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  • Témoignage du Renouveau 2027 : Les anabaptistes aujourd’hui

    Renouveau 2027 est une série d’événements étalés sur 10 ans, pour commémorer le 500ème anniversaire des débuts du mouvement anabaptiste. Cette série met en lumière certains personnages historiques et figures contemporaines du mouvement. Dans cette série, le représentant régional de la CMM pour l’Asie du Nord Est, KyongJung Kim, revient sur sa rencontre avec Eun Hunki (Takai Satoshi en japonais), un fermier mennonite coréen qui vit au Japon.

    La ferme mennonite de vaches laitières de Eun Hunki est située à 40 minutes du centre mennonite de Hukuzumin, à Hokkaido, au Japon.

    Dans les années 60, Eun a étudié à l’école mennonite pour la vocation à Kyungsan, en Corée du Sud. Lorsque le Mennonite Central Committee est venu apporter des secours en Corée du Sud après la guerre de Corée, il installa une école professionnelle pour les orphelins comme Eun. Les étudiants apprenaient non seulement des connaissances académiques, mais aussi des valeurs basées sur la foi mennonite, dont certaines étaient différentes de ce qu’Eun connaissait auparavant.

    Sa vie ne fut pas facile, mais il garda toujours à l’esprit le Jésus dont les mennonites lui avaient parlé tout au long de ses années à l’école professionnelle de 1950 à 1960. Après l’obtention du diplôme, il étudia l’élevage laitier pour plus tard déménager à Hokkaido, au Japon, pour vivre avec sa famille.

    Après de nombreuses années de travail acharné, Eun ouvra une ferme de produits laitiers mennonites à Hokkaido en 2007. L’enseigne de sa ferme indique : « Ê la mémoire des chrétiens mennonites servant au nom du Christ à l’école professionnelle mennonite en Corée 1951-1971 ». Il espère que sa vie et son travail contribue à l’avancée du royaume de Dieu.

    La trajectoire de vie d’Eun l’a amené dans une terre étrangère pour établir un nouveau foyer. (Beaucoup de Coréens ont vécu la domination coloniale japonaise de la Corée de 1910 à 1945 comme dure et oppressive.) Pour Eun, la réconciliation est un processus en continu ; Il choisit de suivre le chemin de Jésus même dans ce qu’on pourrait appeler un pays ennemi. Il est un exemple de la façon dont une victime peut être transformée pour produire des fruits de l’Esprit bénéfiques pour tous dans le royaume de Dieu.

    Les relations offertes par la CMM et les liens avec les églises membres de son pays sont précieuses pour Eun. Il invite d’autres mennonites à venir pour servir et apprendre ensemble dans sa ferme à Hokkaido.

    « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux. Priez donc le Seigneur à qui appartient la moisson d’envoyer des ouvriers pour moissonner » (Matthieu 9/37–38).

    Alors qu’Eun réalise sa vision de participer à la mission de Dieu aux côtés des églises anabaptistes au Japon, prions pour que son travail et sa vie deviennent également une source de motivation pour le développement des églises japonaises.

    —KyongJung Kim est le représentant régional de la CMM pour l’Asie du Nord Est. En 2016, il a rendu visite aux églises anabaptistes au travers du Japon (Conférence Japonaise des Frères Mennonites, Nihon Kirisuto Keiteidan*, Nihon Menonaito Kirisuto Kyokai Kaigi*, Nihon Menonaito Kirisuto Kyokai Kyogikai *, Tokyo Chiku Menonaito Kyokai Rengo* [les églises avec astérisques sont membres de la CMM)).  

     

  • L’Association Internationale des Frères en Christ (IBICA par son acronyme en anglais) est le réseau commun à toutes les associations d’églises Frères en Christ et a pour but de faciliter la communication, de construire la confiance et la coopération entre les membres de notre communauté mondiale ainsi que d’établir des accords communs et mutuels au travers de notre liste de valeurs fondamentales. IBICA, un membre associé de la CMM, réunit environ 190 000 participants représentant des douzaines d’églises nationales dans plus de 30 pays du monde entier.

    Les prières de partout autour du monde :

    Nous louons Dieu pour l’intérêt exprimé et pour la croissance vécue dans un village en Thaïlande où il y a un petit groupe formé de quelques personnes qui cherchent à connaître Dieu et aussi de gens qui viennent de faire leurs premiers pas dans la foi. Prions pour eux afin qu’ils prennent bientôt la décision de suivre Jésus dans le baptême.

    Nous remercions Dieu pour son œuvre dans l’Église au Malawi à travers quelques situations où de nouveaux pasteurs ont été récemment accueillis dans les églises et aussi à travers des enseignements bibliques fraîchement développés et des leçons revalorisées.

    Les nouvelles du Canada :

    Le 6 mai 2017, 476 délégués et membres de la communauté venant de 67 Églises, ainsi que des groupes communautaires et des organisations-partenaires se sont réunis à l’occasion de l’Assemblée générale annuelle du BIC Canada. Il y avait des moments de louange, de la prière, des conversations et aussi des présentations en vidéo en plus de discussions au sujet des décisions opérationnelles, incluant la décision de changer le nom de la dénomination. La démarche liée à ce changement de nom remonte plus loin qu’au début de 2014 quand des leaders se sont rencontrés pour la première fois dans le but de discuter de certaines tensions associées au nom « Brethren in Christ Church ». C’est dans la joie que nous vous annonçons le nouveau nom de la dénomination – « Be in Christ Church of Canada ». Nous avons hâte de saisir les occasions d’entrer en conversation au sujet de ce que ce nouveau nom communique concernant l’expérience de suivre Jésus.

    – Alex Nicholls, directeur des communications et de coordination des donateurs, BIC Canada

  • La International Community of Mennonite Brethren (ICOMB, ou Communauté internationale des Frères Mennonites) est formée de 21 communautés d’églises dans 19 pays, avec approximativement 450 000 membres. ICOMB veut faciliter les relations entre les différents ministères, et améliorer le témoignage et le discipulat de ses communautés d’églises membres : connecter, renforcer, répandre.

    C’est le moment

    « Après avoir prié et jeûné, j’étais convaincu que c’était le bon moment » affirme Luis Alberto Mereles. Luis est un ancien prisonnier avec un lourd dossier criminel et plusieurs tentatives d’évasion, dont une au cours de laquelle il avait poignardé et kidnappé le directeur de la prison. Il nous a montré l’endroit le plus dangereux dans l’ensemble de la prison. Il était verrouillé et aucun garde n’osait y entrer à moins d’être accompagné par une petite armée de gardiens. Il est allé dans cette section et a demandé au gardien de verrouiller derrière lui, ce qu’il a fait mais Luis a dû beaucoup insister. Il a commence à prêcher mais bientôt l’un des détenus, frappant bruyamment contre les barreaux avec un grand couteau lui a crié : « Tu vas mourir ! » Luis a invoqué le nom de Jésus et l’a sommé de se taire. Il a poursuivi sa prédication et après avoir fait un vibrant appel, 52 prisonniers ont accepté Jésus comme Seigneur et Sauveur. Une semaine plus tard, ces 52 hommes ont obtenu la permission d’aller prier dans une autre section de la prison appelée « Liberté », sous la forme d’un ministère de réhabilitation de l’église FM Concordia de la ville Asuncion au Paraguay. Après une certaine période, cet endroit hautement surveillé et verrouillé fut intégré à la section « Liberté », donnant de l’espoir en permettant aux détenus d’aller à l’école, à l’université, de faire de l’artisanat ou de petits travaux à l’ intérieur de la prison pour soutenir leur famille.

    Rudi Plett, directeur associé

  • Témoignage du Renouveau 2027 : portrait historique

    Renouveau 2027 est une série d’événements étalés sur 10 ans, pour commémorer le 500ème anniversaire des débuts du mouvement anabaptiste. Cette série met en lumière certains personnages historiques et figures contemporaines du mouvement.

    Ce chrétien qui défendait le droit de l’État à faire usage de la force, qu’a-t-il dû ressentir en voyant cette même force déployée contre lui ? Que sentit la femme qui, après que l’on lui ait pris son époux pour le mettre en prison et le torturer, dût le regarder brûler sur le bûcher ? Que ressentait-elle, trois jours plus tard, lorsqu’elle fut attachée à une grosse pierre et jetée du pont dans le Danube ?

    Ce chrétien et son épouse sont Elsbeth (Elisabeth) et Balthasar Hubmaier.

