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  • Témoignage du Renouveau 2027 : portrait historique

    Renouveau 2027 est une série d’événements étalés sur 10 ans, pour commémorer le 500ème anniversaire des débuts du mouvement anabaptiste. Cette série met en lumière certains personnages historiques et figures contemporaines du mouvement.


    Plus de la moitié des églises rurales de l’association d’églises Frères en Christ (BIC) du Zimbabwe sont dirigées par des femmes pasteurs. Beaucoup de femmes qui implantent des églises BIC le font parce qu’elles s’installent dans un endroit où elles ne trouvent pas de paroisse qui soit à leur goût et elles ont soif de vivre la fraternité avec d’autres croyants. Elles commencent à organiser un groupe d’église de maison. Parfois, une femme est discernée pour sa maturité spirituelle et sa connaissance de la Parole. Beaucoup de prédicatrices BICC sont des femmes qui sont très respectées dans leur communauté.

    Une des premières femmes des Frères en Christ (BIC) au Zimbabwe qui, depuis le début, a participé au travail de plantation d’églises et à la prédication de l’Evangile fut Sitshokuphi Sibanda.

    Elle était déjà adolescente lorsque les premiers missionnaires se sont installés à Matopo, au Zimbabwe, en 1898.

    Elle a été l’une des premières personnes à se convertir et a ensuite reçu une éducation formelle de part de la mission. C’est là que Sitshokuphi donna sa vie à Dieu et elle ne l’a jamais remis en question.

    Chez-elle, Sitshokuphi faisait face à d’immenses difficultés venant des villageois hostiles qui tenaient en grande estime les croyances traditionnelles et étaient imprégnés de la spiritualité ancestrale.

    Elle a même dû faire face à l’opposition et à la moquerie de sa famille, de ses voisins et de ses amis. Qu’est-ce qu’elle croyait faire en essayant de détourner les gens du travail dans les champs ?

    Une fois, elle provoqua la colère de toute sa communauté en accompagnant des missionnaires à un sanctuaire où se déroulaient les cérémonies de la pluie.

    C’était une entreprise risquée car tout le monde n’était pas autorisé à visiter le sanctuaire. Lorsque la pluie ne tomba plus pendant des années après les faits, le blâme lui fut attribué. Mais cela ne l’empêcha pas d’évangéliser.

    Vers la fin de sa vie, elle vécut longtemps à l’hôpital de Mtshabezi.

    Être âgée et incapable de voyager ne diminuait pas la force de son appel. L’hôpital devint un nouveau champ de mission pour elle.

    Le 4 novembre 1971, Sitshokuphi rendit l’âme. Elle avait fait une belle course, laissant un merveilleux héritage de foi en Dieu.

    Une déclaration poignante sur le travail de Sitshokuphi est sa déclaration : « Il est bon de travailler à temps plein pour le Seigneur, mais il n’est pas bon de travailler à temps plein pour l’église. »

    Sitshokuphi fut enterrée à la Mission Matopo, dans un endroit réservé aux serviteurs de Dieu les plus honorables.

    —Un communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale écrit par Barbara Nkala, inspiré par Silent Labourers de Doris Dube. Barbara est la représentante régionale de la CMM dans le Sud de l’Afrique. Elle fit une présentation sur les femmes prédicatrices contemporaines chez les frères en Christ (1960-2010) lors de Crossing the Line: Women of Anabaptist Traditions Encounter Borders and Boundaries une conférence à l’Université Eastern Mennonite, à Harrisburg, Virginie aux Etats-Unis.

  • « Je souhaite que [pendant notre réunion], nous rencontrions Dieu dans la plénitude de son Esprit, dans la communion de son peuple et dans le don de l’unité au sein de la diversité théologique et culturelle de notre église mondiale », dit le secrétaire général César García. Les réunions triennales du Conseil Général de la CMM (délégués envoyés par chaque église membre d’un pays) se dérouleront du 23 au 26 avril 2018 à Nairobi (Kenya), précédées des réunions des comités et des réseaux de la CMM. En outre, les délégués et les mennonites locaux célébreront ‘Renouveau 2027 – Le Saint-Esprit nous transforme’ à Kisumu (Kenya), le 21 avril 2018.

    Ce sera, pour le Comité des Jeunes Anabaptistes (YABs), le Réseau Anabaptiste Mondial d’Entraide, la Fraternité Missionnaire Mondiale, le comité de travail du Réseau anabaptiste mondial pour la Paix, ainsi que pour les Représentants Régionaux l’occasion de se rencontrer face à face.

    Le personnel, les Commissions et les Réseaux feront des rapports sur leur travail. Le Conseil Général (GC) décidera du plan de programme de la CMM et de ses objectifs stratégiques (identité anabaptiste, relations interdépendantes, réconciliation et espoir) pour 2018–2021 et il examinera les finances (y compris les contributions à la part équitable pour 2018–2021). De nouveaux membres seront nommés au Comité Exécutif et aux Commissions, ainsi qu’aux postes de président et vice-président.

    Les Commissions présenteront trois déclarations à l’intention du Conseil Général : ‘Réponses aux Questions controversées’, ‘Solidarité avec les peuples indigènes’, ‘Identité et Œcuménicité : une Théologie de l’Hospitalité interconfessionnelle et de l’identité religieuse’.

    « J’apprécie les réunions du Conseil Général parce que nous pouvons exprimer des points de vue divergents », a déclaré le représentant du Comité Exécutif pour l’Afrique, Thuma Hamukang’andu. « Le processus de prise de décision permet de nous entraider à approfondir notre foi ».

    Comme lors des réunions du GC en 2015, les délégués auront l’occasion d’assister à des ateliers de formation de responsables d’églises sur des thèmes tels que la croissance de l’église, les conflits, le leadership spirituel et la planification stratégique.

    « Cette réunion est indispensable, non seulement en raison des décisions à prendre, mais aussi en raison de ce qu’apprend l’ensemble du corps », déclare le représentant du Comité Exécutif pour l’Europe, Rainer Burkart.

    « Le Conseil Général représente l’Église mondiale visible de la manière la plus stimulante. »

    —Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale

  • Les parents chrétiens ont depuis toujours encouragé leurs enfants à trouver un partenaire dans les activités d’église. Ils ont aussi encouragés les jeunes adultes à connaitre l’église mondiale au travers d’expériences internationales. Parfois ces deux situations se combinent.

    Tous deux étudiant en théologie, Benni et Rianna Isaak-Krauss célèbreront leur premier anniversaire de mariage cet été, trois ans après le Sommet Mondial de la Jeunesse (GYS) et l’Assemblée de la Conférence Mennonite Mondiale où ils se sont rencontré.

    Intervention cruciale de Dieu

    « J’avais l’intuition que ça allait être une expérience géniale », raconte Rianna Isaak, citoyenne canadienne et américaine, mais entant que directrice d’un ministère de camps d’été, assister à une conférence au milieu du mois de juillet semblait impossible.

    De façon providentielle, elle reçu la permission de partir moins d’un mois avant la date. Elle pu remplir le poste vacant de déléguée Frère mennonite pour le Canada et fit rapidement un sondage auprès des jeunes de son union d’églises.

    « Obtenir ces deux semaines de vacance fut une partie cruciale de la manière dont Dieu a fait bouger les choses. »

    Une expérience transformatrice de l’église

    L’allemand Benni Krauss, sélectionné deux ans à l’avance pour représenter son union d’églises, a co-organisé un groupe de 12 participants supplémentaires venus d’Allemagne et de Suisse pour assister au GYS.

    C’était sa deuxième fois au GYS. Il avait passé six mois au Paraguay pour étudier, apprendre l’espagnol et pour s’immerger dans le contexte du pays pour comprendre les aspects internationaux et locaux de l’Assemblée mondiale à Asuncion en 2009.

