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  • Une perspective mennonite sur la liberté religieuse en 3 parties 

    « Quant à nous, nous sommes citoyens des cieux : de là, nous attendons ardemment la venue du Seigneur Jésus-Christ pour nous sauver. » (Phillipiens 3,20) 

    Ces paroles de l’apôtre Paul font partie d’une lettre qui s’adresse à un auditoire ecclésiastique comprenant probablement des païens et des juifs. Certains étaient citoyens romains, d’autres non. Cependant, Paul identifie tous ces chrétiens, quelle que soit leur nationalité politique, comme des citoyens d’un autre royaume – le royaume de Dieu. 

    Lorsque nous décidons de suivre le Christ, nous changeons d’allégeance fondamentale. Nous nous détournons de tout ce qui exige notre obéissance et nous donnons notre loyauté à Jésus comme notre ultime et unique Seigneur. Nous devenons membres d’une communauté internationale de personnes qui, elles aussi, accordent leur plus grande loyauté à Jésus et à lui seul. 

    C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Empire romain a parfois persécuté les chrétiens au cours des premiers siècles de l’Église. L’Église affirmait la suprématie de Jésus, même sur l’empereur, ce qui constituait un délit passible de la peine de mort.  

    Être citoyens du royaume de Dieu fait de nous des ambassadeurs et des représentants de ce royaume auprès des sociétés et des gouvernements où nous vivons. La citoyenneté du royaume de Dieu nous confère une nouvelle identité en tant que membres d’une communauté transnationale. 

    Nous retrouvons cette même idée de citoyenneté céleste et de notre rôle d’ambassadeurs du royaume dans 2 Corinthiens 5,20 et Éphésiens 6,20. 

    Ne vous méprenez pas. Je ne dis pas pour autant qu’il y a quelque chose de mal à aimer sa culture, son pays, ses coutumes, sa langue et les gens avec qui on a grandi. Dieu n’ignore ni ne supprime notre identité culturelle (voir Apocalypse 7,9-10). 

    Mais en tant qu’ambassadeurs, notre allégeance exclusive va à la nation de Dieu et à son roi, Jésus. 

    En tant qu’ambassadeurs du royaume de Dieu, nous ne croyons pas aux dirigeants politiques qui se présentent comme des sauveurs, car notre seul sauveur est Jésus.  

    Nous ne soutenons pas l’idée de pays « chrétiens » parce que la nation divine que nous représentons comprend des citoyens de toutes les langues et de toutes les cultures et a des ambassadeurs dans tous les royaumes de ce monde. 

    La tendance à confondre les systèmes politiques et les empires humains avec le royaume de Dieu a été un modèle tragique dans l’histoire de l’Église. Ê partir de la conversion de l’empereur romain Constantin au quatrième siècle, les chrétiens ont trop souvent identifié le royaume de Dieu à un empire politique. 

    Parce que l’empereur soutenait l’Église, les gens ont perçu Constantin comme un dirigeant oint, un sauveur qui renforcerait le royaume de Dieu sur terre. Il a appris à utiliser les symboles chrétiens pour manipuler la foi des disciples de Jésus à des fins politiques. 

    Depuis son règne, de nombreux autres dirigeants politiques ont gouverné en alliance avec l’Église, en utilisant des stratégies similaires. En conséquence, de nombreux ambassadeurs du royaume de Dieu ont perdu leur rôle dans la société et ont fini par soutenir des politiques impériales qui contredisent les enseignements de Jésus. 

    C’est une leçon douloureuse que les mennonites ont apprise dès leurs débuts au XVIe siècle et tout au long de leur histoire jusqu’à aujourd’hui. Parmi les milliers de martyrs de notre tradition, la grande majorité a été persécutée et tuée par les gouvernements des royaumes ou nations soi-disant chrétiens. 

    Très tôt dans leur histoire, les mennonites ont vu la nécessité de séparer l’Église de l’État pour garantir la viabilité de l’Église. 

    Malheureusement, au cours de notre histoire, nous n’avons pas toujours été fidèles à cette vision. 

    Dans des contextes comme celui de la Colombie, nos églises doivent la retrouver. Nous voyons souvent des personnes parler de la Colombie comme d’un pays « chrétien » ou promouvoir l’approbation de lois qui reflètent les valeurs chrétiennes mais qui sont oppressives pour les personnes qui ne partagent pas les mêmes convictions.  

    Bien que les chrétiens soient appelés à promouvoir la moralité générale dans la société, cela ne peut se faire en imposant des valeurs chrétiennes spécifiques à des personnes qui ne sont pas chrétiennes, même s’il s’agit d’une minorité. 

    Les valeurs chrétiennes sont destinées aux chrétiens. La morale chrétienne ne peut être pratiquée par d’autres que si elle résulte d’une conviction et d’une conversation honnête. La pratique des valeurs chrétiennes doit toujours être adoptée volontairement. La violence apparaît comme une réponse naturelle à l’oppression lorsque ce n’est pas le cas.  

    En d’autres termes, la liberté religieuse est une condition préalable à la possibilité d’une convivialité pacifique. La paix – une autre valeur clé des mennonites – est directement liée à la liberté religieuse. 

    Aujourd’hui, 500 ans après nos débuts, la liberté religieuse reste un besoin crucial dans de nombreux pays. La liberté religieuse continue d’être demandée aux chrétiens qui, dans de nombreux endroits comme mon pays, finissent par opprimer les minorités dans leur quête de pouvoir politique et de privilèges. 

    Travailler pour la liberté religieuse ouvre la porte à la création de nouvelles mosaïques, de nouvelles sociétés où les personnes de toutes les confessions et sans confession peuvent offrir leurs valeurs. Une nouvelle mosaïque où, par le biais d’une conversation honnête et d’un consensus, une coexistence pacifique est possible. 

    —Cet article en trois parties est adapté d’un discours que César García, secrétaire général de la CMM, a prononcé lors du 9e Congrès mondial de l’International Religious Liberty Association (IRLA, Association Internationale pour la Liberté Religieuse). Des parties de ce discours sont extraites du livre de César García What is God’s Kingdom and What Does Citizenship Look Like? (Herald Press, 2021, non traduit en français) 

  • Il y a quelques années, dans mon assemblée locale en Colombie, un ami m’a dit : « Oh ! César, comme je t’envie ! » « Pourquoi ? » lui ai-je demandé. « Je travaille dans une entreprise multinationale. Je fais face à beaucoup de stress en raison des conflits persistants et des relations brisées avec mes collègues et mes patrons. Mais toi, César, tu travailles avec des pasteurs et des responsables d’églises. Quels conflits pourriez-vous avoir ? » 

    Nous savons que les conflits entre responsables, la polarisation et les divisions font partie de toutes les églises – locales, régionales ou mondiales. Les relations brisées en raison de désaccords semblent être la seule option lorsque les différences sont irréconciliables. Cependant, je me demande s’il doit en être ainsi. 

    La manière particulière dont les paroisses gèrent les conflits devrait être la spécificité d’une communauté alternative. L’Église est la communauté qui peut montrer au monde qu’il est possible de gérer les conflits sans division ni relations brisées. 

    Mais nous, anabaptistes, nous savons que notre histoire nous montre que cela n’a pas été toujours le cas. 

    Il y a quelques mois, je lisais un article dans un magazine mennonite. Son auteur a déclaré : « Je suis fier de quitter cette assemblée parce que c’est ce que la fidélité me demande. Vous savez, quand vous devez sacrifier la doctrine ou l’éthique, il est temps de partir. 

    Bien sûr, c’est un dilemme si vous devez choisir entre l’unité d’un côté ou la doctrine ou l’éthique de l’autre. Faut-il sacrifier l’unité pour garder une doctrine saine ou une éthique intègre ? C’est ainsi que nous avons approché les conflits doctrinaux et éthiques au cours de notre histoire anabaptiste. Notre expérience de constante fragmentation nous a amenés à spiritualiser l’unité ou à la laisser pour l’au-delà. 

