Réseau : Peace Commission

  • ‘Où êtes-vous, vous les mennonites ?’ 

    Je suis avec une collègue dans un café de Winnipeg pour discuter des luttes actuelles de nombreux peuples autochtones dans le domaine foncier. J’écoute attentivement alors qu’elle parle des Unist’ot’en, de Muskrat Falls et des Tiny House Warriors. Je hoche la tête en signe de compréhension et offre des ‘hum hum’ compréhensifs. Mais soudain, au milieu de la conversation, elle me regarde avec impatience :

    « Où êtes-vous, vous les mennonites ? Vous racontez toutes ces vieilles histoires de martyrs… Et nous alors ? Nous souffrons et nous mourons ! Où sont vos martyrs maintenant ? »

    Je suis déconcerté, je ne sais pas trop comment répondre. J’avoue que l’Église échoue souvent à être aux côtés des pauvres et à courir les mêmes risques qu’eux. Je parle un peu de ce que nous faisons pour aider et de l’orientation à prendre. Cela ne la satisfait pas. Ses yeux se tournent dédaigneusement vers une fenêtre un peu plus loin. Une minute s’écoule en silence, puis nous nous quittons, partant chacun de son côté.

    En route vers le bureau, sur mon vélo, mon esprit répète ses paroles sans relâche : « Où sont vos martyrs aujourd’hui ? » Je suis tenté de me défendre et de prendre mes distances. Pourtant, mon cœur entend ce cri – pour la terre, pour les pauvres et même pour l’Église.

    Arrivé, en sueur, toujours en tenue de cycliste, je contemple le mur de mon bureau et je prie. Il est couvert de photos de martyrs et de paroles de saints : JeanBaptiste, Martin Luther King, Ellacuría, et d’autres. Mes yeux s’arrêtent sur une déclaration des évêques catholiques d’Asie, vieille de 42 ans :

    « Tant que les pasteurs des églises ne seront pas prêts à être des martyrs de la justice, mais se satisfont de rester en dehors de la vie [des opprimés], et de vivre bien mieux qu’eux, leur impact sera négligeable. »

    Je prends une profonde inspiration et je ferme les yeux. Comme beaucoup de mennonites, je garde en mémoire les récits des souffrances des anabaptistes du XVIe siècle. Comme beaucoup, je suis hanté par le souvenir dangereux du Crucifié « Prends ta croix et suis-moi ». Pourtant, un tel témoignage me paraît accablant. Suisje disposé, comme Christ, à porter le poids du salut ? Appartenant à une confession qui se souvient souvent de ses martyrs, suis-je prêt à suivre leur exemple, ou est-ce que je joue juste à de dangereux jeux confessionnels ?

    Alors, j’envoie un message à Chris Huebner, professeur de philosophie et de théologie à Canadian Mennonite University, qui donne des cours sur le martyre. Peu de temps après, nous nous rencontrons dans un bar local et parlons pendant deux heures.

    De Chris, j’apprends que :

    1. C’est le témoignage exemplaire, et non la mort, qui compte. Habituellement, les églises sont fières de leurs martyrs – ceux qui ont été tués à cause de leur témoignage, et ceux qui ont survécu, tout en témoignant et en étant persécutés. Nous ne pouvons pas fabriquer de martyrs, mais nous pouvons choisir de mener une vie courageuse.
    2. Il y a des martyrs parmi nous. « Si nous croyons », dit Chris, « le genre de choses que les chrétiens croient traditionnellement à propos de Dieu et de l’Église, il n’y aura jamais de martyrs. Qui ils sont et à quoi ils ressemblent, c’est la partie difficile. Et pourtant, » poursuit Chris : « Si nous croyons ce que nous disons de Christ et des pauvres, il ne fait aucun doute que dans le contexte canadien, l’histoire autochtone est pleine de martyrs. »

    Ce soir-là, en rentrant chez moi à vélo, mon cœur est reconnaissant pour cette conversation si intéressante… et toutes ces nouvelles questions ! Mais je sens que c’est ce dont j’ai besoin. Abraham Heschel (1907-1972), un juif brillant qui a persisté dans son témoignage prophétique, a dit un jour :

    « Le prophète dédaigne ceux pour qui la présence de Dieu est confort et sécurité ; pour lui, c’est un défi, une demande incessante.»

    Dans mon lit cette nuit-là, je repense à la demande impatiente de mon amie « Où êtes-vous, vous les mennonites ? » et je remercie Dieu de sa question, sainte et dérangeante.

    —Steve Heinrichs est le directeur des relations autochtones-colons pour Mennonite Church Canada. Steve vit avec sa partenaire Ann et leurs 3 enfants à Winnipeg – territoire du Traité 1 et patrie de la Nation Metis. Il est membre de Hope Mennonite Church, une communauté de disciples de Jésus.

     

    Cet article a été publié d’abord par le Canadian Mennonite

     

    Cette histoire a été publiée dans le Materiel pour le culte du dimanche de la paix 2020

  • Que chacun de vous mette au service des autres le don particulier qu’il a reçu de Dieu. Vous serez ainsi de bons administrateurs de la grâce infiniment variée de Dieu. Que la personne qui a le don de la parole transmette les paroles de Dieu ; que celle qui a le don de servir l’utilise avec la force que Dieu lui accorde : il faut qu’en toutes choses gloire soit rendue à Dieu, par Jésus Christ à qui appartiennent la gloire et la puissance pour toujours ! Amen. (1 Pierre 4 / 10-11, NFC)

    En juillet 2019, mon amie Linia Sommer a demandé à mon mari Dan et à moi-même de l’aider à mesurer l’exposition de sa communauté au mercure. Linia vit en Guyane française, dans une communauté reculée de la forêt tropicale appelée Taluen sur le Haut Maroni. Dans la communauté de Linia, les aliments sont contaminés par l’extraction de l’or.

    Le Bouclier de la Guyane est une région d’Amérique du Sud qui comprend le Suriname, la Guyane française et le nord du Brésil. Comme beaucoup de peuples autochtones du monde entier, le peuple dont fait partie Linia ne possède pas de titre de propriété sur ses terres traditionnelles ni de contrôle sur ce qui se passe dans son pays.

    Lorsque les gouvernements permettent aux concessions minières de s’installer sur des terres autochtones ou à proximité, les habitants ne peuvent rien faire face aux intérêts nationaux et à ceux des entreprises.

