Prayers of gratitude and intercession

  • L’Église Mennonite du Burkina Faso vit comme le monde entier ces moments difficiles de pandémie à coronavirus qui a suspendu nombre de ses grands rassemblements. Elle a pu néanmoins tenir une assemblée générale élective les 14 et 15 janvier derniers. Un temps fort à plus d’un titre.

    Passage de relais au comité exécutif

    Après quatre années passées dans la conduite des affaires de l’Église nationale, ce fut pour le comité exécutif le moment de présenter son bilan lors de cette assemblée générale. Il a ainsi énuméré les acquis avant de souligner quelques insuffisances présentées sous forme de défis, puis a décliné les perspectives qui serviront de bases pour le nouveau comité dont l’élection devait suivre.

    L’élection a conduit le pasteur Bananzaro Calixte à la présidence du comité exécutif pour un mandat de quatre ans. Elle s’est déroulée dans la paix. Sur les six membres du nouveau comité, il y a trois jeunes. Cela résulte de la volonté des autorités de l’Église d’impliquer la jeunesse dans la prise de décisions. Le nouveau président a invité les participants à soutenir le comité par la prière, les ressources et les propositions d’idées à même de booster la croissance spirituelle et numérique de l’Église nationale dans son ensemble.

    Sortie d’une promotion d’élèves pasteurs

    diplomes
    Neuf pasteurs ont été consacrés. Photo : Siaka Traoré

    La sortie de promotion, quant à elle, a vu le couronnement d’études de trois élèves pasteurs et a été saluée par la remise de parchemins pour l’entrée dans la mission pastorale. Ces nouveaux pasteurs viendront décharger un tant soit peu les pasteurs en activité qui sont souvent limités au regard du nombre impressionnant de sollicitations de leurs fidèles.

    Pour les communautés locales, avoir un pasteur est une merveille. Dans les villages, les gens ne savent ni lire ni écrire. Ils ont une soif de la Parole de Dieu qu’ils ne peuvent étancher s’ils n’ont personne pouvant la leur lire et expliquer. Nombreuses sont les communautés qui n’ont pas de pasteur et qui, lorsqu’elles ont l’occasion d’avoir la visite d’un pasteur pour prêcher, sont émues de joie. C’est pourquoi cette cérémonie de sortie était une grande joie pour l’Église entière. Ainsi les communautés sans pasteur représentées à cette cérémonie gardaient, au-delà de la joie, l’espoir qu’un de ces pasteurs leur soit envoyé. Cependant, bien que ce rôle du pasteur soit d’une importance capitale, l’engouement pour la formation pastorale n’est pas aussi grand. En effet, dans nos contrées, les conditions de vie des serviteurs de Dieu ne sont pas enviables. Cette situation fait que l’acceptation de l’appel de Dieu pour la mission pastorale est un véritable sacerdoce. D’où la prière que Dieu suscite de bonnes volontés pour accompagner et soutenir ses serviteurs, car sa Parole dit que « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers ». (Luc 10.2)

    Consécration de pasteurs

    La cérémonie de consécration a consisté à imposer les mains sur des pasteurs ayant eu une période probatoire de trois ans sur le terrain. La consécration leur confère la charge de célébrer les mariages, d’organiser des cours de baptême et de baptiser les candidats, de consacrer les enfants au Seigneur et de conduire les cérémonies funéraires. Neuf pasteurs ont été consacrés. C’est une cérémonie importante au regard du rôle que ces pasteurs consacrés jouent dans la vie des communautés.

    Un jour de joie

    Les deux cérémonies de sortie et de consécration, bien que sobres, étaient riches en couleurs. De l’équipe d’animation aux jeunes en passant par les femmes, chaque groupe a esquissé des pas de danse en signe de manifestation de sa joie. Au regard de l’importance du pasteur dans nos communautés, et surtout de ceux consacrés, l’assemblée ne pouvait se priver d’exprimer sa joie pour cette grâce que Dieu venait encore de lui faire en qualifiant ces serviteurs pour son œuvre. Ce qui rappelle le passage de Lamentations 3.22- 23 : « Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisées, Ses compassions ne sont pas à leur terme ; elles se renouvellent chaque matin. Oh ! que ta fidélité est grande ! »

    Un festin a été organisé pour encore prolonger ces moments. En effet, tous les événements heureux s’accompagnent de délicieux mets chez nous au Faso. Ce partage de repas marquait la fin de la rencontre nationale 2021 dont les rideaux sont tombés avec la prière du pasteur Mamadou Traoré pour accompagner les participants dans leurs localités respectives. Rendez-vous a été pris pour les 14 et 15 janvier 2022 pour une assemblée générale nationale similaire.

    —Kinani Sourabié, coordonnateur de projets du Mennonite Central Committee au Burkina Faso


    Dartan Sourabie
    Dartan Sourabié. Photo: Kari Traoré

    Dartan Sourabié, son parcours et son ministère

    Dartan a été l’un des premiers convertis du campement de Tchèkélédougou. Il s’est vite démarqué du reste du groupe par son assiduité et son désir de s’approprier les textes bibliques jusqu’à demander à s’inscrire à la Formation Biblique de Base à Orodara. Avec l’Église de Samogohiri, nous l’avons soutenu pendant les trois dernières années. Le 16 janvier 2021, il est sorti comme pasteur en vue de servir à mes côtés à Saraba. Dartan est marié et père de deux enfants. Merci de continuer de prier pour nous afin de porter l’Évangile dans les environs de Saraba.

    —Kari Traoré

  • L’expérience d’un café pas comme les autres : une source d’inspiration pour réinventer la vie d’Église ?


    Chaque année au mois de septembre, les employés et collaborateurs de la Conférence Mennonite Suisse (CMS) se retrouvent pour une journée de rencontre, partage et découverte. Ce temps a pour but de permettre les échanges et de redonner des impulsions et des idées, notamment en apprenant à connaître des projets engagés par des œuvres chrétiennes. En septembre 2020, nous avons pu passer un moment chez Coffee&Deeds. Nous vous proposons de découvrir ce café pas comme les autres.

