opposent.

    En réponse, certaines assemblées mennonites ont proposé de pouvoir se décider séparément pour l’une ou l’autre entité (FPF ou CNEF), proposition qui n’a pas remporté une majorité. Ainsi, la procédure s’est ralentie pour laisser la place à un temps de réflexion et de discussion, ce qui est la situation actuelle.

    Les enjeux sont importants, car les mennonites ne peuvent pas se contenter d’exister seuls, sans lien avec les autres protestants, luthéro-réformés et évangéliques. La difficulté semble être la manière de se positionner face aux questions pour lesquelles il y a des avis différents au sein des mennonites français.

    Pour ou contre

    En ce qui concerne la FPF, pour les uns, face à la théologie libérale, il n’y a pas de possibilité de lien. Pour les autres, il s’agit de représenter notre position en discussion avec les autres, sachant qu’au sein de la FPF, il y a des Eglises qui souhaiteraient l’arrivée des mennonites pour se sentir renforcées. Les membres de la FPF signent une charte de collaboration, mais chaque Eglise garde sa confession de foi et ses pratiques. Aucune obligation de changer de théologie.

    Quant au CNEF, le choix semble plus facile pour beaucoup. Ne sommes-nous pas des Ă©vangĂ©liques ? Certains rĂ©pondront qu’il y a aussi des dĂ©bats importants au sein du monde Ă©vangĂ©lique :  il y en a qui baptisent les enfants, la plupart ne partagent pas notre positionnement concernant la non-violence, et on constate les dĂ©rives politiques possibles chez les Ă©vangĂ©liques d’autres pays comme aux USA.

    Nous avons beaucoup d’amis et de choses communes dans les deux mondes protestants. La question de base semble ĂŞtre : que faire devant les dĂ©saccords entre chrĂ©tiens ? Y aller pour tĂ©moigner et discuter ou refuser d’être prĂ©sent lĂ  oĂą l’on ne se sent pas Ă  l’aise.

    Neil Blough—Neal Blough, Eglise de Châtenay-Malabry, directeur du Centre Mennonite de Paris, professeur d’histoire de l’Eglise à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine

  • Depuis 2013, Ernest Geiser est intercesseur au Palais fĂ©dĂ©ral Ă  Berne. Que regroupe cette fonction. Il a rĂ©pondu aux questions de PERSPECTIVE.

    En quoi consiste le travail d’un intercesseur fédéral ?

    Je suis à Berne durant les quatre sessions du Parlement de trois semaines chacune, soit douze semaines par année. L’intention est de cultiver « sur place » la prière en faveur des personnes élues. J’ai la possibilité de les saluer et d’échanger quelques mots, exprimer de la reconnaissance pour leur engagement, parfois écouter une difficulté ou évoquer la complexité des enjeux. Les choix des autorités politiques ont une influence directe sur les développements d’une nation. Paul écrit à Timothée : « Il faut prier pour les rois et ceux qui détiennent l’autorité, afin que nous puissions mener une vie tranquille, paisible, respectable, dans un parfait attachement à Dieu » (1 Timothée 2/2).

    Durant les sessions, beaucoup de personnes se trouvent au Palais, celles liées aux services de sécurité, des médias et des services parlementaires, sans parler des nombreux visiteurs. Comme je bénéficie d’une accréditation, j’ai l’occasion de me rendre dans la salle des pas perdus et les salles de travail des députés qui sont les endroits privilégiés pour les rencontres spontanées et les échanges informels. J’ai également accès aux tribunes des deux Chambres et aux espaces publics du bâtiment.

    En dehors des sessions je réponds à des invitations pour parler de cet engagement à des Églises, des groupes de jeunes ou d’ainés. C’est l’occasion d’encourager les personnes qui ont une vocation dans le domaine politique et de rappeler l’importance de la prière pour les autorités.

    Ton travail te permet-il de rencontrer des personnes de toutes les confessions ?

    Oui, je rencontre les personnes des différentes confessions, également celles sans confession. Notre présence est à la fois réelle et discrète, il n’est pas indiqué de s’imposer ! Sur le plan formel, nous les trois intercesseurs dépendons d’élus, membres du Groupe parlementaire « Politique chrétienne ». Ce groupe est formé par des personnes appartenant aux différentes formations politiques.

