Prayers of gratitude and intercession

  • Il existe de nombreuses ressources en langue française sur l’histoire et la théologie anabaptistes.

    Cliquez ici pour une bibliographie mise à jour par Claude Baecher

    Cliquez ici pour la Bibliothèque numérique anabaptiste

  • – Introduction Max Wiedmer jusqu’à 2’42’’

    – Jonathan jusqu’à 13’32’’

    – Intervention Matthew Krabill jusqu’à 13’56’’

    – Intervention Siaka Traore jusqu’à la fin 16’10”

  • The working group and project “Chant Anabaptiste” (anabaptist singing) began at the MWC Assembly in Asunción, Paraguay, 2009.

    The working group has met twice a year or more since then. It offers a calendar with scripture references for worship and music suggestions and arranges for articles on songs for the French monthly “Christ Seul”.  The website chantanbaptiste.ch site aims to :

    • create a link between people  interested in community singing or personal approach
    • encourage reflection on the place of singing in worship planning
    • Invite reflection on the message a song conveys
    • allow a judicious choice of songs according to the different moments of the liturgical year, the biblical text meditated on, the community or personal situation experienced
    • inform on the organization of music writing and composing workshops
    • participate in the reflection on the creation of a collection of Anabaptist songs in French.

    In this perspective, the working group seeks above all to play a facilitating role.

    https://chantanabaptiste.ch

  • Lorsqu’il était coordinateur des programmes de paix du Comité central mennonite (MCC) en Afrique australe, Mulanda Jimmy Juma a mis en place des formations pour les Églises angolaises. 


    En 2017, une formation est organisée à l’intention des jeunes à travers le Conseil des Églises de Christ en Angola (CICA). Cette année-là, des jeunes gens convergent de toutes les provinces du pays pour apprendre à faire face en tant que chrétiens aux défis de leur société. Le voyage d’une douzaine d’heures depuis la capitale Luanda jusqu’au lieu du séminaire, proche de la frontière avec la Namibie, est effectué en bus. Au cours de ce voyage, on chante des cantiques et on se sent aux anges. 

    L’exemple de Noé 

    Pendant la session, l’enseignement porte sur les qualifications d’un bâtisseur de paix en se basant sur le récit de Noé (Genèse 6-8). La situation en son temps est celle d’un déluge de violences que Dieu doit détruire.  

    La vision de Noé, reçue de Dieu, est de préparer un abri pour sauver un reste du déluge purificateur. Dans ce contexte corrompu, Noé fait exception par son comportement et son courage, qui lui permettent de mener à bien le travail énorme de la construction de l’arche.  

    Ces qualités font l’étoffe d’un bâtisseur de paix, agent de transformation dans sa famille, son Église, son village et la société dans laquelle il vit. Un tel leader devient ainsi, comme dans une case traditionnelle, un pilier essentiel, une église au milieu du village.  

    Il est non seulement visionnaire, mais aussi constructeur de ponts entre les parties en conflit ; il crée un espace de dialogue en cultivant la confiance et permet la guérison de ceux qui sont affectés par les événements traumatiques. 

    Quand le Seigneur prend le contrôle 

    Pendant la formation, je me sens poussé par le Seigneur à introduire une chanson en swahili : Mambo Sawa Sawa, Yesu a Kiwa Enzini, « Tout est bon quand le Seigneur prend le contrôle ».  

    Cette chanson, traduite en portugais, deviendra populaire dans différentes Églises et sera une source de motivation et de ralliement pour les jeunes.  

    Un des participants témoigne : « Les connaissances et expériences partagées par Dr Mulanda (…) m’ont beaucoup inspiré dans mon rôle de coordinateur de la Jeunesse de CICA. J’ai travaillé à créer des centres avec des clubs de paix qui se sont révélés des acteurs importants dans chaque province.  

    À titre d’exemple, celui de Moxico a entrepris avec succès une médiation entre d’anciens combattants rebelles et le gouvernement provincial de la région ; cela a évité un nouveau déchaînement de violence. » 

    Luanda, août 2022 : de jeunes chrétiens de CICA effectuent une mission d’observation électorale / Mulanda J. Juma

    Un rôle actif pour la paix en Angola 

    Lors des élections générales de 2022, les jeunes de CICA organisent une observation électorale, en conviant des représentants d’autres confessions pour assurer des élections libres, démocratiques et transparentes.  

    Une première ! Le président João Manuel Gonçalves Lourenço est réélu pour un deuxième mandat dans le calme et la paix. Je participe à ce processus comme conseiller technique de CICA et formateur des observateurs électoraux. Avec la formation sur la paix et l’observation électorale, les jeunes chrétiens d’Angola sont bien outillés pour continuer à bâtir la paix dans leur Église, leur pays et au-delà. 

    Un travail de formation à poursuivre 

    Le programme de leadership de paix met aussi le doigt sur un manque : l’absence, en Angola, de toute formation au leadership de paix à l’intention des responsables d’Église. Le besoin est pourtant criant dans ce pays marqué par des années de guerre. La complexité vient du fait que la violence et les conflits qui en résultent sont systémiques : ils touchent le fonctionnement même de la société et également celui des Églises. Il faut faire appel à un autre type de raisonnement que pour la résolution de conflits interpersonnels. Il faut apprendre à « relier neuf points par quatre lignes droites » !  

    En d’autres termes, passer par un « remue-méninges » et dépasser les solutions simples en faisant appel à l’intelligence collective pour trouver des solutions. La vision pour CICA d’une telle formation universitaire prend de l’ampleur. Ces jeunes leaders seront ainsi mieux équipés pour faire face aux conséquences de la guerre, être des agents de transformation continue de leur milieu et accompagner le processus démocratique en Angola. 