    Linia est wayana, et les Wayanas et les autres peuples qui vivent sur la rivière du Haut Maroni dépendent du poisson comme principale source de nourriture. L’exploitation aurifère contamine les poissons car les métaux lourds s’accumulent dans leurs tissus.

    L’exposition aux métaux lourds comme le mercure provoque des maladies neurologiques et une mort prématurée. Elle a pour conséquence divers bouleversements et des déplacements pour les communautés

    Bien que le gouvernement français teste régulièrement les populations autochtones de Guyane française concernant la toxicité du mercure, il n’informe pas des résultats les membres de la communauté.

    En tant que mère, Linia pense qu’elle devrait être informée de la menace que l’exploitation minière de l’or représente pour ses enfants. Elle a cofondé ‘l’Organisation pour promouvoir l’Entraide et la Solidarité entre les Victimes du ercure’ pour tenter de résoudre le problème.

    Je suis une femme indigène nord-américaine, une Tewa. Je sais ce que c’est que de se sentir impuissant, tout petit, dans un monde où les lois et les politiques ne vont pas toujours dans le sens des intérêts de ma famille ou de mon peuple.

    Lorsque Linia nous a demandé de l’aide pour documenter l’impact du mercure sur son peuple, Dan et moi avons été tout de suite d’accord.

    Nous avons commencé à travailler avec les peuples indigènes et tribaux dans le Bouclier de la Guyane en 2004. Nous avons alors créé le ‘Suriname Indigenous Health Fund’, un organisme à but non lucratif basé aux États-Unis, dont le but est de fournir aux peuples autochtones de cette région de Guyane le matériel et le soutien technique dont ils ont besoin pour trouver leurs propres solutions. 

    Bien que nous ayons l’équipement scientifique nécessaire, il est difficile et coûteux de lancer un projet transnational qui nous fournirait des échantillons et retransmettrait les résultats aux membres de la communauté concernée.

    Quand nous sommes rentrés chez nous à Washington, j’ai demandé de l’aide à la Dismantling the Doctrine of Discovery Coalition (Coalition pour le Démantèlement de la Doctrine de la Découverte [de l’Amérique]). Leur réseau a été contacté à travers les États-Unis, et s’est fait notre avocat pour obtenir des kits de test du mercure, pour leur campagne de fin d’année. En réponse, le groupe de jeunes de Shalom Mennonite à San Francisco (Californie, États-Unis), a décidé que leur propre collecte de Noël serait utilisé pour le financement de kits de test.

    Grâce à l’aide de la Coalition, nous sommes en mesure de financer des kits de test et d’investir dans des infrastructures pour nous aider à mieux communiquer avec Linia et avec d’autres communautés éloignées du Bouclier de Guyane.

    Bien que l’infrastructure financière qui néglige la santé de Linia et de sa communauté poursuive ses activités, nous la soutenons dans la recherche de solutions pour son peuple. Alors que le système de santé dédaigne la participation des femmes autochtones, nous fournissons des résultats de tests pour aider à l’autodétermination les mères qui veulent contribuer à la bonne santé de leurs enfants.

    Linia espère trouver et transporter des aliments non contaminés pour sa communauté afin de réduire l’exposition de son peuple à des niveaux de mercure dangereux causant la mort, des maladies et des handicaps, alors qu’il n’existe aucune alternative de secours. Nous savons que c’est un projet ambitieux, mais c’est l’étape suivante pour que la communauté trouve une solution appropriée à sa culture à cette crise de santé publique. Nous espérons lui rendre visite.

    Lorsque Linia nous a demandé de l’aide, nous avons manifesté immédiatement notre solidarité. Lorsque nous avons demandé de l’aide à la ‘Coalition pour le Démantèlement de la Doctrine de la Découverte’, ils ont répondu immédiatement en étant solidaires de Linia et du peuple Wayana. Pour nous, c’est une histoire émouvante de solidarité.

    —Sarah Augustine est une descendante du peuple Tewa (Pueblo) et fréquente la Seattle Mennonite Church (État de Washington, États-Unis). Elle est directrice exécutive du Centre de Résolution des conflits des comtés de Yakima et de Kittitas. Elle a cofondé le Suriname Indigenous Health Funds et la ‘Coalition pour le Démantèlement de la Doctrine de la Découverte’.

     

     

    Cette histoire a été publiée dans le Materiel pour le culte du dimanche de la paix 2020

  • Verso 1: Esuno Kokoro uchini (El corazón de Jesús está reflejado en mi corazón)

    Verso 2: Esuno Heiwa uchini (Tengo la paz de Jesús en mi corazón).  

    Mitsuru Ishido a écrit ce chant pour encourager Nasu Keiko, autre membre de l’assemblée mennonite, qui coud des masques pour les donner aux réfugiés, aux étudiants étrangers et à un membre de l’église souffrant de problèmes pulmonaires. Il a basé la musique sur l’échelle pentatonique d’Okinawa et la joue sur le sanshin, un instrument japonais traditionnel utilisé dans la région de l’île d’Okinawa au Japon.

    Okinawa a une histoire de paix et de guerre. Autrefois Royaume de Ryukyu, c’était une île pacifique et sans armes. Pendant 300 ans, Ryukyu a gardé son indépendance grâce à sa diplomatie de la musique et de la danse plutôt que de l’épée.

    Le cœur de Jésus en tant que ‘prince de la paix’ et le ‘cœur de la paix’ des îles de Ryukyu ont ce même témoignage. J’ai donc essayé d’utiliser l’échelle traditionnelle de Ryukyu [pour composer un chant chrétien]. Je joue ce chant sur le shamisen d’Okinawa (sanshin), un instrument à trois cordes avec un tambour en peau de serpent.

    Mitsuru Ishido avec un sanshin, un instrument à trois cordes,
    utilisé dans la région de l’île d’Okinawa au Japon.

    De nos jours, le royaume Ryukyu est annexé au Shimadzu Han du Japon. Avant la seconde Guerre mondiale, on y fabriquait du matériel militaire, et aujourd’hui, une base stratégique appelée ‘Clé de voûte du Pacifique’ y a été construite, à l’opposé des traditions de paix de l’île.

