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  • Est-il possible de gagner sa ‘vie’ sans ‘tuer’ l’environnement ?

    Dans un pays où des milliers de personnes meurent chaque année des effets dévastateurs des super typhons, c’est une question majeure. Des vies ont été perdues et des infrastructures valant des milliards endommagées à cause des inondations et des glissements de terrain causés par la dénudation des forêts, l’envasement des rivières, l’accumulation excessive des ordures et les extractions industrielles hasardeuses.

    En ce moment même, la couverture forestière des Philippines perd chaque année 262 500 hectares. Dans ce pays, les pratiques agricoles se limitent pour l’essentiel à la monoculture : l’abattage des arbres pour des cultures commerciales fortement tributaires d’engrais et de pesticides. On connait les dégâts sur l’environnement mais, « Existe-t-il une alternative ? »

    C’est une des questions souvent posées à Peacebuilders Community Inc. (PBCI) par la plupart des communautés avec lesquelles elle travaille. Dann et Joji Pantoja ont fondé PBCI dans le cadre de leur travail avec Mennonite Church Witness, en 2006 à Mindanao, dans le sud des Philippines, région confrontée à des conflits armés depuis des décennies. Face à la corruption, la répartition inégale des richesses, la discrimination et les injustices datant de la colonisation et se poursuivant jusqu’à ce jour, se sont formés des groupes armés indépendants.

    Lorsque BCI collabore avec les communautés, elles lui demandent : « Comment parler de paix quand on a faim ?». Ainsi, il faut chercher des solutions pour répondre aux besoins économiques de la population et, en même temps, prendre soin de l’environnement conformément à la définition biblique de la paix :

    • Harmonie avec le Créateur – transformation spirituelle
    • Harmonie avec l’être – transformation psychosociale
    • Harmonie avec les autres – transformation sociopolitique
    • Harmonie avec la création – transformation économico-écologique.

    L’une des solutions qui a émergé est la production de café. PBCI a remarqué que les chrétiens, les musulmans et les Lumads (peuples autochtones de Mindanao) offrent tous du café à leurs visiteurs. Le café est devenu un symbole de la paix parce que ces trois groupes, habituellement en total désaccord, partagent cette pratique. C’est ainsi que ‘Coffee for Peace Inc.’ a été créé en 2008.

    En outre, le café pousse mieux dans un contexte écologique équilibré car il est très sensible à son environnement. Le café encourage aussi le reboisement et les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.

    En utilisant les principes du commerce équitable, PBCI forme les cultivateurs à la paix et à la réconciliation, à la production et la transformation du café, au commerce équitable et à l’entrepreneuriat social.

    Au centre des Philippines, la communauté des Assemblées de Dieu Immanuel (ICACG) à Pres. Roxas Capiz, a subi la colère du typhon Haiyan en 2013. Les gens ont perdu leur source de revenus et leurs maisons ont été terriblement endommagées. Ils ont dû relancer leur économie et en même temps développer leurs propres capacités à pouvoir intervenir immédiatement quand une catastrophe se produit. Ils ont également dû remédier à la dénudation de leurs collines où pousse principalement du maïs.

    En février 2017, l’ICACG a invité PBCI à les former. En décembre, ils déjà avaient reboisé les collines avec 5 000 caféiers qui devraient porter leurs fruits en 2020. Pour répondre à leurs propres besoins, ils ont intercalé divers légumes dans les plantations de café sans utiliser d’engrais et de pesticides. Au cours des cinq prochaines années, l’ICACG va reboiser 25 hectares de plus avec 25 000 caféiers. Ils ont été invités par quatre barangays (villages) voisins qui ont les mêmes problèmes de pauvreté et de déforestation intensive, pour leur enseigner les principes de la culture biologique et les aspects de la paix et de la réconciliation.

    Ces communautés sont des témoignages vivants montrant que nous ne devons pas ‘tuer’ notre environnement pour ‘vivre’. Nous pouvons vivre en harmonie avec la création tout comme le Créateur nous a commandé de le faire.

    —Twinkle A. Bautista est missionnaire pour la paix et la réconciliation à Kalinga (Philippines), où elle travaille avec Peacebuilders Community Inc., une organisation anabaptiste.

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2018 de Courier/Correo/Courrier.

  • « L’avion ! L’avion ! » C’est comme cela que commençait un programme télévisé que je regardais quand j’étais enfant à Bogota. Il s’agissait d’une île où quiconque y arrivait pouvait réaliser tous les vœux qu’il désirait. « L’Isle de la Fantaisie », c’était son titre.

    Il est tout à fait possible de vivre sur l’île de la fantaisie aujourd’hui, d’espérer que tous nos désirs matériels s’accomplissent. De nombreuses publicités à la télé disent : « Vous aimeriez avoir ceci ou cela ? Alors tout ce que vous avez à faire c’est… » Les stratégies de marketing, les réseaux sociaux, les médias et même les églises plantent en nous des désirs déguisés en besoins qui n’existaient pas auparavant.

    Notre vie de consommation est importante pour Dieu. Notre mode de vie – et ce que nous consommons – porte toujours un message. Jésus lui-même nous met en garde contre les risques que nous courons en ce qui concerne les choses matérielles. Les posséder – ou ne pas les posséder – peut produire un empressement et de l’anxiété et peut même conduire à déplacer Dieu. Comme il est difficile de faire la distinction entre les besoins réels, les envies et le superflu !

    Dans notre tradition anabaptiste, nous croyons que la façon dont nous gérons l’argent et ce que nous consommons est profondément spirituelle. C’est pourquoi le concept de « simplicité » s’est développé très tôt dans nos communautés. « Vivre simplement » suppose un mode de vie opposé à ce que nos sociétés enseignent la plupart du temps. L’une des personnes qui m’a profondément marqué était membre de nos églises du Canada. En tant que propriétaire d’une grande entreprise, il avait décidé de limiter son salaire de patron et de faire don des bénéfices supplémentaires de sa société à des projets d’églises. Sa vie était un exemple concret de rejet de l’accumulation matérielle et de choix de la simplicité !

    Cependant, j’ai également rencontré dans nos églises des gens qui ont une mauvaise compréhension de ce qu’est la « simplicité ». Vivre simplement est parfois assimilé avec la pauvreté. Cependant, tous les pauvres ne mènent pas une vie simple et donc les pauvres aussi doivent faire ce choix de mode de vie. Il différent de vivre dans la simplicité parce que l’on a décidé de vivre ainsi et de vivre de la sorte parce qu’il n’y a pas d’autre choix.