    Christian Neff et Christian Hege résument ainsi la vie d’Elsbeth : « Elsbeth (Elisabeth) Hügeline, épouse de Balthasar Hubmaier, qu’elle épouse le 13 janvier 1525, était la fille d’un citoyen de Reichenau sur le Lac de Constance. Elle était pleine d’énergie et courageuse, et connût le même sort tragique que son époux à cause de son amour dévoué et de sa fidélité. Lorsqu’elle fut arrêtée et condamnée à mort après avoir été torturée, elle eût encore le courage de lui dire des paroles de réconfort. Trois jours après, à son tour elle mourut en martyre à Vienne. Une pierre attachée à son cou, elle fut jetée d’un grand pont dans le Danube le 13 mars 1528, à Vienne. » Sa date de naissance est inconnue.

    Balthasar Hubmaier (ca. 1480–1528) prit part à la Guerre des Paysans en Allemagne. Les paysans voulaient s’affranchir de certains impôts ; réclamaient le droit à l’exploitation des terres, de l’eau et de la forêt (ainsi que ses animaux) pour leur bénéfice ; et le droit de choisir leurs propres pasteurs. On raconte qu’il fût même un de ceux qui aidât à rédiger la liste des demmandes.

    Balthasar était un prêtre réformé, doté d’un doctorat en théologie. Entant que théologien opposé aux abus de la part des catholiques et des protestants, il défendait le baptême de croyant et fût mis en prison pour ses idées.

    Après avoir été torturé, il accepta de renier ses croyances anabaptistes, mais lorsqu’il dût donner une déclaration publique devant Ulrich Zwingli, il défendit le baptême de croyant. Zwingli le condamna de nouveau à la prison, où il fut soumis au supplice de l’écartèlement.

    Balthasar Hubmaier était de l’avis que l’État est institué par Dieu pour protéger les innocents par la force, il pensait que si le roi est chrétien il gouverne mieux et qu’un chrétien peut légitimement défendre d’autres chrétiens par l’usage de la force. Il affirmait sa position tout en sachant que d’autres anabaptistes ne la partageaient pas.

    La même année que la préparation de la confession de Schleitheim (1527), Balthasar écrivit un livre intitulé Sur l’Épée dans lequel il remet en question la posture non-violente d’autres anabaptistes. Ê cause de ses idées sur l’usage de la force, Hubmaier a été écarté par certains cercles anabaptistes non-résistants et reconnu dans d’autres milieux, y compris chez les baptistes.

    Certains trouvent ironique que Balthasar qui défendait l’usage de la force de la part du gouvernement fût lui-même victime de torture par l’État. Ils se trompent : ce que Balthasar défendait était la bonne gouvernance ; ce dont il fut victime c’était de l’abus de gouvernement. Ces deux phénomènes sont des réalités dans notre monde.

    Elsbeth souffrit également. Pensez à elle si vous avez l’occasion d’admirer les eaux du Danube.

    —Terry M. Smith est l’éditeur de la publication de l’Evangelical Mennonite Conference, The Messenger, basée au Canada. Cet article fût publié pour la première fois le 30 avril 2017.

  • Bogota, Colombie – « La CMM est une famille mondiale au travers de laquelle nous pouvons participer à la communauté du corps du Christ » affirme César García, le secrétaire général. Les réseaux sociaux sont parmi les moyens par lesquels nous communiquons au-delà des barrières géographiques.

    « Nous sommes un espace de rencontre pour la famille anabaptiste » raconte Kristina Toews, responsable de la communication. « Au travers des plateformes virtuelles de la CMM, nous pouvons nous parler, partager nos vies au travers de photos, de prières et d’encouragements. »

    L’équipe de communication de la CMM se sert des réseaux sociaux pour partager des histoires, des informations, des prières – et collecte également des photos et des illustrations. Les photos et les illustrations reçues ont été utilisées pour la carte de vœux de la CMM et ont été publiées dans les réseaux sociaux de la CMM et dans le matériel pour le Dimanche de la Fraternité Mondiale et pour la Semaine de la Fraternité YABs.

    L’édition de Courrier (le magazine biannuel de la CMM) datant d’avril 2017 contient plusieurs images envoyées par les lecteurs en réponse à l’invitation de la CMM.

    « Je suis contente et fière de pouvoir contribuer au magazine, » nous confie Johanna Muñoz de l’Iglesia Menonita de Ciudad Berna à Bogota, en Colombie. Elle est convaincue qu’il est important de prendre soin de soi (le thème de cette édition était la santé mentale) et aime s’exprimer au travers de la photographie.

    Danielle Gonzales, bénévole du programme SALT, coordinatrice de la communication web (2017-2018), recherche des images nombreuses et variées – allant de cultes ordinaires et moments de prière à certains thèmes spécifiques pour Courrier – qui représentent la diversité de l’église mondiale.

    « C’était génial de voir que des gens envoyaient des photos de leurs cultes de l’Inde, du Paraguay ou de la RDC. C’est une bonne façon de montrer à notre communauté mondiale sur Facebook que la CMM n’est pas seulement formée de responsables d’églises mais bien de tous les membres des églises. Il y a tellement de belles choses à partager. »

    Les prières du mardi de la CMM sur Facebook sont les plus partagées, atteignant des milliers de personnes. Une publication récente invitant à prier pour les migrants et réfugiés reçu plusieurs centaines de réponses et fut partagée 17 fois. Olani Ayana d’Éthiopie commenta : « J’aime le travail de la CMM. Je prie que Dieu nous unisse de plus en plus dans la prière. »

    Gonzales aime la façon dont les membres partagent au travers des commentaires et des photos. « On dirait que les gens se sentent en lien au travers de cette plateforme sociale et apprécient réellement de voir ce qui est partagé. »

    Tout le monde peut participer à la communauté de la Conférence Mennonite Mondiale au travers de la page Facebook de la CMM, de son Twitter, Instagram et bientôt de son Flickr, ainsi que dans la section des commentaires dans les histoires de la page internet. Comment exprimeriez-vous la puissance de transformation de la Parole par des illustrations ou des photographies ? Envoyez vos photos ou travaux artistiques à photos@mwc-cmm.org et nous pour une éventuelle utilisation dans Courier et d’autres publications de la CMM.

    « Nous vous invitons à prendre part à la famille anabaptiste avec nous » nous dit Toews.

    —Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale

  • Winnipeg, Manitoba, Canada – L’église de Tanzanie connut un réveil dans les années 40 jusque dans les années 80 et les responsables de Kanisa la Mennonite Tanzania (KMT) sont prêts à le vivre à nouveau. Les évêques récemment élus ont la vision d’agrandir d’un million de personnes l’église mennonite en Tanzanie.

    En janvier 2017, plusieurs départs à la retraite ont provoqué un changement de plus de la moitié des évêques de KMT : cinq nouveaux jeunes responsables (moins de 55 ans par rapport aux 60 ans habituels) se sont joints aux trois restant pour planifier le réveil. La vision est de planter une paroisse mennonite dans chaque village de Tanzanie.

    Les évêques, qui supervisent 230 pasteurs et 65 000 membres, ont un plan stratégique pour partager l’évangile avec un million de personnes d’ici 2034 (date du 100ème anniversaire de l’église mennonite en Tanzanie). Chaque membre doit amener une nouvelle personne à l’église chaque année.

    KMT est une église solide, a déclaré l’évêque Amos Muhagachi du diocèse de Dodoma, mais elle est devenue stagnante. KMT est l’une des premières églises mennonites nationales indigénisées en Afrique. Elle a envoyé des travailleurs pour planter des paroisses mennonites au Kenya et son école biblique à Bukiroba attire des pasteurs en demande de formation d’Ouganda, du Burundi, du Rwanda et du Kenya.

    Muhagachi affirme que depuis peu « il y a une explosion d’évangélisation ; Le Saint-Esprit est en mouvement. »

    Les 14 – 45 ans représentent 75% de la population de KMT. « Les larmes coulaient sur mon visage de voir les jeunes aller à l’église », confie Muhagachi. Une église qu’il a visitée a trois chorales de jeunes composés de 20 membres chacune.

    La croissance de l’école biblique montre que les paroisses sont déjà motivées pour aller partager. « Le nombre de demandes d’inscriptions ne dépassait jamais 50, mais cette année, il est supérieur à 100 », explique Muhagachi.

