Que chacun de vous mette au service des autres le don particulier qu’il a reçu de Dieu. Vous serez ainsi de bons administrateurs de la grâce infiniment variée de Dieu. Que la personne qui a le don de la parole transmette les paroles de Dieu ; que celle qui a le don de servir l’utilise avec la force que Dieu lui accorde : il faut qu’en toutes choses gloire soit rendue à Dieu, par Jésus Christ à qui appartiennent la gloire et la puissance pour toujours ! Amen. (1 Pierre 4 / 10-11, NFC)
En juillet 2019, mon amie Linia Sommer a demandé à mon mari Dan et à moi-même de l’aider à mesurer l’exposition de sa communauté au mercure. Linia vit en Guyane française, dans une communauté reculée de la forêt tropicale appelée Taluen sur le Haut Maroni. Dans la communauté de Linia, les aliments sont contaminés par l’extraction de l’or.
Le Bouclier de la Guyane est une région d’Amérique du Sud qui comprend le Suriname, la Guyane française et le nord du Brésil. Comme beaucoup de peuples autochtones du monde entier, le peuple dont fait partie Linia ne possède pas de titre de propriété sur ses terres traditionnelles ni de contrôle sur ce qui se passe dans son pays.
Lorsque les gouvernements permettent aux concessions minières de s’installer sur des terres autochtones ou à proximité, les habitants ne peuvent rien faire face aux intérêts nationaux et à ceux des entreprises.
Linia est wayana, et les Wayanas et les autres peuples qui vivent sur la rivière du Haut Maroni dépendent du poisson comme principale source de nourriture. L’exploitation aurifère contamine les poissons car les métaux lourds s’accumulent dans leurs tissus.
L’exposition aux métaux lourds comme le mercure provoque des maladies neurologiques et une mort prématurée. Elle a pour conséquence divers bouleversements et des déplacements pour les communautés
Bien que le gouvernement français teste régulièrement les populations autochtones de Guyane française concernant la toxicité du mercure, il n’informe pas des résultats les membres de la communauté.
En tant que mère, Linia pense qu’elle devrait être informée de la menace que l’exploitation minière de l’or représente pour ses enfants. Elle a cofondé ‘l’Organisation pour promouvoir l’Entraide et la Solidarité entre les Victimes du ercure’ pour tenter de résoudre le problème.
Je suis une femme indigène nord-américaine, une Tewa. Je sais ce que c’est que de se sentir impuissant, tout petit, dans un monde où les lois et les politiques ne vont pas toujours dans le sens des intérêts de ma famille ou de mon peuple.
Lorsque Linia nous a demandé de l’aide pour documenter l’impact du mercure sur son peuple, Dan et moi avons été tout de suite d’accord.
Nous avons commencé à travailler avec les peuples indigènes et tribaux dans le Bouclier de la Guyane en 2004. Nous avons alors créé le ‘Suriname Indigenous Health Fund’, un organisme à but non lucratif basé aux États-Unis, dont le but est de fournir aux peuples autochtones de cette région de Guyane le matériel et le soutien technique dont ils ont besoin pour trouver leurs propres solutions.
Bien que nous ayons l’équipement scientifique nécessaire, il est difficile et coûteux de lancer un projet transnational qui nous fournirait des échantillons et retransmettrait les résultats aux membres de la communauté concernée.
Quand nous sommes rentrés chez nous à Washington, j’ai demandé de l’aide à la Dismantling the Doctrine of Discovery Coalition (Coalition pour le Démantèlement de la Doctrine de la Découverte [de l’Amérique]). Leur réseau a été contacté à travers les États-Unis, et s’est fait notre avocat pour obtenir des kits de test du mercure, pour leur campagne de fin d’année. En réponse, le groupe de jeunes de Shalom Mennonite à San Francisco (Californie, États-Unis), a décidé que leur propre collecte de Noël serait utilisé pour le financement de kits de test.
Grâce à l’aide de la Coalition, nous sommes en mesure de financer des kits de test et d’investir dans des infrastructures pour nous aider à mieux communiquer avec Linia et avec d’autres communautés éloignées du Bouclier de Guyane.
Bien que l’infrastructure financière qui néglige la santé de Linia et de sa communauté poursuive ses activités, nous la soutenons dans la recherche de solutions pour son peuple. Alors que le système de santé dédaigne la participation des femmes autochtones, nous fournissons des résultats de tests pour aider à l’autodétermination les mères qui veulent contribuer à la bonne santé de leurs enfants.
Linia espère trouver et transporter des aliments non contaminés pour sa communauté afin de réduire l’exposition de son peuple à des niveaux de mercure dangereux causant la mort, des maladies et des handicaps, alors qu’il n’existe aucune alternative de secours. Nous savons que c’est un projet ambitieux, mais c’est l’étape suivante pour que la communauté trouve une solution appropriée à sa culture à cette crise de santé publique. Nous espérons lui rendre visite.
Lorsque Linia nous a demandé de l’aide, nous avons manifesté immédiatement notre solidarité. Lorsque nous avons demandé de l’aide à la ‘Coalition pour le Démantèlement de la Doctrine de la Découverte’, ils ont répondu immédiatement en étant solidaires de Linia et du peuple Wayana. Pour nous, c’est une histoire émouvante de solidarité.
—Sarah Augustine est une descendante du peuple Tewa (Pueblo) et fréquente la Seattle Mennonite Church (État de Washington, États-Unis). Elle est directrice exécutive du Centre de Résolution des conflits des comtés de Yakima et de Kittitas. Elle a cofondé le Suriname Indigenous Health Funds et la ‘Coalition pour le Démantèlement de la Doctrine de la Découverte’.
Cette histoire a été publiée dans le Materiel pour le culte du dimanche de la paix 2020