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  • C’est en 1930 que les premiers mennonites sont arrivés au Brésil, réfugiés de Russie et d’Ukraine, après que leurs biens, églises et écoles aient été réquisitionnés par l’État avec l’arrivé au pouvoir de Staline.

    En 1929, de 15 à 25 000 mennonites et d’autres groupes ont rassemblé quelques affaires et sont allés à Moscou pour demander un visa. Seulement 5 000 d’entre eux reçurent la permission de quitter le pays. En arrivant en Allemagne, ils n’eurent pas l’autorisation d’y rester, et décidèrent d’émigrer au Canada. Mais c’étaient les années 1930 – années de dépression économique – et le Canada n’accepta que quelques émigrants, ceux qui avaient des proches parents au Canada et qui étaient en bonne santé.

    Les deux autres pays qui leur étaient ouverts étaient le Brésil et le Paraguay. Les responsables d’églises européens et nord-américains les encouragèrent à aller tous au Paraguay, où était déjà installée une colonie de mennonites du Canada. Au Paraguay, les mennonites avaient obtenu des privilèges comme l’exemption du service militaire et le droit à un gouvernement autonome. Environ 3 000 personnes choisirent d’immigrer au Paraguay.

    Premières difficultés

    Environ 1 300 personnes choisirent le Brésil. Les véritables raisons de leur choix ne sont pas très claires. En arrivant au Brésil, ils s’installèrent dans une région vallonnée de la forêt tropicale du sud, complètement différente de ce qu’ils avaient connu en Russie. Un groupe (Plateau de Stolz) ne réussit pas à prospérer, et trouva un meilleur emplacement à Curitiba (à 300 km au nord). Le climat y était moins chaud et c’était la steppe. Après quelques années, tous les mennonites avaient déménagé de l’endroit où ils étaient arrivés initialement.

    Parmi les colons, il y avait trois groupes différents : les Frères mennonites, l’Église mennonite (kirchliche) et les mennonites évangéliques. Au début, ils célébraient leurs cultes en commun (en allemand), à l’exception des réunions particulières à leur groupe. Pendant la Seconde Guerre mondiale (à laquelle le Brésil s’est joint en 1942), il était interdit de parler allemand en public, jusque fin 1945. Ainsi, les cultes avaient lieu en bas allemand, parfois en russe, et le portugais a fait son apparition.

    Rayonnement

    Le premier projet de sensibilisation a commencé en 1948 dans la banlieue de Curitiba, avec un orphelinat pour les enfants abandonnés et une première assemblée exclusivement lusophones. Ces projets étaient soutenus par des Frères Mennonites (MB) venus d’Amérique du Nord. Plusieurs autres implantations d’églises ont suivi, et bientôt les paroisses lusophones ont créé l’Association des Églises des Frères mennonites. En 1994, les unions d’églises germanophones et portugaises ont fusionné, créant la COBIM : Convencao Brasileira das Igrejas Evangélicas Irmãos menonitas (Association des Frères Mennonites du Brésil). Aujourd’hui, la COBIM compte plus de 60 assemblées locales et a plusieurs projets missionnaires au Brésil et en Afrique.

    En 1955, le Mennonite Board of Missions and Charities (de la Mennonite Church General Conference) des États-Unis envoya ses premiers missionnaires au Brésil. Plusieurs paroisses ont été implantées à Sao Paulo, au centre du Brésil central et dans la région amazonienne ; elles ont formé la Alliança Evangélica Menonita – AEM. L’Associação das Igrejas menonitas do Brasil – AIMB (Association des églises mennonites du Brésil), résultat d’une fusion des deux groupes de langue allemande, d’autres mennonites évangéliques et de la COM (Commission on Overseas Mission) se joignirent au projet d’implantation d’églises et ont envoyé des missionnaires en 1976. L’AEM a maintenant 35 paroisses et divers projets missionnaires au Brésil et en Albanie.

    Dans le Nordeste brésilien en 1965, le Comité Central Mennonite a lancé plusieurs projets de développement agricole et social, qui ont pris fin en 2012. Des organisations locales (AMAI) maintiennent plusieurs de ces projets en faveur de la paix et de la réconciliation. Trois paroisses ont été implantées et sont affiliées à l’AEM.

    L’association AIMB, formée de mennonites et de mennonites évangéliques, a neuf assemblées locales. Les cultes ont été longtemps célébrés en allemand. Dans les années 1980, cela a commencé à changer et les assemblées ont utilisé davantage le portugais pour accueillir leurs voisins et se rapprocher du contexte brésilien. Le projet missionnaire le plus important est l’Associação Menonita de Assistência Social – AMAS (organisation de secours mennonite) qui a six garderies pour les familles à faible revenu accueillant plus de 1 000 enfants par jour.

    En 1960, un groupe de mennonites ‘Holdeman’ (Église de Dieu en Christ, mennonites) quittèrent les États-Unis pour former une colonie à Rio Verde dans l’état de Goiás (au centre du Brésil, 400 km à l’ouest de la capitale Brasilia). Ils sont en contact avec la communauté mennonite plus large du Brésil, principalement par la littérature anabaptiste/mennonite qu’ils distribuent.

    En 85 ans, le nombre de mennonites au Brésil a atteint 12 000 à 15 000. Dans les 30 dernières années, il y a eu plusieurs divisions et scissions dans les paroisses et les unions d’églises, principalement en raison des mouvements de renouveau charismatiques et pentecôtistes. Le désir de prendre ses distances avec la culture ethnique allemande a également été un facteur conduisant à la formation de plusieurs assemblées mennonites indépendantes.

    Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les mennonites du Brésil ?

    1. Identité. Que signifie être chrétien mennonite au Brésil, où 90 % des chrétiens évangéliques sont pentecôtistes ou charismatiques ? Nous avons encore à cet égard une culture d’église ethnique. Un responsable a remarqué : « Nous ne vivons plus dans la colonie, mais la colonie est encore en nous ». Les Brésiliens ne comprennent pas cette mentalité mennonite étrangère à leur culture.
    2. Rayonnement et acculturation. Comment être engagé et fidèle à une interprétation de la Bible centrée sur Jésus dans un contexte où s’expriment de nombreuses formes de religiosité : superstition chrétienne, révélation divine directe, évangile axé sur le contrôle du pouvoir, évangile de la prospérité etc. ?
    3. La diversité et les conflits. Pour les paroisses dont l’arrière-plan est germanophone, la transition d’une langue à l’autre est presque achevée. Certaines ont deux cultes, un dans chaque langue, et d’autres un culte bilingue. Les mariages interethniques sont plus fréquents qu’avant. Les nouveaux membres baptisés ne sont généralement pas d’origine allemande. La diversité culturelle et théologique est toujours plus présente.
    4. Leadership. La conception du responsable serviteur, nommé par l’assemblée, et travaillant en collégialité est remise en question par une conception hiérarchique, orientée vers le pouvoir (souvent ‘autoproclamé’) et la productivité.