    Les étudiants doivent payer 100 000 shillings tanzaniens de frais de scolarité. Les contributions provenant des paroisses locales aident à couvrir d’autres coûts : nourriture, peinture et chaises pour les salles de classe. Les églises ont également offert de subventionner les frais de scolarité.

    Les responsables d’église recherchent une formation sur la Bible et en leadership et à apprendre davantage sur la construction de la paix, en particulier avec la minorité musulmane en Tanzanie. KMT a approuvé un amendement qui permet de consacrer de femmes au ministère et cherche des bourses pour rendre possible leur formation.

    « Je n’avais jamais senti ce genre de mouvement », témoigne Muhagachi.

    « J’ai été inspiré par la soif de toucher des millions de Tanzaniens qui n’ont pas encore formé une alliance avec Dieu par le Christ », déclare l’évêque nouvellement élu de Dar es Salaam, Nelson Kisare, citant Matthieu 28: 19-20. « Nous n’avons aucune raison, par conséquent, de douter du

    succès de KMT Vision 2034, car Dieu est avec nous. »

    —Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale par Karla Braun d’après des dossiers de Debbi DiGennaro et Emily Jones, de l’Eastern Mennonite Missions.

    *Article actualisé le 27 juin 2017

    Faites connaissance avec un des nouveaux jeunes évêques de Kanisa la Mennonite Tanzania (église mennonite de Tanzanie) :

    Après des études d’économie et de management en Tanzanie, en Afrique du Sud et au Royaume-Uni, Nelson Kisare travaillait dans une des plus grandes banques de Tanzanie tout en servant l’église entant qu’ancien et trésorier. Cependant, il sentit « l’appel de faire le travail de Dieu comme pasteur du troupeau du Christ et gardien de la foi des apôtres » et il démissionna de la banque en 2015.

    Kisare fut élu pasteur des paroisses de Upanga, Tegeta et Tabata Segerea à Dar es Salaam. Il fut élu président du diocèse Est de la KMT en juin 2016, puis il figura parmi les cinq nouveaux évêques de moins de 55 ans qui furent consacrés en janvier 2017.

    « Entant qu’évêque du diocèse Est de la KMT, je suis responsable de la supervision d’une église pour proclamer la bonne nouvelle de Jésus et pour maintenir le bien-être spirituel de l’assemblée ainsi que d’être un exemple de droiture et de vie sainte, » témoigne Kisare.

    Kisare et sa femme Rachel ont quatre enfants (John, Frank, Imani, Happy) et prennent soin d’une jeune orpheline en payant pour ses frais de scolarité et en lui offrant le gîte et le couvert chez eux.

  • Les parents de Ben étaient perplexes et très inquiets : ils venaient de recevoir un appel téléphonique les prévenant que leur fils de 22 ans avait été hospitalisé pour un examen psychiatrique.

    Il avait été un enfant ‘normal’, brillant et créatif, qui aimait s’amuser et s’intéressait aux autres. Mais ces derniers temps, il se comportait de manière étrange : il lançait des accusations bizarres, semblait paranoïaque et passait des jours et des nuits sans dormir.

    Ben s’était plaint des pressions exercées par l’école et, ce dernier trimestre, ses notes avaient souffert ; il ne voyait plus ses amis parce qu’il travaillait à un projet secret.

    Dans la salle d’attente de l’hôpital pleine de monde, [ses parents] repérèrent Ben, menotté et assis entre deux policiers. Il avait le regard traqué, et son corps était affalé dans une attitude défaitiste.

    Il leur jeta un regard haineux et il les accusa d’avoir tenté de le faire arrêter. Quel choc pour les parents de Ben d’entendre leur fils dire (et penser) de telles choses !

    Ils se sentirent très mal à l’aise, car ils connaissaient certaines des personnes assises dans la salle des urgences de cette petite ville.

    Ben a un trouble bipolaire.

    Qu’est-ce que le trouble bipolaire ?

    Le trouble bipolaire (maniaco-dépressif) a deux aspects : des phases dépressives et des phases d’excitation (manies). Il existe plusieurs types de troubles bipolaires, ces phases s’exprimant de manières différentes.

    Les phases dépressives présentent des symptômes tels que humeur dépressive, perte de l’intérêt ou du plaisir dans ce qui était agréable, irritabilité, changements spectaculaires de poids ou d’appétit, insomnie, fatigue, sentiments d’inutilité ou de honte, difficulté à se concentrer, pensées de mort ou de suicide récurrentes.

    Au cours de la phase d’excitation, la personne se sent capable de tout, n’a besoin que de peu de sommeil, parle davantage que d’habitude, ses pensées s’emballent, elle est physiquement agitée et impulsive, elle commet des actes qui peuvent avoir des conséquences désastreuses (dépenses inconsidérées, promiscuité sexuelle, jeu, conduite imprudente en voiture).

    Parfois, la maladie est une psychose (entendre ou voir ce que le reste d’entre nous n’entend ni ne voit) ou des idées bizarres ou inhabituelles. La plupart du temps, un malade ne peut pas s’assumer ou doit être hospitalisé.

    La réponse de l’Église

    Comment l’Église peut-elle être signe de compassion pour le monde, dans son comportement avec des personnes ou des familles affectées par les troubles bipolaires ? Une communauté ecclésiale doit commencer par reconnaître la souffrance de la personne et s’y identifier. Il est important que tous soient inclus dans l’assemblée, quel que soit leur état de santé physique ou mentale.

    La Bible nous exhorte à prendre soin de ceux qui sont plus faibles (Ph 2/1–8, Jc 1/22–27, 1 Jn 3/ 16–18, Dt 15/7–11, Mt 25/34–46). Beaucoup de sans-abris souffrent de maladie mentale. De nombreuses personnes atteintes de troubles bipolaires ne sont pas en mesure de travailler, et, même avec le soutien de l’État, ne peuvent accéder qu’à des logements de mauvaise qualité (voire dangereux) et n’ont pas assez d’argent pour subvenir à tous leurs besoins.

    Les personnes mieux insérées socialement peuvent avoir besoin de soutien pour terminer leurs études, retourner au travail ou trouver un emploi approprié. L’église pourrait-elle trouver des façons de les aider à se prendre en charge ?

    Eden Health Care Services, une organisation de l’Église mennonite basée au Manitoba, a intégré des logements abordables dans deux collectivités, des services professionnels et des logements de transition dans un autre. Il faudrait encore faire beaucoup plus dans ce domaine.

    La liste des valeurs chrétiennes fondamentales est longue : l’amour, le pardon, la restauration, l’inclusion, l’absence de jugement. Leur application aux personnes atteintes de trouble bipolaire ou d’autres maladies mentales est sans fin. Nous ne sommes limités que par notre imagination et notre détermination.

    Valoriser les dons

    Si nous prenons au sérieux l’image de l’Église en tant que corps, nous devons nous demander ce que chacun a à offrir à la communauté. ‘… les parties du corps qui paraissent les plus faibles sont indispensables […] Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d’honneur aux parties qui en manquent.’ (1 Co 12/22, 24 ; BFC).

    Nous avons souvent le sentiment que les personnes atteintes de troubles bipolaires sont un fardeau pour la communauté. Cependant, chaque personne a des dons : enthousiasme, talent dramatique, transparence concernant la vulnérabilité, expérience du système de santé mentale, et bien davantage.

    L’une des meilleures manières de cultiver un sentiment d’appartenance est de participer et d’avoir quelque chose à offrir aux autres. Le corps est composé de nombreuses parties, et quand nous nous ouvrons à la diversité, nous nous enrichissons !

    Ne pas juger

    Les troubles bipolaires peuvent causer des troubles de la pensée qui amènent une personne à agir de façon impulsive ou destructrice. Les chrétiens ont souvent une approche stricte à l’égard du comportement indésirable ou pécheur : ils disent à la personne de cesser de pécher. La complexité du trouble bipolaire remet en cause cette approche simpliste du changement de comportement et soulève des questions difficiles.

    Ê quel moment une personne n’est-elle pas responsable de son comportement ? Quel rôle jouent les facteurs physiques sur les émotions et les relations ? Comment notre cerveau affecte-t-il nos relations ? Qu’en est-il du choix et de la tolérance – si une personne choisit un comportement qui nous paraît problématique, pouvons-nous le tolérer pour garder une bonne relation ?

