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  • Corée du Sud

    Pour parler d’espoir, je dois commencer par parler de désespoir.   

    Il y a une question que l’on me pose souvent quand je dis que je viens de Corée. C’est : « Quelle Corée ? » 

    Oui, cela fait 77 ans que la Corée a été divisée en Corée du Nord et Corée du Sud. La peur profondément enracinée, résultat d’une histoire de guerre et l’insécurité qui découle de cette peur, ont créé de nombreuses formes de désespoir. 

    Les Sud-Coréens ont quatre obligations majeures. L’une d’elles est le devoir envers la défense nationale. Et l’un des devoirs concernant celle-ci est celui du service militaire. Cette obligation s’applique aux hommes âgés de 18 à 40 ans. Ils sont conscrits et sont soldats pendant un an et demi. Après cela, ils doivent s’entraîner régulièrement en tant que soldats de réserve. 

    Les gens disent que ça va mieux, mais la culture militaire est toujours très violente. Les histoires d’intimidation, de suicides et de fusillades sont courantes.

    Quand on pense aux objecteurs de conscience en Corée du Sud, le groupe qui vient à l’esprit est celui des Témoins de Jéhovah. Il existe également diverses organisations telles que World Without War. Et il y a aussi les luttes des objecteurs qui ont survécu à l’emprisonnement et défendu leurs convictions. 

    Depuis 2020, les objecteurs de conscience ne vont plus en prison. Cette dernière année cela m’a donné de l’espoir ; mais il reste encore un long chemin à parcourir. Le système actuel de service alternatif a un caractère punitif, où l’on doit faire deux fois la durée du service militaire et l’on n’est autorisé à travailler que dans les prisons. 

    Il existe également des services alternatifs qui ne sont pas l’objection de conscience à proprement parler. Mon frère cadet est diplômé d’une université agricole gérée par le gouvernement et a commencé à cultiver des pommes de terre. En Corée, le nombre d’agriculteurs diminue et il y a peu de jeunes agriculteurs, si bien qu’un groupe restreint de jeunes hommes est choisi pour faire de la culture à la place du service militaire. Des cas similaires se retrouvent également dans certaines industries. Le processus de candidature est très difficile et la durée est aussi de trois ans. 

    Mon jeune frère a récemment été informé par le gouvernement qu’il était autorisé à remplacer son service militaire par un travail agricole. L’assemblée locale avait prié et je ne peux vous dire à quel point il a de la chance. Mais, non, je ne suis pas soulagé pour autant, car mes amis doivent encore aller à l’armée, et mes voisins doivent encore aller à l’armée. 

    Les églises mennonites coréennes essaient constamment d’être solidaires des objecteurs de conscience. Nous les invitons à donner des conférences et nous essayons d’écouter leur voix lors de réunions en face à face. Notre motivation et notre espoir dans ce combat pour la reconnaissance du statut légal des objecteurs de conscience sont en Jésus, notre maître et notre exemple depuis longtemps, pour notre engagement en tant que communauté anabaptiste-mennonite concernant le principe de non-violence. 

    La plupart des gens pensent peut-être qu’il n’y a pas de problème avec le système actuel de conscription. Mais je vois le désespoir. Je suis reconnaissant qu’il existe une communauté qui voit aussi ce désespoir et qui agit. Cette communauté est mon assemblée locale et l’Église Mennonite de Corée du Sud (MCSK). La CMM est aussi à nos côtés dans nos efforts pour être disciples de Jésus. 

    Récemment, la CMM a publié une déclaration de soutien aux objecteurs de conscience, en grande partie en réponse aux défis auxquels la MCSK est confrontée. La déclaration de la CMM manifeste sa solidarité envers nous. Et cela nous donne de l’espoir à moi et à mes compatriotes mennonites de Corée.

    Merci. 

    —Kkot-ip Bae (Î∞∞ÍΩÉÏûé) est membre de l’église mennonite Nonsan Peace and Joy en Corée du Sud. Elle a étudié la sociologie et les contenus des médias numériques et travaille comme spécialiste de la planification de programmes d’économie sociale ; elle a la responsabilité de la conception de la propagation des valeurs sociales. Elle est la représentante de l’Asie au sein du comité des Jeunes anabaptistes (YABs). Kkot-ip Bae a pris la parole lors de Renouveau 2023 – Jésus-Christ, notre Espérance – à Abbotsford, Colombie Britannique (Canada), le 25 mars 2023. Cet article est une adaptation de sa présentation. 


  • « Il y a quelque chose dans l’air ambiant parmi les théologiens mennonites, les spécialistes de la construction de la paix et les praticiens autour du projet décolonial …, qui est à la fois intéressant et très bon » , dit Andrew Suderman.   

    Ce professeur de l’Eastern Mennonite University et secrétaire de la Commission Paix de la Conférence Mennonite Mondiale a organisé la troisième Conférence et Festival Mennonite Mondial sur la Travail pour la Paix (GMP III) en Virginie (Etats-Unis). « Se rassembler : Le chemin de la foi et de la paix » était le thème de l’événement organisé du 15 au 18 juin 2023 par l’EMU et soutenu par la CMM. 

    Tigist Tesfaye, secrétaire de la Commission Diacres de la CMM, et César García, secrétaire général de la CMM, ont pris la parole lors des quatre séances plénières. Quelque 160 participants de 20 pays ont participé à 10 présentations de documents, 15 ateliers, une table ronde, une installation artistique et quatre représentations théâtrales et musicales. Certains invités internationaux n’ont pas pu assister à l’événement en raison des difficultés rencontrées pour obtenir une autorisation de voyage. 

    La conférence a été l’occasion d’une rencontre entre le monde universitaire et le monde religieux. « Nous avons ouvertement placé la conférence dans le cadre de la louange », a déclaré Andrew Suderman. Chaque séance plénière s’ouvrait et se clôturait par un temps de prière et de chant.  

    César García a exhorté les participants à rapprocher l’Église et le travail pour la paix, malgré les erreurs passées de l’une et de l’autre : « Créer des structures complètement indépendantes et séparées de l’Eglise est un détour inutile qui affecte l’impact de notre témoignage de paix…. La nécessité d’un travail de paix fondé sur la théologie et la Bible est une réalité constante dans beaucoup de nos églises et de nos institutions ». 

    César García. Photo : Henk Stenvers

    L’art et la scène ont également été associés à la théologie et à la théorie. « L’idée de ce GMP était de réunir des universitaires, des praticiens, des pasteurs et des artistes pour qu’ils partagent ce sur quoi ils travaillent et comment ils s’efforcent d’incarner la paix », explique Andrew Suderman. « Des musiciens et une troupe de théâtre aident à exprimer ces valeurs, ce voyage… à relier la tête, les mains et le cœur ». 

    Selon Juan Moya, membre du groupe colombien La Repvblica, la musique et la paix sont également indissociables. « La musique dépend des vibrations, des rythmes et de la poésie pour transmettre un message. C’est un langage universel ». La capacité de la musique à franchir les frontières et à construire la paix a été démontrée lorsque le président de la CMM, Henk Stenvers, des Pays-Bas, s’est mis à jouer de la batterie avec le groupe colombien. 