    Pendant la seconde Guerre mondiale, la bataille terrestre la plus intense au Japon a eu lieu à Okinawa. La protection du quartier général principal de la partie continentale de Tokyo a entraîné la mort de nombreux civils et de soldats (au cours de longues opérations). Ils s’étaient cachés dans des grottes de calcaire appelées Gama, mais à la fin, les civils ont été forcés de choisir la mort plutôt que d’être pris par l’ennemi et de potentiellement divulguer des informations. Cela a conduit à l’ordre de ‘l’autodétermination de masse.’ Les hommes devaient tuer leur mère ou leur fille et finalement ils tentaient de se suicider. C’est une tragédie qui a laissé de profondes séquelles.

    Après la guerre, les habitants de l’île ont été détenus dans des camps de concentration. Ils ont beaucoup souffert de la faim car les militaires de la base américaine s’étaient emparés des maisons et des champs. Cependant, tout en survivant péniblement dans les camps de concentration, les prisonniers d’Okinawa ont puisé dans leur tradition de paix par la musique. Ils ont survécu en créant des instruments de musique fabriqués à partir de boîtes ramassées dans les tas d’ordures. Ils les ont appelés Trash Can Sanshin. L’esprit de la musique et de la paix d’Okinawa n’est jamais mort. Bien que piétié à plusieurs reprises, le désir de vivre fondé sur la paix et la musique a maintenu leur musique jusqu’à nos jours.

    —Mitsuru Ishido est le représentant au Conseil Général de Tokyo Chiku Menonaito Kyokai Rengo, une paroisse mennonite du Japon.

     

    Cette histoire a été publiée dans le Materiel pour le culte du dimanche de la paix 2020

    Cliquez ici pour écouter la chanson de Mitsuru Ishido

  • Au moment où j’écris ces mots, notre monde est face à plusieurs défis. D’abord, nous avons été submergés par une pandémie mondiale qui est venue perturber notre habituel sentiment de normalité. Ensuite, il nous faut dénoncer ouvertement un racisme profondément enraciné qui continue de tuer et d’opprimer nos frères et sœurs de couleur. Ces deux défis – la pandémie et le racisme systémique – ne sont pas des combats isolés. Ils mettent tous deux en évidence l’inégalité (raciale et économique) qui continue à causer souffrance et désespoir.

    Ces défis mettent en évidence le fait que le paisible royaume de Dieu n’est pas une réalité ici-bas. Cependant, si nous prêtons attention aux cris de ceux qui ne peuvent pas respirer – à cause de la COVID-19 ou de la violence policière – nous pouvons apprendre à répondre par la solidarité avec ceux qui souffrent ou sont opprimés.

    La Bible nous parle d’un Dieu qui accompagne ceux qui sont découragés, privés de leurs droits et qui souffrent. Elle invite également ceux qui croient en ce Dieu et qui suivent son Fils, Jésus-Christ, à comprendre comment l’humanité entière est interconnectée : quand les êtres humains souffrent, la création elle-même va mal. Si nous souhaitons incarner la paix et la justice de Dieu dans ce monde, ce qui arrive à l’un devrait aussi être important pour les autres. Si nous voulons être une Église de Paix, nous devons donc reconnaître notre interconnexion et accompagner ceux qui souffrent.

    Cependant, reconnaître notre interconnexion signifie remettre en question le mythe de ‘l’individu’. Cette notion suggère que l’on est ‘libre’ ou ‘séparé’ des autres. Elle suppose que l’on peut vivre ‘indépendamment, réfutant l’idée que d’autres peuvent déterminer ou affecter nos actions. Ainsi, la bataille qui fait rage lorsque nous cherchons à mettre l’accent sur ‘l’individu’ a pour but de chercher à se libérer des autres.

    Cependant, au cours des derniers mois, la COVID-19 a souligné à quel point nous sommes tous intrinsèquement liés. Et c’est une réalité qu’auraient pu nous montrer ceux qui sont opprimés et exploités. Autrement dit, ce que nous faisons affecte les autres. Ce que les autres font nous affectent. Pour le meilleur ou pour le pire, nous sommes inextricablement liés. Il suffit de voir comment la COVID-19 s’est propagée pour le comprendre.

    En Afrique du Sud, la notion d’ubuntu fournit un rappel philosophique important. Ubuntu est devenu un raccourci pour l’expression umuntu ngumuntu ngabantu qui signifie « une personne est une personne grâce aux autres ».

    Ubuntu fournit une alternative logique à l’histoire et à l’expérience du colonialisme et de l’apartheid d’Afrique du Sud. L’apartheid, mot qui veut dire ‘séparation’, était la structure rigide basée sur la ségrégation raciale. Il est né de la colonisation européenne et a développé un système juridique basé sur la suprématie blanche et les privilèges blancs, il qui opprimait et éliminait ceux qu’il considérait comme ‘non blancs’. L’apartheid était une forme d’invention sociale qui favorisait la séparation et la peur de ‘l’autre’, justifiant ainsi l’oppression et la violence contre ceux qu’il considérait comme ‘non blancs’.

    Tout au long de la lutte contre l’apartheid (qui a officiellement pris fin en 1994) et dans les premières années de la démocratie en Afrique du Sud, le concept d’ubuntu a fourni motivation et vision. Il a montré comment l’apartheid, avec sa pratique de séparation et d’exclusion a attaqué non seulement la dignité humaine, mais l’humanité même ! Desmond Tutu, par exemple, a régulièrement fait référence à la notion d’ubuntu quand qu’il contestait la logique et la pratique de séparation de l’apartheid. « Mon humanité est liée, est inextricablement liée à la vôtre, et la vôtre à la mienne1 », rappelait-il.

    Il me semble que cette notion d’ubuntu est un concept que nous pourrions vouloir adopter en ce moment (au moins à partir de maintenant !). Cela peut nous aider à mieux comprendre Philippiens 2/3-4.

    […] ne faites rien par rivalité, rien par gloriole, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous. Que chacun ne regarde pas à soi seulement, mais aussi aux autres.

    Lorsqu’un membre souffre, tous les membres souffrent.

    L’adoption d’une telle vision de l’interconnexion a cependant des conséquences : ce qui arrive à quelqu’un d’autre nous importe, et ce qui nous arrive importe aux autres aussi. Et cela peut affecter non seulement qui nous sommes, mais ce que nous faisons ! En d’autres termes, elle offre une vision sociale, pas individualiste !

    Incarner une telle vision, c’est pratiquer la solidarité. Cela suppose que nous ne marchons pas seuls mais avec les autres. Il y a beaucoup de joies à adopter une telle attitude. Mais cela signifie aussi de partager la souffrance : lorsqu’un membre souffre, tous les membres souffrent.

