Les théologiennes d’Amérique latine face à la violence faite aux femmes

La Angostura, Chili –La troisième rencontre des théologiennes latino-américaines s’est tenue dans le cadre du 15e Congrès des Anabaptistes Mennonites du Cône Sud qui a eu lieu du 23 au 27 janvier 2013. Y ont pris part des sœurs et frères venus de six pays de la région (plus quelques visiteurs en provenance du Canada, des Etats-Unis, du Zimbabwe, de la Colombie, du Costa Rica et du Mexique).

Quelques 45 théologiennes de différents pays ont pris part à ladite rencontre. Après les présentations, Monica Parada de l’Eglise Anabaptiste Mennonite ‘Puerta del Rebaño’ de Concepción au Chili a dirigé le premier des trois ateliers traitant des ‘Réalités vécues par les femmes – réalités défiées par Jésus’. La dynamique qui s’en est suivie incluait des symboles comme la terre, des graines, un pigeon, une bougie et de l’eau. Il fut demandé à chaque femme de planter la graine du rêve qu’elle souhaitait voir se réaliser.

Les fléaux auxquels les femmes font face de nos jours ont été examinés en petits groupes: violence ethnique, civile, domestique et sexuelle tant aux niveaux physique que symbolique. Ce dernier niveau a lieu lorsque la violence devient naturelle, établie et presqu’imperceptible. Elle vise à assujettir, et est présente dans toutes les relations. La violence symbolique est coercitive, intimidante, imposant ma volonté sur celle de l’autre derrière d’apparentes bonnes intentions. C’est l’usage étendu de l’espace physique, du pouvoir de l’argent, du manque d’appréciation, de manœuvres de reniement, du terrorisme et du paternalisme, etc.

La célébration de nos 10 premières années d’existence en tant que Mouvement des Théologiennes d’Amérique latine (MTAL) s’est déroulée le jour suivant, lors du deuxième atelier; toute l’assemblée y a pris part. Sous la conduite de Gladys Siemens, nous avons évoqué les origines de notre mouvement, tout en partageant des buts et projetant des activités telles que la Journée mondiale de prière pour les femmes d’Amérique latine, la publication d’un ouvrage sur le message libérateur de Jésus aux femmes d’aujourd’hui, la création du blog http://teologasanabautistas.blogspot.com et plus récemment de notre page Facebook.

Le soutien, l’encouragement et les conseils de Sandra Campos (Costa Rica) et de Linda Shelly (USA) au cours de ces 10 années ont été appréciés à juste titre.

Deux femmes dont le travail au sein de leurs communautés respectives est très inspirant et nous encourage à aller de l’avant ont partagé leurs expériences. Valeria Alvarenga Taumaturgo (Brésil), pasteur d’une église Mennonite à Recife, conduit un ministère puissant auprès des femmes d’une favela (un quartier pauvre) dont les époux purgent des peines de prison. Aurora Rinaldi de l’église Mennonite de Trenque Lauquen (Argentina) a été désignée Pasteur de sa communauté il y a un an, après avoir contribué à mettre sur pied une communauté d’égaux.

Pour clôturer cette célébration fructueuse, une balle en fil de coton a été passée d’une femme à l’autre avec une parole de bénédiction, constituant ainsi un grand réseau. Nous voulons grandir et continuer de bâtir ce réseau de femmes de paix créé par MTAL; pour cela, le soutien de tous et de chacun est requis dans l’unité du Christ, pour paraphraser notre devise: “Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Christ-Jésus (Gal.3:28).”

La célébration s’est clôturée par le chant Nous sommes un dans le Seigneur, et les participants ont été invités à signer et à écrire des vœux sur un grand poster qui voyagera pour différentes rencontres devant se tenir au Guatemala, au Mexique et en Colombie.

Le samedi, la troisième et dernière réunion s’est ouverte avec des chants porteurs de sens, et Noemí Dulci de l’église mennonite de Salto (Argentine) a animé un moment de réflexion spécial.

Monica Parada nous a guidés dans des méditations sur les femmes au cours de l’histoire qui révèlent, au travers des cultures, de la politique, de la vie domestique, de la religion, etc. des impositions au sujet desquelles nous n’avons pas été critiques ainsi que des comportements qui nous sont devenus naturels. Elle a placé divers objets sur une couverture: trois bougies symbolisant le Père, le Fils et le Saint-Esprit; la photo d’une famille; une racine en tant que symbole de la culture; la Bible pour représenter les enseignements religieux; et une assiette remplie de cailloux. Chaque femme a été invitée à placer une pierre sur le symbole qui affectait le plus son plein potentiel en tant que femme indépendante, et ainsi à se débarrasser des impositions et des liens qui l’empêchent (et nous empêchent) de marcher librement avec Jésus.

Ceci est, en résumé, ce que nous avons expérimenté et appris au cours de nos réunions et qui, pour nombre d’entre nous, a été révélateur, et pour d’autres libérateur, et même surprenant ou effrayant pour quelques-uns. Nous croyons que la semence a été plantée. Que le Saint-Esprit l’aide à germer…

Pour finir, nous avons prié pour nous sœurs du Chili qui nous ont accueillis avec tant d’amour et ont pourvu à nos besoins, et nous leur avons dit merci avec de petits symboles de reconnaissance.

Article rédigé par Ester Bornes (Argentine), coordinatrice du blog and de MTAL Cône Sud (http://teologasanabautistas.blogspot.com). Traduit en français par John Masebi

 

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