    Cependant, le Nouveau Testament parle de l’unité des disciples de Jésus comme d’un don du Saint-Esprit qui doit être reçu, apprécié et maintenu ici et maintenant (voir, par exemple, l’Épître aux Éphésiens). 

    Parler d’unité implique l’existence de différences et de désaccords. 

    Je crois que l’unité et les désaccords ne sont pas opposés. Dans ma propre vie, je vis des contradictions. Aujourd’hui, je ne suis pas entièrement d’accord avec tout ce que j’ai enseigné au cours de mes 30 années de ministère. Grâce à Dieu, je peux dire que j’ai grandi dans ma vie spirituelle et dans mon parcours à la suite de Jésus. 

    « Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait », dit l’apôtre Paul (Romains 12,2). Le renouvellement implique un changement, une transformation et une certaine contradiction interne avec ce que je croyais, faisais ou étais auparavant. 

    Si les désaccords et les contradictions font partie du corps du Christ, les conflits le font aussi. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles les désaccords, les enseignements sur le pardon et la résolution des conflits entre disciples sont des sujets fréquents tout au long du Nouveau Testament. 

    Le problème n’est donc pas lié à l’existence de conflits, mais plutôt à la manière dont nous les gérons. 

    Les conflits ne doivent pas nécessairement aboutir à des relations brisées et à des divisions. S’il existe un désaccord profond et irréconciliable entre les disciples de Jésus, se condamner ou s’excommunier mutuellement n’est pas la seule option. Pourquoi penser que notre frère ou notre sœur en Christ n’est pas un chrétien honnête parce qu’il ne pense pas comme nous ou comme notre groupe ? 

    De grands désaccords peuvent nous pousser à nous éloigner – pour un certain temps – les uns des autres. Des positions irréconciliables peuvent rendre la collaboration trop difficile. Mais cela ne signifie pas que nous devons remettre en question l’engagement envers Jésus de ceux qui ne sont pas d’accord avec nous. Pouvons-nous dire : « Je suis fortement en désaccord avec toi, mais je respecte néanmoins ton engagement envers le Christ » ? Pouvons-nous prendre de la distance avec les autres croyants sans les condamner et sans rompre la relation ? 

    Telles sont quelques-unes des questions que nous souhaitons aborder dans ce numéro de Courrier. Que Dieu nous guide pour trouver des réponses bibliques qui nous permettent de montrer au monde ce qui est différent lorsque nous abordons les conflits en tant que membres d’une communauté alternative et avec la puissance du Saint-Esprit. Que Dieu nous aide à renouveler notre esprit pour répondre aux conflits au sein des églises. 

    —César García est secrétaire général de la Conférence Mennonite Mondiale. Originaire de Colombie, il vit à Kitchener, Ontario (Canada).


    Courrier 38.4

  • Indonésie

    L’Église de GITJ (Gereja Injili di Tanah Jawa – Église évangélique de Java), en Indonésie, ont été en conflit pendant 22 ans. La raison principale était qu’un des groupes (comprenant 24 assemblées) était reconnu par le gouvernement indonésien et pas l’autre (environ 50 assemblées).  

    Pendant toute la durée du désaccord, de nombreux membres de ces assemblées désiraient profondément la réconciliation.  

    Les églises demandèrent au pasteur Lawrence Yoder (États-Unis) de venir les aider et, grâce à son approche personnelle, il réussit à persuader les deux groupes de se parler. Elles le firent lors d’une retraite pastorale et d’une réunion du Conseil Général des Églises. 

    Puis, en 1999, chacun des deux groupes eut l’occasion d’envoyer un représentant – Pudjo Kartiko et Hendro Soeradi – assister à un cours d’été sur le travail pour la paix à Eastern Mennonite University à Harrisonburg (États-Unis). A leur retour, ils se mirent au travail avec les deux groupes en vue de la réconciliation. 

    Aidés par le Centre de la Paix de l’Université Chrétienne de Duta Wacana à Yogyakarta, ils acceptèrent de se rencontrer pour résoudre leur conflit. 

    Lors de cette rencontre, ils décidèrent de tenir une conférence extraordinaire dans le but de former une seule entité marquant la réconciliation des membres du synode du GITJ. 

    Cette conférence extraordinaire eut lieu en 2000 et aboutit au choix d’un conseil unique pour le GITJ. Les deux années suivantes, celui-ci mit en place un conseil synodal unifié. Maintenant l’ensemble des paroisses est regroupé sous une seule organisation et s’emploie à maintenir un esprit d’unité. 

    —Gereja Injili di Tanah Jawa (GITJ – Église évangélique de Java) 
    Cet article est paru précédemment dans Courier / Correo / Courrier, volume 19, numéro 3. 


    Courrier 38.4

  • Canada

    L’Église MB (frères mennonites) a vu le jour alors qu’un changement important parmi les mennonites se produisait dans ce qui était alors la Russie du Sud. 

    C’est en 1860 que certains membres de l’assemblée mennonite de Gnadenfeld, dans la colonie de Molotschna, ont demandé à leurs responsables de se réunir séparément pour la cène. Ces membres ne voulaient pas célébrer la cène avec ceux qui n’avaient pas fait l’expérience personnelle du renouveau et de la conversion piétistes. Lorsque les responsables ont refusé d’exaucer leur souhait, ces membres se sont réunis séparément, ont célébré leur propre communion et ont fondé l’Église Mennonite Brethren (MB – frères mennonites). 

    La raison de la création de l’assemblée MB était le désir de ceux qui ont été renouvelés grâce à l’influence du piétisme luthérien et baptiste de former une église qui inclurait uniquement les personnes partageant ces mêmes convictions. En revanche, les autres paroisses mennonites ont accepté les nouvelles influences piétistes ainsi que les pratiques et les formes de piété mennonites historiques. La position séparatiste des MB et son prosélytisme actif dans les paroisses mennonites ont créé des tensions. 

    Après un certain temps, des membres MB sont devenus mécontents du fossé qui s’était développé entre leur assemblée et l’assemblée mennonite, et ils ont été le fer de lance de la formation de l’église mennonite Allianz. Cette assemblée essayait d’être un pont entre les deux, permettant des formes de piété plus diverses. 

    Tensions inter-ecclésiales 

    La migration mennonite vers l’Amérique du Nord dans les années 1870 a eu une importance considérable. De nombreux autres immigrants mennonites venus de diverses églises de Russie se sont joints à la General Conference. Les tensions qui existaient entre les frères mennonites et les autres assemblées mennonites de Russie ont été désormais transférées aux relations entre les MB et les assemblées de la General Conference. 

    Aux États-Unis, avec l’évangélisation comme objectif principal et en raison de la facilité d’accès à la langue allemande, les MB a continué à essayer d’attirer d’autres paroisses mennonites. Ils créèrent des tensions. Lorsque l’union d’églises MB, dont le siège était au Kansas, envoya des « missionnaires » dans la région de Winkler (sud du Manitoba) dans les années 1880 et formèrent la première assemblée MB au Canada, cela créa de nouvelles tensions avec les mennonites de la région. 

    Les groupes d’immigrés se séparent à nouveau 

    L’immigration au Canada de 20 000 mennonites dans les années 1920, dont environ un tiers étaient des frères mennonites, promettait initialement de changer la dynamique entre les MB et les autres mennonites. 

    L’immigration elle-même nécessitait une coopération entre les groupes mennonites du Canada et ceux de la Russie. En Russie, le mouvement d’émigration était dirigé par B. B. Janz et C.F. Klassen, deux MB. Au Canada, il était dirigé par David Toews, président du Canadian Mennonite Board of Colonization, et modérateur de la Conference of mennonites in Canada, qui fait maintenant partie de MC Canada. 

    Au moment de leur immigration, les membres des 2 groupes, mennonites et MB, avaient des cultes en commun dans de nombreux endroits. Pendant une courte période, il a semblé que le traumatisme et les difficultés de l’immigration allaient permettre de combler le fossé au sein de la communauté mennonite. 