    Certains parlementaires abordent très volontiers des thèmes liés à la foi chrétienne, d’autres tout en appréciant notre présence souhaitent rester plus discrets. Nous prions également pour les personnes qui restent plus distantes par rapport à notre travail, elles sont appelées à exercer des responsabilités comme leurs collègues.

    Comment es-tu arrivé dans ce ministère ? Quel est ton parcours ?

    Trois éléments ont été déterminants pour répondre à cet appel.

    • Le premier remonte Ă  mon enfance. Durant l’époque oĂą mon père assurait un mandat politique sur le plan communal, Ă  sa prière il intĂ©grait des questions sociĂ©tales en demandant la sagesse Ă  Dieu.
    • Le second est liĂ© aux rĂ©conciliations vĂ©cues entre les anabaptistes et les autres Églises, parfois avec les autoritĂ©s politiques. Ces dĂ©marches m’ont rendu attentif Ă  notre hĂ©ritage qui vĂ©hiculait une vision pessimiste du rĂ´le de l’État. Alors que son rĂ´le est nĂ©cessaire pour le bien commun, sa mission doit rester contenue. JĂ©sus a Ă©voquĂ© cet enjeu : « Payez Ă  l’empereur ce qui lui appartient, et Ă  Dieu ce qui lui appartient » (Matthieu 22/21).
    • Avant le dĂ©but de ma collaboration en 2013, j’ai Ă©tĂ© encouragĂ© par la prophĂ©tie de diffĂ©rentes personnes. Leurs paroles orientaient mon attention vers ce service.

    Quelles sont les joies et les satisfactions ?

    Les échanges personnels sont passionnants. Les conversations traduisent souvent la recherche de meilleures solutions, avec des approches très variées ! Sur les tribunes j’apprécie assister aux débats qui s’orientent vers la recherche de consensus. Régulièrement je reçois des encouragements de personnes qui me remercient d’être intercesseur à Berne, souvent elles m’assurent de leur prière.

    Quels sont les difficultés et les défis ?

    Je ne connais pas de difficultés particulières. Parfois je dois rappeler aux chrétiens déçus par les choix politiques que le Parlement n’est pas une Église. Mais c’est bien le lieu où des hommes et des femmes de foi peuvent s’engager !

    —Ernest Geiser, intercesseur au Palais fédéral, ancien à l’Église évangélique mennonite de Tavannes
    Cet article vient de Suisse et s’inscrit dans le cadre des articles du Réseau francophone. Trois par an, les journaux mennonites PERSPECTIVE (Suisse), Christ Seul (France), Le Lien (Canada) et le site de la Conférence mennonite mondiale proposent un article commun.
  • Savez-vous qu’il y a davantage de mennonites en HaĂŻti qu’en France ?

    Le Réseau mennonite francophone (RMF) est en contact avec un groupe d’églises en Haïti. Interview pour faire connaissance après le passage de l’ouragan Matthew à la fin du mois de septembre 2016

    RMF : Haïti a connu une nouvelle catastrophe naturelle, l’ouragan Matthew. Comment décrivezvous ce que vous-mêmes, votre famille et les personnes de votre entourage ont vécu durant ces heures où l’ouragan s’est abattu sur votre île et comment elles ont réagi à un tel fléau ?

    Lesly Bertrand : Dans le département de l’ouest du pays, nous n’avons pas été frappés directement par l’ouragan qui s’est abattu sur le département du sud d’Haïti. Mais étant donné que nous sommes une seule famille d’églises, indirectement nous sommes aussi affectés par le fléau parce que nos églises là-bas, les maisons de nos membres et celles de la population sont détruites. Tout est endommagé y compris leurs champs et leurs cocotiers. Ils sont dépourvus de tout, levant jour après jour leurs regards vers le ciel, sans espoir. En plus de tant de morts causés par l’ouragan, d’autres personnes sont en train de mourir de faim et de soif, car elles n’ont pas reçu rapidement de l’aide du gouvernement ou d’autres organismes parce qu’elles habitent les endroits les plus reculés, les voies de pénétration restant longtemps inaccessibles. Peu de temps après le passage de l’ouragan, la pluie est tombée pendant quatre jours : même sous les décombres, ces personnes ont connu de terribles inondations. Nous avons reçu alors des appels téléphoniques jour et nuit et nous ne savions que faire.