    Mais le Saint-Esprit soutient et aide les différentes unions d’églises et paroisses. L’école théologique Fidelis est commune aux 3 organisations : AEM, COBIM et AIMB.

    D’autres projets comme l’école mennonite Erasto Gaertner et la maison de retraite Lar Betesda, ont un conseil d’administration commun composé de mennonites et de Frères mennonites.

    La nécessité de dialoguer, de partager ses expériences et d’apprendre les uns des autres s’impose de plus en plus.

    Peter et Gladys Siemens sont pasteurs à l’église Vila Guaíra à Curitiba (Brésil). Gladys fait partie de la Commission Diacres de la CMM.

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2016 de Courier/Correo/Courrier

    Les Églises mennonites du Brésil

    * Alliança Evangélica Menonita

    2 900 membres

    35 assemblées locales

    Siège : Paulista, Brésil

    Responsable : Cristiano Maiximiano de Oliveira

    * Associação das Igrejas menonitas do Brasil

    1 184 membres

    9 assemblées locales

    Siège : Curitiba, Brésil

    Responsable : August Fridbert

    Église de Dieu en Christ, mennonite

    344 membres

    5 assemblées locales

    ¬± Convencao Brasileira das Igrejas Evangélicas Irmãos menonitas

    6 960 membres

    70 assemblées locales

    Siège : Curitiba

    Responsable : Emerson Luis Cardoso

    Igreja Evangélica Irmãos menonitas Renovada

    3 350 membres

    27 assemblées locales

    Siège : Sao Paulo

    Responsable : Jose Eguiny Manente

    * Indique l’adhésion à la CMM

    La COBIM ¬± a réengagé le processus d’affiliation à la CMM

    Source : Carte du monde de la CMM

    www.mwc-cmm.org/maps/world

    Consulté en janvier 2016

  • Hospitalité : Que signifie offrir l’hospitalité en tant que disciples du Christ ?

    En septembre 2015, des photographies choquantes publiées dans les médias ont sensibilisé le monde occidental à la crise des réfugiés. Consciente de l’importance de cette question, la communion anabaptiste mondiale propose les réflexions suivantes sur le sens de l’accueil de l’étranger, spécialement lorsque des personnes d’une origine religieuse différente de la nôtre s’installent dans notre quartier.

    L’édition d’avril 2016 de Courier / Correo / Courrier explore les raisons pour lesquelles les communautés anabaptistes du monde entier se réunissent pour former la CMM. Dans les articles qui suivent, les auteurs réfléchissent à la question : Comment l’amour du Christ nous motive t-il et nous guide t-il pour aller vers les étrangers dans notre contexte local ?

    Un ministère d’hospitalité intégral

    Un texte : Voici quelles furent leurs fautes [ta sœur Sodome et les localités voisines] : elles ont vécu dans l’orgueil, le rassasiement et une tranquille insouciance ; elles n’ont pas secouru les pauvres et les défavorisés. (Ez 16:49, BFC).

    Un récit : Un réfugié se plaignait amèrement à Dieu parce qu’on ne l’avait pas laissé entrer dans une église. Dieu lui répondit : « Ne sois pas malheureux. Ils ne me laissent pas entrer non plus.»

    J’utilise ce passage biblique et cette petite histoire comme référence pour partager mon propre témoignage.

    La Colombie, où je vis, connaît un conflit interne depuis une soixantaine d’années ; c’est le dernier en Occident. Avec plus de cinq millions de personnes déplacées, elle a le deuxième taux le plus élevé au monde de personnes déplacées à l’intérieur d’un pays (selon les Nations Unies) plus un autre million de réfugiés dans d’autres pays. Vingt-cinq mille morts violentes se produisent chaque année, des milliers de personnes disparaissent et sont enlevées, et le gouvernement colombien admet que le nombre total de victimes est de plus de six millions.

    S’il y avait du pétrole en Colombie, ou que des multinationales aient un intérêt économique dans notre conflit, une telle situation sociale figurerait dans les bulletins d’informations des États-Unis, du Canada et d’Europe. Les églises anabaptistes du Nord en auraient entendu parler.

    Accusations et incertitude

    Après avoir vécu pendant de nombreuses années à Bogota, en 1986, ma femme, nos quatre enfants et moi avons déménagé dans une petite ville appelée San Jacinto, dans le nord du pays, dans la région des Caraïbes.

    Nous y avons acheté une ferme, du matériel agricole et des véhicules, et nous avons vécu de mon travail de juriste, de l’agriculture et du journalisme. Nous avons soutenu l’engagement social des campesinos (paysans ou petits fermiers) de la région.

    En raison de mon travail avec les campesinos, j’ai été accusé d’être un idéologue de la guérilla. Le commandant de la police locale, et plus tard un groupe paramilitaire dénommé ‘Mort aux kidnappeurs’ (c’est-à-dire, aux guérilleros), ont commencé à me persécuter et me menacer régulièrement.

    En mars 1988, l’armée nationale colombienne et la police ont uni leurs forces pour attaquer notre maison. Les menaces de mort ont augmenté. Nos amis nous évitaient. Les banques ne voulaient plus nous servir. La vie est devenue insupportable. Ces menaces de mort nous ont contraints à déménager dans la ville voisine de Cartagena, perdant ainsi tout ce que nous avions acquis par notre travail.

    Ê Cartagena, nous avons été accueillis par l’un de mes oncles. Avec le soutien de l’église mennonite, nous avons construit dans sa cour un petit logement pour nous, en attendant que l’orage passe.

    Mais la situation des personnes déplacées, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, est très difficile. Elles laissent derrière elles leur environnement familier, leurs amis, les membres de leur famille, leur travail, leurs affaires, leur culture, et leur réputation. En outre, elles arrivent dans un contexte inconnu, menaçant et inhospitalier, rempli de préjugés.

