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  • « Je prie pour que tous soient un. Père, qu’ils soient unis à nous, comme toi tu es uni à moi et moi à toi. Qu’ils soient un pour que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé. » (Jean 17/21)

    C’est avec ces paroles de l’Évangile de Jean que nous saluons chaleureusement nos sœurs et nos frères des Églises anabaptistes du monde entier, ainsi que ceux des autres communions chrétiennes.

    Aujourd’hui, à ce point de notre histoire, nous réfléchissons aux 500 premières années de la Réforme radicale.

    Renouveau’ est le nom que la Conférence Mennonite Mondiale a donné à la décennie d’événements régionaux célébrant la mémoire de cinq siècles de notre existence en tant que communauté spirituelle. Nous abordons ces 10 ans de commémorations en nous focalisant sur notre histoire dans une perspective globale, œcuménique et transculturelle.

    Nous nous souvenons du passé pour regarder vers l’avenir. Nous voulons nous rappeler nos racines en exprimant notre gratitude à Dieu pour l’héritage spirituel que nous avons reçu. Mais nous nous présentons aussi devant le Seigneur dans un esprit de repentance et de renouveau, déterminés à apprendre du passé pour grandir dans notre relation avec Dieu ici et maintenant et dans les années à venir.

    Pourquoi avons-nous besoin les uns des autres ?

    Avec le thème de ‘Jésus-Christ, notre Espérance’, nous cherchons à explorer quel témoignage au monde notre tradition anabaptiste a apporté concernant Jésus, notre espérance, depuis le XVIe siècle.

    L’unité est l’un des défis auxquels nous avons été confrontés dans la communauté anabaptiste tout au long de notre histoire.

    Pourquoi devons-nous être un avec les autres membres de notre famille spirituelle au niveau mondial ?

    Pourquoi avons-nous besoin d’une organisation comme la Conférence Mennonite Mondiale, qui promeut l’unité de 10 000 assemblées locales, 108 unions d’églises et 1,5 million de croyants baptisés ?

    Dans des contextes de persécution, d’oppression ou de violence, les raisons pour lesquelles nous avons besoin d’une église mondiale semblent assez évidentes pour nos membres : une communion mondiale offre un soutien lorsque les paroisses font face à des circonstances difficiles, comme par exemple le manque de ressources financières, le besoin de plaidoyers politiques ou d’accompagnement pastoral.

    En Afrique, en Asie et en Amérique latine, l’interdépendance mondiale est cruciale pour les projets dépassant la capacité d’une assemblée locale, comme par exemple la mission, l’éducation théologique ou la formation de nouvelles organisations.

    Que disent nos églises à propos de Jésus ?

    Cependant, au-delà des raisons pragmatiques de rechercher l’unité, notre tradition anabaptiste doit retrouver la vision d’une Église mondiale visible.

    La raison pour laquelle j’affirme cela est liée au concept et à la pratique de l’ecclésia dans le Nouveau Testament. Les Écritures parlent d’assemblées locales interdépendantes qui s’appuient les unes sur les autres concernant la théologie, l’accompagnement pastoral, le soutien financier en temps de crise, la mission etc.

    Cependant, plus critique encore est le fait que Jésus a lié la crédibilité de sa vie à l’unité de ses disciples.

    La Conférence Mennonite Mondiale est ‘l’espace’ mondial où nous pouvons recevoir l’unité comme un don de Dieu.

    Tout en remerciant Dieu pour Jésus-Christ, notre espérance, maintenons aussi une attitude de repentir pour les divisions qui ont surgi parmi nous et qui ont un impact négatif sur la vie et le ministère de Jésus dans un monde marqué par les polarisations, les divisions et la fragmentation.

    • Demandons pardon pour toutes les blessures que nous avons causées au corps de Jésus.

    • Cherchons un renouveau qui considère le manque d’unité de l’Église comme une évidence du péché.

    • Cherchons l’unité qui vient d’un cœur contrit qui reconnaît son péché.

    Je prie pour que la réflexion sur Jean 17/21 renouvelle notre compréhension de Jésus comme notre espérance.

    Puissions-nous incarner l’espoir en montrant au monde que la bénédiction de l’unité est possible lorsque Jésus est au centre de nos vies.

    — César García est secrétaire général de la Conférence Mennonite Mondiale. Originaire de Colombie, il vit à Kitchener, Ontario (Canada). Il a prononcé une version de ce discours lors de Renouveau 2023 à Abbotsford, en Colombie-Britannique (Canada), le samedi 25 mars 2023.


  • « Il y a tellement de souvenirs et de moments marquants sur toute la période du GYS/Assemblée que si je devais les mentionner tous, il me faudrait 11 jours de plus pour les expliquer », dit Peleka Jonathan Mpemba, délégué du Sommet Mondial de la Jeunesse (GYS) pour Kanisa la Mennonite Tanzanie.

    Une année s’est écoulée depuis que la famille anabaptiste-mennonite mondiale s’est réunie pour suivre Jésus à travers les frontières lors de la 17e Assemblée : sur place en Indonésie et en ligne grâce aux plénières retransmises en direct et aux ateliers Zoom. 

    Mais « les souvenirs sont encore frais et j’ai l’impression que c’était hier », dit Reynaldo Mercado Jr, un participant philippin. 

    « Les cultes animés par les danses culturelles de la chorale indonésienne et les chants en différentes langues (y compris la mienne) sont des souvenirs frais », déclare Desalegn Abebe, délégué du Conseil général de l’Église Meserete Kristos, en Éthiopie. 

    Les retransmissions en direct des plénières et de nombreux ateliers peuvent être regardées sur la chaîne YouTube de la CMM.

    La grande famille du Christ

    « J’ai réalisé à quel point la famille du Christ est grande, à quel point les mennonites sont liés les uns aux autres par notre Seigneur Jésus-Christ », dit Reynaldo Mercado Jr.

    « Devenir amie avec des anabaptistes de l’autre côté du monde n’est pas quelque chose que j’oublierai de sitôt », dit Jennifer McWilliams du Canada, coordinatrice bénévole du programme pour les enfants.

    « Je suis devenue partie intégrante de la famille qui m’a hébergée, nourrie et vêtue. C’était merveilleux, à tel point que nous sommes restés en contact. Chaque fois qu’ils m’écrivent, ils me disent combien ils m’aiment », dit Cindy Alpizar Alpizar, oratrice en plénière, du Costa Rica. 

