Le 7 octobre 2025 marque le triste anniversaire d’une flambée de violence qui a causé la mort de centaines de milliers de personnes en Israël, en Palestine et dans toute la région.
Nous affirmons que l’image de Dieu est présente en chaque homme, femme et enfant : chaque mort résultant de l’oppression, de la famine, de l’emprisonnement et de la violence est une tragédie.
Nous pleurons la répression, le mépris de la dignité humaine et la dépossession qui, pendant des décennies, ont conduit à la crise actuelle.
Nous dénonçons les actes génocidaires qui visent à anéantir un peuple et sa culture. Nous dénonçons les enseignements chrétiens qui justifient et sous-tendent la cruauté, la supériorité et la violence.
Nous ouvrons nos yeux pour voir et nos oreilles pour entendre les cris de ceux qui souffrent. Nous confessons notre incapacité à répondre à leur douleur.
Nous nous appelons à agir en solidarité avec ceux qui sont blessés et opprimés. Nous nous engageons à dire la vérité et à rendre justice afin d’apporter la paix et la sécurité à tous dans la région et au-delà.
Avec nos frères et sœurs chrétiens palestiniens du mouvement théologique de libération Sabeel:
Dieu tout-puissant, nous nous souvenons que «quand les justes crient au secours, l’Éternel entend leurs cris et les délivre de toutes leurs détresses» (Psaume34.17). Où est ton message de liberté, Seigneur, au milieu des souffrances de ceux qui sont aujourd’hui injustement détenus et torturés?
Aide-nous à témoigner auprès de ceux qui souffrent et à multiplier nos actions afin que ta justice soit faite.
Seigneur, dans ta miséricorde… écoute notre prière.
Ô Seigneur, combien nous aspirons à voir ta paix régner dans notre monde.
Nous aspirons à voir ta paix en Palestine et en Israël, ainsi que pour les Églises membres de la CMM dans d’autres parties du monde qui souffrent également de violences politiques ou de guerres en République démocratique du Congo, en Inde, au Myanmar, en Ukraine et aux États-Unis ; et de violences sociales persistantes dans de nombreuses régions d’Amérique latine.
Que ton règne de paix vienne, et que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Et que nous soyons participants de ton royaume de paix !
Nos paroles semblent modestes et insuffisantes face à la crise, et pourtant, nous réaffirmons notre conviction que
“L’Esprit de Jésus nous rend capables de faire confiance à Dieu dans tous les domaines de la vie, de sorte que nous devenons artisans de paix renonçant à la violence, en aimant nos ennemis, en recherchant la justice et en partageant nos biens avec ceux qui sont dans le besoin.” (Convictions communes 5)
Que signifie être une Église historique de paix – ou plutôt une Église engagée dans l’œuvre de paix du Christ ?
C’est la question à laquelle est confrontée l’Église mennonite du Myanmar, alors que le pays continue d’être déchiré par un conflit qui touche une grande partie de la population.
Il y a quelques années, l’armée a renversé le gouvernement démocratiquement élu et installé un président et une administration nommés par les militaires. Les violations des droits de l’homme se sont multipliées, en particulier lorsque le nouveau gouvernement soutenu par l’armée (la junte) a réprimé tout mouvement dissident, tentant d’éliminer l’opposition. Cela a donné lieu à des attaques et des meurtres à grande échelle, à des détentions arbitraires, au déplacement de populations, à la restriction de la liberté d’expression et de réunion. Cette situation a créé un climat d’angoisse au sein des communautés qui se réunissent pour le culte, entre autres. La junte a également instauré le service militaire obligatoire.
Quel est le rôle de l’Église dans un tel contexte ? Que signifie être engagé dans l’œuvre de paix du Christ au milieu de cette réalité ?
Une église de paix au milieu de la guerre
Ce sont des questions que se posent les membres de l’Église missionnaire biblique mennonite (Bible Missionary Church, BMC) au Myanmar.
La BMC a contacté la Conférence Mennonite Mondiale (CMM), dont elle est membre, pour demander de l’aide. Elle se demandait s’il serait possible que la CMM envoie une délégation en visite de solidarité afin d’explorer ces questions ensemble.
Du 25 au 29 novembre 2024, une délégation de la CMM s’est rendue en Thaïlande pour passer du temps avec nos frères et sœurs du Myanmar. Il a été décidé qu’il serait préférable de se réunir en Thaïlande, car une réunion au Myanmar aurait pu présenter un risque pour les responsables du Myanmar. (La junte surveille de près qui se réunit avec qui.)
La délégation était composée de César García (Colombie), Secrétaire General de la CMM ; Tigist Tesfaye (Ethiopie), Secrétaire de la Commission Diacres ; Andres Pacheco Lozano (Colombie/Pays-Bas), Président de la Commission Paix ; Andrew Suderman (Canada/États-Unis), Secrétaire de la Commission Paix ; et Agus Mayanto (Indonésie), Représentant régional de la CMM pour l’Asie du Sud-Est. Norm Dyck (MC Canada) faisait également partie de cette délégation en raison des relations de longue date entre MC Canada et l’Église mennonite du Myanmar.
Andrés Pacheco Lozano partage des témoignages sur les luttes pour la paix en Colombie avec les dirigeants du Myanmar lors de la visite de la délégation de la Commission Diacres. Photo : Agus Mayanto
Origine et histoire du mouvement anabaptiste
Les responsables de la BMC ont demandé à avoir un temps pour approfondir l’histoire et l’origine du mouvement anabaptiste. César García a animé ces sessions tous les matins.
Les pasteurs souhaitaient également explorer ce que la Bible enseigne au sujet de la paix. Andrés Pacheco Lozano et Andrew Suderman ont animé des sessions le matin et l’après-midi afin d’explorer l’histoire biblique et ses liens avec la paix et la justice. Une partie de ce temps a ensuite été consacrée à discuter des observations de nos frères et sœurs du Myanmar sur la paix d’un point de vue biblique et de ce que cela pourrait signifier dans le contexte du Myanmar.
Andres Pacheco Lozano et Andrew Suderman ont également partagé des témoignages d’autres Églises et de leurs luttes pour la paix et la justice, comme l’Église mennonite en Colombie et en Corée du Sud, ainsi que d’autres luttes (par exemple, l’apartheid en Afrique du Sud).
Tigist Tesfaye a animé un temps de prière pour chacun des responsables présents et pour les assemblées dans lesquelles ils exercent leur ministère.
Ce fut un moment intense, mais merveilleux, passé ensemble.
Des visions du shalom
Cela a été difficile, car tout le groupe a dû faire face au traumatisme que beaucoup de pasteurs du Myanmar ont vécu et continuent de vivre.
Un pasteur, par exemple, a raconté comment, deux jours avant son arrivée à cette réunion, l’église d’un ami pasteur avait été détruite.
De même, lorsque nous avons exploré les visions du shalom, et après avoir passé un certain temps à réfléchir et à discuter du pouvoir de l’imagination, un pasteur a demandé : « Mais que se passe-t-il si nous ne pouvons pas ou ne savons pas quoi imaginer ? » C’était déchirant !