    Avant, on est considéré comme une personne intègre, et tout à coup, on est soupçonné de terrorisme et de crimes divers, ce qui terrifie les autres. On vit soudainement dans un climat de peur, non seulement en raison du déplacement, mais parce que tous les gens qui nous entourent – amis, parents et membres d’églises – craignent d’être confondus avec l’ennemi, déclarés ‘objectifs militaires’, et donc menacés et attaqués.

    La peur qui envahit les autres est ce qui affecte le plus les personnes déplacées : cette peur paralyse et empêche d’être accueillants et solidaires. Beaucoup de membres d’églises voudraient être accueillants, mais ils ont une famille, de jeunes enfants, des dettes, et ont peur de mettre en danger leur vie et de menacer la stabilité de ceux qui dépendent d’eux. Ils disent que s’ils étaient seuls, ils donneraient leur vie pour vous aider, mais que dans cette situation, cela serait irresponsable et injuste pour leurs enfants.

    En juillet 1989, nous sommes revenus à Bogota, nous : un couple et quatre enfants déplacés et menacés, abattus, mais pas vaincus. Nous sommes arrivés dans une ville vivant dans la crainte du terrorisme, des morts-vivants mendiant à chaque carrefour, des petits garçons et des petites filles abandonnés dans les rues, une délinquance galopante, avec des zones de pauvreté, de racisme et de discrimination.

    Le gouvernement a utilisé l’excuse de la guerre pour supprimer la plupart des libertés civiles et chaque jour, il y avait des raids et des détentions arbitraires dans la ville et dans le pays. La méfiance et la peur régnaient. L’ancien stratège chinois Sun Tzu a dit : « La guerre est l’art de la duperie » ; et le politicien américain Hiram Johnson a ajouté « où la vérité est la première victime ». Il est donc difficile de faire confiance à quelqu’un et même de croire en Dieu.

    Un abri et un accueil

    Cependant, aujourd’hui, ma famille et moi sommes en vie grâce à une action décisive d’un groupe de l’église mennonite de Teusaquillo (à Bogotá), dont Peter Stucky est le pasteur. Bien qu’ils aient de jeunes enfants et d’autres personnes sous leur responsabilité, ils ont surmonté la peur d’être stigmatisés et d’être vus comme des partisans de la guérilla, ils se sont organisés pour nous accueillir de telle sorte que nous avons retrouvé assez d’énergie pour éveiller notre faculté de résilience et guérir.

    C’est quand nous pratiquons cette forme d’hospitalité intégrale que la malédiction de Sodome est brisée et que ces paroles de Jésus deviennent réalité : « Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez accueilli chez vous […] Je vous le déclare, c’est la vérité : toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25:35-40, BFC).

    Mais cela ne s’est pas arrêté là. Ce concept de l’hospitalité intégrale s’est élargi. Personne n’a été exclu et il y avait toujours une place pour l’étranger, le voyageur et celui qui souffre. Le concept d’hospitalité intégrale a ouvert les portes de l’église et donné naissance à un ministère de soutien pour les centaines de personnes déplacées qui sont arrivées, après avoir perdu leurs biens et tout espoir. « Le réfugié [ou déplacé] est un messager du malheur, apportant avec lui l’image, l’odeur et le goût de la tragédie de la guerre, du génocide, des massacres, de la perte de sa maison à cause de la violence. » (Javier Jurado, membre de l’Association Arjai, une initiative d’étudiants en philosophie).

    Ce ministère de l’église mennonite de Teusaquillo fonctionne depuis de nombreuses années à Bogotá. Des centaines de personnes ont été aidées et réconfortées ; certaines ont été parrainées par l’Église mennonite du Canada et aujourd’hui elles jouissent d’une vie tranquille dans ce pays. Ce ministère s’est également étendu à la ville de Quito (Équateur), et des centaines de Colombiens à la recherche d’un asile sont accueillis.

    Créer et maintenir un ministère comme celui-ci, ouvert à tous, d‘où qu’ils viennent, peu importe ce qu’ils croient, quelle que soit leur idéologie politique, que leurs persécuteurs soient guérilleros ou paramilitaires, c’est prendre un grand risque. Parfois, des membres de l’assemblée la quittent. Cependant, nous sommes convaincus du lien entre l’enseignement de Jésus et le droit d’asile. Cela renforce la communauté et lui donne de nouveaux responsables ouverts à l’hospitalité.

    C’est gratifiant de faire partie d’une église de paix historique anabaptiste où nul réfugié ne se plaindra à Dieu de s’être vu refuser l’entrée ; comme Job, nous pouvons dire : « L’étranger ne passait jamais la nuit dehors, puisque ma porte était ouverte au voyageur. » (Job 31:32, BFC).

    ?Ricardo Esquivia Ballestas est membre de l’Église mennonite colombienne. Il est avocat et a plus de 45 ans d’expérience dans le travail pour la paix à partir d’une communauté ecclésiale de base. Il est directeur de Sembrandopaz (Planter des graines de paix) et travaille avec les groupes revenant dans les Caraïbes colombiennes.

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2016 de Courier/Correo/Courrier

  • Hospitalité : Que signifie offrir l’hospitalité en tant que disciples du Christ ?

    En septembre dernier, des photographies choquantes publiées dans les médias ont sensibilisé le monde occidental à la crise des réfugiés. Consciente de l’importance de cette question, la communion anabaptiste mondiale propose les réflexions suivantes sur le sens de l’accueil de l’étranger, spécialement lorsque des personnes d’une origine religieuse différente de la nôtre s’installent dans notre quartier. Comment l’amour du Christ nous motive t-il et nous guide t-il pour aller vers les étrangers dans notre contexte local ?

    Les réfugiés ont fait partie de l’histoire de l’église Frères mennonites de Neuwied depuis ses débuts : le passé de notre église est imprégné d’initiatives visant à intégrer les personnes d’origines culturelles différentes.

    L’Evangelische Freikirche Mennonitische Brüdergemeinde de Neuwied (Allemagne) a été fondée après la Seconde Guerre Mondiale par des réfugiés de Prusse occidentale (aujourd’hui Pologne) ; c’est la plus ancienne église de Frères mennonites d’Europe occidentale. Au début, les mennonites ont dû apprendre à prier avec des frères et sœurs de différentes traditions chrétiennes tels que protestants, Frères de Plymouth et baptistes. La génération suivante a appris à intégrer des chrétiens de Croatie et d’Amérique du Sud qui se sont joints à l’église dans les années 1960. Dans le milieu des années 1970, l’intégration d’un grand nombre de mennonites de l’ex-Union soviétique a été un défi. Bien qu’ayant les mêmes origines mennonites, ils tenaient à certaines traditions spécifiques différentes de celles de notre église. Mais avec Dieu, rien n’est impossible. Au fil des ans, des frères et sœurs d’Amérique du Nord, d’Asie et d’Afrique sont aussi devenus membres de cette communauté bigarrée de disciples du Christ.