    Les relations s’étendent au-delà de l’Assemblée. 

    « Je me suis fait tellement d’amis pendant l’Assemblée et nous sommes toujours en contact. Nous partageons nos pensées et les nouvelles de nos pays. Nous partageons nos demandes de prières afin de pouvoir nous soutenir mutuellement », dit Deepson Masih, délégué du GYS pour Bhartiya General Conference Mennonite Church, de l’Inde. 

    « Nous avons aussi créé un groupe WhatsApp avec des responsables d’églises mennonites d’Afrique de l’Est pour nous rencontrer », dit Desalegn Abebe.

    Des relations en paix

    De nombreux participants à l’Assemblée ont été impressionnés par l’exemple de l’Église indonésienne, qui entretient des relations pacifiques avec ses voisins musulmans.

    « L’Assemblée mondiale m’a ouvert l’esprit sur l’importance de la construction de la paix, de l’harmonie avec la création, avec les personnes et avec le Créateur. Elle m’a appris à apprécier la paix parce que notre Dieu est notre exemple de paix », déclare Reynaldo Mercado Jr.

    « Je suis particulièrement étonné de voir que la famille anabaptiste ouvre ses portes à toutes sortes de personnes pour faire en sorte que le monde devienne un environnement pacifique pour tous, quelle que soit leur appartenance religieuse », déclare Clinton Kwasi Agbanu, membre de l’ensemble international, originaire du Ghana. 

    Garry Janzen, un participant canadien, a assisté par hasard à un atelier au cours duquel des chrétiens et des musulmans d’un village indonésien ont expliqué comment ils partageaient l’utilisation de leurs lieux de culte en fonction des besoins. « J’ai appris plus tard que ce respect était courant en Indonésie. J’ai été impressionné. »

    Ed Kaufman, des États-Unis, a été témoin de cette harmonie interconfessionnelle lors d’une visite de GKMI Winong-Pati avant l’Assemblée. « C’est un exemple de construction de la paix, d’amitié et de coopération qui restera longtemps gravé dans ma mémoire », dit-il. Des chrétiens, des musulmans et des représentants du gouvernement de la ville ont étendu des tapis et des couvertures dans la rue entre l’église et la mosquée pour partager un festin accompagné de musique et de discours. « Toute notre visite à l’église de Pati a été merveilleuse, mais ce moment a été le summum », déclare-t-il.

    Des ressources continues

    Les ateliers vidéo ont continué à apporter des ressources à la famille anabaptiste-mennonite. Cindy Alpizar les a diffusés lors des événements du MTAL (Mouvement des femmes théologiennes). Juan Garrido a partagé les idées de l’atelier de Pablo Stucky sur la résolution des conflits à la lumière de la Bible. 

    Laurie Martin, des États-Unis, a rejoint les étudiants de STT pour une réunion de prière et de louange située plus haut sur la colline, dans un bâtiment de prière du campus. « Je n’ai jamais entendu quelque chose d’aussi beau – jamais », dit-elle à propos de la séance de louange spontanée qui a eu lieu. 

    « L’adoration dans la paix, sans conflit, m’a fait comprendre la nature de Dieu en tant que Dieu de paix », dit Clinton. « Paix à tous et rendez-vous en Éthiopie ».


     

  • Zimbabwe

    Le changement climatique  présente de nombreux risques pour les êtres humains et la nature au Zimbabwe. Des températures extrêmement élevées et de fortes précipitations entraînent des sécheresses, des feux de brousse et des inondations. L’Église au Zimbabwe commence à jouer un rôle actif dans la protection de l’environnement et prend des mesures pour sauvegarder l’environnement et soutenir les acteurs économiques et sociaux dans les zones touchées par le changement climatique.    

    Au Zimbabwe, la plupart des gens pratique l’agriculture de subsistance. Ils survivent en cultivant [leur terre] et en élevant du bétail (des bovins et des chèvres) pour la vente et pour leur famille. Par conséquent, les sécheresses sont un souci majeur. 

    Dans les Midlands et le Matabeleland du Sud où se trouvent des paroisses de Frères en Christ, certaines zones connaissent des températures élevées prolongées et reçoivent peu ou pas de pluie du tout. Les agriculteurs perdent leur bétail et leurs récoltes. La pauvreté en est la conséquence. 

    Dans le Matebeleland du Nord et la province de Bulawayo, il y a parfois des températures de 38 à 43°C. Les vagues de chaleur présentent de tels dangers que des personnes s’effondrent soudainement, et parfois, même, meurent. 

    Les incendies de brousse sont également devenus un problème majeur en raison des vagues de chaleur. En 2022, à Esigodini, au Matabeleland Sud, 10 ouvriers agricoles seraient morts en raison de ces incendies. Et ils causent aussi la disparition de la flore et de la faune. 

    Dans des régions telles que les hauts plateaux de l’Est et les zones situées le long de la frontière entre le Zimbabwe et le Mozambique, les inondations constituent une grave menace. Elles détruisent l’environnement en provoquant l’érosion des sols, des glissements de terrain et la mort des plantes, des cultures et des animaux. Elles jouent un rôle central dans la destruction des infrastructures (ponts, routes et bâtiments), ce qui cause la noyade de personnes et d’animaux, n’ayant pu être secourus à temps. 

    La saison hivernale a aussi été affectée par le changement climatique : elle commence maintenant à la mi-avril et se termine à la mi-septembre – ce qui n’est pas la période normale. 

    Cependant, les églises du Zimbabwe ont décidé d’agir, de ne pas seulement prêcher l’évangile de Jésus au monde, mais d’apporter leur aide pour s’adapter aux impacts négatifs qui accompagnent le changement climatique. 

    Certaines assemblées locales lancent maintenant des campagnes de sensibilisation pour éduquer la communauté sur le changement climatique, ses effets, et la meilleure façon d’aider à en réduire ses causes. Leurs membres apprennent à s’adapter à ses effets, à savoir quoi faire lors de ses conséquences comme les inondations, les vagues de chaleur, les sécheresses, les incendies de brousse, etc.

    Sachant que brûler des combustibles fossiles comme le charbon émet des gaz qui présentent un danger pour l’environnement et le climat, les membres des paroisses adoptent de nouvelles méthodes pour réduire les émissions de CO2. Il est désormais conseillé d’utiliser des carburants plus respectueux de l’environnement. Plutôt que de brûler des plastiques qui dégagent des gaz nocifs, des campagnes de nettoyage encouragent maintenant les paroisses et les communautés à ramasser tous les contenants en plastique et les papiers pour les recycler. 

