Réseau : Peace Commission

  • Nous pleurons avec ceux et celles dont les terres ont été ravagées par la guerre.

    Nous pleurons avec ceux et celles qui, à cause de la guerre et de la violence, ont déjà perdu leur maison.

    Nous pleurons avec ceux et celles qui laissent derrière eux ce qui est familier, à la recherche d’une vie meilleure pour leurs enfants et leur famille.

    Nous pleurons avec Abdullah, le père d’Aylan et de Galip Kurdi, au moment où il doit faire face à la vie sans ses magnifiques enfants et sa compagne de vie.

    Nous pleurons devant la vie si tragiquement courte d’Aylan et de son frère Galip.

    Nous pleurons Rehan, leur mère, qui souhaitait une vie meilleure pour ses enfants.

    Nous pleurons les milliers d’enfants, de femmes et d’hommes qui ont déjà perdu la vie à la recherche d’espoir.

    Nous pleurons aussi à cause de notre complicité causant et alimentant le conflit en cours qui a déplacé des milliers de personnes dans le monde.

    Nous pleurons à cause de notre complicité quand nous continuons à nous leurrer en pensant que plus de violence apportera la paix.

    Nous pleurons à cause de notre complicité lorsque nous fermons les yeux, ignorons la souffrance et les difficultés de nos frères et sœurs.

    Nous pleurons à cause de notre complicité avec les régimes et les puissances de ce monde qui continuent d’oppresser et de déshumaniser les uns pour le privilège et le confort des autres.

    Nous pleurons à cause de notre complicité en n’accueillant pas l’étranger quand il est en besoin.

    Nous pleurons à cause de notre complicité quand nous n’écoutons pas les pleurs de l’autre.

    Nous pleurons à cause de l’impuissance que nous ressentons en n’étant pas capable d’arrêter les conflits qui persistent et dont les résultats sont des personnes déplacées.

    Nous pleurons à cause de l’impuissance que nous ressentons en n’étant pas capable de sauver les personnes qui tombent à la mer.

    Nous pleurons à cause de l’impuissance que nous ressentons quand nous voyons la souffrance des autres.

    Nous pleurons parce que nous savons que ce n’est pas de cette manière que Dieu veut que nous nous traitions les uns les autres.

    Nous pleurons parce que nous savons que ce n’est pas le rêve que Dieu a pour le monde.

    Nous pleurons parce que nous ne savons pas quoi faire d’autre.

    Dieu, sois avec Aylan, Galip et leur mère Rehan.

    Dieu, sois avec Abdullah, leur père.

    Dieu, sois avec les milliers d’autres personnes qui sont mortes en quête de paix et d’un asile.

    Dieu, sois avec nous au moment où nous cessons notre complicité pour que nous puissions incarner la chaleur, l’hospitalité et l’amour des autres que tu nous as déjà montrés.

    Dieu, sois avec nous pendant que nous recherchons ta paix dans la paix.

    Dieu, sois avec nous tous.

    par Andrew Suderman, secrétaire de la Commission Paix de la CMM

  • Panama – La prière pour les revendications territoriales fut la principale requête entendue par une délégation de la Conférence Mennonite Mondiale lors d’une visite effectuée en février 2015 aux responsables d’églises et de communautés autochtones au Panama.

    Les dirigeants de l’église membre de la CMM, Iglesia Evangélica Unida Hermanos Menonitas de Panamá (Église évangélique unie des frères mennonites du Panama), a invité une délégation de la CMM pour l’informer au sujet de la longue lutte menée pour l’obtention légale des titres de propriété, reconnus et effectifs, des territoires ancestraux.

    Malgré les garanties constitutionnelles de la propriété foncière, le gouvernement fait peu pour empêcher les colons illégaux de prendre les terres, d’abattre et de vendre des arbres – en particulier le cocobolo – et d’utiliser les terres pour l’élevage.

    La délégation, sous les auspices de deux Commissions de la CMM (Paix et Diacres), était constituée de quatre personnes : Joji Pantoja des Philippines, Jack Suderman du Canada, Gladys Siemens du Brésil et Henk Stenvers des Pays-Bas.