    Notre paroisse compte aujourd’hui 460 membres, originaires de plus de 14 nations différentes. Mais malgré un arrière-plan et des traditions très variés, les membres de notre assemblée ont une foi et un engagement envers le Seigneur Jésus-Christ qui aide à construire des ponts les uns des autres.

    Un nouveau chapitre

    Un tout nouveau chapitre dans la vie de notre assemblée a commencé il y a environ huit ans, lorsque nous avons eu le courage d’ouvrir nos portes à des gens d’origine religieuse complètement différente.

    Comment est-ce arrivé ?

    Des responsables de notre ville sont venus nous trouver avec cette requête : serions-nous prêts à ouvrir un club de jeunes pour aider la ville à s’occuper des jeunes de 12 à 17 ans issus de l’immigration ? En y repensant, nous réalisons que nous étions très naïfs à l’époque ; néanmoins, quand nous avons dit oui, nous avons obéi au commandement de Dieu ‘de chercher à rendre prospère la ville’ (Jr 29:7 BFC).

    Donc, ce club de jeunes (30 jeunes issus de milieux musulmans et Yezidi) a démarré dans notre bâtiment d’église. Nous avons rapidement compris que ces jeunes pensaient pouvoir venir dans ‘leur lieu de rencontre’ n’importe quand. Lorsque les portes étaient ouvertes, ils entraient, qu’il y ait une réunion de dames, de prière ou toute autre rencontre. Quand ils trouvaient les portes fermées, ils s’asseyaient tout simplement sur les marches de l’entrée et y restaient, de jour comme de nuit. Les trois premiers mois ont vraiment été stressants pour notre paroisse ! Nous n’avons survécu qu’avec beaucoup de prières, de patience, de discussions et en mettant en place quelques règles et leurs conséquences pour les jeunes.

    Appréciation, respect et amour chrétien

    À notre grande surprise, les relations avec les jeunes se sont améliorées les mois suivants. Dans notre église, les jeunes ont découvert quelque chose qu’ils n’avaient jamais connu jusque là : appréciation, respect et amour chrétien. Les responsables de la ville ont été surpris de voir combien le comportement de ces jeunes avait changé.

    Grâce à l’expérience avec le club de jeunes, nous étions prêts à accueillir à bras ouverts les réfugiés et les demandeurs d’asile venant à l’église pour trouver aide et amitié. Leur religion nous est vraiment étrangère. C’est difficile d’entendre ce qu’ils ont vécu pendant leur exil, fuyant la guerre et la terreur. Mais d’autre part, c’est difficile aussi pour eux de s’installer dans un pays complètement nouveau avec leurs expériences traumatiques. Ils nous disent souvent que ce ne sont pas nos paroles qui les attirent à l’église, mais l’amour chaleureux et l’attention qu’ils reçoivent.

    Cet amour a ouvert leur cœur pour en savoir plus sur ce Jésus dont nous parlons. Nous avons donc commencé un groupe d’étude biblique en farsi, et plus tard un autre en arabe. Quand des membres de ces groupes trouvent la foi dans le Dieu vivant et sont baptisés, nous savons qu’ils apportent des changements dans notre église.

    De toutes les nations et langues

    Lorsque le premier frère iranien a été baptisé, ce n’est pas passé inaperçu ! Quand il est sorti de l’eau, ses amis persans ont éclaté en un tonnerre de jubilation qui a rendu le reste de l’assemblée muet de surprise. Mais quand nous avons réalisé que nous étions témoins de la réalisation de la promesse de Dieu : que les gens ‘de toutes nations, tribus, peuples et langues’ feront partie de son royaume (Ap 7:9), tout le monde s’y est joint !

    Nous avons aussi découvert que c’est une bénédiction que nos caractéristiques allemandes typiques, telles que la ponctualité et l’ordre, soient complétées par des caractéristiques étrangères, telles que la spontanéité et l’hospitalité. Bien que l’hospitalité soit censée être l’apanage des chrétiens, nous apprenons beaucoup des immigrés de l’Est. Ils semblent toujours avoir le temps de causer et de boire une tasse de thé. Leurs porte et leurs table sont toujours ouvertes aux autres.

    S’investir dans l’accueil des étrangers demande du courage, parce que nous devons sortir de notre zone de confort. Mais ce que nous apprenons en vivant ainsi est impossible à décrire. Les rencontres avec mes nouveaux amis du monde entier ont tellement changé ma vie, que je ne peux imaginer ce qu’elle était quand ils n’en faisaient pas encore partie.

    —Walter Jakobeit est pasteur de l’Evangelische Freikirche Mennonitische Brüdergemeinde de Neuwied (Allemagne), église Frères mennonites. Il est président de la AMBD (Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer Brüdergemeinden Deutschland), une union d’églises devenue membre de la CMM lors au Conseil Général de la CMM en 2015.

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  • Hospitalité : Que signifie offrir l’hospitalité en tant que disciples du Christ ?

    En septembre 2015, des photographies choquantes publiées dans les médias ont sensibilisé le monde occidental à la crise des réfugiés. Consciente de l’importance de cette question, la communion anabaptiste mondiale propose les réflexions suivantes sur le sens de l’accueil de l’étranger, spécialement lorsque des personnes d’une origine religieuse différente de la nôtre s’installent dans notre quartier.

    L’édition d’avril 2016 de Courier/Correo/Courrier explore les raisons pour lesquelles les communautés anabaptistes du monde entier se réunissent pour former la CMM. Dans les articles qui suivent, les auteurs réfléchissent à la question : Comment l’amour du Christ nous motive t-il et nous guide t-il pour aller vers les étrangers dans notre contexte local ?

    Le cœur d’un étranger

    J’ai entendu un nouvel arrivé au Canada décrire son soulagement d’avoir été accueilli dans une communauté d’église composée d’autres immigrants récents, après une longue période de dépaysement. Ses paroles sont restés gravées dans ma mémoire :

    Ils savaient comment accueillir un étranger parce qu’ils avaient eux-mêmes le cœur d’un étranger.