    Mulanda Jimmy Juma 
    représentant du MCC au Burundi et au Rwanda 


    Angola : le lourd héritage de la guerre 

    L’Angola accède à l’indépendance en 1975, après une longue guerre de décolonisation, mais enchaîne avec 25 années de guerre civile et devient le théâtre de la guerre froide ! Parmi les nombreux migrants angolais, certains rejoignent les Églises mennonites des provinces du sud-ouest du Congo. À la fin de la guerre, ils retournent dans leur pays d’origine et fondent des Églises mennonites, regroupées en un Conseil des Églises mennonites en Angola, le CIMA. 

    Les traumatismes psychologiques vécus par ces mennonites angolais, survivant à presque un demi-siècle de guerre ou d’exil, ont des conséquences jusque dans la société en général, au sein des Églises et entre elles, marquées par la méfiance et un esprit de division. Lors des réunions organisées sous l’égide du MCC, ces traumatismes sont abordés dans la perspective de la guérison progressive des relations. 

    Pour aller plus loin… 

    Mulanda J. Juma retrace son parcours de vie qui l’a amené à devenir artisan de paix avec le MCC dans son autobiographie L’eau du lac était rouge – Un bâtisseur de paix congolais au cœur des guerres, Éditions Mennonites, coll. Les Dossiers de Christ Seul, 1/2023. 

    https://www.editions-mennonites.fr/boutique/dossiers/anabaptisme/histoire-anabaptiste-mennonite/leau-du-lac-etait-rouge-un-batisseur-de-paix-congolais-au-coeur-des-guerres/ 

  • Raphaël Burkhalter travaille depuis février 2023 comme pasteur jeunesse de la Commission de jeunesse mennonite suisse (CJMS). Futur théologien, il aime le bon café et veut soutenir les jeunes mennonites de Suisse dans leur engagement au sein de leur Église. 


    « C’est pour cela que nous nous sommes rencontrés ici », dit Raphaël Burkhalter en souriant et en prenant une gorgée de son flat white. Futur théologien, il est jeune, lit beaucoup, aime skier et apprécie le bon café.  

    Il est donc évident que pour une interview dans sa ville de résidence temporaire, il invite à se rendre dans un endroit où l’on peut certainement en trouver : le TM Café de Fribourg, où le café provenant de régions de culture exotiques est torréfié par leurs soins, préparé et servi dans les règles de l’art.  

    Raphaël a découvert le café pendant ses études de théologie au Hillsong College de Sydney. C’est là qu’il a passé les trois dernières années avec son épouse Maude, avec laquelle il est marié depuis 2017. Début 2023, ils sont revenus en Suisse et depuis février, Raphaël travaille comme pasteur jeunesse à la Commission de la jeunesse mennonite suisse (CJMS). Parallèlement, il prépare avec Maude un master en théologie à l’Université de Fribourg. 

    Un enfant du Jura suisse 

    Raphaël a grandi avec trois frères dans une ferme du Jura suisse, à une quinzaine de minutes en voiture de Moutier. Durant son enfance, sa famille et lui faisaient partie de l’Église évangélique mennonite du Petit-Val. Il aimait aller à l’école du dimanche, au catéchisme, aux camps d’enfants. La chorale chrétienne Chrysalide était également importante pour lui. Il y passait tous ses vendredis soir et y a d’ailleurs rencontré Maude.  

    Et lorsqu’il est allé à l’école secondaire à Moutier, il a aidé à fonder un groupe New Generation. New Generation est un mouvement d’élèves qui partagent l’amour de Dieu à travers différentes actions dans l’école.  

    L’Église et la foi ont donc joué un rôle central dans son enfance et son adolescence.  

    Voulait-il déjà devenir pasteur à l’époque ? « Non. Enfant, je voulais d’abord devenir gardien d’animaux », dit Raphaël. Mais comme il a toujours aimé bricoler avec du bois, il est finalement devenu menuisier. 

    Mise à l’épreuve 

    En tant que menuisier, il s’est rendu en Afrique du Sud en 2016. Dans le cadre de son service civil, il a travaillé pour Timion, un projet qui propose une thérapie aux enfants handicapés et construit des outils pour eux. Son séjour a toutefois été brusquement interrompu : il a frôlé la mort dans un accident de voiture et a perdu une bonne amie qui n’a pas survécu à l’accident. Un coup dur qui a suscité chez lui de grandes questions et des doutes : pourquoi Dieu permet-il une telle chose ?  

    Mais sa foi a résisté au défi et est devenue d’autant plus forte et importante. Et le désir de faire des études de théologie est né. Dès qu’il a été en mesure de travailler, il est retourné en Afrique du Sud pour terminer son service civil. C’était important pour lui. 

    Le choix de la théologie anabaptiste 

    Après son service, il a décidé, avec Maude, d’étudier au Hillsong College. En quoi le temps passé à Sydney l’a-t-il marqué ? « J’ai réalisé à quel point il est important de s’apprécier, de se renforcer et de se soutenir mutuellement. »  

    L’ouverture d’esprit a également été un thème récurrent : le cursus comprenait un aperçu approfondi des différentes dénominations chrétiennes. « Apprendre à les connaître et à apprécier leur valeur m’a beaucoup plu », dit Raphaël. Ce faisant, il a également appris à apprécier à nouveau la valeur de la théologie anabaptiste, qui met l’accent sur la paix et la justice.  

    C’est l’une des raisons pour lesquelles il poursuit maintenant ses études en Suisse. « J’aimerais ainsi contribuer à ce que la voix anabaptiste soit entendue dans le dialogue avec les autres dénominations », dit Raphaël.  