    « Le Paraguay m’a transformé. »

    Avec son co-responsable, en 2015, il organisa un programme pour le groupe dans le but de « donner du contexte à l’expérience » pour les jeunes de langue allemande. Ils passèrent du temps aux États-Unis avant la CMM pour apprendre et comprendre les difficultés qui menacent de diviser MC USA en se coupant de la jeunesse. Ils visitèrent des églises qui accueillent la diversité et des églises qui s’y opposent.

    Benni recommande que les participants commencent à s’organiser bien avant l’évènement. « Faites de l’espace pour tisser des amitiés. »

    Les délégués se responsabilisent

    Le rôle des délégués au GYS n’est pas strictement défini, explique Benni, mais la plupart d’entre eux prennent différentes responsabilités à leur manière. « Cela pousse les gens à prendre plus de responsabilités et à se rendre compte de l’étendue de l’église. »

    En tant que jeune, Rianna raconte que le fait d’être sélectionnée comme déléguée est un message de la part de l’église : « Nous avons besoin de toi ; tu es important ».

    « Je me suis senti reconnu comme un responsable et un contributeur, pas seulement comme un destinataire », explique Benni.

    Ê mi-chemin entre les Assemblées, cette évaluation est toujours vraie : les délégués GYS nord-américains de 2015 poursuivent des études supérieures en théologie (y compris Rianna au Anabaptist Mennonite Biblical Seminary, Elkhart, Indiana, USA), ou servent l’église en tant que pasteurs et président du comité des YABs.

    Il y a un air de colonie de vacance au GYS, raconte Benni. « C’est amusant, c’est participatif, … [mais] les délégués sont également conscients des problèmes et s’en soucient. »

    Par exemple, un délégué d’Amérique latine a approché Rianna pour discuter de leurs visions de la sexualité. La conversation respectueuse qu’ils ont échangée créé « un espace sacré de curiosité et de préoccupation », raconte Rianna. « Et nous avons pu ramener la conversation à nos groupes continentaux. Ce fut une expérience qui m’a rendue plus humble et m’a façonnée. »

    Le GYS et l’Assemblée sont bien sûr le rassemblement de l’église mondiale. « Il y a un amour profond pour l’église, pas seulement pour mon propre projet, même si cela fonctionne vraiment bien », dit Benni. Les participants réalisent que « l’église mondiale n’est pas juste un rêve ».

    Il est rentré avec de nouvelles expériences et plus de questions. « Comment réalisons-nous notre diversité et commençons-nous à construire des relations ? »

    Impact personnel

    Sur le plan personnel, Benni et Rianna ont bâti leur propre relation malgré leurs origines diverses. L’étincelle d’intérêt qui s’est allumée entre les deux anabaptistes non-conformistes à l’Assemblée s’est transformée en flammes d’amour au cours de l’année suivante. Benni a rendu visite à la communauté de Rianna au Canada après l’Assemblée ; Rianna a été vivre dans la communauté des parents de Benni en Allemagne pendant plusieurs mois.

    Cela lui a permis d’appliquer une autre leçon de l’Assemblée : apprendre une nouvelle langue.

    « Parler une seule langue peut nous marginaliser », dit-elle, reconnaissant que ne comprendre aucune langue autre que l’anglais pouvait l’exclure de conversations. Mais cela comporte aussi le risque opposé : « Cela fait pencher le pouvoir d’une manière malsaine. »

    Pourtant, tout le monde au GYS a deux choses en commun, explique Benni : des identités personnelles uniques et contextualisées et une identité anabaptiste commune. Ê partir de là, l’amitié, le partenariat, le mentorat (peut-être même un peu de romance) peuvent se développer.

    « Il y a ce que l’on peut faire, mais après, il faut s’appuyer sur le Saint Esprit. »

    un communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale écrit par Karla Braun

  • Cette année, nous célébrerons la troisième édition de la semaine de la fraternité des YABs du 17 au 24 juin. Le thème est « appelés à la liberté », centré sur Galates 5/13–15. Nous vous encourageons à choisir et à adapter, parmi ces ressources, ce qui sera utile selon votre contexte, à les traduire si c’est nécessaire, à les copier et à les distribuer dans toutes les églises locales.

    Nous attendons avec impatience un moment de camaraderie mondiale virtuelle et de camaraderie physique locale alors que nous nous réunissons pour commémorer et célébrer notre famille internationale !

    Des ressources pour la célébration du DFM seront disponibles ici: www.mwc-cmm.org/semainefraternitedesyabs.

    —Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale écrit par le comité YABs (Jeunes anabaptistes)

  • Ces slogans : ‘Justice pour le climat maintenant !’ ‘Le pouvoir au peuple !’ ‘Laissez le pétrole dans le sol !’ résonnaient dans les couloirs alors que je traversais la ‘Zone bleue’ – lieu où 197 États membres de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) étaient réunis en décembre 2015 pour décider de l’avenir de notre climat. C’était la première fois que j’assistais à ces négociations sur le climat, et elles se sont avérées historiques : l’Accord de Paris (un accord mondial pour sauvegarder / protéger le climat et les personnes vivant sur cette planète) a été adopté !

    C’était aussi la première fois que j’entrais en contact avec tant de communautés religieuses prônant un environnement durable et la résilience aux changements climatiques, aux côtés des communautés et des personnes les plus vulnérables. Invitées en tant qu’observatrices officielles, les communautés religieuses ont eu la possibilité, non seulement d’approcher les négociateurs à un niveau individuel pour le difficile travail de plaidoyer, mais elles ont aussi eu un créneau pour faire entendre leur voix devant un public de ministres et de chefs d’États lors d’un ‘dialogue de haut niveau’.

    Le changement climatique, ce n’est pas une ‘fake news’ (fausse nouvelle), mais une dure réalité dans le monde, ressentie surtout par nos frères et sœurs des pays du Sud. La destruction de l’environnement et les changements climatiques, intensifiés par le mode de vie des pays du Nord, sont des facteurs clés de la pauvreté. La pression continue sur nos ressources communes prive les plus pauvres et les plus vulnérables de moyens de subsistance durables et dignes – souvent à l’origine de conflits.

    La crise climatique actuelle montre clairement qu’un environnement durable, la dignité humaine et l’amélioration de la résilience des communautés les plus vulnérables sont étroitement liées et interdépendantes. Nous, mennonites et chrétiens d’Allemagne, nous nous sommes donc engagés à agir pour un [développement] durable afin de protéger la création de Dieu pour les générations futures et les moyens de subsistance de millions de personnes aujourd’hui.

    Cela commence à petite échelle, dans certaines de nos assemblées qui ont des panneaux solaires sur les toits pour réduire la consommation d’énergie fossile.

    Cela continue avec certains de nos membres qui refusent de posséder une voiture, parce que ce n’est tout simplement pas nécessaire dans les zones urbaines.

    Beaucoup de nos paroisses sont engagées dans des activités de quartier pour renforcer les communautés locales et soutenir les moins privilégiés.

    Toutes ces initiatives découlent de l’engagement à prendre soin de la merveilleuse création qui nous a été confiée.

    Cependant, il fallait que ces questions préoccupent encore davantage nos églises – énergie 100% renouvelable, consommation responsable, éducation théologique sur le développement durable et travail de sensibilisation et de mobilisation sur le plan local. En outre, être actif et impliqué dans la famille œcuménique peut élargir cet engagement local et le porter au niveau mondial. Grâce à des activités ciblées sur la scène politique pour influencer les directives et les décisions, nous pouvons protéger tout enfant de Dieu, qui n’est pas notre voisin au sens strict, mais qui est membre de la famille mondiale de Dieu.

