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  • France 

    Association des Eglises Evangéliques Mennonites de France (AEEMF) 

    L’histoire des mennonites en France remonte aux débuts de l’histoire anabaptiste. On trouve des anabaptistes à Strasbourg déjà vers 1526. Ils seront rapidement obligés à la clandestinité mais une présence anabaptiste se trouve en Alsace tout au long du 16e siècle. 

    Au 17e siècle, surtout après la guerre de Trente Ans (1618-1648), des anabaptistes zurichois et bernois viendront s’installer et contribueront à la remise en état des terres agricoles. On les trouve surtout dans les Vosges, autour de Sainte-Marieaux-Mines et un peu plus tard dans le pays-de-Montbéliard (qui n’est pas encore français). A cause du rejet de la société environnante, ces anabaptistes restent à l’écart, gardant leurs dialectes allemands et formant des communautés « ethniques ». Cependant, des liens existent avec les autres mennonites européens, en Suisse, en Allemagne, et aux Pays bas. 

    En 1693 se déroule le « schisme amish » parmi les anabaptistes de France, de Suisse et du Palatinat. Fallait-il rester avec une ligne de séparation stricte d’avec le monde et exercer une discipline d’Eglise exigeante, ou le moment était-il venu de s’ouvrir un peu plus vers l’extérieur ? La plupart des anabaptistes en France suivent la tendance plus stricte amish et n’adopteront l’étiquette mennonite que bien des générations plus tard.  

    Ayant été exemptés du service militaire et de la prestation du serment par les nobles qui les accueillaient sur leurs terres, ces anabaptistes connaîtront des difficultés à partir de la Révolution française (1789). Désormais citoyens français, les anabaptistes seront appelés à participer aux guerres menées par Napoléon. Après un répit de quelques années, la France finit par les obliger au service militaire. Du coup, un nombre important d’anabaptistes émigreront vers l’Amérique du Nord au courant du 19e siècle. Ceux qui restent accepteront le plus souvent de faire le service militaire. 

    Il y avait environ 5 000 anabaptistes en France vers 1850, et seulement 3 000 à la fin du même siècle, la majorité étant toujours alsaciens. N’oublions pas non plus que cette majorité redevient allemande en 1870, laissant peu d’anabaptistes strictement francophones. Ainsi, le nombre de mennonites restant en France est très diminué et vers 1900, certains dirigeants spirituels commencent à envisager tout simplement la possibilité d’une disparition.   

    Au début du 20e siècle, la situation des mennonites en France n’était pas facile. Seize assemblées avaient tout simplement disparu au courant du siècle précédent. Les familles restantes furent dispersées, et quelques communautés ne pouvaient célébrer le culte qu’une fois par mois. Les assemblées, de plus, n’avaient pas de liens entre elles. 

    Ensuite est venue la Première guerre mondiale (1914-18), dont certains des champs de batailles traversaient les régions où se trouvaient les mennonites. Après la guerre, en 1918, l’Alsace-Moselle est redevenue française, avec une augmentation du nombre des mennonites. En dépit de la guerre, l’historien Jean Séguy considère les années 1901-1939 comme une période de rétablissement et de réveil dont les sources se trouvaient dans un retour à l’histoire anabaptiste et de nouveaux contacts avec les églises évangéliques françaises. 

    Ce réveil est interrompu par la Deuxième guerre mondiale (1939-45). L’Alsace-Moselle a été de nouveau annexée par l’Allemagne de Hitler et les hommes mennonites enrôlés de force dans l’armée allemande. Il est important de remarquer jusqu’à quel point l’histoire des mennonites français a été marquée par les guerres européennes, depuis Napoléon jusqu’à Hitler. 

    En 1945, l’Alsace-Moselle redevient française, et deux groupements de mennonites (de langues française et allemandes) 
    commencent à collaborer. La présence du Mennonite Central Commitee en vue de la reconstruction après-guerre aura un véritable impact sur la vie des mennonites européens, y compris en France. 

    Une sorte de vie nouvelle naîtra, voyant un début de réflexion sur la question de la non-violence et la défense de l’objection de conscience, la mise en place d’institutions sociales, une nouvelle implication dans la mission et la mise en place de l’Ecole biblique du Bienenberg, une école bilingue tri-nationale près de Bâle (en Suisse, près des frontières française et allemande) ayant en vue à ses origines la réconciliation des mennonites ayant été séparés par les guerres fraîches dans la mémoire. Jusqu’à cette période, les assemblées mennonites de France (comprenant désormais l’Alsace-Moselle) ont été des communautés surtout rurales, souvent composées de fermiers (étant d’ailleurs de très bonne réputation). 

    Dirigées collégialement par des anciens, prédicateurs et diacres, les assemblées avaient des liens entre elles, et les décisions importantes étaient souvent prises dans des réunions d’anciens où les assemblées étaient en principe toute représentées. Les cultes en France se déroulaient en langue française depuis le 19e siècle, tandis qu’en Alsace-Moselle, c’est la langue allemande et son dialecte alsacien qui primait. Désormais, c’est la langue française qui domine dans les cultes et les rassemblements. D’ailleurs depuis plus d’une vingtaine d’années, les mennonites français participent au « réseau mennonite francophone », qui cherche à créer des liens entre les Eglises mennonites utilisant la langue française en Europe, en Afrique et au Québec. 

    La conférence alsacienne et celle de langue française ont fusionné en 1979 pour devenir l’Association des Eglises Evangéliques Mennonites de France (AEEMF). Désormais, il y a une structure nationale unique. Deux fois par an, les délégués des assemblées se réunissent pour la prise de décisions concernant l’ensemble des Eglises. La réunion annuelle des anciens, prédicateurs et diacres contribue, elle, à la prise de décisions plutôt « théologiques ». Quelque part, cette structuration se situe donc entre le congrégationalisme (où chaque assemblée détient son « autonomie ») et la synodalité, où les Eglises prennent ensemble les décisions les concernant toutes. Au sein de cette structuration se trouvent aussi des pôles d’activité et de réflexion consacrés à des questions précises : jeunesse, ministères, théologie et éthique de la paix, mission en France, entraide et aide au développement, et diaconie. D’autres structures associatives, indépendantes de l’AEEMF, traitent de la Mission à l’étranger, l’édition d’un journal mensuel (Christ Seul) et de Dossiers thématiques (3 par an), l’aumônerie dans les hôpitaux, l’organisation de camps, de colonies et de voyages pour adultes. 

    Jusque récemment dans cette longue histoire, il existait une certaine méfiance envers la formation dispensée dans les écoles de théologie. Dirigées par des collèges d’anciens, les assemblées mennonites n’avaient pas de pasteur rémunéré. Certains anciens ont étudié dans des instituts bibliques évangéliques de France ou de Suisse. A partir des années 1970-80, quelques mennonites de France commençaient à suivre des formations dans des facultés de théologie, en France, ou plus rarement en Amérique du Nord.

    La composition des assemblées a connu aussi de changements importants. De moins en moins de mennonites sont agriculteurs, et beaucoup se trouvent employés dans la plupart des métiers du monde contemporain. Le côté « ethnique » s’estompe aussi petit à petit, avec des personnes d’origine « non-mennonite » de plus en plus présentes dans les assemblées, y compris dans des positions de responsabilité. De rurales, les assemblées commencent à s’urbaniser. La première assemblée urbaine a été fondée dans la région parisienne en 1958, et il existe désormais des Eglises à Strasbourg, Mulhouse, Colmar et près de Genève, sur la frontière franco-suisse. 