    Vivre simplement peut parfois être parfois confondu avec le manque de propreté et d’ordre. Vouloir paraître simple mène parfois à la négligence personnelle, à la saleté, au désordre et au mauvais goût. Cependant, vouloir apparaitre simple ne conduit pas nécessairement à faire des économies. Comme c’est spécial de rencontrer des personnes qui pratiquent un style de vie simple qui attire par son sens esthétique, par son ordre et sa propreté !

    Un vie de simplicité englobe beaucoup de choses. Cela a à voir avec notre gestion du temps et notre utilisation de l’argent. Elle nous enseigne que, effectivement, le moins peut le plus. La pratique d’une vie simple affecte nos priorités, le recours aux prêts, le but de l’épargne, la façon dont nous gérons notre travail et les temps de repos. Elle nous invite à la générosité et à réévaluer l’idée de « posséder ». La vie simple a trait à la protection de l’environnement, qui à son tour est liée au développement durable, au commerce équitable, à l’agriculture biologique et au recyclage, entre autres choses.

    Dans ce numéro de Courrier, nous avons voulu nous pencher sur ce dernier aspect : La protection de l’environnement. Au cours des derniers mois, beaucoup de nos églises ont souffert dû à des catastrophes naturelles. Sans aucun doute, ce que nous faisons pour satisfaire nos désirs

    consuméristes finit par affecter négativement des sociétés entières dans d’autres parties du monde et les membres de notre propre famille spirituelle qui y habitent.

    C’est l’une des raisons pour lesquelles nous devons nous rappeler que le contraire d’une vie simple c’est l’individualisme, l’égocentrisme et le consumérisme. Tous ces ‘-ismes’ renforcent l’idée que nous sommes la chose la plus importante sur terre, nous éloignant de Jésus et de son message de compassion ; un message qui nous invite à nous centrer sur les autres ; une compassion qui s’étend et englobe toute la création.

    Vivre dans la simplicité et avec compassion ne devrait pas faire l’objet d’une loi. Jésus ne nous appelle pas à établir une liste universelle de ce qu’il faudrait porter, dépenser ou consommer. Ce n’est pas pareil de vivre simplement à la campagne qu’à la ville, ce n’est pas la même chose de vivre simplement dans le Monde Majoritaire que dans le Monde Minoritaire. Nous devons prendre ces décisions selon chaque contexte. Il appartient à chaque église, dans son environnement, de discerner et de décider, en s’appuyant sur le Saint-Esprit et en dialogue avec les autres communautés de foi, ce que signifie pratiquer une vie simple dans son contexte particulier. Ma prière est que ce numéro de Courrier puisse servir à ce que nous continuions de croître dans cet effort.

    —César García, secrétaire général de la CMM, travaille au siège social de Bogotá (Colombie)

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2018 de Courier/Correo/Courrier.

  • Bogota, Colombie – Nous sommes reconnaissants pour le flux constant des contributions à la CMM, qu’elles viennent de nos églises membres, des paroisses ou des personnes. Nous sommes un peu surpris que cette année, les dons soient moins importants que d’habitude, ce qui fait qu’à la fin août nous sommes en retard sur notre budget. Les contributions des personnes et des assemblées locales sont celles qui sont les plus faibles par rapport aux autres années. Il est difficile pour nous d’anticiper combien nous recevrons, quand tant de dons sont faits en décembre.

    Pensez maintenant à la manière dont vous pourriez continuer à soutenir le ministère et la présence de la CMM, surtout entre les rassemblements mondiaux.

    Voir www.mwc-cmm.org/faireundon

    —Len Rempel, responsable des opérations


    Contributions reçues en pourcentage du budget au 31 août 2016

    Budget total 2016

    663 451 USD
     
    Contributions reçues
    256 740 USD
    39 %

    Dons moyens mensuels

    Janvier – août 52 %

    Septembre – novembre 22 %

    Décembre 26 %
  • Les premiers anabaptistes à Augsbourg, en Allemagne, se réunissaient dans la grande maison blanche (à gauche sur cette image) au péril de leur vie. L’historien mennonite allemand, théologien et militant pour la paix, Wolfgang Krauss raconte cette histoire aux anabaptistes contemporains qui suivirent la visite guidée des sites historiques d’Augsbourg lors des réunions du Comité Exécutif de la Conférence Mennonite Mondiale en février 2017.

    Le dimanche de Pâques de 1528, 100 anabaptistes se réunirent en secret dans cette maison pour célébrer la résurrection de Jésus. Certains s’échappèrent lorsqu’ils apprirent que les autorités les surveillaient, mais 88 personnes restèrent. La police lança l’assaut sur le bâtiment et arrêta tous les participants du culte, mains et poings liés. Les autorités expulsèrent ceux qui ne venaient pas d’Augsbourg et firent fouetter les Augsbourgeois. Ils en torturèrent certains, et exécutèrent le chef du groupe qui refusait d’abjurer.

    « Heureusement, les anabaptistes ne sont plus persécutés aujourd’hui », commenta un des visiteurs – ce qui provoqua la réponse immédiate d’un homme originaire d’un autre continent : « Bien sûr que si, nous le sommes toujours ! »

    La conversation se tourna alors vers les choix difficiles que les anabaptistes doivent faire aujourd’hui pour suivre Jésus dans des pays où les chrétiens sont une minorité méprisée ou marginalisée.

    J. Nelson Kraybill, président de la CMM.

  • Bogotá, Colombie – Tout au long de l’histoire de l’église chrétienne, les disciples de Jésus ont été transformés et renouvelés par la présence vivante du Saint-Esprit. Nous persévérons et gardons espoir face à des problèmes accablants.

    Aujourd’hui, les églises du Sud sont particulièrement attentives à la présence et à la puissance du Saint-Esprit. Les représentants régionaux de la Conférence mondiale mennonite d’Afrique ont préparé ces documents pour le culte du Dimanche de la Fraternité Mondiale de 2018.

    Le Dimanche de la Fraternité Mondiale (CMM) est l’occasion d’aider les membres de votre assemblée à prendre conscience de ce que signifie appartenir à une communauté spirituelle anabaptiste mondiale. C’est notre culte d’adoration annuel en esprit avec nos frères et sœurs anabaptistes du monde entier.

    « Ce jour-là, nous célébrons qu’en Christ et par le pouvoir de son Esprit, les barrières culturelles et les nationalismes qui jadis nous séparaient, ont étés vaincus par la croix, » dit le secrétaire général de la CMM, César García.