    Revenons aux négociations sur le climat : En tant que communauté œcuménique mondiale d’églises, le Conseil œcuménique des Églises (COE) joue un rôle de premier plan parmi les communautés religieuses lors des négociations sur le climat. En 2013, l’AMG (notre union d’églises) et d’autres unions mennonites, membres du COE se sont jointes au ‘Pèlerinage Justice et Paix’, qui est proche des valeurs anabaptistes. Dans le contexte climatique, cela est devenu ‘Pèlerinage Justice et Paix climatiques’. Il s’agit de sensibiliser à la nécessité de ne pas oublier la justice climatique et de faire entendre la voix des plus faibles et des plus vulnérables dans notre communauté mondiale.

    « Nous avons besoin de la sagesse de la création », a déclaré Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, lors d’un office pour la justice climatique pendant les négociations climatiques récemment à Bonn : « une sagesse qui voit la réalité et qui comprend et reconnaît l’époque dans laquelle nous vivons. Une sagesse qui […] a le courage d’agir et d’innover afin que nous puissions préparer ensemble l’avenir. »

    Notre amour pour Dieu et pour le peuple de Dieu nous incite à élever la voix, à nous tenir aux côtés des personnes vulnérables, à être politiquement actifs et à œuvrer pour un monde juste sur le plan climatique. C’est pour ces raisons que nous nous joignons au mouvement œcuménique et que nous prions tout en continuant ce pèlerinage : « Dieu de la vie, conduis-nous à la justice et à la paix ».

    –Rebecca Froese est membre d’AMG – Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer Gemeinden in Deutschland, une union d’églises mennonites en Allemagne.


    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2018 de Courier/Correo/Courrier.


    Le groupe de travail pour la protection de la création collaborera avec les églises de la CMM pour 

    a) accroître la prise de conscience de la crise climatique.

    b) proposer des façons concrètes de vivre plus écologiquement.

    c) étudier les impacts de la crise climatique sur les pays représentés.

    d) encourager le développement de capacités bibliques et théologiques en lien avec la crise climatique.

    e) élaborer un plan stratégique pour la CMM, détaillant des objectifs concrets immédiats, à moyen-terme et à long-terme.

    En savoir plus

  • Depuis une quinzaine d’années, les mennonites de France réfléchissent à adhérer à une entité fédérative ou inter-dénominationnelle. Le processus est à l’arrêt actuellement. Explications.

    Comment les mennonites français peuvent-ils se situer dans l’ensemble du protestantisme français ? Nous sommes une petite minorité au sein de la minorité protestante française, elle-même composée de familles nombreuses. Ces familles ont leurs origines – directement ou indirectement – dans la Réforme protestante. Depuis, les protestants ont continué à se diviser et comptent aujourd’hui plusieurs milliers de dénominations dans le monde.

    Nés dans les premières années de la Réforme, les mennonites ont connu le rejet et la persécution, ce qui a fait d’eux des marginaux, souvent obligés à l’émigration. Pendant longtemps, à cause de cette histoire, les liens avec les protestants luthériens et réformés n’étaient pas évidents. Vers la fin du 17e siècle est apparu un mouvement de renouveau au sein du luthéranisme appelé le piétisme. Ce mouvement s’est beaucoup répandu et a eu une influence importante sur les mennonites français et européens. Beaucoup d’Eglises évangéliques d’aujourd’hui ont leurs racines dans le piétisme et les réveils qui en sont issus. C’est un milieu dans lequel les mennonites français se sentent à l’aise.

    FPF

    Mais que faire malgré tout en réponse au fractionnement protestant ? En 1905, la Fédération Protestante de France (FPF) est née, avec l’intention de créer une plate-forme où les protestants pouvaient collaborer, et dialoguer avec la société environnante. Essentiellement composée de réformés et de luthériens, il y a cependant eu des membres évangéliques dans cette fédération depuis ses origines, ce qui est encore le cas aujourd’hui.

    Plusieurs assemblées mennonites ont une histoire de collaboration avec les protestants, notamment par le partage de lieux de cultes (Toul, Saint-Genis, Bar-le-Duc, Châtenay-Malabry, Pontarlier). Les œuvres sociales mennonites sont membres de la Fédération de l’Entraide Protestante qui, elle, fait partie de la FPF.

    Ainsi, une discussion a été lancée au sein des assemblées mennonites de France pour savoir si elles voulaient adhérer à la FPF. En 2007, une réponse négative a été donnée à la question. Néanmoins, le bureau de l’Association des Eglises Evangéliques Mennonites de France (AEEMF) d’alors a constaté qu’une majorité significative (voir ci-dessous) avait voté en faveur de l’adhésion ; il a fait savoir que ce fait ne pouvait être négligé et que la question serait un jour reposée.

    CNEF

    Entretemps est né le Conseil National des Evangéliques de France (CNEF) en 2010, composé d’un nombre important des Eglises évangéliques. Parmi ces Eglises, certaines ne veulent pas être associées à la FPF, à leurs yeux trop « libérale », tandis que d’autres sont membres des deux (CNEF et FPF). Comment les mennonites de France se positionnent-ils dans cette configuration nouvelle ?

     

    Double adhésion ?

    Pour répondre à cette question, un groupe de travail, composé de membres du bureau de l’AEEMF et de la commission Foi et Vie, collaborant avec des représentants des assemblées qui voulaient discuter de la question, a proposé une adhésion aux deux entités en 2012. Quelles étaient les raisons derrière cette proposition ?

    • Le constat que 66 % des membres des assemblées et 65 % des assemblées avaient exprimé le désir d’appartenance à la FPF et que les racines historiques des mennonites remontent à la Réforme protestante.
    • L’enracinement évident des mennonites dans le milieu évangélique et les nombreuses collaborations déjà existantes
    • Dans un contexte où l’entente entre protestants de différentes tendances (luthéro-réformés et évangéliques) n’est pas toujours facile, l’accent mennonite sur l’appel à être « artisans de paix » pourrait être exprimé par une double adhésion, ouvrant la possibilité d’être un « pont » entre les deux mondes.
    • L’importance pour les assemblées mennonites de réfléchir au bien de l’ensemble de l’union d’Eglises et pas seulement à partir du contexte local. Pourquoi priver les uns ou les autres de pouvoir approfondir des liens et des collaborations déjà existants ?

    Cette proposition de double adhésion n’a pas fait l’unanimité.  La décision récente de l’Eglise protestante unie de France (EPUdF) de laisser aux pasteurs le choix de bénir des couples d’homosexuels a compliqué le débat. L’EPUdF est l’un des membres de la FPF, ses paroisses ne sont pas toutes d’accord sur cette décision et les membres évangéliques de la FPF s’y opposent.

    En réponse, certaines assemblées mennonites ont proposé de pouvoir se décider séparément pour l’une ou l’autre entité (FPF ou CNEF), proposition qui n’a pas remporté une majorité. Ainsi, la procédure s’est ralentie pour laisser la place à un temps de réflexion et de discussion, ce qui est la situation actuelle.

    Les enjeux sont importants, car les mennonites ne peuvent pas se contenter d’exister seuls, sans lien avec les autres protestants, luthéro-réformés et évangéliques. La difficulté semble être la manière de se positionner face aux questions pour lesquelles il y a des avis différents au sein des mennonites français.

    Pour ou contre

    En ce qui concerne la FPF, pour les uns, face à la théologie libérale, il n’y a pas de possibilité de lien. Pour les autres, il s’agit de représenter notre position en discussion avec les autres, sachant qu’au sein de la FPF, il y a des Eglises qui souhaiteraient l’arrivée des mennonites pour se sentir renforcées. Les membres de la FPF signent une charte de collaboration, mais chaque Eglise garde sa confession de foi et ses pratiques. Aucune obligation de changer de théologie.

