Ebauche de la Commission Paix
Approuvée par le Conseil Général de la CMM, Mai 2012
Révision approuvée par le Comité Exécutif de la CMM, Mai 2013
Ebauche de la Commission Paix
Approuvée par le Conseil Général de la CMM, Mai 2012
Révision approuvée par le Comité Exécutif de la CMM, Mai 2013
Dans le monde d’aujourd’hui, il existe encore des pays où la conscription militaire est obligatoire, et il existe une grande variété de politiques à l’égard des objecteurs de conscience. La Déclaration universelle des droits de l’homme (article 18) stipule que toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Outre le fondement chrétien de l’exemption du service militaire exprimé dans ce document, la Déclaration universelle des droits de l’homme fournit un cadre juridique pour la protection de la conscience contre la guerre.
Notre espoir et notre souhait sont que ces dispositions soient rendues accessibles à tous les membres de la société qui, pour des raisons de conscience, ne peuvent pas participer au service ou à l’entraînement militaire.
Le Kintsukuroi, une technique japonaise traditionnelle, consiste à réparer des céramiques avec de la laque et de l’or, en accueillant les cassures comme faisant partie de l’histoire d’un objet au lieu de les dissimuler ou de les jeter.
Ce processus consiste à identifier les zones cassées et à les réparer délicatement avec de l’or précieux, ce qui permet de créer des pièces uniques qui allient cassure et magnificence, sublimant ainsi leur valeur et leur beauté.
Dans le domaine des relations internationales, l’iniquité et l’injustice peuvent dégénérer en conflits et en guerres, fracturant les familles par manque de respect et de considération. En engageant le dialogue, comme un potier qui évalue les angles brisés, et en traitant les blessures avec amour, compréhension, tolérance et compassion, les relations peuvent être restaurées et la paix peut prévaloir.
La transformation de la rupture en gloire signifie un changement où les imperfections ne sont plus synonymes de défauts, mais symbolisent plutôt la croissance et la résilience. L’incorporation de l’or met en évidence la beauté de la cassure, en rehaussant sa valeur et sa signification.
Au cours du dimanche de la paix, un acte symbolique impliquant un arbre en papier a été réalisé, au cours duquel les individus ont identifié leurs « potiers » vers lesquels ils se tourneraient pour obtenir un soutien dans les moments difficiles. Cela a favorisé une culture de l’amour et de la gentillesse parmi les participants.
Malgré l’existence de conflits, de divisions et d’injustices dans le monde, il reste un chemin vers la paix et la guérison en incarnant le rôle du potier dans les mains du Père, en traitant les autres avec amour et compassion, comme l’or qui remplit les fissures pour rehausser la beauté et la plénitude.
Les individus peuvent contribuer à un monde plus harmonieux et interconnecté.
Cher Père qui est aux cieux,
Par ta douceur, nous pouvons faire l’expérience de ta précieuse guérison. Nos imperfections sont accueillies avec beaucoup d’honneur.
Père, aide-nous à être sensibles aux blessures des autres. Par ta grâce et tes dons, nous pouvons incarner ton amour, ton empathie et ta compassion.
Nous souhaitons répondre aux besoins des autres.
Accorde-nous le courage d’accepter notre rupture, de recevoir la guérison et de révéler ta gloire à travers nos blessures.
Merci, Père. Tu es Jéhovah Rapha. Ta guérison nous apporte l’unité et la paix.
Au nom de Jésus, nous te prions. Amen.
— Wincy Wan est membre de la Commission Paix. Elle est pasteur d’une église mennonite à Hong Kong.

Le Kintsukuroi, la pratique qui consiste à créer ou à recréer à partir de poteries cassées, m’a fait penser à Jérémie, qui fut envoyé par le Seigneur dans la maison d’un potier.
Arrivé là, Jérémie remarqua que « Quand, par un geste malheureux, le potier ratait l’objet qu’il confectionnait avec de l’argile, il en refaisait un autre selon la technique d’un bon potier. ».