    En tant que conférence mondiale, l’événement a également rassemblé des voix du monde entier. « J’ai apprécié l’accent mis sur l’écoute et l’implication des personnes du Sud, qui ont partagé la façon dont la paix n’est pas seulement enseignée en tant que concept, mais aussi soufferte, exigée et – pour certains – devient un appel à l’action pour survivre », dit Juan Moya. 

    Une compilation des documents de la précédente édition du GMP aux Pays-Bas en 2019 a été récemment publiée sous le titre « A Pilgrimage of Justice and Peace : Global Mennonite Perspectives on Peacebuilding and Nonviolence ». (Un pèlerinage de justice et de paix : perspectives mennonites mondiales sur la construction de la paix et la non-violence, non traduit).

  • Rencontrez Hiro Katano de Sapporo, Hokkaido (Japon) Membre de la Commission Foi  et Vie 

    Quelle fonction occupes-tu au sein de la CMM ? 

    Je suis membre du Conseil Général, et je représente Nihon Menonaito Kirisuto Kyokai Kyogikai (Conférence de l’Église chrétienne mennonite du Japon), depuis 2016. Je fais le lien entre la CMM et mon union d’églises par la correspondance, l’information, la traduction et l’enseignement. Je suis aussi membre de la Commission Foi et Vie depuis juillet 2022.   

    Quelle fonction occupes-tu dans ta paroisse ?     

    Je suis membre de l’église mennonite de Sapporo Bethel depuis 1998 et je prêche et préside les cultes régulièrement. Ma femme Miwako et moi résidons au Centre mennonite de Fukuzumi à Sapporo. Le centre appartient et est géré par notre union d’églises pour des hôtes, les cultes, des réunions de travail et d’autres réunionsts. J’aide aussi ma femme dans son ministère de pasteure bénévole. 

    Les églises anabaptistes/mennonites du Japon m’ont donné la responsabilité du Northeast Asia Regional Peacebuilding Institute – NARPI (Institut régional de consolidation de la paix en Asie du NordEst) depuis son lancement en 2010. J’ai des occasions de présenter des conférences, des ateliers et d’écrire sur la théologie de la paix pour les mennonites et aussi pour d’autres dénominations.  

    Que signifie ‘être unifié’ pour le corps  du Christ ?    

    Pour moi, cela signifie revenir de temps en temps à nos valeurs communes en tant que disciples de notre Seigneur Jésus. 

     Foi : nous revenons régulièrement à la vie, aux enseignements et au ministère de Jésus pour réfléchir à notre discipulat. 

    Vie : nous nous rencontrons régulièrement dans notre communauté spirituelle pour discerner la direction du Saint-Esprit, pour être renouvelés et grandir. 

    Travail : nous œuvrons régulièrement à la réconciliation holistique avec Dieu, les autres et nous-mêmes et aussi avec la création, dans notre cheminement spirituel quotidien. 

    Bien que je me base sur ce qu’on appelle les valeurs anabaptistes fondamentales, elles attirent aussi les autres dénominations.    

    Quel livre ou podcast lu ou écouté récemment pourrais-tu nous recommander ? 

    J’ai été béni et encouragé par la série ‘The Jesus Way: Small Books of Radical Faith’ de Herald Press. Ces dix livres présentent de manière concise et lisible la foi et les conceptions anabaptistes. J’en ai fait des livrets pour présenter la foi anabaptiste de base aux jeunes japonais.   

    Quelles ressources publiées par la CMM recommandes-tu et pourquoi ?  

    ‘Convictions communes des Anabaptistes du Monde entier’ vaut la peine d’être lu, répété, réfléchi et étudié pour s’en imprégner. Bien que notre union d’églises ait sa propre confession de foi, ‘Convictions communes’ présente des éléments supplémentaires plus complets de la foi anabaptiste. 

    ‘Ce que nous croyons’ d’Alfred Neufeld est un guide utile pour approfondir ce document. J’ai organisé un atelier pour explorer les ‘convictions communes’ et j’ai fait une série de sermons basés sur ce qu’on en apprend. Je m’en sers maintenant pour une série de conférences vidéo sur les doctrines anabaptistes fondamentales. 

    Comme les quatre cavités du cœur, les quatre Commissions de la Conférence Mennonite Mondiale sont au service de la communauté mondiale des églises anabaptistes dans les domaines suivants : diaconie, foi et vie, paix et mission. Les Commissions préparent des documents à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils, proposent des ressources aux églises membres et facilitent le travail des réseaux et des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun. Ci-dessous le communiqué d’une des commissions.

  • Les Jeunes Anabaptistes (YABs, Young AnaBaptists) se connectent à travers le monde durant la Semaine de la Fraternité des YABs. 

    Du 18 au 25 juin 2023, des groupes de jeunes adultes du monde entier ont célébré la Semaine de la Fraternité des Jeunes AnaBaptistes (YABs). Avec pour thème « La famille que j’ai trouvée dans mon salut », les jeunes ont partagé des histoires, adoré ensemble, prié en commun, appris des témoignages des uns et des autres, et discuté de Luc 15/4-7. 

    Une nouvelle façon de se rencontrer cette année a été le lancement du groupe Discord des YABs, avec quatre rencontres virtuelles pendant la semaine de la fraternité des YABs, auxquelles ont participé 65 personnes de 11 pays. 

    « Comme de plus en plus de jeunes utilisent cette plateforme pour jouer, bavarder, écouter des notes vocales/webinaires et organiser des réunions virtuelles, nous voulons qu’autant de jeunes anabaptistes que possible se connectent les uns aux autres à travers cette plateforme », explique Ebenezer Mondez, le mentor des YABs. 

    Lors de deux des quatre rencontres virtuelles, l’actuel Comité des Jeunes Anabaptistes a invité deux membres du premier Comité YAB (qui s’appelait alors AMIGOS) : Sarah Nahar (née Thompson) est aujourd’hui formatrice en action non-violente et théologienne interspirituelle ; Elina Ciptadi est aujourd’hui responsable de la communication par intérim de la CMM et étudiante en thérapie familiale. 

    « La participation à l’Assemblée / Sommet Mondial de la Jeunesse a changé ma vie », dit Elina Ciptadi. « Cela m’a ouvert des portes, en tant que responsable d’un petit groupe de jeunes adultes, pour travailler sur des causes plus importantes au niveau national, puis au niveau mondial grâce à la CMM. C’est très stimulant de savoir que j’ai des amis dans le monde entier avec lesquels nous pouvons partager nos luttes et nos victoires, prier les uns pour les autres et apprendre les uns des autres ». 

    Les YAB continueront à utiliser Discord pour renforcer les liens établis lors du Sommet Mondial de la Jeunesse 2022 en Indonésie. 

    « J’encourage tout le monde à cultiver les liens mondiaux que vous avez noués à l’Assemblée, et à voir comment Dieu peut faire des merveilles à travers ces relations », déclare Elina Ciptadi.  

