Dans toute la ville, remplie d’anabaptistes, les cloches ont retenti ! Environ 3 500 personnes, voire plus, ont envahi les rues de la vieille ville de Zurich le jour de l’Ascension, le 29 mai 2025, pour commémorer le 500e anniversaire de l’anabaptisme.
« Aujourd’hui, nous, mennonites de Suisse, sommes une petite communauté », dirent Gladys Geiser et Lukas Amstutz, coprésidents de la Konferenz der Mennoniten der Schweiz, en ouvrant le culte. La ville hôte est le lieu des premiers baptêmes d’adultes connus du mouvement anabaptiste. « Mais, comme nous pouvons le voir lors de ce culte, nous faisons partie d’un mouvement qui est devenu diversifié et international. »
Une célébration de la réconciliation
Toutes les nations réunies
Depuis ses débuts avec quelques croyants courageux en Europe, la Conférence Mennonite Mondiale compte désormais 111 unions d’églises dans 61 pays à travers le monde (après la réunion du Comité Exécutif qui s’est tenue quelques jours plus tôt en Allemagne).
« Aujourd’hui, nous pouvons tous nous rassembler ici : toutes les nations, comme il est écrit dans la Parole – toutes les nations, toutes les tribus, toutes les langues.
Seul le Seigneur peut faire cela », dit Jean-Claude Ambeke, un Frère mennonite angolais vivant en France.
Les nuages du matin ont laissé place à une journée ensoleillée, idéale pour se promener dans les rues historiques, remplir les salles de conférence ou écouter les chorales. L’Église réformée a même fourni un vendeur ambulant qui distribuait des glaces.
Les participants ont pu se dégourdir les jambes en participant à une visite guidée à pied ou en faisant des jeux de rôles ‘sur le chemin de l’histoire’, tandis que plus d’une douzaine d’ateliers présentaient diverses perspectives sur l’anabaptisme : témoignages, aperçus historiques et questions d’actualité. En outre, la théologienne et journaliste suisse Judith Wipfler a animé une table ronde avec des responsables anabaptistes vivant dans des zones connaissant de grandes difficultés et des conflits, sur le thème ‘Un monde en feu’.
Cinq chorales de différentes parties du monde ont donné un concert en intérieur et en extérieur et se sont jointes à une chorale imposante pour le culte. Elles ont interprété des chants préférés de l’Assemblée, tels que « Ewe Thina » et « Kirisuto no heiwa ga ». Un nouveau chant a été présenté par Songs of Peace, dont le refrain est « Nous voulons la justice, nous voulons la paix ! ».
Une église importante
Les files d’attente pour le culte de clôture ont commencé en milieu d’après-midi. La Grossmünster, qui compte 1 200 places, était pleine à craquer, tout comme les salles annexes (Predigerkirche 350, Friedenskiche 250, FEG 100 et Helferei 130, ajoutée à la dernière minute) — et des centaines de personnes sont restées dehors, assises sur la place ou dispersées dans les cafés, regardant le service sur leur téléphone portable.
Pendant ce temps, partout dans le monde, des milliers de personnes se sont connectées en ligne chez eux ou se sont réunies dans des églises, des bureaux ou des musées.
Avec la présence de représentants de 13 communions mondiales et de trois organisations œcuméniques multilatérales en tant qu’invités d’honneur, le culte n’était pas seulement consacré à l’anabaptisme, mais aussi à une nouvelle étape sur le chemin de la réconciliation.
Un cheminement vers la réconciliation
« Nous avons tous hérité d’un lourd passé marqué par les divisions de la Réforme. Nous savons que des différences théologiques et pratiques subsistent, mais nous nous réjouissons du cheminement vers la réconciliation que nous avons parcouru ensemble », a déclaré Janet Plenert lors de la liturgie.
Le service a réuni des responsables de la Fédération luthérienne mondiale et de la Communion mondiale des Églises réformées ; le cardinal Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens a apporté un message du pape Léon XIV. « Je vous assure de ma prière pour que nos relations fraternelles s’approfondissent et grandissent. », a lu le cardinal.