Le message de Dieu était donc : « Ne puis-je pas agir avec vous, gens d’Israël, à la manière de ce potier ? Vous êtes dans ma main, gens d’Israël, comme l’argile dans la main du potier. » (Jérémie 18,4,6 TOB)
Le message du Seigneur à Jérémie est que Dieu fait ce qu’il veut, parfois en fonction de l’attitude de l’homme.
Malheureusement, à cause de notre entêtement, nous inversons souvent les rôles, nous considérant comme Dieu et Dieu comme l’argile.
C’est ce que nous pouvons comprendre dans Esaïe 29,15-17 :« Prendra-t-on le potier pour l’argile ? L’œuvre dira-t-elle de l’ouvrier : “Il ne m’a pas faite » ? Le vase dira-t-il du potier : « Il n’y entend rien ? ».
L’apôtre Paul partageait en quelque sorte cette idée lorsqu’il disait : « Le potier n’est-il pas maître de son argile pour faire, de la même pâte, tel vase d’usage noble, tel autre d’usage vulgaire ? Si donc Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec beaucoup de patience des vases de colère tout prêts pour la perdition » (Romains 9,21-22).
Confions au Seigneur la direction de notre vie.
Seigneur, brise en moi ce qui n’est pas à toi et reconstruis-moi selon ce que tu veux que je sois, afin de glorifier ton nom !
—Kari Traoré est membre de la Commission Paix. Il est pasteur d’une église mennonite à Burkina Faso.

La lecture de la Parole de Dieu a toujours été au cœur de la vie de l’Église, mais dès le début, des manières différentes de lire et de comprendre ont conduit à des conflits et à des divisions.
Dès les premiers siècles, plusieurs mouvements sont apparus avec des revendications divergentes sur le sens de l’Évangile et la manière de comprendre les Écritures. Au IIe siècle, Marcion (vers 85-160 de notre ère) a refusé de reconnaître les textes bibliques du peuple juif, que les chrétiens utilisaient depuis le début. Il fonde une nouvelle et grande Église qui n’utilise que le canon édité par Marcion, composé des épîtres de Paul et de l’Évangile de Luc. Ê la même époque, le gnosticisme progressait, niant l’incarnation et affirmant que la véritable connaissance provenait des « secrets » de « ceux qui savent », et composant ses propres évangiles.
Irénée est né vers 140 en Asie mineure, puis s’est installé à Lyon (en France aujourd’hui) où il est devenu évêque. Dans le cadre de son ministère, il a écrit pour argumenter contre Marcion et les gnostiques. Irénée a reconnu le défi que représentait le fait d’essayer de donner un sens aux nombreux récits des Écritures juives, que l’Église interprétait à la lumière de nos Évangiles et des nombreuses épîtres qui étaient également communément acceptées comme faisant partie de la Bible à cette époque, étant donné que le Nouveau Testament tel que nous le connaissons aujourd’hui n’était pas encore finalisé.
Irénée a traité cette question en décrivant l’Ecriture comme une mosaïque. Il a utilisé l’image de la Bible comme une belle image d’un roi, construite par un artiste habile avec des joyaux précieux. D’autres lectures, comme celles de Marcion ou des gnostiques, démontaient la mosaïque, remaniant les pièces de manière à ce que l’image finale ne soit plus un roi, mais quelque chose d’autre, comme un renard.
Dans l’esprit d’Irénée, le roi était bien sûr Jésus. L’évêque de Lyon faisait partie de l’Église à l’époque où celle-ci était encore une minorité persécutée et ne s’était pas alignée sur le pouvoir politique de l’empire romain. Dans ce contexte, le roi Jésus n’était pas le César romain, mais le Christ non violent des Évangiles, tout comme dans la tradition anabaptiste.