    Il y a un dicton qui dit [en anglais] que ‘la propreté accompagne la piété’, donc la collecte de tous les récipients en plastique permet non seulement aux paroisses de garder leur environnement propre, mais aussi de réduire le réchauffement et le changement climatiques, atteignant ainsi deux objectifs à la fois.

    Leurs membres ont lancé des projets agricoles tels que des systèmes d’irrigation dans les zones touchées par la sécheresse et des cultures résistantes à la sécheresse comme le mil et le sorgho. 

    Le livre des Proverbes parle de la femme de caractère (TOB) qui tend sa main aux pauvres (31/20). Suivant son exemple, dans les paroisses, des femmes élèvent des poulets et des cochons pour les revendre. Elles font don de leur revenu aux personnes vivant dans les zones dévastées, en particulier pour qu’elles achètent de la nourriture, des fournitures scolaires et des vêtements pour les enfants défavorisés. 

    Ces femmes ont également lancé une campagne de sensibilisation sur le thème : ‘Chaque arbre une forêt, chaque ville un arbre’. Le premier samedi de décembre, les Zimbabwéens plantent un arbre pour réduire la déforestation. 

    En conclusion, Dieu a confié à l’Église la terre et ses ressources – et aussi le monde – pour qu’elle en prenne soin, et elle doit agir de manière responsable. Il est du devoir de chacun d’être un bon intendant en contribuant à réduire les changements climatiques et en éduquant les autres à le faire. 

    — Nontokozo S Moyo était la déléguée au GYS (Sommet Mondial de la Jeunesse) pour Ibandla Labazalwane kuKristu eZimbabwe (Église Frères en Christ).   


  • Les murs étaient les arbres de la forêt, les lumières et le son provenaient de batteries solaires et les eaux du baptême étaient la rivière elle-même. L’esprit d’adoration à travers les chants, les prières ferventes et les appels à suivre Jésus, notre espérance, sur le chemin de la paix, sont familiers à toutes les cultures. Les jeunes mennonites du Myanmar se sont réunis du 13 au 17 avril 2023 pour une conférence sur la paix à Akaw, dans le canton de Bogale, dans la région du Delta.

    La conférence s’est concentrée sur Ephésiens 2:17 : l’évangile de la paix. 

    Le sujet est très significatif pour les jeunes qui vivent le traumatisme de la guerre civile au Myanmar.

    Après des élections nationales démocratiques, les militaires du Myanmar ont pris le pouvoir et installé leurs propres dirigeants en février 2021. Ils ont répondu aux manifestations en faveur de la démocratie par la violence, ce qui a rapidement donné naissance à des milices.

    Amos Chin

    « Nous ne voulons pas que nos jeunes s’engagent dans une révolution armée », déclare Amos Chin, responsable d’église mennonite et orateur de la conférence. 

    « Alors que ces jeunes traversent la guerre civile et sont menacés par les extrémistes, ils sont profondément inspirés et renforcés par le message [de paix de la conférence] », déclare John Stanley Puia, responsable d’église et organisateur de la conférence. 

    « Tous les jeunes sont convaincus du mouvement pacifique et ont fait une déclaration en faveur de la paix afin de ne pas s’engager dans une révolution armée ou un conflit politique », déclare Amos Chin. Il était l’un des quatre évangélistes qui se sont adressés aux jeunes.

    « Nous avons besoin de plus de conférences sur la paix et de plus de programmes pacifiques pour une génération qui ne l’est pas », a déclaré John Stanley Puia. 

    168 jeunes âgés de 16 à 35 ans se sont inscrits à ce week-end de conférence, au cours duquel sept personnes ont été baptisées.

     

  • Le musée du patrimoine mennonite d’Abbotsford n’oubliera pas de sitôt la visite des membres de la Conférence Mennonite Mondiale en mars 2023. Un arbre y a été planté en souvenir.  

    C’est une tradition de la Conférence Mennonite Mondiale de planter un arbre sur le terrain d’une institution mennonite lorsque le Comité Exécutif se réunit : « en l’honneur de la création de Dieu et de l’Église universelle ». 

    En mars 2023, après une visite guidée du musée par le directeur exécutif Richard Thiessen, le Comité Exécutif de la CMM et d’autres membres du personnel se sont rassemblés sur le terrain du musée pour planter un érable.  

    « Que la création trouve des façons de ressusciter, et que nous prenions nos responsabilités pour prendre soin de la création de Dieu », a prié Henk Stenvers, le président de la CMM, lors de la dédicace de l’arbre.  

    Lors des réunions du Comité Exécutif en 1997, Larry Miller, qui était alors secrétaire général, avait suggéré qu’un arbre soit planté à l’endroit où se déroulaient ces réunions. Depuis, des arbres ont été plantés dans les lieux suivants : 

    1999 : Un bambou jaune au bureau synodal de la GKMI, à Semarang, en Indonésie. Malheureusement, cet arbre a dû être enlevé lors des travaux de rénovation du campus en 2022. 

    2001 : Au Centre de retraite mennonite du Thomashof à Karlsruhe, en Allemagne. 

    2002 : Ê l’Église BIC de Mpopoma, Bulawayo, Zimbabwe, lors d’une cérémonie à laquelle ont assisté des centaines de personnes. 

    2004 : Ê l’Église Mennonite de Bourg-Bruche / Le Hang, Molsheim, France. Cette Église est située à proximité de « l’arbre mennonite » du Salm, planté en 1793 en reconnaissance des efforts de Jakob Kupferschmitt pour obtenir l’exemption du service militaire pour les anabaptistes pendant la Révolution française. 

    2005 : Sur le campus du Conrad Grebel College à Kitchener-Waterloo, Ontario, Canada. L’érable rouge étant en mauvaise santé, plusieurs anciens membres du personnel de la CMM ont financé son remplacement par un érable japonais en 2021. Un pin blanc, symbole de paix pour les peuples indigènes de l’Ontario, a été planté sur le terrain du Mennonite Central Committee de Kitchener, où la CMM a également des bureaux. 