    Il n’est pas trop tard ! Tous ceux qui souhaitent encore utiliser le matériel de la Semaine de la fraternité des jeunes adultes pour leur église peuvent le télécharger ici. Les jeunes et les jeunes adultes qui souhaitent rejoindre la communauté en ligne peuvent s’inscrire ici.


    A propos du Comité YABs (Jeunes Anabaptistes) :  

    Ce comité représente tous les jeunes gens devant le Conseil Général de la CMM et travaille avec le Comité Exécutif de la CMM. Le Comité YABs (Jeunes Anabaptistes) est composé d’un représentant de chaque continent et d’un mentor. 
  • « J’ai appris que chaque participant avait son propre accent ; cela m’a rassuré de savoir qu’il est normal d’avoir un accent », dit Hens Sita, membre de GITJ Kelet (Indonésie). 

    Avant l’Assemblée de la Conférence Mennonite Mondiale en Indonésie, IndoMenno (une collaboration des trois synodes indonésiens*) a organisé des cours d’anglais et d’indonésien. 

    Jusqu’à 1 000 invités, dont beaucoup d’anglophones, étaient attendus à la 17e Assemblée de la Conférence mennonite mondiale en Indonésie en 2022. Une centaine de bénévoles locaux ont été recrutés pour les accueillir. 

    La CMM communique en anglais, en espagnol et en français, tant à l’oral qu’à l’écrit. Pour les Assemblées, l’anglais et la langue locale – dans ce cas, le bahasa indonésien – deviennent la langue de la scène, tandis que les interprètes retransmettent les interventions à l’aide d’écouteurs en espagnol et en français. 

    Les Indonésiens n’ont pas seulement appris à parler anglais, le personnel de la CMM a également pris des cours d’indonésien. 

    Approfondir ses connaissances 

    Hens Sita (interprète : anglais-indonésien), Miekje Hoffscholte-Spoelder, Henk Stenvers, J. Nelson Kraybill.Photo : Nelson Okanya

    MCC International a contribué à l’organisation des cours, à la formation des enseignants et à l’achat du matériel. 

    Pour l’anglais, une session de formation de deux jours a permis aux enseignants d’offrir des cours locaux (soutenus par des vidéos et du matériel écrit). L’objectif d’une soixantaine de formateurs a été presque atteint : chacun a ensuite formé plusieurs apprenants dans son assemblée locale, soit plus d’une centaine de volontaires pour servir les invités de l’Assemblée. 

    Hens Sita s’est inscrite aux cours « pour approfondir sa connaissance de la langue anglaise et se préparer à accueillir les invités dans un anglais correct et poli ». Elle a interprété l’anglais en indonésien lors de certains ateliers et a apprécié de pouvoir participer à des séminaires pour en savoir plus sur les mennonites pendant l’Assemblée.  

    Le point fort de son travail a été de servir d’interprète sur le site satellite de Margokerto lors de la transition présidentielle entre J. Nelson Kraybill et Henk Stenvers. 

    Des mots clés et une bonne attitude 

    Des cours d’indonésien ont été proposés en ligne deux fois par semaine pendant environ deux mois aux six membres du personnel de l’Assemblée basés en Indonésie. 

    Bien que l’enseignement ne soit pas suffisant pour apprendre la langue, le personnel de l’Assemblée a appris des mots clés, la structure de base de la langue et certains facteurs culturels. « Bien que j’aie toujours été accompagné d’une personne qui traduisait pour moi lorsque je rencontrais des gens [dans le cadre de mes activités professionnelles], ces cours m’ont été d’une grande utilité », explique Ebenezer Mondez.  

    Ebenezer Mondez. Photo : Nico Yonatan

    Dans son travail sur le site web multilingue et les formulaires d’inscription compliqués, cette connaissance de base de la langue et de la culture indonésiennes s’est souvent avérée utile. 

    Ebenezer Mondez, qui parle le tagalog, a eu l’avantage d’apprendre l’indonésien à partir d’une famille de langues apparentée. « Grâce à la formation, j’ai pu faire le lien entre les deux langues » et il est heureux de pouvoir se déplacer dans la ville de manière autonome. 

    « Je n’ai jamais eu l’occasion de parler le bahasa indonesia après avoir quitté le pays et j’ai peur de le perdre un jour », dit Ebenezer Mondez, « mais je pense que c’est une langue très importante pour nous en Asie du Sud-Est puisqu’elle est parlée en Indonésie, en Malaisie, à Singapour, au Brunei et au Timor-Oriental ». 

    « La CMM a pour but de créer des relations au sein de notre famille mondiale », explique Liesa Unger, responsable des événements internationaux. Au quotidien, cela se passe entre les responsables des églises membres nationales, mais lors des Assemblées, les membres des assemblées de la CMM franchissent les frontières pour se rencontrer face à face en tant que membres de la famille anabaptiste-mennonite mondiale. 

    *Aujourd’hui, il y a trois groupes anabaptistes-mennonites en Indonésie :

    • Gereja Injili di Tanah Jawa (GITJ – Église évangélique de Java)
    • Gereja Kristen Muria Indonesia (GKMI – Église chrétienne de Muria d’Indonésie)
    • Jemaat Kristen Indonesia (JKI – Assemblée chrétienne indonésienne)
  • « Au cours des 100 dernières années, le monde a énormément changé et en même temps, pas tant que cela », dit Henk Stenvers. L’Église et la société font face au nationalisme et à la polarisation, et même à la guerre en Ukraine. 

    « Alors que nous nous préparons à marquer les 100 ans de la CMM et les 500 ans de l’anabaptisme en 2025, il est temps de regarder vers l’avenir », déclare Henk Stenvers. « C’est le moment d’examiner la signification de notre message et de notre mission pour les années à venir. Les questions importantes au temps de la Réforme le sont-elles toujours pour nous ? Avons-nous de nouvelles questions ? certaines n’ont-elles plus de sens ? » 

    « L’étude de l’histoire des traditions de notre Église nous aide à nous rappeler qui nous sommes vraiment et à nous souvenir de notre vrai fondement qui repose sur la Bible », dit Tigist Tesfaye. 

    « Le renouveau ne consiste pas à retourner au passé, même s’il faut s’en souvenir », dit Tom Yoder Neufeld. « Le renouveau, c’est s’ouvrir au souffle vivant de Dieu, le Saint-Esprit (Ezéchiel 37). 

    « C’est la promesse, au cœur de l’appel à la repentance, à faire ‘demi-tour’ et aller dans une nouvelle direction. C’est le don du pardon, qui ouvre l’avenir à la réconciliation. C’est au centre du drame du baptême, la mort avec le Christ et la marche dans la nouveauté de vie : vivre la résurrection. Il réside dans l’espoir d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre », dit Tom Yoder Neufeld. 