Alors que John D. Roth, de la CMM, et Hanns Lessing, de la CMER, ont confessé le ‘témoignage commun de l’unité de l’Église’ de leurs communautés, les secrétaires généraux César García et Setri Nyomi se sont lavé mutuellement les pieds « en signe tangible de notre engagement en faveur de la réconciliation », dit J. Nelson Kraybill.
Une autre expression concrète de soutien a été la mise à disposition gratuite des bâtiments de l’Église réformée, y compris l’emblématique Grossmünster.
« Se retrouver dans la Grossmünster 500 ans après la division, désormais en tant que ‘famille réconciliée’, est un moment fort dans notre mémoire collective qui, je l’espère, changera la façon dont la prochaine génération racontera notre histoire », a dit John D. Roth.
La rencontre, délibérément placée sous le signe de la commémoration, s’est ainsi terminée dans une ambiance festive. Des chœurs venus de cinq régions ont formé un tunnel de chants à la sortie de l’église, sur la place, et les invités ont pris congé en chantant « Siyahamba » (Nous marchons dans la lumière de Dieu).
Une célébration de la réconciliation
- Prière d’ouverture : Prière d’invocation
- Perturbation : Des enfants de Dieu
- Sermon : Le courage d’aimer
- Liturgie de réconciliation : Notre chemin vers la réconciliation
- Une litanie pour la guérison des nations
- Le courage d’aimer dans un monde perturbé
Prière d’ouverture : Prière d’invocation
Unissons nos cœurs dans la prière.
Dieu de compassion, dans un monde divisé par le nationalisme, les conflits religieux, la xénophobie et la guerre, tu nous as réunis aujourd’hui pour former un peuple issu de nombreuses nations, parlant multiples langues et membres de différentes Églises.
C’est par ta grâce, ô Dieu, que nous pouvons nous retrouver dans l’amour. Merci pour l’hospitalité extraordinaire dont ont fait preuve la ville de Zurich et les Églises réformées de Suisse envers les anabaptistes. Bénis cette généreuse bonté !
Merci pour le témoignage de tous ceux présents ici aujourd’hui et qui connaissent et expriment ton amour réconciliateur. Même si l’Église mondiale est parfois divisée, tu nous appelles à vivre comme des frères et sœurs en Christ. Donne-nous le courage de nous aimer les uns les autres et d’aimer « l’autre », quel qu’il soit.
Répands ton Esprit Saint sur nous aujourd’hui afin que ta guérison et ton amour puissent se répandre à travers nous vers le monde. Fais de nous, et des Églises que nous représentons, « une nouvelle humanité » unie dans l’amour, « afin que le monde sache » que notre espérance est en Christ, au nom duquel nous prions.
Amen.


Perturbation : Des enfants de Dieu
L’église troublée par des enfants de Dieu
Officiant : Enfants de Dieu, nous nous retrouvons ensemble à Zurich, une ville historique, berceau d’un mouvement de renouveau du XVIe siècle dirigé par Ulrich Zwingli, et lieu de naissance de ce mouvement qu’on appelle aujourd’hui l’anabaptisme.
[Des centaines de petits tracts contenant des messages tombent du balcon sur les personnes assises dans les bancs et sur l’estrade. Trois manifestants en costume d’époque se lèvent et s’écrient.]
1er manifestant/e : Mais qu’est-ce que c’est que cette église ?! Qui appartient vraiment au corps du Christ ? Les Écritures appellent les disciples de Jésus à se séparer de ceux qui ne mènent pas une vie pure !
2e manifestant/e : D’exclure ceux qui ne baptisent pas uniquement sur confession de foi !
3e manifestant/e : D’exclure ceux qui détiennent l’autorité et qui ne laissent pas nos assemblées vivre tranquilles et en paix !
Officiant : Vous perturbez un culte ! Qui êtes-vous ? Pourquoi faites-vous cela ?
1er manifestant/e : Nous sommes vos ancêtres anabaptistes. Le Christ est notre autorité. Lui aussi a perturbé l’ordre établi !
2e manifestant/e : Nous avons étudié la Parole. Dieu nous a donné une vision !