    Autrement

    Dans les années 1980, l’appel à aller plus vers les personnes a grandi dans le cœur de l’Église réformée attenante. Dans les groupes de maison, on se rend compte qu’on est bien. Cependant, que se passe-t-il à l’extérieur ? En 2010, une deuxième phase est lancée : ouverture œcuménique, donner une autre image à l’Église, créer du lien entre les différents lieux de culte et, surtout, donner de la vie au quartier. Il faut être l’Église, autrement. Mais comment ?

    L’idée d’un café est venue quelques années plus tard. La vision était présente, des personnes étaient motivées (y compris quelques politiques) et les finances permettaient de lancer le projet.

    « Rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue », aurait dit un certain Victor Hugo. Pour les initiateurs du projet, il s’agit simplement du kairos de Dieu. « On a simplement commencé à faire, c’était peut-être naïf mais on avait confiance que c’était le moment », nous dit l’un des participants au projet. Ainsi, les recherches de fonds pour du personnel se font avec confiance, car « les portes s’ouvrent une fois qu’on est en action ». Des dons, des bénévoles, la restauration des lieux : le projet Coffee&Deeds est en marche.

    Coffee…

    building exterior
    Photo : Naomi Graber

    Aujourd’hui, Coffee&Deeds emploie sept personnes (pour une quotité de travail totale de 250 %) et de nombreux bénévoles mettent la main à la pâte. Ce ne sont pas que des serveurs, car la volonté est de trouver un projet pour chaque personne qui veut s’engager. Les bénévoles ne sont pas tous croyants, certains viennent d’Églises diverses.

    Chaque jour, la journée commence par l’allumage des lumières et la mise en marche de la machine à café auxquels s’ajoute un moment de prière. Celle-ci est aussi présente sur le menu et peut être commandée gratuitement à tout moment du service !

    …&Deeds

    chalk board
    Annonces, demandes, idées ou sujets de prière peuvent être déposés sur ce panneau. Photo : Naomi Graber

    Mais ce café ne serait pas le même sans les Deeds (en français : les actes). Une employée dit d’ailleurs : « On ne veut pas être un café normal, on veut créer des ponts entre et vers les personnes qui viennent. Ce que nous recevons de la part de Dieu, nous voulons le transmettre à ces gens. » En effet, être l’Église dans le quartier, c’est y vivre. Ici, il s’agit d’une présence, d’un soutien. C’est aller vers la population et favoriser lesliens entre les habitants. C’est amener l’Église aux gens et témoigner de la foi par les actes : recherche de personnes pour répondre aux besoins des autres, soutien scolaire, tutorat, activités pour les enfants…

    Au-delà de valoriser les dons de chacun, il s’agit aussi de valoriser les personnes qui viennent, de les servir et de les aimer. Au début, les personnes dans le besoin n’entraient pas forcément, sûrement à cause de l’image « à la mode » que renvoie le café. Malgré l’idée que ce café est « trop chic » pour le quartier, Coffee&Deeds veut montrer qu’il n’y a pas de niveau social prioritaire dans cet endroit. L’atmosphère agréable et accueillante est présente et c’est ça qui est important.

    Aujourd’hui, Coffee&Deeds tourne toujours grâce au soutien de l’Église réformée notamment, mais le but est qu’il puisse fonctionner de manière autonome. L’impact semble en tout cas positif et le mot d’ordre « Aimez-vous les uns les autres et ils sauront que vous êtes mes disciples » prend son sens.

    La visite de ce café a été particulièrement inspirante pour les collaborateurs. Dans une période où l’on apprend à vivre la vie d’Église autrement, c’est encourageant de voir d’autres manières de vivre la vie de disciple dans le quotidien.

    Que Dieu renouvelle notre créativité et notre obéissance pour le service !

    —Naomi Graber

    Conférence Mennonite Suisse, rédactrice

    Église mennonite du Sonnenberg


    CET ARTICLE ET LE RÉSEAU MENNONITE FRANCOPHONE
    Cet article est publié dans le cadre du Réseau mennonite francophone (RMF) et paraît aussi dans Le Lien entre nous (Québec), sur le site de la Conférence Mennonite Suisse (www.menno.ch) et sur celui de la Conférence Mennonite Mondiale (www.mwc-cmm.org).
    Coordination de la publication des articles : Jean Paul Pelsy.
  • En République Démocratique du Congo, la crise sanitaire est venue s’ajouter aux difficultés quotidiennes de la population. Comment les communautés mennonites font-elles face ?


    L’année 2020 devait être l’année de l’espoir selon les promesses faites par le nouveau gouvernement. Mais hélas, ces espoirs ont vite tourné à la désillusion et l’angoisse. La pandémie de Covid-19 est arrivée en République Démocratique du Congo (RDC) et dans d’autres pays africains. Les Africains se disaient : « Si le bois vert brûle, qu’en sera-t-il du bois sec ? » En effet, l’Organisation Mondiale de la Santé, relayée par les médias, prédisait le pire pour l’Afrique. En RDC, l’instauration de l’état d’urgence au mois de mars 2020 et l’annonce par le gouvernement provincial du confinement de la ville de Kinshasa ont semé la panique dans le pays.

    ÉTAT DES LIEUX DE LA RDC

    La RDC est un vaste territoire au cœur de l’Afrique. Sa population est estimée à plus de 80 millions d’habitants. Sa capitale Kinshasa est une mégapole de plus ou moins 12 millions d’habitants. La situation économique du pays est très dégradée. Les habitants des villes vivent de l’économie de la débrouille. L’est du pays est toujours en proie à la violence. Des groupes armés sèment la mort et la désolation. Dans les villes, le banditisme urbain cause aussi des victimes.