    Dans la ville de Panama, ils ont rencontré toute une journée les responsables d’églises qui jouent aussi un rôle de direction au Congrès national du peuple Wounaan. Puis, ils ont visité trois villages par bateau, planifiant les départs et les arrivées au rythme de la marée montante des rivières intérieures.

    Dans chaque village, il y avait un culte en soirée et un séjour d’une nuitée. Le matin, la délégation écoutait des histoires qui montrent que l’empiètement sur les terres autochtones fait perdre l’espoir et la patience des villageois qui ont l’impression que leurs appels à l’aide ne sont pas entendus

    La délégation a vu à plusieurs reprises une foi ferme en la puissance de la prière et le plaidoyer de la communauté de foi mondiale. La prière ci-annexée reprend des sujets de prière spécifiques entendus lors des conversations auxquelles la délégation a pris part.

    « Ils comprennent – du moins en partie – les limites de nos capacités », a noté Jack Suderman dans l’ébauche du rapport de la délégation. « Ils comprennent aussi la puissance de Dieu dans la prière du peuple de Dieu. L’idée de permettre que leur histoire soit rendue publique est, en soi, le plus grand espoir de ces leaders. Il existe un sentiment profond que la vérité l’emportera un jour ou l’autre, mais il faut que les besoins soient exposés et rendus publiques. »

    Les responsables d’églises ont aussi demandé de l’aide pour la formation de leader dans des domaines tels que la résolution de conflit, la formation de l’identité, la justice réparatrice, et les stratégies non violentes. De plus, ils ont demandé un plaidoyer dans des forums internationaux tels que les Nations Unies, l’Organisation des États américains, et le gouvernement du Panama.

    Communiqué de la CMM

     

    Prière

     
    La Commission Diaconie et Paix de l’Iglesia Evangélica Unida Hermanos Menonitas de Panamá (Église évangélique unie des frères mennonites du Panama) a demandé que le peuple de Dieu, partout dans le monde, prononcent cette prière à leur sujet.
                                                                                              
    Dieu créateur de justice, de paix, d’amour et de miséricorde,
     
    Tu connais les luttes de ton peuple.
    Tu connais les luttes du peuple Wounaan au Panama; une lutte de justice liée à leur domaine ancestral aux prises avec des invasions ininterrompues de ses terres.
     
    Nous te prions.
    Nous déplorons la perte actuelle de précieuses ressources pour le peuple Wounaan.
    Nous prions que le gouvernement du Panama puisse agir pour garantir le titre collectif du territoire. 
     
    Nous te prions pour que justice soit faite dans le cas des trois hommes qui ont été faussement accusés et condamnés à 20 ans d’emprisonnement à cause de leur rôle dans cette revendication territoriale.
     
    Nous prions pour ta justice dans le processus judiciaire mené par l’avocat Leonidas Quiróz; processus qui semble encore manquer d’écoute et de cœurs bien disposés pour résoudre ces conflits.
     
    Nous demandons la sagesse et la patience pour les pasteurs locaux et les responsables de la Conférence de l’Église évangélique unie des frères mennonites du Panama.
     
    Nous rendons grâce pour leur ferme intention de garder cette lutte libre de violence.
    Nous rendons grâce pour leurs préoccupations à l’égard de la flore et la faune vivifiantes, créées pour assurer la vie des générations à venir.
    Nous rendons grâce pour leur sagesse et leur patience.
    Nous rendons grâce car ils sont ton peuple et tu es leur Dieu.
     
    Merci Dieu d’écouter notre lamentation. Merci de connaître l’intégrité de notre cœur. Merci parce que ta volonté, c’est le bien de toute la création.
     
    Que ta volonté soit faite.
     
    Amen.

     

  • Les Etats occidentaux réagissent actuellement contre le terrorisme des milices de l’EI (Etat Islamique) en Irak et en Syrie, avec des frappes aériennes et des livraisons d’armes. Devant les horreurs qui nous sont rapportées, cette réaction est approuvée en bien des endroits, y compris dans les Eglises. Alors que celles-ci protestaient encore largement en 2003 contre l’invasion américaine en Irak, de nombreuses voix se font entendre pour justifier les interventions militaires en les considérant comme une prise de responsabilité conforme à la foi chrétienne.