    En d’autres termes, ceux qui ont fait personnellement l’expérience d’être étrangers : le désespoir et la solitude quand on est séparé de tout ce qui est familier et de tout ce qui donne sens, la sécurité et la stabilité, la frustration ne pas pouvoir parler la langue du pays, le désir si fort de contact physique, ceux-là ont le cœur d’un étranger. Ils ont un cœur prêt à faire de la place à d’autres.

    Choisir l’étrangeté

    Et pourtant, l’expérience d’être ‘étranger’ au vrai sens du terme est inconnue pour beaucoup d’entre nous. Certains ont connu le malaise de se trouver dans des contextes non familiers, mais choisis. Cependant, ce sont d’abord des inconvénients causés par les choix que nous a permis notre situation de privilégié. D’autres n’ont même jamais eu le luxe d’être un ‘étranger’ parce qu’ils n’ont jamais pu voyager loin de leur lieu de naissance.

    Mais combien d’entre nous ont été chassés vers de lointains rivages par la violence, l’instabilité politique et la pauvreté ? Sommes-nous jamais arrivés dans un pays inconnu avec presque rien, sans parler la langue du pays et survivant à un passé traumatique ? Nous sommes-nous aventurés dans des lieux où peu de gens nous ressemblent ou s’expriment comme nous ? Où les coutumes sont incompréhensibles, les valeurs impénétrables ? Combien d’entre nous ont été étrangers de manière assez profonde pour nous donner ‘un cœur d’étranger’ ?

    Alors, comment avoir ‘un cœur d’étranger’ dans notre contexte culturel actuel, alors que tant de discours entre les chrétiens (et d’autres) se polarisent sur la crise des réfugiés syriens et ce qu’il faudrait faire ? Il y a tellement de peur et de soupçons, d’expressions de colère mal informée, de rejet impulsif, tant de bras se refermant pour se protéger plutôt que pour accueillir… Comment aller au-delà de ces réponses réflexes ?

    Mémoire et imagination

    Se pourrait-il qu’il nous suffise de regarder quelques générations en arrière et de se souvenir que la quasi-totalité d’entre nous ont dans leur passé une histoire similaire ? Notre refus d’accueillir l’étranger pourrait-il être dû en partie, au fait que nos cœurs ont oublié ou n’ont jamais développé leur capacité de se mettre dans la peau d’un étranger ?

    Notre principal problème n’est peut-être qu’un manque de mémoire ou d’imagination – l’incapacité de se rappeler ce que c’est d’être ‘l’autre’ qui aspire à être accueilli, ou même d’imaginer cette possibilité ? Notre cœur pourrait-il devenir un cœur d’étranger simplement en choisissant de se souvenir et d’imaginer ?

    Dans les textes hébraïques, le commandement divin de prendre soin de l’étranger est directement lié au fait que le peuple d’Israël a aussi été étranger (Dt 10:19). Dans l’Évangile de Matthieu, Jésus résume toute la Loi et les Prophètes – et ‘tout’ est un mot plutôt vaste, il convient de s’en souvenir – par la simple formule ‘Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la Loi et les Prophètes’ (Mt 22:40). Le premier commandement nous exhorte à avoir une meilleure mémoire, le deuxième à avoir une meilleure imagination. Nous avons besoin des deux pour créer en nous un ‘cœur meilleur’. Et lorsque nous commençons à faire cela, mieux se souvenir et mieux imaginer, il devient plus facile d’aller vers l’étranger.

    L’assemblée dont je fais partie accueille neuf personnes venant de Syrie. Avec la communauté où nous vivons, nous avons passé des mois à préparer leur arrivée. Nous avons obtenu une maison, l’avons repeinte, acheté de la nourriture, des vêtements et des jouets. Nous avons développé des liens avec d’autres personnes dans notre communauté : autres églises chrétiennes, des gens de l’université, un groupe de médecins locaux et des membres de la communauté musulmane locale. Nous avons eu l’occasion de partager des repas avec les familles syriennes vivant déjà à Lethbridge, d’avoir des cours de cuisine spontanés (!) et des soirées culturelles très riches. Nous avons de nouveaux amis.

    Nous avons essayé de créer en nous un cœur d’étranger. Et ce faisant, nous avons découvert que ce n’est pas si difficile, si nous sommes prêts à nous souvenir et à imaginer…

    Ryan Dueck est pasteur de Lethbridge Mennonite Church en Alberta (Canada). La paroisse fait partie d’un groupe d’action sociale locale œcuménique qui parraine deux familles de réfugiés syriens venant s’installer à Lethbridge. Il blogue régulièrement à ryandueck.com et participe à Wondering Fair, ‘un café en ligne’ pour discuter des questions de foi.

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2016 de Courier/Correo/Courrier

  • Hospitalité : Que signifie offrir l’hospitalité en tant que disciples du Christ ?

    En septembre 2015, des photographies choquantes publiées dans les médias ont sensibilisé le monde occidental à la crise des réfugiés. Consciente de l’importance de cette question, la communion anabaptiste mondiale propose les réflexions suivantes sur le sens de l’accueil de l’étranger, spécialement lorsque des personnes d’une origine religieuse différente de la nôtre s’installent dans notre quartier.

    L’édition d’avril 2016 de Courier/Correo/Courrier explore les raisons pour lesquelles les communautés anabaptistes du monde entier se réunissent pour former la CMM. Dans les articles qui suivent, les auteurs réfléchissent à la question : Comment l’amour du Christ nous motive t-il et nous guide t-il pour aller vers les étrangers dans notre contexte local ?

    L’hospitalité transforme

    L’histoire de Deymaand

    Fin 1970, pendant la période de l’histoire de l’Inde appelée État d’Urgence (lorsque les libertés démocratiques étaient suspendues), Deymaand, 18 ans, décida de se faire baptiser dans une église mennonite locale. Comme sa famille pratiquait une autre religion, elle s’est opposée à sa décision d’adopter la foi chrétienne. Mais Deymaand refusa de faire marche arrière et sa famille le rejeta. Deymaand décida alors de quitter son village, ce qui provoqua un rassemblement de foule. En raison de l’instabilité politique en Inde à cette période, Deymaand fut immédiatement arrêté pour éviter tout incident, et emmené à Rajnandgaon pour y être emprisonné. Un mois plus tard, l’agitation dans le village s’étant calmée, Deymaand fut libéré de prison, mais on lui ordonna de ne plus revenir dans le village.