    L’ÉPIDÉMIE DE COVID-19

    Les premiers cas confirmés de Covid-19 sont apparus à Kinshasa. Après des tractations, le gouvernement a finalement opté pour un confinement partiel. En effet, le confinement de toute la ville aurait provoqué une crise alimentaire aux conséquences dramatiques. Les mesures barrières ont été rendues obligatoires. La pandémie s’est répandue dans d’autres provinces, Kongo-central, nord Kivu, sud Kivu, Lualaba, Kwilu, Kwango, etc. 264 décès ont été enregistrés pour un total de 10390 cas confirmés (données au 14 septembre 2020).

    LA PRÉSENCE MENNONITE

    Les mennonites sont présents dans 11 des 26 provinces de la RDC. Historiquement les mennonites nord-américains sont arrivés dans le pays en 1911. Jusqu’à un passé récent, la RDC comptait trois communautés mennonites qui font partie de la Conférence Mennonite Mondiale et qui sont regroupées autour d’une plate-forme nationale dénommée Comité National Inter Mennonite (CONIM). Cette plate-forme est un cadre permanent de dialogue, d’échanges et de recherche de l’unité entre les communautés mennonites congolaises. Suite à des divisions au sein des communautés, d’autres unions d’Églises mennonites sont nées, mais ne sont pas membres de la CMM.

    LES CONDITIONS DE VIE PENDANT LA CRISE SANITAIRE

    Les conditions de vie des Congolais se sont détériorées ces deux dernières années. La pandémie de Covid-19 est venue aggraver une situation déjà chaotique. Les mennonites congolais souffrent avec le reste de la population. Ils sont exposés à la faim, aux maladies hydriques, au chômage et à la pauvreté. La fermeture des églises complique la mise en œuvre d’actions de solidarité envers ceux qui sont dans le besoin. Beaucoup de membres portent seuls leurs fardeaux. Les baisses de ressources imposées par la pandémie réduisent également les dons faits par les membres, mettant en difficulté les familles des pasteurs.

    EN CONCLUSION, CE QUE NOUS AVONS CONSTATÉ DURANT CETTE PÉRIODE

    Au plan national :

    • Aggravation de la crise alimentaire dans les familles en milieu urbain.
    • Crise économique et sociale accentuée par le ralentissement de l’activité économique formelle et informelle.
    • De nombreux cas de décès liés à la Covid-19 et à d’autres maladies dans la ville de Kinshasa.

     Parmi les mennonites :

    • Aucun cas de décès de Covid-19 dans les communautés mennonites congolaises.
    • Renforcement des cultes de maison et création d’équipes de suivi pour encourager les familles.
    • Développement de l’utilisation des outils Internet, WhatsApp, Facebook, SMS pour envoyer des messages bibliques aux membres et d’autres informations sur la pandémie et la vie communautaire.

    PERSPECTIVES D’APRÈS-CRISE

    La foi en Dieu et la foi dans les efforts consentis par les professionnels de santé nous donnent l’espoir que cette pandémie sera éradiquée. Cependant, pour l’heure, elle se poursuit en RDC et les conséquences sont dramatiques pour les populations. La misère des Congolais a redoublé pendant cette période. Le risque que le pays sombre dans le chaos à la suite des tensions sociales est très perceptible.

    Au niveau des communautés mennonites, les leaders doivent se préparer pour relever les défis d’après-Covid. Ils doivent être aptes à faire face aux changements qui interviendront dans le monde après cette pandémie. Des changements profonds sont envisageables à l’échelle planétaire dans tous les domaines de la vie humaine. Ainsi les Églises mennonites congolaises auront besoin de leaders transformationnels, motivés, dévoués, passionnés et capables d’impulser le développement intégral des communautés et du pays.

    MULLER NDUNZI

    représentant provincial de la Communauté

    des Églises des Frères Mennonites à Kinshasa


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    Cet article est publié dans le cadre du Réseau mennonite francophone (RMF) et paraît aussi dans Le Lien (Québec), sur le site de la Conférence Mennonite Suisse (www.menno.ch) et sur celui de la Conférence Mennonite Mondiale (www.mwc-cmm.org).
    Coordination de la publication des articles : Jean Paul Pelsy
  • Le Lien a rencontré Michel Monette, pasteur affilié depuis 2012 au Mennonite Church Eastern Canada (MCEC). Avec son épouse Lyne Renaud, il a eu à cœur de former une communauté de croyants dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve de Montréal. Ancien secteur ouvrier francophone de la ville, ce quartier demeure une zone particulièrement touchée par la pauvreté et l’itinérance.


    Le Lien : Votre parcours est pour le moins inusité, racontez-nous un peu.

    Michel Monette : Je me suis converti en 1991, l’appel pour devenir évangéliste fut très clair. Le livre de Rick Warren, Une Église, une passion, une vision m’a énormément touché. L’Église de la persévérance des Frères Mennonites fut notre communauté d’accueil. Puis, en 1992, il y a eu une fusion avec l’Église chrétienne de Saint-Laurent où nous avons commencé à servir. J’ai alors débuté des cours à l’Institut biblique Laval1 et complété un certificat en théologie. En 1999, Espoir pour la ville de Raymond J. Bakke m’a interpelé à venir à Hochelaga-Maisonneuve.  Mais en 2000, pour payer nos dettes d’études, Lyne et moi sommes partis en France avec nos jeunes enfants, pour un travail en informatique. Notre mission d’alors était d’investir dans la famille.

    Michel Monette et Lyne Renaud

     

    Parlez-nous de votre ministère depuis que vous êtes revenus à Montréal.

    Michel Monette : En 2004, nous avons démarré Hochma et en 2010 Lyne a eu la vision de faire l’Église comme un café qui serait ouvert, entre autres, les samedis soirs. Nous aimions tenir des barbecues et des rassemblements dans le parc voisin ou sur la promenade Ontario. En 2011, nous avons organisé des cultes extérieurs sur la promenade Ontario. Nous chantions et prêchions dans les rues. Cela n’était pas facile, mais les gens écoutaient.

     

    Votre façon de faire l’Église a changé, mais elle est des plus inhabituelles. Pourquoi?