    Cependant, les loyautés institutionnelles et confessionnelles sont réapparues. Des lieux de culte séparés furent créés, et dans chaque communauté deux églises confessionnelles se formèrent. 

    Coopération avec le MCC autour de l’objection de conscience  

    Il existe cependant aussi des domaines de coopération. 

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, les MB, la Conference of mennonites in Canada et les Swiss Mennonites Conferences in Ontario proposèrent ensemble au gouvernement fédéral un service alternatif comme une forme d’objection de conscience. 

    Par la suite, les MB ont participé à la fondation du Comité central mennonite (MCC) du Canada dans les années 1960 et à la création du Columbia Bible College en Colombie-Britannique au début des années 1970. Cet esprit de coopération s’est poursuivi lors de la création de l’Université mennonite canadienne (CMU) à Winnipeg dans les années 1990. 

    Le changement de langue utilisée lors des cultes de l’allemand à l’anglais dans les années 1950 et 1960 a permis aux MB d’accepter bon nombre des aspects du mouvement évangélique canadien. Le piétisme MB s’est transformé en mouvement évangélique. Pour certains membres des MB, cette influence a entraîné un renforcement des liens avec les groupes évangéliques et une diminution de l’accent mis sur la paix, le service et d’autres caractéristiques mennonites historiques. 

    D’autres MB ont été influencés par l’impulsion de renouveau de la ‘Vision anabaptiste’, associée au nom d’Harold S. Bender. Nombreux sont ceux qui, partageant ces convictions, sont devenues de fervents promoteurs des questions de paix et de justice et ont soutenu des organisations inter-mennonites comme le MCC. 

    Les MB ont également joué un rôle important dans la fondation et le soutien de diverses organisations de services inter-mennonites comme la Banque canadienne de Grains et la branche canadienne de Mennonite Economic Development Associates. 

    La situation actuelle 

    Dès les premières années, les deux groupes ont évolué vers une relation dans laquelle, même s’ils sont quelque peu différents, ils peuvent s’accepter et apprendre l’un de l’autre. 

    —John J. Friesen est professeur émérite de l’Université mennonite canadienne. Cet article est l’adaptation d’un article paru dans le Canadian Mennonite. 

    Courrier 38.4

  • Vous êtes invités ! Joignez-vous à nous pour une série de webinaires sur la protection de la création intitulée « Pollinisateur climatique ». Voir ci-dessous. 


    Sur la carte des églises vertes des Pays-Bas, un point vert correspond à l’église mennonite d’Aalsmeer. Un autre point représente Arboretumkerk (anciennement l’église mennonite de Wageningen), située dans une province plus au sud. 

    « Il y a six ans, l’église (d’Aalsmeer) a réfléchi au changement climatique et s’est dit qu’il fallait faire quelque chose », explique Leo Bakker, membre du comité de développement durable de l’église mennonite d’Aalsmeer. « L’une des premières choses que nous avons faites a été de nous associer à un réseau national d’églises vertes. » 

    Ce réseau, Groene Kerken (Églises vertes), comprend 410 églises dans toute la Hollande. « Il s’agit d’un vaste réseau pour toutes sortes d’églises différentes et de toutes les confessions », explique Leo Bakker. 

    Jan Joost Kessler, qui a fait partie du groupe de travail sur le développement durable de l’Arboretumkerk de Wageningen, explique que l’adhésion au réseau des Églises vertes a également joué un rôle important dans la réponse de son église au changement climatique. 

    « Ê l’entrée de notre église, nous avons une enseigne assez grande qui indique que nous sommes une église verte », dit Jan Joost Kessler. « Il est donc facile de nous reconnaître. » 

    Le site Web des Églises vertes fournit une liste d’actions que les églises peuvent entreprendre. Pour rejoindre le réseau et demander une enseigne, les églises doivent s’engager à entreprendre une nouvelle action chaque année. 

    Les actions sont réparties en six catégories : création et nature ; foi et inspiration ; énergie et climat ; gestion de l’argent ; politique et approche ; et achats réfléchis. Lorsqu’une église réalise une action dans l’une de ces catégories, elle reçoit un badge sur le site Web. 

    Les actions entreprises par l’église d’Aalsmeer comprennent le calcul de l’empreinte carbone de l’église, le passage à des sources d’énergies renouvelables, l’organisation d’événements éducatifs, la publication d’un bulletin d’information contenant des conseils en matière de durabilité, l’utilisation de produits de nettoyage non toxiques et l’organisation de cultes « verts » chaque année. 

    Arboretumkerk a amélioré l’isolation du bâtiment, installé des fenêtres à double vitrage, s’est engagé à acheter des produits issus du commerce équitable et a investi son argent dans des industries responsables. 

    Tous les deux ans, les Églises vertes des Pays-Bas se réunissent pour établir des liens et échanger sur leurs expériences. 

    « C’est très utile parce qu’il y a beaucoup d’échanges, d’apprentissage et d’inspiration », déclare Jan Joost Kessler qui assiste habituellement à ces événements. 

    C’est l’objectif du réseau. 

    « Les églises vertes sont contagieuses », peut-on lire sur le site. « Elles ouvrent la voie à une coexistence joyeuse et simple et attirent les autres églises. » 

    —Sierra Ross Richer est membre de la Waterford Mennonite Church, à Goshen, en Indiana (États-Unis). Elle est stagiaire au Collectif anabaptiste pour le climat / Anabaptist Climate Collaborative (ACC). Cette histoire, tirée de la série préparée pour la période du carême Pollinisateur climatique : Histoires anabaptistes mondiales sur le changement climatique est reproduite avec sa permission. 

    Cliquez ici pour accéder aux enregistrements des webinaires précédents : 

    Les membres du Groupe de travail de la CMM pour la protection de la création de chaque région animeront une heure de récits et de questions-réponses. Des membres d’églises du monde entier raconteront comment ils sont affectés par le changement climatique et comment ils y répondent par des actions résilientes et l’espoir de l’Évangile.

    Autres articles pour le webinaire « Europe » (en anglais)

    Chaque webinaire aura lieu le mardi à 14h UTC (cliquez ici pour trouver l’heure dans votre région). Inscrivez-vous ici :

  • Suisse

    Ces dernières années, le Centre de Formation du Bienenberg a proposé la formation « Points chauds », qui donne la parole à des positions opposées sur des sujets chauds actuels dans les églises. Les intervenants débattent et les participants leur posent des questions, qu’ils soient d’accord ou non avec les points du vue. Ils sont invités à s’engager avec leurs propres sensibilités et convictions : à bien écouter et à être prêts à remettre en question leurs propres réponses. Les sessions se terminent par cette prière pour l’unité.

    Notre Dieu, Merci… pour la Parole que tu as adressée à d’autres avant nous et que tu continues à nous adresser aujourd’hui. Loué sois-tu !

    Merci… pour le chatoiement de ta Parole sur nos vies, sur l’Église, pour le monde – et pour sa force de transformation. Loué sois-tu !

    Merci… pour la Parole incarnée et ultime qui a pris le visage de Jésus, lui qui nous ouvre le chemin du Royaume de la paix-shalom. Loué sois-tu !

    Pardon… pour notre surdité à entendre ce que tu veux nous dire par ta Parole, lorsque cela nous dérange… Seigneur, prends pitié.

    Pardon… pour les échauffourées avec d’autres, provoquées par les sujets chauds entre nous. Seigneur, prends pitié.

    Pardon… pour la férocité avec laquelle nous cherchons à avoir toujours raison, comme pour la lâcheté qui nous conduit à tout relativiser. Seigneur, prends pitié.

    S’il te plaît… apprends-nous à savoir concilier la recherche de la vérité de ta Parole avec l’amour pour celui ou celle qui la comprend autrement. Ê l’aide, Seigneur !

    S’il te plaît… rassemble ton Église aux multiples chapelles pour qu’elle soit un signe d’unité, telle que tu la veux, par les moyens que tu veux. Ê l’aide, Seigneur !