    Les prières, les chants, l’exégèse biblique, les témoignages personnels et les suggestions ‘culturelles’ inclus nous invitent à célébrer le culte dans le style des églises africaines anabaptistes d’aujourd’hui.

    « Le DFM est un jour spécial pour démontrer que nous incarnons une vie nouvelle et une société nouvelle dans laquelle nous nous soutenons mutuellement, nous aidons ceux qui souffrent, nous sommes au service de ce monde, et nous dépendons les uns des autres pour apprendre mutuellement ce que signifie suivre Jésus, » affirme García.

    Téléchargez ces documents et célébrez le Dimanche de la Fraternité Mondiale dans votre assemblée locale avec la famille anabaptiste mondiale en janvier (ou à un autre moment convenant mieux pour votre paroisse). Voir sur mwc-cmm.org/dimanchefraternitemondiale pour télécharger le matériel pour le culte, les images et les vidéos.

    La CMM invite les Églises membres à désigner une offrande spéciale au mouvement de l’Église anabaptiste mondiale le Dimanche de la Fraternité Mondiale. Une façon d’imaginer cette offrande serait d’inviter chaque membre de l’assemblée à contribuer avec un montant équivalent à un déjeuner/dîner dans leur propre communauté? afin d’appuyer les réseaux et les ressources de notre famille mondiale d’Églises anabaptistes. 

    Envoyez des photos et des témoignages de votre célébration à photos@mwc-cmm.org.

    —Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale

  • La redécouverte de l’Écriture était tout autant une des racines de la Réforme qu’un de ses fruits ; c’est le mouvement dont est issu l’anabaptisme. Bien sûr, la Bible n’avait pas été perdue, mais elle n’était pas accessible au citoyen ordinaire. Et peu de personnes se considérant comme chrétiennes avaient la conviction que la Bible avait quelque chose à voir avec la façon dont elles vivaient. Les anabaptistes se caractérisent par l’attention qu’ils portent à l’Écriture, à tel point qu’ils ont été surnommés le ‘peuple du Livre’.

    La Conférence Mennonite Mondiale nous appelle à prendre en compte l’anniversaire des 500 ans du début du mouvement qui a donné naissance à l’anabaptisme, et nous a exhorté à examiner l’Écriture pour nous guider dans la vie quotidienne. Il est bon de célébrer la Réforme, mais aussi de reconnaître qu’il y a eu beaucoup de scissions, ce qui est à déplorer. Avec ‘Renouveau 2027’, la CMM commémore cet anniversaire sur une durée de 10 ans.

    La première rencontre de ‘Renouveau 2027’ a eu lieu en février 2017 : ‘Transformés par la Parole : lire la Bible dans une perspective anabaptiste’.

    Ce numéro de Courier reproduit les présentations de la première des dix rencontres annuelles marquant la naissance du mouvement anabaptiste.

    Comment lisons-nous l’Écriture aujourd’hui, 500 ans après la Réforme Radicale ? Nous la lisons peut-être sur notre portable plutôt que sur une page imprimée. Nous avons peut-être plusieurs choix de traductions dans notre propre langue. Certaines choses ont changé, mais les textes restent les mêmes.

    Notre conviction qu’elle est la Parole de Dieu n’est pas ébranlée. Cependant, nos connaissances sur la manière dont elle a été écrite s’est approfondie et donc aussi la manière de la lire.

    Dans ce numéro, Antonio Fernandez Gonzalez, de la Commission Paix, rappelle aux anabaptistes l’incontournable clé d’interprétation : c’est Jésus-Christ, lui-même Parole de Dieu. Dieu incarné. La simplicité de sa rédaction peut nous inciter à tirer des conclusions hâtives, mais Antonio nous encourage à garder à l’esprit que Jésus est le guide. Dieu a inspiré la Bible, mais la Bible n’est pas Dieu.

    Valérie Rempel, de la Commission Foi et Vie, exhorte les anabaptistes à aborder la Bible avec le zèle radical de ces premiers réformateurs que nous admirons. Mais elle nous appelle à le faire en pleine connaissance du monde dans lequel nous vivons. Elle nous invite à vivre notre foi avec le désir de rencontrer d’autres croyants – qui ont parfois une perspective différente de la nôtre – pour explorer, étudier, apprendre les uns des autres, répandre l’amour en servant les autres.

    Dans la partie ‘Perspectives’, les membres du Comité des YABs (Jeunes Anabaptistes) explorent la Parole elle-même. Ces jeunes responsables représentant cinq régions continentales interprètent l’appel missionnaire de Jésus en fonction de leur contexte.

    L’Argentine – premier pays où sont venus des missionnaires anabaptistes en Amérique latine – fête les 100 ans de leur arrivée en 2017. Le responsable d’églises, Mario Snyder, décrit l’histoire de la Iglesia Evangélica Menonita en Argentine dans ‘Profil d’un pays’.

    L’universitaire américaine Phyllis Tickle affirme que tous les 500 ans le christianisme connaît un changement majeur. La Réforme a initié une focalisation sur l’Écriture qui dure depuis 500 ans. Le temps est peut-être venu d’amorcer un nouveau changement ? Certains suggèrent de nous focaliser sur le Saint-Esprit dans les 500 prochaines années. Suivez la rencontre ‘Renouveau 2027’ au Kenya en 2018, où les intervenants aborderont le thème : ‘Le Saint-Esprit nous transforme’.

    —Karla Braun est rédactrice en chef de COURRIER et écrivaine pour la Conférence Mennonite Mondiale. Elle vit à Winnipeg (Canada).

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro octobre 2017 de Courier/Correo/Courrier.

  • En Europe, l’avenir peut sembler un peu sombre. La crise économique, le manque de vision politique et la situation religieuse laissent peu de place à l’espoir. La sécularisation semble avoir prévalu dans les églises, et certains anticipent un avenir où l’islam serait la religion majoritaire en Europe. Parler de l’avenir de l’interprétation biblique peut sembler illusoire.

    On pourrait penser que tout a déjà été dit sur les différentes manières dont on peut interpréter l’Écriture. En outre, la sécularisation tend à considérer la Bible comme négligeable, utile uniquement pour connaître des pratiques religieuses dépassées.

    Ce déclin de l’autorité de l’Écriture n’est pas seulement le fruit de la sécularisation. La dynamique de l’interprétation biblique traditionnelle a contribué à ce processus. Dans la perspective catholique classique, le texte biblique est la base de la construction du dogme par les autorités de l’Église. Au cours des siècles, de nouvelles connaissances ont été ajoutées et elles ont fait autorité à côté du texte original.