    En tant que Centre de formation du Bienenberg, nous suivons la tradition des Eglises de paix d’après laquelle un engagement pacifiste découle de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus- Christ. Une telle position est une fois de plus remise en question par les événements horribles et menaçants que nous connaissons. Tout d’abord, nous sommes nous aussi profondément ébranlés (si toutefois on peut l’être dans un pays aussi sécurisé que la Suisse) quand nous entendons que des chrétiens et d’autres minorités sont persécutés et mis à mort. Nous ressentons nous aussi de l’impuissance, de la colère et le désir qu’on mette rapidement un terme à ces agissements brutaux. Cependant, nous croyons malgré tout que dans cette situation, des convictions pacifistes ne sont pas devenues illusoires. Au contraire, comme chrétiens, nous sommes mis au défi de chercher dans l’Evangile une relation  non-violente avec les ennemis. Nos réflexions s’adressent donc tout d’abord à ceux qui confessent Jésus-Christ comme Prince de la paix et qui le suivent. Nous comprenons son exhortation à aimer ses ennemis comme un appel adressé à l’Eglise d’être le témoin dans ce monde du royaume de Dieu à venir.

    Nous partageons avec ces lignes quelques réflexions, encore inachevées, sur des événements qui nous laissent parfois sans voix. Nous exprimer, c’est prendre le risque de paraître lourds et cyniques. Nous sommes bien conscients de ne pas avoir une réponse satisfaisante à tout. Mais nous aimerions partager nos luttes avec les questions oppressantes que posent toujours à nouveau de telles explosions de violence. Certes, nous savons qu’il est facile de parler quand on se trouve à une distance confortable des confrontations et de leurs cortèges de violences. Nous reconnaissons encore bien volontiers que dans le domaine de la prévention, nous sommes restés trop longtemps passifs et nous n’avons de loin pas épuisé toutes les possibilités existantes. Pourtant, nous ne voulons pas nous laisser paralyser par l’impuissance et la résignation. Nous voulons continuer à participer à la « recherche de la paix » (Hb 12.14), humblement et avec l’aide de l’Esprit de Dieu. Ceci, nous le faisons par attachement et par solidarité avec les victimes de ces agissements inhumains. Seigneur, aie pitié !

    1re objection : Le pacifisme (chrétien) n’est-il pas irréaliste et naïf ?

    En ces jours, certains qualifient le pacifisme chrétien de naïf[1]. Un tel reproche n’est pas nouveau. Il est connu et récurrent. Tout au long de l’histoire, on s’est moqué des personnes et des mouvements qui se sont opposés à la logique ambiante de la violence et contre-violence. Certes, les puissants n’ont pas seulement considéré ces personnes comme de doux rêveurs inoffensifs. Ils pressentaient les enjeux et se demandaient, inquiets, ce qu’il adviendrait si elles en convainquaient d’autres à refuser la violence. Ils ont alors souvent donné eux-mêmes rapidement la réponse, sous forme de persécution et de peine de mort. Les anabaptistes en savent quelque chose. Ainsi, la question : « Qu’adviendra-t-il ? » est la plupart du temps restée sans réponse. Et c’est dommage, car avec le recul, bien des récits ont été rapportés d’artisans de paix qui, avec leur pacifisme soi-disant naïf, ont empêché ou arrêté des effusions de sang[2]. Ce sont des histoires de revirements inattendus, rendus possibles précisément parce que des personnes ont agi de manière « irréaliste », dans le meilleur sens du terme. Elles se sont exercées à une « culture de la paix »[3], en donnant une réponse alternative à la violence. L’affirmation selon laquelle le pacifisme chrétien serait fondamentalement condamné à l’échec n’est donc pas vraie, même si, bien sûr, le succès espéré n’est pas non plus garanti. Mais chacun sait qu’il en va de même des interventions militaires.