    S’il te plaît… entraîne ton peuple, par la force de l’Esprit Saint, à s’entraîner sérieusement à aimer, comme ton Fils nous l’a démontré, pour le jour où tu seras tout en tous. Ê l’aide, Seigneur !

    Nous prions ensemble par Jésus, notre Seigneur, notre Sauveur et notre Frère. Amen.

    —Michel Sommer Michel Sommer est enseignant au Centre de Formation du Bienenberg (Suisse). Cette prière a été publiée précédemment dans Christ Seul, le magazine des mennonites de France. 


    Courrier 38.4

  • Rencontrez Vikal Rao, Rajnandgaon (Inde). Commission Diacres.

    Quelle fonction occupes-tu au sein de la CMM ?

    Je suis membre de la Commission Diacres (2018-2025).

    Mon parcours avec la CMM a commencé en 1997 : j’étais délégué de la jeunesse au sein du Village de l’Église Mondiale (GCV) lors de l’Assemblée en Inde.

    Ensuite, j’ai été le premier représentant au GYS pour l’Asie (alors appelé Comité du Sommet de la Jeunesse) au Zimbabwe en 2003.

    De 2008 à 2012, je n’ai pas été très engagé, mais en 2013, on m’a confié la responsabilité d’être membre du Comité de Supervision du Programme et de coordonner le GCV pour l’Assemblée de 2015.

    J’ai aussi d’autres activités : je me rends à des conférences avec la représentante régionale Cynthia Peacock, je fais connaître les nouvelles de la CMM aux églises, je participe à une heure de prière en ligne (animateur de groupe et interprète hindi), je traduis du matériel de culte (Dimanche de la Paix et AWFS).

    Quelle fonction occupes-tu dans ta paroisse ?

    Présentement, je suis pasteur dans mon église locale (Église mennonite de Rajnandgaon). Je suis aussi secrétaire exécutif de l’Église mennonite d’Inde (MCI). J’habite à 115 km du bureau de la MCI à Dhamtari, donc je m’y rends 2 ou 3 jours par semaine. Le reste du temps, je reste à Rajnandgoan pour faire des visites, participer à des réunions, animer des études bibliques, préparer le culte du dimanche et prêcher, rencontrer des jeunes et animer les réunions du vendredi soir.

    Que signifie ‘être unifié’ pour le corps du Christ ?

    Nous avons tous des dons uniques, des cultures différentes, des pratiques ecclésiales différentes, mais lorsque nous sommes unifiés dans le corps du Christ, nous sommes interdépendants. Nous avons besoin les uns des autres malgré toutes nos différences.

    Tous les membres des églises doivent se connecter à la famille mondiale ; cela ne concerne pas seulement les responsables. J’aime dire que chacun de nous fait partie de la CMM.

    Mon père a connu Jésus grâce aux missionnaires mennonites venus en Inde. Il a été sauvé. Lorsqu’il m’a raconté son histoire, j’ai aussi développé des liens avec les mennonites. Des gens sont venus de si loin et ont aidé les gens d’ici : nous pouvons faire la même chose. Cela m’encourage à être proche de l’Église mondiale et à connaître ses besoins.

    Quel livre ou podcast lu ou écouté récemment pourrais-tu nous recommander ?

    J’écoute ‘Turning Point’ de David Jeremiah et ‘Daily Hope’ de Rick Warren pour ma croissance personnelle. J’aime regarder des vidéos sur l’anabaptisme, son histoire et la foi anabaptiste sur YouTube pour apprendre et partager avec la jeune génération. J’apprends toujours.

    Quelles ressources publiées par la CMM recommandes-tu et pourquoi ?

    J’ai lu Graines d’Anabaptiste, et j’étudie le Sermon sur la Montagne.

    Chaque fois que nous recevons des nouvelles de la CMM (le Réseau de Prière, les Lettres pastorales), nous prions. Prier les uns pour les autres nous aide. Nous ne connaissons pas ces personnes, mais nous ressentons que nous formons un seul corps et qu’ils sont nos frères et sœurs. C’est grâce au Christ et à son amour.

    J’aime beaucoup participer à l’heure de la prière en ligne. Cela m’aide à grandir dans ma foi. Partout dans le monde, nous prions le même Dieu. Je prends davantage conscience de la grandeur de notre Dieu.


    Courrier 38.4

  • Une perspective mennonite sur la liberté religieuse en 3 parties

    Je raffole des mosaïques. Les mosaïques sont des œuvres d’art qui montrent une image – un message – composée de plusieurs petites pièces. 

    Dans l’art chrétien, il est courant de trouver des mosaïques représentant une image de Jésus. Un exemple de mosaïque chrétienne se trouve dans la basilique Sant’Apollinare Nuovo à Ravenne, en Italie. Dans cette œuvre, appelée Cristo attorniato da angeli e santi, de nombreuses pierres de couleurs et de tailles différentes sont disposées de manière à ce que le spectateur puisse voir une représentation de Jésus.[1]

    Les sociétés humaines sont comme des mosaïques vivantes. Elles nous révèlent leurs valeurs et leurs priorités selon la manière dont elles sont organisées et dont leurs membres interagissent. 

    Les sociétés capitalistes privilégient le progrès financier, même si cela signifie la pauvreté pour d’autres. 

    Les politiques totalitaires privilégient l’ordre au détriment de la liberté. 

    Les sociétés communistes semblent souvent privilégier l’équité économique au détriment de l’initiative personnelle. 

    Bien entendu, il s’agit là d’une vision trop simpliste. Aucune de ces structures sociales ne correspond exactement à ce que j’ai décrit, mais ces caractérisations générales illustrent le fait que toute politique transmet un message. 

    La composition d’une société (sa politique et ses relations interpersonnelles) nous dit ce qu’est cette société. 

    Malheureusement, chaque communauté humaine ou nation comprend des structures qui permettent l’injustice, la domination, la violence et les abus. Le mal est omniprésent. Bien sûr, certains systèmes politiques sont pires que d’autres, mais tous sont des structures déchues qui transmettent des valeurs et des priorités en contradiction avec la volonté et le royaume de Dieu. 

    Toutes ces différentes mosaïques et conceptions de la société ont émergé après l’intrusion du mal dans l’histoire de l’humanité. Parce que nous sommes nés en dehors du paradis, nous sommes immergés dans des politiques et des interactions sociales qui ignorent la volonté de Dieu. Quel que soit votre lieu de naissance, votre pays et le système politique dont vous avez hérité vous façonnent des valeurs et des priorités qui peuvent s’opposer au royaume de Dieu. 

    Nous sommes comme des poissons qui nagent dans la seule réalité que nous connaissons : un monde déchu et mauvais. Sans nous en rendre compte, nous évoluons dans des structures maléfiques équivalentes à de l’eau pour un poisson. 

    Nos relations financières, nos systèmes de domination, notre conception de la justice, notre façon d’affronter les conflits et les désaccords, tout cela comporte des valeurs diaboliques auxquelles il n’y a qu’un seul moyen d’échapper. 

    Devenir des citoyens du Royaume de Dieu. 

    Le message de Jésus est : « Repentez-vous ». Priez pour l’avènement du royaume de Dieu ; croyez en la bonne nouvelle. 

    C’est la porte de sortie vers la liberté que Jésus offre et la marque d’une nouvelle politique qui n’est pas issue de cet ordre social. 

    Le repentir est la réponse humaine à la grâce de Dieu qui ouvre nos vies à l’Esprit Saint, changeant les cœurs et les esprits de l’intérieur et créant une société juste à l’extérieur. 

    Le Sermon sur la montagne (Matthieu 5-7) décrit cette société. L’ensemble du sermon s’adresse aux disciples de Jésus en tant que groupe et, ce faisant, il mentionne huit fois le royaume de Dieu. Sans être exhaustif, le Sermon sur la montagne nous parle du royaume de Dieu : son éthique, certains de ses avantages et responsabilités, et qui en fait partie. 

    La nouvelle société qui s’organise comme le royaume de Dieu témoigne d’une nouvelle création dans laquelle les finances, les relations de pouvoir, la justice, l’autorité et bien d’autres aspects de la vie communautaire forment un message. 