    Dans la perspective protestante libérale, le texte biblique ne fait pas autorité, mais il est soumis à la critique historique. Ce sont les constructions culturelles et théoriques qui jugent le texte qui font autorité. Au fil du temps, la pertinence contemporaine déplace le texte [de sa position d’autorité] et, par là même, l’invalide.

    Dans ce contexte, la solution ‘fondamentaliste’ n’offre pas beaucoup d’espoir pour l’avenir. Elle semble exiger un type de sacrifice intellectuel, où les ‘vrais’ croyants doivent rompre avec les connaissances scientifiques. L’alternative fondamentaliste ignore son propre processus d’interprétation biblique. Elle confond la conception de la rédemption d’Anselme, la notion arminienne de la grâce, l’opposition à Darwin du XIXe siècle, ou les spéculations modernes concernant le millénium avec des doctrines qui ont toujours existé dans l’Écriture, indépendamment du contexte dans lequel elles ont été conçues.

    Bien sûr, certaines personnes préfèrent les interprétations proposées par les autorités religieuses plutôt que d’exercer leur responsabilité dans le processus d’interprétation. D’autres, désillusionnés par les abus religieux, rejettent l’autoritarisme, se réconcilient avec la culture dominante, mieux considérée que l’Écriture. Et, il y aura toujours un courant [une ‘niche’] fondamentaliste, car la nature humaine tend à confondre les doctrines humaines temporaires avec ce qu’on voudrait que le texte biblique dise une fois pour toutes.

    Cependant, les ‘niches’ sont exactement cela : des trous creusés dans les murs ou les tombeaux. Ce ne sont pas des endroits où l’interprétation biblique peut ouvrir de nouveaux chemins pour l’avenir…

    Où chercher conseil ? Je pense que certaines des manières dont, à l’origine, les anabaptistes abordaient l’Écriture pourraient constituer des méthodes méritant d’être explorées. Nous pouvons le faire comme si c’étaient de nouvelles méthodes, car bien que souvent recommandées, elles ont rarement été employées.

    Autorité de la Parole

    Il serait bon de nous souvenir que, pour les anabaptistes, l’autorité en matière d’interprétation n’est pas d’abord l’autorité ecclésiale ou celle d’un ‘pape en papier’, comme l’a dit Karl Barth. L’autorité vient de la Parole : la Parole faite chair, Jésus lui-même, le Messie. L’interprétation biblique ne présuppose pas une sorte d’acceptation aveugle, ni une acceptation purement culturelle ou pseudo-scientifique, mais l’autorité de certains textes. L’interprétation biblique présuppose une rencontre entre le croyant et son Seigneur, et la confession que ce Seigneur est Jésus.

    Ceci révèle que le caractère premier de l’Écriture est relatif : l’Écriture est relative au Seigneur Jésus, et non le Seigneur relatif à l’Écriture.

    C’est ce que disaient les premiers anabaptistes au XVIe siècle : l’Écriture est l’outre, pas le vin lui-même. Si l’Écriture n’est pas le vin, elle n’est pas un manuel doctrinal intemporel, et ne doit être remplacée par une autre doctrine intemporelle. Au contraire, toute doctrine exposée dans l’Écriture est en fait une référence au Seigneur, qui est la Parole par excellence, l’autorité qui confère à l’Écriture le caractère de Parole.

    La référence de la Parole

    La référence ou la relativité de l’Écriture concernant le Christ Jésus implique aussi un autre élément essentiel pour l’herméneutique de l’avenir : on peut l’appeler historico-pratique. La rencontre avec le Seigneur ressuscité et la reconnaissance de son autorité montrent que le rôle de l’Écriture est de nous permettre de suivre ce Seigneur. « Vous ne pouvez pas connaître le Seigneur si vous ne le suivez pas dans votre vie », disent les anabaptistes. Avant d’être un livre théologique, l’Écriture est un manuel d’instructions pour suivre le Seigneur. Il ne s’agit pas de nier les dimensions doctrinales ou de vision du monde, mais de reconnaître que ces dimensions sont toujours en relation avec Jésus. Et ceci est un processus pratique, situé historiquement, dans lequel prennent place toutes les interprétations.

    Bien sûr, identifier le caractère pratique de toute interprétation demande l’humilité qui conduit à l’unité du corps du Christ. Lorsque nous suivons Jésus, nos interprétations sont liées à un contexte spécifique. Et ce contexte comporte toujours plusieurs couches de significations. Les textes prennent toujours leur sens par rapport au contexte, que ce soit celui de l’église locale, le contexte culturel plus large ou celui de l’histoire. Reconnaître ce lien contextuel ne signifie pas ignorer les éléments spirituels présents dans le processus d’interprétation. C’est simplement reconnaître que l’Esprit, en nous guidant vers la Vérité, utilise des moyens historiques, par des personnes, des contextes et des situations concrètes. S’il n’en était pas ainsi, nous n’aurions pas besoin de l’Esprit Saint : il suffirait d’avoir un manuel doctrinal éternel, valable pour tous les temps.

    L’Esprit et la Parole

    Bien sûr, l’interprétation biblique est inévitablement un processus spirituel. On l’oublie facilement lorsqu’on confond l’Écriture avec un système doctrinal, ou lorsqu’on l’évalue à partir de doctrines plus ‘modernes’.

    L’Esprit souffle où il veut. Bien sûr, cette liberté ‘spirituelle’ est la même que celle avec laquelle Jésus, Paul et Jean lisaient l’Ancien Testament. Loin de chercher un sens définitif, appartenant au passé, le Saint-Esprit ouvre de nouvelles voies selon nos nouveaux et différents contextes, et transforme le texte mort en une Parole vivante.

    Le processus d’interprétation

    Cela signifie donc que le processus d’interprétation est toujours un processus ouvert. Même dans la perspective catholique, favorable à des interprétations ‘définitives’, celles-ci ont été soumises à un processus de révision nécessaire tout au long de l’histoire. Et même la perspective fondamentaliste qui identifie l’Écriture à des doctrines immuables, il est impossible d’éviter la révision ou l’enrichissement d’interprétations passées. Tout cela signifie donc qu’aucune interprétation ne peut prétendre être définitive.

    ‘Demain, nous y verrons plus clair’, disaient les premiers anabaptistes. Et précisément pour cette raison, il n’est pas possible d’enterrer les Écritures sous une accumulation continue de nouvelles couches de sédiments interprétatifs. √ätre ouvert à toute interprétation relativise les interprétations du passé, puisqu’aucune n’est définitive. Et cette relativité permet une transparence de toute expérience historique, si importante soit-elle, par rapport à un événement original. Cependant, cet événement original ne constitue pas la composition et la compilation des textes formant l’Écriture. L’événement original est le Christ lui-même, la Parole authentique et définitive de Dieu.