1er manifestant/e : Écoutez-nous !
3e manifestant/e : Le royaume de Dieu est proche !
1er manifestant/e : Heureux ceux qui ont faim et soif de justice !
3e manifestant/e : Aux riches, nous disons : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ! »
2e manifestant/e : Aux puissants nous disons : « La guerre est contraire à la volonté de Dieu ». Nous obéissons à Dieu et non aux autorités humaines !
3e manifestant/e : Le Christ est avec ceux qui n’ont personne pour les aider — avec les réfugiés, les victimes de la violence, ceux qui sont emprisonnés pour leur foi et leur identité.
Officiant : Attendez… s’il vous plait ! Écoutez la parole du Seigneur, telle que l’apôtre Paul l’a proclamée.
N’ayez pas de prétentions au-delà de ce qui est raisonnable. Chacun selon la mesure de foi que Dieu lui a donnée en partage. Nous avons plusieurs membres en un seul corps et ces membres n’ont pas tous la même fonction. … Que l’amour fraternel vous lie d’une mutuelle affection ; rivalisez d’estime réciproque.
Repentance et lamentation
Officiant : L’assemblée vous a écouté. Le cœur tremblant, nous partageons votre espoir et nous partageons vos plaintes. Tous ceux qui sont ici réunis aujourd’hui souhaitent ressembler davantage à Jésus. Nous avons tous péché et sommes privés de la gloire de Dieu. Prions pour la grâce de confesser nos péchés et de mener une vie sainte.
1er manifestant/e : Merci de nous avoir écoutés.
Officiant : Les eaux du baptême nous ont divisés.
[versant de l’eau]
Mais ceux qui boivent à la source salvatrice de Jésus n’auront plus jamais soif. Purifie-nous, Saint-Esprit, rafraîchis-nous avec l’eau de la vie éternelle.
Officiant : Nous ne croyons pas que Jésus soit mort en vain. Nous ne croyons pas que ceux qui ont souffert pour leur foi à travers les âges l’aient fait en vain.
2e manifestant/e : Oui ! Nous avions besoin de vous l’entendre dire.
Officiant : Prions. Dieu tout-puissant, nous venons devant toi non pas par notre propre justice, mais grâce à ta grande miséricorde.
1er manifestant/e : Pardonne-nous l’arrogance de penser que nous pourrions être parfaits et sans péché.
2e manifestant/e : Que nous vivions dans des communautés à l’écart du monde ou au milieu du monde, pardonne-nous d’être aveugles aux besoins de nos prochains.
3e manifestant/e : Pardonne-nous toutes les fois où nous n’avons pas « pratiqué la justice et aimé la miséricorde ».
1er manifestant/e : Pardonne-nous notre silence… de ne pas avoir su « rendre raison de l’espérance qui est en nous ».
2e manifestant/e : Pardonne-nous d’avoir refusé de travailler avec des personnes différentes de nous, même lorsque le besoin était grand.
3e manifestant/e : Pardonne-nous d’avoir méprisé d’autres églises et d’avoir manqué des occasions d’apprendre d’elles et de collaborer avec elles. Merci pour ces communautés de foi qui nous ont ouvert leur cœur et qui marchent avec nous sur le chemin de Jésus.
Officiant : Reçois nos prières, ô Père, au nom de Jésus-Christ, par la puissance du Saint-Esprit.
Ensemble, unissons-nous dans la prière que le Christ a prononcée… chacun dans sa propre langue.
« Notre Père… »
Annonce du pardon
Officiant : Le Christ lui-même a dit : « Tes péchés sont pardonnés. Va et ne pèche plus ». Nous sommes pardonnés, aimés et libres. Amen.
Lisa Carr-Pries (Canada), vice-présidente de la CMM, et Danisa Ndlovu (Zimbabwe), ancien président de la CMM, ont dirigé cette liturgie. Ebenezer Mondez (Philippines), James Jakob Fehr (Allemagne) et Ulrike Schmutz (Suisse) ont joué le rôle des manifestants.