    Par ailleurs, nous ne devons pas oublier que le pacifisme chrétien est un chemin qui coûte[4]. Il s’apparente en ce sens aussi aux interventions militaires. L’espoir de pouvoir mener une guerre « propre » avec des armes intelligentes, grâce auxquelles on pourrait viser et tuer « uniquement » les terroristes sans faire d’autres victimes, s’est depuis longtemps révélé illusoire. Existe-t-il dès lors une si grande différence entre l’abnégation des soldats armés et celle des chrétiens pacifistes, pour que les derniers seulement soient considérés naïfs et irréalistes ?

    2ème objection : Seule la violence peut arrêter la violence

    Il y a 11 ans, les Américains ont entrepris de faire tomber le dictateur irakien de l’époque, Saddam Hussein, présenté comme faisant partie de l’ « axe du mal ». La réussite fut fêtée comme le succès rapide d’une puissante machinerie militaire. Mais très rapidement, on s’est rendu compte à quel point la stratégie avait été pensée à court terme. Au lieu de pouvoir se retirer rapidement comme prévu, les troupes de combat américaines se sont retrouvées impliquées dans une guérilla qui a duré  de nombreuses années,  faisant beaucoup de victimes et occasionnant des dépenses faramineuses.  Lorsqu’en 2011 les dernières troupes ont enfin pu être retirées, elles ont laissé derrière elles une région politiquement instable avec un pouvoir inexistant – un vide comblé depuis, de plus en plus souvent, par des groupuscules radicaux. L’intervention militaire a certes écarté un dictateur, mais elle a aussi provoqué de nouveaux excès de violence. Le même phénomène existe en bien d’autres endroits du monde. Benjamin L. Corey demande dès lors à juste titre : « Si c’est l’usage de la violence qui nous a amenés jusqu’ici, pourquoi pensons-nous que davantage de violence pourrait permettre de changer les choses en bien ? »[5].

    Sous le sigle R2P (Responsibility To Protect, « La responsabilité de protéger »), des cercles politiques et religieux se sont prononcés en faveur d’un programme en trois étapes pour résoudre ou empêcher les conflits violents : prévention, réaction, reconstruction[6]. L’exemple de l’Irak nous rappelle douloureusement qu’on envisage dans les conflits, dans la précipitation, uniquement des réactions violentes. Celles-ci, au final, non seulement ne résolvent pas les conflits, mais les aggravent parfois. De telles interventions militaires promettent souvent beaucoup plus que ce qu’elles apportent au bout du compte. Qu’adviendrait-il si, dans les situations de grandes tensions, on investissait au moins autant d’argent dans la prévention et la reconstruction (y compris la prise en charge des traumatismes) que dans l’arsenal militaire censé assurer ou rétablir la paix[7] ?

    3ème objection : Devons-nous nous contenter d’être spectateurs de ces agissements ?

    Non. La théologie de la paix n’est pas synonyme de passivité ni d’indifférence. La situation actuelle exige une réaction. Toute la question est de savoir par quels moyens. Une intervention militaire semble justifiée depuis longtemps. Pourtant, un regard sur l’histoire montre que plus d’une « guerre juste » a été menée pour des raisons douteuses, en contradiction par rapport à l’intention initiale. Quels sont les buts de la coalition internationale en Irak ? Respecte-t-elle elle-même, dans ses interventions militaires, le droit qu’elle exige de ses ennemis ? Pourquoi, dans de nombreux autres cas d’injustice et de mépris de la vie humaine, n’entend-on pas d’appel à la responsabilité de protéger ?

    Nous  sommes convaincus qu’il faut affronter le mal. Mais la violence ne nous paraît pas être un moyen approprié. Voici quelques alternatives :

    – Prier. Beaucoup de chrétiens demandent des choses curieuses à Dieu dans leurs prières. Celui qui demande, par exemple, du beau temps malgré des prévisions météorologiques mauvaises, ne demande-t-il pas à Dieu d’abolir les lois météorologiques ? Pourquoi cette confiance dans la puissance de Dieu disparaît-elle si rapidement lorsqu’il est question de guerre et de paix ? Ces jours, si nous prions pour les victimes et les personnes menacées, et pour les auteurs des violences, nous le faisons dans la confiance en la promesse divine exprimée en Za 4.6 : « Ce n’est ni par la puissance, ni par la force, mais c’est par mon Esprit ».