    Les comportements hors norme ont des conséquences naturelles et parfois juridiques. Comment prendre à c≈ìur les paroles de Jésus : ‘Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés’ ? Pourrions-nous nous faire l’avocat d’un malade dans le système de soins de santé, le système judiciaire, face à un employeur, dans un magasin, ou avec des membres de leur famille ?

    La place de la santé mentale dans les cultes

    Un des aspects néfastes du diagnosic de maladie mentale se trouve dans la stigmatisation qui y est attachée. La société et l’Église renforcent parfois cette marginalisation par crainte et/ou par incompréhension.

    Comme il serait libérateur d’entendre des passages des Écritures, des prières, des chants et des sermons qui ont une même approche de la maladie mentale et de la maladie physique ! Que se passerait-il si on parlait des problèmes de santé mentale en utilisant le mot ‘nous plutôt que ‘ils’ ?

    Lorsque nous avons le courage de parler de santé mentale avec compassion, ouvertement et de manière intelligente, nous commençons à faire de nos assemblées des lieux s√ªrs pour ceux dont la vie n’est pas tout-à-fait en ordre (nous tous !).

    Quand les choses sont dites à voix haute, elles deviennent moins secrètes, moins honteuses, moins contraignantes ; elles perdent une partie de leur pouvoir d’engendrer la peur et des réactions de rejet.

    De nombreux passages de la Bible offrent des paroles de réconfort aux personnes en détresse. Certaines organisations de santé mentale ont des listes de ressources qui peuvent être utilisées lors des cultes.

    Prévenir l’épuisement

    Bien que chacun ait quelque chose à donner à l’église, certains ont besoin de davantage de soins et de soutien. Dans les petites églises ou les petites villes, il peut sembler que ce soit toujours la même personne (ou les mêmes deux ou trois personnes) qui soient disponibles en cas de crise. Après un certain temps, elles sont épuisées.

    Il existe des moyens de prévenir cet épuisement. Il faut y travailler, mais ils améliorent tout autant la qualité de la prestation de soins que celle de la vie personnelle de la personne aidante.

    Tout d’abord, il faut former un groupe de soutien de la personne ayant des besoins. Si quelqu’un n’est pas disponible à un certain moment, un autre peut être appelé. Les membres du groupe peuvent avoir des dons et des rôles spécifiques : offrir une aide pratique, un contact social ou une écoute spirituelle.

    Deuxièmement, il faut poser des limites. Si le samedi est votre journée en famille, fixez cette limite à votre aide. Il est bon d’être direct, car cela permet de savoir o√π on en est.

    Troisièmement, il faut connaître ses propres limites. Elles peuvent inclure le temps (je ne peux pas passer plus de deux heures par semaine), le mode de réconfort (je peux apporter un repas, mais je ne sais pas très bien écouter), et le fait d’être conscient de ses propres difficultés (j’ai lutté avec la dépression dernièrement et je n’ai plus les mêmes ressources émotionnelles).

    L’église est composée d’êtres humains avec toute leur diversité, leur caractère unique, leurs capacités et leurs faiblesses. C’est un lieu o√π l’on peut se réunir pour explorer notre humanité commune et grandir ensemble pour développer notre potentiel.

    C’est un cheminement à faire ensemble ; nous découvrons un monde parfois difficile et souvent charmant. Réjouissons-nous de nos relations les uns avec les autres !

    ‚ÄîJoanne Klassen, (master en thérapie conjugale et familiale et en théologie). Cet article a été écrit à l’origine pour Meetinghouse, une association d’éditeurs anabaptistes du Canada et des États-Unis.

    Cet article est fois dans le numéro avril 2017 de Courier/Correo/Courrier.
  • Comment l’Église devrait-elle réfléchir à la santé mentale ?

    Notre état mental est lié à notre corps et à notre esprit, et, comme eux, peut être en mauvaise santé. Dans la partie ‘Perspectives’ de ce numéro, des responsables et des praticiens de la santé d’églises anabaptistes du monde entier traitent du rôle des églises dans la prise en charge de la santé mentale de leurs fidèles.

    Les églises, communautés de guérison

    Depuis le milieu des années 1960, la Colombie a été engagée dans un conflit armé forçant environ 7 millions d’hommes, de femmes et d’enfants à quitter leur foyer et entraînant la disparition de plus de 60 000 personnes et la mort de près de 600 000 civils. Certaines de ces personnes, fuyant vers les grandes villes, sont venues dans nos églises. Elles sont arrivées avec les forces et les ressources que la vie leur avait données, mais aussi chargées du poids de tristesse de la perte de leur communauté. Elles se demandaient aussi souvent comment un Dieu aimant pouvait-il permettre que cela leur arrive. Elles désiraient la justice, et elles avaient peur – une peur souvent justifiée – que la menace qu’elles fuyaient ressurgisse dans la ville où elles se trouvaient.

    Nos églises anabaptistes et nos organisations colombiennes ont réalisé qu’il est ‘important de répondre aux besoins spirituels, psychologiques et sociaux des personnes qui venaient vers elles. En collaboration avec le MCC, ces églises ont commencé à réfléchir à la façon de procéder. Les membres ont reçu une bonne formation avec le programme STAR de Eastern Mennonite University, et du matériel de guérison du stress et des traumatismes fournis par le MCC.

    Nous avons choisi l’assemblée locale comme centre de notre action, considérant qu’elle a le potentiel de devenir lieu de guérison. Nous avons uni nos efforts (Frères en Christ, Frères Mennonites et Églises mennonites) et créé la Coordination des Églises pour une Action Psychosociale (CEAS) : une ressource pour que les paroisses puissent accueillir les victimes qui se présentent.

    Comment être un lieu de guérison

    En 2012, le CEAS a entrepris d’interroger des personnes déplacées participant activement à une assemblée anabaptiste. Ces entretiens visaient à définir les qualités des églises permettant de connaître la guérison (spirituelle, psychologique, sociale et même physique) et ce, même dans une situation de déplacement forcé. Ils permettaient également à voir ce que les paroisses pourraient faire de plus.

    Les réponses montrent qu’il est incroyablement simple pour les assemblées locales d’être un lieu de guérison. Les membres permettent à la présence de Dieu de guérir les personnes traumatisées et de retrouver un sens à la vie en les accueillant et en leur manifestant un intérêt sincère, en leur offrant un lieu sécurisé, en écoutant leur peine et leur souffrance et en les encourageant à reconstruire leur vie. C’est par la paroisse qu’elles rencontrent le Christ et peuvent renforcer leur relation avec Dieu.

    Les témoignages reflètent ce qui a été identifié par la psychiatre Judith Herman et la thérapeute Carolyn Yoder de STAR, qui soulignent que la sécurité, le fait de reconnaître ce qui s’est passé et la reconnexion sociale sont des éléments clés du processus de guérison. Quand le sens qu’une personne donnait à sa vie est ébranlé, vivre au sein d’une assemblée spirituelle acceptante aide à le retrouver ou en construire un autre, et à avancer vers la guérison.

    Lorsqu’on lit la Bible à partir de la perspective du traumatisme et de la résilience, on discerne l’angoisse et le désir de Dieu des Israélites chassés de leur foyer (Lm 3, Ps 79, 137) et de Job quand il a tout perdu (Jb 2, 19), la foi et la résilience des Psaumes (Ps 23, 91), l’espérance contenue dans

    les messages des prophètes (Mi 4/1–4) et de Jésus incarnant l’amour de Dieu (Jn 1/1–14, Ep 2/17–19). Nous comprenons que les églises sont chargées de poursuivre cette œuvre d’amour et de réconciliation (Ep 1/23, 2 Co 5/18–20).

    Retrouver sa dignité transforme

    Andres (nom changé) est arrivé à l’église mennonite de Teusaquillo à Bogota, rempli de colère et de crainte, redoutant qu’à tout moment ceux qui ont tué son frère et son père surgissent dans les rues de Bogota. Se sentant bien accueilli, et accepté tel qu’il était, Andres a commencé à s’ouvrir à la communauté. La possibilité d’explorer de nouvelles options lui a permis de surmonter sa haine et il a retrouvé la dignité dans la reconstruction de sa propre vie. Le témoignage d’Andres montre quelle importance peut avoir une église accueillante, prête à écouter les témoignages et à offrir un lieu où grandir dans la communauté et dans la foi.