    Désavoué par sa famille, Deymaand n’avait nulle part où aller et ne connaissait personne qui puisse le loger. Cependant le pasteur de l’assemblée mennonite de Rajnandgaon (MCR) accueillit Deymaand dans l’église et dans sa famille, comme un de ses propres fils. Deymaand décida de poursuivre des études de théologie à l’Union Biblical Seminary de Yeotmal. Il continua ensuite à servir le Seigneur par la prédication et l’enseignement de la Bible dans toute l’Inde. La MCR a soutenu Deymaand dans sa foi au Seigneur Jésus alors que sa vie et toute la paroisse étaient en danger.

    L’histoire de Sarika

    En 1990, sous la direction du pasteur Theo Philus Singh, la MCR a commencé un programme de sensibilisation dans l’État du Maharashtra, implantant de nouvelles églises dans les villages. Cette action a provoqué des réactions d’opposition et de persécution de la part des extrémistes. Les membres des églises nouvellement formées se rendaient souvent chez les membres de la MCR pour être encouragés et édifiés. L’accueil des nouveaux croyants dans leurs maisons a été connue, et a mis en danger les membres de la MCR, qui ont aussi été menacés par les fanatiques. Malgré cette opposition, ils ont rendu visite aux nouvelles églises et répondu à leurs besoins.

    Un jeune homme de la MCR avait épousé une jeune femme nommée Sarika*. Avec le temps, Sarika s’est rendu compte que son mari était alcoolique. Elle a été victime de violences physiques chez elle. Lorsqu’elle n’a plus pu supporter ces violences, Sarika a parlé au groupe de femmes de la MCR. Le conseil de l’église fit tout ce qu’il put pour réconcilier le couple, mais ses efforts furent vains. Le groupe de femmes aida alors Sarika et sa fille de neuf ans à fuir le mari violent. Elles reçurent Sarika et sa fille chez elles et les protégèrent. Elles offrirent un soutien spirituel, moral et financier.

    Aujourd’hui, 15 ans après, la fille de Sarika a reçu une bonne éducation, et elle est infirmière dans un hôpital réputé. Sarika témoigne que la MCR l’a reçue quand elle était une étrangère et l’a aidée quand elle en avait besoin. Elle est reconnaissante envers le groupe de femmes pour tout ce qu’elles ont fait pour la protéger et l’aider à s’en sortir.

    Hospitalité et évangélisation

    Ce ne sont que deux histoires parmi tant d’autres, des histoires de mennonites qui ont su tendre la main et accueillir des étrangers chez eux. Non seulement, ces actes ont transformé la vie de l’assemblée, mais ont aussi transformé la vie de beaucoup d’autres. Pour nous, l’hospitalité ce n’est pas seulement offrir de la nourriture et de l’eau à des étrangers, puis les laisser poursuivre leur chemin, mais être prêt à cheminer avec eux, jusque dans la vie quotidienne.

    Nous avons finalement compris que l’hospitalité fait partie intégrante de l’évangélisation. Si nous ne faisons pas de place dans nos propres vies pour les autres, nous ne pouvons pas les amener à faire de la place pour le Christ dans leur vie. Accueillir les autres n’est jamais facile, car cela perturbe notre vie.

    L’hospitalité, dans le contexte de l’évangélisation, remet en cause notre identité d’église. Recevoir des personnes ayant une autre religion rend plus difficile notre lutte pour ne pas se laisser influencer par les rites, les rituels et les traditions d’autres religions. Cette expérience nous apprend combien il est important d’être solidement enracinés dans le Seigneur, unis dans l’église et savoir discerner le bien du mal.

    L’union de l’Église mennonite d’Inde (MCI) a pratiqué l’hospitalité dès ses débuts. Chacune d’entre elles a des témoignages à apporter. Ma propre paroisse est reconnaissante à Dieu pour les nombreux privilèges que nous ont apportés les étrangers que nous avons reçus et aidés de diverses manières. Faire partie de cette église a été formateur et a contribué à transformer ma compréhension de l’hospitalité.

    Elisabeth Kunjam, d’abord membre de l’Église mennonite d’Inde, est devenue membre du Conseil d’administration des Églises des Frères mennonites d’Inde en 2005, après avoir épousé Frank Sanjay. Elle est membre de la Commission Diacres de la CMM. Elle est également coordinatrice des théologiennes anabaptistes d’Asie (TTAWA), une association qui a démarré grâce à la Commission Diacres en 2012.

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2016 de Courier/Correo/Courrier

    Elisabeth Kunjam

  • Comme les quatre cavités du cœur, les quatre commissions de la CMM servent la communauté mondiale des églises anabaptistes dans les domaines suivants : diacres, foi et vie, paix et mission. Les commissions préparent du matériel à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils et proposent des ressources aux églises membres et facilitent le travail des réseaux ou des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun. Ci-dessous, une des commissions communique un message de leur ministère.


    Quand un globule rouge a rencontré une cellule nerveuse pour la première fois, il s’est écrié : « Ah! un extraterrestre! » « Non, répliqua la cellule nerveuse, je suis ta sœur. »

    Au printemps 1997, à l’occasion d’un séminaire aux Pays-Bas pour le 500e anniversaire de Menno Simons, j’ai participé pour la toute première fois à une rencontre mennonite internationale. Ma réaction émotionnelle a été semblable à celle du globule rouge : Est-ce que tous ces gens sont mennonites? Pourquoi leur façon de penser est-elle si différente de la mienne? Au dernier rassemblement de la CMM, Pennsylvania 2015, j’ai eu le même sentiment, mais encore plus fort!

    Que ce soit les 2000 ans du christianisme ou les 500 ans de l’Église anabaptiste, nous sommes tous issus de la même tradition théologique. En raison du passage du temps et de la diversité des cultures et des milieux sociaux, nous avons grandi en prenant différents visages. Aujourd’hui, devant les nombreux problèmes délicats, nous avons aussi adopté différents points de vue et positions.

    Cela me fait penser à la métaphore du corps de l’apôtre Paul : nous formons réellement un corps avec des parties ayant des formes et des fonctions différentes. L’Église doit être divergente et diversifiée – c’est l’ADN enfoui dans l’Église quand Dieu l’a d’abord créée.

    L’Église doit accepter les différences, parce que c’est vital pour elle. Par le biais de mes frères et de mes sœurs d’Afrique, d’Europe, d’Asie et de l’Amérique du Sud, mes horizons et mes perspectives s’agrandissent. Je vois une image différente de la foi. Ces « autres » culturels proviennent du même ADN théologique; ces relations de sang spirituelles sont devenues une partie indispensable du « moi » ou du « nous » de la foi. Les sœurs et les frères de la famille mondiale constituent notre « cohumanité » en Christ.