    Ces changements ont aussi abouti à une acceptation grandissante de pasteurs formés et rémunérés. Une « commission des ministères » aide les Eglises à réfléchir sur l’embauche d’un pasteur et sur l’importance de maintenir un fonctionnement collégial. 

    Les assemblées mennonites participent au travail missionnaire, en dehors de la France et dans le pays même, où plusieurs implantations d’Eglise nouvelle sont en route. La caisse-de-secours fait de l’humanitaire régulièrement, et souvent en lien avec les autres mennonites européens et le MCC. La présence du bureau du la Conférence mennonite mondiale à Strasbourg, puis du bureau d’Europe de l’Ouest de MCC, pendant de nombreuses années a contribué à montrer aux mennonites de France l’importance d d’une appartenance mondiale, audelà de la France et de l’Europe. 

    Les mennonites de France ont récemment décidé d’entrer en période de probation avec la Fédération Protestante de France et le Conseil National des Evangéliques de France, dans l’espoir d’être un pont entre ces deux familles protestantes. 

    ‚ÄîNeal Blough est retraité depuis octobre 2020 et est désormais professeur émérite de la Faculté Libre de Théologie √âvangélique de Vaux-sur-Seine et continue à enseigner dans plusieurs écoles de théologie. Didier Bellefleur est ancien à l’√âglise √âvangélique Mennonite de StrasbourgIllkirch et président du bureau de l’AEEMF


  • Colombie 

    ‘Et maintenant, Israël, qu’est-ce que le SEIGNEUR ton Dieu attend de toi ? […] que tu l’aimes et le serves de tout ton cœur, de tout ton être, en gardant ses commandements […] Oui, au SEIGNEUR ton Dieu appartiennent les cieux et les cieux des cieux, la terre et tout ce qui s’y trouve.’ (d’après Deutéronome 10/12-14, TOB) 

    Que signifie adorer Dieu et marcher dans ses voies tout en gardant à l’esprit que « les cieux et la terre et tout ce qu’elle contient appartiennent à  Dieu » ? Et quelles en sont les implications pour nous aujourd’hui en tant que chrétiens ?

    Depuis 2016, un petit groupe de notre assemblée mennonite de Teusaquillo à Bogotá (Colombie), a commencé à se réunir pour étudier la protection de la création. Nous étions préoccupés par les crises environnementales que nous voyions dans le pays et dans le monde (sécheresses ou inondations fréquentes) et leur grave impact – en particulier sur les communautés moins privilégiées où nos frères et sœurs  vivent aussi. 

    Nous avons commencé à discuter entre nous de ce que nous savions de la crise climatique et de son impact, et à l’étudier à la lumière de la Bible. 

    Nous avons lu ensemble des chapitres de livres tels que : Salvation Means Creation Healed de Howard A. Snyder, Earth Trek : Celebrating and Sustaining God’s Creation de Joanne Moyer, Creation : The Apple of God’s Eye de Justo Gonzalez, et le Call to Action de Latin American Lausanne/WEA Creation Care Network. De ce groupe d’étude, un ‘Comité sur la Protection de la Création’ est né afin de promouvoir cette question au sein de  la paroisse. 

    Dès le début, il était clair pour nous que nous voulions porter cette question devant toute l’assemblée, non seulement la théorie, mais afin de la mettre en pratique dans nos propres vies. 

    On nous a donné l’occasion de présider un culte : nous avons choisi des chants, des textes bibliques et un enseignement sur  ce thème.

    Ensuite nous avons embauché une couturière de notre assemblée locale pour fabriquer des sacs en tissu afin que les membres de la paroisse puissent transporter leurs achats. Ces sacs portent ce slogan : ‘En protégeant la création, nous suivons JésusChrist. Genèse 9/16 : Réévaluez, rejetez, réduisez, réutilisez et recyclez’. 

    Les sacs ont un double objectif : éduquer et présenter une alternative pratique aux sacs plastiques jetables quand on fait ses achats. Certains sacs ont été offerts en cadeau de remerciement aux personnes qui ont eu différents ministères dans l’assemblée au cours de l’année, et d’autres ont été vendus aux membres de la paroisse qui en ont fait  la demande. 

    Pendant la pandémie de COVID-19, nous avons diffusé sur YouTube les services dominicaux de notre assemblée locale. Cela a donné à notre Comité de Protection de la Création une merveilleuse occasion de continuer à fournir des informations et des suggestions pratiques à la paroisse. 

    Pendant des mois, nous avons préparé de courtes vidéos (2-3 minutes), et nous les avons présentées avant la fin de chaque culte virtuel. Nous avons inclus des sujets tels que : une consommation consciente, la protection de l’eau, la réduction et la gestion des déchets dans nos maisons, la déforestation et l’exploitation minière. 

    Nous avons organisé des ateliers en présentiel sur l’alimentation saine et le recyclage. Ce dernier atelier a été réalisé en collaboration avec des membres de l’assemblée locale qui gagnent leur vie en collectant ce qui est recyclé. Nous avons apporté des emballages, des bocaux et du papier, et nous avons appris à distinguer ce qui peut être recyclé de ce qui ne le peut pas. Ce faisant, nous avons aussi découvert la quantité incroyable d’emballages inutiles utilisés dans les supermarchés et  les magasins. 

    Nous avons aussi appris de nos frères et sœurs qui gagnent leur vie en recyclant à quel point ce travail est pénible et mal payé. De nombreux recycleurs vivent dans des situations précaires, alors qu’ils rendent un service essentiel. 

    Nous enseignons aux membres ce qu’ils peuvent faire à la maison, mais en plus, nous réfléchissons à nos pratiques en tant  que paroisse. 

    Par exemple, le dimanche à la fin du culte, nous prennons un café tout en discutant. Nous nous sommes demandés : quelles tasses devrions-nous utiliser pour servir le café ? Du polystyrène, du papier ou du plastique dur ? Finalement, nous avons opté pour des gobelets en plastique dur réutilisables, reconnaissant que cette alternative nécessite l’utilisation d’eau et que quelqu’un doit les laver à chaque fois. Nous sommes conscients qu’il n’y a pas d’actions pures et exemptes d’impact environnemental, et que nos choix auront toujours des avantages et des inconvénients, mais nous essayons d’y apporter constamment des améliorations. 

    Nous avons récemment réalisé, en groupe, une auto-évaluation méthodique et guidée de l’impact de notre bâtiment et de nos pratiques sur l’environnement, ce qui nous a amené à identifier plusieurs domaines à améliorer. Nous avons remplacé l’éclairage par des ampoules LED et inclus des dispositifs d’économie d’eau dans les réservoirs des toilettes, entre autres changements. Tout cela nous aide à atteindre une plus grande cohérence paroissiale. 

    Le Comité sur la Protection de la Création a connu des difficultés. Souvent, les activités professionnelles et familiales rendent difficile le maintien de la cohérence que nous aimerions avoir, mais cette structure minimale nous a aidés à maintenir notre objectif. 

    La reconnaissance de notre action et son soutien par le pasteur et le groupe de responsables ont aussi été essentiels. Nous avons surtout mis l’accent sur nos pratiques personnelles et collectives pour sauvegarder le ciel et la terre de Dieu. Mais nous sommes aussi conscients qu’une grande partie des dommages environnementaux et de leurs solutions sont entre les mains des entreprises et des gouvernements, ainsi que dans les pratiques sociales qui vont au-delà de nos efforts individuels. 