    « Le renouveau implique de regarder le passé avec de nouvelles lentilles ainsi que de d’imaginer de nouveau le présent et l’avenir », dit Andrés Pacheco Lozano. « Pour être renouvelés, nous devons redire notre histoire particulière. Redire notre histoire peut être une expérience transformatrice car cela nous permet de (re)façonner les narratifs qui forment notre identité. Cette créativité libératrice ouvre la possibilité à de nouvelles interprétations pour vivre la radicalité du message évangélique de justice et de paix dans le présent et dans l’avenir ».  

    « Le renouvellement nous fait passer de l’ancien au nouveau », dit Andi Santoso. 

    « Le Dieu qui est aussi esprit appelle les gens à différentes époques de l’histoire, toujours pour apporter quelque chose de nouveau et nous connecter à Dieu. La nouveauté est quelque chose de spirituel et de naturel (par exemple, il y a des saisons – le printemps après l’hiver) », explique Andi Santoso. 

    « Il est important d’être dans un état constant de renouvellement », dit Lisa Carr-Pries. « Cela n’arrive pas une fois pour toutes. Nous devons toujours être à l’écoute : le renouveau a besoin de nos oreilles et nécessite aussi un changement constant de perspective. » 

    « Le vin nouveau ne peut pas être mis dans de vieilles outres, il éclatera », dit Sunoko Lin, réfléchissant à Marc 2. Lorsque Jésus a dit à l’homme paralysé de prendre sa natte et de rentrer chez lui, il lui a donné plus qu’il n’attendait : la capacité de marcher et de porter quelque chose. « Le renouveau apporte quelque chose de nouveau ou de meilleur. Jésus a promis du vin nouveau, des outres neuves ; non seulement pour marcher, mais aussi pour porter une natte. » 

    Être radical 

    « Le besoin de renouvellement reste constant, que nous nous focalisions sur notre identité (qu’est-ce que signifie être anabaptiste ?) ou sur notre mission (quelle est notre mission dans le monde ? Est-ce l’évangélisation ? le rétablissement de la paix ?) », dit Tom Yoder Neufeld. 

    « Je ne pense pas que le renouveau consiste à adapter l’anabaptisme à différents contextes et réalités, mais plutôt à voir les nuances des nouvelles formes ou visions de l’anabaptisme qui ont émergé dans des endroits différents », dit Andres Pacheco Lozano. « La manière dont la tradition anabaptiste s’est développée à un endroit donné et la façon dont les individus, les paroisses et les communautés de ces endroits l’ont mise en pratique en font des compositions hybride uniques dans de nombreuses régions du monde. » 

    Il dit qu’il faut parler non seulement de polygenèse mais aussi de polyanabaptisme pour discerner des différences et des variations. « Un espace comme la CMM a le potentiel de les faire dialoguer, ce qui est l’un des dons les plus importants de la conversation anabaptiste de notre communion mondiale. » 

    Un jeune pasteur des Pays-Bas a dit à Henk Stenvers : « Nous redeviendrons vraiment mennonites lorsque la police frappera à nos portes. Le message de paix du Christ était radical. Est-ce que nous, dans le Nord, sommes trop bien intégrés dans la société par notre conformisme aux autorités et aux systèmes économiques ? » 

    « Y a-t-il un renouveau dans notre relation avec les autres ? » demande Andi Santoso. Nous devons remettre en question le statu quo et considérer aussi l’aspect social du salut. « En lui, Jésus a apporté la réconciliation : faisons-nous une différence dans le monde en œuvrant pour la paix et la justice ? Y a-t-il un changement dans la manière dont nous nous comportons ? » 

    « Aujourd’hui, le renouveau devrait nous mettre mal à l’aise… surtout si nous détenons pas mal de pouvoir » déclare Anicka Fast. « Lorsque le mouvement anabaptiste a commencé, il était perturbateur et gênant. Les gens en marge de l’Église ont contesté ce que disaient ses puissants dirigeants. Le renouveau sera souvent déstabilisant. » 

    Historienne, elle étudie l’histoire des églises en Afrique : elle est animée par des vagues de réveil, dirigées par des Africains, dirigées par des femmes.  

    Le Réveil est-africain a commencé dans les années 1930 et a balayé le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie. « Tout a commencé par des amitiés et une communion fraternelle entre chrétiens africains et missionnaires européens et nord-américains. Ils se repentaient ensemble de leurs comportements les uns envers les autres. Ils ont développé de solides amitiés et sont devenus des groupes très unis appelés fraternités de réveil. » 

    « Le premier évêque mennonite de Tanzanie, Zedekiah Kisare, a rappelé que lorsque le réveil est arrivé chez lui, c’était comme si une mèche avait allumé de la dynamite : c’était une explosion ! », raconte Anicka Fast. « Tous ont commencé à pleurer. Ils ont changé de vie. L’évêque missionnaire américain a changé son attitude de supériorité envers les chrétiens africains. C’était un revirement complet qui a conduit à une nouvelle façon de vivre ensemble. » 

    « Le réveil a fait exploser les frontières entre les dénominations. Les gens voulaient prendre la Sainte Cène tous ensemble », dit Anicka Fast. Malheureusement, « parfois, le renouveau se produit et nous nous accrochons à ce qui est ancien et nous le bloquons ». 

    Prendre des risques 

    Parfois, nous devons tout abandonner pour vivre de nouvelles expériences et vraiment dépendre de Dieu, dit Andi Santoso. Il l’a fait personnellement, laissant derrière lui sa culture et son ministère, pour étudier aux États-Unis. « En voyant de nouvelles réalités, je remets en question ma propre foi et mes convictions. Si Dieu existe, où est l’amour de Dieu dans cette réalité brisée ? L’aspect communautaire des églises se développe alors que nous devenons des thérapeutes souffrants, des bâtisseurs de paix brisés. » 

    Le besoin de renouvellement ne doit pas nous mettre sur la défensive. « Nous avons encore des difficultés : difficultés interculturelles et énormes différences de situation économique. La manière par laquelle le Nord est devenu si riche : les flux économiques vont de pair avec l’exploitation des pays d’Afrique pour le bien-être du Nord ; ce sont des raisons de se repentir », déclare Henk Stenvers. « Une partie du renouveau consiste à reconna√Ætre que les choses doivent changer. » 

    S’appuyant sur les travaux de la théologienne Dorothee S√∂llee sur la spiritualité, Andrés Pacheco Lozano identifie le renouveau comme un processus (spirituel) qui comprend trois dimensions. Via positiva : qui célèbre les dons et la manière dont ils s’expriment à différentes époques et dans différents contextes ; Via negativa : le lâcher prise sur l’ego, la confrontation des manières dont nous avons bénéficié ou renforcé les systèmes oppressifs (y compris la discrimination fondée sur les races, les genres, les capacités ou les classes, et d’autres formes d’injustice et de violence, y compris l’urgence climatique induite par les êtres humains), l’exploration des souffrances qu’elles ont causées et les efforts pour réparer les relations rompues. Via transformativa : être soi-même transformé pour transformer les injustices et la violence dans le monde.  