    Comme la mosaïque italienne mentionnée plus haut, ce message est l’image de Jésus. 

    Lorsque nous entrons dans le royaume de Dieu, nous recevons une nouvelle citoyenneté et sommes libérés pour vivre une nouvelle forme de politique. Nous ne sommes plus esclaves de systèmes diaboliques. Nous appartenons à une nouvelle société où, avec d’autres disciples du Christ, nous projetons l’image de Jésus dans le monde. 

    Mais nous vivons toujours dans nos pays et nos sociétés humaines, n’est-ce pas ? Oui ! Cependant, nous le faisons désormais en tant que représentants du royaume de Dieu. Cherchons-nous à servir nos communautés humaines ? Oui, mais nous le faisons en tant qu’ambassadeurs du royaume de Dieu. 

    Le prochain article de cette série sera publié le mois prochain. 

    Lisez l’article d’introduction du mois dernier. 

    —Cet article en trois parties est adapté d’un discours que César García, secrétaire général de la CMM, a prononcé lors du 9e Congrès mondial de l’International Religious Liberty Association (IRLA, Association Internationale pour  la Liberté Religieuse). Des parties de ce discours sont extraites du livre de César García What is God’s Kingdom and What Does Citizenship Look Like? (Herald Press, 2021, non traduit en français


    Footnote:

    [1]Une photographie de la mosaïque est disponible sur Wikimedia Commons

  • J’ai grandi dans une paroisse mennonite en Argentine. Je me souviens de la prédication et de l’enseignement sur le pardon et la réconciliation, tant au sein de la famille ecclésiale que dans les relations avec ceux qui ne font pas partie de la communauté spirituelle. 

    Je me souviens aussi de situations de tension, voire de menaces de division. Certains des problèmes venaient des points de vue divergents sur le ‘covering’ porté ou non par les femmes lors du culte, la participation à la politique et la situation des personnes divorcées souhaitant rejoindre ou rester dans la paroisse. 

    Plus récemment, les questions les plus difficiles auxquels nous avons été confrontés, tant au niveau de la paroisse qu’au niveau de l’union d’églises, concernent la question de savoir qui peut devenir pasteur et dans quelle mesure nous devrions être inclusifs dans l’accueil de nouveaux membres et concernant les fonctions de responsabilité. 

    Deux facteurs sont liés et toujours présents dans les situations de conflit comme celles mentionnées ci-dessus : d’une part, ce qui est juste ou vrai, ce qui reflète et favorise la fidélité, et d’autre part, la place de l’amour et de la grâce qui recherchent la paix et favorisent la réconciliation et la construction communautaire. 

    Ces deux facteurs sont présents dans l’appel à « proclamer la vérité avec amour » (Éphésiens 4.15).  

    Un autre élément constant des conflits dans l’Église est la place des Écritures. La fonction de l’interprétation biblique dans la recherche de résolution, de transformation des conflits et la guérison sont indispensables. Il y a des perspectives, des encouragements et des conseils dans les Écritures. 

    Le reste de cet article consiste en une étude de cas tirée de la Bible. Elle est proposée comme modèle lors de réflexions sur les difficultés et les opportunités présentées par les situations de conflit dans nos assemblées aujourd’hui. 

    Le concile de Jérusalem comme prototype (Actes 15.1-35) 

    Depuis le début, l’Église a dû pratiquer le discernement moral et spirituel. Il s’agit d’un processus d’interprétation dans lequel l’expérience humaine est considérée et évaluée dans son contexte socioculturel et à la lumière des Écritures. 

    On trouve dans le récit du concile de Jérusalem un témoignage clair – et précoce – d’une telle pratique (livre des Actes). Examinons-le en gardant à l’esprit la question des conflits au sein de l’église. 

    Les non-juifs deviennent disciples du Christ. Une mission réussie ! Cependant, rapidement, parmi les responsables de la paroisse « des conflits et des discussions assez graves » éclatèrent (2) sur cette question précise. De nouvelles questions émergent quant aux conditions requises pour appartenir à l’Église en tant que peuple de Dieu, et donc concernant le salut lui-même. 

    Les conflits aboutissent souvent à la séparation, voire au schisme et à l’aliénation. Cependant, ceux qui sont impliqués ici choisissent de considérer le don du conflit comme une opportunité pour remettre en question et enrichir leur imagination théologique et spirituelle. 

    Les responsables convoquent une réunion. Paul, Barnabas et d’autres ont l’occasion de donner leur témoignage, tandis que certains pharisiens insistent sur la nécessité pour les hommes païens convertis d’être circoncis et d’observer la loi de Moïse (5). 

    Il nous est dit que c’est la préoccupation et l’affaire de toute l’assemblée (4, 12, 22). 

    Les responsables ont un rôle particulier à jouer : Pierre et Jacques parlent de manière convaincante, et les apôtres et les anciens font des choix importants avec le consentement de toute l’église (6, 22). 

    Ceux qui prennent la parole associent leur témoignage personnel à l’œuvre du Saint-Esprit telle qu’ils la comprennent et aux paroles des prophètes (15-18). 

    Le processus de discernement est en quelque sorte vécu comme dirigé par l’Esprit et aboutit à une décision unanime (25). Le concile réuni enverra deux responsables – Judas et Silas – comme représentants spéciaux « auprès des frères et sœurs d’origine non-juives à Antioche, en Syrie et en Cilicie » (23) avec une lettre donnant leur accord. 

    La lettre clarifie la portée des attentes clés concernant les non-juifs conformément à la loi mosaïque (20, 29) et réaffirme le travail de Paul et Barnabas. Le récit de Luc nous dit aussi que les croyants d’Antioche se réjouirent de l’exhortation et furent encouragés et fortifiés par Judas et Silas (31-32). 

    En résumé, ce texte présente une riche illustration de l’Église primitive faisant de la théologie pratique tout en faisant face à une situation difficile. Il peut être considéré comme un processus herméneutique à plusieurs niveaux en faveur d’un discernement pertinent et véridique et d’une action fidèle. Voici certaines des leçons que l’on peut en tirer. 

    Quelques lignes directrices importantes 

    Le discernement est comme une conversation ayant plusieurs directions : allant des histoires personnels au contexte socioculturel, aux Écritures et au Saint-Esprit en passant par les traditions et les pratiques de l’église. Ces facteurs interagissent, à la fois apportant et renvoyant des perspectives. Réalisé comme une pratique spirituelle nécessaire et continue, c’est un processus sans fin ! 

    Un discernement fidèle face à un conflit demande toujours beaucoup de temps et d’énergie. En outre, toutes les résolutions prises après un discernement attentif ne sont pas définitives ; certaines peuvent être revisitées et même inversées (par exemple la question de la consommation de certaines viandes évoquée dans la lettre). 

    Ceux qui dirigent le processus doivent ‘cultiver des fruits spirituels’ tels que l’humilité, la patience, la générosité, l’espoir, la sagesse et la grâce. Ils doivent démontrer leur connaissance (nécessaire) de la culture, des enseignements de l’Église et des Écritures. Et ils doivent également disposer des compétences nécessaires pour bien suivre les personnes impliquées et le processus lui-même. 

    Conflit entre les responsables (Actes 15.36-41) 

    Suite au récit de la résolution réussie concernant la manière d’accueillir les non-juifs dans l’église, un autre conflit se produit. Paul et Barnabas se séparent à cause de Jean surnommé Marc2. Examinons le contexte de cette situation afin de mieux comprendre la nature du conflit. 

    L’église d’Antioche composée en majorité de non-juifs envoie Paul et Barnabas, accompagnés de Marc, dans ce qui sera appelé le premier voyage missionnaire de Paul (vers 46-48 après JC). 

    Ê leur arrivée à Chypre, le proconsul romain Sergius Paulus devient le premier haut fonctionnaire du gouvernement romain connu à devenir chrétien (Actes 13.4-12). Le peu de détails permet de spéculer sur ses motivations et ses sentiments. En explorant l’histoire ci-dessous, nous prendrons des libertés pour chercher à en tirer des perspectives. 