    Quant au CNEF, le choix semble plus facile pour beaucoup. Ne sommes-nous pas des évangéliques ? Certains répondront qu’il y a aussi des débats importants au sein du monde évangélique :  il y en a qui baptisent les enfants, la plupart ne partagent pas notre positionnement concernant la non-violence, et on constate les dérives politiques possibles chez les évangéliques d’autres pays comme aux USA.

    Nous avons beaucoup d’amis et de choses communes dans les deux mondes protestants. La question de base semble être : que faire devant les désaccords entre chrétiens ? Y aller pour témoigner et discuter ou refuser d’être présent là où l’on ne se sent pas à l’aise.

    Neil Blough—Neal Blough, Eglise de Châtenay-Malabry, directeur du Centre Mennonite de Paris, professeur d’histoire de l’Eglise à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine

  • Les membres de la Conférence mennonite mondiale (CMM) du monde entier agissent au niveau de leurs communautés locales, de leurs Églises à l’échelle nationale et des ministères qui s’y rattachent sur la base de leur conviction que « L’Esprit de Jésus nous rend capables de (devenir) artisans de paix, renonçant à la violence, aimant nos ennemis, recherchant la justice et partageant nos biens avec ceux qui sont dans le besoin« . (Convictions communes, §5).

    Le secrétaire de la Commission Paix de la CMM, Andrew Suderman, souligne : « Les 105 Églises-membres qui constituent la CMM ont produit beaucoup de « fruit ». Les organismes de paix anabaptistes ont cherché des moyens de communiquer, de s’encourager mutuellement et d’être solidaires les unes avec les autres dans leurs efforts communs en vue de la paix. Ceci a contribué à la naissance d’un réseau anabaptiste mondial pour la paix (GAPN). »

    Deux subsides accordés pour plusieurs années assurent le financement de départ de ce réseau naissant. Le fonds « Kindred Charitable Fund » de la banque « Kindred Credit Union », de Kitchener, Ontario, au Canada, a alloué au GAPN $7,500 pour 2017, $5000 pour 2018 et $2500 pour 2019. La Fondation d’inspiration anabaptiste « United Service » a elle aussi prévu une subvention conséquente pour trois ans afin de soutenir l’établissement de ce réseau pour la paix.

    Ces subsides ont servi au financement des premières démarches du réseau : La nomination en octobre 2017 d’Andrés Pacheco-Lozano (travailleur pour la paix colombien qui étudie actuellement aux Pays-Bas) en tant que coordinateur du réseau et l’organisation d’une réunion du nouveau groupe de pilotage du GAPN lors des réunions du Conseil général de la CMM qui auront lieu au Kenya en avril 2018.

    La commission paix espère pouvoir lancer officiellement le réseau lors de la Conférence mennonite mondiale et du Festival pour la paix qui auront lieu à Amsterdam en 2019.

    Une proposition formulée en 2016 entrevoit quatre tâches potentielles pour le GAPN : partager des demandes de prière et de soutien, partager des nouvelles, des informations et des récits concernant le travail pour la paix, constituer un répertoire des membres et créer un espace – électronique et physique – « où ceux qui font parie du réseau puissent se rencontrer, se contacter et construire des relations mutuelles porteuses de transformation. » (Andrew Suderman).

    Selon Arli Klassen, responsable du développement, « il faut de la patience et de l’engagement pour que le GAPN devienne véritablement mondial. Nous sommes reconnaissants aux donateurs – aux personnes individuelles et aux organismes tels que Kindred et la fondation familiale – qui ont accordé une subvention pour plusieurs années et qui partagent cette vision. »

    Ce réseau sera relié à la structure de la CMM par le biais de la Comission Paix de la CMM. Andrew Suderman explique : « Le travail de la Commission Paix consiste à soutenir nos Églises membres de la CMM. Celui du GAPN sera de créer un réseau entre ces organisations de paix, leurs programmes et leur personnel. Nous poursuivons ainsi la route ensemble et nous soutenons mutuellement dans notre recherche du royaume de la paix de Dieu.

    —Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale

  • Comme les quatre cavités du cœur, les quatre commissions de la CMM servent la communauté mondiale des Églises anabaptistes dans les domaines suivants : diaconie, foi et vie, paix et mission. Les commissions préparent du matériel à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils, proposent des ressources aux Églises membres et facilitent le travail des réseaux ou des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun. Ci-dessous, une des commissions communique un message au sujet de l’objectif de son travail.


    « Mais le Saint-Esprit descendra sur vous : vous recevrez sa puissance et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde » (Actes 1/8).

    Vers le milieu des années 60, dans toute l’Éthiopie, il y eut un mouvement chez les jeunes dans les lycées et les campus universitaires. Les croyants qui étaient engagés par la prière basée sur la Bible, commencèrent à témoigner dans les écoles, les bureaux, et dans la rue.

    Dans la prière, ils demandaient avant tout, d’être remplis du Saint Esprit – la promesse de Dieu le Père, comme le dit la Bible. Ces jeunes gens avaient aussi une grande passion pour les âmes perdues. Notre Dieu fidèle a répondu à ces prières et a déversé son Esprit sur beaucoup de croyants.

    Meserete Christos Church (MKC), une des plus grandes églises mennonites, comptait un peu plus de 5 000 membres lorsqu’elle dut passer à la clandestinité durant la période de persécution du gouvernement militaire marxiste. C’est durant ce temps de persécution que l’église a prospéré et a commencé à grandir de façon spectaculaire

    Les croyants, transformés par la puissance du Saint Esprit, eurent le courage de rendre témoignage de Jésus Christ, de partager leur foi et de vivre une vie sainte qui condamne le pécher et appelle les pêcheurs à la repentance.

    Malgré les restrictions imposées aux chrétiens par le gouvernement marxiste, la bonne nouvelle de Jésus Christ n’a pu être stoppée. Beaucoup de croyants, y compris les responsables de l’église MKC, furent mis en prison. Les statistiques de la MKC montrent qu’après 17 ans de persécution, le nombre de membres avait décuplé.

    Comme au temps où les Israélites étaient opprimés par le Pharaon, plus les chrétiens étaient opprimés, plus ils se multipliaient et se répandaient. De jeunes croyants engagés et remplis de la puissance transformatrice du Saint Esprit plantèrent de nouvelles églises. On forma de nombreux groupes de maison pour tenir des études bibliques et des réunions de prière. Cette croissance continue. Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, MKC s’agrandit et il y a plus de 20 000 nouveaux membres baptisés chaque année.

    Dans le livre des Actes, les disciples de Jésus, remplis de la puissance du Saint Esprit, « soulèvent le monde entier avec leurs enseignements ». Transformés par le Saint Esprit, ils répandent la parole sans peur et beaucoup se convertissent au christianisme. Le Saint Esprit a transformé ces personnes et en a fait des témoins.

    Le mot témoin vient du mot grec qui signifie « martyr ». Même si aujourd’hui on utilise ce mot pour désigner ceux qui sont morts parce qu’ils confessaient une foi en Christ, « martyr », à l’origine, désignait un témoin.

    Lorsque nous pensons à la transformation par l’Esprit, nous parlons d’une vie transformée pour l’évangile, pour qu’elle devienne un instrument pour l’œuvre du royaume de Dieu. Un martyr vit pour son maitre, pas pour lui-même ou elle-même ni même pour l’intérêt d’un groupe.

    Nous sommes transformés par le Saint Esprit pour servir Dieu en proclamant l’œuvre de Dieu et la bonne nouvelle de Jésus Christ pour sa gloire.

    « Mais vous, vous êtes un peuple élu, une communauté de rois-prêtres, une nation sainte, un peuple que Dieu a pris pour sien, pour que vous célébriez bien haut les œuvres merveilleuses de celui qui vous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière » (1 Pierre 2/9).