    « Les dons sur lesquels nous construisons [nos vies], les problèmes que nous affrontons et que nous délaissons, les blessures que nous entretenons, nous invitent à être transformés et à incorporer de nouvelles pratiques, de nouvelles compréhensions, de nouvelles façons de voir l’anabaptisme », dit Andrés Pacheco Lozano.  

    Stratégies 

    « Le renouveau est individuel, mais c’est aussi un choix que l’on peut faire en tant que communion […] comme de prendre les décisions par consensus, par l’échange, même si cela prend beaucoup de temps », explique Henk Stenvers. « Ensemble, dialoguant les uns avec les autres et avec l’Esprit, nous voulons découvrir ce que Dieu nous dit. Pour cela il faut être ouverts les uns envers les autres (écouter ce que les autres disent), être ouverts par rapport au temps (ne pas être pressés de prendre des décisions) et être à l’écoute de l’Esprit. » 

    L’écoute est ce qui motive les gens. « Que vous dit la Bible ? Que me dit la Bible ? Comment pouvons-nous nous mettre d’accord ? » 

    « Si nous venons d’un endroit où il n’y a pas eu de renouveau, il peut être difficile d’être en mesure d’entendre ceux qui en ont vécu un », explique Anicka Fast. « Les témoignages peuvent sembler étranges, mais l’œuvre du Saint-Esprit est souvent surprenante. Il franchit les barrières. Le renouveau se produit lorsqu’on fait un pas, ensemble ou en tant que groupe, et qu’on commence à se repentir ensemble, à prier ensemble et à étudier la Bible ensemble en petits groupes ». 

    « Le renouvellement et le renouveau ont une dimension très politique. Ils ne sont jamais limités à la vie intérieure des personnes. Historiquement, les réveils commencent presque toujours par des mouvements de repentance : réparer ce qui a été brisé, ceci souvent dans les relations.  

    « Le renouveau est lié à la mission : agrandir la famille de Dieu » ajoute Anicka Fast. Reconna√Ætre dans nos propres cœurs là où nous ne sommes pas fidèles – et ensuite changer. Ce qui en ressort est à la fois une nouvelle façon d’être Église et de nouvelles perspectives sur les relations sociales. 

    Lors de la guerre anticoloniale des Mau Mau au Kenya dans les années 1950, les ‘abalokole’ (les ‘sauvés’) ne participaient pas à la guerre. Ces personnes disaient « Je ne peux pas tuer quelqu’un pour qui Christ est mort ». Ils s’appuyaient sur l’idée forte que Jésus fait de nous un nouveau type de famille – une famille au-delà des frontières des ethnies, des races et des nationalités – comme raison de ne pas soutenir l’un ou l’autre côté en guerre », dit Anicka Fast. 

    « La seule façon de se transformer est de le faire par la pratique », dit Lisa Carr-Pries. « Nous sommes tentés de dissimuler nos mauvais côtés parce que nous craignons d’être condamnés ou rejetés par les autres ; nous n’aimons pas les responsabilités parce que nous aurions honte de ne pas être à la hauteur. Ce n’est pas ce que l’église doit être si nous voulons vivre un renouveau. Admettons que nous avons fait une erreur et que nous voulons faire mieux. 

    « Nous devons essayer des faire des choses radicales qui nous mettent mal à l’aise », dit Lisa Carr-Pries. « Nous devons être une communauté qui ressemble à un trampoline : il est souple, il nous rattrape avant d’être blessés et c’est amusant. » 

    Il y a des étapes dans les formes de pratique. Nous n’allons pas réussir immédiatement après avoir essayé. Il est possible de faire des erreurs et il est possible de les réparer. Et nous partons du principe que tout le monde ne sera pas d’accord. » dit Lisa Carr-Pries. 

    « La réparation et le pardon ne sont pas nécessairement la même chose. Épanouissement, réconciliation, retour aux sources, appartenance – ce sont des mots qui invitent à la transformation dans les communautés où nous les exerçons. » 

    « Si nous évitons de discuter de certains sujets et si nous limitons les conversations, nous agissons de façon très contre-productive. Au contraire, les espaces mondiaux devraient précisément nous aider dans notre processus de renouveau : comprendre que les frères et sœurs dans la foi vivant dans différents contextes auront d’autres façons de contribuer à nos propres luttes et à nos propres questions sur ce que signifie être une église », dit Andrés Pacheco Lozano. 

    « Nous allons devoir faire des progrès pour accepter qu’il peut y avoir plusieurs vérités en même temps », déclare Lisa Carr-Pries. « Cela ne veut pas dire être tièdes ou de ne pas se prononcer. » 

    Aujourd’hui, l’Église fait face à de multiples difficultés, que ce soient les divisions internes jusqu’à l’urgence climatique dans le monde. La crise révèle le besoin de renouveau – et éviter de faire face à tous les défis est en soi de la violence. 

    Idéalement, le CMM devrait créer des espaces, des opportunités et des conditions pour que des relations se développent et aussi pour avoir des conversations difficiles et ainsi être transformés. 

    « L’Église est comme un système vivant. Un système qui n’a pas d’échange avec l’environnement qui l’entoure est immobilisé. Il meurt à long terme. Nous devons tirer les leçons de notre héritage sur la paix et la résolution des conflits. Nier les conflits n’est pas la solution. Mais si on les aborde convenablement, ils peuvent conduire à la transformation non seulement des opinions, mais aussi des relations, pour notre plus grand bien. » 

    « Il n’est pas facile d’être assis dans une pièce avec des personnes qui ont des expériences différentes ou qui interprètent théologiquement et ecclésiologiquement des expériences similaires autrement » dit Andrés Pacheco Lozano. « Mais, comme dans une famille, quand vous êtes à table, vous parlez aussi des choses difficiles. En mettant de côté certaines des dynamiques de pouvoir liées à la métaphore familiale, les repas permettent de partager à la fois des joies et des sujets difficiles, fréquemment espérons-le, et où nous pouvons aborder des questions autrement. » 

    « Nous devrions être encouragés, remis en question, transformés et renouvelés par la façon dont nous apprenons de nos frères et sœurs dans d’autres parties du monde. C’est ce qui est beau et malaisé en même temps. Peut-être que la diversité est ce qui nous en donne la possibilité. La CMM donne des opportunités de croissance » dit Andrés Pacheco Lozano. 

    « Il y a beaucoup de raisons d’espérer. La CMM est un exemple de la manière dont on peut franchir les barrières culturelles, nationales et aussi théologiques, et être toujours une seule communion », déclare Henk Stenvers. « Notre défi est d’être ouvert ; changer même si nous ne savons pas ce que ce changement apportera. Quand le Christ nous demande d’être un, la seule manière de l’être, c’est dans l’espérance et la confiance en Dieu. » 

    Anne Marie Stoner-Eby, ‚ÄúBuilding a Church Locally and Globally: The Ministry of Zedekiah Marwa Kisare, First African Bishop of the Tanzanian Mennonite Church,‚Äù Journal Biographique Des Chrétiens d’Afrique 7, no. 2 (July 2022): 26. 
    Festo Kivengere y Dorothy Smoker, Revolutionary Love (Moscow, Idaho: Community Christian Ministries, 2018). 
    David W. Shenk, Justice, Reconciliation and Peace in Africa, Revised edition (Nairobi: ‘Uzima Press’, 1997) see also; Festo Kivengere, ‚ÄúForce and Power‚Äù, in Justice, Reconciliation and Peace in Africa, by David W. Shenk, Revised edition (Nairobi: Uzima Press, 1997), 169–72.