    Le critère absolu

    Pour cette raison, l’ouverture du processus d’interprétation ne conduit pas au chaos. Toute interprétation biblique a un critère ‘absolu’ pour le croyant : Jésus lui-même est la Parole définitive de Dieu. L’interprétation biblique ne peut se réduire à une interprétation personnelle. C’est ce même Seigneur que [de tous temps] les croyants ont rencontré. C’est ce même esprit qui guide leur interprétation.

    Le processus d’interprétation biblique est donc un processus communautaire, comme l’ont bien compris les anabaptistes. Il ne peut être délégué à une autorité définitive, ou à des théologiens officiels payés par l’Église du pays ou par l’État (ou à internet !).

    L’idéal communautaire

    Devant toutes ces perspectives, l’idéal anabaptiste d’une interprétation communautaire présente une grande pertinence pour l’avenir. Elle considère que c’est l’église locale qui est l’agent herméneutique premier, ce qui contribue à relativiser toute autorité humaine ou ecclésiale car elle dépend de l’autorité définitive du Messie. L’interprétation communautaire – précisément parce qu’elle est l’interprétation d’une communauté concrète ‚Äì connaît sa propre historicité et sa fragilité, ou tout au moins, elle en sait plus que les papes, les pasteurs et les théologiens. Elle sait que cette connaissance n’est pas définitive, en raison de la nécessité de continuellement apprendre.

    L’interprétation communautaire connaît aussi son propre besoin de l’Esprit, afin de ne pas la transformer en un exercice intellectuel ou une lutte d’influence. Lorsque la communauté recherche ardemment un accord complet, comme cela était le cas au début de l’anabaptisme, les processus d’interprétation sont un chemin ouvert. C’est ce dont l’avenir a désespérément besoin : des processus s’ouvrant sur des horizons plus vastes dans le contexte ≈ìcuménique, mais ne négligeant pas cette vérité : suivre Jésus, c’est marcher humblement avec notre Dieu.

    ‚ÄîAntonio Gonz√°lez Fernandez est membre de la Commission Paix de la CMM, pasteur dans l’église des Frères en Christ d’Espagne et professeur au Centro Teol√≥gico Koinon√≠a.

    Il a parlé à Renouveau 2027 : ‘Transformés par la Parole : Lire les Écritures dans une perspectives anabaptiste’ à Augsbourg (Allemagne), le 12 février 2017. Cet article a été adapté d’après sa présentation.

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro octobre 2017 de Courier/Correo/Courrier.
  • « Allez donc dans le monde entier, faites des disciples parmi tous les peuples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et apprenez-leur à obéir à tout ce que je vous ai prescrit. Et voici : je suis moi-même avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde. »

    Lors de ‘Renouveau 2027’ : ‘Transformés par la Parole : Lire les Écritures à partir de perspectives anabaptistes’ à Augsbourg (Allemagne) le 12 février 2017, le comité des YABs (Young AnaBaptists) a médité le texte de Matthieu 28/19–20 en partant de leur perspective locale. Les articles de cette section de Perspective sont adaptés de leurs présentations.


    Dieu nous donne de nombreux commandements : il est interdit de voler ou de tuer (Ex 20/15,13), nous devons nous efforcer de ne pas être jaloux (Ex 20/17) et de vivre dans la paix et la vérité (Rm 12/18).

    Beaucoup d’entre eux nous demandent de changer notre mode de vie : agir mieux, être plus généreux, pardonner à ceux qui nous ont offensés.

    D’autres instructions sont tournés vers les autres : prendre soin des pauvres, de ceux qui ont faim ou ont besoin de vêtements (Mt 25/34–36).

    Mais qu’en est-il de la mission que Jésus a donnée à ses disciples dans Mt 28/19–20 : ‘Allez donc dans le monde entier, faites des disciples parmi tous les peuples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et apprenez-leur à obéir à tout ce que je vous ai prescrit.’

    Beaucoup de chrétiens (dont les mennonites) pensent que cette mission est l’une des plus importantes des Écritures. Grâce à ce commandement, les chrétiens sont nombreux dans le monde d’aujourd’hui. Imaginez que les disciples soient retournés dans leurs familles et à leur travail… Peut-être auraient-ils parfois pensé aux bons moments passés avec Jésus, mais les enseignements de Jésus se seraient vraisemblablement perdus peu à peu.

    Au lieu de cela, partout dans le monde, des groupes très nombreux suivent les enseignements du Christ. Nous partageons nos espoirs, notre foi et notre vision d’amour et de paix, et nous avons des occasions de communion fraternelle dans des associations comme la CMM.

    Une société multiculturelle

    Mais, étant néerlandaise, j’ai quelques problèmes pour annoncer l’Évangile. Les Pays-Bas sont une société multiculturelle. Comme dans beaucoup d’autres pays occidentaux, le nombre d’immigrants a progressivement augmenté depuis la Seconde Guerre Mondiale. Cela nous a apporté beaucoup de bonnes choses. Notre culture a été enrichie par la découverte d’autres convictions religieuses.

    Mais, comment comprendre les instructions de Jésus dans une société multiculturelle ?

    Est-ce ma responsabilité d’aller chez mon voisin ou ma voisine musulman(ne) et de lui demander de se convertir à ma propre foi ? De dire à mes amis juifs qu’ils se trompent ? Que je peux leur enseigner ce qui est juste ? Je ne le crois pas.

    J’aime parler de ma foi avec des personnes de tous horizons, cultures et religions. Mais ma foi est aussi personnelle. Il existe de nombreuses différences même chez les mennonites. Quelquefois, j’ai autant de points communs avec un ami musulman qu’avec un autre chrétien. Suis-je censé dire aux autres que c’est moi qui ait raison ?

    Il me semble qu’il vaut mieux suivre l’exemple de Jésus avec la femme samaritaine dans Jn 4. Ils se sont assis, ont bu de l’eau, et tout en conversant, ils ont aussi partagé leur foi. Je crois que c’est un exemple de vie en harmonie entre tous les êtres humains.

    Une société laïque

    Cependant, je vis non seulement dans une société multiculturelle, mais aussi dans une société laïque, où beaucoup pensent que « l’institution » de l’église est obsolète et que la foi n’a plus de sens. Alors je dis à ceux qui veulent l’entendre que je suis prédicatrice laïque dans notre église mennonite. J’invite les gens à venir écouter, pour voir si ma foi les intéresse et s’ils aimeraient aussi devenir chrétiens.