    – Des interventions pacifiques non-violentes. Souvent ignorées par les reportages grand public, certaines personnes prennent le risque de s’interposer sans armes entre deux fronts en conflit, dans différentes régions du monde[8]. Elles ne ferment pas les yeux devant le mal, mais le confrontent courageusement par une présence non armée. Dans leur vulnérabilité, elles brisent le schéma classique ami-ennemi, ouvrant parfois des espaces d’action inattendus. Leurs récits, impressionnants, prouvent qu’il existe une « troisième voie ». Ils interpellent et défient les modèles habituels de résolution de conflits[9]. De telles interventions nous rappellent l’importance du contact direct avec les hommes et les communautés religieuses sur place, pour ne pas nous laisser entraîner sans réfléchir, par les médias, dans des distinctions sans nuances entre les « bons » et les « mauvais ». Dans la recherche d’une action adéquate contre le terrorisme de l’EI, nous voulons donc tout particulièrement écouter la voix des chrétiens directement concernés. 

    – Aide aux réfugiés. L’histoire anabaptiste nous rappelle que beaucoup de personnes ont réagi à la répression et à la persécution en s’enfuyant. Nombre d’entre elles ont fait l’expérience de la solidarité et de l’hospitalité. Aujourd’hui, nous pouvons nous aussi prendre nos responsabilités, animés par une générosité analogue : en contribuant sur place aux premiers secours, en facilitant ici en Europe l’accueil de réfugiés – accueil que nos autorités empêchent encore trop souvent[10].

    – L’engagement de forces policières. Certains cercles chrétiens réfléchissent à l’engagement d’unités de police internationales, dans l’esprit de Just policing. Formées pour la résolution non-violente des conflits et liées par le droit international et les droits de l’homme, de telles unités peuvent intervenir pour protéger les gens. Est-ce possible sans aucune arme ? La question fait débat. Mais même si ces unités de police n’intervenaient que de façon mesurée, par exemple pour sécuriser un couloir humanitaire, ce serait déjà une stratégie radicalement différente comparée à la mise sur pied d’une intervention militaire massive destinée à anéantir l’ennemi. Les cercles de chrétiens pacifistes qui jugent de telles interventions acceptables pr√¥nent un « usage de la force sans morts »[11].

    4ème objection : La Bible ne parle-t-elle pas d’une violence nécessaire ?  

    Incontestablement, il y a dans la Bible quelques textes surprenants o√π la violence est voulue par Dieu, ou tout du moins présentée comme légitime. Il nous paraît toutefois inconvenant d’extrapoler à partir de ces textes pour déclarer que la violence serait parfois nécessaire, ou pour présenter cette position comme une vérité générale. Car les grandes lignes du message biblique, pris dans son ensemble, montrent clairement ce à quoi Dieu tient particulièrement : le shalom, une paix juste. Jésus est celui qui a le mieux révélé cette volonté de paix globale. Sans aucun compromis, il a lutté contre toute pseudo-religion, contre l’injustice et le pharisaïsme, tout en aimant ses ennemis au lieu de les tuer – et ce, même lorsque les autorités politiques et religieuses l’ont condamné à mourir sur la croix. Par la résurrection de Jésus le matin de Pâques, Dieu a dénoncé la logique de la violence, éclairant ainsi la justice accomplie par Jésus et la voie par lui tracée. L’Eglise primitive, en réfléchissant à l’histoire de Jésus, est arrivée à la conclusion que Dieu a répondu à la haine des hommes par un amour réconciliateur (Rm 5.10). Au lieu de rendre les coups, Dieu a embrassé le monde en lui procurant le shalom. Il est évident que Jésus s’est lui aussi donné en exemple, pour montrer comment le shalom peut apparaître parmi les hommes (Phi 2.5-11). En tant que chrétiens, nous nous sentons par conséquent appelés à suivre les pas de Jésus (1 P 2.21 ; Lc 22.49-51) et à vaincre le mal par le bien (Rm 12.21). Ce faisant, nous sommes aussi conscients que rien ne garantit que ce chemin mènera toujours au succès. Au cours des siècles, les artisans de paix ont parfois payé un lourd tribut. Cependant, le message de la résurrection éveille en nous la conviction que ce ne sont pas la haine et la mort qui ont le dernier mot, mais l’amour de Dieu qui restaure. Nous prions donc que notre peur cède la place à cet amour offert, aussi à l’ennemi[12].