    La salle se transforme en dortoir

    Michel Monette : D’abord par son nom, nous ne voulions pas porter le nom d’Église XYZ. Nous avons choisi de nous appeler Hochma qui fait un jeu de mots avec le quartier HOCHelaga-MAisonneuve, mais aussi qui veut dire sagesse en hébreux. En référence à Proverbe 1.7 : « La crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse. » Et c’est cette sagesse que nous demandons au Seigneur. De plus, notre horaire est inaccoutumé. Nous n’ouvrons pas que les dimanches matins, mais en saison froide, nous devenons une halte chaleur ; un centre d’accueil pour itinérants, 7 jours sur 7 et de 21h à 7h. Aucun couvre-feu ne limite les entrées et sorties de notre bâtiment. Et de 15h à 18h du lundi au jeudi, nous distribuons gratuitement du pain.

    J’aime à dire que nous travaillons avec ceux que Dieu envoie. Nous ne fixons pas la Lumière, mais nous regardons ce qu’elle éclaire. Ainsi, nous travaillons dans cette lumière, et c’est dans ce travail que Dieu sauve. En ce moment, les gens que Christ nous montre sont les démunis et les sans-abris de notre quartier. Notre particularité est d’accueillir toutes les familles et, à l’occasion, leurs animaux. Ce qui ne se fait pas dans les autres centres pour sans-abris de Montréal. Ailleurs, les femmes et les hommes sont séparés, et les enfants n’ont pas de place où aller. Il n’existe pas de centre d’accueil d’urgence pour une famille avec des enfants. Avec l’aide du Saint-Esprit, nous l’avons créé.

     

    Quels sont vos défis et comment pouvons-nous prier pour vous?

    Au petit matin, un brunch est servi

    Michel Monette : Nous demandons plus de patience et de créativité pour rejoindre les personnes qui fréquentent nos locaux, afin de toucher leur cœur et de les amener à développer une relation avec Dieu. Pour cela, nous avons besoin d’une équipe de chrétiens matures et stables qui prennent soin d’eux, d’abord en répondant à leurs besoins physiques, mais surtout en veillant à leur croissance spirituelle, en leur montrant du respect et de l’amour (surtout quand cela n’est pas facile) et en priant pour eux. De plus, Lyne et moi aimerions un jour être à temps plein dans le ministère, ce qui impliquerait un apport financier plus important. Nous prions afin qu’Hochma devienne vraiment « la Maison de Dieu » comme l’appellent les gars de la rue.

    Propos recueillis par Danielle Lajeunesse


    CET ARTICLE ET LE RÉSEAU MENNONITE FRANCOPHONE

    Cet article est publié dans le cadre du Réseau mennonite francophone (RMF) et paraît aussi dans Le Lien (Québec) et sur le site de la Conférence Mennonite Mondiale (www.mwc-cmm.org). Coordination de la publication des articles : Jean-Paul Pelsy.

  • Michel Kempf est décédé le 27 juillet 2017 à 56 ans, après s’être battu vaillamment contre la leucémie.

    Dès son plus jeune âge, il s’engage au service de la jeunesse, tant au niveau professionnel que spirituel. Dans les années 1980, il est l’une des chevilles ouvrières du groupe de jeunes qui donne naissance à l’Église mennonite de la Ruche à Saint-Louis.

    En 2003, il intègre la commission Foi et Vie des Églises mennonites de France et en assure la présidence de 2008 à 2013. Il a en particulier géré et suivi la révision des articles de la Confession de foi des Églises mennonites, mettant à profit ses compétences en orthographe.

    Consacré au ministère d’ancien de l’Église de la Ruche en 2009, il exerce cette fonction avec persévérance jusqu’aux derniers moments de sa vie.

    Église de la Ruche, Saint-Louis

    —Le Réseau mennonite francophone de la Conférence Mennonite Mondiale

  • Québec et Côte d’Ivoire

    Des chrétiens mennonites du Québec et de Côte d’Ivoire se rejoignent dans une préoccupation commune en faveur de l’environnement.

    Québec

    Par Stéphane Rhéaume, Église de Saint-Eustache, Canada, pasteur et par Danielle Lajeunesse, coordonnatrice des ministères de l’Association des Églises des frères mennonites au Québec, rédactrice du Lien.

    L’Église des frères mennonites de Saint-Eustache au Québec a décidé de se joindre au projet « Église verte », un programme du Centre canadien d’œcuménisme destiné aux Églises, qui promeut trois axes : les actions (efficacité énergétique, transport durable, alimentation responsable, économie d’eau, réduction des déchets et entretien extérieur), la sensibilisation, la spiritualité.

    Pourquoi être une église verte ?

    Par souci de pertinence et de crédibilité sociale. Il est important, comme Église, de se synchroniser avec les préoccupations de la société. Pour réintroduire un élément négligé de notre confession de foi. Pour favoriser une intendance chrétienne globale qui inclut le mandat de Dieu pour la Création, don de Dieu à l’homme. Pour stimuler la réflexion écologique au sein des Églises et encourager celles-ci à développer des pratiques « vertes ». Nous ne pouvons pas tout faire, mais participer à ce projet est quelque chose de faisable et de réaliste pour nous.

    L’environnement, l’évangile et l’église

    Notre approche se veut centrée sur…

    • – Les implications de l’Évangile. L’Évangile est un message de réconciliation avec Dieu par Jésus-Christ. En prenant soin de la Création de Dieu, nous ne faisons que souligner l’une des implications du message de l’Évangile. Comparons-le à une belle marguerite. Si la réconciliation en constitue le cœur, ses implications sociales, éthiques et écologiques en constituent les pétales.
    • La particularité chrétienne. Nous désirons porter un regard chrétien sur l’environnement tout comme sur les problèmes sociaux, la pauvreté, la politique, etc.
    • Une vision globale d’une vie de disciple. Àtre un disciple de Jésus-Christ, ce n’est pas juste faire son culte personnel, aller à l’église et servir la communauté chrétienne, c’est aussi vivre la Seigneurie de Jésus-Christ sur tous les domaines de notre vie. Marcher sur les traces de Jésus-Christ nous interpelle dans nos choix de vie, y compris nos choix écologiques.