    Pour que tout le monde vous écoute, il est bon de monter un peu dans l’échelle académique. 

    Pasteur jeunesse 

    En plus de ses études, Raphaël travaille depuis février comme pasteur pour les jeunes au sein de la CJMS. Alors que Maude et lui étaient encore à Sydney, on lui a demandé s’il voulait s’engager au sein de la commission jeunesse.  

    « À l’époque, Maude et moi voulions plutôt nous engager pour le royaume de Dieu à l’étranger après nos études », raconte Raphaël. Il a donc refusé.  

    Mais ensuite, ils ont de plus en plus remarqué qu’ils avaient envie de revenir en Suisse. Parallèlement, le désir de Raphaël de continuer à s’occuper de théologie sur le plan professionnel a grandi au cours de ses études.  

    Concrètement, il pensait s’engager auprès des jeunes dans les Églises mennonites francophones (…) Désormais engagé à 50 % dans l’organisation de jeunesse des mennonites suisses, le travail lui plaît bien (…) 

    Raphaël est convaincu qu’il vaut la peine d’investir dans la jeunesse. Car, en fin de compte, ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui feront avancer et progresser les Églises à l’avenir. De son point de vue, le travail de la CJMS vise donc aussi à contribuer au maintien des mennonites en tant que mouvement d’Églises. « Les anabaptistes et leur théologie de la paix sont nécessaires pour la paix dans le monde. » 

    -Simon Rindlisbacher 


    Cet article et le Réseau mennonite francophone  

    Les articles dans le cadre du Réseau mennonite francophone (RMF) peuvent paraître dans Christ Seul (France), Le Lien entre nous (AEFMQ – Québec, Canada), sur le site de la Conférence Mennonite Suisse (www.menno.ch) et sur celui de la Conférence Mennonite Mondiale (www.mwc-cmm.org). 

    Coordination de la publication des articles : Salomé Haldemann 

  • L’Église de la Prairie de Montbéliard (France) a réfléchi il y a 10 ans à une vision d’Église renouvelée qui se décline en trois grands axes : servir Dieu, servir les cherchant Dieu, servir le monde. Dans ce dernier axe, un accent particulier est mis sur les personnes qui vivent dans la solitude et la détresse spirituelle. 

    Un lieu de vie 

    Pour concrétiser cette ouverture voulue sur les gens « du dehors », lors de l’agrandissement de l’église en 2017, un grand hall d’accueil vitré a été aménagé entre l’ancienne chapelle et les salles annexes de l’église. Il a été pensé pour servir de lieu d’accueil également en semaine sous la forme d’un café couplé à une librairie (nourrir le corps et l’esprit vont de pair !). Une église uniquement ouverte le dimanche reste sous-employée. Elle a vocation à être un lieu accueillant et chaleureux, un véritable lieu de vie tout au long de la semaine pour chacun, quels que soient son origine, sa foi, ses doutes, ses questionnements. 

    Photo : Raymonde Klopfenstein

    Les relations et interactions humaines sont fondamentales, et s’il existe un lieu propice et neutre pour partager, c’est bien un café. Le nôtre est un café associatif, c’est-à-dire que le but n’est pas de faire du commerce, les profits sont entièrement réinvestis dans le projet. 

    Un lieu accueillant 

    Le café Prai’lude (comme un prélude à la foi) a pu ouvrir enfin en septembre 2021. Le projet est porté par une poignée de bénévoles et un jeune en service civique, du mardi au vendredi après-midi, avec une nocturne le vendredi soir. On y propose des pâtisseries maison, du café sous toutes ses formes, un grand choix de boissons chaudes ou froides, et des repas salés sur le pouce. 

    L’activité a démarré en douceur, avec des usagers venant surtout des milieux chrétiens au départ, pour finalement toucher davantage de personnes de l’extérieur. Dans ce but sont aussi organisées des soirées musicales. Nous pensions atteindre les étudiants lors des nocturnes du vendredi, mais finalement ce sont des migrants qui participent aux jeux organisés ce soir-là. Ils prolongent leurs cours de français, donnés sur place par des bénévoles le vendredi en fin d’après-midi, par des activités ludiques leur permettant de mettre en pratique ce qu’ils viennent d’apprendre. Comme ils sont souvent logés dans de petits appartements, le café est aussi un lieu de rencontre pour eux en groupe élargi. 

    Témoignages d’usagers 

    « On se sent bien ici, l’atmosphère est paisible, l’accueil est chaleureux. » 

    Photo : Raymonde Klopfenstein

    Un jour, un homme d’un certain âge entre en disant : « Je suis un naufragé de la vie et je viens chercher des réponses. » En a découlé une formidable occasion de témoigner. Il a pu repartir apaisé. Des personnes de l’Église ont pris l’habitude de venir avec leurs collègues de travail et leurs enfants en fin d’après-midi après les cours, profitant ainsi des commodités pour leurs enfants (coin garderie, baby-foot, jeux extérieurs) pendant qu’ils échangent autour d’un café ou d’un thé. Parfois, les usagers repartent avec une des bibles gratuites disposées sur le comptoir à l’entrée, ou une invitation à une balade organisée par le groupe des marcheurs de l’Église. L’un d’eux a accepté une invitation au parcours Alpha (et en est ressorti enthousiaste). D’autres sont très étonnés de trouver un café dans une église et profitent du parking pour s’arrêter et boire un verre. Un couple a pris ses habitudes et vient au moins trois fois par semaine lire le journal et discuter de sujets spirituels. De jeunes migrants viennent aussi quasi quotidiennement pour pratiquer et améliorer leur français. Une lycéenne d’origine musulmane, qui ne trouve pas de réponse dans son environnement, vient discuter de la foi chrétienne qui l’intrigue et l’interpelle. 