    2007 : Sur les terrains de Iglesia Principe de Paz, d’une Église de la Conférence Générale et de la Mennoniten Brüder Gemeinde Concordia / Iglesia Hermanos Menonitas Concordia (« Église des Frères mennonites de Concordia ») à Asuncion, Paraguay. Un quatrième arbre a ensuite été planté dans le Chaco. 

    2010 : 38 arbres à l’Église Misrak Meserete Kristos, en Éthiopie. 

    2013 : Ê l’Espace d’accueil du MCC, à Akron, Pennsylvanie, USA. 

    « Les arbres ont une grande valeur symbolique : ils nous rappellent les nombreuses branches de la famille anabaptiste-mennonite mondiale ; ils laissent un souvenir vivant d’une visite de la CMM ; ils parlent de notre engagement pour la protection de la création », dit César García, secrétaire général de la CMM. 

    Arbre au Centre de retraite mennonite du Thomashof à Karlsruhe, en Allemagne. Photo : Liesa Unger
    Arbre à Conrad Grebel College à Kitchener-Waterloo, Ontario, Canada. Photo : Fred Redekop

     

    Arbre à d’une Église à Paraguay.

     

    Arbres à l’Église Misrak Meserete Kristos, en Éthiopie. Photo : Tewodros Beyene

     

     

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  • « Ton manuel a fonctionné ! » a déclaré Darnell Barkman à son ancienne professeure, Lisa Schirch, après que les eaux aient envahi sa région en novembre 2021. Le pasteur de l’église mennonite unie de Yarrow, en Colombie-Britannique (Canada), a fait appel à toute sa formation sur la construction de la paix pour coordonner les interventions en cas de catastrophe. 

    Au cours des dernières décennies, les plus pauvres de l’Église mondiale ont été directement touchés par le changement climatique, apprennent ses étudiants. « Aujourd’hui, le changement climatique arrive à notre porte, en Amérique du Nord. Notre argent et nos ressources ne sont clairement pas suffisantes pour nous protéger des catastrophes », déclare Darnell Barkman. 

    Mais lorsque la tempête a touché ses voisins, la formation de Darnell Barkman sur la planification de la construction de la paix et l’évaluation des conflits lui a permis de coordonner une réponse communautaire inter-églises. 

    Les étapes d’une intervention en cas de catastrophe sont similaires à celles lors de conflits armés, explique Darnell Barkman. Il faut d’abord un cessez-le-feu, puis évaluer la situation, nettoyer les dégâts et reconstruire. 

    En novembre 2021, la région entourant Yarrow a été inondée par des pluies excessives. La digue s’est ensuite rompue, coupant alors la ville des axes de transport. 

    Pendant un certain temps, les églises de Yarrow ont été des cellules d’intervention en cas de catastrophe. Les pasteurs avaient des contacts avec les gens et les églises avaient de l’espace. Des partenaires comme le Mennonite Central Committee et le Mennonite Disaster Services avaient leur expertise à partager. 

    Dans ces moments-là, l’église peut jouer un rôle sans pareil, dit Darnell Barkman. « Nous existons au milieu de la diversité et des différences. Nous sommes ensemble grâce à l’amour de Dieu et nous sommes prêts à servir parce que cela fait partie de notre identité ». 

    « Différents dons au sein de l’assemblée sont entrés en jeu », explique Josh Kraubner, pasteur de l’église Yarrow Mennonite Brethren (MB). Certains cuisinent, d’autres font de la manutention, d’autres encore passent des coups de fil, d’autres ont des outils et des équipements, d’autres enfin ont une capacité d’organisation qui leur permet d’avoir une vue d’ensemble de la situation. 

    Le principe directeur de Darnell Barkman au milieu de la crise était « la structure minimale viable ». Lorsque les gens ont eu besoin de sacs de sable, le terrain de l’église mennonite a servi d’endroit pour les remplir. Plus tard, lorsque les gens ont eu besoin d’un endroit pour se débarrasser de leurs biens abîmés lors des opérations de nettoyage, le parking de l’église mennonite est devenu une station de transfert. Grâce à un panneau en contreplaqué portant la mention « Déchargez ici » et à un peu de supervision, la communauté a évité des dizaines de trajets vers une décharge lointaine. 

    Les autorités municipales ont fait confiance à l’équipe de pasteurs pour organiser les choses au sein de la communauté. 

    « C’est vraiment formidable ! », se souvient Josh Kraubner en évoquant la cuisine de l’église MB remplie de gens qui servaient côte à côte : des dames de l’église mennonite, de l’église réformée, de l’église de l’Alliance et des bénévoles de l’assemblée d’accueil. « Nous pouvons mettre de côté nos petites différences pour servir nos voisins ». 

    Ê un moment donné, la collaboration inter-églises ad hoc a été tellement inondée de bénévoles qu’elle a dû refuser des personnes ou les diriger vers d’autres organisations qui n’étaient pas reliées à des réseaux d’églises. 

    Après l’inondation, certains membres de la communauté voient l’église différemment. 

    « Lorsque l’Église s’engage avec d’autres organisations non confessionnelles dans le développement communautaire, la communauté a l’occasion de voir un groupe de voisins travailler à l’amélioration de la communauté et l’Église y participer », explique Darnell Barkman. « Cela a permis d’éliminer certaines dynamiques de pouvoir… Nous étions aux côtés de tout le monde ». 

    « Si nous maintenons [les relations nouées pendant les inondations], nous verrons où Dieu crée des opportunités – qui ne sont pas basées sur l’urgence – pour que l’église travaille avec la ville pour la bénédiction de la région », ajoute Darnell Barkman. 

    Josh Kraubner a eu un aperçu de ce à quoi ressemble une catastrophe derrière les reportages. « Cela a rendu les choses très réelles », dit-il. Désormais, lorsqu’il entend parler d’une catastrophe dans une autre partie du monde, il se dit : « Je sais un peu ce que c’est… C’est traumatisant et difficile ». 

    Un autre impact durable des inondations a été la revitalisation du groupe ministériel. Des pasteurs de différentes confessions se rencontrent à nouveau régulièrement. 

    Plus d’un an après le retrait des eaux, pour certains, la convalescence semble terminée. Mais à côté du traumatisme persistant du moment, les tensions relationnelles et financières demeurent. Pour d’autres, la reconstruction est loin d’être achevée. 