Sermon : Le courage d’aimer
Le courage d’aimer
Liturgie de réconciliation : Notre chemin vers la réconciliation
Voici [ci-dessous] les paroles que les responsables des différentes communions ont prononcé. Lorsque les représentants luthériens et mennonites ont pris la parole, ils ont tracé une croix sur le front de leur interlocuteur. Lorsque les représentants réformés et mennonites ont pris la parole, les secrétaires généraux se sont lavé les pieds mutuellement.
Représentants
Représentants de la Conférence Mennonite Mondiale
- Anne-Cathy Graber, secrétaire aux relations œcuméniques
- J. Nelson Kraybill, ancien président
- Janet Plenert, ancienne vice-présidente, actuelle coordinatrice des représentants régionaux
- John D. Roth, président du comité de planification de Renouveau
- Larry Miller, ancien secrétaire general
Représentant de l’Église catholique
- Cardinal Kurt Koch, Préfet, Dicastère pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens
Représentant de la Fédération luthérienne mondiale
- Pasteure Anne Burghardt, secrétaire générale
Représentants de la Communion mondiale d’Églises réformées
- Pasteur Hanns Lessing, secrétaire exécutif pour la communion et la théologie
- Pasteur Dr Setri Nyomi, secrétaire général intérimaire
Les mennonites
Aujourd’hui, lors de notre culte [des membres de la] Conférence Mennonite Mondiale, ainsi que des représentants d’autres traditions anabaptistes et des Églises libres, se sont réunis aux côtés de représentants de l’Église catholique romaine, de la Fédération luthérienne mondiale et de la Communion mondiale d’Églises réformées pour rendre un témoignage commun.
Nous héritons tous d’un lourd passé marqué par les divisions issues de la Réforme. Nous savons que des différences théologiques et pratiques subsistent, mais nous nous réjouissons du cheminement vers la réconciliation que nous avons parcouru ensemble.
En 2003, catholiques et mennonites ont conclu un dialogue de cinq ans intitulé ‘Appelés ensemble à faire Œuvre de Paix’, qui partait du constat commun que ‘l’allégeance au Christ comme Seigneur prime sur les exigences de l’État’.
Plus récemment, la participation des catholiques et des luthériens au Dialogue trilatéral sur le baptême a contribué à clarifier les points de convergence ainsi que les différences persistantes concernant notre compréhension et notre pratique du baptême. Nous considérons ces dialogues comme un don à l’Église.
Les catholiques
Message du Saint Père Léon XIV aux participants à la commémoration
des 500 ans du mouvement anabaptiste
Alors que vous vous réunissez pour commémorer les 500 ans du mouvement anabaptiste, chers amis, je vous salue cordialement en reprenant les premiers mots prononcés par Jésus ressuscité : « La paix soit avec vous! » (Jean 20.19).
Dans la joie de la célébration de Pâques, comment ne pas méditer sur l’apparition du Christ le soir de ce « premier jour de la semaine » (ibid.), lorsque Jésus a non seulement traversé les murs et les portes closes, mais est aussi entré dans le cœur de ses disciples où régnaient la peur et la confusion ? En outre, en accordant son don si précieux de la paix, le Christ était sensible aux expériences de ses disciples, ses amis, et n’a pas caché les marques de sa Passion encore visibles sur son corps glorieux.
En recevant la paix du Seigneur et en acceptant son appel, qui implique d’être ouvert aux dons du Saint Esprit, tous les disciples de Jésus peuvent s’immerger dans la nouveauté radicale de la foi et de la vie chrétiennes. En effet, un tel désir de renouveau caractérise le mouvement anabaptiste lui-même.
La devise choisie de votre célébration, « Le courage d’Aimer », nous rappelle, avant tout, la nécessité pour les catholiques et les mennonites de tout mettre en œuvre pour vivre le commandement de l’amour, l’appel à l’unité chrétienne et la mission de servir les autres. Elle souligne également la nécessité d’une réflexion honnête et bienveillante sur notre histoire commune, qui comporte des blessures douloureuses et des récits qui affectent les relations et les perceptions qu’ont les catholiques et les mennonites jusqu’à aujourd’hui.