    Comment pouvons-nous influencer les politiques et les pratiques sociales et commerciales pour exercer une plus grande responsabilité environnementale ?

    Comment pouvons-nous, en tant qu’église, faire preuve de solidarité et aider ceux qui souffrent le plus de la rareté des ressources ou de la détérioration de l’environnement ? 

    Nous continuons à réfléchir à ce sujet et cherchons des moyens d’honorer Dieu et de suivre son chemin.  

    —Écrit par le Comité sur la Protection de la Création de l’église mennonite de Teusaquillo, Bogotá (Colombie) 


  • Indonésie

    Je ne peux oublier l’inondation suite au raz de marée des 23-25 mai 2022. 

    Moi qui suis pasteure de la GKMI Sidodadi à Semarang dans la province centrale de Java (Indonésie), je parle encore de l’angoisse et de la panique de notre communauté. Notre bâtiment d’église est à seulement 10 minutes à pied du port maritime de Tanjung Mas, d’où est venue l’inondation. 

    La marée a monté incroyablement vite, passant par-dessus l’embarcadère et la jetée et submergeant tout autour. Notre église et les habitations ont été inondées. L’eau est arrivée au niveau de la taille d’un adulte. Cela a été un choc terrible, surtout pour ceux qui travaillaient près de la jetée. 

    Les ouvriers ont paniqué lorsqu’ils ont vu les vagues se précipiter soudainement dans l’usine. Aucun des ouvriers n’est sorti de l’usine avec ses vêtements secs. Certains ont même eu besoin de l’aide de véhicules lourds. C’était vraiment chaotique. 

    La rupture de la digue, due à la forte pression et à la montée du niveau de la mer, a envahi les maisons, et ne s’est pas retiré avant trois jours.

    C’est dans l’après-midi que la mer a commencé à monter et à inonder les logements des résidents et elle n’a recommencé à se retirer que vers minuit. Ce raz de marée a duré trois jours. L’électricité a dû être coupée. Personne ne pouvaient travailler pendant ce temps. 

    De nombreuses personnes ont été contraintes de déménager temporairement pour des raisons de santé et de sécurité. 

    Quel est le coupable du changement climatique ?

    Selon l’Agence de météorologie, de climatologie et de géophysique (BMKG), la cause de ce raz de marée est le phénomène naturel du périgée : lorsque la terre est la plus proche de la lune.   

    Ces dernières années, le niveau de la mer a augmenté et la digue du port n’a pas pu retenir l’eau. Cette hausse est aussi probablement due au réchauffement climatique. 

    Les habitants de la zone portuaire savaient que la côte au nord de Semarang et de la région voisine de Sayung et Demak est souvent durement affectée par les très grandes marées. 

    Le long de la côte de nombreuses maisons doivent être abandonnées par les propriétaires car cette région – autrefois agréable à vivre – est maintenant submergée. 

    Ce raz de marée a perturbé les activités de la communauté. Sauver les membres de sa famille et ses biens est devenue l’activité principale. De nombreuses maisons et appareils électroménagers ont subi des dommages permanents. 

    Aujourd’hui, nous sommes reconnaissants que les digues ait été réparées pour que l’eau ne puisse plus atteindre nos maisons. Les activités communautaires sont redevenues normales. La population doit cependant être vigilante car les raz de marée peuvent survenir à tout moment. Nous sommes conscients que le volume croissant de l’eau de mer et sa pression dans le contexte du changement climatique peuvent à nouveau détruire notre communauté.  

    Porter les fardeaux les uns des autres 

    Le premier et le deuxième jour de l’inondation, ces familles n’avaient pas suffisamment de nourriture parce que tout était trempé. Le troisième jour, la situation s’est améliorée parce qu’elles ont commencé à recevoir de l’aide de différents groupes et d’autres paroisses de la GKMI. 

    Comme ma maison n’a pas été inondée, j’ai pu cuisiner chez moi et distribuer des produits de première nécessité aux membres de notre assemblée locale et aux communautés environnantes touchées par la catastrophe. 

    Nous avons reçu des denrées tels que du riz, des œufs, des nouilles, des produits de nettoyage et des matelas. Les membres de notre paroisse les ont emballé et distribué aux 55 familles et aux autres habitants de notre communauté. 

    Cela faisait chaud au cœur de voir que, bien qu’ils aient été éprouvé par l’inondation, les membres de notre église pouvaient s’entraider et même aider les autres au-delà des frontières religieuses et ethniques. 

    Je suis convaincue que Dieu veut que nous nous venions au secours les uns les autres avec amour dans les moments difficiles. L’apôtre Paul dit que nous devons ‘porter les fardeaux les uns des autres’ parce que de cette manière nous ‘accomplirons la loi de Christ’ (Galates 6/25). Dieu a manifesté sa puissance en aidant notre paroisse pendant le raz de marée. Nous servons non seulement nos membres mais aussi ceux qui sont dans le besoin. 

    En pensant à cette catastrophe naturelle, je me rends compte que le ministère d’amour nous invite à pratiquer la justice envers les autres. Mais je sais aussi que la rupture de la digue démontre que la nature et que notre environnement vont mal. 

    Quelle que soit la solidité de la digue, un jour, elle ne pourra pas arrêter la force des vagues et les pressions marines dont les volumes continuent d’augmenter en raison du changement climatique mondial. 

    Notre terre souffre. Le comportement des êtres humains a entraîné de graves dommages écologiques. En outre, notre cupidité provoque l’exploitation de la terre. En tant que peuple de Dieu, nous devons nous rappeler que Dieu nous a donné le devoir et la responsabilité de ‘travailler et de prendre soin, de la terre et de tout ce qui s’y trouve. Nous ne devons pas détruire les richesses de la terre. Nous devons les restaurer. Si la nature est en colère, nous en subiront les conséquences.  

    Basaria Sianturi est pasteure à Gereja Kristen Muria Indonesia (GKMI) à Sidodadi dans le nord de Semarang, Java central (Indonésie).


  • Canada

    Début janvier, j’ai emmené mes enfants patiner à notre patinoire intérieure locale. L’endroit était bondé et les gens étaient frustrés. Assez vite, nous avons été chassés de la patinoire pour laisser place à un match de hockey ayant lieu l’après-midi. La patinoire publique était ouverte seulement une heure [dans la journée] et ce n’était manifestement pas suffisant pour répondre aux besoins de la communauté. Ce n’est que lorsque nous sommes rentrés à la maison que nous avons réalisé que la patinoire était bondée parce que personne ne pouvait patiner à l’extérieur.  

    Dans notre partie du monde [Canada], il n’est pas rare qu’un parc soit recouvert d’une couche de glace, que des familles inondent une partie de leur cour, ou que les étangs gelés soient utilisés comme patinoires de hockey. 

    Cette année, nous n’avons rien eu de tout cela. Il n’a tout simplement pas fait assez froid. Maintenant, nous comptons sur la réfrigération. 

    Lorsqu’une rivière déborde alors que cela n’arrive qu’exceptionnellement, lorsqu’une forêt brûle plus violemment ou plus rapidement qu’elle ne le devrait, lorsqu’une tempête apporte davantage de vent et de pluie que d’habitude, lorsqu’une sécheresse ne semble pas se terminer, lorsque les étangs ne gèlent pas, nous nous demandons : « Est-ce le changement climatique ? » Et inévitablement, les météorologues hésitent et balbutient et essaient d’expliquer des concepts trop difficiles pour le temps dont ils disposent à l’antenne. 