Et pourtant, à la fin de notre temps ensemble, après beaucoup de prière, d’apprentissage, d’exploration, de lecture de la Bible et de réflexion, ce même pasteur a commencé à mettre en évidence des mesures concrètes, notamment une prière qu’ils sont en train de rédiger pour aider notre communion mondiale à prier pour eux alors qu’ils continuent à témoigner de la paix du Christ dans leur contexte.
Cependant, le chemin est encore long. La luta continua.
Que Dieu continue d’être avec eux. Et puissions-nous apprendre comment être solidaires avec eux et leur lutte pour la paix.
—Andrew G. Suderman est secrétaire de la Commission Paix. Il vit à Harrisonburg, en Virginie (États-Unis).
Dimanche de la Paix 2025 – Texte pour la prédication
Prédication Matthieu 22.34–40
« Voisine », « Voisin ». C’est comme ça qu’on appelle certaines personnes de notre entourage à Bogotá (Colombie). Que ce soient les personnes qui vivent dans notre immeuble ou dans une maison proche de la nôtre, ou bien celles que nous croisons à l’épicerie ou dans d’autres espaces communs ou publics du quartier. Parfois il s’agit de quelqu’un que nous connaissons bien et parfois de quelqu’un dont nous ignorons même le prénom. Mais en l’appelant « voisine » ou « voisin », nous instaurons plus de convivialité. C’est une façon de réduire la distance entre nous, l’inconnu et même de réduire la possibilité du conflit qui peut naitre de la rencontre avec une autre personne.
Voisin/voisine est un terme qui dénote la proximité. En anglais, c’est ce terme de voisin/voisine, neighbour, qui apparaît dans Matthieu 22.34–40. Alors qu’en espagnol et en français, c’est le terme « prochain » qui est couramment utilisé dans ce passage biblique. Bien que le mot « prochain » vienne du terme proximité, celui qui est proche ou à côté, il semble parfois trop abstrait ou déconnecté de notre vie quotidienne. Le mot « prochain » est couramment utilisé lorsque nous faisons référence à un passage biblique ou lorsque nous cherchons à rendre compte des implications éthiques de notre foi chrétienne, et non lorsque nous faisons référence à d’autres personnes de notre vie quotidienne. Que se passerait-il si nous mettions l’accent sur la proximité, la convivialité et le quotidien, induits par l’usage du mot voisin/voisine (comme c’est le cas à Bogotá) pour relire les implications de ce passage biblique ?
Ce texte de Matthieu est très connu. À première vue, il semble très clair et catégorique. Et pourtant, on peut relever différents aspects de ce que dit Jésus.
L’un des points forts du texte peut être de souligner l’interconnexion entre la dimension « verticale » et la dimension « horizontale » de la foi, entre l’amour de Dieu et l’amour des autres êtres humains, respectivement. Dans son commentaire biblique sur ce passage de Matthieu, Richard B. Gardner1 soutient que les principes présentés par Jésus ne sont pas nécessairement nouveaux. L’amour de Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit se trouve déjà dans Deutéronome 6.5. Quant à l’amour du prochain comme soi-même, on le retrouve dans Lévitique 19.186. Ce qui rend la réponse de Jésus si particulière, c’est l’interdépendance entre ces deux commandements. Il est impossible de séparer la dimension verticale de la dimension horizontale de notre foi.
La réponse de Jésus dans Matthieu 22 peut également servir de clé de lecture biblique. Elle nous sert de prisme pour nous aider à discerner les textes, les lois et les commandements qui peuvent être contradictoires ou ambivalents. Gardner rapporte que, selon la tradition rabbinique datant du IIe siècle, la Torah contient environ 613 lois (365 interdictions et 248 commandements).3 Le fait que Jésus place l’amour de Dieu et du prochain comme les commandements les plus importants fait que toutes ces nombreuses lois et règles sont subordonnées ou doivent être lues à travers ce prisme de l’amour de Dieu et du prochain.
Bien que cette lecture soit importante, ce passage de Matthieu 22.34–40 reste un texte dont l’interprétation n’est pas terminée. Notre monde nous oblige constamment à réinterpréter ce que signifie aimer Dieu et aimer son prochain. Cela est particulièrement vrai à une époque où l’urgence climatique, l’élection de gouvernements de droite, la résurgence des sentiments xénophobes, la violence dans nos sociétés, les guerres et les génocides dans notre monde sont devenus des réalités auxquelles nous devons faire face chaque jour.
Désolé, voisine ! Désolé, voisin !
Suivant la logique qui consiste à désigner les autres personnes comme voisins/voisines à Bogotá, il est courant d’utiliser l’expression « ¡ Qué pena vecina ! » (littéralement : j’ai honte, voisine !) lorsque nous voulons demander quelque chose, lorsque nous avons besoin de l’aide d’une autre personne ou pour nous excuser.
Inondations dans les rues de Piura, au Pérou, après de fortes pluies. Le changement climatique nous invite à aimer nos voisins. Photo : Henk Stenvers
Nous vivons dans un monde où nos relations de proximité et de voisinage ont été profondément perturbées et violentées. Nous sommes souvent complices de ces attaques. C’est pourquoi nous devons examiner attentivement comment nous avons transgressé nos relations de proximité, de « voisinage ». Peut-être devons-nous confesser : pardon voisine, pardon voisin.
Nous vivons à une époque où il est devenu normal de se méfier de ceux qui nous entourent, soit parce qu’ils ont un passé différent, soit parce qu’ils sont migrants, déplacés ou marginalisés. Peu importe qu’ils vivent près de chez nous, qu’ils fassent partie de notre société ou qu’ils viennent d’un endroit, d’un pays ou d’une région voisine, nous ne le considérons pas comme des « voisins », mais comme des personnes « étrangères », « hostiles », voire comme des « ennemis » ou des « criminels ». De nombreuses guerres dans notre histoire et dans notre monde actuel ont été ou sont menées entre voisins.
Notre proximité avec la nature a également été gravement affectée. Nous avons transformé des relations d’interdépendance en relations de domination et de contrôle. Nous considérons la nature simplement comme une « ressource » qui peut être exploitée et capitalisée. Le changement climatique est l’un des signes des dommages que nous avons causés et que nous continuons à causer en tant qu’êtres humains. Notre relation avec notre espace vital, avec la terre et les eaux, a été fatalement blessée.
Pardon, chère voisine, pardon, cher voisin…
Dans ce contexte conflictuel, la question posée par un expert de la loi à Jésus sur quel est le commandement le plus important semble prendre toute son importance. Comment trouver des repères et des points de référence dans notre foi pour faire face à ces distorsions ? Quelles sont les lois que nous devons respecter ? Que faire si, en tant qu’humanité, nous disposons de cadres juridiques tels que le droit international et les droits humains, mais que les gouvernements et les pouvoirs économiques et politiques décident de les ignorer en toute impunité ? Que faire si les mesures que nous prenons pour limiter notre impact sur l’environnement sont annulées par les gouvernements en place ?