Combien importante est donc cette purification des mémoires, et cette relecture commune de l’histoire, qui peuvent nous permettre de guérir les blessures du passé et de construire un nouvel avenir grâce au « courage d’aimer » ! En outre, ce n’est qu’ainsi que le dialogue théologique et pastoral pourra porter des fruits qui demeurent (cf. Jean 15.16).
Ce n’est certainement pas une tâche facile ! Pourtant, c’est précisément dans des moments particuliers d’épreuve que le Christ a révélé la volonté du Père : c’est lorsque les pharisiens ont cherché à l’éprouver qu’il nous a enseigné que les deux plus grands commandements sont d’aimer Dieu et notre prochain (cf. Matthieu 22.34-40). C’est à la veille de sa Passion qu’il a parlé de la nécessité de l’unité, « afin que tous soient un […] afin que le monde croie » (Jean 17.21). Mon souhait pour chacun de nous est donc que nous puissions dire avec saint Augustin : « Mon espérance tout entière repose uniquement sur la grandeur immense de ta miséricorde. Donne ce que tu commandes et commande ce que tu désires. » (Les Confessions, X, 29, 40).
Enfin, dans notre monde déchiré par la guerre, notre marche continue vers la guérison. L’approfondissement de la communion fraternelle a un rôle essentiel à jouer, car plus les chrétiens seront unis, plus notre témoignage du Christ, Prince de la Paix, sera efficace pour édifier une civilisation où l’on se rencontre dans l’amour.
Avec ces vœux, je vous assure de ma prière pour que nos relations fraternelles s’approfondissent et grandissent. Sur vous tous, j’invoque la joie et la sérénité qui viennent du Seigneur ressuscité.
Du Vatican, le 23 mai 2025
LEO PP. XIV
Les mennonites
En 2010, l’Assemblée mondiale luthérienne, réunie à Stuttgart, en Allemagne, a officiellement approuvé une ‘action mennonite’, sur la base du rapport d’un dialogue de cinq ans intitulé ‘Guérir les Mémoires : se réconcilier dans le Christ’. Un culte de réconciliation a été célébré, au cours duquel les deux communautés se sont mutuellement pardonnées et se sont engagées à interpréter les confessions luthériennes et les récits mennonites de leur passé à la lumière de l’histoire commune décrite dans ce rapport. Ce processus a marqué un moment clé dans les relations entre nos deux communautés et a jeté les bases d’un apprentissage mutuel sur les thèmes du baptême et de la relation des chrétiens à l’État.
Lors du service de réconciliation en 2010, toutes les personnes présentes ont fait le signe de la croix afin de nous rappeler la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. La croix touche les blessures du péché, guérit nos fractures et restaure nos vies. Elle promet la guérison par la grâce de Dieu et est le signe du don d’un cœur nouveau et d’un esprit nouveau.
Aujourd’hui, la Conférence Mennonite Mondiale et la Fédération Luthérienne Mondiale se souviennent et renouvellent leur engagement par le signe de la croix.
Les luthériens
Lors du dialogue ‘Guérir les Mémoires’, nous nous sommes engagés à écouter attentivement l’histoire de l’autre communion et à relater l’histoire de nos débuts communs d’une manière qui puisse être acceptée par les deux parties. La conviction luthérienne selon laquelle l’initiative de Dieu rend possible notre réponse dans la foi a été chaleureusement accueillie par les mennonites. La demande luthérienne de pardon pour avoir persécuté les anabaptistes a été pleinement accordée. L’analyse commune et honnête du baptême a contribué à ouvrir la voie à un dialogue trilatéral fructueux sur le baptême avec la Conférence Mennonite Mondiale et l’Église catholique.
Nous rendons grâce à Dieu que de plus en plus de luthériens et de mennonites apprécient le témoignage de l’Évangile de chacun.
Les mennonites
Aujourd’hui, à Zurich, nous célébrons les progrès accomplis vers la réconciliation avec les représentants de la tradition réformée.
En 2004, la ville de Zurich et l’Église réformée suisse ont contribué à l’érection d’une plaque commémorative sur les rives de la Limmat, en souvenir de l’exécution de Felix Manz et de six autres anabaptistes à Zurich.