    Un communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale écrit par Tewodros Beyene (Ethiopie), membre de la Commission Foi et Vie.

  • Aimer les gens généreux de la République Démocratique du Congo (RDC) n’est pas difficile, mais le mal présent dans la région rurale du Kasaï de ce pays verdoyant, est difficile à comprendre.

    En décembre 2017, les survivants de la guerre civile racontèrent à une délégation de la Commission Diacres de la Conférence Mennonite Mondiale les attaques surprises de leurs villages par la milice en maraude. Avec des armes à feu ou des couteaux, ces groupes massacrèrent les hommes et les garçons et tout ceux qui étaient en lien d’une manière ou d’une autre avec le gouvernement.

    Les victimes agonisèrent devant leur propre famille, devant des femmes et des enfants qui pouvaient eux-mêmes être agressés ou tués. Les villages sont en ruines ; des milliers de personnes ont fui à pied. Les survivants traumatisés ont tout perdu – leurs biens et leurs terres, leur famille, leur communauté. Certains ont des cicatrices à cause de la torture. La plupart ne retourneront jamais sur leur lieu de naissance.

    Je faisais partie de la délégation qui s’est rendue sur place en visite pastorale, et je suis rentré chez moi rempli de gratitude pour les mennonites de la RDC qui nous ont recus avec tant de générosité et d’amour malgré leurs souffrances.

    Dans un pays aux dificultés économiques et politiques écrasantes, les mennonites remplissent les lieux de culte avec des chants vibrants et un message d’espoir et de réconciliation. Nous avons vu des mennonites dans les villes de Kikwit et de Kinshasa s’occuper de personnes déplacées de n’importe quelle tribu dans un pays où il est courant de ne s’occuper que de ses propres parents ou des membre de sa propre tribu.

    Un groupe de survivants traumatisés a rencontré notre délégation à l’ Église Frères Mennonites Nouvelle Jerusalem à Kikwit. Les histoires d’agonie qu’ils m’ont racontées m’ont donné envie de voir l’accomplissement de la vision de Jean : « Lui sera le Dieu qui est avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus. » (Apocalypse 21).

    Les causes du chaos dans certaines parties de la RDC sont due à la lutte pour le contrôle des mines de diamants et d’or, aux rivalités entre tribus, aux rébellions politiques, aux interventions étrangères et aux activités criminelles. Les personnes fuyant les soulèvements doivent endurer des semaines voire des mois de danger en parcourant des centaines de kilomètres jusqu’à Kikwit ou d’autres villes. Les femmes accouchent pendant ce trajet dangereux vers la sécurité.

    Lors de notre visite, j’ai souvent pensé à Michael J. Sharp, un jeune mennonite de ma communauté d’origine aux États-Unis, qui a été assassiné dans la région du Kasaï l’an dernier lors d’une mission de paix des Nations Unies. La mort de Michael m’a touché profondément, moi et beaucoup d’autres personnes de la CMM. Que doivent sentirent nos frères et sœurs de la RDC qui subissent eux-mêmes d’innombrables pertes ?

    Le Mennonite Central Committee et d’autres organisations anabaptistes réagissent à la crise en RDC, et la CMM a aidé à coordonner la communication entre les différentes agences. Dans un projet appelé Opération Bon Samaritain, les mennonites de Kikwit qui ont peu d’argent pour apporter des secours ont ouvert leurs maisons pour accueillir des survivants qu’ils ne connaissent même pas.

    Nous avons rencontré un médecin congolais mennonite épuisé qui soigne des personnes déplacées à Kikwit et qui nous a raconté combien il était difficile ou impossible d’obtenir des médicaments de première nécessité.

    Il y a plus de 400 tribus en RDC, ce qui crée des tensions même chez certains anabaptistes. Mais l’amour pour tous que nous avons vu à Kikwit est un modèle pour l’église mondiale. Francisca Ibanda, de Kinshasa, représentante régionale de la CMM pour l’Afrique de l’Ouest, a déclaré : « Ce n’est pas un problème d’avoir des tribus, parce que dans le Christ, les tribus peuvent travailler ensemble. Nous pouvons aimer même les personnes qui sont de tribus censées être ennemies. »

    un communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale écrit par le président J. Nelson Kraybill

  • La Conférence Mennonite Mondiale tisse un réseau de relations au sein de la famille mennonite anabaptiste dans le monde entier via le site internet, les courriels, les réseaux sociaux, les publications et les contacts avec d’autres organisations. Voici quelques nouvelles pour rester en lien.

    Gerald Hildebrand

    • Les représentants régionaux sont le premier point de contact des églises nationales avec la CMM. Gerald Hildebrand, pasteur expérimenté et ancien directeur de département de la MB Mission, membre de l’église frère mennonite River East à Winnipeg, au Canada, est devenu représentant régional pour l’Amérique du Nord en avril 2018 lorsque Lynn Roth termina son mandat. « Nous sommes reconnaissant à Lynn pour son service de mise en contact de la CMM avec les églises d’Amérique du Nord depuis 2013 » exprime Arli Klassen, coordinateur des représentants régionaux. « Son réseau de contacts et ses compétences furent de grands atouts, en particulier durant la préparation de l’Assemblée réunie de Pennsylvanie 2015. »
    • Un nouveau livre édité par la Commission Mission, Le Peuple de Dieu en Mission : Un point de vue anabaptiste réunit différentes voix et expériences issues des divers contextes de la famille mondiale de la CMM. Plusieurs manuscrits ont été écrits dans les langues parlées par les membres de la CMM. Le Peuple de Dieu en Mission est sorti au Kenya lors des réunions du Conseil Général.
    • Les réunions triennales du Conseil Général de la CMM (délégués envoyés par chaque église membre d’un pays) se dérouleront du 23 au 26 avril 2018 à Nairobi (Kenya), précédées des réunions des comités et des réseaux de la CMM. En outre, les délégués et les mennonites locaux célébrèrent ‘Renouveau 2027 – Le Saint-Esprit nous transforme’ à Kisumu (Kenya), le 21 avril 2018. Nous vous en dirons plus sur ces réunions le mois prochain.

    Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale

  • En ce début de troisième millénaire, l’humanité fait face à de sérieux problèmes écologiques qui menacent la vie de l’homme et de toute la création. Les conséquences du réchauffement climatique sont perceptibles dans tous les pays du monde : la pollution de l’air et de l’eau, les fortes inondations et les grandes chaleurs, etc.

    En Afrique, principalement dans les pays au sud du Sahara, les populations sont exposées à de multiples maladies à cause de la dégradation de la création et des conditions de vie. Les autres créatures, telles que les poissons, les animaux, tant domestiques que sauvages, les oiseaux, les arbres et rivières, ne sont pas épargnées. Elles sont victimes de la cupidité et de la folie humaines. Or, de même que le Seigneur nous garde, nous devons garder la création de Dieu, en prenant soin de la terre et de ses habitants ; telle est la volonté du créateur.

    1. La Bible et la sauvegarde de la création

    La Bible n’est pas muette concernant la responsabilité de l’homme à l’égard de la création. Elle est riche de leçons dans ce domaine au point que plusieurs ont été amenés à considérer la parole de Dieu comme une sorte de livre d’écologie, un manuel qui aide les chrétiens à vivre correctement sur la terre, un manuel qui nous indique « comment vivre sur la terre pour n’être pas désorientés en arrivant au ciel » (Dewitt).