Comme à l’époque de Jésus, le dilemme ne réside pas seulement dans le fait qu’il existe des milliers de lois et de cadres éthiques de référence aujourd’hui. Le dilemme est exacerbé par l’existence de réalités d’oppression et de violence qui rendent encore plus urgente la nécessité de trouver des points de repère, de renouer avec les éléments centraux de notre foi afin de discerner comment agir.
« Bonjour chère voisine », « bonjour cher voisin ».
Lorsque je parle des particularités de Bogotá (Colombie) à des personnes qui n’y sont jamais allé, je pense souvent à la façon dont on salue les autres en disant « bonjour chère voisine » ou « bonjour cher voisin ». Il me faut généralement quelques minutes (et quelques exemples) pour expliquer à quoi cela ressemble et ce que cela signifie. Entre deux rires, je ne suis jamais sûr d’avoir bien expliqué l’utilisation des termes « voisine/voisin » pour désigner d’autres personnes, même si celles-ci ne vivent pas près de chez moi ! En relisant le passage biblique sur l’amour de Dieu et de ceux qui sont proches (racine du mot « prochain » en espagnol et en français), j’essaie de réfléchir consciemment à certaines nuances possibles de ce commandement lorsqu’il est lu à travers le terme voisine/voisin (racine du mot dans le texte en anglais) et à la façon dont nous l’utilisons dans notre quotidien à Bogotá. En ce sens, la réponse de Jésus est une invitation à repenser nos relations de proximité.
Les membres de la Comunidad Cristiana Menonita de Girardot, en Colombie, partagent du pain avec leurs prochains et leurs voisins lors du Pan y Paz, le « dimanche du pain et de la paix ». Photo : Comunidad Cristiana Menonita de Girardot Colombie
Dans un monde où les barrières visibles et invisibles de ségrégation abondent, un monde où l’on est encouragés à utiliser les populations marginalisées comme boucs émissaires pour expliquer les problèmes d’une communauté ou d’un pays, dans un monde où l’on est incités à considérer l’autre comme un ennemi ; dans ce contexte, appeler quelqu’un voisin et interagir avec lui en tant que tel, avec la chaleur et l’intimité que cette expression dénote, est à contre-courant. C’est aller à l’encontre du statu quo.
Appeler quelqu’un voisin ou voisine peut sembler superficiel, c’est peut-être juste un code social ou simplement une expression à laquelle nous sommes habitués à Bogotá. Et pourtant, en désignant une autre personne comme voisine, nous créons un lien de proximité. Un lien qui n’existait pas nécessairement auparavant. Il est alors plus difficile de la considérer comme une étrangère ou une ennemie.
Les relations de distance ou de proximité avec les autres ne sont ni statiques ni rigides. Elles peuvent changer, et ce de manière surprenante. Même des personnes que l’on considère comme étrangères ou ennemies peuvent devenir voisines. La parabole du bon Samaritain (Luc 10.25–37), dans laquelle Jésus illustre qui est son prochain, en est un bon exemple. Les Samaritains et les Juifs n’entretenaient pas les meilleures relations à l’époque de Jésus. Et pourtant, Jésus identifie le Samaritain, qui était sûrement considéré comme un étranger (voire un ennemi), comme étant la meilleure illustration de son prochain.
Je pense que la réponse de Jésus nous appelle justement à cela : à redessiner nos relations d’amour et de proximité. Il y a toujours d’autres personnes que nous pouvons considérer comme nos voisins et voisines. Si nous partons du principe que c’est dans l’amour de notre voisin(e) que notre amour pour Dieu se manifeste, nous devons toujours chercher à enrichir et à nourrir la façon dont nous vivons et exprimons cet amour. Aussi complexe que cela puisse être, chaque nouveau jour, chaque nouveau contexte et chaque nouvelle réalité dans lesquels nous vivons avec les autres est une nouvelle occasion de façonner et d’incarner cet amour pour Dieu.
En quoi puis-je vous aider, chère voisine ? En quoi puis-je vous aider, cher voisin ?
À Bogotá, il est courant que les vendeurs des commerces demandent « En quoi puis-je vous aider, chère voisine/cher voisin ? » aux personnes qui entrent dans le magasin ou qui semblent chercher quelque chose qu’elles ne trouvent pas. Ce qui m’interpelle dans cette question, ce n’est pas seulement le fait qu’ils nous appellent « voisin/voisine », mais aussi qu’ils nous proposent leur aide. Dans le monde dans lequel nous vivons, nous nous sentons parfois attristés de ce qui arrive à d’autres ailleurs, à ce qui arrive à nos voisines et voisins. Mais souvent aussi nous choisissions de compatir à leur situation à distance, tant que cela n’affecte pas notre propre confort.
Si nous partons du principe que l’amour du prochain est l’espace dans lequel nous pouvons exprimer et concrétiser notre amour pour Dieu, l’invitation à aimer notre prochain est un appel à agir en solidarité, en discernant ce que nous pouvons faire et comment nous pouvons aider. L’amour du prochain n’est pas seulement une question de paroles, mais aussi d’actions. Il ne s’agit pas d’avoir toujours les réponses ou les solutions aux problèmes. Il ne s’agit pas non plus de décider à la place des autres ce qu’ils doivent faire. Agir dans la solidarité, c’est s’engager à marcher avec les autres, à les écouter et à discerner avec eux ce qu’il faut faire, au-delà d’un simple like sur une publication Instagram ou du partage d’une vidéo TikTok.
Parfois, la solidarité peut s’exprimer à travers l’engagement militant ou la participation à des manifestations et des protestations non violentes. D’autres fois, elle peut s’exprimer en reconnaissant et en confrontant nos privilèges, et en devenant des alliés pour les communautés qui mènent d’autre luttes. Parfois aussi, la solidarité peut se traduire par la création d’espaces sûrs et d’espaces d’encouragement (brave spaces) pour affronter les différentes formes de violence subies par beaucoup. L’idée n’est pas de dresser une liste de toutes les formes de solidarité possibles. Ces exemples sont simplement des illustrations de comment la solidarité implique d’aller au-delà des mots ou de la sympathie.
Être voisins implique également une série de responsabilités et d’attentions. Souvent, c’est précisément dans les relations de proximité que la violence se manifeste avec le plus d’acuité. On ne parle pas toujours de ces formes de violence. Et souvent, on fait taire les voix qui cherchent à les rendre explicites. La violence sexiste, la violence sexuelle, la violence dite « domestique », entre autres, montrent que la proximité en tant que telle n’est pas garante de relations saines ou équitables. Ce sont là des exemples de la manière dont le péché de la violence et les dommages profonds qu’elle cause peuvent s’exprimer dans les relations de proximité. Parler de l’amour du prochain comme expression de l’amour de Dieu nous rappelle l’incroyable responsabilité que nous avons envers l’épanouissement des autres. Ainsi, considérer l’autre comme un voisin n’est pas seulement une manière d’exprimer de la chaleur humaine, mais cela implique également de s’engager à être responsable de son bien-être et de prendre soin de lui.
Une fois encore, c’est dans l’amour de notre voisine, voisin, de notre prochaine, prochain, que nous incarnons notre amour pour Dieu.