Trois ans plus tard, la Conférence mennonite suisse et l’Église réformée du canton de Zurich ont conclu un dialogue important dans lequel elles s’engageaient à poursuivre le chemin de la réconciliation. Dans ce document, les mennonites affirmaient : « Nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes. Nous appartenons à Jésus-Christ, qui nous appelle à le suivre, qui a abattu le mur de la séparation et qui a uni les peuples proches et lointains en un seul corps. »
La semaine dernière, le Conseil Général de la Conférence Mennonite Mondiale a officiellement reçu une déclaration rédigée avec des représentants de la Communion mondiale d’Églises réformées intitulée ‘Restaurer l’intégrité de notre famille : la recherche d’un témoignage commun’.
Pendant que nous écouterons une litanie de confession, de gratitude et d’engagement tirée de cette déclaration, le Secrétaire General de la Conférence Mennonite Mondiale, César García, et le Secrétaire General par intérim de la Communion mondiale d’Églises réformées, Setri Nyomi, se laveront mutuellement les pieds en signe tangible de notre engagement en faveur de la réconciliation. Nous vous invitons tous à être témoins de ce signe de repentance et de pardon.
Les réformés
Nous avons confessé l’origine commune de nos Églises et la douleur causée par leur fracture. Nous demandons à Dieu de bénir la redécouverte d’une compréhension commune de l’Évangile afin qu’elle inspire l’évangélisation et la paix.
Les mennonites
En présence de représentants de l’Église tout entière, la Conférence Mennonite Mondiale et la Communion mondiale d’Églises réformées rendent un témoignage commun de l’unité de l’Église.
Les réformés
Aujourd’hui, nous commémorons les origines communes de nos communions mondiales, nous confessons notre relation brisée, et nous nous réjouissons de ce que maintenant, grâce à des efforts soutenus pendant de nombreuses années pour nous comprendre mutuellement et nous réconcilier, nous pouvons obéir à Christ notre Paix en nous engageant dans l’unité de l’Esprit. Liés les uns aux autres, nous persévérons dans l’entretien de cette unité. Nous nous engageons à être humbles, patients, honnêtes et, par-dessus tout, animés par l’amour, dans notre marche commune en tant que corps unique de Christ.
Les mennonites
Rassemblés sous le regard bienveillant de Dieu, nous célébrons le fait que notre identité se trouve dans notre confession commune de Jésus comme Seigneur, dans nos ancêtres communs de foi, et dans notre appel commun à être des disciples et des témoins de l’Évangile au sein d’un monde fragmenté.
Les réformés
Nous avons été bénis dans nos traditions d’avoir une passion pour la justice et la paix. Que le Dieu de la croix et de la résurrection nous donne le courage et le désir de poursuivre la paix et de pratiquer la justice qui résiste à la violence, à l’oppression et au désastre écologique, une justice qui trouve son expression la plus complète dans le pardon, la miséricorde et la réconciliation.
Les mennonites
Aujourd’hui, en tant que membres anabaptistes et réformés du Corps de Christ, nous affirmons que notre témoignage devant le monde est nourri et soutenu par la grâce de Dieu qui nous rend capables d’aimer Dieu, de nous aimer les uns les autres, ainsi que toute la création.
Les réformés
Ensemble, nous nous engageons dans la mission fondamentale de la proclamation de l’Évangile d’amour dans chacun de nos contextes, face aux défis et exigences qui leur sont propres. Nous ne voulons pas laisser la peur, la méfiance ou des obstacles au dialogue nous détourner de cet appel.
Les mennonites
Nous promettons de cheminer ensemble pour guérir les blessures du passé, et travailler à l’unité du Corps de Christ. Nous nous engageons à apprendre les uns des autres en partageant la richesse et la diversité de nos traditions. Nous nous attachons à coopérer de façon résolue pour proclamer la miséricorde de Dieu et ouvrir les portes à la justice qui conduit à la paix.
Les réformés
Ensemble, nous prions pour le Corps de Christ. En Christ nous sommes membres les uns des autres, sœurs et frères de la même chair et du même Esprit.