    Brassages 

    Le café ouvre également lors de manifestations qui ont lieu à l’église, dont la salle de culte est parfois prêtée pour des concerts ou d’autres occasions. C’est aussi une façon d’avoir des contacts avec nos contemporains qui ne mettraient pas spontanément les pieds dans une église. Et quand le retour est « On ne pensait pas que c’était ainsi, l’Église », on sait qu’on a atteint la cible. Un ami non chrétien qui s’investit dans les cours de français aux migrants, toujours étonné de ce que le café brasse tant de personnes de nationalités différentes, s’est exclamé : « Votre café est “the place to be1 in Montbéliard” ! » 

    —RAYMONDE KLOPFENSTEIN, responsable du café Prai’lude. 


    CET ARTICLE ET LE RÉSEAU MENNONITE FRANCOPHONE 

    Les articles dans le cadre du Réseau mennonite francophone (RMF) peuvent paraître dans Christ Seul (France), Le Lien entre nous (AEFMQ- Québec, Canada), sur le site de la Conférence Mennonite Suisse (www.menno.ch) et sur celui de la Conférence Mennonite Mondiale (www.mwc-cmm.org). 

    Coordination de la publication des articles : Salomé Haldemann 

  • Le Réseau Mennonite Francophone (RMF monde) de la Conférence Mennonite Mondiale ne se réunit officiellement que tous les trois ans. C’est-à-dire lors des réunions des délégués de la CMM.

    En Indonésie, seules 12 personnes étaient présentes à la réunion dont quatre Congolais, les seuls Africains ! Quand on pense que nous étions plus de 80 personnes en 2015 en Pennsylvanie ! Pourquoi si peu ? La réunion s’est pourtant tenue juste avant l’ouverture de la Conférence pour favoriser la rencontre. Mais certains francophones n’étaient pas encore arrivés, d’autres étaient en excursion.

    Que retenir de la rencontre ?

    Il n’est pas évident d’organiser des rencontres en présentiel en Afrique, et même les rencontres en ligne n’ont pas vraiment de succès. La technique fait souvent défaut. En Europe, un groupe d’une quinzaine de personnes se réunit deux fois par an, dont une fois au moins en présentiel. Nous voulons essayer d’inclure en ligne ceux « d’ailleurs » pour un réseautage plus international. Ce point a été discuté lors de la réunion. Les participants congolais ont dit leur volonté de s’investir dans le réseau, en lien avec des mennonites burkinabè contactés après la réunion.


    Compte-rendu de les réunions

  • Le rassemblement de la Conférence Mennonite Mondiale (la CMM) avait pour thème « Suivre Jésus ensemble à travers les frontières ». Le thème en anglais est formulé ainsi : « Following Jesus together across barriers », ce que je traduirais plutôt par « Suivre Jésus ensemble au-delà des barrières ». Ce séjour en Indonésie a été pour toute notre équipe l’occasion, non seulement de traverser des frontières, mais d’aller au-delà de nos propres barrières.

    Une expérience inoubliable

    J’ai participé au voyage organisé par l’association Joie et Vie. Nous étions un groupe composé de trois personnes de Suisse et six de France. En 2021, j’ai eu l’occasion de faire un film de dix minutes sur la relation entre les musulmans et les mennonites d’Indonésie. C’est une équipe locale qui l’a tourné et j’ai pu la rencontrer et visiter certains lieux de ce tournage. Pour moi, une expérience inoubliable ! Paulus Hartono et Danang Kristiawan, qui sont des intervenants dans le film, ont été nos guides avant et après le rassemblement.

    Si je connais un peu l’islam, je ne connais quasiment rien de l’hindouisme, du bouddhisme ou du confucianisme. Or ce sont quatre religions reconnues par l’État Indonésien avec le catholicisme et le protestantisme, dont les 110 000 mennonites font partie. Rappelons que l’Indonésie compte 275 millions d’habitants, dont 87 % sont musulmans et environ 10 % sont chrétiens.

    L’ombre du COVID

    Pour les organisateurs du rassemblement, la pandémie avait depuis longtemps anéanti les espoirs de remplir la méga-église anabaptiste de 12 000 places à Semarang. On estime que 5 % des participants ont eu le Covid et ont dû être confinés plusieurs jours, ce qui les a empêchés de participer en présentiel à certaines rencontres. Heureusement, personne n’est tombé gravement malade. Durant toute la durée du rassemblement, il a été demandé aux participants de porter un masque à tout moment.

    La CMM avait limité le nombre de participants à un millier parce que, comme l’a expliqué Liesa Unger, responsable des événements internationaux de la CMM, « nous ne voyions pas comment suivre toutes les règles gouvernementales pour plus de 1 000 personnes. Notre plus grande crainte était de voir toutes les rencontres annulées par le gouvernement ».

    Une assemblée peu nombreuse mais pleine de joie

    Avec sa devise nationale « L’unité dans la diversité », l’Indonésie s’est avérée un pays hôte idéal pour la 17e assemblée de la CMM. Les anabaptistes de 44 pays se sont retrouvés pour la cérémonie d’ouverture dans le hall aménagé d’un séminaire mennonite, le Sekolah Tinggi Teologi Sangkakala (STT), situé sur le flanc d’une montagne surplombant la ville de Salatiga. Plusieurs prestations artistiques remarquables ont enrichi cette cérémonie, comme un opéra traditionnel de Gamelang, et un temps de louange conduit par un groupe international, puis par le groupe au style décoiffant de la Jakarta Praise Community Church, une Église comptant 18 000 membres.