    Surtout, je crois que nos actes sont ce qu’il y a de plus fort pour montrer le sens de la foi : créer un monde meilleur et paisible. Je mets ainsi en pratique les autres dernières paroles de Jésus :

    « Mais vous recevrez de la puissance quand l’Esprit saint viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1:8).

    En m’occupant de ceux qui sont autour de moi, en agissant avec davantage de bonté que je n’en ressens, et en aidant ceux qui en ont besoin, j’essaie de ‘donner des mains et des pieds’ à cette tâche. Nous le pouvons tous.

    —Jantine Huisman est membre du comité des YABs (Young AnaBaptists). Elle fait partie de Doopsgezinde Kerk Joure (l’église mennonite Joure), une assemblée de la Algemene Doopgezinde Societeit.

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro octobre 2017 de Courier/Correo/Courrier.

  • « Allez donc dans le monde entier, faites des disciples parmi tous les peuples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et apprenez-leur à obéir à tout ce que je vous ai prescrit. Et voici : je suis moi-même avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde. »

    Lors de ‘Renouveau 2027’ : ‘Transformés par la Parole : Lire les Écritures à partir de perspectives anabaptistes’ à Augsbourg (Allemagne) le 12 février 2017, le comité des YABs (Young AnaBaptists) a médité le texte de Matthieu 28/19–20 en partant de leur perspective locale. Les articles de cette section de Perspective sont adaptés de leurs présentations.


    C’est l’ordre missionnaire de Jésus à ses disciples. Jésus voulait que l’évangile atteigne toutes les nations et, pour cela, il a décidé d’utiliser les êtres humains. Il s’est d’abord servi de ses disciples. Ceux-ci, à leur tour, ont fait d’autres disciples qui ont eu la même responsabilité : ‘aller et faire des disciples’. La mission de l’Église, en tant que groupe de disciples du Christ, était de propager la bonne nouvelle.

    Le mot ‘aller’ est actif. Jésus n’a pas dit : « Attendez que je vous envoie quelqu’un… », mais il a dit : « Allez et faites des disciples ». Par conséquent, si un disciple de Christ veut faire plus de disciples, il doit être proactif. Au lieu d’attendre que les autres viennent à l’église, nous devons aller dans le monde partager la bonne nouvelle avec nos voisins.

    La question est donc : comment partager la bonne nouvelle avec ceux qui m’entourent ?

    Il y a plusieurs méthodes d’évangélisation. Les trois plus connues et utilisées en Amérique du Sud sont le porte-à-porte, l’évangélisation de masse et l’évangélisation par l’amitié. Chacune de ces méthodes présente des avantages et des inconvénients, surtout en ce qui concerne le temps investi et la profondeur du travail. Cependant, toutes sont valides et peuvent être utilisées en fonction du contexte et du besoin.

    En ce qui concerne l’église des frères mennonites du Paraguay, une des méthodes utilisées est ‘l’impact social’. Les membres de l’église se consacrent à l’établissement de foyers pour les enfants dans le besoin, à la construction d’hôpitaux, d’écoles et d’églises, toujours selon les besoins de la région. En outre, l’église a mis en place une station de radio pour transmettre l’évangile et les valeurs chrétiennes.

    Par l’intermédiaire de ces organisations, nous cherchons à offrir un service de base aux personnes qui nous entourent, afin de partager l’évangile avec eux.

    Une autre méthode utilisée dans notre groupe de jeunes et dans d’autres églises au Paraguay est le football. Au Paraguay, vous ne pouvez pas jouer au volleyball, au basketball ou au baseball : il n’y a que le ‘football’ ! Et tout le monde y joue ! C’est pourquoi certaines églises, dont la nôtre, choisissent de jouer au football le samedi et le dimanche soir pour attirer les gens. Le but principal de cet événement n’est pas d’écouter une prédication ou de chanter des chants spirituels, mais de jouer au football et de se faire de nouveaux amis. Nous espérons ainsi les encourager à venir aux réunions de jeunes et à accepter le Christ comme leur Sauveur.

    Lorsque ces personnes se sentent à l’aise dans notre groupe, elles sont invitées aux réunions de jeunes ou à un groupe d’étude biblique. Parfois, elles y viennent aussi par elles-mêmes. Certaines acceptent le Christ comme leur Sauveur par un ami, d’autres pendant un culte ou un camp.

    En Amérique latine, nous croyons que l’évangélisation doit être adaptée à la culture et au contexte dans lesquels se trouve chaque église. Indépendamment de la méthode utilisée, les croyants sont motivés pour transmettre naturellement et activement leur foi personnelle en Christ.

    Pour nous, évangélisation ne signifie pas intolérance. Nous croyons que l’œuvre rédemptrice de Jésus sur la croix est le seul chemin vers le Père et vers le ciel, c’est pourquoi c’est notre devoir de partager ce message de grâce et de salut.

    Dominik Bergen, membre de l’église des frères mennonites du Paraguay, a représenté l’Amérique latine au comité des YABs depuis sa nomination au Sommet mondial de la Jeunesse lors de la 16e Assemblée à Harrisburg (États-Unis), en juillet 2015 jusqu’à la réunion du Comité exécutif à Augsbourg (Allemagne) où il a commencé à assurer la représentation régionale de l’Amérique latine. Oscar Suárez (Colombie) le remplace. Dominik a commencé des études dans un séminaire en Allemagne.

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro octobre 2017 de Courier/Correo/Courrier.

  • « Allez donc dans le monde entier, faites des disciples parmi tous les peuples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et apprenez-leur à obéir à tout ce que je vous ai prescrit. Et voici : je suis moi-même avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde. »

    Lors de ‘Renouveau 2027’ : ‘Transformés par la Parole : Lire les Écritures à partir de perspectives anabaptistes’ à Augsbourg (Allemagne) le 12 février 2017, le comité des YABs (Young AnaBaptists) a médité le texte de Matthieu 28/19–20 en partant de leur perspective locale. Les articles de cette section de Perspective sont adaptés de leurs présentations.


    J’ai grandi dans un petit village des Philippines, loin des villes, près des montagnes, des lacs et des fermes. Je vis dans une communauté où les gens sont très proches et le mode de vie très simple.

    Nous sommes orientées vers les relations. Nous partageons ce que nous avons avec nos voisins, confiants que lorsque nous aurons besoin d’aide, ils feront de même. Parfois, plusieurs générations vivent sous un même toit. Nous avons tendance à être émotifs : le filipino a des mots pour décrire des sentiments intenses que d’autres langues n’ont pas.