    1. Fondement vétérotestamentaire

    L’Ancien Testament contient plusieurs passages bibliques qui nous renseignent sur notre responsabilité à l’égard de la création. Toutefois, le passage le plus éloquent, est celui de Gn 2/15 « l’Éternel prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder ». Ce verset pose le fondement biblique de la protection de la création. Il souligne le mandat culturel de la mission de Dieu confiée à l’homme dans le jardin d’Eden. Ce double mandat missionnaire consiste à cultiver et garder. Parlons-en succinctement :

    Cultiver – àvàd

    C’est la main même du Créateur qui a façonné les merveilles photographiées par Esther Martens autour de chez elle, au Saskatchewan. Bien que la paroisse mennonite près d’elle ait fermée, elle reste en contact avec la famille anabaptiste mondiale. Photo : Esther Martens

    Étymologiquement, ce mot tire son origine de la racine àvàd qui signifie cultiver, servir, travailler. Dans tout l’Ancien Testament àvàd n’a que ces deux significations qui reviennent au même : honorer et glorifier Dieu.

    Dans le premier cas, il s’agit de rendre un culte à Dieu, d’accomplir certains services dans l’adoration. Le second a trait au travail manuel de l’homme pour subvenir à ses besoins ou pour le compte de leur maître, dans le cas des esclaves. C’est aussi un service que l’on rend aux rois (Ex 20/9, 30/16, Lv 25/39, Dt 28/23, Ps 128/2, 24/1-2, Ac 20/35, 1 Co 16/58, 2 Th 3/8–9,11).

    Dans cette perspective, l’homme n’est pas créé pour ne rien faire. Le travail est une nécessité de sa nature, qui ne peut se développer que par le moyen de l’activité. C’est le travail qui développe l’intelligence, l’ingéniosité, toutes les forces de l’énergie et de la volonté, aussi bien que celles du corps (Rochedieu). L’homme est d’abord appelé au travail, puisque c’est la condition sine qua none de tout développement. L’homme continue l’œuvre de Dieu par le travail. L’homme et la femme vit pour travailler, car Dieu veut qu’ils soient prospéres. L’apôtre Paul dit même que « celui qui ne travaille pas ne mange pas non plus » (2 Th 3/10).

    Il sied de souligner qu’au début, le travail manuel n’est ni une malédiction ni la conséquence du péché. Il est une institution divine. Le travail vient de Dieu, car, lui-même a travaillé et travaille encore.

    Le terme àvàd, compris comme service à rendre, renvoie aussi au culte que l’homme doit rendre à Dieu. Or le véritable culte consiste à se mettre au service des autres pour le bien (Es 58/6-7 ; Jc 1/27) ; cultiver signifie obéir à la volonté et aux prescriptions de Dieu. Rochedieu estime à ce sujet « qu’il y a dans ce cas une étroite analogie entre cultiver, culte et culture. Le bon usage de la mission conduit nécessairement au service à rendre à Dieu pour sa gloire et son honneur et pour le bien-être et l’intégrité de toutes les créatures, il demande à Dieu son pain tout en se mettant au travail pour l’obtenir » .

    Dieu a placé l’homme dans le jardin, non seulement pour le cultiver, mais aussi pour le garder.

    Jepara (Indonésie) est célèbre pour ses sculptures. Yanto Bengadi fait de nombreuses sculptures décoratives, principalement sur des thèmes floraux. « Je suis convaincu qu’il faut préserver la création de Dieu pour notre propre génération » dit-il. (Il est membre de l’église mennonite GITJ de Sukodono). Photo : Yanto Bengadi

    Garder – shamar

    Ce verbe signifie : garder, surveiller, veiller sur, protéger, conserver, retenir, conserver le souvenir, observer, remarquer, tenir. Ce verbe est utilisé 126 fois dans le pentateuque, 128 fois dans les prophètes et 165 fois dans les Écritures. Dans le passage de Gn 2/15, shamar prend le sens de surveiller, préserver, prendre soin.

    De ce point de vue, la tâche de l’homme consiste à garder le jardin contre un ennemi d’une toute autre nature, qui aspire à s’en rendre maître et qui ne tardera pas à apparaitre. Cette tâche d’Adam qui ne se rapportait qu’au jardin, laisse entrevoir celle de l’humanité à l’égard de la terre.

    Le mot garder shamar se réfère tant aux bergers qui veillent sur le troupeau (1 S 17/20) qu’au fermier qui prend soin du jardin comme dans Gn 1/28 et 2/15, « l’humanité a été responsabilisée » (Roop).

    « La mission confiée par Dieu ne s’accomplit pas dans l’exploitation et la destruction de la flore et de la faune, » ecrit professeur d’ethique Jochem Douma. « Bien au contraire, l’homme n’a pas seulement affaire à des ‘ choses’ qu’il peut manipuler et déformer selon son bon plaisir pour s’enrichir, il a reçu l’administration d’une fonction déterminée par Dieu. Il s’ensuit que l’homme doit se comporter avec les autres créatures en tenant compte des caractéristiques que Dieu a accordées à chacun. »

    En tant qu’administrateur de grands biens, l’homme ne saurait prétendre passer devant pour être le propriétaire. Le monde est une création de Dieu et non de l’homme. Il est seulement le gérant d’une création qui reste la propriété de Dieu. Elle doit être gérée selon les normes de la justice divine et non selon celles que l’homme forge dans son désir de puissance.

    De nos jours, la création connait une dégradation à grande échelle qui ne doit pas laisser indifférents ceux qui s’appellent disciples de Jésus-Christ, car la survie de l’humanité actuelle et celle des générations à venir en dépend.

    Quatre tableaux (acrylique) représentent la région de Waddenzee dans la partie nord des Pays-Bas; « L’une des dernières régions désertes et naturelles de ce pays surpeuplé », explique l’artiste AnnaMarjan Bosma, membre de Doopsgezind Gemeente Leeuwarden – assemblée mennonite de Leewarden (Pays-Bas). « C’est près de chez moi et c’est un endroit magnifique pour prier. Je sens que Dieu est très près de nous ». Photos : AnnaMarjan Bosma

    Fondement néotestamentaire

    Plusieurs passages du Nouveau Testament parlent de la dimension cosmique de l’Évangile. Nous n’examinerons cependant que les textes des épitres de Paul aux Colossiens (1/15-23) et aux Romains (8/18-22).

    Le passage Col 1/15-23 affirme clairement qu’en Christ, tout (panta en grec) subsiste, parce que « tout a été créé par et pour lui » . Il décrit le lien qui existe entre le Christ de la création et le Christ de la croix. Il est celui en qui toutes choses sont réconciliées et retrouvent l’harmonie. Paul déclare hardiment que les bénéficiaires de cette harmonie retrouvée ne sont pas seulement les hommes, mais toutes choses. Cela est un acquis présent et futur.

    Dans Rm 8/18-22, Paul écrit que toute la création souffre (les êtres humains et les autres créatures), et elle attend le jour de la rédemption des fils de Dieu. Cette souffrance vient de la rébellion de l’homme contre la loi de Dieu. Car Dieu a créé un jardin luxuriant, productif, sans mauvaises herbes, un lieu de pleine santé et de vie, mais le péché a amené la maladie, la mort, les épines et les chardons. L’homme doit travailler dur pour gagner son pain car la terre nourricière est maudite. En l’espace de deux siècles (depuis le début de l’ère industrielle), l’espèce humaine a mis en question les fondements de la vie.

    Nous devons essayer d’aimer tout le monde, mais surtout rapprocher chaque enfant de Jésus, car ils peuvent apporter un grand changement dans ce monde, même si nous ne faisons que d’y passer. Bryan Diaz est membre de l’assemblée Cruising for Jésus à Cali (Colombie). Photo : Bryan Diaz, Iglesia Cruising for Jesus, Cali, Colombia.

    La création souffre et soupire les douleurs de l’enfantement à cause de l’activité humaine : la destruction des espaces naturelles et l’urbanisation, l’extinction des espèces, la détérioration des sols, la transformation des ressources naturelles, les déchets et les produits dangereux, la pollution à grande échelle, l’altération de l’équilibre planétaire, la dégradation humaine et culturelle, le réchauffement climatique, l’insalubrité dans les grandes villes des pays en voie de développement etc. Ce sont de graves maux dont souffre la création.