    Le projet d’entrevue a abouti à un guide d’étude destiné à aider les assemblées à devenir des communautés de guérison. Il commence à être utilisé par les églises mennonites et Frères Mennonites de Colombie. Ce livret s’avère utile non seulement pour les victimes de traumatismes, mais aussi pour tous ceux qui font l’expérience de la souffrance, du rejet et de la perte pour connaître la transformation vers une plénitude de vie. Les témoignages, les textes bibliques et les exercices contenus dans la brochure sont applicables à tous.

    La Colombie a commencé à mettre en œuvre des accords de paix. Les paroisses doivent maintenant relever le défi d’intégrer les ex-combattants et d’avancer vers la réconciliation. Les victimes veulent la vérité et la justice. De nouvelles formes de violence armée apparaissent. Dans ce contexte, les assemblées locales, communautés de guérison, peuvent contribuer de manière significative à la consolidation de la paix. Offrir les conditions favorables au pardon et à la repentance peut aider à briser le cycle de la violence. La guérison des traumatismes peut mettre fin à l’intériorisation de la souffrance subie et à la victimisation. L’acceptation favorise le lien social et aide à construire la communauté.

    Les assemblées locales avec un message de salut ont longtemps été des lieux de guérison et d’espoir. Ce projet documente des expériences spécifiques de paroisses, identifie des apprentissages qui servent d’outils pédagogiques pour renforcer la capacité des assemblées à favoriser la communauté et la guérison.

    —Nathan Toews et Paul Stucky collaborent en Colombie avec la Coordination des Églises pour une Action Psychosociale (CEAS), financée par le MCC. Nathan travaille avec le MCC en Amérique latine et Paul coordonne le CEAS tout en étant le représentant régional des Andes auprès de la CMM.

    PDF de « Iglesia Acogedora y Sanadora » guide d’e?tude en espagnol

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro avril 2017 de Courier/Correo/Courrier

  • Comment l’Église devrait-elle réfléchir à la santé mentale ?

    Notre état mental est lié à notre corps et à notre esprit, et, comme eux, peut être en mauvaise santé. Dans la partie ‘Perspectives’ de ce numéro, des responsables et des praticiens de la santé d’églises anabaptistes du monde entier traitent du rôle des églises dans la prise en charge de la santé mentale de leurs fidèles.

    Églises et psychiatrie : « C’est compliqué »

    Une des choses qui me surprends le plus depuis que je travaille en psychiatrie est le nombre élevé de croyants hospitalisés dans nos services. Plus précisément, le nombre de chrétiens.

    « Certes, les patients parlent de ce qu’ils croient et espèrent plus que dans les autres spécialités ». Mais si on utilise un marqueur objectif, tel que la présence d’une Bible au chevet des patients, l’intuition semble se confirmer : les services de psychiatrie sont envahis de chrétiens. La légende voudrait même que des mennonites y aient déjà été hospitalisés.

    La peur de perdre le contrôle

    Il est difficile d’accepter qu’un chrétien souffre d’une maladie psychiatrique. Nous comprenons qu’une démence d’Alzheimer s’installe, ou qu’une confusion mentale survienne suite à une infection, car nous avons une explication à ces événements. En revanche, les troubles psychiques ne s’expliquent pas par une causalité directe. Cela nous effraie, parce que nous n’en sommes pas à l’abri. Si l’origine est méconnue, pourquoi pas moi ? Et qui sait ce que je pourrais dire dans un moment de délire ? Sans compter que même le plus non-violent des anabaptistes pourrait être menaçant, s’il était soumis à un sentiment de persécution intense. Nous nous sentons dépassés et cherchons des réponses.

    D’où des questions : « Est-ce que tu ne penses pas que les malades mentaux sont souvent/parfois/toujours possédés? ». Il est difficile d’accepter que les troubles psychiatriques soient une conséquence de la Chute. Il faut bien avoir fait quelque chose de mal pour perdre ainsi le contrôle de ses pensées, de ses paroles, de ses comportements. Nous essayons de nous rassurer en assignant la responsabilité de la maladie à celui qui en souffre.

    D’après une étude réalisée auprès des internes en 2013 par l’Association Française Fédérative des Étudiants en Psychiatrie, le nombre de croyants est significativement plus faible parmi les psychiatres par rapport aux internes d’autres spécialités.

    Pourtant, nos patients nous parlent de leur foi, plus que dans les autres services de l’hôpital. Nos patients prient. Nos patients vont à la messe.

    Et les médecins s’interrogent : est-ce que ces personnes vulnérables ne risquent pas d’être entraînées dans des dérives sectaires ? Devons-nous les en préserver, comment ? Quelle est la limite entre foi et délire mystique ?

    La place de la foi dans la maladie

    Lorsqu’on entre dans l’hôpital psychiatrique où je travaille, on débouche assez vite sur une petite place où se trouve une chapelle. Pas une simple pièce rebaptisée chapelle, mais une vraie église, avec des services religieux, et des aumôniers. Récemment, un psychanalyste disait aux internes que les curés excellent à diagnostiquer les délires mystiques, justement parce que l’expérience de la foi offre un autre regard.

    Les églises ont-elles un rôle à jouer auprès des personnes en situation de handicap psychique ? Eh bien, pourquoi n’en auraient-elles pas ? Toutes les églises accueillent des patients schizophrènes, bipolaires, dépressifs chroniques, etc. J’ose prétendre que si votre église accueille plus d’une centaine de personnes et qu’aucun membre ne présente des troubles psychiatriques, soit vous méconnaissez les membres de votre église, soit sa capacité d’accueil est à interroger.

    L’église est concernée, qu’elle le veuille ou non. On estime que 0,8% de la population souffre de schizophrénie, soit environ 600 000 personnes en France. Faites le calcul : combien devrait-il y avoir de schizophrènes dans votre église? Combien sont-ils en réalité? Il ne s’agit pas de blâmer l’église de ne pas réussir à accueillir ces personnes. L’évolution de la maladie entraîne dans la majorité des cas un repli sur soi-même et une résistance au contact social. Quel défi pour nos églises !

    Et puis il y a l’anxiété, qui est un dénominateur commun à presque tous les troubles psychiques : l’église offre un cadre rassurant qui peut contribuer à ancrer ces personnes dans la réalité, que ce soit par la régularité et la liturgie du culte, en retrouvant des personnes-ressource chaque semaine, en appartenant à une famille qui n’abandonne pas.

    Comme psychiatre dans un pays laïc, mon travail consiste à aider les gens à se sentir mieux, à être en mesure de communiquer avec les autres, à être présents au monde, à mener ‘une vie normale’.

    Le travail de l’église auprès de ces personnes, c’est d’être un lieu où les relations sont saines, sécurisantes, où chacun trouve une place adaptée, où on est prêt à accueillir et à accompagner. Notre rôle, c’est de regarder le malade psychique comme un être créé, aimé, capable de recevoir la grâce par la foi en Christ. Ne négligeons pas l’impact de relations bienveillantes… et dénuées de peur. Parvenir à intégrer durablement ces personnes dans les assemblées est à la fois possible et extraordinaire. Je suis convaincue que c’est exactement le type de personnes que Christ allait trouver lorsqu’il était parmi les hommes. Alors, au travail !

    —Alexina Yoder est membre de l’église mennonite de Strasbourg en France depuis quelques années, originaire de la région de Belfort-Montbéliard (assemblée de Delle, qui était auparavant chapelle de Florimont).

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro avril 2017 de Courier/Correo/Courrier

  • Comment l’Église devrait-elle réfléchir à la santé mentale ?

    Notre état mental est lié à notre corps et à notre esprit, et, comme eux, peut être en mauvaise santé. Dans la partie ‘Perspectives’ de ce numéro, des responsables et des praticiens de la santé d’églises anabaptistes du monde entier traitent du rôle des églises dans la prise en charge de la santé mentale de leurs fidèles.

    Gérer le stress pour être en bonne santé mentale

    Le stress est un problème majeur au Japon. Quand quelqu’un tombe malade, physiquement ou mentalement, au Japon nous disons souvent que c’est à cause du stress. Nos relations sont souvent source de stress, que ce soit avec les collègues de travail, les membres de la famille ou même les membres de l’église. Ces tensions nous font perdre notre paix intérieure. Par conséquent, la ‘gestion du stress’ est importante.

    Le stress provoque non seulement la maladie mentale, mais aussi la maladie physique, parce que nos corps et nos esprits sont liés. De même, si nous sommes physiquement malades, notre état mental peut s’affaiblir.