    En pratique

    Un plan d’action a été mis en place afin de constamment maintenir « vivante » cette dimension de la foi. Par exemple, nous marquons le dimanche du Jour de la Terre, nous prions occasionnellement pour la Création, nos programmes d’été pour les jeunes soulignent la beauté de la nature, nous soutenons des initiatives environnementales, nous utilisons des bacs de recyclage ainsi que de la vaisselle durable, nous achetons du café équitable, nous avons prêté une partie de notre terrain vacant pour permettre la réalisation d’un jardin communautaire…

    « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue manifeste l’œuvre de ses mains. » (Ps 19.3).

    Côte d’Ivoire

    Par Martine Audéoud, professeur de sciences sociales, Faculté de Théologie Évangélique de l’Alliance Chrétienne Abidjan, Côte d’Ivoire et par Bagaman Kassi, physicien et environnementaliste, Société nationale d’électricité de Côte d’Ivoire.

    L’écologie est un thème qui est de plus en plus traité et discuté dans nos pays africains, et aux plus hauts niveaux. Pour les communautés mennonites africaines, le thème n’est pas nouveau. Enracinées dans une tradition qui respecte la terre et la nature en comprenant le mandat que le Créateur a donné à l’humanité dans le premier chapitre de la Genèse, ces communautés ont contribué à maintenir ce mandat par diverses actions sur le terrain depuis des décennies : des puits creusés et maintenus pour offrir une eau saine aux populations congolaises, des projets d’agriculture au Sud-Soudan tenant compte des contraintes climatiques locales, etc. Des projets et initiatives innombrables témoignent de l’engagement mennonite à gérer la terre africaine dans une perspective divine. L’une des initiatives les plus récentes est la formation d’agriculteurs au Centre Songhaï à Porto-Novo (Bénin), une ferme à zéro émission qui forme des agriculteurs à des techniques de l’agriculture biologique, c’està-dire l’agriculture durable1 . Une fois formés, ces agriculteurs pourront développer ces approches pour créer de nouveaux centres agricoles en gérant leur environnement dans une perspective durable.

    Écologie et développement dans une perspective africaine

    Écologie et développement semblent antinomiques, mais l’un ne peut exister sans l’autre. La survie générationnelle a toujours motivé la transformation du milieu : produire pour se nourrir, se vêtir ou se loger modifie notre environnement. L’état du milieu après usage demeure la question qui hante nos sociétés. Autrefois, l’Africain permettait la régénération périodique de la terre ; on parlait alors de jachères. De nos jours, les cultures de contre-saison, les OGM, accompagnés de fertilisants chimiques, empêchent le « repos » de la terre. Développer certes, mais pour quelle écologie ? La communauté internationale (y compris les pays africains) a adopté des conventions internationales visant une écologie durable pour « satisfaire aux besoins actuels des humains, préserver l’avenir et le bien-être des générations futures, et respecter les capacités du milieu écologique. »2 Créée depuis plus de 65 ans, l’organisation mennonite Dix Mille Villages confirme l’à-propos de cette vision : les principes de gestion économique (satisfaction des besoins), environnementale (reconnaissance des limites imposées par les milieux humain et naturel) et éthique coexistent à travers l’équité.3 Les mennonites africains ne sont-ils pas ainsi à l’avant-garde du mouvement écologiste mondial ?

    Notes

    1. Les Églises mennonites de la République démocratique du Congo et du Burkina Faso ont envoyé chacune un étudiant dans ce centre avec l’aide des différentes missions partenaires.
    2. André Beauchamp, Éthique de l’environnement, Montréal, Éditions Paulines, 1993, p. 96
    3. Le principe d’équité se présente comme un principe de réconciliation et d’intégration entre les générations actuelle et future.

    Cet article et le Réseau mennonite francophone…

    Cet article s’inscrit dans le cadre des efforts du Réseau mennonite francophone pour favoriser les relations entre les églises de Suisse, de France, de la République démocratique du Congo, du Burkina Faso, de l’Angola et du Québec.

  • La communauté mennonite en Haïti a aussi été touchée suite au passage de l’ouragan Matthew. Le pasteur Lesly Bertrand nous écrit : Nous avons deux églises dans le sud qui sont complètement détruites et deux autres sur le plateau central et des centaines de maisons de nos membres sont aussi détruites à travers le pays. Deux de nos pasteurs sont aussi sans abri. Nous comptons une fois de plus sur vos prières et votre compréhension !

    Le répertoire mondial de la CMM mentionne plus de 5500 membres dans 58 églises. Lesly fait partie de l’union d’églises de l’Assemblée de la Grâce qui compte 20 églises.

    Deux œuvres mennonites francophones, l’une française, la Caisse de Secours, et l’autre suisse, les Services Missionnaires Mennonites, se joignent à l’appel au don lancé par MCC Haïti.

  • Face à la maladie grave, on entend parfois le témoignage de personnes ayant vécu une guérison. Il est plus rare d’entendre une personne gravement malade parler de son combat contre la maladie et du combat de la foi. Michel Kempf ose décrire son cheminement au coeur de la maladie. Témoignage.

    Quand la maladie grave s’invite dans mon univers bien ordonné, quand l’horizon de mes projets d’avenir se réduit brusquement, toutes mes certitudes sont ébranlées, une foule de questions se bousculent dans mon esprit…

    D’abord, c’est la stupeur et l’incompréhension : on a du mal à réaliser ce qui est en train de se passer ; on s’enferme, on écoute, on cherche désespérément à retrouver ses marques. Puis viennent la révolte et un grand sentiment d’injustice : pourquoi Dieu m’impose-t-il cela à moi ?