    Or, le mandat que Dieu a confié à l’être humain consiste à cultiver et garder le jardin. Mais en réalité l’homme ne fait que cultiver et exploiter la terre sans se préoccuper du second volet du mandat culturel de garder le don de Dieu sachant que le vrai propriétaire du cosmos est Dieu qui a créé toutes choses pour sa gloire. Et s’il nous a donné les bienfaits de la création pour que nous en jouissions de manière responsable, nous devons veiller à ne pas porter atteinte à sa fécondité.

    En revanche, si nous agissons selon l’enseignement biblique à ce sujet, nous vivrons heureux et nous offrirons aux générations futures un avenir radieux.

    1. Les avantages de suivre l’enseignement biblique sur la sauvegarde de la création

    L’enseignement biblique sur la sauvegarde de la création a plusieurs avantages. Il nous permet de :

    • Bannir l’ignorance face à notre responsabilité par rapport à la protection de la création. Plus nous sommes renseignés sur les dégradations et les destructions infligées à la terre de notre Seigneur, plus nous sommes obligées de revoir notre responsabilité comme gérants et administrateurs de notre planète et de ses habitants. Nous comprenons que Dieu est le créateur de tout l’univers (Gn 1/1), qui lui rend un témoignage éloquent (Ps 19) ; toute la création appartient à Dieu (Dt 10/14 ; Ps 24/1 ; 1 Co 10/26) qui l’aime et en prend soin, donnant eau et nourriture à toutes les créatures Ps 104 ; Ac 14/17), comme il a donné aussi le Christ Jésus (Jn 3/16). Nous sommes assurés que le seigneur nous bénit et nous garde (Ps 104 ; Nb 6/24–26).
    • Accorder à nous-mêmes et au sol un repos sabbatique c’est-à-dire le temps du rétablissement et de la jouissance des fruits de la création de Dieu (Ex 20/23, Lv 25/26). Tout comme Dieu pourvoit aux besoins de ses créatures, nous devons le faire également, en leur permettant d’être fécondes et de se multiplier Gn 1/22 ; 28/17 ; 9/1–7), et ne pas ajouter ‘maison sur maison’ (Es 5/8).
    • Participer aux efforts consentis par les uns et les autres pour arrêter les dégradations rapides de la création qui menacent le monde. Car les conséquences de ces dégradations sont dramatiques tant pour l’espèce humaine que les autres espèces.
    • Ouvrer dans la perspective du développement durable, d’être appelés à travailler pour notre développement, sans compromettre celui des générations futures.

    La Iglesia Menonita Fuente de Vida de Jac√≥ (Costa Rica), propose des ateliers gratuits o√π les enfants et les adultes font de l’artisanat à partir de matériaux recyclés. « Grâce à ces ateliers, nous essayons de sensibiliser le public à la protection de l’environnement dans le cadre de notre responsabilité [de chrétien] », dit la pasteure Sandra Campos. Photos : Sandra Campos

    1. Les co√ªts de la sauvegarde de la création

    √Ä l’échelle planétaire, les gouvernements mondiaux sont divisés sur les questions liées à la protection de l’environnement. Les pays capitalistes et les pays les plus industrialisés du monde sont les plus grands pollueurs. Ils ne parlent pas le même langage quant à la question du réchauffement climatique, qui pourtant est une véritable menace pour l’avenir du monde. L’année passée (2017), les États-Unis, l’un des pays les plus industrialisés du monde, se sont retiré des accords de Paris sur le réchauffement climatique.

    Les États les plus industrialisés doivent mettre de côté leur égo, changer leur vision du monde pour espérer changer la face du monde. C’est à ce prix que les moyens financiers peuvent être mobilisés pour arrêter les dégradations de la création dont les conséquences sont globales. Chaque État doit être conscient des sérieux problèmes écologiques qui menacent l’existence de la création.

    En République Démocratique du Congo (RDC), la situation écologique est dramatique. En effet, depuis le génocide au Rwanda en 1994, l’est du pays a accueilli des milliers de réfugiés armés, qui ont saccagé la faune et la flore du pays. Les guerres successives ont contribué à la dégradation de l’environnement. Les parcs nationaux de Virunga et de Garamba sont devenus les repaires des groupes armés locaux et étrangers qui continuent à tuer les gorilles des montagnes, les okapis, les hippopotames, etc.

    Dans les villes comme Kinshasa, la situation environnementale est dramatique : Kinshasa, appelée autrefois ‘Kin la belle’ est qualifiée par les Kinois eux-mêmes de ‘Kin la poubelle’ (Nzuzi). L’insalubrité règne partout. Les bouteilles en plastiques sont jetées partout, dans les caniveaux, les ruisseaux et les rivières. L’érosion a déjà emporté certaines parties des quartiers de la ville.

    Cette insalubrité est à la base de maladies mortelles comme la typho√Øde, le paludisme, le choléra etc. Au moment o√π j’écrit, une épidémie de choléra sévit dans l’un des quartiers les plus défavorisés et peuplés de la ville de Kinshasa, le quartier Camp-Luka situé dans les communes de Ngaliema et Kintambo.

    Face à cette situation, l’État congolais en général et le gouvernement provincial de Kinshasa en particulier, sont impuissants. Selon le gouverneur de la ville, le gouvernement provincial n’a pas les moyens financiers et matériels d’assurer l’assainissement quotidien de la ville. Les efforts consentis par le gouvernement et les personnes de bonne volonté sont une goutte d’eau dans l’océan.

    Le co√ªt de la protection de la création exige à la fois des moyens financiers importants et le changement de mentalité des populations.Près du village de Wamba, à l’est de Kinshasa (République Démocratique du Congo), une ferme sert à pour financer un nouveau bâtiment pour la paroisse Frères mennonite du village. Ici, trois cultures – ma√Øs, manioc et arachide – poussent ensemble dans le même champ, mais sont récoltées à des périodes différents. Des femmes mennonites de Kinshasa passent deux semaines de temps en temps pour y travailler et rester avec d’autres chrétiens du village. Photo : J. Nelson Kraybill

    1. La contribution des églises mennonites à la protection de la création en République Démocratique du Congo.

    Les dégradations de la création en RDC sont étroitement liées aux cultures et aux besoins alimentaires et économiques des populations de chaque province. Par exemple, dans les régions du Kasa√Ø et du Sud-Ouest du Kwango, l’exploitation artisanale du diamant a complètement modifié la flore et l’hydrographie et certaines espèces animales sauvages ont complètement disparu.

    Dans un tel environnement, les efforts des responsables mennonites consistent à conscientiser les membres et les populations locales au changement de mentalité et de la perception du monde vis-à-vis de la création, à la lumière de l’enseignement biblique.

    Grâce au programme ‘Évangélisation et Santé communautaire’, les pasteurs et les membres des églises locales sont sensibilisés à travailler pour leur propre développement, mais aussi à la protection de la création et à la lutte contre l’insalubrité. Par exemple nous avons demandé à tous les pasteurs de Kinshasa d’assainir régulièrement la cour et l’environnement immédiat de leurs paroisses, de construire des installations hygiéniques dignes de ce nom et de planter des arbres dans la cour lorsque l’espace le permet. Après quelques visites effectuées dans différentes paroisses, ce travail est déjà efficace.

    En outre, les jeunes mennonites s’associent à d’autres jeunes pour lutter contre l’insalubrité et les érosions de Kinshasa. Ce travail se fait avec les moyens du bord : sacs, bèches etc. Les années passées, grâce aux efforts de nos jeunes, les paroisses de Lonzo dans le quartier Camp-Luka, la commune de Ngaliema et la paroisse Mfila situées dans le quartier Delvaux de la même commune ont pu être sauvées des gigantesques érosions qui les menaçaient de disparition.