Comme d’autres théologiens de cette période, Irénée a compris l’incarnation comme un reflet profond de la nature de Dieu, le Dieu dont l’amour qui se donne sur la croix et la résurrection a racheté l’humanité de la captivité à Satan qui utilise la violence pour garder l’humanité emprisonnée. Pour Irénée, la mosaïque des Écritures, c’est-à-dire leur lecture correcte, devait pointer vers ce Jésus et non vers un autre ; elle ne devait pas transformer le roi en renard. Sa théologie a continué à influencer l’Église jusqu’à aujourd’hui. En 2022, par exemple, le pape François a attribué à Irénée le titre de « docteur de l’unité ».
La solution d’Irénée n’a bien sûr pas résolu le problème. Les lectures divergentes de l’Écriture ont persisté. Au cours de cette même période, l’Église primitive a reconnu que des balises étaient nécessaires pour ce type de lecture de l’Écriture.
Ces balises étaient appelées « règles de foi » et l’Écriture devait être interprétée en fonction de ces balises. Elles laissaient une large place à la discussion, mais fixaient également des limites au-delà desquelles le roi devenait un renard. Les premières règles de foi ont été formulées en réaction à Marcion et au gnosticisme, et le processus s’est poursuivi depuis.
La compréhension du « roi » de la mosaïque par la Conférence Mennonite Mondiale est proche de celle d’Irénée. Jésus, qui a annoncé le royaume de Dieu et a été crucifié en tant que « roi des Juifs », a enseigné et vécu la non-violence. Son acceptation de la mort sur une croix correspondait à son rejet de la haine et de la vengeance, sa résurrection signalait la défaite de la mort et du mal.
Malheureusement, tout au long de son histoire, l’Église a parfois transformé le « roi » en « renard », utilisant les Écritures pour interpréter un Jésus qui appelait les chrétiens à se battre et à faire la guerre. Le mouvement anabaptiste a réagi à ces restructurations de la mosaïque.
Plus récemment, les Églises membres de la CMM ont élaboré ensemble des lignes directrices pour la lecture des Écritures, appelées « Convictions communes ». La quatrième de ces sept convictions reconnaît l’importance de l’Ecriture
Nous sommes une communauté des croyants, nous reconnaissons que la Bible fait autorité pour nous en matière de foi et de vie ; nous l’interprétons ensemble sous la direction de l’Esprit Saint, à la lumière de Jésus-Christ, pour discerner la volonté de Dieu afin d’y obéir.
La cinquième conviction dépeint une compréhension de Jésus proche de celle de l’Église primitive.
L’Esprit de Jésus nous rend capables de faire confiance à Dieu dans tous les domaines de la vie, de sorte que nous devenons artisans de paix renonçant à la violence, en aimant nos ennemis, en recherchant la justice et en partageant nos biens avec ceux qui sont dans le besoin.
Irène a décrit la mosaïque des Écritures comme une « collection de joyaux ». Mais les récits qui nous parviennent de la Bible font état de nombreuses ruptures. La rupture des relations, entre l’humanité et Dieu, entre les humains, ainsi que la relation de l’humanité avec la nature. Les « joyaux » de l’Écriture racontent des histoires d’un monde brisé, de violence, de rejet et d’abus.
Mais le véritable joyau est le récit de la fidélité de Dieu, de la détermination de Dieu à rétablir les choses par l’amour qui fait don de soi. Dieu, en Christ, prend les aspects brisés de nos vies et du monde et s’efforce d’arranger les choses, de réconcilier. C’est ce dont nous sommes appelés à témoigner, par nos actes et nos paroles, et par notre vie commune en tant que communauté mondiale.
La septième conviction commune reflète ce projet de réconciliation et de guérison et l’intègre dans la vie de nos communautés :
Nous sommes une communauté mondiale de foi et de vie : nous dépassons les frontières de nationalité, de race, de classe, de sexe et de langue. Nous cherchons à vivre dans le monde sans nous conformer aux puissances du mal, à témoigner de la grâce de Dieu en servant les autres, à prendre soin de la création et à inviter tout être humain à connaître Jésus comme Sauveur et Seigneur.