Alors que nous commémorons cette année les 500 ans de l’anabaptisme, et que le thème retenu pour cet événement important est « Le courage d’aimer », il est essentiel de revenir sur ce que sont les implications et les responsabilités de l’amour de Dieu et du prochain aujourd’hui. Dans un monde où la mort et le désespoir semblent dominer, que la voix de Jésus nous rappelle ce qui doit être au centre de notre compréhension et de notre pratique de la foi.
Les délégués des YAB (représentants de leur conférence nationale membre) montrent leurs drapeaux à la fin de leurs réunions en Allemagne en mai 2025. Photo : Irma Sulistyorini
Que nous prenions le temps de réfléchir à ceux que nous considérons comme nos voisins et à ceux qui nous considèrent comme tels. Que ce soit un temps qui nous invite à avoir le courage d’aimer, de créer de nouveaux liens et de nouvelles relations de proximité avec d’autres personnes, même celles que nous percevons comme improbables, voire impossibles.
Que ce soit également un moment propice à de nouveaux départs, à la prise de nouveaux engagements à agir en solidarité avec les autres, en recherchant leur bien-être. Et que notre Dieu d’amour, qui nous aime tant et qui nous invite à l’aimer dans nos relations avec les autres, avec notre monde, continue à nous mettre au défi, à nous inspirer et à nous guider sur cette voie.
Amen.
—Andrés Pacheco Lozano est président de la Commission pour la paix. Originaire de Colombie, il vit à Amsterdam, aux Pays-Bas. Cette ressource est adaptée d’un sermon qu’il a prononcé à l’Iglesia Cristiana Menonita De Teusaquillo à Bogota, en Colombie.
La récente escalade de la guerre au Moyen-Orient est source de crainte et de chagrin pour notre famille anabaptiste à travers le monde. Pour certains, il s’agit d’une nouvelle réalité, pour d’autres, cela ajoute au fardeau de la violence subie depuis des années, voire des décennies, dans le cadre de conflits locaux. Nous voyons tous ceux qui sont écrasés sous les intrigues des puissants ; nous pleurons et nous demandons à Dieu d’être miséricordieux envers eux. Nous condamnons toute justification de la guerre qui serait attribuée à la volonté de Dieu.
Nous voulons que nos prières nous poussent à agir. Et nous voulons que nos actions soient nos prières.
Notre allégeance n’est pas à des présidents ou à des rois, mais au Prince de la Paix. En tant que membres d’une Église historique de paix — c’est-à-dire une Église vouée à la paix — nous suivons Jésus, le Prince de la Paix, qui nous appelle à un amour radical de nos ennemis.
Cet amour entraîne nos cœurs à voir Dieu dans « l’autre » humain, qu’il soit ennemi ou ami.
Cet amour nous donne le courage de rechercher la justice.
Cet amour nous appelle à rechercher des relations justes entre les personnes, au niveau des organisations, entre les États et les peuples, et avec le reste de la création — tant d’entités qui souffrent lors de conflits.
La puissance de l’amour du Christ nous mobilise non pas vers un orgueil qui défend les nations ou la pureté idéologique, mais vers la compassion pour ceux qui souffrent, indépendamment de leur identité nationale ou de leur affiliation politique.
Les enseignements de Jésus nous rappellent que l’ennemi n’est pas l’autre, mais notre propre instinct qui nous pousse à ériger des barrières et à devenir victimes de l’hostilité elle-même. Nous prions pour que, tandis que nous trouvons le courage d’aimer, la puissance transformatrice de Dieu brise les cycles de violence qui divisent, oppriment et tuent.
La justice doit accompagner la paix. En effet, la paix ne peut exister que lorsque la justice réparatrice, axée sur la recherche de la vérité et la réparation, est incarnée. Nous confessons notre échec à rechercher une paix juste. Nous demandons au Saint-Esprit de nous enseigner l’humilité et de nous donner le courage d’aimer. Nous demandons la sagesse de reconnaître et de dire la vérité avec une clarté prophétique et un amour désintéressé. Nous demandons l’audace de faire face à l’injustice, même si cela peut nous mettre en danger.
Nous sommes déterminés à nous exprimer, que ce soit auprès des gouvernements ou de nos concitoyens, pour remettre en question le soutien inconditionnel apporté aux sources de violence et de mort.
En tant que communion anabaptiste mondiale, nous renonçons à la violence, comme Jésus l’a fait. En tant que disciples de Jésus, nous nous engageons à transformer les systèmes injustes par la non-violence active.
Nous appelons les États à cesser d’investir dans la guerre et à s’engager dans le difficile travail de recherche de la paix — une paix qui ne passe pas par les armes, les missiles ou la force violente — afin que tous puissent s’épanouir.
Nos paroles semblent modestes et insuffisantes face à la crise, et pourtant, nous réaffirmons notre conviction que
L’Esprit de Jésus nous rend capables de faire confiance à Dieu dans tous les domaines de la vie, de sorte que nous devenons artisans de paix renonçant à la violence, en aimant nos ennemis, en recherchant la justice et en partageant nos biens avec ceux qui sont dans le besoin. Conviction commune 5
Nathan Mudiji Makumbi, pasteur mennonite et enseignant en religion et informatique à l’école FATEB Kinshasa Academy, s’engage pour transformer les relations conflictuelles entre Bantu et Pygmées dans le territoire de Kiri, en République Démocratique du Congo.
Le pasteur Nathan avec le bébé d’une fille pygmée qui était abusée sexuellement par un Bantu
Un constat alarmant : discriminations et violences
En RDC, les Pygmées, peuple autochtone principalement établi dans les provinces de l’Équateur et de Mai-Ndombe, subissent des discriminations et des traitements inhumains de la part des Bantu, majoritaires. Ces abus prennent diverses formes : expropriations massives de terres, marginalisation sociale, exploitation économique et même violences dans les lieux censés offrir protection et égalité.
Nathan Mudiji, pasteur des Églises des Frères mennonites au Congo (CEFMC) et directeur du Département de Mission au niveau national, témoigne de cas qui illustrent cette dure réalité : une femme pygmée morte faute de soins dans un hôpital où les médecins bantu ont refusé de l’assister, ou encore une jeune fille renvoyée de l’école pour avoir surpassé ses camarades bantu. Dans les Églises dirigées par des Bantu, les Pygmées sont souvent contraints de s’asseoir à même le sol, après être entrés en dernier. Ces exclusions, ignorées ou tolérées par les institutions locales, alimentent un sentiment d’injustice et exacerbent les conflits entre les deux communautés.
Les Espaces Conviviaux pour la Paix : un lieu de transformation
Face à cette situation critique, Nathan Mudiji a créé des Espaces Conviviaux pour la Paix (ECP), un projet original visant à transformer les relations entre Bantu et Pygmées. Soutenu par les Églises des Frères mennonites, ce programme repose sur la conviction que la paix et la justice sont possibles lorsque les deux communautés apprennent à se respecter mutuellement.
Les ECP sont conçus comme des lieux accueillants et égalitaires, où jeunes et vieux, Pygmées et Bantu, peuvent se rencontrer, dialoguer et participer à des activités communes. Parmi les initiatives prévues figurent :
un centre d’écoute et d’information pour la transformation des conflits ;
des formations en activités génératrices de revenus (AGR) ;
la facilitation de dialogues intergénérationnels ;
des espaces ludiques.