    PEURS

    Mes peurs sont aussi très présentes : peur face à la dureté des traitements à venir, peur du silence de ma chambre, peur de flancher dans ma foi face à cette mort soudain si proche ; peur aussi du regard des autres, de n’être plus considéré comme une personne, mais d’être réduit à ma maladie dans l’esprit de l’autre ; peur enfin de ne plus me sentir utile pour ma famille et mon entourage.

    Mon cri s’élève vers Dieu, plus vrai et plus profond qu’il ne l’a jamais été auparavant. En communion avec de nombreuses personnes, je prie pour ma guérison.

    Puis vient le temps des réponses.

    LE COURAGE C MME LA MANNE, AUJOUR LE JOUR

    Je découvre que vaincre la maladie, guérir, ce n’est pas uniquement retrouver ma santé. Pour avoir la foi, il me faut d’abord gagner sur le terrain de mes pensées et de mes sentiments. Il me faut me rappeler que la souffrance, la maladie et la mort sont l’héritage du péché pour tous les hommes. Pourquoi y ferais -je exception ? Je dois aussi me rappeler que le Patron de ma vie tient celle-ci bien en main, malgré les apparences présentes. Dieu connaît notre souffrance, car, par la personne de Jésus-Christ qui a goûté la souffrance la plus cruelle, il sait par où nous passons (Hé 4.15). Cette épreuve qui perdure me fait découvrir que Dieu me donnera finalement le courage nécessaire au jour le jour, comme une manne dans le désert (Ex 16). Cette épreuve me permet d’accepter que Dieu est Dieu et que je dois m’incliner devant sa souveraineté. Pour moi, c’est un réel combat de foi de garder confiance, quelle que soit la réponse qu’il donnera, à la vie ou à la mort. Mais c’est un défi que je veux relever ! On a toujours le choix de la foi. Dieu m’amène à comprendre que, si Jésus a appris l’obéissance ultime par ses souffrances (Hé 5.8), moi aussi je dois me plier à cette discipline.

    ESPERANCE DE LA RESURRECTION

    Discipline de la prière aussi, où je découvre que l’espérance de la résurrection tient une place bien plus importante qu’auparavant dans ma vie. Progressivement, même au fond du trou, dans mes douleurs, je fais l’expérience de cette paix que Dieu seul peut donner (Ph 4.7), où mes peurs s’estompent peu à peu. Quelle beauté aussi de lire ou d’écouter, lus par mon épouse, les psaumes, témoignages des temps de crise du juste !

    Dieu m’accorde des sursis. Et la vie doit continuer…

    POUR QUOI ? POUR QUOI ?

    Face à ma peur de la solitude et d’être enfermé dans ma maladie, malgré ma réticence aux visites et aux appels téléphoniques à cause des fatigues engendrées, je fais le choix d’une correspondance intensive par Internet. Pour dire ma souffrance, pour partager mon parcours, j’ai fait d’office le choix d’oser exprimer ce que je vis comme je le vis. Et que de réponses ! Même si certains m’imposent leurs consolations faciles, leurs solutions prêtes à l’emploi, leurs sentiments et leurs convictions, j’ai vécu avec beaucoup d’autres, avec le personnel soignant aussi, des moments de relation vraie, empreints de ce respect et de cette écoute inconditionnels dont j’avais besoin pour survivre.

    Dieu m’a appris à transformer tous mes « pourquoi » (warum ?), en « pour quoi » (wozu ?). Tout cela a un sens : l’épreuve a enrichi ma vie ; elle m’aide dans mon témoignage ; elle transforme ma relation avec Dieu et avec les autres.

    CHOIX

    Malgré une deuxième rechute de la leucémie qui me laisse partiellement paraplégique depuis quelques mois, Dieu me laisse assez de forces pour me garder combatif, ne pas trop dépendre de mon épouse et avoir encore quelque chose à donner à ma communauté. C’est un nouveau défi ! Dieu sait que j’aurais trop de mal à me dépouiller complètement de mon faire pour ne plus qu’être. Il sait que mon bonheur s’appuie encore bien trop sur mes activités, et il respecte cela. Je veux le suivre dans la paix et la louange de ce qu’il est resté dans ma vie. Même au plus profond de la souffrance, comme le pauvre Job, on a toujours le choix de regarder à Dieu ou à soi-même, d’être heureux ou malheureux, au lieu de se plaindre. C’est ce choix qui constitue la foi.

    MICHEL KEMPF Eglise de la Ruche, Saint-Louis, ancien

    PRESENTATION EN BREF

    Père de quatre enfants de 22 à 27 ans, Michel Kempf, entouré de son épouse Esther, est ancien de l’Eglise de la Ruche à Saint-Louis. Depuis Noël 2013, à l’âge de 52 ans, il se bat contre une leucémie aiguë monocytaire (LAM). Les Noëls suivants, il subira encore deux rechutes. Mais la lutte continue…

  • Réseau mennonite francophone

    Kari Traoré et Fabé Traoré du Burkina Faso n’ont pas pu rendre visite aux Eglises en France en février et mars 2015 sur invitation du Comité de Mission Mennonite Français, suite au refus de visa. A défaut de rencontre, interview de deux traducteurs de la Bible que leur travail a conduits à devenir chrétiens. Propos recueillis par Jean-Paul Pelsy

    Fabé Traoré et Kari Traoré :

    Avant de répondre à vos questions, nous voudrions rendre grâce au Seigneur et exprimer notre gratitude aux frères et sœurs de France pour cette opportunité qui nous avait été offerte d’un séjour parmi eux. Nous avons l’habitude de dire dans notre langue qu’« être frères et sœurs, ce sont d’abord les pieds ». Autrement dit, c’est par les fréquentations, par les visites que nous pouvons manifester et renforcer les liens fraternels.