    Or, en même temps, la différenciation à l’échelle « cellulaire » est pour une plus grande unité à grande échelle : il n’y a qu’un seul corps. En tant que membres, nous avons été intégrés dans le corps divin. Ce que nous avons en commun, c’est que nous nous consacrons tous à Jésus-Christ pour le suivre de manière radicale. Nous possédons également des Convictions Communes. Donc, nous sommes faits un dans notre diversité tout en restant diversifiés dans l’unité.

    L’Église est pleine de lumière et d’ordre à certains moments, et de désordre à d’autres moments. Néanmoins, de cette mosaïque de l’Église émerge le visage de celui qui transcende : Jésus-Christ. Il se révèle lui-même au moyen de la vie globale de l’Église. L’Église est l’image sainte du Christ; sa mission est de montrer fidèlement le Christ afin que le monde puisse voir le visage de celui qui transcende.

    L’image du visage dépend de la manière dont nous sommes liés ensemble. Chacun de nous, comme une cellule de l’oreille, de l’œil ou du nez, apportera la beauté au visage si nous sommes correctement liés. Ainsi, nous devons nous efforcer de conserver l’unité de l’Esprit. Le Repas du Seigneur en est un excellent rappel. Chaque fois, nous nous souvenons ensemble de la croix de Jésus, du corps de Christ. Que la volonté de Dieu soit faite.

    —Paulus Chiou-Lang Pan, membre de la Commission Foi et Vie de la CMM

    De cette mosaïque du corps de Christ émerge le visage de celui qui transcende : Jésus. Photo par Faith Lin, avec la permission de Paulus Chiou-Lang Pan.

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  • Bogotá (Colombie) – « C’est parfois difficile de bien comprendre ce qui se passe dans les autres parties du monde » dit Joanna Dietzel, coordinatrice du réseau de prière de PA 2015; « mais par la prière, nous devenons un seul corps. »

    Avec le lancement d’un nouveau réseau de prière permanent, la Commission Diacres et le service des communications de la Conférence Mennonite Mondiale cherchent à réunir la famille mondiale dans la louange et l’intercession devant Dieu.

    Infos CMM, l’infolettre mensuelle, contient de courtes prières ayant trait aux églises membres et aux préoccupations régionales; un courriel plus détaillé du réseau de prière sera envoyé tous les deux mois et occasionnellement à intervalle irrégulier pour des requêtes urgentes.

    « Nous cherchons toujours des moyens de rester en contact avec la famille anabaptiste mondiale », dit Kristina Toews, responsable de la communication de la CMM. « Le réseau de prière est une façon de faciliter des moyens plus interactifs d’échanger nos histoires, nos joies et nos peines. Nous aimerions entendre vos histoires et vos idées sur d’autres façons d’échanger. »

    Le réseau de prière donnera l’occasion de prier pour les églises nationales et régionales, et permettra aux partenaires de la CMM de communiquer à plus vaste échelle. La Commission Diacres constituera une équipe de prière pour répondre aux requêtes personnelles.

    « Chaque problème, chaque joie doivent être pris au sérieux, et sont importants aux yeux de ceux et celles qui sont touchés », dit Henk Stenvers, secrétaire de la Commission Diacres. « Nous voulons ainsi nous assurer que même si une requête n’atteint pas les informations mennonites mondiales, il y aura des prières pour ceux et celles qui sont dans le besoin. »

    Les personnes qui s’inscrivent en ligne recevront un courriel régulier avec quatre ou cinq sujets de prière préparés à partir des requêtes soumises par les représentants régionaux sur des questions qui préoccupent nos membres dans le monde.

    Tous les messages envoyés à prayers@mwc-cmm.org ou laissés sur les sites de médias sociaux feront l’objet de prières, même s’ils ne seront pas tous inclus dans le courriel régulier.

    « Nous sommes parfois trop centrés sur les circonstances auxquelles notre propre église fait face. Le réseau de prière est une formidable occasion de marcher aux côtés des autres églises avec compassion », dit César García, secrétaire général de la CMM. « De cette manière, plusieurs choses peuvent être transformées, en commençant par notre propre cœur. Marchons avec Dieu dans la prière – ensemble! »

    Pour plus d’information ou pour s’inscrire, cliquez ici.

    —Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale

  • En juillet 2009, des responsables de l’Église mennonite d’Indonésie se sont retrouvés en pleine conversation à l’extérieur d’un dortoir à Asunción au Paraguay. Même s’ils se connaissaient, leurs chemins se croisaient rarement. Les trois groupes d’églises qu’ils représentaient ont des histoires compliquées qui comportent notamment des séparations et des divisions.

    Mais là, dans le contexte paisible du 15e Rassemblement de la Conférence Mennonite Mondiale, quelque chose d’important a changé dans leur relation. « Nous avons découvert que nous avions tous à peu près le même âge et que nous partagions plusieurs préoccupations et valeurs communes », rappelle David Meijanto.

    Pour la première fois, les membres du groupe se sont demandé : pourquoi ne pas nous rencontrer plus souvent de retour en Indonésie?

    Un microcosme de l’anabaptisme mondial

    Les responsables d’églises sont rentrés en Indonésie avec l’engagement de se rencontrer tous les trois mois pour échanger et s’encourager. Lors d’une de ces rencontres « intermenno », l’idée leur est venue d’accueillir ensemble, en Indonésie, le Rassemblement mondial de la CMM en 2021.

    Voici une introduction aux trois synodes qui composent l’Église mennonite en Indonésie, tous marqués par le défi de vivre en tant qu’infime minorité dans un pays qui compte la plus grande population musulmane dans le monde.

    GITJ

    GITJ (Gereja Injili di Tanah Jawa / Église évangélique de Java) est le groupe le plus ancien. L’Église, issue en 1854 du travail des missionnaires mennonites néerlandais et du linguiste Pieter Jansz, a été la première église mennonite anabaptiste dans le monde dont les membres n’étaient pas principalement d’origine européenne ou nord-américaine.

    Un personnage influent des débuts de l’histoire de GITJ a été Kyai Ibrahim Tunggul Wulung, un mystique local qui a contribué à adapter le message de l’évangélique dans un langage typiquement javanais.