    Les météorologues savent qu’une réponse définitive est attendue, même s’il n’est pas possible d’attribuer un événement météorologique particulier au changement climatique. Les gens veulent une réponse parce qu’ils veulent davantage de soutien pour leur politique. L’histoire du changement climatique en Amérique du Nord anglophone est une histoire de désaccord et de partisanerie. 

    Katharine Hayhoe, une climatologue canadienne vivant au Texas, explique souvent l’impact du changement climatique sur le temps en disant que c’est comme de jouer avec des dés truqués. Dans le jeu de société de la météorologie et de la vie, il nous arrivera plus souvent de tomber sur des mauvais numéros. 

    Le site en ligne Carbon Brief, basé au Royaume-Uni, propose une carte utile qui, dans le monde entier, lie les phénomènes météorologiques violents à des études formelles explorant la relation entre ces événements et le changement climatique. Zoomez sur l’Amérique du Nord et vous verrez des références connectant les inondations en Colombie-Britannique en 2021, les pluies torrentielles dues à la tempête tropicale Imelda en 2019, les incendies de forêt en Alberta en 2016, les très nombreux incendies de forêt en Californie au cours des dernières décennies, la diminution relativement récente du débit du fleuve Colorado, l’ouragan Katrina en 2005 et bien d’autres phénomènes météorologiques catastrophiques. 

    Lorsque vous rapprochez tout cela, il est clair que les dés ne roulent pas comme ils le faisaient autrefois. La météo d’Amérique du Nord montre davantage d’extrêmes. Nous perdons plus de traditions que le patinage à l’extérieur. 

    Il y a quelques années, j’ai interviewé plus d’une douzaine de responsables chrétiens pour découvrir quels obstacles empêchaient leur communauté de faire plus pour la sauvegarde de la création de Dieu. Quelques-uns ont déclaré que leur communauté ne voyait pas le lien entre prendre soin des êtres humains et prendre soin de leur environnement naturel. Quelques-uns ont dit qu’avec la baisse de la participation dans les églises, ils n’avaient ni l’énergie ni les ressources nécessaires pour entreprendre quoi que ce soit de nouveau. Ce qu’ils ont presque tous dit, cependant, c’est que la sauvegarde de la création était considéré comme une question politique controversée et un facteur de divisions.

    Le changement climatique a un impact sur notre monde, mais de nombreux responsables hésitent à s’engager. 

    Une partie de la raison pour laquelle la protection de la création, y compris la réponse au changement climatique, est si controversée est que de nombreux Nord-Américains essaient toujours de se réconcilier avec leur histoire. Un article récent publié dans The Lancet Public Health postule que le l’hémisphère Nord est responsable de 92% des émissions excédentaires de CO2 dans le monde. Il est difficile pour nous de savoir comment répondre à une telle accusation, et donc nous la nions, nous la contestons et nous brouillons les pistes. 

    Pourtant, c’est là, devant l’injustice et la complaisance, que notre théologie et nos pratiques anabaptistes nous incitent à nous engager.

    Les anabaptistes et d’autres chrétiens sont convaincus que l’histoire de la création implique que le rôle des créatures humaines est de prendre soin et de sauvegarder la création de Dieu. Notre théologie anabaptiste nous pousse à l’action face aux souffrances causées par la richesse et la consommation galopante de notre nation. Nous prions aussi pour que l’action de l’Esprit de Dieu mette en évidence les ruses de division du Malin et appelle nos communautés à la repentance, à se détourner de la cupidité destructrice pour se tourner vers une forme de shalom orientée vers la sauvegarde de la création.

    —Anthony Siegrist est un ancien pasteur mennonite qui travaille maintenant pour A Rocha Canada, et fait partie d’un groupe mondial d’organisations environnementales chrétiennes. 


  • Une nouvelle encourageante concernant la protection de la création est qu’il existe un nombre croissant d’organisations sérieuses et de sites en ligne offrant d’excellentes ressources.

    Le Groupe de travail pour la Protection de la Création de la CMM recommande les sites suivants comme particulièrement utiles :

    Le Mennonite Creation Care Network et l’Anabaptist Climate Collaborative sont basés en Amérique du Nord, mais disposent de ressources pertinentes pour le monde entier.

    Pour des organisations plus larges concernant la sauvegarde de la création d’un point de vue religieux, voir le creation care network of The Lausanne Movement, A Rocha International, et Faith for Earth.

    De bonnes sources pour une variété de solutions pratiques en matière de climat et de durabilité sont le Drawdown Project, et le Project Regeneration.


  • Cet article est né d’une conversation au sein du Groupe de travail pour la Protection de la Création de la CMM sur la question de savoir si un guide sur l’utilisation de l’énergie solaire pour les assemblées locales produit par le Mennonite Creation Care Network (Réseau mennonite Nord-Américain pour la protection de la création) pour le contexte de l’Amérique du Nord serait approprié pour un public mondial. 

    Comment l’énergie solaire améliore la vie dans les pays du Sud 

    L’anxiété climatique est peut-être un nouveau terme inventé dans les pays du Nord, mais ce n’est pas une nouvelle expérience pour les communautés qui dépendent des précipitations pour leur agriculture de subsistance. J’ai commencé à m’inquiéter du temps, ainsi que le font les adultes de ma famille, quand j’avais 8 ans. 

    Dans les communautés agricoles, parler du temps n’est pas bavarder – c’est essentiel. La météo est un facteur important dans la qualité de la vie : il affecte la sécurité hydrique, alimentaire et énergétique. Quand la saison des plantations arrive en retard, nous sommes anxieux. Dans mon enfance, chaque jour [sans pluie] après le 25 novembre était annonciateur de malheur : le potentiel de la récolte de maïs diminuait considérablement jour après jour. 

    Quand j’étais jeune, j’étais attirée par les complexités de la sécheresse et de ses implications pour le bien-être et la survie de mes proches et de leurs communautés dans le Matabeleland rural. D’autres peurs ont aussi hanté ma jeunesse. J’avais peur de la prolifération des meurtres génocidaires et du discours traumatisant dans les communautés urbaines envers les migrants climatiques. Bon nombre de membres de ma famille ont été déplacés à la fois à cause de la sécheresse et menaces de mort. 

    Tout cela était inextricablement lié. 

    Quand j’étais enfant, je voulais être assez puissante pour contribuer à apporter une solution aux problèmes complexes que je voyais. Par conséquent, plus tard, j’ai étudié la planification rurale et urbaine, et j’ai travaillé et fait des recherches sur le développement rural et urbain depuis 1996. J’ai beaucoup réfléchi à ce à quoi ressembleraient la durabilité et la résilience authentiques dans mon contexte. Je pense que ces principes peuvent également être adaptés à d’autres régions. 

    Ma vision de l’Afrique Australe comporte trois éléments interdépendants: un accès général à des solutions innovantes comme l’énergie solaire ; l’autonomisation et le respect des femmes et des filles dans les sites locaux travaillant sur la paix et le développement ; et le ré-équipement et l’agrarisation pour atténuer les impacts négatifs de l’émigration des communautés rurales. 

    Dans cet article, je voudrais montrer ce qui lie ces trois problèmes et ce que cela impliquerait pour les communautés rurales du Zimbabwe si elles pouvaient accéder à des panneaux solaires et aux compétences nécessaires pour les entretenir. 