     

    le collège enseignant du Centre de formation du Bienenberg, Lukas Amstutz, Frieder Boller, Heike Geist, Hanspeter Jecker, Denis Kennel, Bernhard Ott, Michel Sommer, Marcus Weiand, Marie-No√´lle Yoder

    16 septembre 2014

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    [1] Ce manque de réalisme du pacifisme chrétien a récemment été dénoncé par Reinold Scharnowski dans son article  « Allerletzte M√∂glichkeit ist Waffen-gewalt » (« En dernier recours, la puissance des armes », http://www.livenet.ch/themen/glaube/glaube/261886-allerletzte_moeglichkeit_ist_waffengewalt.html).

    [2] Cornelia Lehn a rassemblé quelques-uns de ces récits dans Histoires d’Hier et d’Aujourd’hui, Cahier de Christ Seul N¬∞ 4/1990,  et Bonnes nouvelles de par le monde, Cahier de Christ Seul N¬∞ 4/1991, Editions mennonites.

    [3] Cf. Alan et Eleanor Kreider, Paulus Widjaja : A Culture of Peace: God’s Vision for the Church, Good Books, 2005 (en allemand : Eine Kultur des Friedens: Gottes Vision f√ºr Gemeinde und Welt, Schwarzenfeld, 2008).

    [4] Ron Sider en a fait l’esquisse dans « Gottes Volk vers√∂hnt » (« Le peuple de Dieu réconcilie »),  XI. Mennonitische Weltkonferenz Stra√üburg, 1984: Hauptansprachen, Strasbourg, CMM, p. 35-39 (en anglais : http://www.cpt.org/resources/writings/sider).

    [6] Ce concept est expliqué en détail http://www.schutzverantwortung.de. Pour une discussion détaillée dans la perspective des Eglises de paix, voir Jakob Fehr, cf. http://www.dmfk.de/fileadmin/downloads/Fehr_-_R2P_die_Konfrontation_mit_dem_Boesen.pdf.

    [7] Pour un exemple d’élaboration d’une stratégie durable en Irak, voir http://www.huffingtonpost.com/derek-flood/is-there-a-nonviolent-isis_b_5670512.html.

    [8] Comme par exemple les Christian Peacemaker Team (http://cpt.org).

    [10] L’Américain Benjamin L. Corey se demande : « Pourquoi n’organisons-pas le plus grand pont aérien depuis celui de Berlin pour tirer toutes ces minorités religieuses et ethniques de leur détresse et leur offrir l’asile aux USA ? ».

    [11] Cf.  la conférence de Fernando Enns, « Gerechter Frieden zwischen Interventionsverbot und Schutzgebot » (« Une paix juste entre l’interdiction d’intervention et le devoir de protection », http://friedensbildung-schule.de/sites/friedensbildung-schule.de/files/anhang/medien/fbs-responsibility-protect-449.pdf).                                                                              

    [12] Alice Su témoigne du vécu d’une telle transformation sur http://gospelworldview.wordpress.com/2014/09/03/1-john-isis-and-the-gospel-versus-terror (en allemand sur www.bienenberg-blog.ch).


