Le Lien a rencontré Michel Monette, pasteur affilié depuis 2012 au Mennonite Church Eastern Canada (MCEC). Avec son épouse Lyne Renaud, il a eu à cœur de former une communauté de croyants dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve de Montréal. Ancien secteur ouvrier francophone de la ville, ce quartier demeure une zone particulièrement touchée par la pauvreté et l’itinérance.
Le Lien : Votre parcours est pour le moins inusité, racontez-nous un peu.
Michel Monette : Je me suis converti en 1991, l’appel pour devenir évangéliste fut très clair. Le livre de Rick Warren, Une Église, une passion, une vision m’a énormément touché. L’Église de la persévérance des Frères Mennonites fut notre communauté d’accueil. Puis, en 1992, il y a eu une fusion avec l’Église chrétienne de Saint-Laurent où nous avons commencé à servir. J’ai alors débuté des cours à l’Institut biblique Laval1 et complété un certificat en théologie. En 1999, Espoir pour la ville de Raymond J. Bakke m’a interpelé à venir à Hochelaga-Maisonneuve. Mais en 2000, pour payer nos dettes d’études, Lyne et moi sommes partis en France avec nos jeunes enfants, pour un travail en informatique. Notre mission d’alors était d’investir dans la famille.
Parlez-nous de votre ministère depuis que vous êtes revenus à Montréal.
Michel Monette : En 2004, nous avons démarré Hochma et en 2010 Lyne a eu la vision de faire l’Église comme un café qui serait ouvert, entre autres, les samedis soirs. Nous aimions tenir des barbecues et des rassemblements dans le parc voisin ou sur la promenade Ontario. En 2011, nous avons organisé des cultes extérieurs sur la promenade Ontario. Nous chantions et prêchions dans les rues. Cela n’était pas facile, mais les gens écoutaient.
Votre façon de faire l’Église a changé, mais elle est des plus inhabituelles. Pourquoi?
Michel Monette : D’abord par son nom, nous ne voulions pas porter le nom d’Église XYZ. Nous avons choisi de nous appeler Hochma qui fait un jeu de mots avec le quartier HOCHelaga-MAisonneuve, mais aussi qui veut dire sagesse en hébreux. En référence à Proverbe 1.7 : « La crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse. » Et c’est cette sagesse que nous demandons au Seigneur. De plus, notre horaire est inaccoutumé. Nous n’ouvrons pas que les dimanches matins, mais en saison froide, nous devenons une halte chaleur ; un centre d’accueil pour itinérants, 7 jours sur 7 et de 21h à 7h. Aucun couvre-feu ne limite les entrées et sorties de notre bâtiment. Et de 15h à 18h du lundi au jeudi, nous distribuons gratuitement du pain.
J’aime à dire que nous travaillons avec ceux que Dieu envoie. Nous ne fixons pas la Lumière, mais nous regardons ce qu’elle éclaire. Ainsi, nous travaillons dans cette lumière, et c’est dans ce travail que Dieu sauve. En ce moment, les gens que Christ nous montre sont les démunis et les sans-abris de notre quartier. Notre particularité est d’accueillir toutes les familles et, à l’occasion, leurs animaux. Ce qui ne se fait pas dans les autres centres pour sans-abris de Montréal. Ailleurs, les femmes et les hommes sont séparés, et les enfants n’ont pas de place où aller. Il n’existe pas de centre d’accueil d’urgence pour une famille avec des enfants. Avec l’aide du Saint-Esprit, nous l’avons créé.
Quels sont vos défis et comment pouvons-nous prier pour vous?
Michel Monette : Nous demandons plus de patience et de créativité pour rejoindre les personnes qui fréquentent nos locaux, afin de toucher leur cœur et de les amener à développer une relation avec Dieu. Pour cela, nous avons besoin d’une équipe de chrétiens matures et stables qui prennent soin d’eux, d’abord en répondant à leurs besoins physiques, mais surtout en veillant à leur croissance spirituelle, en leur montrant du respect et de l’amour (surtout quand cela n’est pas facile) et en priant pour eux. De plus, Lyne et moi aimerions un jour être à temps plein dans le ministère, ce qui impliquerait un apport financier plus important. Nous prions afin qu’Hochma devienne vraiment « la Maison de Dieu » comme l’appellent les gars de la rue.
Propos recueillis par Danielle Lajeunesse
CET ARTICLE ET LE RÉSEAU MENNONITE FRANCOPHONE
Cet article est publié dans le cadre du Réseau mennonite francophone (RMF) et paraît aussi dans Le Lien (Québec) et sur le site de la Conférence Mennonite Mondiale (www.mwc-cmm.org). Coordination de la publication des articles : Jean-Paul Pelsy.