Ces actions visent à restaurer la dignité des Pygmées, souvent marginalisés, tout en sensibilisant les Bantu aux préjudices qu’engendrent leurs comportements discriminatoires.
Une vision de paix et de réconciliation pour la RDC
« Nous comprenons que Dieu ne fait pas de discrimination, dit Nathan Mudiji, mais que devant lui, tout le monde doit reconnaître son péché et faire de son mieux pour réparer la relation brisée à cause du péché, et ceci concerne les Bantu comme les Pygmées. » La démarche de Nathan s’enracine dans son espérance dans le plan de paix parfait de Dieu, à la fois pour les Bantu et les Pygmées. S’appuyant sur Ésaïe 65 et Apocalypse 21, Nathan rappelle que le Royaume de Dieu est un monde sans pleurs ni douleur, où Pygmées et Bantu, Noirs et Blancs, peuvent vivre ensemble dans la présence de Dieu. « Nous attestons que la vision de Dieu pour les Pygmées et les Bantu est de les voir vivre ensemble sans discrimination des uns envers les autres. »
Une mission renforcée par le programme MASTC
En tant qu’étudiant du programme Master en Transformation des Conflits (MASTC), Nathan Mudiji approfondit sa compréhension des outils nécessaires pour répondre aux défis sociaux et religieux. Ce programme lui permet d’intégrer des approches concrètes et des valeurs mennonites pour renforcer son engagement auprès des communautés pygmée et bantu. « Le MASTC m’aide à me rendre compte de ma double identité, à la fois nationale (congolaise) et céleste (disciple du Christ), et me donne les outils pour aider Pygmées et Bantu à vivre en harmonie et rechercher le bien-être des uns et des autres », explique-t-il.
Un modèle pour la RDC et au-delà
Pour Nathan, l’intérêt des Espaces Conviviaux pour la Paix ne se limite pas au territoire de Kiri. Avec le temps, il espère voir ce modèle se déployer dans d’autres régions de la RDC et même à l’échelle continentale. Son ambition est d’offrir une solution durable aux conflits communautaires, en favorisant la justice sociale et le respect mutuel.
Nathan Mudiji Makumbi
Porté par l’Université de l’Alliance Chrétienne d’Abidjan (UACA) dans le cadre du Centre de Formation à la Justice et à la Paix (CFJP), le Master en Transformation des Conflits a été créé en 2023 avec la vision de former des artisans de paix, de justice et de réconciliation. Axé sur l’Afrique, il est ouvert aux étudiants des autres continents.
Les articles dans le cadre du Réseau mennonite francophone (RMF) peuvent paraître dans Christ Seul (France), Le Lien entre nous (AEFMQ – Québec, Canada), sur le site de la Conférence Mennonite Suisse (www.menno.ch) et sur celui de la Conférence Mennonite Mondiale (mwc-cmm.org).
L’état de « conflit armé interne » a été déclaré en Équateur depuis janvier 2024. Le gouvernement continue de lutter contre la violence des groupes criminels organisés. Les trois unions d’églises mennonites d’Équateur – Iglesia Evangélica Menonita Ecuatoriana (IEME – église membre de la CMM), Iglesia Cristiana Anabautista Menonita de Ecuador (ICAME), Iglesia Cristiana Menonita (ICME) – appellent notre famille anabaptiste mondiale à la prière.
Chers frères et sœurs en Christ, chaleureuses salutations depuis les montagnes et la côte de l’Équateur.
Nous appelons à la prière, car nous savons que Dieu désire le shalom et le bien-être pour le peuple équatorien et nos églises mennonites.
Nous sommes quotidiennement en proie aux ténèbres ; notre pays est passé du statut d’« île de paix » à celui d’un puits de désolation. Chaque jour, on nous rapporte des histoires de massacres et d’horreur. Aujourd’hui, nos églises sont confrontées à des dilemmes impensables, par exemple s’il convient d’affecter une partie de l’offrande aux barons de la drogue qui contrôlent nos quartiers. Cela les apaiserait et permettrait à nos assemblées de continuer à prier ensemble le dimanche.
Nous savons que Dieu a un autre projet pour nous.
En tant que communauté de responsables engagés dans la non-violence, les trois conférences anabaptistes d’Équateur se sont unies pour travailler à la paix dans notre pays.
Cependant, nous savons que nous ne pouvons pas faire ce travail seuls. C’est pourquoi nous demandons à nos chers frères et sœurs de se joindre à nous dans l’intercession de sorte que le corps du Christ ne fasse qu’un avec l’Équateur.
Nous vous demandons également de prier pour les groupes criminels afin que les personnes agressées et agressives puissent connaître le shalom qui mène à la paix.
Que notre travail commun pour unir les différentes églises et nos différentes manières d’être Église soit un phare de paix en ces temps troublés et de division.
Joignez-vous à nos frères et sœurs anabaptistes pour prier pour l’Équateur.
En Jésus-Christ, notre paix
Henk Stenvers, président
Andrés Pacheco Lozano, Président de la Commission Paix
Alarming situation: discrimination and violence
“We understand that God doesn’t discriminate,” says Nathan Mudiji, “but that before God, everyone must acknowledge their sin and do their best to repair the relationship broken because of sin.”
In the DRC, the Batwa (an indigenous people mainly settled in the Equateur and Mai-Ndombe provinces), suffer discrimination and inhumane treatment at the hands of the Bantu majority.
These abuses take many forms: massive expropriation of land, social marginalization, economic exploitation and even violence in places that are supposed to offer protection and equality.
Nathan Mudiji, pastor with the Mennonite Brethren church in Congo (CEFMC) and director of the Mission Department at the national level, bears witness to cases that illustrate this harsh reality: a Batwa woman who died for lack of care in a hospital where Bantu doctors refused to assist her, or a young girl expelled from school for outperforming her Bantu classmates. In Bantu-run churches, Batwa are often forced to sit on the floor after entering last.
These exclusions, ignored or tolerated by local institutions, fuel a sense of injustice and exacerbate conflicts between the two communities.
Espaces Conviviaux pour la Paix: a place of transformation
Amid this challenging situation, Nathan Mudiji created Espaces Conviviaux pour la Paix (ECP – friendly spaces for peace), an original project aimed at transforming relations between Bantu and Batwa. Supported by CEFMC, this program is based on the conviction that peace and justice are possible when both communities learn to respect each other.
ECPs are designed as welcoming, egalitarian places where young and old, Batwa and Bantu, can meet, dialogue and take part in joint activities.
Their activities include the following:
a listening and information centre for conflict transformation;
training in income-generating activities (IGA);
facilitating intergenerational dialogue;
play areas.
These aim to restore the dignity of the Batwa, who are often marginalized, while raising awareness of the prejudices and discriminatory behaviour of the Bantu.
Nathan Mudiji baptizes a Batwa girl. At this event, 229 people were baptized.
A vision of peace and reconciliation for the DRC
“Relationship repair applies to Bantu and Batwa alike,” says Nathan Madiji.
