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  • Hospitalité : Que signifie offrir l’hospitalité en tant que disciples du Christ ?

    En septembre 2015, des photographies choquantes publiées dans les médias ont sensibilisé le monde occidental à la crise des réfugiés. Consciente de l’importance de cette question, la communion anabaptiste mondiale propose les réflexions suivantes sur le sens de l’accueil de l’étranger, spécialement lorsque des personnes d’une origine religieuse différente de la nôtre s’installent dans notre quartier.

    L’édition d’avril 2016 de Courier/Correo/Courrier explore les raisons pour lesquelles les communautés anabaptistes du monde entier se réunissent pour former la CMM. Dans les articles qui suivent, les auteurs réfléchissent à la question : Comment l’amour du Christ nous motive t-il et nous guide t-il pour aller vers les étrangers dans notre contexte local ?

    L’hospitalité transforme

    L’histoire de Deymaand

    Fin 1970, pendant la période de l’histoire de l’Inde appelée État d’Urgence (lorsque les libertés démocratiques étaient suspendues), Deymaand, 18 ans, décida de se faire baptiser dans une église mennonite locale. Comme sa famille pratiquait une autre religion, elle s’est opposée à sa décision d’adopter la foi chrétienne. Mais Deymaand refusa de faire marche arrière et sa famille le rejeta. Deymaand décida alors de quitter son village, ce qui provoqua un rassemblement de foule. En raison de l’instabilité politique en Inde à cette période, Deymaand fut immédiatement arrêté pour éviter tout incident, et emmené à Rajnandgaon pour y être emprisonné. Un mois plus tard, l’agitation dans le village s’étant calmée, Deymaand fut libéré de prison, mais on lui ordonna de ne plus revenir dans le village.

    Désavoué par sa famille, Deymaand n’avait nulle part où aller et ne connaissait personne qui puisse le loger. Cependant le pasteur de l’assemblée mennonite de Rajnandgaon (MCR) accueillit Deymaand dans l’église et dans sa famille, comme un de ses propres fils. Deymaand décida de poursuivre des études de théologie à l’Union Biblical Seminary de Yeotmal. Il continua ensuite à servir le Seigneur par la prédication et l’enseignement de la Bible dans toute l’Inde. La MCR a soutenu Deymaand dans sa foi au Seigneur Jésus alors que sa vie et toute la paroisse étaient en danger.

    L’histoire de Sarika

    En 1990, sous la direction du pasteur Theo Philus Singh, la MCR a commencé un programme de sensibilisation dans l’État du Maharashtra, implantant de nouvelles églises dans les villages. Cette action a provoqué des réactions d’opposition et de persécution de la part des extrémistes. Les membres des églises nouvellement formées se rendaient souvent chez les membres de la MCR pour être encouragés et édifiés. L’accueil des nouveaux croyants dans leurs maisons a été connue, et a mis en danger les membres de la MCR, qui ont aussi été menacés par les fanatiques. Malgré cette opposition, ils ont rendu visite aux nouvelles églises et répondu à leurs besoins.

    Un jeune homme de la MCR avait épousé une jeune femme nommée Sarika*. Avec le temps, Sarika s’est rendu compte que son mari était alcoolique. Elle a été victime de violences physiques chez elle. Lorsqu’elle n’a plus pu supporter ces violences, Sarika a parlé au groupe de femmes de la MCR. Le conseil de l’église fit tout ce qu’il put pour réconcilier le couple, mais ses efforts furent vains. Le groupe de femmes aida alors Sarika et sa fille de neuf ans à fuir le mari violent. Elles reçurent Sarika et sa fille chez elles et les protégèrent. Elles offrirent un soutien spirituel, moral et financier.

    Aujourd’hui, 15 ans après, la fille de Sarika a reçu une bonne éducation, et elle est infirmière dans un hôpital réputé. Sarika témoigne que la MCR l’a reçue quand elle était une étrangère et l’a aidée quand elle en avait besoin. Elle est reconnaissante envers le groupe de femmes pour tout ce qu’elles ont fait pour la protéger et l’aider à s’en sortir.

    Hospitalité et évangélisation

    Ce ne sont que deux histoires parmi tant d’autres, des histoires de mennonites qui ont su tendre la main et accueillir des étrangers chez eux. Non seulement, ces actes ont transformé la vie de l’assemblée, mais ont aussi transformé la vie de beaucoup d’autres. Pour nous, l’hospitalité ce n’est pas seulement offrir de la nourriture et de l’eau à des étrangers, puis les laisser poursuivre leur chemin, mais être prêt à cheminer avec eux, jusque dans la vie quotidienne.

    Nous avons finalement compris que l’hospitalité fait partie intégrante de l’évangélisation. Si nous ne faisons pas de place dans nos propres vies pour les autres, nous ne pouvons pas les amener à faire de la place pour le Christ dans leur vie. Accueillir les autres n’est jamais facile, car cela perturbe notre vie.

    L’hospitalité, dans le contexte de l’évangélisation, remet en cause notre identité d’église. Recevoir des personnes ayant une autre religion rend plus difficile notre lutte pour ne pas se laisser influencer par les rites, les rituels et les traditions d’autres religions. Cette expérience nous apprend combien il est important d’être solidement enracinés dans le Seigneur, unis dans l’église et savoir discerner le bien du mal.

    L’union de l’Église mennonite d’Inde (MCI) a pratiqué l’hospitalité dès ses débuts. Chacune d’entre elles a des témoignages à apporter. Ma propre paroisse est reconnaissante à Dieu pour les nombreux privilèges que nous ont apportés les étrangers que nous avons reçus et aidés de diverses manières. Faire partie de cette église a été formateur et a contribué à transformer ma compréhension de l’hospitalité.