    Réseau Mennonite Francophone :

    Vous aviez préparé votre voyage en Europe. Qu’est-ce qu’il vous tenait à cœur de partager avec vos frères et sœurs dans les églises ici ? Fabé Traoré et Kari Traoré : Ce voyage en Europe était avant tout un voyage en réponse à l’amour des frères et sœurs de France à notre endroit, et à l’endroit de l’église au Burkina, un amour que le Seigneur Jésus a scellé depuis Golgotha à travers la croix. Après une vingtaine d’années de collaboration derrière le rideau, l’occasion nous était venue cette fois-ci de voir ce collaborateur et ami invisible qui actionnait tant l’œuvre au Burkina. Comme partage, nous avions tout d’abord à cœur de saisir cette occasion pour exprimer notre reconnaissance à l’ensemble des frères et sœurs de France pour leur engagement dans l’accomplissement du mandat missionnaire stipulé dans Matthieu 28.19-20, pour leur contribution à la traduction des Saintes écritures dans notre langue, leur contribution dans nos différents programmes de formation, leur contribution dans les œuvres sociales au Burkina, notamment les banques de céréales et le soutien de personnes en difficultés, les œuvres spirituelles et éducatives telles que le Foyer de l’église mennonite à Ouagadougou, l’école à Colma, la prière, la participation au Conseil de partenariat…

    En plus des remerciements, nous avions aussi à cœur de partager nos joies et peines, aussi bien que nos perspectives.

    Nos joies se résument en l’avancement de l’œuvre au Burkina en général et en particulier à Samogohiri, avec la croissance en nombre des fidèles et leur engagement malgré les difficultés. Cet avancement se voit également dans l’extension à d’autres localités, comme Djamond. Le nombre de baptisés par an en est aussi un indice. La traduction de la Bible également.

    Nos peines sont entre autres le manque de liberté religieuse avec le rejet des femmes par leurs maris et des jeunes par leurs parents lorsqu’ils se tournent vers Christ, la persécution en somme ; l’opposition à l’évangélisation dans certains endroits comme Djamond ; les mouvements spiritistes qui créent la confusion et rendent l’œuvre difficile ; l’état des routes est aussi un facteur contrariant dans les sorties d’évangélisation.

    Nos perspectives visent les secteurs d’activités suivants : traduction intégrale de la Parole de Dieu en dzùùngoo ( langue du district de Samoghohiri), implantation d’églises locales, alphabétisation du peuple dzùùn, implication dans l’éducation, le social, la santé et l’agriculture, projets de développement, couverture du peuple dzùùn et environs au Burkina Faso avec l’évangile, mission au Mali dans la zone duungoophone.

    Réseau Mennonite Francophone :

    Quels sont les défis auxquels les églises mennonites au Burkina Faso doivent faire face ?

    Fabé Traoré et Kari Traoré :

    Comme défis majeurs de l’église mennonite au Burkina, nous avons l’islam et le syncrétisme. Nous sommes dans un contexte socio-culturel défavorable au christianisme. L’islam, religion du milieu, est en cocktail avec la tradition et cela gagne du terrain. Ce qui fait que la lumière brille dans les ténèbres, mais elles voudraient à tout prix l’étouffer, chose impossible !

    Comme autres défis, nous avons :

    • le manque de serviteurs de Dieu pour prendre soin des brebis ;
    • l’analphabétisme qui est un frein à la formation des volontaires et à la lecture de la Parole de Dieu ;
    • le manque de moyens pour la formation et pour la prise en charge des serviteurs de Dieu ;
    • les problèmes de suivi des nouveaux convertis dans les nouvelles localités ;
    • l’acquisition de lieux de culte

    Réseau Mennonite Francophone :

    Qu’est-ce qui vous motive et vous permet de durer dans votre engagement dans la traduction de la Bible et comme responsables d’églises ?

    Fabé Traoré et Kari Traoré :

    Avant tout, nous sommes, nous-mêmes, un fruit de la traduction. C’est elle qui nous a ouvert les yeux pour connaître notre Sauveur. Il n’y a rien de plus intéressant que d’être au quotidien en communication avec Dieu. C’est un aspect très important de la traduction. Notre contact permanent avec les écritures est un contact permanent avec notre Dieu, et cela n’est pas du tout lassant. Nous sommes très édifiés par ce travail. être responsables d’église, c’est aussi dû en partie au bagage spirituel que le Seigneur nous a confié grâce au travail pionnier et aux études. L’église se nourrit des fruits de la traduction et gagner des âmes à Christ est aussi un grand privilège dans ce travail.

    Réseau Mennonite Francophone :

    Quelles étaient vos attentes à l’égard de vos frères et sœurs d’Europe ? Aviez-vous des idées précises à propos de ce que vous souhaitiez expérimenter et apprendre à connaître ? Que souhaitiez-vous visiter ou voir ?

    Fabé Traoré et Kari Traoré :

    En tant que famille en Christ, nous souhaitions découvrir nos différences, nos similitudes et les expériences dans l’accomplissement de l’œuvre. Le calendrier de visite était quelque chose de très alléchant dans ce sens : la découverte des cultes en France, l’organisation des missions et comment elles sont soutenues. La vie des frères et sœurs de France en communauté, leurs stratégies d’évangélisation, leur réaction face à certaines questions d’éthique étaient aussi des attentes. Nous souhaitions visiter les communautés, les œuvres sociales, les familles et les projets de développement.

    Cet article paraît dans le cadre du Réseau mennonite francophone dont le but est de relier les églises mennonites de pays francophones, entre autres par la publication d’articles communs. Coordination : Jean-Paul Pelsy.

  • Réseau mennonite francophone

    A cette question actuelle, et grâce au Réseau mennonite francophone qui favorise les contacts au travers des continents, réponse à deux voix : point de vue québécois et féminin, point de vue burkinabé et masculin…

    Ces petits renards !

    « Qu’on attrape ces renards, ces petites bêtes qui font du dégât dans les vignes, alors que notre vigne est en fleur ! » (Ct 2.15)

    Les renards ravageaient les jardins en Judée. Cette parole est une demande d’écarter tout ce qui pourrait endommager la relation amoureuse (vigne en fleur). De nos jours, l’éducation des enfants, les finances, sont généralement nommées en tête de liste des événements qui mettent un stress important sur la relation. Toutefois, j’aimerais vous parler de « petits renards » plus sournois. Ils se présentent sous la forme de disputes anodines, mais cachent les blessures émotionnelles.