    Ainsi, si nous voulons être en bonne santé, nous devons également agir pour que les autres se portent bien. Si nous voulons un monde où chacun est traité avec respect et dignité – en tant qu’êtres humains et en tant que dons de Dieu – nous devons nous assurer que le ‘plus petit d’entre nous’ (ceux qui pourraient ne pas compter aux yeux des principautés et des puissances) sont au centre de la quête de dignité et d’humanité. C’est ce que signifie être solidaire des autres au niveau le plus fondamental.

    C’est là que réside la sens de la lamentation. Comprendre la lamentation – le cri, la douleur, l’angoisse de quelqu’un – c’est reconnaître que les choses ne sont pas comme elles devraient être. Et cela nous incite (ou devrait nous inciter) à chercher les raisons des souffrances humaines, à explorer les problèmes qui les causent et comment y remédier. La plainte nous donne l’opportunité de façonner notre vision sociale ; elle nous met au défi de reconnaître ce qui n’est pas juste, là où l’harmonie n’est pas encore une réalité, et ce qui doit changer pour que chacun puisse expérimenter le shalom de Dieu.

    C’est une invitation à être l’Église, les « appelés » aujourd’hui. C’est l’occasion d’incarner la vocation de l’Église en solidarité avec les autres : lutter pour que chacun ait les soins médicaux, la nourriture, la sécurité économique et sociale et la dignité dont il a besoin.

    Lorsque nous répondons à l’invitation à être l’Église, nous portons une vision d’espérance : Dieu est avec nous, œuvre par nous et ne nous a pas abandonnés. Nous sommes aussi incités à agir pour être fidèles à notre vocation particulière dans et pour le monde, et à témoigner de la voie de la paix du Christ en faisant connaître la sagesse multiple de Dieu pour le monde.

    Que Dieu nous aide à répondre fidèlement.

    Amen.

    —Andrew Suderman

     

    Ce témoignage fait parti du materiel pour le culte du Dimanche de la Paix de 2019. Pour en savoir plus, cliquez ici.

     

    [1] Desmond Tutu, No Future without Forgiveness, 1e ed. (New York: Doubleday, 1999), 31.

  • Le 19 Juin 2020

    Chers frères et sœurs en Christ,

    Salutations dans le nom de notre Seigneur Jésus Christ, notre Prince de la Paix !

    Nous invitons les Églises de la famille anabaptiste mondiale à célébrer le Dimanche de la Paix le 20 septembre 2020. Avec cette lettre, nous vous faisons parvenir le matériel pour le culte que les paroisses peuvent utiliser pour célébrer le Dimanche de la Paix cette année.

    Le récit biblique nous raconte l’histoire d’un Dieu qui accompagne et marche avec ceux qui sont découragés, privés de leurs droits et qui souffrent. C’est aussi une invitation pour ceux qui croient en ce Dieu et qui suivent son Fils Jésus-Christ, à considérer l’interdépendance de l’humanité et à reconnaître que lorsque l’on ne va pas bien ou que l’on souffre, la création ne correspond pas ce qu’elle devrait être. Si nous voulons incarner la paix et la justice de Dieu dans ce monde, ce qui arrive à l’un affecte l’autre et devrait être important pour les autres.

    Si nous voulons être une Église de Paix, nous devons donc reconnaître notre interconnexion ; nous devons accompagner ceux qui souffrent, en être solidaires.

    Que ces documents nous y aident.

    Raison d’être du Dimanche pour la Paix

    En 2003 à Bulawayo, la Commission Paix de la CMM a recommandé la célébration d’un dimanche de la paix. Suite à cela, la Commission Paix a décidé lors de sa réunion en 2006 de choisir le dimanche le plus proche du 21 septembre (Journée internationale de la paix) pour célébrer le Dimanche de la Paix dans les Églises membres de la Conférence Mennonite Mondiale.

    La Journée internationale de la paix a été créée le 30 novembre 1981 par la résolution 36/67 de l’Assemblée générale des Nations Unies pour coïncider avec l’ouverture de sa session en septembre 1982. Plus tard, la résolution a été renforcée par le choix du 21 septembre comme date annuelle de cette Journée internationale de la paix. La résolution dit :  

    « L’Assemblée générale, réaffirmant que l’observation et la célébration de la Journée internationale de la paix contribuent à renforcer les idéaux de paix et à atténuer les tensions et les causes de conflit… »

    De plus, la résolution déclare :

    « … que dorénavant, la Journée internationale de la paix sera observée comme une journée mondiale de cessez-le-feu et de non-violence, pendant la durée de laquelle les nations et les peuples sont invités à cesser les hostilités ; (et l’Assemblée générale) engage tous les États Membres, les organismes des Nations Unies, les organisations régionales et non gouvernementales et les particuliers à célébrer comme il convient la Journée internationale de la paix, y compris au moyen d’activités d’éducation et de sensibilisation, et à œuvrer, de concert avec l’Organisation des Nations Unies, à l’établissement d’un cessez-le-feu mondial. »

    À la lumière de ce texte, la Commission Paix de la Conférence Mennonite Mondiale, décida qu’à partir du 11 mars 2006 :

    1. Le dimanche le plus proche du 21 septembre serait choisi comme Dimanche de la Paix et qu’il serait célébré dans toutes nos Églises dans le monde. En 2019 ce dimanche tombe sur le 22 septembre.
    2. La Commission Paix de la CMM préparera des suggestions de lectures bibliques, des sujets de prière, des réflexions venant de notre communauté mondiale et des idées d’activités afin d’aider les Églises à célébrer cette journée.
    3. Les Églises sont invitées à faire savoir à la Commission Paix comment elles auront célébré cette journée. Envoyez vos récit et photos à photos@mwc-cmm.org.
    4. Les Églises qui avaient l’habitude de célébrer un Dimanche de la Paix sont encouragées à poursuivre cette activité, et invitées à inclure les préoccupations de l’Église mondiale dans leurs sujets de prière, ce dimanche-là.

    Nous espérons que vous pourrez nous faire savoir comment vous avez célébré le Dimanche de la Paix. À ce sujet, n’hésitez pas à envoyer des récits et des rapports de vos activités à la Commission Paix de la CMM (voir adresse électronique ci-dessous) ou à photos@mwc-cmm.org, afin que nous puissions les faire connaître aux Églises membres de la CMM. Que Dieu vous bénisse dans votre travail pour la paix du Christ !