    Aux États-Unis, une église de la classe moyenne qui passe au solaire a la satisfaction de savoir qu’elle n’ajoute pas de carbone à l’atmosphère. Une fois que les panneaux sont payés, elles ont davantage de fonds pour leurs ministères ; mais l’utilisation d’énergie renouvelable ne modifiera pas le niveau de vie des membres ou n’affectera pas leurs opportunités d’emploi et d’éducation. 

    Au Zimbabwe, près de la moitié de la population n’a pas accès à l’électricité.1 Pourtant, avec plus de 320 jours de soleil par an, c’est une solution hors réseau évidente. L’accès aux énergies renouvelables peut autonomiser les femmes, transformer la vie de tous, développer l’accès à l’éducation, relancer le développement et protéger la terre. 

    L’énergie solaire peut aider les communautés rurales à protéger leurs écologies locales et leurs bassins hydrographiques. Les panneaux solaires ne sont pas parfaits, mais à ce stade, ils constituent la forme d’énergie la plus propre et la moins destructrice que nous connaissions. Une église alimentée par l’énergie solaire témoigne du désir de Dieu de shalom pour tous. Les vies sont améliorées par l’énergie produite à moindre coût environnemental, à une échelle qui invite à vivre dans les limites des dons gratuits de Dieu.    

    Le solaire concerne les femmes 

    En Afrique australe, pendant la période coloniale, les travailleurs, principalement des hommes, ont été recrutés comme main-d’œuvre pour l’exploitation minière et le travail urbain rémunéré. La guerre de brousse et plus tard, le nettoyage tribal affectant les Midlands et la région occidentale du pays ont forcé davantage d’hommes à fuir pour se réfugier dans les pays voisins. Selon les normes culturelles patriarcales, les femmes restaient à la maison pour occuper leur terre et s’en occuper. 

    Au Zimbabwe, près de 70% de la population est rurale et la plupart de cette population est composée de femmes et de filles. Il leur incombe alors de faire le gros du travail de production alimentaire, de trouver du bois de chauffage, de transporter de l’eau et de se procurer leur nourriture. Toutes ces tâches peuvent prendre des heures et nécessiter de parcourir de grandes distances. 

    Cela fait de la transformation énergétique une question qui concerne les femmes et qui nécessite leur implication.

    Le solaire ouvre la voie à l’éducation et au développement  

    Lorsque les femmes et les filles des communautés rurales peuvent accéder à l’énergie, cela libère du temps pour d’autres tâches. Avec une pompe et un puit pour avoir de l’eau potable propre, d’autres types de développement d’infrastructures comme l’irrigation deviennent aussi plus faciles.  

    Que pourraient faire les femmes et les filles avec davantage de temps ? Il peut être réapproprié. L’éclairage électrique peut permettre d’avoir davantage de temps pour étudier une fois les corvées terminées. Les femmes et les filles seront en meilleure santé lorsque les feux des cuisines enfumées seront remplacés par de l’énergie propre. L’accès à l’énergie peut attirer des enseignants vers les écoles rurales qui manquent d’énergie et d’eau. Cet accès permettra aussi aux centres de santé de mieux fonctionner. 

    L’énergie solaire réduit la déforestation et les émissions de carbone 

    Les femmes sont responsables en partie de la déforestation due au peu de bois de chauffage pour cuisiner. Elles ont besoin d’aide pour se détacher des sources de carburant non durables.

    L’électrification rurale est un programme stratégique en cours du gouvernement du Zimbabwe depuis 2002 ; cependant, cela n’a pas été aussi rapide que prévu. La déforestation galopante menace à la fois les zones rurales et urbaines. Les solutions hors réseau telles que les projets solaires sont une option plus rapide pour combler le déficit énergétique qui perdure en raison de la dépendance excessive au bois de chauffage à usage domestique. 

    Le solaire peut permettre le établissement de la relation entre la terre et ses habitants

    Je crois que nous devons accompagner les communautés rurales dans l’entretien de leur espace et de leur sol, et dans la guérison des relations interpersonelles et intergroupes. Nous devons les aider à se soutenir mutuellement et à protéger la terre. J’aimerais que nos communautés continuent de réfléchir à ce que nous pouvons faire avec les ressources disponibles localement. L’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs ; le changement climatique frappe le monde entier. Les solutions hors réseau peuvent réorienter la production et ouvrir une voie à l’innovation avec ce que nous avons déjà. 

    Les voies d’accès à l’énergie solaire 

    Les femmes doivent s’engager dans la solution  

    Les églises doivent beaucoup à la participation des femmes. Les structures gouvernementales sont majoritairement dirigées par des hommes et semblent marginaliser les femmes. Cependant, les programmes sur le terrain dépendent beaucoup de l’engagement des femmes, composant la majeure partie de la population sur place. 

    Donner aux femmes l’accès à l’exploitation de l’énergie solaire est un moyen très direct de réhumaniser et de rendre leur dignité aux femmes et aux filles en tant que partenaires égales et respectées du développement. Le pouvoir collaboratif entra√Ænant un accès responsable aux moyens de production contribuera probablement beaucoup à connecter les femmes à leur économie locale et à sa monétisation. 

    Ce pouvoir collaboratif pourrait recevoir un coup de pouce en favorisant l’accès aux responsabilités des femmes et des filles audelà des barrières qui enferme la conception de leur r√¥le et de leur participation. Les filles scolarisées et non scolarisées ont besoin d’entendre que nous avons besoin qu’elles soient fortes et soutenues lorsqu’elles prennent leur place de productrices, de nourricières et de consommatrices dans les communautés locales et au-delà. 

    Un pouvoir réel sur la production devrait être accessible aux femmes et aux filles en tant que productrices de biens et de services marchands. J’aimerais voir des femmes et les filles devenir ingénieures solaires, créer différents outils, et apporter des solutions hors réseau. Je veux qu’elles aient la capacité d’entretenir un barrage et des stations de pompage ou de faire fonctionner un système d’irrigation. Elles doivent être des partenaires à part égale dans la contribution à la subsistance des ménages.   

    Les églises et les écoles doivent s’engager dans la solution

    Les églises ont un pouvoir de longue date au niveau de la base. Si la solarisation des églises pouvait commencer, cela renforcerait le travail des clubs de femmes, des groupes d’épargne et de prêt et d’autres projets communautaires importants qui ont lieu dans les espaces sûrs des structures des paroisses. 

    D’autres structures communautaires pourraient aussi être de bons partenaires. Les écoles locales, y compris les écoles bibliques et les séminaires, peuvent fonctionner de manière plus durable en produisant leur propre alimentation. Cela diversifierait les sources de revenus, réduirait les frais de scolarité et encouragerait le personnel à  rester à long terme. La solarisation peut se développer en même temps que le reboisement intensif et d’autres interventions de recouvrement des bassins versants. 

    Des réseaux de soutien

    Des réseaux dynamiques qui partagent des informations et des témoignages concernant leur contexte, qui forment des partenariats pour aider leurs communautés à accéder aux ressources pour exploiter l’énergie solaire sont un facteur essentiel de l’organisation pour la durabilité. Grâce à des représentants régionaux et à des connexions mondiales, la CMM offre ces ponts et ces canaux de soutien. 