    Elisabeth Kunjam, d’abord membre de l’Église mennonite d’Inde, est devenue membre du Conseil d’administration des Églises des Frères mennonites d’Inde en 2005, après avoir épousé Frank Sanjay. Elle est membre de la Commission Diacres de la CMM. Elle est également coordinatrice des théologiennes anabaptistes d’Asie (TTAWA), une association qui a démarré grâce à la Commission Diacres en 2012.

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2016 de Courier/Correo/Courrier

    Elisabeth Kunjam

  • Comme les quatre cavités du cœur, les quatre commissions de la CMM servent la communauté mondiale des églises anabaptistes dans les domaines suivants : diacres, foi et vie, paix et mission. Les commissions préparent du matériel à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils et proposent des ressources aux églises membres et facilitent le travail des réseaux ou des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun. Ci-dessous, une des commissions communique un message de leur ministère.


    Quand un globule rouge a rencontré une cellule nerveuse pour la première fois, il s’est écrié : « Ah! un extraterrestre! » « Non, répliqua la cellule nerveuse, je suis ta sœur. »

    Au printemps 1997, à l’occasion d’un séminaire aux Pays-Bas pour le 500e anniversaire de Menno Simons, j’ai participé pour la toute première fois à une rencontre mennonite internationale. Ma réaction émotionnelle a été semblable à celle du globule rouge : Est-ce que tous ces gens sont mennonites? Pourquoi leur façon de penser est-elle si différente de la mienne? Au dernier rassemblement de la CMM, Pennsylvania 2015, j’ai eu le même sentiment, mais encore plus fort!

    Que ce soit les 2000 ans du christianisme ou les 500 ans de l’Église anabaptiste, nous sommes tous issus de la même tradition théologique. En raison du passage du temps et de la diversité des cultures et des milieux sociaux, nous avons grandi en prenant différents visages. Aujourd’hui, devant les nombreux problèmes délicats, nous avons aussi adopté différents points de vue et positions.

    Cela me fait penser à la métaphore du corps de l’apôtre Paul : nous formons réellement un corps avec des parties ayant des formes et des fonctions différentes. L’Église doit être divergente et diversifiée – c’est l’ADN enfoui dans l’Église quand Dieu l’a d’abord créée.

    L’Église doit accepter les différences, parce que c’est vital pour elle. Par le biais de mes frères et de mes sœurs d’Afrique, d’Europe, d’Asie et de l’Amérique du Sud, mes horizons et mes perspectives s’agrandissent. Je vois une image différente de la foi. Ces « autres » culturels proviennent du même ADN théologique; ces relations de sang spirituelles sont devenues une partie indispensable du « moi » ou du « nous » de la foi. Les sœurs et les frères de la famille mondiale constituent notre « cohumanité » en Christ.

    Or, en même temps, la différenciation à l’échelle « cellulaire » est pour une plus grande unité à grande échelle : il n’y a qu’un seul corps. En tant que membres, nous avons été intégrés dans le corps divin. Ce que nous avons en commun, c’est que nous nous consacrons tous à Jésus-Christ pour le suivre de manière radicale. Nous possédons également des Convictions Communes. Donc, nous sommes faits un dans notre diversité tout en restant diversifiés dans l’unité.

    L’Église est pleine de lumière et d’ordre à certains moments, et de désordre à d’autres moments. Néanmoins, de cette mosaïque de l’Église émerge le visage de celui qui transcende : Jésus-Christ. Il se révèle lui-même au moyen de la vie globale de l’Église. L’Église est l’image sainte du Christ; sa mission est de montrer fidèlement le Christ afin que le monde puisse voir le visage de celui qui transcende.

    L’image du visage dépend de la manière dont nous sommes liés ensemble. Chacun de nous, comme une cellule de l’oreille, de l’œil ou du nez, apportera la beauté au visage si nous sommes correctement liés. Ainsi, nous devons nous efforcer de conserver l’unité de l’Esprit. Le Repas du Seigneur en est un excellent rappel. Chaque fois, nous nous souvenons ensemble de la croix de Jésus, du corps de Christ. Que la volonté de Dieu soit faite.

    —Paulus Chiou-Lang Pan, membre de la Commission Foi et Vie de la CMM

    De cette mosaïque du corps de Christ émerge le visage de celui qui transcende : Jésus. Photo par Faith Lin, avec la permission de Paulus Chiou-Lang Pan.

    Cliquez sur la photo pour obtenir une version en haute résolution

  • Bogotá (Colombie) – « C’est parfois difficile de bien comprendre ce qui se passe dans les autres parties du monde » dit Joanna Dietzel, coordinatrice du réseau de prière de PA 2015; « mais par la prière, nous devenons un seul corps. »

    Avec le lancement d’un nouveau réseau de prière permanent, la Commission Diacres et le service des communications de la Conférence Mennonite Mondiale cherchent à réunir la famille mondiale dans la louange et l’intercession devant Dieu.

    Infos CMM, l’infolettre mensuelle, contient de courtes prières ayant trait aux églises membres et aux préoccupations régionales; un courriel plus détaillé du réseau de prière sera envoyé tous les deux mois et occasionnellement à intervalle irrégulier pour des requêtes urgentes.

    « Nous cherchons toujours des moyens de rester en contact avec la famille anabaptiste mondiale », dit Kristina Toews, responsable de la communication de la CMM. « Le réseau de prière est une façon de faciliter des moyens plus interactifs d’échanger nos histoires, nos joies et nos peines. Nous aimerions entendre vos histoires et vos idées sur d’autres façons d’échanger. »

    Le réseau de prière donnera l’occasion de prier pour les églises nationales et régionales, et permettra aux partenaires de la CMM de communiquer à plus vaste échelle. La Commission Diacres constituera une équipe de prière pour répondre aux requêtes personnelles.