    Les liens entre l’esprit et le corps

    Il est donc important de se rappeler que le corps et l’esprit ne sont pas séparés. Bien que l’on considère habituellement que le stress agit sur notre état mental, c’est notre corps qui y réagit d’abord.

    Imaginez que vous vous sentiez stressé. Les muscles de certaines parties de votre corps ressentent votre tension et se raidissent. Il faut donc savoir comment se détendre. Je voudrais d’abord aborder les émotions et les ‘limites dans les relations’ pour relâcher les tensions par deux approches du corps et de l’esprit.

    D’abord, les ‘sentiments’, c’est-à-dire les émotions, en particulier les émotions négatives, sont cruciales. Quand nous avons un conflit, nous ressentons probablement une tension et des sentiments négatifs envers quelqu’un. Et nous nous sentons malheureux ou même coupables, parce que nous sommes censés être gentils et doux, surtout en tant que chrétiens. Nous perdons la paix intérieure.

    Il nous faut contrôler ou renoncer à ces sentiments négatifs d’une manière ou d’une autre. C’est difficile, et cela peut prendre beaucoup de temps. D’abord nous devons en être conscients et les admettre. Ensuite, nous devons apprendre à y faire face.

    La méditation et les mouvements (l’exercice, la danse, la marche etc.) sont des façons de se distancer de nos sentiments. Mon mari et moi-même pratiquons l’aiki. Cet art martial japonais a été conçu pour l’autodéfense ; cependant, nous le pratiquons pour notre formation mentale. Il est plus facile pour moi de méditer tout en bougeant, comme en pratiquant l’aiki ou en marchant. Pratiquant la chiropraxie, je suis convaincue qu’il est utile de prendre soin de son corps. Lorsque notre corps est détendu, notre esprit est également détendu. Le corps influence l’esprit.

    La puissance de la confession

    Il est difficile pour les chrétiens de travailler sur leurs sentiments négatifs car ils admettent difficilement en avoir. Pourtant, ces émotions les empêchent d’être en paix avec eux-mêmes ou avec les autres. Les relations ‘d’amitié spirituelle’ (rencontres régulières pour partager et prier ensemble), sont une excellente manière de travailler à ces sentiments et de réduire les tensions.

    Nos communautés chrétiennes devraient créer des lieux sécurisés pour confesser nos sentiments négatifs et les porter devant Dieu. J’aimerais que mon assemblée ait un temps de retraite silencieuse pour faire son propre examen, puis partager et prier.

    Les relations sont l’autre élément fondamental. Nous devons apprendre à poser des limites saines. Il n’est pas facile pour les Japonais de dire ‘Non’. C’est une tension. Voulant rester en paix ou en harmonie avec les autres, nous hésitons à dire ‘Non’. Je constate souvent les problèmes que créent dans les paroisses ces limites mal définies.

    Je suis dans un groupe qui travaille sur la question des limites. Nous utilisons le livre des Dr. Henry Cloud et John Townsend : Boundaries: When to Say Yes, When to Say No To Take Control of Your Life (Les limites : Quand dire Oui, quand dire Non pour contrôler sa vie). Il est utile de savoir que dans la Bible, Dieu a posé des limites. Notre groupe étudie des récits bibliques en se focalisant sur l’aspect des limites.

    Pour moi, l’aiki est aussi un moyen d’explorer les limites. Maai, l’espace et le temps avec les autres, est important dans les arts martiaux japonais. Nous comprenons ce qu’est le maai en le pratiquant. Ai, dans aiki, signifie synchronisation et connexion ; ki est une forme d’énergie corporelle. Nous devons être en contact avec l’adversaire par le ki. L’adversaire n’est pas un ennemi mais devient une partie de nous-même. Il nous faut être connectés et devenir un pour pouvoir mettre à terre notre adversaire. Ce sens du moment, de l’espace et de la connexion peut être utile dans notre relation avec les autres.

    Il est utile d’apprendre comment faire face au stress pour créer la paix intérieure nécessaire à la santé mentale. La méditation et l’exercice pour travailler sur mes sentiments négatifs, ainsi que continuer à apprendre à poser des limites, m’aident beaucoup.

    —Miwako Katanois est membre de l’église mennonite de Sapporo (Japon).

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro avril 2017 de Courier/Correo/Courrier

  • Comment l’Église devrait-elle réfléchir à la santé mentale ?

    Notre état mental est lié à notre corps et à notre esprit, et il peut être aussi en mauvaise santé. Dans la partie ‘Perspectives’ de ce numéro, des responsables et des praticiens de la santé d’églises anabaptistes du monde entier traitent du rôle des églises dans la prise en charge de la santé mentale de leurs fidèles.

    La santé de la personne tout entière

    Beaucoup de chrétiens pensent que les problèmes émotionnels ou psychologiques indiquent un manque de foi. Ce n’est pas le cas. D’une part, il est clair que la foi en Jésus améliore notre vie émotionnelle, comme tous les autres aspects de notre vie. D’autre part, j’ai travaillé avec de nombreuses personnes ayant une foi étonnamment profonde et forte qui cependant souffraient de graves troubles émotionnels.

    Il est difficile de savoir comment réagir lorsque surgissent des problèmes émotionnels, mais dire que les problèmes sont dus seulement à un manque de foi peut en fait aggraver ces problèmes.

    La vision biblique de l’humanité

    Pour comprendre les problèmes émotionnels, il nous faut comprendre l’être humain ; tout au long de l’Écriture, il est décrit comme un tout.

    Dans Genèse 2, nous voyons que Dieu a formé Adam de la poussière (élément physique) et lui a donné son propre souffle ou l’esprit de vie (élément spirituel). Adam pense (il nomme les animaux) et il éprouve des sentiments (de la joie quand il voit la femme). Il est également clair qu’il a été fait pour être en relation avec d’autres personnes et, surtout, avec Dieu.

    Adam est décrit comme ayant un esprit, un corps et une âme interconnectés. Cette interdépendance implique que tout comme les problèmes physiques tels que la douleur chronique peuvent (mais pas forcément) bloquer la croissance spirituelle, les problèmes psychologiques tels que la dépression peuvent (mais pas forcément) bloquer la croissance spirituelle. Cela implique également que la croissance spirituelle peut aider à la croissance physique et émotionnelle.

    L’histoire d’Élie, dans 1 Rois 19, en est une excellente illustration.

    La dépression d’Élie

    Au début de 1 R 19, Élie est épuisé émotionnellement. L’exaltation provoquée par sa victoire au Mont Carmel retombe et il éprouve un découragement normal. En outre, il est physiquement épuisé après avoir couru aux côtés du char du roi pour retourner à Jizréel. Pour couronner le tout, au lieu d’être acclamé comme un héros spirituel, il apprend que la reine a ordonné sa mort !

    Élie manifeste des symptômes du trouble psychologique appelé ‘dépression majeure’. Il est craintif et triste, et il ne veut plus avoir de contacts avec les autres. Il n’a plus aucun espoir et il veut mourir. Ses pensées sont confuses. Il pense être le seul à croire encore en Dieu, ce qui est faux et peut refléter un trouble de la pensée. Sa dépression affecte aussi sa foi, comme en témoigne son manque de confiance en la protection Dieu.

    Élie sait que Dieu est son unique espérance ; il va donc au désert pour chercher Dieu. Bien qu’il soit découragé, déprimé et que sa foi soit faible, Dieu répond avec amour.

    Il est important de remarquer que la réponse de Dieu s’adresse à la personne tout entière. Dieu prend soin d’Élie physiquement, émotionnellement, cognitivement, spirituellement, et dans ses relations. Dieu ne commence pas en parlant à Élie. Il sait ce dont il a besoin et donc, avant de répondre spirituellement et émotionnellement, il répond à ses besoins physiques. Il envoie un ange

    pour le nourrir et l’aider à dormir. Puis Dieu demande à Élie d’aller au mont Horeb. Ce n’est qu’après son arrivée à Horeb reposé, nourri et physiquement fortifié que Dieu lui parle.

    Quand Dieu lui parle enfin, il questionne directement le comportement et les pensées qui ont contribué à sa dépression. Il répond à l’isolement d’Élie en lui ordonnant de se joindre à d’autres croyants fidèles (Élisée et Jéhu), et il met en question sa conviction inexacte qu’il est le seul à continuer à servir le Seigneur, en déclarant : « Mais je laisserai survivre sept mille hommes du peuple d’Israël, à savoir tous ceux qui ne se seront pas mis à genoux devant le dieu Baal… » (v 18). Et, par sa présence, Dieu restaure la foi d’Élie.