    Pouvez-vous nous présenter les différents groupes d’églises de Haïti qui se réclament d’une identité anabaptiste ?

    Lesly Bertrand : Il existe plusieurs groupes d’églises de type anabaptiste à Haïti qui regroupent environ 5 800 membres répartis en 65 églises locales. La majorité de ces groupes est de type conservateur, tels les Beachy Amish ou les Conservatives Mennonites.

    Pouvez- vous nous présenter le groupe des églises de la Grâce ?

    Lesly Bertrand : Le groupe des Assemblées de la Grâce comporte 24 églises locales. Ces églises n’ont pas été fondées par des missions américaines, mais par un évêque haïtien, le pasteur Lesly Bertrand. Notre groupe d’églises est attaché à la foi anabaptiste-mennonite. Ces églises sont réparties à travers tout le territoire. Le Mennonite Central Committee (MCC) est présent à Haïti.

    Pouvez-vous nous expliquer quelles sont les activités du MCC en Haïti ?

    Lesly Bertrand : MCC travaille en Haïti depuis 1958. Mais ce n’est qu’après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 que nous avons commencé à travailler en partenariat avec le MCC. Par exemple lorsque MCC accueille des visiteurs étrangers, ils peuvent venir adorer dans notre église mère à Bellanton dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. MCC a son bureau central à Delmas 75 (Port-au-Prince) dans le département de l’ouest, tout près de nous. Sa sphère d’action est dans le département de l’Artibonite qui se situe au nord de Portau-Prince, la capitale, où il a un projet agricole dans une localité dénommée Désarmes. Dans le domaine de l’éducation, beaucoup se fait dans la Cité Soleil, à Pétionville, à Carrefour, à Delmas et à la Croix-des-Bouquets, aux alentours de Port-au-Prince. Actuellement, l’aide est concentrée sur la région touchée par le passage de l’ouragan Matthew.

    Quel message souhaitez-vous transmettre à vos frères et sœurs de France ?

    Lesly Bertrand : Notre message va d’abord à nos frères et sœurs anabaptistes : la population haïtienne, particulièrement celle de l’église, a énormément besoin d’aide. Elle souffrait déjà avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Elle a continué de souffrir après et elle souffre beaucoup depuis le passage de l’ouragan. Nous aimerions venir en aide à la population souffrante, mais malheureusement les moyens nous manquent. Votre amitié et votre amour fraternel, vos prières et votre soutien seront bienvenus en une circonstance aussi exceptionnelle.

    Lesly Bertrand, pasteur, Assemblées de la Grâce, Haïti

    Propos recueillis par Jean-Paul Pelsy

  • Comment rĂ©pond-on Ă  cette question, selon que l’on vit dans le Nord ou le Sud du globe ? Points de vue suisse et congolais.

    Point de vue Suisse

    Dans la vie communautaire des mennonites suisses romands ou francophones, certaines questions se posent par rapport au baptême. Elles sont révélatrices des changements intervenus au sein des communautés ces dernières années. L’époque où les communautés étaient formées de groupes de familles aux noms typiquement mennonites, où l’on allait dans la même école, où l’on se mariait entre membres de la même communauté, est bien révolue.

    Cheminement

    La question du baptême d’adulte sur son principe n’a jamais été remise en cause, elle est bien vécue. La question en titre donne l’impression d’une sorte d’examen de passage que l’on va réussir ou rater ; « remplir les conditions » ou ne pas les remplir. L’expérience montre qu’il faudrait plutôt parler de « cheminement » avec les candidats au baptême d’arrière-plans souvent très différents.

    La majeure partie des personnes qui demandent le baptême sont des jeunes gens et jeunes filles qui ont passé par un temps de catéchisme. Si tous les jeunes qui ont été instruits demandent le baptême, certains membres de l’Église pensent que l’on assiste à une dynamique de groupe et que les demandes ne sont pas toutes sincères. Si au contraire, aucun jeune ne souhaite être baptisé, l’on s’interroge sur la qualité de l’enseignement. Cette tension entre ces deux extrêmes est saine. Elle nous rappelle que chaque démarche devrait être personnelle, que chaque « je crois en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit » est unique, est une grâce.