    « Chaque problème, chaque joie doivent être pris au sérieux, et sont importants aux yeux de ceux et celles qui sont touchés », dit Henk Stenvers, secrétaire de la Commission Diacres. « Nous voulons ainsi nous assurer que même si une requête n’atteint pas les informations mennonites mondiales, il y aura des prières pour ceux et celles qui sont dans le besoin. »

    Les personnes qui s’inscrivent en ligne recevront un courriel régulier avec quatre ou cinq sujets de prière préparés à partir des requêtes soumises par les représentants régionaux sur des questions qui préoccupent nos membres dans le monde.

    Tous les messages envoyés à prayers@mwc-cmm.org ou laissés sur les sites de médias sociaux feront l’objet de prières, même s’ils ne seront pas tous inclus dans le courriel régulier.

    « Nous sommes parfois trop centrés sur les circonstances auxquelles notre propre église fait face. Le réseau de prière est une formidable occasion de marcher aux côtés des autres églises avec compassion », dit César García, secrétaire général de la CMM. « De cette manière, plusieurs choses peuvent être transformées, en commençant par notre propre cœur. Marchons avec Dieu dans la prière – ensemble! »

    Pour plus d’information ou pour s’inscrire, cliquez ici.

    —Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale

  • En juillet 2009, des responsables de l’Église mennonite d’Indonésie se sont retrouvés en pleine conversation à l’extérieur d’un dortoir à Asunción au Paraguay. Même s’ils se connaissaient, leurs chemins se croisaient rarement. Les trois groupes d’églises qu’ils représentaient ont des histoires compliquées qui comportent notamment des séparations et des divisions.

    Mais là, dans le contexte paisible du 15e Rassemblement de la Conférence Mennonite Mondiale, quelque chose d’important a changé dans leur relation. « Nous avons découvert que nous avions tous à peu près le même âge et que nous partagions plusieurs préoccupations et valeurs communes », rappelle David Meijanto.

    Pour la première fois, les membres du groupe se sont demandé : pourquoi ne pas nous rencontrer plus souvent de retour en Indonésie?

    Un microcosme de l’anabaptisme mondial

    Les responsables d’églises sont rentrés en Indonésie avec l’engagement de se rencontrer tous les trois mois pour échanger et s’encourager. Lors d’une de ces rencontres « intermenno », l’idée leur est venue d’accueillir ensemble, en Indonésie, le Rassemblement mondial de la CMM en 2021.

    Voici une introduction aux trois synodes qui composent l’Église mennonite en Indonésie, tous marqués par le défi de vivre en tant qu’infime minorité dans un pays qui compte la plus grande population musulmane dans le monde.

    GITJ

    GITJ (Gereja Injili di Tanah Jawa / Église évangélique de Java) est le groupe le plus ancien. L’Église, issue en 1854 du travail des missionnaires mennonites néerlandais et du linguiste Pieter Jansz, a été la première église mennonite anabaptiste dans le monde dont les membres n’étaient pas principalement d’origine européenne ou nord-américaine.

    Un personnage influent des débuts de l’histoire de GITJ a été Kyai Ibrahim Tunggul Wulung, un mystique local qui a contribué à adapter le message de l’évangélique dans un langage typiquement javanais.

    Aujourd’hui, les membres des 110 églises GITJ vivent surtout dans des régions rurales près de Jepara et de Puti, parlent le javanais, travaillent comme ouvriers agricoles et conservent un style liturgique relativement formel.

     

    GKMI

    GKMI (Persatuan Gereja-Gereja Kristen Muria Indonesia / Union des Églises chrétiennes Muria de l’Indonésie) tire son origine des immigrants chinois qui se sont installés à Java au début du 20e siècle.

    En 1917, Tee Siem Tat, un homme d’affaires chinois, est devenu chrétien lorsque lui et un autre membre de sa famille ont été miraculeusement guéris après avoir écouté des histoires de l’Évangile.

    L’identité anabaptiste des églises a été renforcée dans les années 1950 et 1960 quand Hermann Tann a travaillé à introduire la théologie et l’organisation mennonite.

    Aujourd’hui, quelque 55 églises composent GKMI. Leurs membres sont généralement d’arrière-plan chinois, bien éduqués et très engagés dans la mission.

    JKI

    JKI (Jemaat Kristen Indonesia / Assemblées chrétiennes d’Indonésie) a vu le jour à la fin des années 1970 comme un mouvement de renouveau charismatique au sein de GKMI.

    Sous la direction de Adi Sutanto, un petit groupe de prière GKMI a commencé à incorporer le parler en langues, la guérison, les visions et la prophétie dans leur culte régulier. JKI, formé en 1985, a grandi et compte désormais 155 églises dont plusieurs sont aux États-Unis, en Australie et aux Pays-Bas.

    L’Église JKI la plus connue combine un culte charismatique à des ministères sociaux et à un puissant programme d’évangélisation dans la ville de Semarang. Son bâtiment pour 20 000 membres, le « Holy Stadium », sera probablement l’emplacement du prochain Rassemblement de la CMM en 2021.

    Aujourd’hui, les responsables de ces trois synodes regardent au-delà de leurs différences et recherchent de nouveaux partenariats entre eux et avec le vaste monde mennonite. Le Rassemblement de la CMM en 2021 offrira un bel aperçu des différentes façons que l’anabaptisme s’est implanté en Indonésie.