    De Chypre, ils naviguent vers Perga en Pamphylie (sud de la Turquie) où Marc (Jean) « les quitta à cet endroit et retourna à Jérusalem ». Cette référence (Actes 13.13) est probablement devenue un événement important dans la vie de Paul, Barnabas et Marc. 

    Apparemment, Marc était le jeune cousin de Barnabas, le fils de sa tante Marie, qui était à la tête d’une église de maison à Jérusalem (Actes 12.12). 

    On ne nous le dit pas directement, mais on peut en déduire que Marie avait suggéré à Marc d’accompagner son cousin aîné Barnabas et Paul dans le voyage missionnaire. Barnabas (‘celui qui console’ [Actes 4.36]), ou ‘qui encourage les autres’) a peut-être persuadé Paul de permettre au jeune homme de les accompagner afin de renforcer la foi de Marc et de lui donner une expérience de témoin et de missionnaire. 

    On ne nous dit pas pourquoi Marc décide de rentrer chez lui. Peut-être avait-il le mal du pays ou trouvait-il ce ministère rigoureux trop exigeant. Mais on nous raconte la vive dispute entre Paul et Barnabas, causée par le départ de Marc dans la ville portuaire de Perga, capitale de la Pamphylie : 

    Après un certain temps, Paul dit à Barnabas : « Retournons donc visiter les frères dans chacune des villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur [premier voyage missionnaire]. Nous verrons où ils en sont. » Barnabas voulait emmener aussi avec eux Jean appelé Marc. Mais Paul n’était pas d’avis de reprendre comme compagnon un homme qui les avait quittés en Pamphylie et n’avait donc pas partagé leur travail. Leur désaccord s’aggrava tellement qu’ils partirent chacun de leur côté. Barnabas prit Marc avec lui et s’embarqua pour Chypre, tandis que Paul s’adjoignait Silas et s’en allait, remis par les frères à la grâce du Seigneur [second voyage missionnaire – autour 50-52 après JC]. Parcourant la Syrie et la Cilicie, Paul affermissait les églises. (Actes 15.36-41)  

    Leçons à tirer sur le développement du leadership 

    “San Barnaba”, a depiction of Barnabas, “Son of Encouragement” (anonymous Lombard painter).
    « San Barnaba », une représentation de Barnabas (Fils d’Encouragement), d’un peintre lombardi anonyme. Domaine public

    L’espoir que Barnabas avait dans le potentiel du jeune Marc et les encouragements qu’il a donnés à son cousin témoignent d’un esprit de discernement. 

    Au moment de la dispute, Paul n’aurait jamais pu imaginer que ce jeune homme apparemment faible écrirait un jour l’un des quatre Évangiles. De plus, selon la tradition copte, Marc a finalement traversé la Méditerranée et a fondé l’Église copte en Égypte – la plus ancienne église chrétienne du monde. 

    Il est intéressant de relier l’histoire du conflit avec Barnabas au récit de Paul et Silas venus à Lystre, en Turquie : « ‚Ķ Il y avait là un disciple nommé Timothée, fils d’une Juive devenue croyante ‚Ķ Paul désirait l’emmener avec lui ; il le prit donc et le circoncit. (Actes 16.1-3) 

    Se pourrait-il que Paul ait réalisé l’importance d’encourager la foi chez les jeunes hommes et de leur donner l’expérience de communiquer l’Évangile ? Le jeune Timothée, encadré par Paul – tout comme le jeune Marc, encadré par Barnabas – se révélerait être l’un des disciples les plus aimés et les plus fidèles de Paul. 

    Autour de 60 après JC, alors que Paul était en prison à Césarée, il a terminé ainsi sa lettre à l’église de Colosses, près d’Éphèse : « Aristarque, mon compagnon de captivité, te salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabas » (Colossiens 4.10). Il semble qu’au cours des années précédentes, Paul s’était réconcilié avec Marc (on se demande si c’était à l’instigation de Barnabas ?). 

    Il semblerait que plus de dix ans après que Paul et Barnabas aient eu un grave conflit impliquant Marc, Paul peut désormais écrire à son propre disciple Timothée : « Luc seul est avec moi. Emmène Marc avec toi, car il pourra me rendre service dans ma tâche. » (2 Timothée 4.11)  

    Marc pourra me rendre service dans ma tâche. Pouvons-nous supposer que Barnabas, le ‘fils d’encouragement’, ait vécu assez longtemps pour voir le fruit de son ministère avec son jeune cousin Marc ? La confiance de Barnabas en son cousin Marc et l’encouragement qu’il a apporté à Marc et à l’apôtre Paul ont peut-être modifié le cours de l’histoire. 

    Peut-être que ces trois disciples de Jésus représentent la réalisation de la promesse de la seconde chance, de la rédemption, du pardon et de la réconciliation. Cela étant, l’histoire de ces séparations nous invite à en souligner certaines conséquences. 

    • Parfois, la séparation est inévitable, voire conseillée afin d’éviter de nouveaux conflits. Néanmoins, le choix de la séparation, bien qu’amère sur le moment, peut être altéré à l’avenir. 
    • La séparation et la division ne doivent pas nécessairement être permanentes. L’espoir de mieux se comprendre et de se réconcilier à l’avenir peut subsister. 
    • Il est possible que Barnabas soit devenu le mentor de Marc. Quoi qu’il en soit, cela nous rappelle qu’il est nécessaire de s’occuper des jeunes et des futurs responsables d’églises dans ce domaine. Et cela demande toujours un engagement, de la patience, la volonté de prendre des risques et un investissement généreux en temps et en énergie. 
    • L’histoire suggère aussi qu’il existe une place particulière pour le ministère de la médiation. Et bien entendu, un tel ministère dépend de la confiance et de la bonne volonté des parties concernées. Barnabas a pu jouer un rôle de médiateur entre Paul et Marc. (Il est intéressant de noter que la lettre de Paul à Philémon peut également être lue comme documentant le travail de médiation de Paul entre Philémon et Onésime). 
    • Enfin, dans notre lecture imaginative, est-il juste de projeter que la ‘réunion’ de Paul et de Marc ait été possible, non pas parce que l’un d’entre eux a prévalu ayant eu raison, mais parce que tous deux ont continué à mûrir et à tirer des leçons de leurs expériences passées ? 

    Au début de cet article, je souligne que deux facteurs sont liés et toujours présents dans les situations de conflit comme celles évoquées dans notre étude de cas d’Actes 15 : ce qui est juste ou vrai, qui reflète et favorise la fidélité ; et l’amour et la grâce qui recherchent la paix et favorisent la réconciliation et la construction de la communauté. Le Psaume 85.10-11 fait allusion à ce lien indissociable et résume magnifiquement la vision du shalom pour la transformation et la guérison des conflits : « Fidélité et Vérité se sont rencontrées, elles ont embrassé Paix et Justice. La Vérité germe de la terre et la Justice se penche du ciel ». Qu’il en soit ainsi ! 

    ‚ÄîDaniel Schipani est pasteur de Mennonite Church USA et membre de l’assemblée locale mennonite de Belmont à Elkhart, Indiana (États-Unis). Lui et sa femme Margaret ont deux enfants adultes et trois petits-enfants. Titulaire d’un doctorat en psychologie et d’un doctorat en théologie pratique, il est professeur émérite à AMBS (séminaire biblique anabaptiste mennonite) et professeur affilié au séminaire théologique McCormick et au séminaire théologique de San Francisco. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’éducation, la pastorale, l’accompagnement et la théologie pratique. 


    Courrier 38.4

  • Vous êtes invités ! Joignez-vous à nous pour une série de webinaires sur la protection de la création intitulée « Pollinisateur climatique ». Voir ci-dessous. 


    Du temps de la création de l’être humain dans Genèse, « la première mission de l’être humain était… de profiter de la création, mais aussi de la protéger et d’en prendre soin », explique Danang Kristiawan. 