    Après que la Conférence mennonite mondiale a lancé un appel à la prière (voir « Une lettre pastorale pour les anabaptistes-mennonites de Colombie-Britannique »), Darnell Barkman a reçu des encouragements du monde entier. Il s’est étonné « qu’avec des enfants travaillant dans des mines et des générations de conflits armés, voici qu’un pasteur de RD Congo m’envoie une prière par Google Translate en me disant ‘nous prions pour vous’ » ! 

    Cela lui a semblé être une image tirée de l’Apocalypse de Jean. « Nous vivons à une époque où la CMM peut convoquer une réunion de prière mondiale et où des tribus et des langues de toutes les nations (Apocalypse 7/9) apparaissent à l’écran », dit Darnell Barkman. 

    Et il a illustré la nécessité de changer la perception de la puissance dans l’Église mondiale. « On a l’impression que nous avons de l’argent et que nous envoyons de l’aide. Mais spirituellement, nous n’avons pas toutes les ressources. Nous contrôlons les choses que nous pouvons contrôler… mais il y a tellement plus de pouvoir et d’autorité spirituelle au sein de l’Église mondiale que nous devons apprendre à mieux recevoir. » 


    Lettre pastorale aux anabaptistes-mennonites en Colombie-Britannique (Canada) 

    Prière

     

  • France

    Après l’été dernier, on ne pouvait plus le nier. On y était. Ce fut une année très sèche en France, et cela a été ainsi depuis plusieurs années. On voit que les gens sont de plus en plus conscients du changement climatique. Maintenant, cela commence à les affecter. 

    Et pourtant, Il y a encore tant à en dire.

    Cela devrait être un problème prioritaire. Tous les aspects de nos vies en sont affectés et il ne s’agit pas seulement de la création ; il s’agit de nous qui vivons dans cette création. Il s’agit de nos voisins, ceux qui sont proches et ceux qui sont plus lointains, dans le monde entier. 

    Aujourd’hui, nos choix ont le potentiel de changer les choses dans un sens ou dans l’autre. 

    Dans mon travail avec LightclubberZ, un ministère de ‘Joie et Vie’ utilisant les arts, nous ne parlons pas seulement du changement climatique, nous utilisons l’art pour l’exprimer. 

    L’Association des Églises Évangéliques Mennonites de France collabore avec d’autres églises en France dans le cadre de cette organisation missionnaire. Mon travail s’adresse aux jeunes – adolescents et jeunes. En utilisant la danse, la musique, la peinture vivante, le théâtre et le piétinement, nous créons un art qui annonce la bonne nouvelle.  

    Une joyeuse simplicité 

    Bien que nos créations puissent être assez complexes, j’ai été récemment influencé par le concept de simplicité. Je l’ai découvert en lisant ‘La Sobriété heureuse’ de l’écologiste laïc Pierre Rabhi. Mais alors, bien sûr, j’ai aussi trouvé que c’était un message central de Jésus : « n’accumulez pas de richesses ; regardez les oiseaux, regardez la nature ; regardez comment Dieu pourvoit ; limitez-vous à ce dont vous avez besoin, n’ayez pas de choses superficielles » (Matthieu 6/19-34). C’est un grand thème de l’Évangile et de la Bible. 

    En tant que mennonite, je me sens très proche de cette approche. Malheureusement, bien qu’elle soit ancrée dans la Bible et dans la théologie anabaptiste, nous ne l’avons pas vraiment intégrée dans notre pratique quotidienne. 

    Alors, avec les jeunes de LightclubberZ, nous avons écrit ensemble une chanson sur la simplicité. 

    L’ingénieur français Jean-Marc Jancovici souligne que les problèmes techniques du changement climatique ne sont pas ce qui est le plus difficile. Ce sont les aspects culturels qui posent problème : changer les cœurs et les esprits des gens, ou simplement changer leurs habitudes. 

    Ê travers des chansons, des danses et des œuvres d’art, les jeunes de LightclubberZ apprennent à changer leur façon de voir. L’une des forces de l’art est qu’il nous aide à recevoir des informations autrement. Plutôt que d’utiliser notre esprit, nous apprenons par notre corps, notre cœur, nos sentiments.  

    Développer des valeurs dans la communauté 

    Suivant nos convictions mennonites, nous nous rassemblons dans une petite communauté où il est possible de développer des valeurs. Nous rassembler pour faire de l’art est une façon de voir le Royaume de Dieu venir parmi nous. 

    Dieu n’a pas besoin de nous, mais il nous invite à participer à son œuvre dans le monde. Lorsque je travaille avec LightclubberZ, j’ai l’impression de participer un peu à l’œuvre de Dieu à tous les niveaux. 

    Nous sommes des animaux sociaux, nous avons besoin de l’influence des autres. Nous voyons vraiment des changements dans nos vies lorsque nous avons une expérience de vécu commun, pas seulement lorsque nous nous rencontrons, faisons un spectacle et rentrons chez nous. Cela se passe pendant nos camps d’été ou nos tournées, lorsque nous vivons en communauté pendant des jours ou des semaines ensemble. Après les expériences de confinement dues au COVID, il est tellement évident que nous avons besoin de vraies relations pour être influencés dans le bon sens. Nous avons besoin de l’église et d’une vraie communauté de vraies personnes pour nous rapprocher de ce que Jésus nous demande. 

    La Bible est vraiment en avance sur son temps. La théologie anabaptiste interprète toute l’histoire comme une recherche de shalom. L’Évangile n’est pas seulement pour les individus, ni même pour la communauté, mais aussi pour toute la création de Dieu. Ce thème du shalom est présent depuis le tout début de la création – et il inclut le monde naturel tout autant que les êtres humains. 

    C’est un message prophétique que nous devons apporter à un monde où tout tourne autour de l’individu. 

    Notre devise à l’association LightclubberZ est « Faire du beau pour faire du bien » : faire du beau afin de faire du bien. Dieu nous a donné l’exemple dans la création, et Jésus a continué à nous montrer comment le vivre. Travaillons-y ensemble.

    Ephraïm Goldschmidt est membre de l’église mennonite d’Altkirch et directeur de LightclubberZ avec ‘Joie et Vie’. Il vit à Mulhouse (France).   


  • « La pandémie a poussé les églises à chercher de nouvelles façons d’être l’Église, d’autant plus que nous vivons dans une société multireligieuse en tant que minorité », dit Cynthia Peacock, représentante régionale pour l’Asie du Sud.  