    Ce n’est pas trop tôt pour ajouter cet événement à votre calendrier.  TM

    —John D. Roth, secrétaire de la Commission Foi et Vie de la CMM; professeur d’histoire au Goshen College en Indiana (É.-U.); directeur de l’Institut d’études de l’anabaptisme mondial

    Cet article a d’abord paru dans l’édition du mois d’avril du magazine The Mennonite, publié par Mennonite Church USA.

     

  • Walter Jakobeit headshot
  • Il y a moins d’une année, j’étais loin de me douter que j’allais être en Indonésie en février et que j’allais avoir quatre nouveaux amis de quatre continents différents. Pourtant ce sont des choses qui arrivent quand on s’engage au sein de notre communauté de foi mondiale : on aboutit dans des endroits où l’on n’aurait jamais soupçonnés aller – sur le plan physique, spirituel, mental et émotionnel.

    Nous cinq – Jantine Huisman, Makadunyiswe Ngulube, Dominik Bergen, Ebenezer Mondez et moi-même – ne savions pas trop à quoi nous attendre aux réunions du Comité Exécutif de la CMM dans notre nouveau rôle au Comité Jeunes Anabaptistes (YABs). Heureusement, nous avons l’aide précieuse d’une membre du précédent Comité YABs, Tigist Tesfaye Gelagle, qui nous sert de guide et de mentor durant ce parcours.

    Nos premières réunions en Indonésie peuvent se résumer en deux mots : information et planification.

    Pendant les deux premières journées, nous avons beaucoup appris sur l’histoire et la vision de la Conférence Mennonite Mondiale et la place qu’occupe YABs. Nous avons apprécié les leçons d’histoire et apprendre comment notre identité comme anabaptistes est façonnée par le passé. Nous avons pris connaissance du récent développement du Comité YABs et comment il a évolué depuis ses commencements en tant que comité organisateur du Sommet Mondial de la Jeunesse en 2001.

    Non seulement nous en avons appris sur la CMM et YABs, nous avons aussi appris à nous connaître les uns les autres et à travailler ensemble dans un contexte pluriculturel, quelque chose que nous continuerons d’approfondir au cours des cinq prochaines années.

    Une fois quelque peu informés de notre fonction en tant que le bras jeune adulte de la CMM, nous avons commencé à planifier et à esquisser un plan directeur pour les cinq prochaines années. Nous avons modifié légèrement le plan du précédent Comité YABs pour l’adapter à notre vision et à nos objectifs, mais les cinq principaux objectifs du Comité YABs demeurent les mêmes : le réseautage, la communion fraternelle, le renforcement des capacités, la prise de décision et l’identité anabaptiste.

    La première Semaine annuelle de la Fraternité des YABs, qui se tiendra du 19 au 26 juin 2016, est une importante initiative pour cultiver et promouvoir la communion fraternelle parmi les jeunes anabaptistes. Suivant le modèle du Dimanche de la Fraternité Mondiale, l’initiative a pour but d’alimenter le sentiment d’être une koinonia (communion) chez les jeunes anabaptistes dans le monde au moyen de la prière, du récit de nos histoires, des chants et des Écritures. Du matériel est offert en ligne à l’intention des groupes de jeunes et de jeunes adultes qui souhaitent l’utiliser pendant la Semaine de la Fraternité des YABs.* Notre vision pour les jeunes anabaptistes est qu’ils communiquent des requêtes de prières, prient de manière spécifique pour leurs sœurs et leurs frères dans le monde et qu’ils établissent des liens en adorant avec du matériel commun et en utilisant les médias sociaux comme plateforme et moyens de communication.

    Ce qui est emballant avec le fait de faire partie du Comité YABs à ce stade-ci, c’est que nous avons une bonne structure en place et que nous sommes encore dans les années de formation où nous avons l’occasion de modeler le Comité et d’agrandir la sphère d’influence des jeunes adultes dans la communauté anabaptiste mondiale.

    Suivez-nous sur Facebook et Instagram (@younganabaptists) alors que nous travaillons à renforcer le réseau des jeunes anabaptistes autour du monde.

    Larissa Swartz, représentante nord-américaine des YABs

    *Pour plus d’information au sujet de la Semaine de la Fraternité des YABs, de la manière de participer ou pour toute autre question sur notre travail, cliquez ici ou écrivez-nous à yabs@mwc-cmm.org.

     

  • Sindy Novoa Caro vit à Bogota (Colombie), où elle est membre de l’église Casa de Oración, une assemblée des Frères Mennonites. En 2010-2011, Sindy est allée avec YAMEN à Tegucigalpa (Honduras), en tant qu’assistante de l’instituteur d’une école pour les enfants vivant à proximité d’une décharge d’ordures. Depuis son retour en Colombie, Sindy a aidé à coordonner un réseau local de soutien aux anciens, actuels et nouveaux participants à YAMEN et à ceux qui ont fait partie du International Volunteer Exchange Program (MCC). Sindy travaille pour Corporación Belcorp en tant que responsable de secteur des vendeuses sur catalogue. Elle a témoigné de son expérience à Jana Meyer, du MCC Colombie.

    En quoi ton expérience avec YAMEN a t-elle changé ton regard sur le monde et sur l’église ?