    Ce que nous pouvons faire

    Alors, que peut-on faire pour aider à résoudre les problèmes émotionnels ou relationnels auxquels nous sommes confrontés, comme la dépression, les crises d’anxiété, les troubles de l’alimentation ou les problèmes conjugaux ? Un chrétien peut :

    – Prier : Jésus est le Seigneur et la source de toute guérison.

    – Lire l’Écriture : elle aborde souvent ces questions.

    – Rechercher le soutien et les encouragements d’amis.

    – Demander conseil à son pasteur, à ses aînés ou à d’autres croyants mûrs.

    – Lire des livres qui présentent des informations fiables.

    – Et, Dieu peut utiliser les psychologues.

    Il arrive un moment où il est irresponsable de ne pas utiliser tout ce que Dieu met à notre disposition pour atteindre ses objectifs.

    C’est une erreur d’expliquer tous les problèmes émotionnels et relationnels par une désobéissance à Dieu. C’est aussi une erreur de dire à Dieu ce qu’il doit faire pour nous aider à faire face. Comme l’a expliqué un professeur il y a des années : « Jésus ne nous évite pas les problèmes de tout le monde ; ce qu’il fait, c’est de nous aider à faire face à ces problèmes ».

    —David Bruce Rose est professeur de thérapie familiale à Fresno Pacific Biblical Seminary, une université des Frères Mennonites. Une version de cet article est parue pour la première fois dans le MB Herald.

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro avril 2017 de Courier/Correo/Courrier

  • La vie renait dans un cimetière ! 

    Des expressions anabaptistes variées poussent dans le sol dur de la Thaïlande 

    « La Thaïlande : cimetière de la mission » : cette expression a résonné aux oreilles des missionnaires en route vers la Thaïlande pendant des décennies… Heureusement, Dieu voit les choses autrement ! Une vision différente émerge enfin – et les anabaptistes y ont une place ! 

    Premières graines  

    Il y a 201 ans, Ann Judson (l’épouse d’Adoniram Judson) avait appris suffisamment leur langue pour parler de l’évangile aux prisonniers siamois (thaï) en Birmanie. Douze ans plus tard, en 1828, les premiers missionnaires protestants sont arrivés en Thaïlande, 260 ans après les premiers prêtres catholiques. 

    Pour les catholiques comme pour les protestants, les années 1800 sont des années de dévouement et de persévérance incroyables. Les missionnaires se heurtent à une cohésion sociale presque impénétrable, bâtie sur un mélange de bouddhisme et de brahmanisme, ainsi que des racines profondes d’animisme qui rajoutent une raison de craindre le changement (ce qui est toujours le cas). De même que le peuple thaïlandais a démontré une capacité inégalée à résister à la colonisation grâce à une diplomatie impeccable, il s’est montré résolument attaché à sa déclaration d’identité implicite : « Être thaïlandais c’est être bouddhiste ». 

    En 1880, Dieu a de nouveau utilisé les bases établies en Birmanie pour bénir la Thaïlande. Trois évangélistes de la tribu Karen (en Birmanie) furent accompagnés par un vieux missionnaire jusque dans un village en Thaïlande où ils rencontrèrent un homme qui avait rêvé la nuit précédente que trois enseignants apporteraient la Parole de Dieu. Il avait attendu toute la journée. Cinq cents Karens se repentirent et crurent. 

    Les années 1900 ont apporté les nouveaux défis du libéralisme d’un côté et d’un évangile tronqué de l’autre. Des associations d’églises ont émergé, dont la plus importante est l’Église du Christ en Thaïlande (CCT), fruit d’un siècle de travail des presbytériens. Les missionnaires ont construit des écoles. Le climat social est resté hostile au témoignage évangélique. La seconde moitié du XXe siècle a vu se déployer une nouvelle énergie et une vision holistique : un afflux de missionnaires de Overseas Missionary Fellowship expulsés de Chine, a permis au Nord de la Thaïlande de devenir un centre de travail fructueux parmi les ‘tribus des montagnes’. Puis les influences pentecôtistes ont commencé à faire leur chemin en Thaïlande. Dans les années 1980, le centre de la Thaïlande a vu pour la première fois une église indigène croître très rapidement. 

    Les premiers témoignages anabaptistes 

    En 1960, c’est le MCC qui a apporté le premier témoignage anabaptiste avec un contact modeste en Thaïlande. Au cours des 15 années suivantes, le MCC a placé des volontaires PAX (objecteurs de conscience américains accomplissant un service alternatif à l’étranger) et il a acheté des produits artisanaux locaux pour les vendre aux États-Unis. 

    Le MCC s’est de plus en plus engagé dans la région pendant ce que les Vietnamiens appellent ‘la guerre américaine’. En 1975, en partenariat avec l’Église du Christ en Thaïlande, le MCC a commencé à apporter des secours aux réfugiés, à explorer les possibilités de placement d’enseignants et à s’occuper de développement agricole. Il devait aussi aider le CCT à discerner le rôle de l’Église dans la société thaïlandaise à propos de la défense des droits de l’homme, car jusque là ce n’était pas tant la préoccupation de l’Église. La présence du MCC en Thaïlande a été sporadique au cours des années suivantes. Bien qu’un génocide massif ait eu lieu au Cambodge en 1977, un rapport du MCC indiquait seulement que « ce qui se passe … n’est pas toujours vérifiable ». En 1979, toute l’étendue de l’horreur a été révélée et le nombre de réfugiés arrivant en Thaïlande s’est accru de façon dramatique. Le MCC a eu un rôle clé dans les camps et dans le processus de retour des réfugiés laotiens, hmongs, cambodgiens et vietnamiens. 

    Selon un ancien missionnaire de cette époque, ce furent des années de renouveau. ‘Les paroles et les actes allaient de pair, et Dieu faisait ses merveilles. L’enthousiasme pour le témoignage holistique de beaucoup de responsables thaïlandais d’aujourd’hui est né dans ces camps. Outre le travail d’éducation à la paix et le plaidoyer en faveur des droits de l’homme liés aux événements de Birmanie, ce travail dans les camps a continué jusqu’à ce que le MCC ferme son bureau en 1995. 

    Pendant ce temps, d’autres missions anabaptistes commençaient à s’intéresser à la Thaïlande. Des membres de Brethren in Christ World Missions firent un voyage exploratoire en 1986, suivi par l’envoi d’un couple missionnaire en 1987. Ce couple put obtenir un emploi dans un institut technique à la périphérie de Bangkok, et donc être financièrement indépendants. Leur travail était de développer des relations interculturelles pour partager l’Évangile et encourager la formation de responsables autochtones par le biais du discipulat. 

    En 1990, La Eastern Mennonite Mission envoya un missionnaire pour explorer la situation. Une équipe se forma en 1992 et le couple Tobin s’engagea pour 10 ans. En 1995, il était prêt à vivre parmi les Isaan parlant lao, dans l’une des provinces les plus reculées de la Thaïlande rurale. L’église Life Enrichment très inculturée, avec ses cultes dans des petits groupes et ses responsables locaux autonomes, est née et continue à grandir dans de nouveaux villages. 

    Mennonite Brethren Missions / Services International (maintenant Mission MB) fit aussi un voyage exploratoire en 1991. Les pionniers qu’ils envoyèrent prirent la décision de s’installer dans la province de Nan dans le nord de la Thaïlande pour travailler avec les Khmus. Le couple Schmidt et leurs collègues exercèrent un ministère centré sur l’évangélisation, l’éducation et le développement agricole dans les villages. Le long de la frontière Thaï-Lao, de nombreuses personnes vinrent à Christ parmi les Khmu.  

    Le travail s’enracine 

    Finalement, aucune de ces nouvelles organisations anabaptistes ne s’associa au CCT, malgré les bonnes relations que le MCC avait entretenues au fil des ans. Chaque mission fit son propre chemin avec de nouveaux partenaires et sa politique personnelle d’obtention de visas. La Evangelical Fellowship of Thailand s’est révélée une alliée encourageant l’implantation d’églises à travers le pays. Le responsable des Eastern Mennonite Missions Global Ministries, David Shenk, a encouragé les travailleurs de l’EMM à prioriser les relations avec les anabaptistes pour souligner la valeur de la ‘communauté’. Ainsi, les responsables des équipes ont fait de nombreux voyages pour prier et s’encourager mutuellement. Un modèle de retraites régulières a ouvert la voie à l’accueil des nouveaux collaborateurs. 