    En tant que représentante régionale de la CMM, elle est en relation avec 350 assemblées locales, principalement par l’intermédiaire des neuf églises membres nationales d’Inde et du Népal. « Je rencontre les responsables, les responsables laïcs, les membres des assemblées, je lis les bulletins et j’écoute », dit-elle.  

    Maintenant que les restrictions liées à la pandémie sont levées, les représentants régionaux peuvent à nouveau rencontrer les églises en personne, ce qui permet de renforcer les relations. 

    « Les crises économiques, les catastrophes naturelles et les guerres sont des menaces sérieuses », déclare Agus Mayanto, représentant régional pour l’Asie du Sud-Est. Au Myanmar, les congrégations sont déplacées et subissent de violentes attaques dans le cadre de la guerre civile. L’Indonésie et les Philippines sont fréquemment frappées par des catastrophes naturelles telles que des inondations et des typhons.  

    « Mais en même temps, cela peut aussi être une occasion pour l’Église de témoigner au milieu d’une crise : une lumière et une bénédiction pour ceux qui ont besoin d’aide », a déclaré Agus Mayanto.

    Siaka Traore, représentant régional pour l’Afrique occidentale et centrale, constate que les églises sont confrontées à des difficultés lorsque de nouveaux responsables entrent en fonction, parfois à la suite d’un conflit, sans formation ni expérience. « Notre souhait est d’assister à une transition pacifique des responsables dans la continuité », déclare-t-il.

    Dans le sud de l’Afrique, représenté par Danisa Ndlovu, le changement climatique est une préoccupation actuelle. Le récent cyclone super tropical a causé des ravages au Malawi et au Mozambique, en plus de l’épidémie de choléra au Malawi. Au Zimbabwe, l’eau est rationnée en raison des pénuries persistantes.  

    « Ce qui est passionnant pour moi, c’est qu’en dépit de tous ces défis, l’Église est restée fidèle à sa vocation », déclare-t-il.  

    Les églises d’Amérique latine se sont réjouies de la reprise de certains rassemblements régionaux en présentiel.  

    « Le sentiment d’identification et d’appartenance à la famille mondiale grandit dans les églises de la région », déclare Willi Hugo Perez, représentant régional pour l’Amérique centrale et le Mexique. La région connaît de graves conflits politiques et socio-économiques, notamment la violence des gangs, la pauvreté et la migration. « Avec la sagesse de l’Esprit, certains commencent à repenser leurs tâches missionnaires et pastorales dans le contexte des réalités actuelles. » 

    Certaines églises anabaptistes-mennonites d’Amérique latine sont réticentes à l’égard de l’œcuménisme. Néanmoins, elles sont passionnées par l’idée d’apporter le message du salut en Christ à ceux qui ont faim d’entendre parler de l’espérance en Jésus. 

     

  • France 

    Association des Eglises Evangéliques Mennonites de France (AEEMF) 

    L’histoire des mennonites en France remonte aux débuts de l’histoire anabaptiste. On trouve des anabaptistes à Strasbourg déjà vers 1526. Ils seront rapidement obligés à la clandestinité mais une présence anabaptiste se trouve en Alsace tout au long du 16e siècle. 

    Au 17e siècle, surtout après la guerre de Trente Ans (1618-1648), des anabaptistes zurichois et bernois viendront s’installer et contribueront à la remise en état des terres agricoles. On les trouve surtout dans les Vosges, autour de Sainte-Marieaux-Mines et un peu plus tard dans le pays-de-Montbéliard (qui n’est pas encore français). A cause du rejet de la société environnante, ces anabaptistes restent à l’écart, gardant leurs dialectes allemands et formant des communautés « ethniques ». Cependant, des liens existent avec les autres mennonites européens, en Suisse, en Allemagne, et aux Pays bas. 

    En 1693 se déroule le « schisme amish » parmi les anabaptistes de France, de Suisse et du Palatinat. Fallait-il rester avec une ligne de séparation stricte d’avec le monde et exercer une discipline d’Eglise exigeante, ou le moment était-il venu de s’ouvrir un peu plus vers l’extérieur ? La plupart des anabaptistes en France suivent la tendance plus stricte amish et n’adopteront l’étiquette mennonite que bien des générations plus tard.  

    Ayant été exemptés du service militaire et de la prestation du serment par les nobles qui les accueillaient sur leurs terres, ces anabaptistes connaîtront des difficultés à partir de la Révolution française (1789). Désormais citoyens français, les anabaptistes seront appelés à participer aux guerres menées par Napoléon. Après un répit de quelques années, la France finit par les obliger au service militaire. Du coup, un nombre important d’anabaptistes émigreront vers l’Amérique du Nord au courant du 19e siècle. Ceux qui restent accepteront le plus souvent de faire le service militaire. 

    Il y avait environ 5 000 anabaptistes en France vers 1850, et seulement 3 000 à la fin du même siècle, la majorité étant toujours alsaciens. N’oublions pas non plus que cette majorité redevient allemande en 1870, laissant peu d’anabaptistes strictement francophones. Ainsi, le nombre de mennonites restant en France est très diminué et vers 1900, certains dirigeants spirituels commencent à envisager tout simplement la possibilité d’une disparition.   

    Au début du 20e siècle, la situation des mennonites en France n’était pas facile. Seize assemblées avaient tout simplement disparu au courant du siècle précédent. Les familles restantes furent dispersées, et quelques communautés ne pouvaient célébrer le culte qu’une fois par mois. Les assemblées, de plus, n’avaient pas de liens entre elles. 

    Ensuite est venue la Première guerre mondiale (1914-18), dont certains des champs de batailles traversaient les régions où se trouvaient les mennonites. Après la guerre, en 1918, l’Alsace-Moselle est redevenue française, avec une augmentation du nombre des mennonites. En dépit de la guerre, l’historien Jean Séguy considère les années 1901-1939 comme une période de rétablissement et de réveil dont les sources se trouvaient dans un retour à l’histoire anabaptiste et de nouveaux contacts avec les églises évangéliques françaises. 

    Ce réveil est interrompu par la Deuxième guerre mondiale (1939-45). L’Alsace-Moselle a été de nouveau annexée par l’Allemagne de Hitler et les hommes mennonites enrôlés de force dans l’armée allemande. Il est important de remarquer jusqu’à quel point l’histoire des mennonites français a été marquée par les guerres européennes, depuis Napoléon jusqu’à Hitler. 