    Connaître des gens qui vivent de ce qu’ils trouvent dans la rue, et pourtant continuent à sourire à la vie m’a fait prendre conscience de mes privilèges : de l’eau à volonté, trois repas par jour, l’affection d’un père et d’une mère, du temps en famille pendant le week-end et un abri pour la nuit. J’ai appris à reconnaître la valeur de l’étreinte de quelqu’un qui n’a pas pu prendre de bain, et qui a besoin que vous lui disiez qu’un être suprême l’aime et veut prendre soin de lui. De retour en Colombie, j’ai travaillé d’une manière différente avec ceux qui m’entourent. Avant, je ne me souciais sans doute que de la situation économique de quelqu’un. Je travaille avec beaucoup de gens, et maintenant, je m’intéresse davantage à eux en tant que personnes.

    En quoi ta vie aurait été différente si tu n’avais pas fait YAMEN ?

    Je vivrais avec la même indifférence que la plupart des gens. Beaucoup pensent que le monde leur doit quelque chose et devrait être reconnaissant pour leur existence, que les bénédictions quotidiennes sont le résultat de leurs efforts, non pas de la miséricorde de Dieu.

    Comment ta relation avec Dieu a t-elle évolué ?

    Bien que j’étais loin de chez moi et que je ne connaissais personne, je ne me suis jamais sentie seule. J’ai toujours senti que Dieu me soutenait et me guidait. Chaque jour était une occasion d’apprendre de Dieu et de comprendre ce qu’il voulait de moi pendant cette année.

    Comment ta vision pour l’église de Colombie a t-elle évolué ?

    J’ai appris qu’apporter l’Évangile doit se faire de manière holistique. Il est impossible que des gens qui n’ont pas mangé depuis des jours, qui n’ont reçu aucune instruction, ou qui se sentent rejetés par la société, sachent que Dieu les aime et les cherche. Comment oser parler avec eux 15 minutes, et puis m’en aller ? Dieu veut que nous venions comme Jésus : en renonçant à nos bénédictions pour les offrir au monde, en montrant par l’exemple et en répondant aux besoins physiques, émotionnels et spirituels.

    Quelle est ta vision pour YAMEN ?

    J’aimerais que des jeunes Colombiens fassent ce programme, soient motivés pour faire quelque chose pour leurs frères et sœurs sans craindre de faire des sacrifices, se laissant conduire par Dieu. Je voudrais que nous construisions des relations avec nos frères et sœurs latino-américains et avec ceux des pays où nous ne choisirions jamais d’aller.

     

    Participants 2012-2013 à YAMEN

    Patricia Calvimontes Arevalo (Bolivie) est au Guatemala ;
    Vichara Chum (Cambodge) est en Afrique du Sud ;
    Fang Deng (Chine) est en Indonésie ;
    Glenda Aracely (Guatemala) est en Bolivie :
    Humberto Lagos Martinez
    (Honduras) est au Cambodge ;
    MeiLing Dueñas (Honduras) est au Nicaragua ;
    Prashant Nand (Inde) est en Indonésie ;
    Cindy Tristiantari (Indonésie) est en Corée du Sud ;
    Galuh Florentina (Indonésie) est au Cambodge ;
    Heri Purwanto (Indonésie) est en Bolivia;
    Youa Xiong (Laos) est en Bolivie ;
    Maria Aranda (Nicaragua) est au Honduras ;
    Paola Duarte (Paraguay) est au Mexique ;
    Shammah NakawesI (Ouganda) est en Indonésie ;
    Festus Musamba (Zambie) est en Afrique du Sud ;
    Olivia Muzyamba (Zambie) est en Indonésie.


    Le Réseau anabaptiste mondial d’Échange de Jeunes (Young Anabaptist Mennonite Exchange Network, YAMEN) est un programme commun du Mennonite Central Committee (MCC) et de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM). Son objectif est de permettre à des jeunes d’églises du Sud d’apprendre et de servir dans un contexte interculturel.

     

  • Nous estimons que 9 500 assemblées locales dans le monde font partie de la Conférence Mennonite Mondiale. Cela signifie que, potentiellement, 9 500 églises de paix sont actives dans les nombreux endroits où la réconciliation est nécessaire. Le but de la Commission Paix de la CMM est d’encourager, de développer et de fournir des ressources à ces 9 500 artisans de paix.

    Nous nous sommes donc tournés vers les églises membres de la CMM et nous leur avons demandé de répondre à cette question : “Où en est votre église dans son désir d’être une église de paix?”

    Qu’avons-nous appris ?

    C’était encourageant et très émouvant de lire les réponses. Nous y avons lu la vulnérabilité des églises membres de la CMM et avons eu un aperçu de leur vie. Elles nous ont révélé leurs difficultés et leurs efforts pour être ambassadrices de paix dans notre monde brisé. Les personnes qui ont répondu ont :

    1) exprimé un profond désir d’être ‘église de paix’. Cela signifie pour elles d’être des communautés non-violente de disciples de Jésus dans leurs contextes. C’est encourageant car cela ne va pas de soi.

    2) décrit les moyens importants et créatifs mis en oeuvre pour renforcer leur identité d’église de paix.

    3) signalé, pour la plupart, des déclarations ‘officielles’ affirmant qu’elles avaient une vision d’église de paix.

    4) indiqué qu’un écart (plus ou moins grand) séparait les déclarations officielles de l’église de sa vie quotidienne. “Nous ne mettons pas encore en pratique ce que nous prêchons, ainsi que nous le devrions.”

    5) mentionné les terribles difficultés auxquelles elles sont confrontées dans leurs efforts pour être des églises de paix. Ces difficultés varient en fonction du contexte, mais elles sont très grandes.

    6) dit que la compréhension de ce qu’est la paix a évolué de la ‘réaction’ (ne pas nuire à autrui) à l’’action’ (faire du bien aux autres).

    7) dit qu’elles avaient besoin de davantage de ressources pour renforcer leur identité d’église de paix.