His approach is rooted in his hope in God’s perfect peace plan for all. Drawing on Isaiah 65 and Revelation 21, he reminds us that the kingdom of God is a world without tears or pain, where all can live together in God’s presence.
“We testify that God’s vision for Batwa and Bantu is for them to live together without discrimination against each other.”
A model for the DRC and beyond
For Nathan Mudiji, the interest in Espaces Conviviaux pour la Paix is not limited to the territory of Kiri. Over time, he hopes to see this model deployed in other regions of the DRC, and even on a continental scale. His ambition is to promote social justice and mutual respect to offer a lasting solution to community conflicts.
—Nathan Mudiji Makumbi is a Mennonite pastor and teacher of religion and information technology at FATEB Kinshasa Academy. He is committed to transforming the conflict-filled relations between Bantu and Batwa in the Kiri territory of the Democratic Republic of Congo.
This article was produced and circulated by the French Mennonite Network (Réseau Mennonite Francophone – RMF)
Articles from the French-speaking Mennonite Network (RMF) may appear in Christ Seul (France), Le Lien entre nous (AEFMQ – Quebec, Canada), on the Swiss Mennonite Conference website (www.menno.ch) and on the Mennonite World Conference website (mwc-cmm.org).
La mission de l’ASCIM (Association de Services de Coopération Indigène-Mennonite ; Associacion De Servicios De Cooperacion Indigena – Ménonita) est de promouvoir la croissance socio-économique des communautés indigènes par le biais de partenariats dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’économie et d’une aide socio-spirituelle, en vue d’une coexistence interculturelle harmonieuse. L’ASCIM est née des efforts d’évangélisation et de coopération de trois colonies mennonites allemandes et de leurs voisins Enhlet et Nivaclé à Yalve Sanga dans le Chaco, à l’ouest du Paraguay. Elle a été officiellement fondée en 1978. L’ASCIM est membre du Réseau Anabaptiste Mondial d’Entraide (GASN).
La population du Chaco central du Paraguay étant multiculturelle, il est évident que la paix dans cette région ne peut être maintenue que par la coopération. Si le fossé entre ceux qui sont économiquement plus faibles et ceux qui sont économiquement plus forts se creuse trop, il est prévisible que des conflits sociaux surgissent. C’est pourquoi l’ASCIM, fondée sur la foi chrétienne, s’engage à faire en sorte que les habitants de cette région vivent dans une coexistence coopérative.
Car si Dieu a donné à chacun la dignité, personne ne doit donc être laissé pour compte ; les besoins fondamentaux de chacun doivent être satisfaits afin d’assurer une coexistence harmonieuse.
L’ASCIM propose des programmes de partenariat dans les domaines de l’éducation, de la santé, des affaires et d’une aide socio-spirituelle. En travaillant ensemble en tant que partenaires dans les différents domaines de la vie, les gens se découvrent, apprennent à se connaître et à s’apprécier, discutent et planifient ensemble. Il ne s’agit pas de petits projets temporaires, mais d’une coopération à long terme au service de la paix.
Un accident révèle une maladie
Si vous aviez vu cette femme de 50 ans, de la communauté Nivaclé de Nicha Toyisch, vous auriez pu penser qu’elle avait 70 ans. Cette femme, appelons-la Lisa, conduisait une moto. Son gros orteil gauche s’est coincé entre la chaîne et la roue dentée alors qu’elle conduisait, et l’orteil a été complètement arraché de son pied.
Le gros orteil n’est pas seulement le plus gros des orteils, c’est aussi le plus important pour la marche.
Lisa a été transportée à l’hôpital par camioneta (petit camion), mais n’a pas pu payer une opération dans un hôpital privé. Elle est arrivée à Yalve Sanga à 18 heures, avec une hémorragie et de fortes douleurs. Il y avait une plaie ouverte à l’endroit où aurait dû se trouver le gros orteil.
Nous nous sommes mis au travail avec les moyens du bord. Nous lui avons administré une anesthésie locale, pendant laquelle les infirmières lui ont posé une intraveineuse, par laquelle elle a également reçu des analgésiques. Dans un calme relatif, nous avons ensuite pu laver la plaie, déjà moins douloureuse, à l’aide d’un désinfectant, pour éviter tout risque d’infection. Nous avons ensuite arrêté l’hémorragie. Nous avons tiré la peau restante sur la plaie ouverte autant que possible et l’avons recousue pour qu’elle ne saigne plus et qu’elle puisse cicatriser (même si cela peut prendre beaucoup de temps) et mis un pansement.
Lisa a été hospitalisée et a reçu des antibiotiques, des analgésiques et des vaccins contre le tétanos. Son fils adulte, qui vit toujours chez elle, était très inquiet. Il l’a accompagnée tout au long de la procédure.
Cependant, nous avons remarqué que Lisa avait peut-être d’autres problèmes de santé. Normalement, les patients plus âgés profitent de l’hospitalisation pour manger plus sainement. Dans le cas de Lisa, le personnel soignant a remarqué qu’elle laissait beaucoup de nourriture dans son assiette.
En outre, elle présentait une toux persistante que les infirmières ont trouvée suspecte. Les expectorations ont été examinées à la recherche de tuberculose, et il s’est avéré que le plus grand ennemi de Lisa était le bacille de la tuberculose, et non l’orteil amputé.
Nous avons donc commencé à traiter la tuberculose. Lisa a continué à recevoir des soins quotidiens pour sa plaie, et le régime riche en protéines a commencé à avoir meilleur goût.
Au bout de dix jours, elle s’était suffisamment rétablie pour pouvoir sortir de l’hôpital. La plaie avait encore besoin d’un peu de temps pour guérir, mais elle était capable de se déplacer à la maison à l’aide d’une canne. L’agent de santé communautaire de Nicha Toyisch, formé par l’ASCIM, et l’infirmière qui se rend chaque semaine dans le campement se sont chargés de changer régulièrement les pansements.
Au bout de deux mois environ, le pied était guéri et au bout de six mois, le traitement contre la tuberculose était terminé.
(écrit par le Dr Richard Wiens, médecin en chef du Sanatorium ASCIM)
Cette histoire montre notre impact sur la vie de quelqu’un dans le cadre de notre travail pratique à long terme.
Dans le domaine de l’éducation, nous proposons des formations pour les enseignants. Dans le secteur de la santé, nous assurons la formation et l’accompagnement du personnel de santé, ainsi que les soins préventifs, les consultations et, si nécessaire, les transferts de patients. Nous collaborons avec les conseils d’administration des colonies pour l’estimation des coûts, nous donnons des conseils en matière d’élevage et d’agriculture et nous proposons des formations en comptabilité. Nous proposons une formation socio-spirituelle aux femmes. Nous fournissons du matériel pédagogique pour les jardins d’enfants et formons des enseignants indigènes. Des services volontaires sont disponibles sur recommandation de l’église d’origine.
Dans l’ensemble, nous croyons que notre travail est holistique et qu’il contribue à la paix.
Gloire à Dieu !
– Heinrich Dyck Harder est le vice-directeur de l’ASCIM (Associacion De Servicios De Cooperacion Indigena – Menonita) à Yalve Sanga, au Paraguay.