    Lorsque deux conjoints s’unissent pour la vie, ils le font avec un bagage relationnel. L’être humain cherche un(e) conjoint(e) qui répondra à l’image intérieure qu’il s’est créée à partir des relations significatives passées de sa vie (généralement ses parents). Le « coup de foudre » est une espèce de déjà vu où la personne a l’impression de retrouver son morceau manquant.

    Toutefois, si cette relation a la possibilité de devenir un lieu de guérison des blessures émotionnelles, elle est souvent une source de frustrations et de mésententes où les conflits du passé semblent se rejouer constamment entre les conjoints. La personne essaie de réparer inconsciemment ses blessures antérieures. Par exemple, M. et Mme Tévé se disputent sur un sujet anodin : le nombre d’heures passées devant la télévision le soir. Mme Tévé devient très émotive et part en claquant la porte. Que s’est-il passé ? Madame, à partir de son histoire personnelle, tente de se rapprocher d’un père absent et rejetant. Monsieur, à partir de son histoire personnelle essaie de se protéger d’un envahissement d’une mère « contrôlante ». Aucun des conjoints n’a conscience que son passé est en première scène et M. Tévé se demande, en allumant sa télévision, pourquoi sa femme est si émotive !

    James Dobson a enquêté auprès 600 couples. Il leur a demandé ce qu’ils recommanderaient à ceux qui débutent une union. Réponses : 1) un foyer centré sur Christ ; 2) un amour engagé ; et 3) des habiletés de communication.

    Les jeunes couples débutent généralement leur union avec des yeux scintillants d’amour. Toutefois, malgré une estime sincère, un manque d’habileté au niveau de la communication entraîne de nombreuses irritations et mésententes qui, à la longue, peuvent se transformer en blessures profondes difficiles à cicatriser. Les habiletés de communication et d’écoute permettent de créer un lieu propice pour nommer et résoudre les conflits et amener à la guérison les blessures qui s’y cachent.

    Alors, assurez-vous d’être bien équipés pour la chasse aux renards !

    —Maryse Girard, travailleuse sociale et psycho- thérapeute, partenaire au Centre d’aide psychosociale (CAP), Saint-Laurent, Québec


    Causes variées…

    « L’amour rend aveugle, le mariage rend la vue », dit-on. Depuis belle lurette, la problématique du mariage s’avère notoire. Du premier couple jusqu’à nos jours, les problèmes de couples ont toujours été d’actualité. Ils transcendent les barrières temporelles, géographiques, historiques, sociales, spirituelles et culturelles. Le couple chrétien ne fait pas exception. L’interrogation « qu’est-ce qui fragilise aujourd’hui les couples chrétiens » a toute sa portée et nous interpelle par rapport aux raisons qui portent aujourd’hui préjudice à la vie des couples chrétiens en général et au Burkina en particulier.

    Le couple chrétien est celui dont les principes de vie reposent sur le modèle de Christ : le couple à l’image de Christ et son Eglise. Il est un processus : naît par le mariage scellé en Christ, vit, et prend fin par la mort (Rm 7.2).

    Dans le contexte burkinabé, les raisons qui fragilisent aujourd’hui les couples chrétiens sont de diverses natures : des causes cachées ou profondes, des causes apparentes ou évidentes, des causes endogènes et exogènes.

    Les causes cachées sont celles qui sont souvent ignorées avant et pendant le mariage. Parmi ces causes, nous avons la source de motivation du conjoint ou de la conjointe pour le mariage (intérêt matériel ou financier, pression des parents ou des amis, simple goût pour le mariage), les défauts de l’un ou de l’autre, la différence psychologique et culturelle (faiblesse de la femme : 1 Pi 3.7), l’immaturité morale et spirituelle des conjoints… Les causes apparentes sont celles qui sont perçues dans le mariage. Il s’agit des problèmes de communication, les questions financières, les problèmes sexuels, le manque de confiance et de transparence (gestion des biens), l’entretien du foyer, la jalousie, les raisons professionnelles, le poids de la culture (menace de la polygamie, autorité de l’homme)…

    Les causes endogènes et exogènes sont celles qui sont internes et externes : l’univers relationnel du couple à savoir la belle-famille (ingérence : Gn 2.24), les amis (mauvaises compagnies), les enfants s’il y en a (problèmes d’éducation)…

    Beaucoup se marient aujourd’hui parce qu’ils veulent être heureux, mais le bonheur tant espéré a fini par laisser place à la désillusion. Certes, le couple chrétien n’est pas une exception, mais son identité en Christ lui confère un net avantage sur les autres, parce qu’en Christ, c’est le véritable amour, en Christ c’est le véritable pardon (1 Co 13.1-13).

    —Fabé Traore, traducteur de la Bible, secrétaire de l’association des églises évangéliques mennonites du Burkina Faso

  • La Conférence mennonite européenne a été vécue comme un événement mémorable pour le plus grand nombre. Les personnes qui souhaitent revivre les sessions plénières peuvent voir les vidéos sur le site http://cme2018.com en français et en anglais. Ceux qui souhaitent les télécharger sont priés de le faire prochainement, car les vidéos seront retirée d’ici quelques semaines.
    Il y a aussi 576 photos disponible sous : https://flic.kr/ps/3oNAEA

    Le spectacle d’ouverture, qui retrace d’une manière unique 500 ans d’histoire anabaptiste-mennonite, est disponible en DVD. Celui-ci peut être commandé aux adresses suivantes (voir le PDF). Plus de 200 personnes ont participé à la réalisation de cette œuvre qui est utile pour mieux comprendre notre histoire d’une manière attrayante. Le scénario va être disponible prochainement. Contactez maxwiedmer@me.com.