    J’aimerais démarrer une telle collaboration entre les organisations anabaptistes, dans le cadre de stratégies destinées à soutenir la prise en charge holistique de la création dans tout le continent africain. Les églises, les écoles, les agences anabaptistes et les communautés associées sont libres de me contacter à okuhlen@icloud.com pour créer un mouvement vers une meilleure fa√ßon de répandre l’Évangile en ayant la protection de la création à cœur. 

    ‚Äî‚ÄØSibonokuhle Ncube, de Bulawayo (Zimbabwe), est membre du groupe de travail pour la Protection de la Création de la Conférence Mennonite Mondiale et co-directrice régionale de Mennonite Mission Network en Afrique et en Europe.   

    1 Données de 2019, www.macrotrends.net/ countries/ZWE/zimbabwe/electricity-accessstatistics 


  • ‘Éloigne de moi fausseté et mensonge, ne me donne ni indigence ni richesse ; dispense-moi seulement ma part de nourriture, car, trop bien nourri, je pourrais te renier en disant : « Qui est le SEIGNEUR ? » ou, dans la misère, je pourrais voler, profanant ainsi le nom de mon Dieu.’  (Proverbes 30/8-9, TOB) 

    Quand que j’ai commencé à écrire, le cyclone Freddy faisait des ravages au Malawi et au Mozambique. En pensant à nos paroisses là-bas, je me suis souvenu des paroles que j’ai entendues prononcées par un participant à notre dernière Assemblée : « La protection de la création est un sujet d’intérêt pour les églises du Nord. Nous sommes plus intéressés par les questions spirituelles. » C’est ainsi qu’un responsable de l’une de nos églises membres a exprimé son désaccord avec la façon dont la Conférence Mennonite Mondiale a inclus la protection de la création comme thème principal de l’Assemblée mondiale de 2022. 

    Compte tenu de la réalité du changement climatique, et des crises qu’il a provoquées ces dernières années, une telle déclaration m’a surpris. Les enjeux climatiques sont devenus un autre enjeu de polarisation politique dans nos sociétés. Sur fond de peur et de culpabilité, de faits avérés et de fausses nouvelles, est-il possible que ce monde divisé trouve l’espoir et la guérison ? Pouvons-nous parler de notre appel à protéger la création comme d’un enjeu profondément spirituel qui va au-delà de la crise climatique actuelle ? 

    Suivant les enseignements de l’Écriture, les disciplines spirituelles de vie simple et de contentement font partie de la spiritualité anabaptiste depuis de nombreuses années. On peut rappeler ici les concepts bibliques de vivre avec le nécessaire (cf. Luc 11/3), d’arrêter de travailler pour se reposer (cf. Exode 20/10), d’éviter l’accumulation (cf. Luc 12/15-21), de ne pas s’inquiéter de nos besoins économiques (cf. Luc 12/22-31) et de pratiquer la générosité (cf. Luc 18/22-25). Ces enseignements bibliques et d’autres ont façonné les disciplines chrétiennes de vie simple et de contentement pendant des siècles. Elles vont directement à l’encontre des valeurs d’une société qui gaspille et consomme à outrance, qui encourage la recherche du bonheur dans le matériel et l’accumulation égocentrique de richesses comme moyen d’accéder à la sécurité. La crise climatique qui menace aujourd’hui de détruire notre planète est avant tout le résultat de notre appétit vorace qui consomme sans être assouvi et ne prête pas attention aux conséquences de vivre en ayant toujours besoin de plus dans la vaine recherche de satisfaction, d’identité et d’affirmation. 

    Dans notre tradition anabaptiste, la manière dont nous vivons notre vie quotidienne est une question profondément spirituelle. Les décisions que nous prenons concernant notre style de vie sont profondément spirituelles. Parler de la manière dont elles affectent l’environnement, en tenant compte de l’invitation divine à prendre soin et à gérer la création (cf. Genèse 2/15) n’est pas seulement spirituel ; c’est un impératif urgent face aux calamités climatiques croissantes qui affectent les communautés les plus vulnérables du monde, là où, soit dit en passant, se trouvent aujourd’hui la plupart de nos assemblées locales. 

    Ce sont quelques-unes des raisons pour lesquelles la Conférence Mennonite Mondiale a établi un comité mondial et multiculturel (le Groupe de Travail pour la Protection de la Création) pour guider notre Communion sur cette question. C’est pourquoi ce numéro de Courrier aborde des sujets liés à la protection de la création à partir de différentes perspectives culturelles et théologiques. C’est pourquoi nous célébrons la création de ressources et d’initiatives telles que celles présentées dans la vidéo Transmission Latin America (mwc-cmm.org/fr/resources/transmission-2022-amerique-latine), où des paroisses de différentes parties du monde expliquent l’impact de leur foi sur leur relation avec la nature. 

    Je prie pour que notre communauté mondiale s’intéresse de plus en plus à la protection de la création, et que je puisse développer davantage les disciplines de vie simple et de contentement car, comme l’a dit Gandhi, nous devons « vivre simplement pour que les autres puissent simplement vivre ». 

    — César García, secrétaire général de la CMM, originaire de Colombie, vit à Kitchener, Ontario (Canada).  


  • Inspiration et réflexion

    Perspectives

    Profil d’un pays

    Ressources

    Secrétaire général

    Le mot de la rédactrice 

    Au sein de la crise, une communauté d’espérance 

    ‘More with Less’ (Plus avec Moins) est le titre d’un livre de cuisine bien connu des mennonites. Doris Longacre Janzen, économiste domestique et travaillant avec le MCC, a rédigé ce livre de cuisine contre-culturel dans les années 1970. Il illustre les idéaux mennonites de simplicité et s’inspire des manières de vivre dans des régions du monde où le temps et l’argent ont une différente valeur [que dans le monde occidental]. 

    Avoir ‘Plus avec Moins’ peut sembler une promesse destinée à être rompue. Cela peut aussi ressembler à un fardeau : demander plus d’efforts avec un rendement plus faible. 

    Pourtant, n’est-ce pas à cela que Jésus nous appelle en considérant les lys des champs (Luc 12/27) ?

    Quand Jésus nous exhorte à aimer Dieu par-dessus tout et notre prochain comme nousmêmes (Luc 10/26-28), n’est-ce pas un appel à vivre plus de manière communautaire avec moins de choses ? Et ‘notre prochain’ pourrait-il être tout ce qui vit ?

    En dépit de toutes les années d’avertissements, dans toutes les régions du monde, on commence seulement à voir les conséquences du changement climatique. On passe d’une saison record à une autre. 

    Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a déclaré : « Notre monde a besoin d’actions sur tous les fronts : tout faire, partout, et tout à la fois. »

    Ce numéro de Courrier publie des articles sur la manière dont nos communautés font ‘plus avec moins’. 

    Nous lisons qu’une paroisse de Colombie appelle ses membres à repenser leurs habitudes quotidiennes, à trouver comment moins gaspiller et comment motiver leur communauté. 

    Nous découvrons comment la créativité et la beauté peuvent encourager les jeunes en France à choisir une vie simple à la suite de Jésus. 

    Nous lisons des articles sur les communautés touchées par les événements météorologiques en Indonésie et au Zimbabwe, et comment elles s’unissent pour se soutenir mutuellement. 

    Nous voyons comment la protection de la création, la dignité et l’espérance sont associées en Afrique pour former des communautés florissantes où l’évangile est proclamé en paroles et en actions. 

    En Jésus, nous avons un modèle de ‘plus avec moins’. Nous avons aussi un cadre pour mener des actions individuelles et communautaires. Dieu appelle chacun de nous à la repentance et au changement de vie ; il nous donne le Saint-Esprit et une communauté spirituelle pour cheminer ensemble. 