    Danang Kristiawan est pasteur de l’assemblée GITJ (Gereja Injili di Tanah Jawa) à Jepara, en Indonésie, et chargé de cours au séminaire théologique Wiyata Wacana à Pati. Il déplore que dans de nombreuses églises mennonites d’Indonésie, les questions environnementales soient considérées comme n’ayant pas de rapport avec la foi et l’église.  

    Il explique comment cette séparation s’est produite dans une vidéo qu’il a produite pour l’Assemblée de la Conférence Mennonite Mondiale en Indonésie en 2022. 

    « La vision traditionnelle javanaise comprend qu’il existe un lien entre les humains et la nature », dit-il dans la vidéo. « Il existe de nombreuses traditions ou sagesses locales qui respectent positivement la nature. »  

    Mais, explique Danang Kristiawan, lorsque les missionnaires mennonites néerlandais sont arrivés en Indonésie au 19e siècle, ils « étaient très critiques des pratiques culturelles locales. En conséquence, la communauté chrétienne ne veut pas s’impliquer dans les rites et les festivals locaux pour éviter toute idée de syncrétisme. » 

    Danang Kristiawan travaille avec d’autres responsables d’églises javanaises pour intégrer le lien javanais avec la nature dans la théologie de l’église. 

    Lors de la Journée de la paix en septembre 2021, Danang a participé à un rassemblement d’églises mennonites javanaises. « J’ai parlé de respect pour les peuples autochtones et de la valeur de trouver des points de vue différents », a-t-il déclaré. Il a rappelé à l’auditoire que dans la tradition javanaise, « les humains font partie de la nature. »  

    Danang trouve également dans la Bible une base pour l’écothéologie. Colossiens 1,16 dit que toutes les choses ont été créées en Jésus. « Il est, lui, par devant tout ; tout est maintenu en lui » (v.17).  

    « Christ a embrassé la création en lui-même et il a réconcilié toutes choses en lui-même », dit Danang Kristiawan. « Nous devons prendre soin de la création parce que vous pouvez aussi trouver Christ dans la création. » 

    Pour Danang Kristiawan, la théologie dans Colossiens semble familière. « Je pense qu’elle est proche de la culture javanaise, de la vision javanaise du monde, d’une vision asiatique du monde. »  

    Le fait d’avoir ces conversations est un pas dans la bonne direction. Mais Danang Kristiawan constate encore un manque d’initiative lorsqu’il s’agit d’aborder les questions environnementales en tant qu’église. Il a une solution dont il discute avec ses étudiants du séminaire. 

    « Je propose l’écodiscipline. » 

    Dans l’Église, si quelqu’un fait quelque chose de mal, on lui demande de se repentir et on lui impose parfois une discipline de la part de la communauté. Pourquoi ne pas étendre ce principe aux fautes commises à l’encontre du monde naturel ? 

    En conduisant des voitures et des motos, en utilisant un climatiseur et en produisant des déchets plastiques, Danang Kristiawan ajoute : « Nous participons au réchauffement de la planète. Nous devrions nous amender en consacrant de l’argent à la protection de la création. » 

    Il est important de se rappeler, selon Danang, que « la discipline n’est pas seulement individuelle, elle est collective en tant que communauté. Il est de notre responsabilité d’aller donner des conseils et de rappeler aux autres que nous pouvons travailler ensemble et être des disciples de Jésus. » 

    Il se demande si les mennonites ne pourraient pas commencer à se tenir mutuellement responsables des dommages causés à la nature.  

    Ce webinaire est organisé conjointement par le Groupe de travail de la CMM pour la protection de la création et le Collectif anabaptiste pour le climat/Anabaptist Climate Collaborative. 

    Cliquez ici pour accéder aux enregistrements des webinaires précédents : 
    17 octobre 2023 –zoom sur l’Afrique avec Sibonokuhle Ncube 

    —Sierra Ross Richer est membre de la Waterford Mennonite Church, à Goshen, en Indiana (États-Unis). Elle est stagiaire au Collectif anabaptiste pour le climat / Anabaptist Climate Collaborative (ACC). Cette histoire, tirée de la série préparée pour la période du carême Pollinisateur climatique : Histoires anabaptistes mondiales sur le changement climatique est reproduite avec sa permission. 

    Les membres du Groupe de travail de la CMM pour la protection de la création de chaque région animeront une heure de récits et de questions-réponses. Des membres d’églises du monde entier raconteront comment ils sont affectés par le changement climatique et comment ils y répondent par des actions résilientes et l’espoir de l’Évangile.

    Autres articles pour le webinaire « Asie » (en anglais)

    Chaque webinaire aura lieu le mardi à 14h UTC (cliquez ici pour trouver l’heure dans votre région). Inscrivez-vous ici :

  • Avant de commencer son aventure bolivienne, Esther Aguilar a demandé à Dieu une chose : lui faire approfondir le commandement où Jésus dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. […] Un second est aussi important : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Matthieu 22,37, 39). 

    Bien qu’elle ait grandi en entendant ce verset couramment utilisé, Esther Aguilar était prête à être mise au défi de comprendre ce que cela signifiait d’aimer les autres d’une culture différente et de rencontrer Jésus dans une nouvelle partie du monde. 

    Grâce à YAMEN (Réseau Anabaptiste Mondial d’Échange de Jeunes), un programme conjoint du Comité central mennonite et de la Conférence Mennonite Mondiale, Dieu l’a placée à Samuelito, une crèche en Bolivie. 

    Avant de travailler à Samuelito, Esther Aguilar n’avait jamais travaillé avec des enfants. Elle se souvient de ses premiers jours en tant qu’assistante d’éducation et de soins, essayant de s’adapter aux cris des enfants venant de plusieurs directions et apprenant à changer une couche pour la première fois. « Je me rappelle la première fois où je l’ai mise à l’envers ! ». Mais au lieu de se renfermer, elle s’est souvenue du verset par lequel elle demandait à être transformée. Elle s’est dit : « Comment devrais-je mieux réagir à ce moment-là et que puis-je faire pour y remédier ? » 

    Bien qu’Esther Aguilar soit originaire du Honduras, un autre pays hispanophone, elle a constaté que l’adaptation de sa langue était essentielle pour entrer en relation avec les enfants vulnérables et s’en occuper. 

    « Nous sommes tous des latinos et nous partageons un minimum de culture », explique-t-elle. « Mais j’ai dû adapter mon langage, même ici. J’ai dû adapter ma façon de parler à des enfants d’âges différents, par exemple en attirant leur attention ou en corrigeant leur façon de s’exprimer. Comprendre et communiquer avec chaque enfant différemment est une façon de faire preuve d’empathie à son égard. » 

    Pendant son engagement avec YAMEN (d’août 2022 à juillet 2023), Esther Aguilar a appris à aimer chaque enfant en tant qu’individu. La patience a été mise à rude épreuve, mais elle s’est efforcée de créer un environnement rassurant où les enfants pouvaient exprimer librement toute la gamme de leurs émotions au cours d’une même journée. 

    Esther Aguilar joue avec des enfants à Samuelito, une crèche gérée par les églises mennonites de Bolivie et soutenue par le Comité central mennonite dans le cadre du programme YAMEN. 

    Elle a également pratiqué l’amour du prochain en s’intégrant à une nouvelle communauté mennonite, Iglesia Evangélica Menonita Boliviana – Sinai. 

    Au début, elle avait peur de s’engager dans une nouvelle église. Elle se souvient s’être sentie hors de sa zone de confort et vulnérable en participant pour la première fois seule à des rencontres d’église. Mais avec le recul, elle se réjouit de cette partie de son expérience, car elle lui a appris que le royaume de Dieu s’étend bien au-delà de son église d’origine, Iglesia Evangélica Menonita Santa Rosa de Copan, au Honduras. 

    Le nouveau lieu de travail d’Esther Aguilar, sa maison et sa communauté d’église lui ont permis d’approfondir ses liens culturels et de s’exercer à vivre au quotidien l’amour de ses nouveaux prochains, avec les cris des enfants et tout le reste.  