    Dans la paix du Christ,

    Andrew G. Suderman,

    Secrétaire de la Commission Paix

    AndrewSuderman@mwc-cmm.org

  • Thėme

    ‘Quand un des membres souffrent, tous les membres souffrent – la paix : un accompagnement et de la solidarité’

    Si nous voulons incarner la paix et la justice de Dieu dans ce monde, ce qui arrive à l’un affecte les autres et devrait aussi avoir de l’importance pour eux..

    Textes bibliques :

    1 Corinthiens 12/12–27
    Ruth 1/1–17
    Éphésiens 4/1–6
    Galates 6/1–5

    Ressources supplémentaires dans ce dossier :

    Resources supplémentaires dans ce dossier :

     

  • Mardi 31 décembre, le dernier jour de l’année 2019, Sangmin Lee m’a appelé tout heureux de m’annoncer qu’il avait été amnistié.

    Au début de l’année 2014, Lee a été condamné à 18 mois de prison pour avoir refusé de participer au service militaire à cause de sa foi.

    Lee a été libéré le 30 juillet 2015 après avoir purgé une peine de 15 mois, mais la mention de refus de service militaire est restée inscrite dans son casier judiciaire l’empêchant d’occuper un emploi dans de nombreuses entreprises et dans le secteur public.

    Même si j’avais entendu parler des pardons officiels accordés à 5174 personnes d’ici la fin de l’année, je ne pensais pas qu’il puisse faire partie des 1879 objecteurs de conscience à en bénéficier. La décision a été prise grâce aux jugements rendus par le tribunal en 2018 qui reconnaissent l’existence de demandes répétées au cours de plusieurs dizaines d’années d’alternatives au service militaire de la part d’objecteurs de conscience.

    Le 27 décembre 2019, l’Assemblée nationale de la République de Corée a fini par approuver une loi permettant aux objecteurs de conscience d’effectuer un service alternatif de 36 mois. Actuellement, le service militaire obligatoire en Corée est d’une durée de 21 mois (armée de terre) à 23 ou 24 mois (marine et armée de l’air).

    Aujourd’hui, au moins, il existe une alternative au service militaire pour les objecteurs de conscience en Corée du Sud.

    Cependant, cette possibilité s’apparente plus à une punition qu’à une réelle alternative. En décembre 2019, le ministère de la défense (non pas le ministère de la justice) a annoncé une révision de la loi. Cette nouvelle loi prévoit que les objecteurs de conscience devront servir durant 36 mois dans des centres pénitentiaires. Sous supervision du ministère de la défense, ils doivent rester dans ces centres sans possibilité d’aller et venir.

    Sangmin Lee (comme d’autres objecteurs de conscience) a déjà purgé sa peine en tant que prisonnier à cause de sa foi et sa conscience. Quelle est la différence entre une peine de prison et « 36 mois dans un centre pénitentiaire », à part la durée ?

    Je suis soulagé que Sangmin Lee ait pu faire partie des plus de 1800 personnes qui ont enfin retrouvé un statut judiciaire vierge dans la société coréenne. Malheureusement, il nous faut maintenant nous préparer à des peines plus lourdes pour les condamnés pour objection de conscience. Qui leur donnera la vraie amnistie ? 

    Prions pour ceux dont la conscience s’oppose à la violence. Qu’ils reçoivent une vraie amnistie ou un pardon officiel.

    —SeongHan Kim est un éducateur sur la paix pour le MCC Asie du nord-est. Il vit à Gangwon-do, en Corée du Sud. Ce communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale a été publié pour la première fois dans Bearing Witness Stories Project.

    Lisez le reste de l’histoire de SangMin Lee :
     
     
  • Notes pour la prédication du Dimanche de la Paix 
     

    Contexte de la lettre

    L’auteur

    Paul écrit cette lettre d’une grande profondeur. Nous ne nous attardons pas souvent sur les conditions dans lesquelles fut écrite l’épître aux Philippiens, mais il est important d’analyser le contexte de vie de l’auteur pour pouvoir comprendre ce qui a motivé ses paroles et quelle était son intention. 

    Paul a été mis en prison, non parce qu’il a attenté à l’ordre publique ou à la vie d’autrui, mais à cause de l’évangile et de sa fidélité au projet de Dieu. C’est parce qu’il a obéi à l’appel de sa vocation qu’il se trouve dans cette situation très difficile, au fond d’un cachot. Paul est dans l’attente de son jugement. L’avenir l’angoisse tellement qu’il dit que pour lui ‘mourir est un gain’ (Philippiens 1/20-24). Pour les prisonniers vivant dans des conditions pareilles, la mort peut sembler préférable, car il est bien difficile de trouver un sens à la souffrance pour continuer à vivre. La conviction de Paul concernant sa mission et le sens de sa vie lui permet de surmonter sa souffrance et de voir plus loin pour que la mission puisse continuer malgré les circonstances (1/12-14). 

    Paul mentionne deux personnes qui l’accompagnent durant ces moments difficiles : l’un est Timothée (Philippiens 1/1) et l’autre Épaphrodite (2/25) qui a été envoyé par l’église pour aider Paul.

    Le contexte

    Dans certains écrits littéraires du Ier siècle on trouve des descriptions des prisons de l’époque. C’était des espaces exigus, peu aérés, surpeuplés, sombres, sales et peu hygiéniques. Les détenus étaient soumis à des tortures physiques et psychologiques, avec les menottes aux mains, aux pieds et au cou, certains dans des positions cruelles, et d’autres liés à un soldat. Les exécutions étaient souvent retardées pour prolonger le martyr des prisonniers qui vivaient dans l’attente de savoir quand ils seraient exécutés (Philippiens 1/20). Les prisonniers les plus prestigieux bénéficiaient de conditions un peu meilleures et n’étaient pas enchaînés. Mais selon le témoignage d’Actes 16 (Actes 16/22-24), Paul n’appartenait pas à cette catégorie. Cela peut nous aider à imaginer ce que Paul ressentait lorsqu’il a écrit cette lettre. 