    Quelles difficultés ces églises rencontrent-elles ?

    Les réponses les plus émouvantes décrivaient les difficultés contextuelles à être une église de paix. (voir : www. mwc-cmm.org/node/99) Il est évident que s’attendre à ce que 9 500 ambassadeurs de paix soient à l’oeuvre dans chaque contexte est très exigeant. Deux choses sont très claires : la vocation de la paix est extrêmement importante et nécessaire, et réaliser cette vocation est exceptionnellement complexe.

    Je n’ai pas la place d’entrer dans les détails. Voici seulement un aperçu des difficultés auxquelles nous sommes confrontées :

    Canada : L’impact anesthésiant du matérialisme, de l’individualisme, de l’aisance et du confort nous empêche de voir la misère engendrée par la pauvreté, la révolution et la violence.

    Honduras : L’influence persistante du machisme individuel et dans les rapports sociaux éclipse la paix du Christ.

    Taiwan : L’atmosphère de militarisation produite par les milliers de missiles chinois ciblant Taiwan, rend difficile d’aimer nos ennemis comme le Christ nous l’a commandé.

    Indonésie : Il nous est difficile de développer une identité d’église de paix parce que les pasteurs de nos églises étudient dans des séminaires qui n’enseignent pas la paix.

    Colombie : Des décennies de militarisation et de guerre civile ont fait de la paix un idéal inaccessible.

    Espagne : Nous partageons un ‘panier d’amour’ les uns avec les autres, mais nous devons faire beaucoup plus.

    Une question pressante

    Chacune de ces difficultés est immense en elle-même. Quand elles sont toutes présentes, l’énormité de notre vocation est frappante. La paix est plus que nécessaire dans notre monde, mais sa réalisation est complexe. Peut-être que la principale chose à retenir de ses réponses est que nous ne pouvons pas être des églises de paix sans efforts. Si nous voulons l’être, il nous faut y travailler de manière délibérée et avec une stratégie.

    Je me souviens d’une visite où nous avons rencontré les responsables d’une assemblée semi-rurale du centre de l’Inde. Ils nous ont dit que leurs enfants et petitsenfants ne savaient plus ce que cela signifiait qu’être mennonite. Ils en étaient attristés, et nous ont demandé “Qu’est-ce que la CMM va faire à ce sujet ?”

    Cette question de l’Inde est profonde. Elle met en avant la préférence théologique identitaire. Elle révèle que cette identité doit être accompagnée de comportements qui la stimulent et la renforcent délibérément dans les paroisses.

    Comment répond la CMM ?

    Elle répond de plusieurs manières : Tout d’abord, nous continuons à faire connaître nos ‘Convictions Communes’, rédigées par la CMM en 2006. Elles fournissent une base commune pour être une église de paix anabaptiste. Elles doivent être étudiées, répandues et utilisées.

    Deuxièmement, la CMM recommande un certain nombre de livres, de rapports et de documents utiles pour les églises membres qui cherchent à renforcer leur identité anabaptiste-mennonite. Des livres comme ‘What we believe together’ d’Alfred Neufeld, ‘Une Culture de la Paix’ de Paulus Widjaja, Alan et Eleanor Kreider, et ‘Graine d’Anabaptiste’ de C. Arnold Snyder, sont de bonnes ressources sur l’identité anabaptiste à partir de divers angles (historique, théologique, etc.). (voir : www.mwc-cmm.org/node/419) Le rapport final sur le dialogue international luthéromennonite, ‘Guérir les mémoires : se réconcilier en Christ’, et le rapport final sur le dialogue international catholiquemennonite, ‘Appelés ensemble à faire oeuvre de Paix’, sont des documents très utiles qui pourraient être adaptés pour le ministère d’enseignement de l’Église. Les trois articles récemment discutés et approuvés par le Comité Exécutif de la CMM constituent un autre ensemble instructif et utile. (voir : www.mwc-cmm.org/node/225)

    Troisièmement, la Commission Foi et Vie de la CMM proposera des ateliers ‘identité’ aux églises qui le demandent. La Commission espère qu’ils pourront être en face-à-face, dynamiques et stimulants, et que les questions de l’identité anabaptiste seront explorées en collaboration avec les animateurs.

    Quatrièmement, la CMM projette de placer des représentants régionaux sur chaque continent. Ces personnes pourront encourager les églises membres à travailler ensemble sur les questions liées à la paix.

    Cinquièmement, la CMM a pour objectif de concevoir et de diffuser des ressources pour les instituts de formation liés à l’Église. Cette initiative est née de deux consultations de la CMM, animées par des enseignants mennonites lors de Paraguay 2009, et en Suisse en 2012. Ces consultations ont abouti à la conviction que des documents de base destinés aux écoles doivent être créés pour contribuer à une formation identitaire.

    Sixièmement, la Commission Paix a conçu une jolie ‘Affiche de la Paix’ qui nous aidera à nous rappeler la centralité de la paix dans l’évangile du Christ (l’affiche se trouve au centre de ce numéro). Nous espérons que cet outil visuel trouvera une place de choix dans les lieux de culte. En outre, la Commission Paix travaille sur des lignes directrices concernant l’évaluation et la gestion des conflits.

    Enfin, et peut-être surtout, la CMM offre une opportunité en même temps qu’une structure réelle à laquelle les églises membres du monde entier peuvent appartenir. Quelqu’un demandera sûrement : “À quel groupe appartenez-vous ?” “Pourquoi est-ce important d’en faire partie ?” Ces questions sont d’excellentes occasions pour clarifier notre identité et notre vocation en tant qu’église de Paix.