    Nous avons interrogé les responsables de la CMM sur ‘Renouveau’. 

    • Comment pourrions-nous, en tant qu’anabaptistes-mennonites, rechercher le renouveau à ce stade de notre histoire ? 
      • Quels changements devrions-nous peut-être apporter ? 
      • Quels risques devons-nous être prêts à prendre ? 
      • Pouvons-nous être aussi radicaux que l’étaient les premiers anabaptistes en leur temps ? Voudrions-nous l’être ? 
      • Le renouveau est généralement perturbateur, mais peut-il être non violent ? 
    • De quelles stratégies ou positions avons-nous besoin pour relever le défi d’être une famille anabaptiste mondiale unie aujourd’hui ? 

    Qu’en pensez-vous ? 

    Joignez-vous à notre conversation ! Ajoutez vos propres réflexions ci-dessous ou envoyez-nous un courriel (info@mwc-cmm.org). 

    Contributeurs : 

    • Andrés Pacheco Lozano, Commission Paix, secrétaire (Colombie/Pays-Bas) 
    • Anicka Fast, Commission Foi & Vie, secrétaire (Canada/Pays-Bas/Burkina Faso) 
    • Andi Santoso, Commission Diacres, président (Indonésie/États-Unis) 
    • Henk Stenvers, Comité Exécutif, président (Pays-Bas) 
    • Lisa Carr-Pries, Comité exécutif, vice-présidente (Canada) 
    • Sunoko Lin, Comité Exécutif, trésorier (Indonésie/États-Unis) 
    • Thomas R Yoder Neufeld, Commission Foi & Vie, président (Canada) 
    • Tigist Tesfaye, Commission Diacres, secrétaire (Éthiopie) 

  • En 2017, la Conférence Mennonite Mondiale a lancé une série d’événements appelés Renouveau

    L’idée originale est née à l’occasion du 500e anniversaire du début du mouvement anabaptiste à Zurich (Suisse) en 2025. 

    Ce projet comprendrait plusieurs éléments clés : 

    1. Il devrait honorer le passé, mais mettre principalement l’accent sur le présent et l’avenir. 
    2. Il devrait mentionner les débuts anabaptistes mais insister sur le témoignage mondial de l’Église aujourd’hui, mettant en évidence les expressions de l’anabaptisme dans le contexte culturel de chaque pays hôte. 
    3. Il devrait faire participer les membres ordinaires des assemblées locales qui témoignent de la présence du Saint-Esprit dans l’Église aujourd’hui. 

    Le format de chaque événement de Renouveau a varié. Parfois, il s’est agi d’un rassemblement d’une journée, avec un repas et des ateliers. Au plus fort de la pandémie de COVID-19, nous avons organisé l’événement en ligne sous la forme d’un webinaire mondial. Ê Abbotsford, en Colombie-Britannique (Canada), nous l’avons célébré en soirée avec un culte de deux heures. 

    Ê chaque occasion, nous avons chanté, prié, partagé nos expériences et été encouragés. Nous avons accueillis la présence du Saint-Esprit, sachant que la bonne nouvelle de l’Évangile continue d’être annoncée dans des cultures et des contextes nombreux et très différents. 

    Commencé comme un mouvement de renouveau, l’anabaptisme n’a perduré que parce que chaque génération d’anabaptistes-mennonites a été renouvelée par l’action de l’Esprit. 

    ‘Renouveau’, une initiative de la CMM qui célèbre ce renouvellement continu de l’anabaptisme dans le monde, a débuté en 2017 en Europe et culminera en 2028 en Éthiopie. 

    Joignez-vous à nous en 2024 pour célébrer ‘Renouveau’ au Brésil, puis à nouveau lors d’une réunion de la famille mondiale à Zurich en 2025. 

    Et notez bien l’année 2028 dans votre agenda, lorsque la 18e Assemblée célébrera l’œuvre remarquable du Saint-Esprit dans l’Église Meserete Kristos en Éthiopie ! 

    —John Roth, coordinateur des événements de ‘Renouveau’


  • « Je prie pour que tous soient un. Père, qu’ils soient unis à nous, comme toi tu es uni à moi et moi à toi. Qu’ils soient un pour que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé. » (Jean 17/21)

    C’est avec ces paroles de l’Évangile de Jean que nous saluons chaleureusement nos sœurs et nos frères des Églises anabaptistes du monde entier, ainsi que ceux des autres communions chrétiennes.

    Aujourd’hui, à ce point de notre histoire, nous réfléchissons aux 500 premières années de la Réforme radicale.

    Renouveau’ est le nom que la Conférence Mennonite Mondiale a donné à la décennie d’événements régionaux célébrant la mémoire de cinq siècles de notre existence en tant que communauté spirituelle. Nous abordons ces 10 ans de commémorations en nous focalisant sur notre histoire dans une perspective globale, œcuménique et transculturelle.

    Nous nous souvenons du passé pour regarder vers l’avenir. Nous voulons nous rappeler nos racines en exprimant notre gratitude à Dieu pour l’héritage spirituel que nous avons reçu. Mais nous nous présentons aussi devant le Seigneur dans un esprit de repentance et de renouveau, déterminés à apprendre du passé pour grandir dans notre relation avec Dieu ici et maintenant et dans les années à venir.

    Pourquoi avons-nous besoin les uns des autres ?

    Avec le thème de ‘Jésus-Christ, notre Espérance’, nous cherchons à explorer quel témoignage au monde notre tradition anabaptiste a apporté concernant Jésus, notre espérance, depuis le XVIe siècle.

    L’unité est l’un des défis auxquels nous avons été confrontés dans la communauté anabaptiste tout au long de notre histoire.

    Pourquoi devons-nous être un avec les autres membres de notre famille spirituelle au niveau mondial ?

    Pourquoi avons-nous besoin d’une organisation comme la Conférence Mennonite Mondiale, qui promeut l’unité de 10 000 assemblées locales, 108 unions d’églises et 1,5 million de croyants baptisés ?

    Dans des contextes de persécution, d’oppression ou de violence, les raisons pour lesquelles nous avons besoin d’une église mondiale semblent assez évidentes pour nos membres : une communion mondiale offre un soutien lorsque les paroisses font face à des circonstances difficiles, comme par exemple le manque de ressources financières, le besoin de plaidoyers politiques ou d’accompagnement pastoral.

    En Afrique, en Asie et en Amérique latine, l’interdépendance mondiale est cruciale pour les projets dépassant la capacité d’une assemblée locale, comme par exemple la mission, l’éducation théologique ou la formation de nouvelles organisations.