    Les destinataires

    Elle est adressée à l’église de Philippes, principalement aux évêques et aux diacres, et aux personnes intéressées. L’usage de mots comme ‘évêques’ et ‘diacres’ révèle que cette église avait une organisation et une structure. Elle est sans doute influencée dans sa structure par d’autres groupes grecs (1/1-2). Elle a été fondée par Paul et il s’en sent très proche (4/1). Cette lettre est pleine d’éloges, de paroles d’amour et d’amitié (1/3,12). Paul appelle à être dans la joie, et cela nous interpelle : comment Paul peut-il appeler à la joie et encourager ses correspondants à être dans la joie, alors que lui se trouve dans une situation pareille ? Une autre question surgit également : cette paroisse, qui remplit Paul de fierté, n’était-elle pas en train de passer par des difficultés qui lui faisaient perdre sa joie ? Est-ce pour cela que Paul l’exhorte à la retrouver et à la conserver ?

    Aimer quelqu’un avec qui on a une histoire commune, des expériences, des joies et avec qui croissance mutuelle, peut pousser à sortir de soimême et à penser aux autres, même dans une situation très douloureuse ou risquée, comme c’était le cas pour Paul. C’est pour cela que Paul n’est pas préoccupé par le lieu où il se trouve ou par sa mort probable, ni même par sa souffrance quotidienne ; son souci pour les autres le pousse à écrire pour les encourager à continuer jusqu’à ce qu’ils atteignent leur but (3/12-15). 

     Sibonokuhle Ncube

    J’aimerais souligner trois préoccupations importantes de Paul dans cette lettre.

    1. Se garder des religieux qui imposent des rites (juifs) comme si c’était plus important que de suivre Jésus (3/1-10) ; 

    2. Rester joyeux dans le Seigneur (3/1) ; 

    3. Manifester sa reconnaissance pour tous ceux qui l’ont soutenu durant ces temps difficiles en envoyant Épaphrodite (2/25-30). 

    Ê partir de ce prisme nous pouvons aborder le verset qui a été choisi cette année et y trouver les caractéristiques importantes de cette paix qui surpasse tout intelligence.

    Philippiens 4/6-7

    Introduction

    Quelles conditions extrêmes dans la vie peuvent nous amener à expérimenter la paix de Dieu ?

    Reina est une Camerounaise qui a entrepris un long voyage depuis son pays pour vivre le ‘rêve américain’, ce fameux rêve recherché par tant de personne qui pensent qu’ils trouveront aux ÉtatsUnis une vie d’abondance et de bien-être. Elle est d’abord arrivée au Brésil où elle a pu rester et travailler un an et demi, ce qui lui a permis d’économiser et de pouvoir continuer vers les États-Unis. Elle raconte que cela a été très difficile parce qu’elle ne parlait pas portugais, mais elle a appris, et à grâce à ses talents, elle a pu travailler dans la tapisserie. Elle est ainsi parvenue à amasser une petite somme d’argent et à se faire quelques amis. 

    Elle a traversé différents pays d’Amérique latine où elle a rencontré bien des obstacles, a dû faire face au danger et elle a aussi souffert de la faim. Bientôt l’argent est venu à manquer et elle a appelé une amie au Brésil pour qu’elle lui prête 100 dollars qu’elle a promis de lui rembourser lorsqu’elle arriverait aux États-Unis. Elle a pu continuer sa route et est finalement arrivée. Le chemin a été long et périlleux. Au Panama, on ne lui a donné qu’une heure pour traverser le pays, et elle a été déporté plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle y parvienne. 

    Pour elle, le pays le plus dangereux a été la Colombie. La guérilla et la traversée de lieux abandonnées ont été très dangereux et elle a vu beaucoup de personnes mourir. Au Nicaragua, elle a été volée et elle n’avait plus qu’une poignée de riz à manger, donnée par ceux qui ont eu pitié d’elle. Au Mexique elle a eu l’aide de personnes compatissantes, mais il lui a aussi fallu faire très attention dans certains endroits. Quand finalement elle est arrivée à la frontière, elle a demandé l’asile et a été mise dans un centre de détention où elle est restée un an (Centre de détention GEO à Aurora, Colorado). 

    Là, elle n’a manqué de rien, elle a mieux appris l’espagnol et l’anglais, mais c’était difficile car elle n’avait ni famille ni avenir. Sa régularisation n’avançait pas parce qu’elle n’avait aucun papier d’identité. Elle pensait qu’on lui avait tout volé pendant le voyage. Cependant, sa foi augmentait et elle avait l’espoir que Dieu seul pouvait l’aider

    Une inconnue, Maria, qui vit aux Etats-Unis, lui a proposé de l’aider. Mais Reina avait besoin d’une pièce d’identité. N’en n’ayant pas, Reina lui a demandée de lui rendre un seul service : qu’elle appelle son amie au Brésil pour lui dire qu’elle n’a pas oublié sa dette, et que lorsqu’elle quittera le centre de détention, elle travaillera pour la rembourser. María a donc téléphoné au Brésil et lorsqu’elle a expliqué la situation de Reina, elle a été surprise d’apprendre que Reina avait laissé ses papiers d’identité au Brésil ! C’était un miracle ! Reina a été libérée pour continuer ses démarches de demande d’asile politique. 

    Lorsqu’elle raconte son histoire, Reina utilise beaucoup l’expression ‘seul Dieu..’. Elle répète à chaque étape de son périple : ‘seul Dieu sauve, guérit, protège, aime, libère… Elle le dit avec beaucoup d’assurance et de conviction, et ses yeux pétillent de joie, de surprise et d’admiration en se rappelant les interventions miraculeuses de Dieu dans chaque situation. Il n’y avait aucune explication humaine, seulement une foi sincère dans le Dieu auquel elle croit. 

    Comment avoir une telle paix au sein de tant de souffrance ?

    Non seulement ces personnes sont en paix, mais elles incitent les autres autour d’elles à vivre et à l’expérimenter. Mais, comment être dans la paix ?

    I. Un appel à vivre cette paix qui dépasse toute intelligence

    Paul est en prison, enchaîné, dans des conditions que la plupart d’entre nous n’avons jamais connu. Dans n’importe quelle situation extrême, on peut observer deux types de réactions : a) être victime ‚Äì se tourner vers soi et s’apitoyer sur son sort, raconter aux autres tout ce que l’on souffre afin qu’ils s’en rendent compte, agissent et se mobilisent, ou b) se prendre en main et agir soi-même pour changer la situation. On peut agir pour soi et pour ceux qui sont sans soutien. 