    Les retransmissions des jours suivants rassemblaient en moyenne 700 personnes au STT et une poignée d’autres participants dans des églises de quatre autres villes. Au total, environ 800 personnes ont suivi les rencontres à distance à travers le monde. Matin et soir avaient lieu des célébrations, qui débutaient par un temps de louange conduit par un groupe de chant international. Les après-midi étaient réservés à des excursions ou des ateliers. Après le rassemblement, notre groupe – auquel se sont ajoutées d’autres personnes – a prolongé le séjour en Indonésie, à la rencontre de mennonites, mais aussi de musulmans, d’hindous et de bouddhistes qui nous ont fait découvrir leurs lieux de culte et leurs coutumes.

    —Max Wiedmer, SMM

    References:

    https://www.editions-mennonites.fr/2022/02/deuxieme-video-de-la-serie-transmission/

    L’Indonésie compte trois unions d’Églises mennonites : GKMI – Église chrétienne de Muria d’Indonésie, GITJ – Église évangélique de Java et JKI – Assemblée chrétienne indonésienne.

  • Émanation du Réseau Mennonite Francophone, le Centre de Formation à la Justice et à la Paix (CFJP) propose une formation anabaptiste francophone en ligne dans les domaines de la paix, de la justice et de la réconciliation.  

    Officiellement hébergé à Université de l’Alliance Chrétienne d’Abidjan (UACA), le CFJP a été lancé en 2017 en lien avec quinze institutions partenaires en Afrique, Europe et Amérique du Nord. Parmi elles, douze sont situées en Afrique subsaharienne.  

    L’ADN du projet CFJP 

    Le CFJP a pour but d’offrir aux responsables chrétiens des possibilités de formation académique et pratique portant sur la justice réparatrice, la transformation des conflits et la consolidation de la paix. Il vise à former des artisans de paix qui servent l’Église au sens large tout en étant enracinés dans la théologie, les valeurs et les perspectives anabaptistes. Ces artisans de la paix se concentreront sur un changement holistique à long terme, profondément ancré dans le shalom divin, qui intègre la transformation personnelle, sociale et systémique. La diversité des contextes ministériels, y compris les questions et les besoins particuliers qu’ils suscitent, nous oblige à proposer des outils, des compétences et une expertise contextualisés à l’Église et aux communautés chrétiennes. Finalement, les artisans de paix seront appelés à développer des partenariats au-delà des lignes confessionnelles, institutionnelles, organisationnelles ou culturelles. 

    Abidjan, février 2022 

    Alors que les tanks de Poutine franchissaient la frontière ukrainienne et tiraient leurs premières balles, une vingtaine de spécialistes de paix et de justice se réunissaient sur le campus de l’Université de l’Alliance Chrétienne d’Abidjan. Le groupe était chargé de concevoir les formations diplômantes d’un master dans les domaines de la justice réparatrice, de la résolution des conflits et des études sur la paix, ainsi que de proposer une première ébauche de ce programme aux écoles et aux institutions théologiques partenaires du consortium CFJP. Les participants venaient du Bénin, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, de France métropolitaine et de Guadeloupe, du Nigeria, de la République Démocratique du Congo, de Suisse et du Tchad. Le groupe était constitué de professeurs et de pasteurs, de missionnaires et de militants, de diplomates et de médiateurs au niveau de la base. 

    Un cursus à construire 

    Le groupe s’est mis au travail autour de tables de conférence, discutant de la nature d’un premier master, identifiant les besoins-clés des membres de nos Églises, définissant les compétences nécessaires pour former des artisans de paix, tout en débattant vigoureusement des cours qui devraient constituer le cursus. Le partage des repas, au cours desquels nous avons eu des échanges personnels et familiaux, a permis de tisser de nouveaux liens et de poser une fondation solide au travail qui est devant nous. Nous avons également partagé les défis auxquels nous faisons face dans nos contextes respectifs ainsi que nos témoignages et parcours spirituels.  

    Les liens se tissent pendant les repas. Photo : Matthew Krabill

    À l’écoute des besoins de l’Église 

     Au cours des échanges, une professeure et doyenne d’université de l’Est de la RDC a évoqué 25 ans de conflit dans sa région et le traumatisme générationnel qui en a résulté à tous les niveaux de la société. Elle a parlé en particulier de la violence à laquelle de nombreuses femmes ont été soumises, mais aussi du rôle indispensable qu’elles ont joué dans la transfiguration et le renouvellement de sa ville. Malgré les nombreuses cicatrices et les traumatismes d’un conflit prolongé, la résilience des femmes a permis à la communauté de vivre une transformation qu’elle n’aurait pas pu connaître autrement. Dans ce contexte, elle nous a implorés de répondre aux besoins de l’Église en fournissant à ses membres des outils et des compétences pratiques pour faire face aux conflits, aux divisions et aux ruptures qu’ils connaissent ; elle a insisté pour que ces compétences soient fondées sur les valeurs bibliques et la réflexion théologique afin que la communauté puisse continuer à guérir et aider les autres à faire de même. 

    Ce témoignage émouvant a permis, avec beaucoup d’autres, de catalyser une prise de conscience des « murs d’hostilité » destructeurs, toxiques et isolants – constituant la distanciation sociale ultime – qui ont été construits dans nos contextes, mais aussi de la puissance du Prince de la paix, qui nous a appelés à être des ambassadeurs de réconciliation.  

    Matthew Krabill 

     

    Pour aller plus loin… 

    www.formation-justice-et-paix.com 

  • Les soirées d’études bibliques ne sont pas toujours fréquentée par des foules… Pourquoi ? Que faire pour les rendre attractives ? Une prise de conscience de l’importance d’étudier ensemble la Bible serait-elle à promouvoir ? Point de vue français et congolais dans le cadre d’articles publiés par le Réseau mennonite francophone sur plusieurs supports (Courrier Congo, Perspective, Christ Seul, Le Lien, site de la Conférence Mennonite Mondiale).