    Que disent nos églises à propos de Jésus ?

    Cependant, au-delà des raisons pragmatiques de rechercher l’unité, notre tradition anabaptiste doit retrouver la vision d’une Église mondiale visible.

    La raison pour laquelle j’affirme cela est liée au concept et à la pratique de l’ecclésia dans le Nouveau Testament. Les Écritures parlent d’assemblées locales interdépendantes qui s’appuient les unes sur les autres concernant la théologie, l’accompagnement pastoral, le soutien financier en temps de crise, la mission etc.

    Cependant, plus critique encore est le fait que Jésus a lié la crédibilité de sa vie à l’unité de ses disciples.

    La Conférence Mennonite Mondiale est ‘l’espace’ mondial où nous pouvons recevoir l’unité comme un don de Dieu.

    Tout en remerciant Dieu pour Jésus-Christ, notre espérance, maintenons aussi une attitude de repentir pour les divisions qui ont surgi parmi nous et qui ont un impact négatif sur la vie et le ministère de Jésus dans un monde marqué par les polarisations, les divisions et la fragmentation.

    • Demandons pardon pour toutes les blessures que nous avons causées au corps de Jésus.

    • Cherchons un renouveau qui considère le manque d’unité de l’Église comme une évidence du péché.

    • Cherchons l’unité qui vient d’un cœur contrit qui reconnaît son péché.

    Je prie pour que la réflexion sur Jean 17/21 renouvelle notre compréhension de Jésus comme notre espérance.

    Puissions-nous incarner l’espoir en montrant au monde que la bénédiction de l’unité est possible lorsque Jésus est au centre de nos vies.

    — César García est secrétaire général de la Conférence Mennonite Mondiale. Originaire de Colombie, il vit à Kitchener, Ontario (Canada). Il a prononcé une version de ce discours lors de Renouveau 2023 à Abbotsford, en Colombie-Britannique (Canada), le samedi 25 mars 2023.


  • « Il y a tellement de souvenirs et de moments marquants sur toute la période du GYS/Assemblée que si je devais les mentionner tous, il me faudrait 11 jours de plus pour les expliquer », dit Peleka Jonathan Mpemba, délégué du Sommet Mondial de la Jeunesse (GYS) pour Kanisa la Mennonite Tanzanie.

    Une année s’est écoulée depuis que la famille anabaptiste-mennonite mondiale s’est réunie pour suivre Jésus à travers les frontières lors de la 17e Assemblée : sur place en Indonésie et en ligne grâce aux plénières retransmises en direct et aux ateliers Zoom. 

    Mais « les souvenirs sont encore frais et j’ai l’impression que c’était hier », dit Reynaldo Mercado Jr, un participant philippin. 

    « Les cultes animés par les danses culturelles de la chorale indonésienne et les chants en différentes langues (y compris la mienne) sont des souvenirs frais », déclare Desalegn Abebe, délégué du Conseil général de l’Église Meserete Kristos, en Éthiopie. 

    Les retransmissions en direct des plénières et de nombreux ateliers peuvent être regardées sur la chaîne YouTube de la CMM.

    La grande famille du Christ

    « J’ai réalisé à quel point la famille du Christ est grande, à quel point les mennonites sont liés les uns aux autres par notre Seigneur Jésus-Christ », dit Reynaldo Mercado Jr.

    « Devenir amie avec des anabaptistes de l’autre côté du monde n’est pas quelque chose que j’oublierai de sitôt », dit Jennifer McWilliams du Canada, coordinatrice bénévole du programme pour les enfants.

    « Je suis devenue partie intégrante de la famille qui m’a hébergée, nourrie et vêtue. C’était merveilleux, à tel point que nous sommes restés en contact. Chaque fois qu’ils m’écrivent, ils me disent combien ils m’aiment », dit Cindy Alpizar Alpizar, oratrice en plénière, du Costa Rica. 

    Les relations s’étendent au-delà de l’Assemblée. 

    « Je me suis fait tellement d’amis pendant l’Assemblée et nous sommes toujours en contact. Nous partageons nos pensées et les nouvelles de nos pays. Nous partageons nos demandes de prières afin de pouvoir nous soutenir mutuellement », dit Deepson Masih, délégué du GYS pour Bhartiya General Conference Mennonite Church, de l’Inde. 

    « Nous avons aussi créé un groupe WhatsApp avec des responsables d’églises mennonites d’Afrique de l’Est pour nous rencontrer », dit Desalegn Abebe.

    Des relations en paix

    De nombreux participants à l’Assemblée ont été impressionnés par l’exemple de l’Église indonésienne, qui entretient des relations pacifiques avec ses voisins musulmans.

    « L’Assemblée mondiale m’a ouvert l’esprit sur l’importance de la construction de la paix, de l’harmonie avec la création, avec les personnes et avec le Créateur. Elle m’a appris à apprécier la paix parce que notre Dieu est notre exemple de paix », déclare Reynaldo Mercado Jr.

    « Je suis particulièrement étonné de voir que la famille anabaptiste ouvre ses portes à toutes sortes de personnes pour faire en sorte que le monde devienne un environnement pacifique pour tous, quelle que soit leur appartenance religieuse », déclare Clinton Kwasi Agbanu, membre de l’ensemble international, originaire du Ghana. 

    Garry Janzen, un participant canadien, a assisté par hasard à un atelier au cours duquel des chrétiens et des musulmans d’un village indonésien ont expliqué comment ils partageaient l’utilisation de leurs lieux de culte en fonction des besoins. « J’ai appris plus tard que ce respect était courant en Indonésie. J’ai été impressionné. »

    Ed Kaufman, des États-Unis, a été témoin de cette harmonie interconfessionnelle lors d’une visite de GKMI Winong-Pati avant l’Assemblée. « C’est un exemple de construction de la paix, d’amitié et de coopération qui restera longtemps gravé dans ma mémoire », dit-il. Des chrétiens, des musulmans et des représentants du gouvernement de la ville ont étendu des tapis et des couvertures dans la rue entre l’église et la mosquée pour partager un festin accompagné de musique et de discours. « Toute notre visite à l’église de Pati a été merveilleuse, mais ce moment a été le summum », déclare-t-il.

    Des ressources continues

    Les ateliers vidéo ont continué à apporter des ressources à la famille anabaptiste-mennonite. Cindy Alpizar les a diffusés lors des événements du MTAL (Mouvement des femmes théologiennes). Juan Garrido a partagé les idées de l’atelier de Pablo Stucky sur la résolution des conflits à la lumière de la Bible. 

    Laurie Martin, des États-Unis, a rejoint les étudiants de STT pour une réunion de prière et de louange située plus haut sur la colline, dans un bâtiment de prière du campus. « Je n’ai jamais entendu quelque chose d’aussi beau – jamais », dit-elle à propos de la séance de louange spontanée qui a eu lieu. 

    « L’adoration dans la paix, sans conflit, m’a fait comprendre la nature de Dieu en tant que Dieu de paix », dit Clinton. « Paix à tous et rendez-vous en Éthiopie ».