« Nous vivons dans un monde compliqué. L’érosion de la confiance et la détérioration des relations sont trop fréquentes. La bonne nouvelle, c’est que si les conflits sont nombreux, l’engagement des communautés anabaptistes mennonites du monde entier à répondre à l’appel de Jésus pour œuvrer en faveur de la justice et de la paix l’est tout autant », affirme Max Wiedmer, producteur de Transmission.
Transmission est une série de cinq films de 10 minutes de la société de production multimédia Affox. Les films présentent la pensée anabaptiste pour encourager une vie de foi.
« Nous donnons un aperçu des cheminements que nous poursuivons en tant que disciples de Jésus dans différentes parties du monde », dit Max Wiedmer.
La cinquième vidéo a été publiée en anglais, en espagnol et en français. L’allemand et le néerlandais seront bientôt disponibles.
« En tant que producteurs, nous avons été confrontés aux complexités de la construction de la paix », déclare Max Wiedmer. Le film explore « ce que signifie être fidèle à l’appel de Jésus à aimer notre prochain et à aimer nos ennemis » au moyen de quatre histoires :
Vivre en paix en Ukraine
Entendre la voix de Dieu en Irlande du Nord
Instaurer la justice au Burundi, au Rwanda et en République démocratique du Congo
Trouver l’espoir dans le travail de réconciliation au Canada.
Chaque film est accompagné d’un guide d’étude contenant des informations sur le sujet et le lieu, ainsi que des questions à discuter au sein d’un petit groupe, d’un groupe de jeunes ou d’une classe d’école du dimanche.
« Nous espérons également renforcer notre appartenance à une identité commune au milieu de toute la diversité présente dans le corps anabaptiste », dit Max Wiedmer.
Sœurs et frères bien-aimés :
Nous vous appelons à prier pour nos frères et sœurs aux États-Unis qui intentent une action en justice visant à rétablir le droit des personnes de confession religieuse à se réunir, à pratiquer leur culte et à servir sans ingérence du gouvernement. L’Église mennonite des États-Unis se joint à plus de 20 communautés chrétiennes et juives dans cette action.
L’administration présidentielle actuelle des États-Unis a supprimé les restrictions imposées à l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) pour mener des descentes d’inspection, des arrestations et d’autres mesures d’intervention dans les lieux de culte. Aujourd’hui, ceux qui sont visés par ces changements sont décrits comme des « demandeurs d’asile » ou des « migrants » ; dans la Bible, ils sont appelés « étrangers/émigrés » (Lévitique 19. 33-34) ou « l’un de ces plus petits » (Matthieu 25. 40). Il était régulièrement rappelé au peuple de Dieu d’accueillir et de prendre soin des personnes vulnérables (Exode 23. 9, Deutéronome 10. 19, Hébreux 13. 2). Aujourd’hui, une partie de ce travail se fait dans des lieux de culte qui ne sont plus en sécurité en raison de ces changements de politique.
« Nous croyons qu’en raison de l’appel du Christ de prendre soin de ceux qui ont faim, soif, sont étrangers, nus, malades ou emprisonnés (Matthieu 25. 31-36), nous devons nous joindre aux premiers disciples de Jésus en choisissant d’obéir à Dieu plutôt qu’à toute autorité humaine (Actes 5. 29) », écrit Jon Carlson, modérateur de MC USA, dans une lettre adressée à la famille anabaptiste-chrétienne mondiale.
« Je reconnais que l’engagement des anabaptistes auprès des autorités séculières est un sujet compliqué… Malgré cela, les anabaptistes ont, à différents moments de l’histoire, utilisé des moyens légaux pour empêcher l’État d’empiéter sur la pratique religieuse et pour protéger le libre exercice de notre foi… », écrit Jon Carlson.
« Nous savons que beaucoup de nos frères et sœurs à travers le monde ont enduré des persécutions bien plus dures et des intrusions gouvernementales dans leurs communautés », déclare Jon Carlson. Il invite la communauté mondiale à prier pour MC USA, « en portant les fardeaux les uns des autres et en accomplissant la loi du Christ (Galates 6. 2). Nous vous invitons également à partager votre sagesse et vos idées sur la manière dont nous restons fidèles face à la pression gouvernementale. Veuillez continuer à prier pour les disciples de Jésus aux États-Unis, comme nous le faisons pour vous. »
La Conférence Mennonite Mondiale appelle ses membres du monde entier à prier pour les partenaires impliqués dans cette action en justice, ainsi que pour tous ses membres aux États-Unis.
Nous prions pour que l’Esprit de Dieu encourage les gens à témoigner publiquement et à agir pour protéger les personnes vulnérables.
Nous remercions Dieu pour le courage de s’opposer à des actions injustes, même de la part de son propre gouvernement.
Nous remercions Dieu pour les partenaires d’autres communautés religieuses, pour la solidarité dans la protection des libertés religieuses pour tous et des droits des personnes vulnérables.
Nous demandons de prier pour que tous les Nord-Américains trouvent le courage d’aimer au milieu de l’incertitude politique et des craintes économiques actuelles. Au Canada, au Mexique et aux États-Unis, que nos frères et sœurs anabaptistes voient l’image de Dieu en tous les peuples de tous les pays. Puissions-nous avoir la grâce de mettre de côté la peur, les idéologies politiques et les différences. Que l’Église de Jésus-Christ réponde aux menaces et aux divisions par des actes créatifs de compassion et d’amour.
Seigneur, dans ta miséricorde, écoute notre prière. Au nom de Jésus, Prince de la Paix, amen.
Henk Stenvers président Conférence mondiale mennonite
César García secrétaire général, Conférence Mennonite Mondiale
Frères et sœurs bien-aimés de la communion mondiale anabaptiste/mennonite :
C’est avec e cœur lourd que nous marquons le premier anniversaire des terribles événements qui ont marqué le début d’un nouveau cycle de violence au Moyen-Orient. Notre cœur se brise devant le nombre de vies arrachées depuis un an. Nous pleurons la répression, le mépris des droits de l’homme et la dépossession qui, pendant des décennies, ont conduit à la crise actuelle.
Il y a un an, des combattants du Hamas ont franchi les frontières militarisées de la bande de Gaza et ont commis des actes odieux en Israël. Cette attaque a fait 1 200 morts parmi les Israéliens, dont près de 400 soldats. Environ 250 civils et fonctionnaires israéliens ont été emmenés à Gaza en tant qu’otages. Israël a réagi en lançant, pendant un an, une effroyable campagne de châtiment collectif à Gaza, visant des hôpitaux, des écoles, des lieux de culte et des journalistes. Le nombre de morts à Gaza s’élève à plus de 40 000 et continue d’augmenter, et des milliers de personnes sont portées disparues ou introuvables. Israël a empêché l’entrée de l’aide alimentaire et médicale dans la bande de Gaza. Plus récemment, Israël a lancé un assaut militaire féroce contre le Liban voisin.
En tant que chrétiens attachés au chemin de paix du Christ, nous rejetons la guerre comme moyen de résoudre les conflits. Nous sommes aux côtés de tous ceux qui souffrent aujourd’hui, qu’ils soient juifs, musulmans ou chrétiens. Parfois, nous nous sentons impuissants, voire complices, alors que les traumatismes et les préjugés accumulés depuis des générations débordent en vagues de haine et de destruction.