Pour transcender ces frontières, nous devons être conscients des récits de rupture dans l’Écriture et dans nos vies, que Dieu rachète par l’amour qui fait don de soi. La mosaïque de la communauté mondiale se compose alors de brisures transformées en joyaux.
— Neil Blough est ancien directeur du Centre mennonite de Paris et professeur émérite d’histoire de l’Église à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine, en France.

2 Corinthiens 4,7 décrit l’Évangile comme un « trésor » dans des « vases d’argile ».
Ces humbles récipients nous rappellent la tradition japonaise du kintsukuroi, qui consiste à créer (ou recréer) des poteries à partir de pièces cassées. Les récipients endommagés sont reconstitués, souvent à l’aide d’une reliure en or, pour créer à nouveau un objet utile.
La nouvelle pièce raconte une histoire sur le passé et est imprégnée d’une gloire plus grande que l’ancienne, comme dans Aggée 2,9.
En tant que communauté, essayez cette forme d’art.

Par exemple, voyez la croix ci-contre construite à partir de pots d’argile cassés. Iglesia Cristiana Menonita Centre de Fe, à Anolaima, a construit ce parc « Igleparque » dans leur ville, à environ deux heures de route de Bogota. Il est ouvert au public. Les membres de l’église guident les visiteurs pour qu’ils puissent admirer ses nombreuses caractéristiques et partager le message de l’Évangile.
Avec leur permission, envoyez votre histoire et votre image photo@mwc-cmm.org pour les faire connaître à notre famille anabaptiste mondiale.
Dimanche de la Paix 2024 – Matériels pour le culte |

Peace— Paix — Amani— Mirembe : les enfants d’une église mennonite d’Ouganda ont écrit « Paix » en plusieurs langues (anglais, français, swahili, luganda). (Voir photo ci-dessous)
Chaque année, la Commission Paix prépare des ressources pour le Dimanche de la Paix. Organisé autour d’un autre thème chaque année, le dossier comprend un focus sur la Bible, des prières, une activité et une ressource pédagogique.
Les assemblées du monde entier en sélectionnent des parties qu’elles adaptent à leurs propres célébrations.
Les assemblées de la CEM du district de Mbujimayi se sont réunies à la paroisse de Sangilayi pour un culte commun de réconciliation. « La joie a été à son comble d’autant plus que les membres de la CEM vivent allègrement, depuis un certain temps, la paix du Seigneur après une longue période de conflits de leadership », déclare Jean Felix Cimbalanga, président de la CEM (Communauté Évangélique Mennonite).
En petits groupes, les membres de l’église Hermanos Menonitas de Soacha, en Colombie, ont intercédé pour chacun des points de prière figurant dans le matériel de louange.
(Le révérend pasteur Jean-Pierre Muya, secrétaire général et représentant légal de la Communauté Mennonite au Congo [CMCo], Robert Irundu, secrétaire administratif et financier de la CMCo [costume bleu], et Mozart Muzembe, chantre de l’église, ont planté un manguier sur le terrain de l’église. « C’est un symbole de paix et d’unité, car nous faisons tous partie de la famille de Dieu », explique Simon Kashal Tshiey. « Cet arbre unira bientôt tout le monde par ses fruits et son ombre »
« La célébration du Dimanche de la Paix nous a encouragés à devenir des témoins de la paix de Dieu dans notre vie quotidienne », dit Ashish Milap, pasteur de Bethel Mennonite Church, Balogdogan [Inde].
Les volontaires internationaux du Comité Central Mennonite, Elizabeth Joy Nalliyah des Etats-Unis [SALT] et Luyando Munangobe de Zambie [YAMEN], étaient les invités spéciaux du culte à Bethel. « Cela nous a vraiment unis et encouragés à réaliser que nous formons une grande famille », a déclaré Ashish Milap.
M. Amos Ganjboir, Rajendra Masih, Shoshanna et quelques jeunes de l’église ont travaillé sur une affiche représentant un arbre pour le culte. En attachant leurs feuilles aux branches, les fidèles comprennent que « tous les membres de cette famille sont importants et liés les uns aux autres. Et leur famille est plus grande qu’ils ne le pensent », explique Ashish Milap.