    « Lorsque j’ai commencé à accueillir cette culture, je me suis sentie un peu plus concernée et j’ai commencé à comprendre ce que c’est que d’être à la place des autres dans le contexte de la Bolivie », dit-elle. 

    « J’ai appris à aimer le Seigneur dans une autre église, dans une autre maison et j’ai appris à m’aimer moi-même. » 

    —Un communiqué commun de la Conférence Mennonite Mondiale et du Comité Central Mennonite par Rachel Watson, facilitateur de la communication et du soutien aux programmes pour le Comité Central Mennonite en Bolivie. 


    Le Réseau Anabaptiste Mondial d’Échange de Jeunes (YAMEN) est un programme conjoint du Comité central mennonite et de la Conférence Mennonite Mondiale. Il a pour objectif de promouvoir la communion entre les églises de la tradition anabaptiste et de former de jeunes dirigeants partout dans le monde. Les participants vivent une année dans un contexte interculturel, à compter du mois d’août jusqu’au mois de juillet de l’année suivante. 

    Participants de YAMEN 2022-2023 

    Nom Pays d’origine Pays de service Membre de l’église 
    *union d’églises membre de la CMM 
    Anita Ekka  Inde Nigéria Gilgal Mennonite Church – Hadmor* 
    Arni Paidjo  Indonésie  Bolivie  Gereja Kristen Muria Indonesia / GKMI Salatiga* 
    Brian Adeti  Le Ghana  Cambodge  Mennonite Church of Ghana* 
    Dinna Ngungi  Tanzanie Cambodge  Mennonite Church – Mwanza*
    Eldrhat Mugisa  Ouganda  Burundi St. Paul’s Cathedral Church – South Rwenzori Diocese 
    Emmaculate Pulei  Kenya Cambodge  The Holy Revival Harvest Church 
    Hector Calix Dueñas  Honduras Colombia Iglesia Evangelica Menonita* 
    Holi Deo  Bangladesh  Kenya St. Stephen’s Church, Boruajani
    Jesús Cobilla Otero  Colombie  Honduras Iglesia Cristiana Encuentro de Renovacion Pan de Vida – Comunidad Menonita* 
    Karen Saenger Echeverria  Paraguay Kenya Shalom Christian Church* 
    Kim Pam  Nigéria Rwanda  Church of Christ in Nations LCC 
    Kunthea Thith   Cambodge  Bolivie  Lighthouse Christian Assembly  
    Leslie Meja   Kenya Bangladesh  Presbyterian Church of East Africa Kimuka Church 
    Luyando Munangobe   Zambia  Inde Ndola Main Brethren in Christ Church* 
    Martinho Muchanga  Mozambique  Tchad  Mozambique Christian United Church 
    Mary Matute Castro  Honduras Irlande  Iglesia Menonita Manantial de Vida* 
    Mathias Wiebe  Paraguay Bolivie  Iglesia Hermanos Menonita Neuland* 
    Michel Moreno Avila  Bolivie  Guatemala Principe de Paz Evangelical Mennonite Church* 
    Nelson Wani  Sud Soudan  Cambodge  Christ Embassy Mia Sabah – Juba 
    Pintu Majhi  Inde Ouganda  Brethren in Christ Church – Judabali* 
    Pola Halder  Bangladesh  Tchad  Christ the King Church 
    Prantosh Boidya  Bangladesh  Inde Saint Joseph Church 
    Shady Palencia Olivares  Colombie  Honduras Menonite Church Celebra* 
    Tabita Cazatinova  Indonésie  Nigéria GITJ Tompomulyo*
  • « De belles amitiés ! et une meilleure compréhension de l’anabaptisme ». Lois Friesen de Towanda, Kansas, USA, n’a aucun doute sur ce qu’elle reçoit en étant connectée à la famille mondiale. 

    « En tant qu’anabaptistes, nous croyons en la communauté. Vous avez besoin de gens qui vous encouragent, de gens qui vous soutiennent ; vous devez pouvoir compter sur l’épaule de quelqu’un pour pleurer », dit-elle. « Si vous n’êtes pas soutenu, la communauté s’effondre. Nous devons nous retrouver tous ensemble ». 

    Un tissu de relations 

    Ses expériences de vie ont fait de Lois Friesen une rassembleuse et une donneuse, interconnectée avec la famille mondiale. Des assemblées passées aux expériences de service et aux voyages, son tissu de relations relie l’Europe, l’Asie du Sud – et même le Canada – à son assemblée locale, Zion Mennonite Church à Elbing, Kansas, États-Unis. 

    Diplômée du Goshen College dans les années 1960, elle a travaillé à la restauration d’une ferme endommagée par la guerre en France, qui allait devenir un orphelinat. 

    En tant qu’agent de service du MCC à Akron (Pennsylvanie, États-Unis), elle et son nouveau mari rassemblèrent leur famille, leurs amis et un proche étranger pour assister à l’édition 1962 de l’Assemblée de la CMM à Kitchener (Ontario, Canada). 

    Lorsque l’Assemblée s’est déroulée « dans son jardin » à Wichita (Kansas, État-Unis) en 1978, elle a aidé à l’accueil des artistes et a hébergé des proches qui campaient sur sa propriété. Les hôtes et les invités partaient dans de nombreuses directions différentes pendant l’Assemblée, « nous avions donc une ‘conférence’ après la conférence pour rattraper le temps perdu », dit-elle. 

    Pour l’Assemblée au Paraguay en 2009, elle n’a pas voyagé. Sous la direction de Bert Lobe, alors secrétaire de la Commission Diacres, elle a participé à un comité local qui a accueilli Cynthia Peacock (Inde) et d’autres responsables de la CMM lors d’une tournée de conférences aux États-Unis. 

    « Cynthia Peacock m’a vraiment fait comprendre la grande responsabilité des diacres mondiaux de la CMM », dit Lois Friesen. « Quand je l’ai entendue parler de ses devoirs et malgré ça gérer son foyer… Tout ce que j’ai pu dire, c’est qu’il n’y a aucune raison de ne pas soutenir la CMM. Regardez les activités et le soutien que les diacres offrent pour que nous restions en contact, pour que le centre de l’anabaptisme reste vivant. » 

    Avant l’Assemblée de Harrisburg en 2015, elle a facilité les voyages d’Arli Klassen, alors responsable du développement de la CMM, dans la région du Kansas. 

    Part of being the church 

    Pour Lois Friesen, le don fait appel à tous ses dons – financiers et relationnels. « Je pense qu’il faut être prêt à parler aux gens, à les accueillir, à voyager si nécessaire. Les gens ont toutes sortes de compétences à offrir. Pensez-y et donnez ce que vous pouvez ». 

    Le fait d’avoir vu son père donner la dîme lui a donné des leçons de générosité dès le plus jeune âge. « Mon père n’en parlait pas beaucoup, mais nous savions que cela faisait partie de l’Église. » 

    L’église a également encouragé les enfants à cultiver une parcelle dans le cadre d’un projet missionnaire. « On nous a rappelé la nécessité de donner. » 

    Les histoires de réfugiés motivent également Lois Friesen à donner. L’appel des Écritures à prendre soin des orphelins et des veuves a un lien personnel. Son mari Joachim (Joe) est arrivé d’Allemagne aux États-Unis avec sa mère, ses sœurs et sa grand-mère, toutes veuves, après six années de déplacement pendant et après la Seconde Guerre mondiale. « Vous êtes appelés à offrir du réconfort – physique et spirituel – à ceux qui en ont besoin ». 

    En soutenant la famille de la CMM, Lois Friesen est guidée par Michée 6,8 « On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien, ce que le SEIGNEUR exige de toi : Rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité et t’appliquer à marcher avec ton Dieu. ». « Où que cela vous mène », dit-elle. 

    *Arli Klassen est actuellement coordinatrice des représentants régionaux de la CMM. Cynthia Peacock est actuellement représentante régionale pour l’Asie du Sud. 


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