    En 1998, la General Conference Mennonite Church (COM) envoya le couple Houmphan (lao/canadien), pour travailler avec l’équipe de l’EMM. Ê la fin de leur premier mandat, ils commencèrent leur propre implantation d’église ailleurs à Isaan avec le MC Canada Witness. 

    En janvier 2001, Team 2000 arriva. Ces trois couples Frères Mennonites s’engagèrent à travailler ensemble pendant 10 ans et ouvrirent un orphelinat et une église au sud de Bangkok. Ils ont eu la vision que 28 missionnaires viendraient les rejoindre ; ceux-ci ont maintenant des relations avec plusieurs responsables locaux et les communautés émergentes dans différentes régions du pays. 

    Vers la même époque, le couple Myer, les nouveaux responsables BIC, arrivèrent. Invités et encouragés par l’EMM, ils commencèrent à travailler dans la capitale provinciale d’Ubon Ratchathani, à seulement 50 kilomètres de l’équipe de l’EMM. Ils développèrent des conceptions de ministère très compatibles, et cette proximité s’avéra providentielle, permettant aux équipes de se soutenir mutuellement dans des moments terribles. 

    Pendant ce temps, le Mennonite Mission Network avait envoyé des missionnaires à un autre endroit d’Isaan, et la Rosedale Mennonite Mission (RMM) renforça sa présence à Bangkok avec des responsables de deuxième génération, fruits de l’engagement de longue date de la RMM en Amérique centrale. Virginia Mennonite Missions était récemment devenue partenaire de l’église Life Enrichment pour former un avant-poste missionnaire parmi les Isaan à Bangkok. Un groupe d’anabaptistes conservateurs avait construit une école de formation missionnaire anabaptiste – l’Institute of Global opportunities (IGo) – à Chiang Mai. Ainsi, au moins à Chiang Mai, les anabaptistes sont connus pour leur ‘head covering’ (coiffe) et leurs familles nombreuses, sans parler de leur zèle pour l’évangile. 

    Tous ces groupes mettent l’accent sur le discipulat ; ils ont tous des expériences très riches de la puissance du Saint-Esprit manifestée par la guérison et la délivrance de l’oppression démoniaque. 

    Relations entre les groupes 

    Bien qu’il y ait périodiquement des conversations sur une organisation anabaptiste commune, la décision de se lier à une structure qui pourrait être ressentie comme lourde ou artificielle n’a pas encore été prise. La plupart des groupes s’engagèrent plutôt à simplement rester en relation. 

    Outre des réunions deux fois par an des responsables d’équipe (Conseil de Référence anabaptiste), il y eu trois rassemblements animés de croyants anabaptistes thaïlandais et lao. Au fil des générations, des relations chaleureuses se sont construites au-delà des divisions culturelles et socio-économiques de longue date, ainsi que des différences de ‘culture d’église’ entre mennonites et anabaptistes. Ces rencontres ont débouché sur la traduction de ressources anabaptistes en thaïlandais : la Confession de Foi Mennonite, et ‘Qu’est-ce qu’un chrétien anabaptiste ?’ de Palmer Becker. La confession de foi des International Mennonite Brethren (ICOMB) a également été traduite en thaï. Plus récemment, le livre de Richard Showalter contenant les récits des premières initiatives missionnaires en Asie ainsi que les histoires des premiers martyrs anabaptistes a été traduit en thaï. 

    Dans un contexte où l’évangile de la prospérité gagne du terrain, cette compréhension de la foi anabaptiste est d’une grande valeur. 

    Identité anabaptiste 

    Pour nourrir l’identité anabaptiste, de bonnes relations et ressources à long terme sont importantes, cependant l’identité est surtout le fruit de l’expérience. 

    Lorsque l’église Life Enrichment au sud d’Ubon Ratchathaniétait ébranlée par l’accident qui a co√ªté la vie à John Hertzler, responsable de l’équipe de l’EMM, l’église a été amenée à vivre une profonde démarche de pardon. Elle passa des mois à partager l’évangile avec le chauffeur dont l’imprudence avait causé l’accident. L’événement le plus marquant fut la présence des parents de John le jour du baptême du chauffeur. L’église vit ces croyants fidèles accueillir avec bonté cet homme dans la famille spirituelle. 

    Plus tard, l’église se réunit pour entendre Truman Hertzler enseigner l’histoire anabaptiste. Il parla des échecs de ses prédécesseurs qui perdirent des opportunités d’évangéliser en raison de leur légalisme et de leur léthargie. Pourtant, souligna t-il, la persévérance dans les difficultés et les yeux tournés vers Jésus-Christ, le seul fondement, (1 Co 3/11) conduit toujours vers une vision renouvelée et à l’obéissance à l’appel de Dieu. Dans la salle, un à un, les chrétiens se sont levés : « Nous le sommes aussi ! Peu importe ce nous aurons à souffrir ou combien de fois nous faiblirons et échouerons, si c’est cela être anabaptistes, alors nous sommes anabaptistes ! » De cette tombe est sortie la vie ! 

    Outre les communautés qui naissent du travail des missionnaires sur place, un autre courant de témoignage anabaptiste autochtone en Thaïlande provient des anciens réfugiés Hmong qui s’étaient installé aux États-Unis. Beaucoup se sont affiliés à MC USA. Ils ont formé leur propre Hmong Mennonite Churches Mission et attendent avec enthousiasme le jour où les Hmong, dont les villages sont dispersés sur les montagnes du Nord-Ouest de la Thaïlande, pourront revendiquer une identité anabaptiste. 

    Ê partir de 2005, cette impulsion a été renforcée par des visites d’enseignement de pasteurs nord-américains et de collaborateurs du Mennonite Mission Network ainsi que de l’aide à des projets de construction. Ainsi, ces chrétiens hmong, qui ont longtemps fait partie du CCT, ont commencé à réaliser que leur propre théologie a de fortes affinités avec l’anabaptisme. 2016 s’est avéré être une année significative car un nouveau ‘Hmong district 20’ s’est maintenant joint à la CMM, comme district de la CCT. Ils ont recherché cette affiliation parce que, selon Nelson Kraybill, « Ils veulent revendiquer explicitement la compréhension anabaptiste de l’Église et la développer, y compris la non-violence ». 

    Ceux qui ont observé ces églises remarquent la variété des pratiques qui font de leur présence un don au sein de la CMM : le travail pour la paix dans le cadre de l’évangélisation, l’hospitalité, la gestion financière, la générosité, la passion pour l’enseignement de la Bible et la formation des responsables. Des représentants de la CMM et du MMN seront présents en Thaïlande lorsque leur participation sera officialisée en avril 2017. 

    Bien que les chrétiens ne constituent encore que 1,2 pour cent de la population en Thaïlande, nous nous attendons à être bénis dans les années à venir par ces divers courants de témoignage anabaptiste s’entrecroisent et s’enrichissent mutuellement. Que Que Dieu continue à permettre à sa beauté et à la vie de la résurrection de sortir de ce ‘cimetière’ ! 

    ‚ÄîCarol Tobin et son mari Skip ont travaillé en Thaïlande de 1989 à 2009 pour implanter des églises et faire un travail administratif régional avec l’EMM. Résidant maintenant à Harrisonburg (États-Unis), Carol continue d’avoir une relation étroite avec la Thaïlande en tant que directrice régionale de l’Asie avec Virginia Mennonite Missions. 


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’ Courier/Correo/Courrier April 2017


    Nom:  Hmong 7e District de l’Église du Christ en Thaïlande * 
    Membres:  1 733 
    Paroisses:  23 
    Président:  Pornchai Banchasawan 
    Nom:  Mission Khmu  
    Membres:  39 250 
    Paroisses:  430 
    Président : Phone Keo Keovilay 
    Nom:  Église Life Enrichment  
    Membres:  199 
    Paroisses:  16 
    Président: Pasteur Somchai Phanta 
    Nom:  Thaïlande Mennonite Brethren Foundation 
    Membres:  1 600 
    Paroisses:  20 
    Président : Ricky Sanchez 
    *Vote du Comité exécutif lors des réunions de février 2017 pour l’admission en tant que membre. Données de la carte du monde de la CMM, 6 février 2017. 
    Source: Répertoire de la CMM 2015