Wincy Wan, de Hong Kong Mennonite, raconta comment, lors de la Conférence Mennonite Mondiale sur le Travail pour la Paix, « notre père juste utilise la CMM pour transformer les injustices ». Membre de la Commission Paix, elle lança un défi à l’assemblée : « Comment partager la paix et l’amour avec nos voisins ? Pouvons-nous être attentifs aux traumatismes qui nous entourent ? Pouvons-nous accompagner les personnes qui souffrent ? »
Lors de la Journée de la Paix 2023, le révérend Maira Benjamin Migire, pasteur de Kanisa la Mennonite Tanzanie, a participé à un dialogue sur la paix avec des responsables chrétiens et musulmans à Zanzibar, en Tanzanie.
Les assemblées BIC au Népal ont célébré le Dimanche de la Paix lors de leur culte habituel le samedi. Elles ont fait une offrande spéciale et prié pour la paix dans la famille, l’église, le quartier, la communauté au sens large, la nation et la communauté anabaptiste mondiale, en particulier pour l’Ukraine et le Myanmar.
Peace— Paix — Amani— Mirembe : les enfants d’une église mennonite d’Ouganda ont écrit « Paix » en plusieurs langues.
Ê Maytalang Mennonite Bible Church, aux Philippines, « Nanay » [mère] Juana, la participante la plus âgée [83 ans] et Aya, la plus jeune [1 an], ont collé une feuille d’or sur l’arbre de la paix et des liens familiaux.
Dieu créateur, Frère Jésus, Esprit de réconciliation, enseigne-nous à construire la paix chaque jour. Aide-nous à voir ton image dans chaque personne que nous rencontrons — y compris nos ennemis. Aide-nous à reconnaître notre interdépendance. Donne-nous le courage de défendre les autres en reconnaissant notre interconnexion.



Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu d’Israël : « Laisse partir mon peuple, pour qu’il aille célébrer une fête en mon honneur dans le désert » (Exode 5/1).
Sorti de la maison de l’esclavage, à travers les eaux troubles, dans le désert, un nouveau peuple est né ;
Vous êtes de Dieu.
Ne placez pas votre confiance dans le pouvoir ou la richesse
Mais en Celui qui est le créateur, le soutien et le libérateur, sur la terre et dans les cieux, et appelé à célébrer la rupture de toutes les chaînes.
Nous sommes ici pour proclamer l’aube du règne de Dieu.
—Tirés de Cláudio Carvalhaes, Liturgies from Below: 462 acts of worship: Praying with People at the Ends of the World [Nashville, TN: Abingdon Press, 2020], 35. Repris avec l’autorisation de l’auteur.

A présent, alors même que tu entres dans l’Empire,
N’appartiens pas à cette structure, mais sois :
La lumière qui libère
Le sel qui parfume
La main qui guérit
L’eau qui lave,
Jusqu’à ce que tous aient accès à la grandeur et à la beauté de la création de Dieu.
Amen.
—Tirés de Cláudio Carvalhaes, Liturgies from Below: 462 acts of worship: Praying with People at the Ends of the World [Nashville, TN: Abingdon Press, 2020], 57. Repris avec l’autorisation de l’auteur.

« Il y a quelque chose dans l’air ambiant parmi les théologiens mennonites, les spécialistes de la construction de la paix et les praticiens autour du projet décolonial …, qui est à la fois intéressant et très bon » , dit Andrew Suderman.
Ce professeur de l’Eastern Mennonite University et secrétaire de la Commission Paix de la Conférence Mennonite Mondiale a organisé la troisième Conférence et Festival Mennonite Mondial sur la Travail pour la Paix (GMP III) en Virginie (Etats-Unis). « Se rassembler : Le chemin de la foi et de la paix » était le thème de l’événement organisé du 15 au 18 juin 2023 par l’EMU et soutenu par la CMM.