    Lorsque nous nous détournons de la consommation, notre assemblée locale peut nous aider à faire des choix responsables. Ensemble, nous pouvons trouver de la joie dans des actions qui protègent la création de Dieu – humaine, animale, végétale et minérale – près de nous et dans le monde entier. 

    Notre foi peut aussi nous souffler des paroles de confession et de repentance pour ce défi au changement personnel et à la révolution systémique. En tant que communautés chrétiennes, nous pouvons élever notre voix collectivement pour transformer les systèmes de cupidité et de consommation qui rendent de meilleurs choix si difficiles. 

    La crise climatique est pour beaucoup une cause de désespoir. Vivant plus avec moins, Jésus-Christ nous montre un chemin à parcourir ensemble avec son Esprit et avec espérance.  

    — Karla Braun est rédactrice en chef de COURRIER pour la Conférence Mennonite Mondiale.  Elle vit à Winnipeg (Canada). 

  • Une nouvelle encourageante concernant la protection de la création est qu’il existe un nombre croissant d’organisations sérieuses et de sites en ligne offrant d’excellentes ressources. 

    Le Groupe de travail pour la Protection de la Création de la CMM recommande les sites suivants comme particulièrement utiles : 

    Le Mennonite Creation Care Network et l’Anabaptist Climate Collaborative sont basés en Amérique du Nord, mais disposent de ressources pertinentes pour le monde entier. 

    Mennonite Creation Care Network

    Anabaptist Climate Collaborative

    Pour des organisations plus larges concernant la sauvegarde de la création d’un point de vue religieux, voir le creation care network of The Lausanne Movement, A Rocha International, et Faith for Earth.

    Lausanne Movement

    A Rocha

    Faith for Earth

    De bonnes sources pour une variété de solutions pratiques en matière de climat et de durabilité sont le Drawdown Project, et le Project Regeneration.

    Drawdown Project

    Project Regeneration

    Scannez ici pour trouver des liens vers ces sites 

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  • France

    « Heureux l’invité que tu choisis, il demeurera dans tes parvis. » (Psaume 65/5 TOB)

    La halte de prière de l’assemblée mennonite de ChâtenayMalabry, Paris (France) a vu le jour dans le cadre du cheminement vers Pâques en mars/avril 2021 en pleine pandémie du COVID-19. Initiée par notre ancien pasteur, Silvie Hege, sous la forme d’un rendezvous hebdomadaire d’une heure pendant la pause déjeuner, de 12h 30 à 13h 30, à distance sur la plateforme Zoom, ce temps de prière devait avoir lieu tous les vendredis du début du carême jusqu’à Pâque.

    Marquer une pause

    Ce temps était l’occasion de marquer une pause dans notre journée, dans notre semaine, pour venir nous ressourcer auprès du Père, cheminer avec Jésus. Temps associé au jeûne pour ceux qui le souhaitaient, temps de mise à part, temps de partage, la halte de prière nous a vraiment permis de nous sentir proches de Jésus en cette période, et proches les uns des autres, unis par le sacrifice de Jésus-Christ à la croix.

    Quand Pâques 2021 est passé, il nous a été impossible d’arrêter ce rendez-vous divin, cette rencontre hebdomadaire avec le Père qui nous fait tant de bien.

    J’ai alors pris la responsabilité de prendre en charge la conduite de ce temps de prière. Nous continuons jusqu’à ce jour, même pendant les vacances, en nous relayant si besoin pour l’animer.

    Bien que le jour a été changé, passant du vendredi au mercredi pour des raisons de commodité, nous avons gardé le principe de départ : prendre une pause-déjeuner d’une heure quinze minutes en moyenne avec notre Seigneur, nous reposer dans Sa sainte présence et nous tenir sur la brèche.1

    Louer, adorer et rendre grâce

    Pendant nos rencontres, la lecture d’au moins un passage biblique nous permet de contempler notre Dieu et de prier sur la base de Sa parole. Nous pouvons alors Le louer et L’adorer, Lui rendre grâce et intercéder pour le monde, pour les sujets de prière partagés au sein de notre église à Châtenay-Malabry et au sein de cette cellule de prière.

    Chaque membre de la paroisse est le bienvenu, le lien de connexion est rappelé et partagé chaque semaine via les différents canaux de communication de la paroisse. Le nombre de participants n’est pas grand, mais les bienfaits de Dieu sont tellement grands, nous avons vu beaucoup de prières exaucées.

    Il y a un petit nombre de fidèles aux rencontres, ce qui en fait aussi un lieu privilégié où une confiance est établie, nous permettant de partager des sujets de prière qu’on ne peut pas toujours exprimer devant toute l’assemblée le dimanche.

    Nous avons quelquefois la joie de la présence inattendue d’une personne que le Saint-Esprit conduit à se connecter, parfois de manière très particulière.

    Cette halte nous a permis de voir tellement d’exaucements et tellement de signes de la part de Dieu que cela nous a bien conforté dans l’idée qu’il était bien présent avec nous dans ce temps.

    Chaque rencontre est un vrai moment de ressourcement ; qu’il y ait 2, 4 ou 6 personnes connectées, nous nous sentons privilégiés de pouvoir participer à ce temps de prière, selon ce qui est écrit dans le psaume 65/4.

    Une contrainte qui avère être un atout

    The idea of this prayer time, meeting via L’idée de ce temps de prière à distance via Zoom n’aurait très probablement pas vu le jour sans le COVID-19. Ce mode de rencontre que nous aurions pu considérer au départ comme une contrainte, comme un frein, s’est avéré être un vrai atout car nous pouvons ainsi participer quel que soit l’endroit où nous nous trouvons : depuis la maison, le bureau, notre lieu de vacances…avec la seule condition d’avoir une connexion internet. Dieu fait vraiment concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment.

    La halte de prière est dans notre assemblée locale la seule rencontre hebdomadaire en dehors du culte ; nous rendons vraiment gloire à Dieu pour ce rendez-vous supplémentaire dans la communion fraternelle et pour tout ce que nous avons vécu pendant ces temps bénis depuis le début.

    Les difficultés sont grandes, nous voulons continuer de nous tenir sur la brèche pour que le Seigneur agisse dans les nations, dans nos vies, dans toutes les situations que nous traversons, afin que nous puissions voir la gloire de Dieu se manifester.

    —Nicole Djuissi est membre de l’équipe pastorale, responsable de la réunion de prière en ligne et elle est également responsable d’un groupe de maison. Elle est employée comme chef de projet numérique, et est mère de deux enfants de 13 et 17 ans.

    1Psaume 106/23; Ézéquiel 22/30, Ésaïe 11-12


    Courrier Février 2023

  • Canada

    Torsque nous lisons les Écritures avec le ciel au-dessus de nos têtes, elles prennent une nouvelle vie.

    Des phrases comme Les cieux racontent la gloire de Dieu (Psaume 19/1), Tous les arbres des champs battront des mains (Ésaïe 55/12) et Que la justice coule comme de l’eau (Amos 5/24) prennent une signification plus profonde lorsque nous réfléchissons à la création en tant que participante à la louange et annonciatrice de la sagesse de Dieu.

    Jésus enseignait dehors. Il a souvent puisé dans le monde naturel (eau, vignes, rochers, oiseaux, fleurs, etc.) pour parler de son ministère et du Royaume de Dieu.