    Point de vue français

    Nous constatons depuis un certain temps que ces soirées d’études bibliques n’attirent plus grand monde. La participation de plus en plus faible et même les critiques concernant ces réunions indiquent que la formule ne correspond peut-être plus aux attentes des uns et des autres.

    Pourquoi cette désaffection et ces critiques ? Les chrétiens ne souhaitent-ils plus recevoir un enseignement biblique en dehors des cultes ? Il est vrai qu’un enseignement « frontal » durant lequel les participants ne sont que des auditeurs ressemble tant aux journées des élèves et des étudiants. C’est également un exercice difficile pour ceux qui ont quitté les bancs de l’école, surtout le soir après une journée chargée ; et puis, notre temps est de plus en plus compté…

    Café biblique

    Alors un jour, notre pasteur nous a proposé de participer à une nouvelle activité : les Cafés bibliques. Rien que l’intitulé m’a interpellée : café = convivial, biblique = étude de la Bible. Il s’agit en fait d’étudier un personnage de la Bible en six séances à raison d’une soirée toutes les deux semaines. La durée de chaque séance est fixée à une heure trente (de 20 h à 21 h 30). Nous nous retrouvons par groupes de cinq à six personnes autour d’une table. Sur chaque table se trouve une thermos d’eau chaude, des tasses et des tisanes.

    Comment ça se passe ?

    Trois prédicateurs se partagent l’apport théologique et la direction de ces soirées (Geneviève Toilliez, Fritz Goldschmidt et Denis Kennel).Après une introduction par la prière, ils nous exposent le contexte, puis nous faisons une lecture à haute voix d’un ou de plusieurs chapitres de la Bible. Cette lecture est interactive, puisque chaque participant est invité librement à prendre le rôle d’un personnage ou du narrateur. A la suite de cette lecture, chaque groupe reçoit une série de questions auxquelles il doit répondre, avec des expressions à relever dans le texte, des comparaisons à faire… pendant environ dix minutes. Nous faisons ensuite un retour collectif noté sur un tableau. Ce temps d’échange est très attractif et nous apporte beaucoup, puisque nous avons un éclairage théologique basé sur des principes d’interprétation anabaptiste (centralité du Christ, différence entre Ancien et Nouveau Testament…) et en même temps, chacun vient avec ses questions, ses incompréhensions, ses façons de voir et de comprendre le texte. C’est ensemble que nous découvrons ce que nous n’avions pas forcément compris en lisant ces mêmes passages tout seul. C’est ensemble également que nous approfondissons nos connaissances bibliques. C’est un temps privilégié de communion et de partage dans la joie et la bonne humeur, avec aussi des moments de franche rigolade !

    Christine Herrgott, Eglise de La Ruche, Saint-Loui

     

    Point de vue congolais

    L’étude biblique est une autre façon de prêcher et d’évangéliser nos communautés.Cependant, dans le contexte africain, la tenue d’études bibliques présente certaines difficultés d’ordre social et d’organisation.

    Difficultés

    1. Le bon horaire qui convient au plus grand nombre. Le manque d’intérêt des participants. Le manque de régularité, car l’étude biblique exige beaucoup de sacrifices par rapport aux autres occupations.

    2. La question du manque d’éclairage pour la tenue des études bibliques en soirée. L’achat d’un groupe électrogène entraînerait beaucoup des frais.

    3. Réaliser la cohésion d’un groupe d’études bibliques du fait que nous provenons de religions traditionnelles différentes et de plusieurs ethnies aux cultures différentes,

    4. Le niveau d’étude différent de chacun. Les plus instruits comprennent plus facilement que ceux qui possèdent un niveau très bas.

    5. L’animateur n’a souvent pas les moyens financiers pour faire face à certains besoins matériels et logistiques.

    Avantages

    Cependant, pour intéresser les personnes, nous essayons de faire comprendre que l’étude biblique présente beaucoup d’avantages pour la compréhension et l’étude de la parole de Dieu. Nous citerons les raisons suivantes.

    1. Les participants peuvent se réunir dans un cadre ou environnement flexible : dans une salle ouverte ou fermée, en plein air, dans une maison ou dans une église.

    2. Par ce moyen, des personnes de différents niveaux d’instruction, ayant des différences linguistiques, ethniques et culturelles peuvent apprendre à partager entre elles et à étudier la Bible ensemble. L’étude biblique donne aussi l’opportunité de discuter dans la langue de son choix.

    3. L’étude biblique offre davantage de temps pour comprendre profondément la Bible. En effet, pendant les prédications, c’est le prédicateur seul qui parle et qui indique les versets à lire. L’étude biblique donne l’opportunité à tout le monde de lire et de poser des questions.

    4. L’étude biblique offre des opportunités aux jeunes, aux adultes et aux personnes de sexe opposé de discuter ensemble. En effet, chaque âge, sexe et profession a ses expériences, lacunes et compétences. Par l’échange d’idées jailli la lumière. L’étude biblique devient ainsi un moyen pour grandir spirituellement.

    5. Par l’étude des histoires de l’Ancien et du Nouveau Testament, elle nous aide aussi à mieux connaître la Bible en général, depuis la création de l’univers. C’est aussi l’occasion d’apprendre comment s’est constituée la Bible elle-même et de faire connaissance avec l’expérience de nos pères spirituels.

    Pascal Tshisola Kulungu, Communauté des Eglises des Frères mennonites au Congo, Kinshasa
  • Doit-on bénir ou maudire le travail ?  