Tigist Tesfaye, secrétaire de la Commission Diacres de la CMM, et César García, secrétaire général de la CMM, ont pris la parole lors des quatre séances plénières. Quelque 160 participants de 20 pays ont participé à 10 présentations de documents, 15 ateliers, une table ronde, une installation artistique et quatre représentations théâtrales et musicales. Certains invités internationaux n’ont pas pu assister à l’événement en raison des difficultés rencontrées pour obtenir une autorisation de voyage.
La conférence a été l’occasion d’une rencontre entre le monde universitaire et le monde religieux. « Nous avons ouvertement placé la conférence dans le cadre de la louange », a déclaré Andrew Suderman. Chaque séance plénière s’ouvrait et se clôturait par un temps de prière et de chant.
César García a exhorté les participants à rapprocher l’Église et le travail pour la paix, malgré les erreurs passées de l’une et de l’autre : « Créer des structures complètement indépendantes et séparées de l’Eglise est un détour inutile qui affecte l’impact de notre témoignage de paix…. La nécessité d’un travail de paix fondé sur la théologie et la Bible est une réalité constante dans beaucoup de nos églises et de nos institutions ».

L’art et la scène ont également été associés à la théologie et à la théorie. « L’idée de ce GMP était de réunir des universitaires, des praticiens, des pasteurs et des artistes pour qu’ils partagent ce sur quoi ils travaillent et comment ils s’efforcent d’incarner la paix », explique Andrew Suderman. « Des musiciens et une troupe de théâtre aident à exprimer ces valeurs, ce voyage… à relier la tête, les mains et le cœur ».
Selon Juan Moya, membre du groupe colombien La Repvblica, la musique et la paix sont également indissociables. « La musique dépend des vibrations, des rythmes et de la poésie pour transmettre un message. C’est un langage universel ». La capacité de la musique à franchir les frontières et à construire la paix a été démontrée lorsque le président de la CMM, Henk Stenvers, des Pays-Bas, s’est mis à jouer de la batterie avec le groupe colombien.
En tant que conférence mondiale, l’événement a également rassemblé des voix du monde entier. « J’ai apprécié l’accent mis sur l’écoute et l’implication des personnes du Sud, qui ont partagé la façon dont la paix n’est pas seulement enseignée en tant que concept, mais aussi soufferte, exigée et – pour certains – devient un appel à l’action pour survivre », dit Juan Moya.
Une compilation des documents de la précédente édition du GMP aux Pays-Bas en 2019 a été récemment publiée sous le titre « A Pilgrimage of Justice and Peace : Global Mennonite Perspectives on Peacebuilding and Nonviolence ». (Un pèlerinage de justice et de paix : perspectives mennonites mondiales sur la construction de la paix et la non-violence, non traduit).

Jsus parlait encore la foule, lorsque sa mre et ses frres arrivrent. Ils se tenaient dehors et cherchaient lui parler. Quelqu’un dit Jsus : Ç coute, ta mre et tes frres se tiennent dehors et dsirent te parler. È Jsus rpondit : Ç Qui est ma mre et qui sont mes frres ? È Puis il tendit la main vers ses disciples et dit : Ç Voici ma mre et mes frres ! Car celui qui fait la volont de mon Pre qui est dans les cieux est pour moi un frre, une sÏur et une mre. È (Matthieu 12/46-50)

Il y a de nombreuses annes, j’ai assist un cours de psychologie de la famille dans une universit colombienne. Dans le cadre de ce cours, on nous a demand de dessiner notre Ç rseau social È.
L’exercice consistait s’imaginer en train de traverser une priode difficile, puis dessiner Ð l’aide de diffrents symboles Ð les personnes que l’on considre comme faisant partie de son rseau de soutien. Il fallait inclure la fois des personnes qui taient trs proches de nous et des personnes que l’on percevait comme un peu plus loignes, mais qui taient nanmoins prsentes en temps de crise. Ce sentiment de proximit/loignement se refltait ensuite dans le dessin. Les personnes les plus proches taient reprsentes prs du centre de la feuille, tandis que les personnes perues comme plus loignes taient reprsentes plus loin du centre.