    Annexe. Bibliographie en français pour aller plus loin

    Neal Blough, Le pacifisme évangélique :    www.centre-mennonite.fr/pdf/Le_pacifisme_%E9vang%E9lique.pdf

    – Collectif, Des pas vers la paix – Recueil d’articles en forme d’impulsions, Dossiers de Christ seul, Editions Mennonites, Montbéliard, 4/2003-1/2004, 124 pages

    – Collectif, Guerre ou paix ?, Cahiers de Christ seul, Editions Mennonites, Montbéliard, 4/1992 (avec l’article de John H. Yoder, ‚ÄúQue feriez-vous si… ?‚Äù)

    – Frédéric de Coninck, Tendre l’autre joue ? La non-violence n’est pas une attitude passive, Farel, Marne-la-Vallée, 2012

    – Laserre Jean, Les chrétiens et la violence, Ed. Olivétan, Lyon, 255 p. (première édition en 1965)

    – Gabriel Monnet, Tendre l’autre joue ? http://www.temoins.com/developpement-personnel/vie-et-spiritualite/developpement-personnel/tendre-lautre-joue

    – Ron Sider, Explorer les limites de la non-violence au 21e siècle :

    http://az.bienenberg.ch/fr/images/stories/file/textes_telecharger/explorer%20limites%20non-violence_ron%20sider.pdf

    – Yoder John H., Jésus et le politique – La radicalité éthique de la croix, Presses Bibliques Universitaires, Lausanne, 1984

     
  • Bogota, Colombie – En réponse aux urgents appels du Conseil suprême de la communauté évangélique en Syrie et au Liban et du Conseil des Églises du Moyen-Orient, la Conférence mennonite Mondiale a fait appel à ses Églises membres pour une « pluie de prières, de solidarité et de bénédictions ».

    Dans un communiqué à « toutes les Églises et organisations évangéliques et protestantes dans le monde », le Conseil suprême a déclaré l’état d’urgence afin de « préserver ce qui reste de la présence des chrétiens et des non-chrétiens modérés dans l’Est, et d’empêcher sa disparition complète. »

    Le Conseil décèle aussi « la possibilité de l’annihilation de la présence chrétienne au Moyen-Orient » et est préoccupé par « la souffrance humaine et les difficultés politiques » auxquelles ces pays sont confrontés.

    La CMM a aussi reçu une déclaration du Conseil des Églises du Moyen-Orient basé au Liban qui appelle la communauté internationale à « adopter des initiatives audacieuses et de prendre position contre les violentes attaques envers les chrétiens de l’Irak qui demeurent fermes dans le pays de leurs pères et de leurs ancêtres, berceau du christianisme. »

    « Nous sommes poussés à prier », écrivent les responsables de la CMM en réponse au Conseil suprême. « Nous voulons vous assurer des prières de la CMM. Nous avons distribué votre déclaration à chacune des 102 unions d’Églises qui constituent l’effectif de la CMM dans 57 pays. » La CMM a répondu de manière semblable au Conseil des Églises du Moyen-Orient.

    Ensuite, dans une lettre aux Églises membres, le secrétaire général de la CMM, César García, et le secrétaire de la Commission Paix, Robert J. Suderman ont vivement recommandé aux Églises d’écrire personnellement et directement une lettre au Conseil suprême et au Conseil des Églises du Moyen-Orient « qui les assure de vos prières et qui explique les actions particulières que vous menez en réponse à leur appel. »

    « Nous croyons qu’ils apprécieront un telle “pluie de prières, de solidarité et de bénédictions”, écrivent César García and Robert J. Suderman. Ils seront fortifiés de savoir que les Églises dans le monde prient pour eux et mènent des actions en leur faveur. »

    La lettre aux Églises membres de la CMM a été diffusée le dimanche 21 septembre, Journée internationale de la paix décrétée par les Nations Unies et le Dimanche de la Paix de la CMM.

