Une femme aux côtés des déplacés du Kasaï

De mi-2016 à mi-2017, la région du Kasaï a été dévastée par un conflit armé. Des milices rebelles se sont rassemblées autour d’un chef traditionnel, Kamuina Nsapu, pour lutter contre le pouvoir central. Ils attaquaient des postes des forces de sécurité, et parfois aussi des écoles, des églises et des hôpitaux.

On estime que 5000 personnes ont été tuées et 1,5 million ont été déplacées par les violences.

Dans ce contexte, l’Église dans son ensemble – et les communautés mennonites en particulier – est très sollicitée et présente. Elle joue un rôle essentiel pour la survie de la population, notamment avec le soutien de MCC.

Nous vous présentons ici le portrait d’une sœur en Christ qui s’implique fortement pour aider ses compatriotes.

Une femme forte

Adolphine Tshiama est une femme forte. Cette force lui vient de l’intérieur.

Au premier abord, Adolphine est amicale, sans hâte, elle prend toujours le temps de saluer les gens. Mais rapidement vous verrez ses yeux briller comme des diamants et vous percevrez le niveau de persévérance et de détermination qu’elle possède.

Elle est actuellement directrice d’une école primaire de 1400 élèves et supervise un effectif de 22 personnes.

Entre 2004 et 2007, son église a connu un conflit intense et Adolphine est devenue cheffe de file. Elle a régulièrement organisé des groupes de prière informels pour que les femmes de l’église prient pour la fin du conflit.

C’est une femme qui a une foi profonde, et elle n’hésite pas à dire que la prière est l’activité la plus importante pour un croyant.

Adolphine a aussi été touchée par le chagrin. Elle a perdu son mari en 2011 après 33 ans de mariage. En mai 2017, dans ce contexte de violence, elle a appris que son frère et son épouse, ainsi que leur fils, sa femme et leurs deux enfants, avaient été massacrés par un groupe ethnique rival. Complètement effondrée, elle a envoyé des messages à ses amis pour leurs demander qu’ils prient pour elle.

Accueillir les déplacés

Le mois suivant, le MCC a sollicité son Église de Tshikapa pour aider à faire une évaluation des besoins du grand nombre de personnes déplacées qui a inondé la ville pour échapper à la violence. Adolphine, souffrant profondément de ses propres pertes, a été appelée à servir les autres.

Et elle a trouvé la force de faire l’impossible. Elle s’est assise et a pleuré avec de nombreuses personnes déplacées, écoutant des histoires d’horreur et des histoires de souffrances incroyables. Elle a pu leur dire : « Oui, je sais, je vous crois, je comprends votre douleur… Je souffre aussi, cela m’est aussi arrivé. »

Ces évaluations ont permis de lancer le projet de redressement du Kasaï auquel la Caisse de Secours a participé. Les fonds versés ont servi à fournir des vivres, du matériel scolaire et à mettre en route des projets générateurs de revenus pour de nombreuses familles déplacées.

Un jour, Adolphine a reçu un appel téléphonique bouleversant. La femme de son frère, la femme de son neveu et leurs deux enfants avaient été retrouvés en vie, dans une ville éloignée de plusieurs centaines de kilomètres à l’est de l’endroit où son frère et son neveu avaient été assassinés. Ce fut pour Adolphine comme une sorte de résurrection. Elle fut inondée de joie.

Faire briller l’amour de dieu

Un jour, Adolphine, a repéré un jeune garçon parmi 5000 personnes. Kanku Ngalamulume, après avoir été témoin de la décapitation de ses parents par des rebelles, s’est réfugié à Tshikapa en suivant différents groupes. Il a été logé chez une famille temporairement mais il ne cessait de perdre du poids.

Alors Adolphine a proposé : « Je vais le prendre chez moi. » Aujourd’hui Kanku va à l’école, mange à sa faim, et il sourit parce que le Seigneur lui a donné une nouvelle maman, une nouvelle famille.

Adolphine est au service de son Église en luttant contre la profonde obscurité du mal, et en prenant soin de ses victimes. L’amour de Dieu brille à travers elle car elle partage l’espérance avec les personnes vulnérables et désespérées.

—Un communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale écrit par Rod Hollinger Janzen, secrétaire général de Africa Inter Mennonite Mission (AIMM).

Cet article est publié dans le cadre du Réseau mennonite francophone (RMF) et paraît aussi dans Le Lien (Québec) et sur le site de la Conférence Mennonite Mondiale (www.mwc-cmm.org). Coordination de la publication des articles : Jean-Paul Pelsy

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