A cafe in a church?

L’Église de la Prairie de Montbéliard (France) a réfléchi il y a 10 ans à une vision d’Église renouvelée qui se décline en trois grands axes : servir Dieu, servir les cherchant Dieu, servir le monde. Dans ce dernier axe, un accent particulier est mis sur les personnes qui vivent dans la solitude et la détresse spirituelle. 

Un lieu de vie 

Pour concrétiser cette ouverture voulue sur les gens « du dehors », lors de l’agrandissement de l’église en 2017, un grand hall d’accueil vitré a été aménagé entre l’ancienne chapelle et les salles annexes de l’église. Il a été pensé pour servir de lieu d’accueil également en semaine sous la forme d’un café couplé à une librairie (nourrir le corps et l’esprit vont de pair !). Une église uniquement ouverte le dimanche reste sous-employée. Elle a vocation à être un lieu accueillant et chaleureux, un véritable lieu de vie tout au long de la semaine pour chacun, quels que soient son origine, sa foi, ses doutes, ses questionnements. 

Photo : Raymonde Klopfenstein

Les relations et interactions humaines sont fondamentales, et s’il existe un lieu propice et neutre pour partager, c’est bien un café. Le nôtre est un café associatif, c’est-à-dire que le but n’est pas de faire du commerce, les profits sont entièrement réinvestis dans le projet. 

Un lieu accueillant 

Le café Prai’lude (comme un prélude à la foi) a pu ouvrir enfin en septembre 2021. Le projet est porté par une poignée de bénévoles et un jeune en service civique, du mardi au vendredi après-midi, avec une nocturne le vendredi soir. On y propose des pâtisseries maison, du café sous toutes ses formes, un grand choix de boissons chaudes ou froides, et des repas salés sur le pouce. 

L’activité a démarré en douceur, avec des usagers venant surtout des milieux chrétiens au départ, pour finalement toucher davantage de personnes de l’extérieur. Dans ce but sont aussi organisées des soirées musicales. Nous pensions atteindre les étudiants lors des nocturnes du vendredi, mais finalement ce sont des migrants qui participent aux jeux organisés ce soir-là. Ils prolongent leurs cours de français, donnés sur place par des bénévoles le vendredi en fin d’après-midi, par des activités ludiques leur permettant de mettre en pratique ce qu’ils viennent d’apprendre. Comme ils sont souvent logés dans de petits appartements, le café est aussi un lieu de rencontre pour eux en groupe élargi. 

Témoignages d’usagers 

« On se sent bien ici, l’atmosphère est paisible, l’accueil est chaleureux. » 

Photo : Raymonde Klopfenstein

Un jour, un homme d’un certain âge entre en disant : « Je suis un naufragé de la vie et je viens chercher des réponses. » En a découlé une formidable occasion de témoigner. Il a pu repartir apaisé. Des personnes de l’Église ont pris l’habitude de venir avec leurs collègues de travail et leurs enfants en fin d’après-midi après les cours, profitant ainsi des commodités pour leurs enfants (coin garderie, baby-foot, jeux extérieurs) pendant qu’ils échangent autour d’un café ou d’un thé. Parfois, les usagers repartent avec une des bibles gratuites disposées sur le comptoir à l’entrée, ou une invitation à une balade organisée par le groupe des marcheurs de l’Église. L’un d’eux a accepté une invitation au parcours Alpha (et en est ressorti enthousiaste). D’autres sont très étonnés de trouver un café dans une église et profitent du parking pour s’arrêter et boire un verre. Un couple a pris ses habitudes et vient au moins trois fois par semaine lire le journal et discuter de sujets spirituels. De jeunes migrants viennent aussi quasi quotidiennement pour pratiquer et améliorer leur français. Une lycéenne d’origine musulmane, qui ne trouve pas de réponse dans son environnement, vient discuter de la foi chrétienne qui l’intrigue et l’interpelle. 

Brassages 

Le café ouvre également lors de manifestations qui ont lieu à l’église, dont la salle de culte est parfois prêtée pour des concerts ou d’autres occasions. C’est aussi une façon d’avoir des contacts avec nos contemporains qui ne mettraient pas spontanément les pieds dans une église. Et quand le retour est « On ne pensait pas que c’était ainsi, l’Église », on sait qu’on a atteint la cible. Un ami non chrétien qui s’investit dans les cours de français aux migrants, toujours étonné de ce que le café brasse tant de personnes de nationalités différentes, s’est exclamé : « Votre café est "the place to be1 in Montbéliard" ! » 

—RAYMONDE KLOPFENSTEIN, responsable du café Prai’lude. 


CET ARTICLE ET LE RÉSEAU MENNONITE FRANCOPHONE 

Les articles dans le cadre du Réseau mennonite francophone (RMF) peuvent paraître dans Christ Seul (France), Le Lien entre nous (AEFMQ- Québec, Canada), sur le site de la Conférence Mennonite Suisse (www.menno.ch) et sur celui de la Conférence Mennonite Mondiale (www.mwc-cmm.org). 

Coordination de la publication des articles : Salomé Haldemann