    Les situations limites développent l’incertitude et la peur de l’avenir (physique ou psychique). Pourtant, l’amour pour autrui, que ce soit la famille, les amis, l’église, etc. fait que l’on arrive à dépasser sa situation et à en tirer des leçons profondes pour nous-mêmes et pour les autres. C’est la présence de Dieu qui nous ressource et nous guide en produisant la paix que l’on éprouve lorsque l’impossible devient possible, une paix qui, malgré les circonstances, peut générer la confiance, la sécurité, le salut et le bien-être. 

    Les chaînes, la surveillance des soldats, l’espace réduit de la cellule, l’incertitude de l’exécution, de la vie et de la mort, n’empêchent pas Paul de lever les yeux, de voir ses frères bien-aimés de Philippes et de s’en préoccuper

    II. D’où vient cette paix profonde ?

    Accompagner avec amour et amitié

    Paul est accompagné par Timothée ; il nous parle de lui à différents moments et circonstances, y compris alors qu’il est en prison. Il semble que le fait d’être prisonnier lui permette tout de même d’avoir Timothée près de lui. Il reçoit également Épaphrodite (3/25-27) qui représente l’église de Philippes. Celui-ci lui fait parvenir des produits de première nécessité et lui transmet l’affection de l’église (4/15-17).

    Se réjouir (4/4-5)

    La situation de Paul ne l’empêche pas de se réjouir en se souvenant de son église bien aimée et il lui demande également qu’elle se réjouisse dans le Seigneur. Il insiste : ¬´ je le répète, réjouissez-vous ¬ª cette insistance est un appel être attentif à la joie. Les chaînes ne peuvent empêcher de se réjouir de la relation profonde avec des personnes qui sont loin. 

    Ne pas se faire de souci mais prier (4/6)

    Paul pourrait faire part de ses soucis, pourtant il fait tout le contraire. La lettre montre un Paul qui, au milieu de l’adversité, fait pleinement confiance à Dieu. En dépit de circonstances difficiles et d’un avenir incertain, il a confiance et garde sa foi en Dieu. 

    Tout ceci nous permet de vivre la paix profonde qui surpasse toute intelligence. 

    III. La paix incomparable

    Le verset 7 commence par ‘Et’ pour décrire ce qu’est réellement l’expérience de la paix qui surpasse toute intelligence. 

    Ici, ‘Et’ signifie accompagner avec amour et amitié, se réconcilier, exprimer la joie, ne pas se faire de souci mais prier. Et ainsi on peut vivre cette paix. 

    C’est dans les circonstances les plus difficiles que nous parvient cette déclaration : la prison pour Paul, le parcours de Reina à travers l’Amérique latine au péril de sa vie, les anabaptistes du XVIe siècle qui chantaient face à la mort, et d’autres personnes du passé qui, de près ou de loin, nous montrent par leur vie que la paix surpasse toute intelligence.

    Conclusion

    Aujourd’hui dans tous les pays, des personnes passent par des situations extrêmes. Ce merveilleux passage nous interpelle à vivre cette paix qui surpasse toute intelligence et maintient nos c≈ìurs en Jésus Christ, notre Seigneur. 

    Quelles situations extrêmes traversez-vous, dans lesquelles vous connaissez la paix profonde de Dieu ?

    Témoignez de cette paix qui dépasse toute intelligence dans les crises et les conflits de la vie.

    —Rebeca González Torres (Mexico)

    Cet article fait parti du materiel pour le culte du Dimanche de la Paix de 2019. Pour en savoir plus, cliquez ici.

     

  • La Colombie en est au tout début d’un processus de paix, signé fin 2016, entre le groupe de guérilleros le plus nombreux, et le gouvernement. Beaucoup d’entre nous espérions que les accords de paix apporteraient un revirement dans l’histoire de la violence dans le pays. Mais de nombreux protagonistes armés sont restés actifs, et les cas de corruption politique et d’assassinats d’activistes sociaux et de défenseurs des droits de l’homme se multiplient. Bien sûr, cela va à l’encontre des droits fondamentaux et de l’appel divin à la paix. Le contexte de violence en Colombie a des répercussions sur l’ensemble de la société, y compris sur les églises locales, abandonnées par l’État, en particulier dans les zones rurales prises entre les feux croisés des groupes armés (légaux et illégaux).

    Le passage de Philippiens 4/7 nous encourage à croire en la promesse de paix faite par Dieu, une paix qui dépasse toute compréhension. Je me suis rendue dans une paroisse dans la région du sud-ouest du pays pendant cette phase post-accord, une paroisse qui vit cette confiance. Les habitants de la ville ont été témoins d’affrontements armés depuis les années 1960. Le dernier affrontement entre deux groupes armés insurgés a duré six jours. Lorsque je suis arrivé dans la communauté, environ trois jours après la fin des conflits, j’ai rencontré des responsables d’églises locales de la région. Parmi eux, un couple de paysans indigènes (campesinos) était venu de la montagne où avaient eu lieu les affrontements. J’ai salué ce couple et je lui ai demandé comment s’était passée leur semaine. Il a répondu « Très bien, par la grâce de Dieu ».

    Lors de notre conversation, il a déclaré que ces conflits affectaient profondément leur communauté. De nombreuses personnes ont peur de quitter leur maison depuis le couvre-feu instauré par les groupes armés. Plusieurs membres de la communauté ont été priés de quitter leur terre. C’est pour cette terre que luttent les groupes armés, qui veulent en avoir le contrôle : son sol est riche et fertile, et parfait pour les cultures illicites.

    Oui, l’assemblée locale de ce couple, dans la montagne, faisait face une fois de plus aux terribles conséquences de la guerre, mais elle restait fidèle et confiante dans la paix de Dieu. Ses membres ont organisé des vigiles de prière en communauté de sept heures du soir à trois heures du matin, plusieurs soirs par semaine, faisant confiance à Dieu pour leur avenir. Ils ont aussi continué à encourager les membres de leur communauté à continuer à cultiver leurs champs de céréales et de légumes, et à ne pas se laisser tenter par les cultures illégales.

    Ils ont aussi collaboré avec d’autres responsables d’églises de la région pour mettre en place des méthodes de résistance non-violentes. Ils ne sont pas prêts à se ‘laisser déplacer’ ; c’est leur terre.

    Ils sont très reconnaissants de la protection de Dieu cette semaine, car aucun membre de la paroisse ni du village n’a été pris entre deux feux (bien qu’il y ait eu des morts de part et d’autre dans les groupes armés). « Tout ce que nous pouvons faire », ont-ils déclaré « c’est de répandre le message de Dieu en Jésus que cette violence et cette guerre finiront par prendre fin ».