L’un des domaines d’attention de cet exercice tait la famille Ð et la fonction que les membres de la famille jouent en tant que rseau de soutien. Au cours de l’exercice, il tait fascinant de voir les familles prendre diffrentes compositions et diffrentes formes. Certains dessinaient des amis comme membres de la famille : mes camarades de classe estimaient que ces amis taient si proches qu’ils pouvaient tre perus comme des membres de la famille. D’autres n’incluaient pas l’un de leurs parents parce qu’il ou elle n’tait pas perue comme un soutien, ou peut-tre parce que la relation tait endommage ou rompue.
Rsultat : toutes les familles taient uniques ! Aucun des dessins n’tait gal aux autres.
Si nous devions faire cet exercice dans nos paroisses, il en rsulterait probablement des images de familles diffrentes : elles seraient diverses et elles font toutes partie de nous !
Voyant cela, le professeur a pos la question suivante : qu’est-ce que la famille ? Qui peut en faire partie ?
Aprs avoir chang avec les tudiants sur leurs rponses, le professeur a conclu que la famille n’est pas tant une question d’ADN partag qu’une question de perception, de qualit des liens qui unissent les personnes.
En d’autres termes, il est plus important d’identifier ce que les gens peroivent comme leur Ç famille È dans les moments de dtresse que de savoir avec qui ils sont biologiquement ou lgalement lis.
Cette rponse me ramne Matthieu 12 et la manire dont Jsus remet en question et redessine certaines de nos reprsentations de la famille.
Tout d’abord, comme le montrent la question et la rponse de Jsus concernant l’identit de sa mre et de ses frres et sÏurs, la famille n’est pas prescrite par une structure biologique ou juridique donne, mais elle est faonne par la qualit des relations.
Au lieu d’utiliser les images courantes de la parentalit ou de la fratrie de son poque, Jsus met davantage l’accent sur les relations avec ses disciples. Il souligne que ces relations sont si importantes qu’elles peuvent tre dcrites comme des liens familiaux. Chercher tmoigner de la volont de Dieu semble tre un critre important pour que les gens se joignent la Ç famille È dont parle Jsus.
Alors que nous vivons dans un monde qui accorde beaucoup d’attention certaines images de la famille (en oubliant quel point nos ides sur qui fait partie ou non de la famille et sur ce qu’une famille est cense tre ont t socialement construites), nous avons tendance perdre de vue ce qui se trouve au centre : les relations. C’est la qualit des relations Ð et non une structure ou une composition donne Ð qui fait d’une Ç famille È un espace dans lequel les gens peuvent incarner des relations justes et pacifiques les uns avec les autres, tmoignant du shalom de Dieu
A diffrentes poques et dans diffrents contextes, de nombreux frres et sÏurs anabaptistesmennonites nous ont appris mettre l’accent sur la justice et la paix comme tant la volont de Dieu. A cet gard, il n’est pas surprenant que nous puissions parler de nos communauts et de nos assembles comme de familles Ç choisies È, de parents et de frres et sÏurs avec lesquels nous nous sommes engags marcher et qui se sont engags marcher avec nous Ð alors que nous cherchons tmoigner ensemble de la volont de Dieu.

Deuximement, la famille ne se caractrise pas par l’absence de conflits ou de tensions, mais plutt par la manire dont ceux-ci sont abords.
Tout comme dans l’exercice du cours de psychologie, la question cl n’est pas de savoir si les relations familiales sont exemptes de conflits, mais plutt de savoir quelle proximit nous percevons avec les autres membres de la famille, en particulier lorsque nous cherchons du soutien. Cela signifie que les liens familiaux sont vritablement mis l’preuve dans les moments et les expriences difficiles, et dans la manire dont ils sont grs.