    Cet article est né d’une réflexion relative à l’article 16 « Le travail, le repos et le jour du Seigneur » de la confession de foi de la Conférence canadienne des Églises des Frères mennonites.  

    Notre vécu au travail se situe généralement entre deux pôles : une grande satisfaction et un sentiment d’accomplissement, ou un rejet avec le désir de tout laisser tomber et de s’en échapper. Le travail devient alors une source de stress qui nuit à notre bien-être. Et cette situation peut être aggravée par les contraintes engendrées par la pandémie alors que nous devons assurer notre existence.  

    Le constat  

    Dans la société humaine, le travail revêt une importance capitale. Il nous garde de l’oisiveté, de l’isolement et il nous met à l’abri de la pauvreté grâce au revenu qu’il procure. Il nous donne un sens de réalisation personnelle et communautaire. Il n’est donc pas étonnant que travailler soit devenu la norme de notre société.  

    Cependant, le travail ne se borne pas, comme l’affirme Voltaire, à éloigner de nous l’ennui, le vice et le besoin. Il peut dans certains cas générer des aspects négatifs comme la course aux salaires élevés ou l’exploitation des uns par d’autres. De plus, on ne choisit pas toujours son travail, et il n’est pas rare qu’on en ressente un total désintérêt qui peut être aggravé par le caractère pénible ou simplement répétitif de ce dernier. Et que dire des comportements inadéquats au travail : harcèlement, manipulation, relations exécrables, querelles ou jalousie ! Enfin, les notions d’efficacité, de productivité et de rentabilité sont si prisées aujourd’hui que le travail peut conduire à l’épuisement professionnel ou burn out, et même au suicide. Bref, le travail qui devrait être une source de satisfaction semble ne pas toujours tenir ses promesses. Dans ces conditions, comment comme chrétiens, pouvons-nous contrer les désagréments ? Existe-t-il une spiritualité du travail ? Quelle est l’intention de Dieu pour le travail afin que nous puissions nous y conformer ?  

    Travail et spiritualité  

    Il est de coutume dans les milieux chrétiens de séparer travail et spiritualité, et de voir les moments de travail comme des moments d’activité séculière de bien moindre importance que le temps passé dans les pratiques spirituelles. Cette dichotomie n’a pas lieu d’être. Les Écritures enseignent qu’il y a une imbrication entre le travail et le spirituel. Dans Genèse 1, Dieu transforme un monde désordonné, vide et informe en une terre où émerge la lumière, les eaux et une multitude de créatures vivantes. Ainsi, le travail relève de la nature même de Dieu, et va de pair avec la révélation de ce que Dieu est. Du récit de la création, nous apprenons que le travail se fait par étapes, qu’il doit être évalué à chaque stade, que son produit final doit être entretenu et qu’il nécessite du repos.  

    Dieu a créé l’humain à son image et lui confie un monde à maîtriser et un jardin à entretenir. L’humain peut à son tour « créer » ce qui n’existait pas auparavant. Le travail s’inscrit dans sa nature humaine et à ce titre, il en tire joie et intimité avec son Créateur quand il travaille en relation avec lui. La relation avec Dieu est en fait la clé de voûte de l’existence humaine. À travers elle, l’humain réalise pleinement que sa valeur procède de son Créateur de qui il détient son existence. Il est aimé de Dieu et destiné à manifester sa gloire (Es 43.6-7).  

    Après que les relations entre Dieu et l’humain se sont brouillées, la situation a nettement changé. Le travail a dévié de son but originel. Il reste jusqu’à un certain degré une source d’accomplissement, mais il devient plus pénible et surtout indispensable à la survie de l’humain comme nous le rappelle Pr 6.10- 11. Mais plus encore, l’homme séparé de Dieu se tourne vers d’autres expédients pour se valoriser, et le travail en est un… avec parfois les travers que nous avons évoqués plus haut !  

    Que faire donc ?  

    Ce n’est qu’en Dieu que le travail reprend son vrai sens. En même temps qu’il s’inscrit dans le fonctionnement humain défini dès les origines par Dieu, il sert aussi à manifester son règne et à l’étendre à l’endroit où Il nous place. Bien faire son travail, dans une attitude de respect et de bienveillance envers les autres, permet de refléter le caractère divin. Il est possible de se retrouver dans un contexte de travail difficile, et qui ne s’améliore guère malgré nos bonnes dispositions et notre bonne volonté. Il devient alors crucial pour recevoir réconfort et instructions, de se tourner vers Dieu qui nous donnera sa paix dans la situation, ou nous conduira vers un autre emploi. Quoi qu’il en soit, c’est sur lui que nous devons avant tout compter pour toute chose. Le livre de l’Ecclésiaste nous rappelle la vanité de nos titres, de nos talents ou de nos réalisations. Dieu demeure celui qui pourvoit à nos besoins et de qui nous tirons la vie, le mouvement et l’être. Et notre ultime objectif est d’œuvrer non pour ce qui périt, mais pour ce qui est éternel (Jean 6.27). 

    —JEAN BIERI, professeur associé de l’Université Laval et chargé de cours à l’École de Théologie Évangélique du Québec (ETEQ) 


    CET ARTICLE ET LE RÉSEAU MENNONITE FRANCOPHONE
    Cet article est publié dans le cadre du Réseau mennonite francophone (RMF) et paraît aussi dans Le Lien entre nous (Québec), sur le site de la Conférence Mennonite Suisse (www.menno.ch) et sur celui de la Conférence Mennonite Mondiale (www.mwc-cmm.org).
    Coordination de la publication des articles : Jean Paul Pelsy.
  • Des étudiants burkinabè écrivent l’histoire de l’Église africaine  

    Un étudiant burkinabè regrette que l’Église d’Afrique soit « comme une pirogue qui part sans laisser de trace ». Anicka Fast s’est engagée à changer cette réalité, en enseignant aux étudiants de l’Université chrétienne Logos de Ouagadougou à collecter l’histoire orale et à rédiger des biographies de chrétiens africains.  