    L’Esprit de Dieu est actif continuellement dans le monde qui nous entoure. Dieu se cache tout en étant visible par tous, et dans la paroisse de Burning Bush Forest (Forêt du Buisson Ardent), nous affinons nos sens pour devenir plus pleinement conscients de la présence vivante de Dieu parmi nous.

    Rassemblés et enracinés

    La paroisse de Burning Bush Forest a commencé avec une épiphanie inattendue à la fin de 2014. Une graine d’inspiration a été reçue, plantée, laissée en sommeil pendant un certain temps, puis a germé et a pris racine lors de notre premier rassemblement officiel pour le culte en mars 2016. Notre concept de base, c’est que toute l’année nous nous réunissons dehors, non seulement dans la création, mais avec la création ! Nous faisons de la terre de Dieu notre lieu de culte, une extension de notre communauté et une inspiration pour le culte.

    Cette forme de culte – inviter les gens à se retrouver dehors pour être proches du Créateur et de la création – semble trouver un écho favorable auprès de nombreuses personnes en cette époque de multiples crises environnementales.

    Nos rassemblements sont généralement petits et intimes (entre 10 et 30 personnes).

    Tout notre corps y participe et nous nous enracinons avec l’aide de nos sens dans l’endroit particulier où nous sommes rassemblés.

    Nous lisons l’Écriture et prions mais n’avons pas un sermon traditionnel. Les participants ont le temps de ‘se promener et de s’émerveiller’ (habituellement 30 minutes) pour prêter attention à Dieu qui ‘parle’ de diverses manières.

    Nous prenons le temps de partager les uns avec les autres autour de notre cercle.

    Les enfants sont libres d’explorer et de vaquer, guidés par leur curiosité, ou de participer avec leurs parents et toute la communauté. Leurs idées sont les bienvenues et elles sont souvent profondes.

    Surtout, tenir notre culte à l’extérieur nous aide à nous sentir plus profondément appartenir à la ‘communauté de la création’ de Dieu. Au fil des ans, nous nous sommes réunis dans différents parcs publics de notre ville, puis nous avons choisi un lieu près d’un ruisseau et d’une zone forestière, comme emplacement principal. Revenant régulièrement au même endroit, nous avons appris à connaître les noms et les caractéristiques des arbres, des plantes, des oiseaux, des animaux et des insectes qui nous entourent. Nous sommes immergés dans les rythmes des saisons au fur et à mesure qu’elles se déroulent. Nous avons été témoins de leçons de lâcherprise, d’abondance, d’interdépendance, de mort, de renouveau et de résurrection, toutes inscrites dans la création afin que nous puissions les voir.

    Notre pratique

    Comme nous avions déjà l’habitude de nous rassembler intentionnellement à l’extérieur pendant plusieurs années avant que la pandémie de COVID-19 ne frappe, nous n’avons pas ressenti les restrictions aussi dramatiquement que d’autres assemblées locales, qui ont dû fermer les portes de leurs bâtiments pendant un certain temps.

    Nous avons pu continuer nos cultes avec seulement quelques ajustements mineurs tels que l’utilisation d’un outil d’inscription en ligne (Eventbrite) pour demander aux participants de se préinscrire. Cela nous a permis de limiter le nombre de participants et d’avoir des informations pour contacter des personnes si cela s’avérait nécessaire. Nous avons également amélioré notre lettre de nouvelles électronique en ajoutant davantage de ressources pour s’engager personnellement et grandir spirituellement chez soi.

    Ê l’assemblée de Burning Bush, nous n’avons pas décidé d’expérimenter cette forme de culte simplement pour vivre quelque chose de nouveau et de différent, ou pour comprendre comment naviguer dans un nouveau contexte. Nous suivons la direction de Dieu pour revenir à une manière de joindre le cœur, l’esprit et l’âme à la communauté bien-aimée de la création. C’est à la fois ancien et nouveau. C’est un parcours de renouveau et de transformation, qui nous enracine dans la grande vision du shalom de Dieu pour toute la création.

    —Wendy Janzen est pasteure de l’église de Burning Bush Forest et éco-pasteure de Mennonite Church Eastern Canada. Elle vit à Kitchener, Ontario (Canada).


    Courrier Février 2023

  • République Démocratique du Congo

    Gloire soit rendue au nom de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ pour ses bienfaits. Par la grâce de Dieu, au Congo la pandémie a été moins cruelle qu’elle ne l’a été sous d’autres cieux. Donc, à part la leçon d’hygiène régulièrement donnée à la population d’une manière générale par les autorités politico-administratives et sanitaires du pays, rien qui ne soit lié directement au culte n’a été apporté par la pandémie.

    Au regard de la sévérité des mesures sanitaires, aucun rassemblement n’était possible. Cependant, les chrétiens étaient invités à se réunir dans leur maison. Toutefois, certains responsables rendaient visite aux fidèles et priaient avec eux.

    Lors de la pandémie il a été demandé de raccourcir le temps de culte pour éviter les contaminations. Cette pratique continue toujours.

    Pendant nos cultes, lors de l’accueil des visiteurs, nous avions l’habitude de les embrasser, mais avec la pandémie cette pratique a été supprimée. On n’embrasse plus les visiteurs. Ê la fin du culte nous avions habitude de se serrer les mains entre frères et sœurs, mais cela ne se fait presque plus. Ce sont pas des améliorations, seulement des différences.

    Avec les mesures sanitaires édictées par le gouvernement, notamment la fermeture des églises et l’interdiction des rassemblements, les contacts entre les enfants étaient inexistants. Cela a beaucoup affecté les relations entre fidèles et a réduit la communion fraternelle (cette situation, c’est bien de le préciser, n’a duré que quelques 5 ou 6 mois.)

    Ces aspects des rassemblement des enfants de Dieu, absence du partage spirituel, matériel et impossibilité de l’offrande à Dieu, ont manqué profondément à nos cultes pendant la pandémie.

    La CEM a célébré avec faste le Dimanche de la Fraternité Anabaptiste Mondiale, au cours d’un grand culte dominical qui avait regroupé 13 paroisses du district de Mbujimayi. Photo : Jean Felix Cimbalanga

    Toutes les activités des membres ayant été bouleversées, la seule chose qui était possible pour les fidèles était l’intercession. En effet, les enfants de Dieu qui avaient pris l’habitude de se réunir pour la prière en famille, priaient pour les autres et pour la fin de la pandémie. Ê la levée des mesures barrière, toutes les activités de la paroisse ont repris normalement.

    Il importe de noter que quoi que la pandémie ait été dangereuse et sévère, notre communauté n’a pas été affectée ni secouée au point d’impacter négativement son organisation cultuelle. Nous remercions la CMM pour avoir, à travers l’AIMM, donné à nos communautés la possibilité d’informer ses membres concernant la Covid-19 et les attitudes à adopter pour l’éviter.

    Pendant nos louanges, la pandémie nous a aidé à mieux comprendre la vulnérabilité de l’homme et à toujours nous confier en Dieu. Et, bien que nous le faisions déjà avant la pandémie, nous sommes plus conscients maintenant de l’importance de prier pour les autres et pour leur guérison.

    Grâce et paix du Seigneur.

    — Le pasteur Jean Félix Cimbalanga est président de la Communauté Evangélique Mennonite (CEM). Félo Gracia est membre du Conseil Général (CG) pour la Communauté des Églises Frères Mennonites du Congo.


    Courrier Février 2023