    Communiqué de la CMM

  • Bogotá, Colombie – Pour Jenny Neme, directrice de l’organisation mennonite colombienne Justapaz (Paix juste), le récent appui apporté à l’objecteur de conscience sud-coréen San-Ming Lee s’est fait naturellement. Il a jailli de l’intention de « rechercher la solidarité et le soutien mutuel sur la base du rôle prophétique des églises qui consiste à s’engager dans le plaidoyer politique dans les milieux où nous nous rencontrons… d’encourager les églises à saisir les occasions d’exercer le plaidoyer politique dans plusieurs circonstances différentes. »

    Justapaz travaille dans le domaine de l’objection de conscience depuis près de 25 ans. L’organisation a encouragé et appuyé des jeunes hommes de la Colombie qui ont choisi, à cause de leur foi, de s’opposer au service militaire obligatoire de la Colombie. Justapaz plaide également en faveur de l’inclusion du droit à l’objection de conscience dans le système judiciaire de la Colombie. L’organisation offre des ateliers, de la formation théologique et établit des alliances pour promouvoir la consolidation de la paix non violente comme une alternative au service militaire.

    Ce n’est qu’en mars 2014, à l’occasion des réunions de la Commission Paix de la Conférence Mennonite Mondiale aux Pays-Bas, que Jenny Neme a entendu parler pour la première fois du cas de San-Ming Lee, un jeune homme de 27 ans, membre de l’église mennonite Grace and Peace (Grâce et Paix) à Seoul en Corée du Sud. San-Ming Lee est le premier mennonite en Corée du Sud à déclarer son objection de conscience; il purge présentement une peine de 18 mois d’emprisonnement. Plus de 92% des objecteurs de conscience emprisonnés dans le monde sont en Corée du Sud.

    C’est après avoir entendu l’histoire de San-Ming Lee que Jenny Neme et Justapaz ont raconté ce témoignage d’objection de conscience aux mennonites colombiens. De nombreuses personnes et plusieurs églises se sont engagées à prier pour San-Ming Lee et à lui envoyer des lettres d’encouragement. Selon Jenny Neme, les Colombiens ont donné suite à ce témoignage en raison de leur expérience commune. « Cela pourrait aussi bien nous arriver en Colombie qu’un de nos jeunes hommes soit emprisonné, dit-elle. De plus nous savons par expérience que lorsque nous avons eu besoin d’un secours urgent de nos frères et sœurs, cela a fonctionné ».

    Ê la suite des conversations aux Pays-Bas et de l’intérêt porté à la situation de San-Ming Lee, Justapaz prépare avec d’autres organisations des États-Unis, de l’Allemagne et de la Corée du Sud une série d’ateliers sur l’objection de conscience qui seront offerts en juillet 2015 au Rassemblement de la CMM à Harrisburg, en Pennsylvanie (USA). Ces ateliers comprendront des perspectives historiques et théologiques ainsi qu’un regard actuel sur les réalités de l’objection de conscience. Ils auront pour visée d’accroître la solidarité mondiale autour d’un sujet ayant des conséquences quotidiennes pour les anabaptistes du monde entier.

    Pour Jenny Neme, le thème de l’objection de conscience « représente un défi à la communauté anabaptiste mondiale : le défi de prendre à cœur à nouveau ce thème – un thème très important pour notre tradition de foi. »

    Article rédigé par Anna Vogt, Justapaz

  • Una postura desde la perspectiva de la iglesia de paz – Bienenberg

  • This Peace Sunday worship material is provided by the Peace Commission of Mennonite World Conference. We encourage its use by all MWC-related congregations on the Sunday closest to the International Day of Peace, September 21, 2013.

    INTRODUCTION

    Psalm 23 is a strong image of peace. There we celebrate sitting at the table in the presence of our enemies, and the cup is filled to overflowing. Using this image we respond to God’s call to peace with a ritual of anointing. These peace-worship resources use movement, image, art, and ritual to explore the theme of peace. They begin with the idea that art (construction) is the opposite of war (destruction).

    While it is difficult to do art together in a time of worship, there are ways of making art to interact together.

    Please use these ideas as guidelines to adapt to your congregation’s context. The children’s worship connects with the prayers of the people through a prayer movement. Please feel free to change, adapt, or print material as needed.

    FOCUS STATEMENT

    God fills our cup to overflowing with what is needed to work for peace.

    MAIN SCRIPTURE

    Psalm 23

    Supporting Scriptures: Genesis 1; Matthew 6:9-13; 2 Corinthians 5:18