    Robert J. Suderman est secrétaire de la Commission Paix de la CMM.

    Affiche de Paix

    Cliquez ici pour voir cette affiche. Cette affiche, présentée par la Commission Paix et conçue par Glenn Fretz, est destinée à rappeler aux églises membres de la CMM la centralité de la paix dans l’évangile du Christ.

    Qui a répondu au questionnaire sur la paix ?

    Quand la Commission Paix de la CMM a posé la question : “ Où en est votre église dans son désir d’être une église de paix? “, 21 églises membres sur 100, de quatre continents, ont répondu.

    Les participants étaient :

    Asie et Pacifique
    1. Brethren in Christ Church Orissa, Inde
    2. Bihar Mennonite Mandli, Inde
    3. Gilgal Mission Trust, Inde
    4. Fellowship of Mennonite Churches in Taiwan, Taïwan
    5. Persatuan Gereja-Gereja Kristen Muria Indonésie
    6. Gereja Injili di Tanah Jawa (oral), Indonésie
    Amérique du Sud, Amérique Latine et Cara√Øbes
    1. Hermandad en Cristo, Colombie
    2. Convenci√≥n Iglesias Evangélicas Hermanos Menonitas Nivacle, Paraguay
    3. Iglesia Evangélica Menonita du Salvador
    4. Iglesia Evangélica Menonita Hondure√±a, Honduras
    5. Konferenz der Mennonitengemeinden in Uruguay
    6. The Mennonite Church of Trinidad and Tobago
    Europe
    1. British Conference of Mennonites, Royaume-Uni
    2. Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer
    Gemeinden in Deutschland, Allemagne
    3. Asociación de Menonitas y Hermanos en Cristo en España, Espagne
    Amérique du Nord
    1. Evangelical Mennonite Conference, Canada
    2. Mennonite Church Canada
    3. Conservative Mennonite Conference, États-Unis
    4. Mennonite Church États-Unis
    5. U.S. Conference of Mennonite Brethren
    6. Brethren in Christ General Conference, Amérique du Nord
    Afrique
    Malheureusement, il n’y avait pas de réponse
  • “Le vent de l’anabaptisme souffle !” Ces paroles enthousiastes de Felipe Elgueta, membre de l’Église mennonite du Chili, décrivent bien le dynamisme des églises mennonites émergeant dans différentes régions du Chili. Alors que la plupart des églises mennonites d’Amérique latine sont issues de la migration ou de la mission, les églises mennonites chiliennes sont nées grâce à leurs membres, comme les églises pentecôtistes tout au long du XXe siècle. Dans la conclusion de Mission et Migration (Collection Histoire mennonite Mondiale – Amérique latine, 2010), Jaime Prieto écrit : “Le Chili est un exemple de pays où les initiatives anabaptistes se sont développées de façon interne quand les Chiliens ont embrassé la foi et la pratique anabaptistes”.

    Comment l’anabaptisme est-il arrivé au Chili ? C’est en partie grâce au chiliencanadien Jorge Vallejos, un pasteur implanteur d’églises qui, dans les années 1980, a proposé aux amis de son église chilienne d’adopter le nom de ‘mennonite’. Un peu plus tôt, Daniel Delgado, aujourd’hui président de la Iglesia Menonita Evangélica de Chile (IEMCH), avait été touché en entendant l’histoire de Dirk Willems, un martyr anabaptiste néerlandais du XVIe siècle. Il avait aussi été impressionné par le travail holistique des collaborateurs du MCC en Bolivie voisine, qui ne montraient aucune partialité en matière de religion, d’origine ethnique, de classe sociale ou de sexe. Quand ils ont découvert l’ecclésiologie anabaptiste lors d’un cours sur la Réforme radicale de Titus Guenther, Carlos Gallardo et Mónica Parada ont remarqué qu’ils partageaient la même conception de la vie de l’Église.

    Les paroisses mennonites du Chili, dont certaines ont presque 25 ans, sont issues d’horizons très différents. La plupart se sont développées sur un fond pentecôtiste. Une assemblée, Iglesia Menonita Puerta del Rebaño (Église mennonite la Porte de la Bergerie), est née à Concepción dans le cadre universitaire, et a choisi d’être mennonite grâce à l’influence d’enseignants mennonites comme John Driver, César Moya et Delbert Erb. Les responsables de ce groupe sont Carlos Gallardo et Mónica Parada, deux anciens élèves du séminaire. Fait important, ces églises sont nées dans des contextes sociaux différents, ce qui rend leurs relations difficiles. Cependant, de récents développements, y compris la participation à l’organisation du Congrès anabaptiste-mennonite du Cône Méridional 2013, un rassemblement d’anabaptistes de six pays d’Amérique du Sud, a contribué à réduire la ‘distance’ entre les groupes.

    Ces églises exercent toutes leur ministère dans des situations de pauvreté chronique. Leur approche communautaire est axée sur la famille, les femmes et les jeunes. Les femmes en portent l’essentiel de la responsabilité, jusqu’à 70 % de la charge de travail, selon un responsable masculin. Elles préparent les repas, rendent visite aux malades, soutiennent les familles dans le besoin et accompagnent les personnes souffrant de dépendance. Par exemple, un jeune abandonné – enfant de parents alcooliques – est arrivé un jour à l’église des Delgado. Gladys (épouse de Daniel) l’a invité chez eux. Quatre ans plus tard, il vit toujours avec eux, et participe activement à la vie et au ministère de l’église.

    Ces églises ont démontré leur compassion à la suite du séisme de 2010 au Chili. Malgré leurs moyens limités, ces croyants ont chargé trois vans de ravitaillement et l’ont livré aux personnes les plus éprouvées, mennonites, mais aussi membres d’autres églises évangéliques. La Puerta a apporté des secours similaires aux communautés des environs de Concepción.