    Conclusion

    « Cette photo me rappelle le Psaume 46:11 : ‘Arrêtez [cessez-immobilisez-vous], et reconnaissez que je suis Dieu’ », dit Shena Yoder, membre de la First Mennonite Church à Middlebury, (Indiana, États-Unis), originaire des Philippines. Elle aime prendre des photos de plantes qui sont généralement négligées. Photo : Shena Yoder

    Dans le contexte de la RDC, les églises chrétiennes en générale et les mennonites en particulier, ont une lourde responsabilité par rapport à la protection de la création. Les responsables chrétiens et les fidèles des églises locales doivent être davantage enseignées sur le thème de la sauvegarde de la création. Ils doivent aussi mener des actions concrètes allant dans le sens de sa protection. Les responsables ecclésiastiques doivent jouer leur rôle prophétique en interpellant les dirigeants politiques concernant les dégradations de l’environnement.

    Le contexte de nos frères et sœurs du Nord est différent de celui du Sud. Toutefois, la lutte contre les dégradations de la création est une affaire commune. Car ses conséquences sont, non seulement locales, mais mondiales. C’est pourquoi, les expériences des frères du Nord peuvent servir aux frères du Sud qui sont les plus exposés aux méfaits de la détérioration de la création de Dieu.

    Historiquement, les mennonites sont attachés au travail de la terre (cultiver et garder) ; les expériences des uns et des autres dans ce domaine peuvent renforcer nos liens de fraternité et de partage. Je souhaite qu’une commission dénommée ‘Développement et Sauvegarde de la Création’ soit créée au sein de la CMM pour mettre à jamais notre empreinte en tant que communauté de foi attachée aux enseignements du Christ.

    ‚ÄîKukedikila Ndunzi Muller est représentant provincial de la Communauté des Églises des Frères Mennonites à Kinshasa, enseignant au Centre Universitaire de Missiologie (Kinshasa), et doctorant en développement holistique.

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2018 de Courier/Correo/Courrier.

    Bibliographie sommaire

    Dewitt, C.B., L’environnement et le chrétien (Quebec :Ed. la clairière). 1995

    Douma, J., Bible et écologie (France : kerygma). 1991

    RocheDieu, C., Les trésors de la Genèse (Geneve : Emma√ºs)

    Roop, E.,F, Genesis, Believers church Bible commentary (Scottdale : Herald Press) 1987

    Nzuzi, Lelo Kinshasa, ville et environnement (paris: harmattan). 2009

    Katalamu, Mobi ’ protection durable de l’environnement’ (Kinshasa : CUM). 2016

    Harimenshi, P.,B., ’ Mission et écologie’ (Kinshasa : CUM). 2002

  • Le témoignage de la représentante régionale Cynthia Peacock

    Les limites, les barrières, les obstacles mais aussi les ponts et l’émancipation sont des choses très concrètes pour moi. Au fil des années, j’ai appris à faire face aux difficultés et à grandir dans la foi et dans l’esprit.

    La communauté chrétienne indienne a joué un rôle important en offrant aux femmes la possibilité de s’instruire et de se libérer de la croyance que les femmes n’ont pas leur propre identité.

    Mais les églises anabaptistes ont beaucoup de travail à faire pour aider les hommes et les femmes à travailler conjointement à étendre le Royaume de Dieu parmi tous les peuples, en utilisant tout leur potentiel pour contribuer à la société, à la famille et à l’église.

    Au cours des neuf dernières années, j’ai travaillé avec la CMM, d’abord à la Commission Diacres et maintenant en tant que représentante régionale. Je parle de la CMM partout pour que toutes nos églises, surtout celles des régions éloignées qui se sentent souvent abandonnées et seules, sachent qu’elles font partie d’un organisme mondial qui se soucie d’elles, prie pour elles et les aime.

    Ce rôle m’amène à travailler avec des responsables hommes. Ce fut tout un parcours semé d’embuches que de réussir à les convaincre que je ne suis pas une menace mais une sœur en Christ.

    Construire une relation de confiance requiert du temps, des efforts et de la patience afin de surmonter les obstacles. Dans certains cas, j’ai l’impression d’avoir échoué, mais je continue de chercher des occasions de dialoguer. Je garde la foi et j’espère voir un changement.

    Durant les 38 ans durant lesquels j’ai servit avec le MCC, je me suis investie dans les églises anabaptistes et j’ai pu interagir avec des femmes qui luttent pour pouvoir mettre leurs dons et leurs talents au service de l’église.

    Quelques femmes courageuses ont créé la Conférence des femmes mennonites de l’Inde au début des années 1970. Nous sommes aussi entrain de mettre en place le réseau Theologically Trained Anabaptist Women of India (femmes anabaptistes théologiennes de l’Inde) pour les femmes formées qui ne sont pas assez appréciées dans leurs églises.

    Nous persévérons – malgré les obstacles à l’obtention d’un soutien moral et financier – et confions qu’un jour notre travail portera ses fruits.

    J’ai vu les femmes de Tollygunge Christian Fellowship, ma propre paroisse, être porteuses du changement.

    Les femmes dans cette église ont eu un impact spirituel et social tout en grandissant dans leur compréhension de comment servir en tant que femme. Ce fut une femme qui commença l’école du dimanche avec une poignée d’enfants; aujourd’hui plus de 100 enfants y assistent. Les femmes ont commencé à prêcher la Parole dans une culture encore très dominée par les hommes. Les femmes président le culte et toutes les grandes décisions de l’église sont prises avec les femmes.

    Finalement, je partage ma propre histoire. Mon mariage a commencé à s’effondrer seulement 10 jours après la cérémonie. Ê cause de l’enseignement de ma pieuse mère qui dit que les promesses faites à l’église entre mari et femme doivent être honorées, je me suis humblement soumise durant cinq longues années d’abus.

    Une nuit, alors que je frôlais la mort et celle de mes enfants, j’ai fais fi de toute la supposée condamnation et je suis parti avec seulement un vêtement de rechange et du lait pour mon fils et ma fille sur le point de naître.

    Après de nombreuses difficultés, grâce au soutien de ma famille proche et des gens du MCC qui m’ont soutenue sans me juger, j’ai commencé à reprendre des forces et à comprendre ce que signifie être chrétien et aller de l’avant. Ils m’ont appris à surmonter les obstacles et à construire des ponts d’amour et de compréhension. J’ai pu croître et devenir forte et tenace, mais aussi patiente lorsque j’utilise mes dons.

    J’ai été capable de surmonter la peur, la timidité et le manque d’estime de soi. J’ai raconté mon histoire sans peine quand on me l’a demandé, mais avec précaution car je ne voulais pas compromettre mon travail avec les églises. « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5) et « Je peux tout en celui qui me rend fort » (Philippiens 4,13) sont ancrés en moi alors que je fais face à des obstacles.

    Merci à Dieu et à tous ceux qui m’ont donné du courage, du soutien, des conseils, qui m’ont inspirée et qui m’ont soutenue dans les moments les plus sombres. J’ai maintenant la responsabilité de faire de même à chaque fois que je le peux.

    —Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale par Cynthia Peacock


    Ê la 16ème Assemblée réunie à Harrisburg, Pennsylvanie, États-Unis, les représentants de l’organisation Anne Zernike Fund, qui soutient les femmes étudiantes en théologie ont rendu hommage à Cynthia Peacock pour son service précurseur. Cynthia Peacock a été « une source d’inspiration pour beaucoup de gens », ont-ils déclaré sur leur site internet. Cliquez ici pour lire cette histoire.