    Dans une communauté pauvre comme la nôtre, lorsque nous avons besoin de certaines choses, nous demandons au Seigneur. Quand un enfant est malade, nous prions pour sa guérison parce que c’est notre seule option. Lorsque l’on n’a rien, des miracles se produisent, et l’on est reconnaissant pour chaque manifestation de la grâce de Dieu, si petite soit-elle.

    Nos pasteurs ont à peine terminé leurs études secondaires, et seuls quelques responsables de notre église ont de l’instruction. Aucun d’entre eux n’est diplômé d’un séminaire mennonite. Je rêve que nos jeunes aient davantage de contacts internationaux, soient bien formés et plus unis théologiquement.

    Cela m’amène à notre texte : les instructions de Jésus à ses disciples à la fin de sa vie sur terre.

    La première étape du discipulat consiste à laisser Christ être le maître : être complètement dépendant de sa volonté comme un bateau sans pagaie ne dépendant que du vent, conserver un cœur prêt à vendre toutes possessions et à les donner aux pauvres, et cela uniquement pour suivre le Christ. C’est le cœur des disciples. Il faut être prêt à mourir pour sa foi, à tout laisser derrière soi pour mener une vie paisible dans d’autres parties du monde comme les premiers mennonites l’ont fait.

    La deuxième étape du discipulat est la formation, le processus d’apprentissage pour suivre le Christ. Le baptême ne fait pas immédiatement de nous un disciple ayant de la maturité.

    Troisièmement, être disciple signifie faire des disciples. C’est la responsabilité de tous les croyants, pas seulement des pasteurs. C’est la vocation des disciples du Christ. Jésus est allé chercher des disciples, leur a demandé de le suivre, les a instruits et a pris soin d’eux ; ensuite il leur a demandé de faire de même et de faire d’autres disciples. Ce n’est pas le don de quelques-uns seulement, c’est la responsabilité de tous.

    La passion de faire des disciples trouve sa source dans une compréhension profonde et une pleine expérience du pouvoir et de la grâce de Dieu.

    Accompagner et instruire les autres devraient se faire de manière systématique.

    Dans notre organisation de jeunesse mennonite aux Philippines, nous avons réalisé que les jeunes s’en allaient, alors nous avons créé une méthode. Ces derniers mois, cela a doublé le nombre des jeunes qui participent et a mis en place de nombreux responsables. Le concept est un cycle d’accompagnement et d’instruction mettant l’accent sur les relations et la responsabilité mutuelle.

    Nous choisissons des jeunes déjà engagés dans un ministère. Nous commençons à les former à être de bons responsables, à savoir enseigner, s’occuper des nouveaux croyants et à gérer un petit groupe. Ê mesure qu’ils sont formés et fortifiés, ils commencent à s’occuper les uns des autres, à inviter des amis, à animer leurs propres études bibliques, à parler à leurs parents, leurs frères et sœurs et leurs amis, faisant de nouveaux disciples du Christ.

    J’espère que notre culture encouragera chacun à accompagner et à être redevables mutuellement. Et je demande à ceux qui sont diplômés du séminaire, qui sont théologiens, qui ont plus d’expérience : voudriez-vous partager vos connaissances ?

    Si nous voulons rester pertinents et être la voix et les ambassadeurs de la paix dans ce monde, nous devons être plus volontaires dans notre approche en obéissant au commandement du Christ ! Nous devons nous imprégner profondément de l’amour du Christ et nous nous passionnerons pour le discipulat. Nous, les Asiatiques, nous nous multiplions en ayant des enfants, mais en tant qu’église, nous nous multiplions par le discipulat.

    —Ebenezer G. Mondez fait partie du Comité YABs (Jeunes anabaptistes). Il est membre de Lumban Mennonite Bible Church, Integrated Mennonite Church Inc., aux Philippines.

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro octobre 2017 de Courier/Correo/Courrier.

  • « Allez donc dans le monde entier, faites des disciples parmi tous les peuples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et apprenez-leur à obéir à tout ce que je vous ai prescrit. Et voici : je suis moi-même avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde. »
    Lors de ‘Renouveau 2027’ : ‘Transformés par la Parole : Lire les Écritures à partir de perspectives anabaptistes’ à Augsbourg (Allemagne) le 12 février 2017, le comité des YABs (Young AnaBaptists) a médité le texte de Matthieu 28/19–20 en partant de leur perspective locale. Les articles de cette section de Perspective sont adaptés de leurs présentations.

    Alors que nous approchons des 500 ans de l’anabaptisme, il semble approprié d’aborder l’ordre missionnaire de Jésus avec une vision et un zèle renouvelés. Après tout, cet ordre était au cœur de la vie et de la mission des premiers anabaptistes pendant la Réforme. Dès le début, la prédication évangélique était une des forces de l’anabaptisme, ainsi qu’un discipulat pratique et applicable et un accent fort sur la communauté.

    Aux États-Unis, le christianisme s’est endormi et a négligé l’appel du Christ à « faire des disciples de toutes les nations ». Les chrétiens du Sud viennent évangéliser l’Occident, les chrétiens blancs ne sont plus la majorité et, plutôt que les missionnaires aillent dans des régions lointaines, ce sont les peuples qui n’avaient jamais entendu l’évangile qui se rendent dans des régions considérées comme ‘chrétiennes’.

    Aujourd’hui, sans quitter leurs propres villes, tous les croyants peuvent aimer et être au service des immigrants et des étudiants internationaux qui n’ont peut-être jamais entendu l’évangile.

    La foi menacée

    Ê mon avis, deux des plus grandes menaces pour le christianisme américain sont le pluralisme et le matérialisme. Jésus est-il le seul chemin ? Jésus est-il plus précieux que tout ? Vivant dans une société relativement riche, à l’aise, individualiste et matérialiste, j’ai lutté pour trouver des réponses. Mais je pense que plus notre cœur dira « oui », plus nous serons attirés avec joie par la mission.

    Dans une société pluraliste, multiculturelle et laïque, nous sommes devenus plus sensibles au prosélytisme et nous avons tendance à considérer la foi comme personnelle et privée. On pense que les convictions religieuses individuelles peuvent être en même temps justes et différentes, pourvu qu’elles ne portent pas atteinte au bien-être des autres. Le mot ‘mission’ est devenu tabou pour ma génération, et presque synonyme d’impérialisme et de colonisation à l’occidentale.