    Et c’est exactement ce qu’ils font. Cette communauté incarne la promesse de la paix de Dieu, qui dépasse toute compréhension. On peut penser que c’est insensé de prier, de travailler la terre et de s’organiser pour garder vivante sa communauté alors qu’un conflit cherche à la diviser, à déplacer les populations et à détruire les cultures. Pourtant par ces actions, cette communauté pratique la suivance du Christ.

    Les affrontements entre les deux groupes armés insurgés ont cessé pour le moment, mais leur conflit pour le contrôle du territoire continue. La paroisse est toujours là, démontrant que la paix de Dieu est une réalité vivante jusque dans les conflits et les incertitudes, et ceci, même lorsqu’on est pris dans les feux croisés.

    —Andrea Moya

    Ce témoignage fait parti du materiel pour le culte du Dimanche de la Paix de 2019. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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  • Comme les quatre cavités du cœur, les quatre commissions de la CMM servent la communauté mondiale des églises anabaptistes dans les domaines suivants : diacres, foi et vie, paix et mission. Les commissions préparent du matériel à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils et proposent des ressources aux églises membres et facilitent le travail des réseaux ou des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun. Ci-dessous, une des commissions communique un message de leur ministère.


    « Si nous voulons être une église de paix, » déclare Garcia Pedro Domingos, « nous devons aussi répondre et offrir des alternatives à ceux qui ont besoin d’emplois et de stabilité financière. »

    Domingos, qui vient d’Angola a fait cette remarque durant la réunion de la Commission Paix. Il nous a partagé les nouvelles des difficultés que connait son pays qui a encore une société très militarisée à cause d’une longue guerre civile qui s’est achevée en 2002. Une des réalités persistantes est le fait que l’armée soit l’une des sources d’emploi les plus stable dans un pays qui souffre d’un fort taux de chômage.

    « Cela affecte aussi le contexte colombien », raconte Jenny Neme, membre de la Commission Paix (2009-2018).

    Alors que Neme racontait une partie de l’histoire de la Colombie et de l’église mennonite colombienne, Domingos s’est montré à la fois surpris et soulagé d’entendre comment d’autres faisaient face aux mêmes difficultés, même sur d’autres continents.

    Malgré la distance et les différences, il y a un lien entre les obstacles qui se mettent au travers de notre désir commun d’œuvrer pour la paix de Dieu.

    Parfois, dans notre contexte local, notre vision de l’église peut nous amener à nous sentir isolés. Peut-être ne savons-nous pas que d’autres mènent des luttes ; luttes qui sont semblables aux nôtres.

    Nos églises peuvent aussi sembler assez homogènes. Nous n’y voyons pas la diversité que nous recherchons. Ceci, bien sûr, est plus vrai dans certains contextes que d’autres.

    Cependant, lorsque nous considérons seulement notre contexte local et nos formes d’églises comme étant le fondement de notre église, nous omettons de voir comment d’autres églises du monde offrent un aperçu de ce que nous pourrions être ensemble – en partageant les difficultés et les fardeaux de chacun ainsi que les dons et les différences.

    De plus, avec une vision locale étroite, nous ne reconnaissons pas la beauté multiculturelle qui a été faite réalité au sein de notre communion mondiale au travers de la Conférence Mennonite Mondiale. Cette perspective plus large donne un aperçu encourageant qui peut nourrir notre volonté pour que les églises locales incarnent, à leur tour, cette mosaïque multiculturelle dans nos propres contextes.

    Cette mosaïque de la diversité propose une réalité pleine de beauté et d’espoir. Elle permet de voir une église réellement mondiale. Des gens de partout dans le monde, représentant différents pays, différentes réalités socio-économiques, de différentes couleurs de peau, ages et sexe, se rassemblent pour devenir une seule famille.

    Cela nous donne l’occasion de partager nos vies les uns avec les autres.

    Pourtant, cela ne veut pas dire que les tensions, les différences et les difficultés ne sont pas présentes. Comme dans n’importe quelle famille, les désaccords font partie de la richesse des relations. Et ils sont l’occasion d’apprendre les uns des autres, de connaitre différentes manières de faire les choses et de devenir plus conscients des difficultés d’autres endroits du monde.

    En élargissant nos perspectives aux réalités de nos frères et sœurs du monde, nous nous rendons compte des difficultés du témoignage de paix.

    Notre monde continue de souffrir à cause des effets d’une addiction à la violence, à la cupidité et à l’égocentrisme qui nous empêche de vivre des relations justes avec les autres, le monde et Dieu. Et pourtant, lorsque nous nous rassemblons pour louer, construire des liens et partager nos difficultés, nous ouvrons nos vies et nos visions du monde à la présence du Saint Esprit qui nous transforme par ces expériences.

    Ces expériences nous donnent de nombreuses occasions de rechercher à cheminer ensemble, en témoignant de la paix de Dieu dans notre monde.

    —Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale par Andrew Suderman, secretaire de la Commission Paix de la CMM.

  • Déclaration de solidarité avec les peuples autochtones de la Conférence Mennonite Mondiale

    Dans les Écritures, nous voyons Dieu qui entend les cris des dépossédés, de ceux qui souffrent et ressentent une profonde préoccupation pour leur bien-être, et qui agit pour sauver. Dans les évangiles, Jésus-Christ, l’exemple vivant de l’église, incarne la présence privilégiée de Dieu auprès de son prochain qui est exclu, opprimé, ignoré, rejeté ou traité comme étranger. Jésus s’est associé avec les gens marginaux, a écouté et a respecté leurs expériences, et a collaboré avec eux pour obtenir justice.

    La Conférence Mennonite Mondiale souhaite suivre l’exemple de Jésus pour répondre aux cris des peuples autochtones du monde entier. Cetteréponsenevisepasseulementlespersonnessouffrantdestructuresinjustes. Elle comprend aussi des efforts pour démanteler (Colossiens 2/15) les structures de l’oppression, afin que tout le peuple et la création de Dieu puissent connaître l’espoir du psalmiste selon lequel la fidélité et la vérité se rencontrent, et la justice et la paix s’embrassent (Psaumes 85/11).


    Date d’adoption: avril 2018

    Adopté par: Conseil Général de la CMM