    Aujourd’hui, les membres des 110 églises GITJ vivent surtout dans des régions rurales près de Jepara et de Puti, parlent le javanais, travaillent comme ouvriers agricoles et conservent un style liturgique relativement formel.

     

    GKMI

    GKMI (Persatuan Gereja-Gereja Kristen Muria Indonesia / Union des Églises chrétiennes Muria de l’Indonésie) tire son origine des immigrants chinois qui se sont installés à Java au début du 20e siècle.

    En 1917, Tee Siem Tat, un homme d’affaires chinois, est devenu chrétien lorsque lui et un autre membre de sa famille ont été miraculeusement guéris après avoir écouté des histoires de l’Évangile.

    L’identité anabaptiste des églises a été renforcée dans les années 1950 et 1960 quand Hermann Tann a travaillé à introduire la théologie et l’organisation mennonite.

    Aujourd’hui, quelque 55 églises composent GKMI. Leurs membres sont généralement d’arrière-plan chinois, bien éduqués et très engagés dans la mission.

    JKI

    JKI (Jemaat Kristen Indonesia / Assemblées chrétiennes d’Indonésie) a vu le jour à la fin des années 1970 comme un mouvement de renouveau charismatique au sein de GKMI.

    Sous la direction de Adi Sutanto, un petit groupe de prière GKMI a commencé à incorporer le parler en langues, la guérison, les visions et la prophétie dans leur culte régulier. JKI, formé en 1985, a grandi et compte désormais 155 églises dont plusieurs sont aux États-Unis, en Australie et aux Pays-Bas.

    L’Église JKI la plus connue combine un culte charismatique à des ministères sociaux et à un puissant programme d’évangélisation dans la ville de Semarang. Son bâtiment pour 20 000 membres, le « Holy Stadium », sera probablement l’emplacement du prochain Rassemblement de la CMM en 2021.

    Aujourd’hui, les responsables de ces trois synodes regardent au-delà de leurs différences et recherchent de nouveaux partenariats entre eux et avec le vaste monde mennonite. Le Rassemblement de la CMM en 2021 offrira un bel aperçu des différentes façons que l’anabaptisme s’est implanté en Indonésie.

    Ce n’est pas trop tôt pour ajouter cet événement à votre calendrier.  TM

    —John D. Roth, secrétaire de la Commission Foi et Vie de la CMM; professeur d’histoire au Goshen College en Indiana (É.-U.); directeur de l’Institut d’études de l’anabaptisme mondial

    Cet article a d’abord paru dans l’édition du mois d’avril du magazine The Mennonite, publié par Mennonite Church USA.

     

  • Walter Jakobeit headshot
  • Il y a moins d’une année, j’étais loin de me douter que j’allais être en Indonésie en février et que j’allais avoir quatre nouveaux amis de quatre continents différents. Pourtant ce sont des choses qui arrivent quand on s’engage au sein de notre communauté de foi mondiale : on aboutit dans des endroits où l’on n’aurait jamais soupçonnés aller – sur le plan physique, spirituel, mental et émotionnel.

    Nous cinq – Jantine Huisman, Makadunyiswe Ngulube, Dominik Bergen, Ebenezer Mondez et moi-même – ne savions pas trop à quoi nous attendre aux réunions du Comité Exécutif de la CMM dans notre nouveau rôle au Comité Jeunes Anabaptistes (YABs). Heureusement, nous avons l’aide précieuse d’une membre du précédent Comité YABs, Tigist Tesfaye Gelagle, qui nous sert de guide et de mentor durant ce parcours.

    Nos premières réunions en Indonésie peuvent se résumer en deux mots : information et planification.

    Pendant les deux premières journées, nous avons beaucoup appris sur l’histoire et la vision de la Conférence Mennonite Mondiale et la place qu’occupe YABs. Nous avons apprécié les leçons d’histoire et apprendre comment notre identité comme anabaptistes est façonnée par le passé. Nous avons pris connaissance du récent développement du Comité YABs et comment il a évolué depuis ses commencements en tant que comité organisateur du Sommet Mondial de la Jeunesse en 2001.

    Non seulement nous en avons appris sur la CMM et YABs, nous avons aussi appris à nous connaître les uns les autres et à travailler ensemble dans un contexte pluriculturel, quelque chose que nous continuerons d’approfondir au cours des cinq prochaines années.

    Une fois quelque peu informés de notre fonction en tant que le bras jeune adulte de la CMM, nous avons commencé à planifier et à esquisser un plan directeur pour les cinq prochaines années. Nous avons modifié légèrement le plan du précédent Comité YABs pour l’adapter à notre vision et à nos objectifs, mais les cinq principaux objectifs du Comité YABs demeurent les mêmes : le réseautage, la communion fraternelle, le renforcement des capacités, la prise de décision et l’identité anabaptiste.

    La première Semaine annuelle de la Fraternité des YABs, qui se tiendra du 19 au 26 juin 2016, est une importante initiative pour cultiver et promouvoir la communion fraternelle parmi les jeunes anabaptistes. Suivant le modèle du Dimanche de la Fraternité Mondiale, l’initiative a pour but d’alimenter le sentiment d’être une koinonia (communion) chez les jeunes anabaptistes dans le monde au moyen de la prière, du récit de nos histoires, des chants et des Écritures. Du matériel est offert en ligne à l’intention des groupes de jeunes et de jeunes adultes qui souhaitent l’utiliser pendant la Semaine de la Fraternité des YABs.* Notre vision pour les jeunes anabaptistes est qu’ils communiquent des requêtes de prières, prient de manière spécifique pour leurs sœurs et leurs frères dans le monde et qu’ils établissent des liens en adorant avec du matériel commun et en utilisant les médias sociaux comme plateforme et moyens de communication.

    Ce qui est emballant avec le fait de faire partie du Comité YABs à ce stade-ci, c’est que nous avons une bonne structure en place et que nous sommes encore dans les années de formation où nous avons l’occasion de modeler le Comité et d’agrandir la sphère d’influence des jeunes adultes dans la communauté anabaptiste mondiale.

    Suivez-nous sur Facebook et Instagram (@younganabaptists) alors que nous travaillons à renforcer le réseau des jeunes anabaptistes autour du monde.

    Larissa Swartz, représentante nord-américaine des YABs

    *Pour plus d’information au sujet de la Semaine de la Fraternité des YABs, de la manière de participer ou pour toute autre question sur notre travail, cliquez ici ou écrivez-nous à yabs@mwc-cmm.org.