    Durant l’année universitaire 2020-2021, une classe de 34 étudiants de dix familles d’Églises différentes a étudié le christianisme en Afrique. En tant qu’enseignante, je voulais qu’ils prennent conscience du rôle central des chrétiens africains dans la propagation de l’Évangile en Afrique. En même temps, je voulais qu’ils reconnaissent leur propre rôle potentiel dans la préservation des récits de cette activité missionnaire.  

    Chrétiens d’Afrique 

    Pour intégrer ces deux objectifs, j’ai organisé le cours autour de biographies. Nous avons exploré des thèmes historiques clés – le colonialisme, les mouvements d’Églises indépendantes, la persécution et les initiatives missionnaires africaines – à travers le prisme de récits de vie de chrétiens africains. Les étudiants ont été fascinés par les royaumes perdus de la Nubie et les statistiques choquantes de la traite des esclaves. Ils ont saisi l’importance de prophètes comme Kimpa Vita et William Wade Harris qui ont ancré le christianisme dans les cultures et les contextes africains. Leurs épaules se sont affaissées lorsqu’ils ont découvert la trahison de l’évêque nigérian Samuel Ajayi Crowther par ses jeunes collègues blancs. Et chacun s’est outillé, à travers des exercices pratiques, pour écrire sa propre biographie d’un chrétien burkinabè.  

    Retour aux sources 

    Le dernier jour, j’ai demandé aux étudiants ce qu’ils retiendraient de ce cours. Leurs réactions ont été fortes et ont suscité la réflexion. Plusieurs étudiants ont été étonnés d’apprendre que l’Église en Afrique était présente bien avant l’arrivée des puissances coloniales. Ils ont considéré que cela changeait la donne. Zongo Sibiri Samuel, l’un des étudiants les plus anciens, a commenté le fait que de nombreuses contributions importantes des chrétiens africains à l’Église en Afrique restent inconnues et non documentées. Il a déploré que l’Église africaine soit « comme une pirogue qui part sans laisser de trace ». En même temps, lui et d’autres ont exprimé leur sentiment que, malgré les difficultés persistantes d’accès aux sources et aux récits, ils avaient maintenant « des outils pour écrire l’histoire ».  

    Un mouvement qui se poursuit 

    Je suis enthousiaste à l’idée de travailler aux côtés de ces historiens africains. Mais je suis aussi frappée par les barrières persistantes qui font que certaines histoires ont encore bien plus de poids que d’autres. Je suis reconnaissante d’avoir l’occasion d’être en Afrique et de participer au mouvement missionnaire qui fleurit sur ce continent depuis les temps anciens : un mouvement diversifié, fidèle, et inspiré par l’Esprit.  

    Anicka Fast, ouvrière pour le Mennonite Mission Network (MMN) et le Comité central mennonite (MCC) 


    Tiéba Traoré, entouré de sa famille, vers 1985 (au moment de son baptême ou peu avant), à Kotoura.  Photo: Anne Garber Kompaoré 

    Tiéba Traoré (1958-1994), évangéliste et leader d’Église 

    Tiéba Traoré a joué un rôle-clé dans le développement des communautés mennonites au Burkina Faso. Sa biographie, rédigée par un étudiant, permet de (re)découvrir cette figure trop méconnue de l’Église africaine. Extraits.  

    Tiéba Traoré est né en 1958 à Kotoura, à l’ouest du Burkina Faso. En 1982, deux missionnaires de l’Africa Inter-Mennonite Mission (AIMM), Anne Garber et Gail Wiebe, sont arrivées à Kotoura. Tiéba leur a servi de traducteur senoufo-français. Curieux au sujet de Dieu, il était content d’entendre la bonne nouvelle. Lors d’une campagne d’évangélisation en 1983 avec un évangéliste venu de la Côte d’Ivoire, il fut le premier à donner sa vie à Jésus. Sa première femme Mariam décida de se convertir aussi. En 1985, Tiéba et quatre autres personnes furent les premiers chrétiens à être baptisés parmi le peuple sénoufo.  

    Après son baptême, Tiéba vivait une vie pieuse et annonçait la Parole de Dieu. Un jour, quand un renommé voleur a volé son mil, Tiéba alla lui donner encore plus de mil au lieu de lui faire du mal. (…) Les chrétiens des trois villages – Kotoura, Kangala et Sayaga – se sont mis ensemble pour aller évangéliser au village voisin de Sokouraba. Tiéba et deux autres frères chrétiens, Larito et Joël Traoré, visitèrent régulièrement les nouveaux convertis et collaborèrent avec les Assemblées de Dieu dans les campagnes d’évangélisation.  

    Tiéba décéda d’une méningite le 22 février 1994 à l’âge de 36 ans. (…) Mais Dieu veilla sur son Église pour qu’elle ne meure pas. L’Église de Kotoura, l’une des premières assemblées de l’Église évangélique mennonite du Burkina Faso, a continué à se développer, d’abord sous la direction des anciens, puis des pasteurs Mamadou Traoré et Daouda Traoré. Elle est un héritage de la vie et du témoignage de Tiéba Traoré.  

    Josué Coulibaly 


    Pour aller plus loin… 

    Le site du DIBICA compte presque 3000 biographies, dont environ 500 en français. Pour lire la version intégrale de la biographie de Tiéba Traoré et celle d’autres chrétiens burkinabè, écrites par les étudiants à Logos, voir : www.dacb.org/fr/sort/stories/burkina-faso