    En 1945, l’Alsace-Moselle redevient française, et deux groupements de mennonites (de langues française et allemandes) 
    commencent à collaborer. La présence du Mennonite Central Commitee en vue de la reconstruction après-guerre aura un véritable impact sur la vie des mennonites européens, y compris en France. 

    Une sorte de vie nouvelle naîtra, voyant un début de réflexion sur la question de la non-violence et la défense de l’objection de conscience, la mise en place d’institutions sociales, une nouvelle implication dans la mission et la mise en place de l’Ecole biblique du Bienenberg, une école bilingue tri-nationale près de Bâle (en Suisse, près des frontières française et allemande) ayant en vue à ses origines la réconciliation des mennonites ayant été séparés par les guerres fraîches dans la mémoire. Jusqu’à cette période, les assemblées mennonites de France (comprenant désormais l’Alsace-Moselle) ont été des communautés surtout rurales, souvent composées de fermiers (étant d’ailleurs de très bonne réputation). 

    Dirigées collégialement par des anciens, prédicateurs et diacres, les assemblées avaient des liens entre elles, et les décisions importantes étaient souvent prises dans des réunions d’anciens où les assemblées étaient en principe toute représentées. Les cultes en France se déroulaient en langue française depuis le 19e siècle, tandis qu’en Alsace-Moselle, c’est la langue allemande et son dialecte alsacien qui primait. Désormais, c’est la langue française qui domine dans les cultes et les rassemblements. D’ailleurs depuis plus d’une vingtaine d’années, les mennonites français participent au « réseau mennonite francophone », qui cherche à créer des liens entre les Eglises mennonites utilisant la langue française en Europe, en Afrique et au Québec. 

    La conférence alsacienne et celle de langue française ont fusionné en 1979 pour devenir l’Association des Eglises Evangéliques Mennonites de France (AEEMF). Désormais, il y a une structure nationale unique. Deux fois par an, les délégués des assemblées se réunissent pour la prise de décisions concernant l’ensemble des Eglises. La réunion annuelle des anciens, prédicateurs et diacres contribue, elle, à la prise de décisions plutôt « théologiques ». Quelque part, cette structuration se situe donc entre le congrégationalisme (où chaque assemblée détient son « autonomie ») et la synodalité, où les Eglises prennent ensemble les décisions les concernant toutes. Au sein de cette structuration se trouvent aussi des pôles d’activité et de réflexion consacrés à des questions précises : jeunesse, ministères, théologie et éthique de la paix, mission en France, entraide et aide au développement, et diaconie. D’autres structures associatives, indépendantes de l’AEEMF, traitent de la Mission à l’étranger, l’édition d’un journal mensuel (Christ Seul) et de Dossiers thématiques (3 par an), l’aumônerie dans les hôpitaux, l’organisation de camps, de colonies et de voyages pour adultes. 

    Jusque récemment dans cette longue histoire, il existait une certaine méfiance envers la formation dispensée dans les écoles de théologie. Dirigées par des collèges d’anciens, les assemblées mennonites n’avaient pas de pasteur rémunéré. Certains anciens ont étudié dans des instituts bibliques évangéliques de France ou de Suisse. A partir des années 1970-80, quelques mennonites de France commençaient à suivre des formations dans des facultés de théologie, en France, ou plus rarement en Amérique du Nord.

    La composition des assemblées a connu aussi de changements importants. De moins en moins de mennonites sont agriculteurs, et beaucoup se trouvent employés dans la plupart des métiers du monde contemporain. Le côté « ethnique » s’estompe aussi petit à petit, avec des personnes d’origine « non-mennonite » de plus en plus présentes dans les assemblées, y compris dans des positions de responsabilité. De rurales, les assemblées commencent à s’urbaniser. La première assemblée urbaine a été fondée dans la région parisienne en 1958, et il existe désormais des Eglises à Strasbourg, Mulhouse, Colmar et près de Genève, sur la frontière franco-suisse. 

    Ces changements ont aussi abouti à une acceptation grandissante de pasteurs formés et rémunérés. Une « commission des ministères » aide les Eglises à réfléchir sur l’embauche d’un pasteur et sur l’importance de maintenir un fonctionnement collégial. 

    Les assemblées mennonites participent au travail missionnaire, en dehors de la France et dans le pays même, où plusieurs implantations d’Eglise nouvelle sont en route. La caisse-de-secours fait de l’humanitaire régulièrement, et souvent en lien avec les autres mennonites européens et le MCC. La présence du bureau du la Conférence mennonite mondiale à Strasbourg, puis du bureau d’Europe de l’Ouest de MCC, pendant de nombreuses années a contribué à montrer aux mennonites de France l’importance d d’une appartenance mondiale, audelà de la France et de l’Europe. 

    Les mennonites de France ont récemment décidé d’entrer en période de probation avec la Fédération Protestante de France et le Conseil National des Evangéliques de France, dans l’espoir d’être un pont entre ces deux familles protestantes. 

    ‚ÄîNeal Blough est retraité depuis octobre 2020 et est désormais professeur émérite de la Faculté Libre de Théologie √âvangélique de Vaux-sur-Seine et continue à enseigner dans plusieurs écoles de théologie. Didier Bellefleur est ancien à l’√âglise √âvangélique Mennonite de StrasbourgIllkirch et président du bureau de l’AEEMF


  • Une ville, une décennie, deux mouvements, 500 ans. Aujourd’hui, des représentants de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM) ont entamé un dialogue avec des représentants de la Communion Mondiale d’Eglises Réformées (CMER), un mouvement également né à Zurich dans les années 1500.  

    Quatre représentants de la CMM et trois représentants de la CMER ont entamé des dialogues à Camp Squeah, Colombie-Britannique, Canada, pendant plusieurs jours en mars, parallèlement aux réunions du Comité Exécutif.  

    Ces initiatives, comme les dialogues trilatéraux sur le baptême avec les catholiques et les luthériens, et le dialogue actuel avec la CMER, sont « une partie essentielle du travail de la Conférence Mennonite Mondiale », dit la politique de la CMM sur la « réconciliation de nos points de vue ».  

    Une partie de la mission de la CMM est de « maintenir des liens avec les autres communions chrétiennes mondiales ». La CMM cherche à encourager une plus grande unité au sein de l’Église mondiale en participant à des dialogues qui donnent la priorité à la guérison des mémoires et au rétablissement des relations. 