Jésus, le Prince de la paix, nous enseigne que la guerre ne mène pas à l’épanouissement humain. L’amour courageux des ennemis et la recherche non violente de la justice pour tous sont les voies par lesquelles nous aspirons à suivre Jésus. L’amour éduque nos cœurs à voir Dieu dans « l’autre » humain. L’amour nous donne le courage de rechercher la justice et de vivre en harmonie les uns avec les autres. En tant que disciples de Jésus, nous prions pour avoir le courage d’aimer d’un amour qui transforme. Car c’est l’amour qui permet d’offrir une réalité et un avenir fondamentalement différents des cycles de violence qui oppriment, étouffent et tuent, alimentés par la soif de pouvoir et les mécanismes de mort.
La communion mondiale anabaptiste/mennonite réitère son appel d’octobre 2023 pour que toutes les parties à ce conflit déposent les armes et commencent le dur travail de construction de la paix. Nous appelons à la libération des captifs — à la fois les otages israéliens détenus par le Hamas et les prisonniers palestiniens détenus illégalement en « détention administrative » par l’État israélien. Là où c’est possible, nous nous engageons à parler à nos propres gouvernements et à nos concitoyens qui apportent peut-être un soutien aveugle qui perpétue le conflit en cours.
La justice doit accompagner la paix, et toutes les parties à ce conflit ont des revendications. Nous confessons notre incapacité à écouter et à rechercher la justice, et à reconnaître l’insuffisance de notre sagesse. Nous appelons donc le Saint-Esprit à nous enseigner et à nous équiper pour agir avec humilité et courage lorsque nous parlons et agissons.
Nous prions non seulement pour que la violence cesse, mais aussi pour que les pays de la Bible deviennent un lieu d’harmonie et de diversité humaine, où les voisins « demeurent chacun sous sa vigne et son figuier » sans que personne ne les trouble (Michée 4:4). Nous réaffirmons notre conviction que « l’Esprit de Jésus nous rend capables de faire confiance à Dieu dans tous les domaines de la vie, de sorte que nous devenons artisans de paix renonçant à la violence, en aimant nos ennemis, en recherchant la justice et en partageant nos biens avec ceux qui sont dans le besoin » (Conférence mennonite mondiale, » Convictions communes », n° 5).
Le prix Menno Simons de la prédication a été créé en 2008 par Annelie Kümpers-Greve (Dr h.c. ; 1946-2017), anciennement membre de la paroisse mennonite de Hambourg-Altona, en Allemagne. Le prix est né de son attachement profond à la Parole énoncée. Chaque année, le Centre de Théologie Ecclésiale de Paix, au sein de l’université de Hambourg, en Allemagne, en collaboration avec la paroisse de Hambourg-Altona, attribut un prix de 2 000 ‚Ǩ à un discours sur la paix.
« Le prix Menno Simons, récompense et honnore les prédications qui explorent le témoignage biblique à travers le prisme de la tradition anabaptiste-mennonite, qui diffusent la perspective des églises de paix dans des contextes œcuméniques plus larges, qui communiquent efficacement, de manière à convaincre et à affermir la spiritualité des auditeurs, » explique Fernando Enns, professeur émérite au Centre.
La moitié de la somme est offerte au prédicateur ; la deuxième moitié est remise à la paroisse du prédicateur pour encourager l’étude avancée de la Bible au sein de la paroisse.
Les propositions de sermons pour le prix 2021 seront acceptées jusqu’au 1er décembre 2020. Les pasteurs et prédicateurs-trices laïcs du monde entier peuvent soumettre leurs textes en allemand, anglais néerlandais, français ou espagnol. Le sermon doit avoir été prêché avant sa soumission.
Pour Andrea Schneider, louer Dieu le Créateur et préserver la création divine sont des éléments importants de l’appel, pour les chrétiens, à être le sel de la terre. Cette responsable de la radiodiffusion pour l’Association des Églises Évangéliques Libres d’Allemagne (VEF) a reçu le prix 2020 pour sa prédication sur Matthieu 5/13.
Vous pourrez écouter la prédication lauréate lors du culte du 1er novembre 2020 à l’église mennonite de Hambourg-Altona. La cérémonie publique de remise de prix aura lieu immédiatement après le culte.
Selon Markus Hentschel, pasteur de l’église hôte, « prêcher, ce n’est pas simplement informer, mais c’est le début d’un processus de transformation ». Un sermon sur la paix éclaire les conflits sociaux ou politiques actuels à la lumière de la paix de Dieu et de la capacité à agir de l’église.
« C’est également l’occasion d’écouter une voix venant d’une autre paroisse, ce qui nous rappelle que la paix, c’est aussi être en lien les uns avec les autres, » ajoute Hentschel.
La prédication de 2012, apportée par Lydia Penner, expatriée canadienne aux Pays-Bas, continue de l’inspirer. « Le grand rêve de paix… ne se réalise pas par la politique du pouvoir ou par la violence, mais il émerge d’actions individuelles en apparence insignifiantes. »
Le comité de sélection est composé de Fernando Enns, Hans-Martin Gutmann, Lukas Amstutz, Christina Duhoux, Birgit Foth, Christiane Karrer, Heinrich Wiens.
Précédant lauréats
2024 Riki Neufeld, pasteur de Evangelical Mennonite Congregation Schänzli in Muttenz (Switzerland) 2023 Joachim Lebrerecht, pasteur de Lydia-Congregation Herzogenrath, Protestant Church in the Rhineland (EKiR), Aachen, Germany 2022 Peter Stucky, pasteur de l’assemblée mennonite de Teusaquillo à Bogotá (Colombie) 2021 Daniel Kaiser, animateur de radio NDR 90.3, Hamburg (Allemagne) 2020 Andrea Schneider, Broadcasting Officer of the Association of Evangelical Free Churches (VEF) (Allegmagne) 2019 Dr. Jochen Wagner, président, Conseil des Églises, Rheinland-Pfalz et Saarland (Allemagne) 2018 Rainer W. Burkart, pasteur, église mennonite, Enkenbach et Neudorferhof (Allemagne) 2017 Betty Pries, Waterloo North Mennonite Church (Canada) 2016 Marie-Noëlle von der Recke, église Mennonite, Weierhof in der Pfalz (Allemagne) 2015 Dr. Pieter Post, pasteur, église Mennonite, Ijmond (Pays-bas) 2014 Carmen Rossol, pasteur, église Mennonite, Weierhof in der Pfalz (Allemagne) 2013 Andrea Lange, théologienne, église Mennonite, Mainz (Allemagne) 2012 Lydia Penner, pasteur, église Mennonite Den Haag (Pays-bas) 2011 Lukas Amstutz, théologien, Bienenberg (Suisse) 2010 Jürg Bräker, théologien, église Mennonite, Heidelberg-Bammental (Allemagne) 2009 Ernst Chrsitian Driedger, église Mennonite, Limburgerhof-Kohlhof (Allemagne)