    Cette petite anecdote de Daniel Delgado est révélatrice. Interrogé par un officier de police : “Qu’est-ce que fait l’église mennonite, en fin de compte ?”, Daniel a répondu : “Nous faisons votre travail, mais nous le faisons gratuitement”.

    Outre leur travail social, les mennonites du Chili ont une conscience aiguë de la nécessité de partager l’évangile avec leurs voisins. Samuel Tripainao, pasteur de l’église Peñaflor et secrétaire de IEMCH, exprime ainsi le sentiment partagé par la plupart des mennonites dans ce pays : “Quand nous sortons dans la rue, notre témoignage est accompagné d’un sandwich et d’une tasse de café”. Et ils ne se limitent pas à leur communauté proche. De temps en temps, les pasteurs vont plus loin, comme en Argentine voisine, pour soutenir les assemblées soeurs et participer à l’évangélisation locale. Quand Samuel a entendu parler du conflit sur la propriété foncière dans une région où vivent de nombreux Mapuche (aborigènes), il a déclaré “Ce serait un bon endroit pour commencer une église afin d’apporter la paix et la guérison à cette communauté”.

    Un rapport sur les mennonites chiliens serait incomplet sans référence au renouveau anabaptiste qui se produit au sein de l’Union des Églises Évangéliques Baptistes du Chili (UBACH). Omar Cortés (qui travaille avec Mennonite Church Canada Witness et Mennonite Mission Network U.S. et est professeur dans un séminaire baptiste) a joué un rôle central dans ce mouvement. Grâce à son enseignement sur la Réforme radicale, Omar a aidé l’église baptiste à redécouvrir ses racines d’église de paix. En 2008, UBACH et Mennonite Church Canada ont commencé à développer une relation d’églises soeurs. Il reste à voir si cette tendance se poursuivra avec les nouveaux responsables d’UBACH.

    En visitant une nouvelle communauté, qui a commencé avec deux professeurs de séminaire baptiste, nous avons découvert une grande vitalité dans ce mouvement de renouveau. Ces chrétiens sont extrêmement intéressés par l’ecclésiologie et la pratique anabaptistes, et incluent les thèmes de la paix, de la justice et de la compassion dans leurs chants et leur liturgie.

    Il faut encore mentionner deux autres initiatives dans le sud du Chili. Une église a été implantée à Valdivia par trois femmes : Wanda Sieber, Marlene Dorigoni et Waleska Villa, de l’Église mennonite d’Argentine (Patagonie), l’autre, également dans cette région, sous la conduite de Mike et Nancy Hostetter, d’Eastern Mennonite Mission.

    Jusqu’à peu, les mennonites du Chili se sentaient isolés des autres anabaptistes, mais c’est en train de changer grâce aux visites de responsables de missions mennonites et d’enseignants d’Amérique du Nord et des pays voisins. La participation des membres au Congrès du Cône Méridional et au Rassemblement de 2009 de la CMM a aussi contribué à vaincre ce sentiment d’isolement. En raison de ces liens, l’Église Évangélique Mennonite du Chili est récemment devenue le 100e église membre de la CMM.

    Une autre étape importante dans la vie des églises mennonites chiliennes a été franchie cette année quand elles ont accueilli pour la première fois le Congrès du Cône Méridional. Cette rencontre a réuni des hommes, des femmes et des jeunes pour accomplir les tâches quotidiennes de cuisine, de service et de nettoyage, ainsi que pour organiser et présider les programmes.

    Les multiples facettes du ministère des mennonites chiliens entraînent un certain nombre de difficultés. Tout d’abord, ils ont besoin de plus de personnes (des jeunes surtout) prêtes à exercer des responsabilités. La plupart des responsables sont des aînés, et une nouvelle génération devra reprendre le flambeau. Cependant, aujourd’hui la formation des plus jeunes à un service futur se limite au travail auprès des enfants et des jeunes.

    En outre, les responsables actuels ont peu de formation biblique et théologique. Ce qui est plus grave, c’est que la nouvelle génération n’a pratiquement pas la possibilité de recevoir une meilleure formation. La Puerta (Concepción) fait exception avec un étudiant inscrit à un séminaire de théologie.

    Une troisième difficulté est de conserver les membres individuels et les paroisses. À l’heure actuelle, il y a presque autant de membres qui partent que de membres qui arrivent.

    Enfin, l’égalité des sexes continue à être un défi pour beaucoup de ces assemblées, en particulier dans le domaine du leadership pastoral.

    La participation à l’Église formée par la famille mennonite plus large contribue à rompre leur isolement. Cela devrait se traduire par une plus grande ouverture aux autres dénominations.

    Néanmoins, le vent de l’anabaptisme continue à souffler dans les églises mennonites du Chili, qui sont encouragées par l’appui des mennonites du monde entier. Les églises chiliennes ouvrent les yeux d’autres mennonites sur ce que signifie être anabaptiste. Ces rencontres sont une occasion formidable de partager des dons complémentaires. Les églises plus anciennes, mieux fondées bibliquement et théologiquement, peuvent partager leur sagesse et leur expérience, tandis que les jeunes églises chiliennes offrent le bénéfice de perspectives nouvelles découlant de la lecture de la Bible avec des yeux neufs.

    -Titus Guenther, professeur associé de théologie et de mission à la Canadian Mennonite University (Winnipeg), et Karen Loewen Guenther, enseignante à la retraite et auteur, sont actuellement au Chili avec Mennonite Church Canada Witness.