    Historiquement, le mouvement réformé avait « une hostilité meurtrière envers les anabaptistes à propos du baptême, de la nature de l’Église et de l’utilisation de l’État pour faire avancer et appliquer la Réforme », dit Thomas Yoder Neufeld (président de la Commission Foi et Vie de la CMM et membre du groupe de dialogue). 

    « Cependant, il y a de nombreuses convergences entre nos engagements », dit-il. « Notre dialogue ne consiste pas à ressasser le passé, mais à partager le besoin de faire vivre l’unité que le Christ a créée entre des membres de son corps souvent encore éloignés, voire hostiles ». 

    Le groupe de dialogue travaillera ensemble sur une déclaration qui comprendra le souvenir de notre passé commun, une confession et un engagement à vivre l’unité dans le Christ. Le 500e anniversaire, qui se tiendra prochainement à Zurich, en Suisse, constitue l’objectif immédiat de ces efforts.  

    « Nous sommes heureux de voir les désaccords aigus du passé faire place à l’apprentissage mutuel et à l’encouragement à vivre aujourd’hui le témoignage de l’Évangile dans nos traditions complémentaires », dit César García, secrétaire général de la CMM. « Ce sera une bénédiction de marquer ce 500e anniversaire à Zurich dans cet esprit de dialogue réconciliateur avec l’Église réformée ».  

    Le dialogue pourrait se poursuivre au-delà de 2025, en se concentrant sur la façon dont les engagements mennonites pour la paix et ceux des réformés pour la justice peuvent s’exprimer dans le travail et le témoignage communs. 

    Participants de la CMM au dialogue  

    • Thomas R Yoder Neufeld, co-président (Canada)
    • John D. Roth, secrétaire (États-Unis)
    • Anne-Cathy Graber (France) 
    • Rafael Zaracho (Paraguay) 
    • Tigist Tesfaye (Éthiopie) 

    Participants de la CMER au dialogue  

    • Gerardo Obermann, co-président (Argentine) 
    • Hanns Lessing, secrétaire (Allemagne)
    • Philip Peacock (Inde) 
    • Sandra Beardsall (Canada) 
    • Meehyun Chung (Corée du Sud)  
  • Près d’une fois par semaine, un visiteur se présente au bureau de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM) à Kitchener (Ontario, Canada), avec des cadeaux. Les cadeaux de Tim Sauer, le « pâtissier », se composent de fraises, de raisins, de rhubarbe, de pommes, de cerises aigres – et de chèques.  

    « Je n’aurais jamais pu être prédicateur ; je n’ai pas une belle voix de chorale ; [faire des tartes] me permet de manifester mon amour pour les autres », explique Tim Sauer.  

    Il a commencé à faire des tartes pour ses parents. Après leur mort, il a continué à faire des tartes pour remercier ses collègues bénévoles du magasin d’occasion du Comité Central Mennonite à Waterloo. Très vite, sa liste des organismes et des personnes s’est allongée. 

    Retraité après une carrière de bibliothécaire, Tim Sauer s’efforce de préparer en moyenne une tarte tous les deux jours. Souvent, il dépasse largement ce chiffre, avec près de 360 tartes par an.  

    Tim Sauer a affiné sa technique : trois tartes à la fois, enfournées en une heure environ.  

    « Je suis exceptionnellement pointilleux sur les garnitures », dit-il, ce qui est à la fois sa plus grande joie et son plus grand défi. Situé à proximité de la région fruitière du Niagara, il utilise toujours des fruits (ou de la citrouille), généralement frais et de saison. Dans un marché fruitier local, il trouve des offres pour des fruits en vrac qui doivent être utilisés immédiatement. 

    C’est la distribution qui lui prend le plus de temps. Les livraisons au 50 Kent (où se trouvent les bureaux de la CMM) sont pratiques car il trouve plusieurs agences mennonites sous un même toit.  

    Mais ses dons ne se limitent pas à la tarte. Tim Sauer réduit ses activités bénévoles en raison de son état de santé, mais son carnet de chèques continue de travailler.  

    « Je suis né dans une famille où l’éthique du travail était très forte. J’ai eu accès à une excellente éducation. D’autres personnes, dans des endroits différents et avec des parents différents, auraient pu réussir tout aussi bien, mais elles ne sont pas nées dans un endroit où elles pouvaient s’établir », explique-t-il. « Ils ont tout autant le droit que moi à une belle vie ».  

    « J’ai agonisé pendant des années… Je n’arrivais jamais à me sentir à l’aise avec ce que je donnais. Finalement, j’ai décidé que 50 % suffiraient. Je peux dépenser le reste comme je l’entends », explique-t-il.  

    Tim Sauer répartit ses dons : la moitié va à des organisations canadiennes, l’autre moitié à des organisations étrangères, comme un hôpital en Tanzanie, des frais de scolarité pour des femmes en Ouganda et la CMM.  

    Grâce à ses dons, non seulement il paie peu d’impôts sur le revenu, mais il bénéficie d’une remise importante. Et le chéquier ressort ! 

    « Il y a tellement d’opportunités. Cela me fait plaisir de donner de l’argent ». 

    Parfois, ses livraisons se limitent à un chèque et à des excuses : « Je suis désolé, il n’y a pas de tarte aujourd’hui ». 

    Tim Sauer savoure la reconnaissance qu’il reçoit lorsqu’il livre une tarte.  

    L’une de ses livraisons les plus mémorables a été celle d’une tarte préparée à partir de rares physalis (cerises de terre) de la région à un couple de pasteurs à la retraite. Ils ont été enthousiasmés par les saveurs qu’ils n’avaient pas mangées depuis une dizaine d’années. En l’espace de quelques mois, tous deux sont décédés après une vie de ministère et de service. Tim Sauer était reconnaissant de leur avoir offert ce doux souvenir dans leurs derniers jours.  

    Tim Sauer prouve que toute compétence peut être utilisée pour glorifier Dieu.  

    « Nous devons trouver des jeunes qui ont des dons et les encourager à les développer », déclare-t-il. 

    « J’ai de la chance. Combien de personnes peuvent faire un chèque de 5 000 dollars ? Combien de personnes peuvent donner 40 000 dollars par an ? » déclare Tim Sauer. « Lorsque je fais un chèque, je suis sur un petit nuage. Je suis béni ! » 

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