    Confession de foi

    Les personnes qui demandent le baptême rédigent en général une confession de foi et sont invitées par un ou une responsable spirituelle pour en discuter de manière plus approfondie. La pastorale de l’Église prend connaissance et approuve ces démarches. La forme du baptême est laissée au choix des futurs baptisés : aspersion, immersion dans un baptistère ou dans un milieu naturel, rivière, étang, etc.

    Pour les jeunes, l’implication dans la communauté n’est pas facile ; elle coïncide souvent avec le temps où ils quittent la maison pour se lancer dans des études ou la vie professionnelle. Les personnes déjà baptisées dans leur jeune âge peuvent devenir membres des communautés sans être rebaptisées. Un rebaptême est possible suite à un cheminement entre les candidats et les responsables spirituels ; il est une réponse au souhait de la personne qui le demande et en aucun cas imposé par la communauté.

    La communauté reste un groupe qui a choisi en pleine conscience de se mettre à la suite du Christ et de constituer un signe du Royaume de Dieu.

    —Michel Ummel, Eglise évangélique mennonite du Sonnenberg, Suisse, ancien

    Point de vue congolais

    L’église primitive étant notre modèle, voyons dans les Ecritures comment les choses se sont déroulées.

    Jean, le précurseur du Fils de Dieu, a prêché la bonne nouvelle annonçant au peuple de Dieu de se repentir et de se convertir en vue du royaume de Dieu. Il préparait le peuple à la venue du Messie pour le sauver. Quiconque écoutait et prenait la décision de se conformer à son message était baptisé. Il n’y avait pas d’autres conditions administratives ou protocolaires. C’était un fait spontané. Personne n’était poussé ni forcé au baptême, mais c’était le fruit d’une foi provoquée par la prédication de la repentance. Le baptême était le résultat de la réponse individuelle du croyant au message de Jean-Baptiste, selon le processus : prédication (évangile), foi, repentance, baptême.

    Avant son ascension, le Seigneur a donné l’ordre aux apôtres d’aller prêcher la bonne nouvelle partout, pour que celui qui croit soit baptisé (Mc 16.15-16). Nous voyons que le schéma est le même : prédication, foi, repentance, baptême. Voilà le cheminement biblique que toute église chrétienne devrait suivre. Nous le faisons au sein de la Communauté évangélique Mennonite (CEM) de la République Démocratique du Congo.

    La vraie instruction, en vue du baptême, reste la prédication de l’évangile, sous la forme de la prédication ou du catéchisme donné lors de rencontres spéciales en cours de semaine. Cet enseignement est suivi d’un appel de la part du pasteur. Les personnes qui se sont repenties manifestent verbalement ou par lettre motivée leur désir d’être baptisées.

    Vérification du témoignage

    Il n’y a pas un moment favori. C’est possible dès l’âge de 12 à 15 ans, mais il est rare que des jeunes de cet âge manifestent le désir d’être baptisés. Parfois, ce sont les parents qui encouragent leurs enfants à demander le baptême. Le baptême est précédé d’un temps de cure d’âme et de confession.

    Enfin, l’église doit vĂ©rifier le tĂ©moignage de ses aspirants au baptĂŞme, pour que leur baptĂŞme ne soit pas une simple formalitĂ©, mais qu’il soit rĂ©ellement l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu. La repentance, suivie des « fruits dignes de la repentance », sont les signes qui permettent Ă  l’église de vĂ©rifier le tĂ©moignage de ces personnes…

    En l’absence de ces « fruits », l’église peut reporter ou ajourner le baptême. Suivront alors un bon enseignement et un bon accompagnement en vue d’une bonne compréhension du baptême, pour parvenir à une vraie repentance produite par la Parole de Dieu. Les personnes d’autres dénominations rejoignant les paroisses de la CEM et n’ayant pas été baptisées par immersion reçoivent le baptême sous cette forme après avoir reçu un enseignement spécifique et avoir, elles aussi, manifesté les fruits de la repentance.