Les mennonites
Ensemble, nous accueillons le don de l’unité dans la conviction que c’est toi, ô Dieu, qui es en train de restaurer l’intégrité de ta famille. Amen
Confesser ensemble notre foi
En reconnaissance de notre identité commune au sein du corps du Christ, les participants se sont levés et ont récité – chacun dans sa propre langue – le Credo de Nicée. Cette ancienne déclaration de foi chrétienne issue du Conseil œcuménique de Nicée marque cette année son 1700e anniversaire.
Une litanie pour la guérison des nations
La litanie a été ponctuée en versant de l’eau en souvenir du baptême, et par de courts morceaux à l’orgue.
Aujourd’hui, nous sommes réunis pour le culte dans la ville où les premiers anabaptistes ont été inspirés par les enseignements d’Ulrich Zwingli… et au bord des eaux de la Limmat où Felix Manz, le premier martyr anabaptiste, a été exécuté.
[L’eau est versée]
Dieu d’amour, nous nous souvenons de Felix Manz et des disciples de l’Agneau de toutes époques et de tous lieux qui ont souffert à cause de leur fidélité.
Une voix forte sort du trône de Dieu et dit : « Voici, je fais toutes choses nouvelles. […] À celui qui a soif, je donnerai de la source d’eau vive, gratuitement. » (Apocalypse 21.5-6)
[L’eau est versée]
Dieu d’amour, dans un monde déchiré par la guerre et dans une Église mondiale trop souvent divisée, comme nous avons soif que tu renouvelles toutes choses ! Viens, Seigneur Jésus !
[interlude à l’orgue]
« Puis il me montra un fleuve d’eau vive, brillant comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’agneau. Au milieu de la place de la cité et des deux bras du fleuve, est un arbre de vie produisant douze récoltes. Chaque mois il donne son fruit, et son feuillage sert à la guérison des nations. » (Apocalypse 22.1-2)
Nous voyons avec douleur que nos différences sont devenues une source de conflit et de division, et nous prions aujourd’hui pour avoir le courage et la créativité nécessaires pour les repenser de manière à enrichir notre unité dans le corps du Christ.
[L’eau est versée]
Pour la guérison des nations ! Pour la guérison de l’Église ! « En Christ, nous sommes membres les uns des autres, sœurs et frères de la même chair et du même Esprit… »
Dieu de guérison, le fleuve d’eau vive nous a atteints. Les feuilles de l’arbre de vie ont apporté la guérison entre les communions représentées ici aujourd’hui.
[interlude à l’orgue]
« Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange pour vous apporter ce témoignage au sujet des Églises.
Je suis le rejeton et la lignée de David, l’étoile brillante du matin. L’Esprit et l’épouse disent : Viens ! Que celui qui entend dise : Viens ! Que celui qui a soif vienne.
Que celui qui le veut reçoive de l’eau vive, gratuitement » (Apocalypse 22.16-17)
Le courage d’aimer dans un monde perturbé
Ô, Dieu, notre secours par le passé, notre espoir pour les années à venir :
Grâce à l’œuvre du Saint-Esprit en nous, nous retrouvons l’espoir en voyant la guérison et l’unité se manifester dans l’Église mondiale.
Nous gardons espoir en voyant la vitalité des Églises géographiquement éloignées des racines confessionnelles en Europe représentées ici aujourd’hui.
Nous gardons espoir en voyant le travail de l’évangélisation et la paix sont unis dans de nombreux endroits à travers le monde.
Mais surtout, nous avons de l’espoir parce que, en Christ, tu as promis que tu serais avec nous « tous les jours, jusqu’à la fin des temps ».
Viens, Esprit Saint, donne-nous la fidélité des saints à travers les âges. Comme eux, ne nous laisse jamais avoir honte de l’Évangile. Seigneur Jésus-Christ, bénis-nous en nous donnant le courage de prendre le risque de nous aimer les uns les autres, d’aimer nos prochains et même nos ennemis, comme tu nous as aimés.
Amen.



