Des dsaccords et des tensions existaient entre les disciples, ainsi qu’entre les disciples et Jsus. Certains de ces conflits sont relats dans les rcits bibliques. L’existence de ces divergences n’a pas compromis la perception qu’avait Jsus de la parentalit et de la fraternit avec ses disciples. Selon les paroles de Jsus, ce qui a permis ce sentiment de familiarit au-del des conflits et des tensions, c’est l’honntet et la profondeur de nos tentatives de discerner la volont de Dieu au milieu des conflits.
Il n’est pas toujours facile de discerner la volont de Dieu et d’en tmoigner au sein de notre famille mondiale anabaptiste-mennonite.
En de nombreuses occasions, il y a des perceptions diffrentes sur la manire dont ce tmoignage devrait tre incarn et sur ce qu’il implique dans diffrents contextes. Et pourtant, en dcidant de marcher ensemble comme disciples de Jsus, il y a un engagement et une volont de grer les tensions et les conflits d’une manire qui soit cohrente avec le shalom de Dieu.
Mettre l’accent sur la qualit des relations en tant que dimension cl pour comprendre ce que signifie tre une famille implique d’tre conscient du besoin constant de nourrir et de prendre soin de nos relations. Bien que nous puissions parfois tre plus distants Ð ou percevoir l’autre comme distant Ð il est toujours possible de se rapprocher nouveau, de changer la dynamique.
La restauration, la gurison et la rconciliation en sont des signes. Nous pouvons en faire l’exprience en nous engageant activement reconnaître l’existence des blessures et en cherchant les gurir Ð en nous laissant transformer au cours de ce processus.

Troisimement, faire famille est un processus dynamique, et non une ralit statique.
Une autre consquence de la faon dont Jsus considre la famille comme des personnes qui tmoignent de la volont de Dieu, c’est que les frontires de la famille peuvent tre redessines. Nous pouvons tisser des liens et trouver de nouvelles relations avec d’autres personnes qui cherchent galement tmoigner de la volont de Dieu. Des personnes d’autres origines, d’autres contextes, d’autres congrgations, d’autres glises peuvent toutes faire partie de la famille lorsqu’elles tmoignent du projet de Dieu.
Nous ne pouvons ni contenir ni restreindre la volont de Dieu. Cela signifie que notre famille peut toujours tre plus grande que ce que nous attendons ou imaginons.
Lorsque nous pensons au tmoignage du shalom de Dieu, nous nous rappelons que la Ç paix È n’est pas seulement un thme anabaptiste-mennonite. C’est plutt la volont de Dieu, ce qui signifie qu’elle peut tre incarne et recherche par des personnes diffrentes. En ce sens, des personnes d’autres confessions et d’autres religions peuvent aussi tmoigner de la paix de Dieu et sont donc potentiellement des membres de notre famille. Elles peuvent tre nos Ç tantes È, nos Ç oncles È, nos Ç cousins È, dans une image largie de la famille.
Que notre Dieu de paix nous guide et nous fortifie alors que nous entretenons des liens avec une famille toujours plus nombreuse de frres, de sÏurs et de parents qui discernent la volont de Dieu.
âAndrs Pacheco Lozano est assistant de recherche la Chaire de thologie de la paix et d’thique de l’Universit VU d’Amsterdam et charg de cours au Doopsgezind Seminarium (sminaire mennonite nerlandais). Andrs Pacheco Lozano est codirecteur au Centre d’tudes sur la Religion, la Paix et la Justice d’Amsterdam et chercheur post-doctoral au Centre de thologie de l’glise de paix de l’Universit de Hambourg (Allemagne). Membre de l’Iglesia Menonita de Colombie, il vit aux Pays-Bas.

Objectif : mettre en évidence les nombreux et vastes liens sociaux que nous entretenons en tant que communautés spirituelles.
Le résultat devrait être un arbre magnifique, large, vibrant et coloré qui s’étend sur le mur, mettant en évidence les nombreuses connexions de la communauté de l’église.
Avec leur permission, envoyez votre histoire et votre image photo@mwc-cmm.org pour les faire connaître à notre famille anabaptiste mondiale.