    La seule condition matérielle, c’est l’eau dans laquelle les baptisés seront immergés.

    —Nathalie Yowa, Communauté évangélique mennonite, République démocratique du Congo, étudiante en théologie, avec la collaboration de Mimie Kanku, pasteur


    Ces articles en provenance du RĂ©seau mennonite francophone sont publiĂ©s sur plusieurs supports (Perspective (CH), Courrier Congo, site de la ConfĂ©rence Mennonite mondiale, Christ Seul…). Coordination : Jean-Paul Pelsy

  • Collaboration de Zacharie Leclair, Muriel et Claude Queval, Richard Lougheed et Danielle Lajeunesse

    L’idée avait germé à Montréal, autour d’une table lors d’un repas pris en compagnie de Neal Blough, directeur du Centre mennonite de Paris et l’un des initiateurs du Réseau mennonite francophone mondial (Rfm), de Marc Paré, directeur du Centre mennonite de Montréal, et de Muriel et Claude Queval, directeurs de MCC Québec. Nous discutions de la solitude des mennonites francophones d’Amérique du Nord, du Québec, environnés par une culture ecclésiastique majoritairement anglophone et germanophone.

    Et puis… à la fin de novembre 2015, une petite délégation québécoise, invitée par le Comité du réseau mennonite francophone* (CERF), et merveilleusement organisé par Max Wiedmer, s’est rendue en France. Le groupe était formé de Claude et de Muriel Queval, de Richard Lougheed et de Zacharie Leclair, deux membres de la Société d’histoire mennonite du Québec et de Danielle Lajeunesse, rédactrice de la publication des frères mennonites du Québec Le Lien. L’occasion était d’amorcer des relations avec des mennonites francophones de France et de Suisse et de tisser des liens avec d’autres chrétiens anabaptistes d’expression française de l’autre côté de l’Atlantique et d’y gagner un aperçu du monde évangélique français.

    Dès notre arrivĂ©e, le 21 novembre, nous avons visitĂ© le Centre mennonite de Paris. Le lendemain, le dimanche, nous visitions une Église mennonite Ă  Paris oĂą douze baptĂŞmes Ă©taient cĂ©lĂ©brĂ©s. Une cĂ©lĂ©bration inoubliable! Les deux journĂ©es suivantes se tenaient au Centre ÉvangĂ©lique de Paris un ralliement avec au menu confĂ©rences, louange, et visite de stands d’information. Nous sommes ensuite partis vers l’Alsace, Ă©tant reçus trois jours dans la maison de Max et Astrid Wiedmer, Ă  Altkirch. Max nous a ensuite fait visiter divers lieux anabaptistes de Suisse et d’Alsace, dont l’école biblique du Bienenberg en Suisse, et rencontrer de nombreux mennonites de la rĂ©gion. Puis, nous sommes allĂ©s au Rimlishof, appartenant Ă  la Ligue pour la lecture de la Bible, oĂą avait lieu le rassemblement annuel des Centres mennonites d’Europe. Après deux nuits, nous sommes allĂ©s Ă  Strasbourg pour assister au culte d’une Église mennonite, et des chrĂ©tiens nous ont hĂ©bergĂ©s et fait visiter cette magnifique et ancienne ville. C’estlĂ  que nous avons participĂ© Ă  la rĂ©union du CERF, chapeautĂ© par Max. En soirĂ©e, nous assistions Ă  une formation en Ă©glise donnĂ©e par des professeurs du Bienenberg. Après deux jours Ă  Strasbourg, la fin du voyage approchait et il Ă©tait dĂ©jĂ  temps de retourner Ă  la maison.

    Et Claude de dire : Nous avons savouré chaque goutte, jusqu’à la dernière, avec reconnaissance. « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger et vous m’avez accueilli ». C’est ce que vous avez fait pour nous, chers frères et sœurs. Merci!

    Nous sommes revenus charmés par la gentillesse et l’accueil des mennonites que nous avons rencontrés. Aussi, nous avons découvert un monde, une communauté d’Églises mennonites dynamiques, composées de personnes chrétiennes depuis plusieurs générations, ayant duré et cultivé la foi pendant la persécution, fortement attachés à l’Évangile de même qu’à leur héritage anabaptiste, et capables de générer une relève et de se rendre pertinents dans la société contemporaine.