     

  • Zimbabwe

    Le changement climatique  présente de nombreux risques pour les êtres humains et la nature au Zimbabwe. Des températures extrêmement élevées et de fortes précipitations entraînent des sécheresses, des feux de brousse et des inondations. L’Église au Zimbabwe commence à jouer un rôle actif dans la protection de l’environnement et prend des mesures pour sauvegarder l’environnement et soutenir les acteurs économiques et sociaux dans les zones touchées par le changement climatique.    

    Au Zimbabwe, la plupart des gens pratique l’agriculture de subsistance. Ils survivent en cultivant [leur terre] et en élevant du bétail (des bovins et des chèvres) pour la vente et pour leur famille. Par conséquent, les sécheresses sont un souci majeur. 

    Dans les Midlands et le Matabeleland du Sud où se trouvent des paroisses de Frères en Christ, certaines zones connaissent des températures élevées prolongées et reçoivent peu ou pas de pluie du tout. Les agriculteurs perdent leur bétail et leurs récoltes. La pauvreté en est la conséquence. 

    Dans le Matebeleland du Nord et la province de Bulawayo, il y a parfois des températures de 38 à 43°C. Les vagues de chaleur présentent de tels dangers que des personnes s’effondrent soudainement, et parfois, même, meurent. 

    Les incendies de brousse sont également devenus un problème majeur en raison des vagues de chaleur. En 2022, à Esigodini, au Matabeleland Sud, 10 ouvriers agricoles seraient morts en raison de ces incendies. Et ils causent aussi la disparition de la flore et de la faune. 

    Dans des régions telles que les hauts plateaux de l’Est et les zones situées le long de la frontière entre le Zimbabwe et le Mozambique, les inondations constituent une grave menace. Elles détruisent l’environnement en provoquant l’érosion des sols, des glissements de terrain et la mort des plantes, des cultures et des animaux. Elles jouent un rôle central dans la destruction des infrastructures (ponts, routes et bâtiments), ce qui cause la noyade de personnes et d’animaux, n’ayant pu être secourus à temps. 

    La saison hivernale a aussi été affectée par le changement climatique : elle commence maintenant à la mi-avril et se termine à la mi-septembre – ce qui n’est pas la période normale. 

    Cependant, les églises du Zimbabwe ont décidé d’agir, de ne pas seulement prêcher l’évangile de Jésus au monde, mais d’apporter leur aide pour s’adapter aux impacts négatifs qui accompagnent le changement climatique. 

    Certaines assemblées locales lancent maintenant des campagnes de sensibilisation pour éduquer la communauté sur le changement climatique, ses effets, et la meilleure façon d’aider à en réduire ses causes. Leurs membres apprennent à s’adapter à ses effets, à savoir quoi faire lors de ses conséquences comme les inondations, les vagues de chaleur, les sécheresses, les incendies de brousse, etc.

    Sachant que brûler des combustibles fossiles comme le charbon émet des gaz qui présentent un danger pour l’environnement et le climat, les membres des paroisses adoptent de nouvelles méthodes pour réduire les émissions de CO2. Il est désormais conseillé d’utiliser des carburants plus respectueux de l’environnement. Plutôt que de brûler des plastiques qui dégagent des gaz nocifs, des campagnes de nettoyage encouragent maintenant les paroisses et les communautés à ramasser tous les contenants en plastique et les papiers pour les recycler. 

    Il y a un dicton qui dit [en anglais] que ‘la propreté accompagne la piété’, donc la collecte de tous les récipients en plastique permet non seulement aux paroisses de garder leur environnement propre, mais aussi de réduire le réchauffement et le changement climatiques, atteignant ainsi deux objectifs à la fois.

    Leurs membres ont lancé des projets agricoles tels que des systèmes d’irrigation dans les zones touchées par la sécheresse et des cultures résistantes à la sécheresse comme le mil et le sorgho. 

    Le livre des Proverbes parle de la femme de caractère (TOB) qui tend sa main aux pauvres (31/20). Suivant son exemple, dans les paroisses, des femmes élèvent des poulets et des cochons pour les revendre. Elles font don de leur revenu aux personnes vivant dans les zones dévastées, en particulier pour qu’elles achètent de la nourriture, des fournitures scolaires et des vêtements pour les enfants défavorisés. 

    Ces femmes ont également lancé une campagne de sensibilisation sur le thème : ‘Chaque arbre une forêt, chaque ville un arbre’. Le premier samedi de décembre, les Zimbabwéens plantent un arbre pour réduire la déforestation. 

    En conclusion, Dieu a confié à l’Église la terre et ses ressources – et aussi le monde – pour qu’elle en prenne soin, et elle doit agir de manière responsable. Il est du devoir de chacun d’être un bon intendant en contribuant à réduire les changements climatiques et en éduquant les autres à le faire. 

    — Nontokozo S Moyo était la déléguée au GYS (Sommet Mondial de la Jeunesse) pour Ibandla Labazalwane kuKristu eZimbabwe (Église Frères en Christ).   


  • Les murs étaient les arbres de la forêt, les lumières et le son provenaient de batteries solaires et les eaux du baptême étaient la rivière elle-même. L’esprit d’adoration à travers les chants, les prières ferventes et les appels à suivre Jésus, notre espérance, sur le chemin de la paix, sont familiers à toutes les cultures. Les jeunes mennonites du Myanmar se sont réunis du 13 au 17 avril 2023 pour une conférence sur la paix à Akaw, dans le canton de Bogale, dans la région du Delta.

    La conférence s’est concentrée sur Ephésiens 2:17 : l’évangile de la paix. 

    Le sujet est très significatif pour les jeunes qui vivent le traumatisme de la guerre civile au Myanmar.

    Après des élections nationales démocratiques, les militaires du Myanmar ont pris le pouvoir et installé leurs propres dirigeants en février 2021. Ils ont répondu aux manifestations en faveur de la démocratie par la violence, ce qui a rapidement donné naissance à des milices.

    Amos Chin

    « Nous ne voulons pas que nos jeunes s’engagent dans une révolution armée », déclare Amos Chin, responsable d’église mennonite et orateur de la conférence. 

    « Alors que ces jeunes traversent la guerre civile et sont menacés par les extrémistes, ils sont profondément inspirés et renforcés par le message [de paix de la conférence] », déclare John Stanley Puia, responsable d’église et organisateur de la conférence. 

    « Tous les jeunes sont convaincus du mouvement pacifique et ont fait une déclaration en faveur de la paix afin de ne pas s’engager dans une révolution armée ou un conflit politique », déclare Amos Chin. Il était l’un des quatre évangélistes qui se sont adressés aux jeunes.

    « Nous avons besoin de plus de conférences sur la paix et de plus de programmes pacifiques pour une génération qui ne l’est pas », a déclaré John Stanley Puia. 

    168 jeunes âgés de 16 à 35 ans se sont inscrits à ce week-end de conférence, au cours duquel sept personnes ont été baptisées.