    Nous avons tous des convictions limitées sur Dieu et sur la manière de vivre une vie sainte. Tout au long de ma vie, mes contacts avec des chrétiens d’autres origines, et aussi avec des musulmans, des hindous et des athées m’ont amenée à remettre en question mon éducation mennonite. Les personnes ayant une autre culture comprennent mieux certaines choses concernant Dieu que nous. Pourtant, malgré nos différences, le message de Jésus reste le même : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14/6).

    Comment pouvons-nous prétendre connaître la vérité absolue ? La réponse à cette question réside dans notre relation avec une personne, et non dans un système de pensée ou une éthique. Nous devons présenter Jésus humblement sans réduire son message à nos propres conceptions et traditions culturelles.

    Ensemble en chemin

    Ce qui m’a le plus encouragée, c’est la promesse de Jésus de marcher avec nous sur le chemin. Nous ne pouvons répondre à son appel par nous-même. « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire […]. » (Jn 6/44). Partager l’évangile avec les autres en paroles et en actes en revient à savoir si nous croyons que Jésus est ce qu’il dit qu’il est. Croyons-nous qu’il est le Fils de Dieu, plénitude de vie sur terre et pour l’éternité ? Croyons-nous que le connaître est plus important que tout ?

    C’est l’œuvre du Saint-Esprit d’agir dans les cœurs, de les convaincre et de les attirer vers le Père. Notre tâche, en tant qu’ambassadeurs du Christ, est d’être fidèle à son appel. Notre foi est peut-être devenue superficielle, mais notre Dieu souverain continue à attirer chacun. Prêtons-nous attention au rappel de Paul : « Or, comment l’invoqueraient-ils, sans avoir cru en lui ? Et comment croiraient-ils en lui, sans l’avoir entendu ? Et comment l’entendraient-ils, si personne ne le proclame ? » (Rm 10/13–15)

    Dieu continue à se révéler à ceux qui le cherchent vraiment (Jr 29/13). Dieu n’a pas besoin de nous, mais il œuvre au travers de nous si nous le voulons. Nous pouvons choisir de lui permettre de nous utiliser pour amener les gens dans son royaume glorieux.

    Larissa Swartz est membre du comité YABs (Jeunes anabaptistes). Elle fait partie de la London Christian Fellowship, une union d’églises conservatrice d’Ohio (États-Unis)

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro octobre 2017 de Courier/Correo/Courrier.

  • « Allez donc dans le monde entier, faites des disciples parmi tous les peuples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et apprenez-leur à obéir à tout ce que je vous ai prescrit. Et voici : je suis moi-même avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde. »
    Lors de ‘Renouveau 2027’ : ‘Transformés par la Parole : Lire les Écritures à partir de perspectives anabaptistes’ à Augsbourg (Allemagne) le 12 février 2017, le comité des YABs (Young AnaBaptists) a médité le texte de Matthieu 28/19–20 en partant de leur perspective locale. Les articles de cette section de Perspective sont adaptés de leurs présentations.

    J’ai grandi au Zimbabwe, en Afrique australe, un pays où le christianisme a été importé en même temps que la civilisation et le commerce. Dans ce contexte, je ne me suis jamais senti obligée de transmettre le message de Christ.

    L’ordre missionnaire de Jésus concernait une élite – ceux qui y étaient « appelés ». En tant que membre du corps du Christ, je devais simplement me débarrasser du péché, lire la Bible, prier et attendre d’aller au ciel. Répandre l’Évangile était le devoir de ceux qui avaient amené le christianisme au Zimbabwe. Un missionnaire était quelqu’un dont la peau était plus claire que la mienne, qui parlait une langue considérée comme supérieure à la mienne parce qu’elle n’avait aucun clic (son produit par la langue) et qui venait d’un endroit lointain. Je n’ai jamais pensé qu’un homme noir ou qu’une femme noire puisse être missionnaire.

    Un commandement à suivre

    Maintenant, je me rends compte que lorsqu’on s’est repenti, on a un devoir à remplir, un commandement à respecter : c’est de parler aux autres de Jésus-Christ.

    Quand nous commençons à suivre Jésus-Christ, nous voulons aimer comme lui, vivre comme lui, et surtout parler du royaume de Dieu comme il l’a fait quand il marchait sur la terre. Notre devoir est d’aider ceux qui sont perdus en leur faisant connaître Jésus, afin qu’il les sauve.

    Pour moi, l’ordre missionnaire de Jésus dans Mt 28/19 s’adresse à tous les disciples de Jésus-Christ. Et ce commandement joue un grand rôle dans l’expansion du royaume de Dieu.

    Faire des disciples

    Faire des disciples nous appelle à sortir de notre routine. Il faut quitter notre zone de confort. Quelquefois, il faut aborder des étrangers et leur parler de Jésus-Christ. Dans mon pays, l’accueil varie. Si l’on essaie une approche individuelle, on peut être pris pour un voleur ou quelqu’un qui n’a rien de mieux à faire. Dans mon contexte, il vaut mieux partager le message du Christ lors de croisades ou de programmes de sensibilisation et la réponse est habituellement positive.

    Faire des disciples, cela veut aussi dire ne pas choisir qui on contacte. L’évangile est pour tous. Il n’y a pas de ségrégation en ce qui concerne le message du Christ, ni envers ceux qui le partagent ni envers ceux qui le reçoivent : Jésus-Christ nous a demandé d’aller faire des disciples de toutes les nations. Peu importe la race, la tribu, la langue, le sexe ou l’âge, on n’est jamais trop jeune ou trop vieux pour parler de Christ.

    Ce n’est pas à nous de juger si les autres sont dignes ou non de recevoir le message du Christ, quelques soient notre perception des autres et notre vision de leur monde. Personne n’est trop bon ou trop mauvais pour recevoir la grâce de Dieu – c’est un don. Le Saint-Esprit transformera chaque personne pendant son cheminement spirituel.

    Vous qui cheminez sur cette terre, suivez-vous les commandements du Christ ? Une fois que l’on comprend que c’est une question de vie éternelle ou de châtiment éternel, on devient désireux de faire des disciples, dans le but de parler à autant de personnes que possible de Jésus-Christ. Si vous êtes sélectif concernant l’annonce du message de Christ, réfléchissez bien et priez, car le royaume de Dieu est ouvert à tous !

    —Makadunyiswe Ngulube est membre du comité YABs (Jeune anabaptistes). Elle vient de l’église des Frères en Christ Mount Pleasant, une assemblée d’Ibandla Labazalwane kuKristu eZimbabwe d’Harare (Zimbabwe).

    Cet article est paru pour la première fois dans le numéro octobre 2017 de Courier/Correo/Courrier.