    Commencement ou fin? L’Europe mennonite a reçu le Québec mennonite. A quand la réciproque? Tant de choses à partager… Une collaboration à suivre…

  • Le 23 juillet, plus de 50 francophones de 12 pays diffĂ©rents se sont retrouvĂ©s sous la prĂ©sidence de Max Wiedmer dans une salle perdue au fond d’un dĂ©dale de couloirs du Farm Show Complex de Harrisburg, en Pennsylvanie. Si perdue qu’une trentaine de personnes ne l’ont jamais trouvĂ©e… Échos de cette rĂ©union du RĂ©seau mennonite francophone. Elisabeth Baecher, rĂ©dactrice de Perspective, mensuel des Eglises mennonites de Suisse.

    Habituellement, le Réseau francophone se réunit deux fois par an au niveau européen. Ce n’est que tous les trois ans, lors des rassemblements des délégués de la Conférence mennonite mondiale que les membres de plusieurs continents se retrouvent. Cette rencontre prend des airs de fête, tant les participants sont heureux de se revoir. Aux habitués se sont ajoutés cinq Québécois, deux représentants du Mennonite Central Committee (MCC) au Burundi, un implanteur d’Églises congolaises en Afrique du Sud, une personne du Bénin, d’anciens missionnaires et d’autres francophones de passage qui participaient au rassemblement mondial. Certains d’entre eux ont cependant eu du mal à comprendre les enjeux d’une telle rencontre.

    Modeste francophonie 

    Pourquoi est-il si important que les francophones se rencontrent ? Les francophones se sentent souvent un peu seuls dans la grande communauté mondiale, dominée par l’anglais et l’espagnol. Mis à part les Églises mennonites du Congo très nombreuses, les francophones sont souvent dans de petites unions d’Églises du Canada (Québec), de Haïti, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, en plus de la France, de la Suisse et de la Belgique. Les Congolais sont très nombreux, mais en réalité beaucoup d’entre eux ne parlent pas le français.

    Il est important de se rencontrer pour parler des projets en cours, des ressources disponibles en français et pour cultiver des relations fraternelles sans barrière de langue. En anglais, il existe une pléthore de livres, de cours et de sites Internet… En français, les ressources sont bien plus modestes et gagnent à être mises en commun.

    Lors du rassemblement de Harrisburg, la Conférence mennonite mondiale a fait un réel effort pour traduire les documents en français et a déployé de grands moyens pour proposer une traduction simultanée en français lors du rassemblement.

    Simple réseau ou projets communs

    Les trois heures de rencontre prévues n’ont suffi qu’à faire un tour de table où chacun s’est présenté. Après les échanges par e-mail, par Skype, c’est un plaisir de se rencontrer en personne.

    Quelques participants ont parlé de leur union d’Églises de manière plus détaillée. Certains pensaient qu’il était nécessaire que le groupe se structure de manière claire, qu’il formule des projets communs… Mais l’ensemble des personnes présentes n’est pas vraiment représentatif et n’a pas le mandat de prendre des décisions. Par ailleurs, le Réseau ne dispose pas non plus de moyens financiers.

    Le plus important, c’est d’apprendre à se connaître et à découvrir ce qui se vit dans les autres pays. Lors des rencontres, nous avons appris par exemple qu’il existe dix Églises francophones au sein de Mennonite Church USA (congolaises et haïtiennes), qu’il y a un grand groupe de francophones en Angola, que les articles publiés dans le cadre du Réseau sont bien appréciés…

    Le Réseau mennonite francophone existe maintenant depuis 15 ans. Des échanges se font occasionnellement entre la France, la Suisse, le Congo, le Burkina Faso et le Québec. Des liens se constituent et se régularisent. Des projets d’échange un peu plus importants ont vu le jour (des camps de jeunes Suisses à Haïti, de Français au Congo et cet été au Burkina Faso, une délégation québécoise en France et en Suisse cet automne…). Les agences missionnaires, le MCC et les Églises de chaque pays tissent des liens et créent des échanges.

    La page Internet dédiée au Réseau francophone se trouve sur le site de la Conférence mennonite mondiale (www.mwc-cmm.org). Elle gagnerait à être étoffée en présentant davantage les ressources utiles et les échanges qui ont lieu entre membres du Réseau.

    Une rencontre a eu lieu entre enseignants francophones de théologie avant le début du rassemblement de Harrisburg. Comme seuls quelques délégués africains ont eu le visa pour venir en Pennsylvanie, une nouvelle rencontre devrait avoir lieu en 2017 à Kinshasa. C’est dans ce pays qu’il y a le plus de lieux de formations mennonites francophones.

    ParticularitĂ© de la R.D. du Congo 

    Fruit d’un rĂ©seautage : une nouvelle traduction

    La communication avec les mennonites du Congo s’avère souvent compliquée, compte tenu de leur nombre et des distances. Neal Blough l’a exprimé ainsi : « Vous êtes des géants, nous sommes des moustiques ! » Récemment, les trois grandes unions d’Églises mennonites (la Communauté mennonite au Congo, la Communauté des Frères mennonites au Congo et la Communauté évangélique mennonite) se sont regroupées pour relancer le Comité national inter mennonite (Conim). Ce comité devra répondre à des objectifs définis pour améliorer les relations entre les mennonites du Congo et les autres pays.

    jectifs définis pour améliorer les relations entre les mennonites du Congo et les autres pays. Un grand sujet de frustration pour les quelques Congolais présents était leur difficulté d’obtenir des visas pour l’Amérique du Nord. Selon leurs informations, une personne devait gérer l’ensemble des 300 demandes de visa et a fini par disparaître avec l’argent… L’enquête est en cours.

    Pour aller plus loin…

    Le RĂ©seau mennonite francophone a publiĂ© un livre international qui prĂ©sente les Ă©glises qui composent ce RĂ©seau, des articles provenant de divers pays, sur la non-conformitĂ©, le courage de s’opposer Ă  l’injustice, la vision de jeunes pour l’église, une rĂ©flexion sur l’avenir du RĂ©seau…

    Vivre l’Eglise au-delĂ  des frontières (14 auteurs) Dossier de Christ Seul 1/2012, Editions Mennonites, MontbĂ©liard, 73 pages, 8 €, Commande : editions.mennonites@wanadoo.fr – tĂ©l. 03 81 94 59 14

  • L’Église mennonite du Congo est l’une de celles qui croissent le plus rapidement dans le monde ; elle a Ă©tĂ© essentiellement implantĂ©e par des missionnaires mennonites anglophones d’AmĂ©rique du Nord. Bien que situĂ©e dans la francophonie au sens large, ses ressources proviennent essentiellement du monde anglophone.

    Pendant les rencontres de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM) en 1990, il est apparu que le réseautage entre francophones pourrait être fructueux. Lors d’un séjour d’enseignement au Congo en 1997, Claude Baecher a relevé la pauvreté des bibliothèques universitaires en littérature francophone. En général, ce sont les missionnaires qui ont laissé leurs livres en anglais au moment du départ. 80 % de la bibliothèque se composaient de livres anglais, alors que seuls 20 % des étudiants étaient capables de les lire.

    Quelques francophones ont dĂ©cidĂ© de se regrouper pour mettre Ă  disposition des Congolais des ressources en français. Le rĂ©seau a commencĂ© avec l’envoi de livres pour les bibliothèques d’universitĂ©s mennonites. En 2001, sous l’impulsion de Neal Blough, les Ă©changes se sont intensifiĂ©s et ont dĂ©bouchĂ© sur des rĂ©unions en Europe et au Congo entre francophones du Congo, de Suisse, de France, de Belgique, du QuĂ©bec, et des organismes missionnaires nord-amĂ©ricains travaillant dans la francophonie. L’objectif Ă©tait d’apprendre Ă  se connaĂ®tre et Ă  faciliter la communion entre francophones du monde, sans la barrière linguistique habituelle qui les oblige Ă  communiquer en anglais. 

    03 May 2011. Elisabeth Baecher, rĂ©dactrice de Perspective, mensuel des Eglises mennonites de Suisse