Nous exhortons l’Église à l’échelle œcuménique, confessionnelle et mondiale, à rejeter les interprétations erronées de la Bible qui justifient les mauvais traitements infligés aux peuples autochtones. Nous renouvelons notre engagement à incarner l’esprit de Jésus comme indiqué dans le Sermon sur la montagne : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu » (Matthieu 5/9).
« La solidarité avec les autochtones est au centre de ce que nous faisons aux Philippines avec Coffee for Peace », déclare Joji Pantoja, présidente de la Commission Paix (2015-2022). La Commission Paix a rédigé une Déclaration de solidarité avec les peuples autochtones qui a été validée par le Conseil Général de la Conférence Mennonite Mondiale en 2018.
« Maintenant que la déclaration est là, le plus dur est de l’utiliser : admettre qu’à moins d’être autochtone, nous sommes probablement le colonisateur ; amplifier les voix que nous n’avons pas entendues à l’époque ; et accepter la vérité quand elle fait mal », explique Joji Pantoja.
La déclaration a été rédigée après la visite en 2015 de responsables de la CMM à La Iglesia Evangélica Unida Hermanos Menonitas de Panamá, une église membre de la CMM composée de peuples Wounaan et Emberra.
« Quand on m’a invitée à rejoindre la délégation au Panama, j’ai dit oui. Je voulais voir si la situation des peuples autochtones [au Panama] était la même que celle des peuples autochtones d’ici », dit Joji Pantoja.
« C’est tellement triste quand vous entendez parler d’une communauté dont les ressources sont bloquées parce qu’elles sont contrôlées par le gouvernement. C’est le cas au Panama. Il arrivait même que ce soient des chefs de communautés tribales qui vendent les cocoboliers à [des intérêts commerciaux] et qui autorisent à en couper davantage. »
Lors de son séjour au Kenya pour les réunions du Conseil Général en 2018, Joji Pantoja a également pu rencontrer des peuples autochtones. « Ils n’ont pas leur mot à dire ou ne savent pas quoi dire. Tant que le gouvernement leur permet d’utiliser la terre, ils gardent le silence. »
« Lorsque je vivais à Vancouver, au Canada, en 1986, mon mari et moi avons vu des membres [« autochtones »] des Premières nations dormir dehors. Comment pouvais-je être dans un pays développé et voir des gens vivre de la sorte dans l’arrière-cour ? J’ai alors eu un pincement au cœur en pensant à la marginalisation des Premières nations. »
« En observant ce qui se passe dans d’autres pays, j’ai été reconnaissante aux Philippines d’être bien avancées dans l’éducation des peuples autochtones en ce qui concerne le droit à l’autodétermination tel qu’il est inscrit dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) ».
Joji Pantoja
L’UNDRIP « n’est pas parfaite », dit-elle, « mais des dispositifs existent ».
Joji Pantoja espère que la déclaration de la CMM aidera les églises membres à se tenir aux côtés des peuples autochtones opprimés.
« Lorsque nous faisons partie de communautés de colonisateurs, nos églises devraient demander pardon ».
« Tout cela est lié à la doctrine de la découverte. Même si nous (nos ancêtres ecclésiologiques) ne sommes pas ceux qui ont persécuté les peuples autochtones par la doctrine de la découverte, nous devrions les respecter parce qu’ils sont des êtres humains créés par Dieu ».
« J’espère que nous parviendrons au stade où les églises reconnaîtront que nos ancêtres ont fait ces choses. Nous essayons maintenant de rectifier le tir. Le document de la CMM sur la solidarité a été adopté par le Conseil Général mais il n’est pas encore entré dans l’esprit des colonisés et des colonisateurs ».
« Avec les problèmes qui se posent actuellement dans le monde, ce document est utile pour que les gens de nos églises entament un dialogue afin que nous puissions vraiment nous réconcilier et rectifier le tir ».
Grâce au dialogue, les églises peuvent apprendre la perspective des peuples autochtones. « Comment pouvons-nous les aider sans créer un autre conflit ? Comment peuvent-ils exprimer ce qu’ils ressentent, ce qu’ils ne pouvaient pas dire auparavant ? Cela demande aussi de la sagesse », dit Joji Pantoja.
« Lisez le document, sensibilisez-vous. Voyez comment Dieu vous parle. Puis soyez prêts à l’utiliser pour amplifier la voix des personnes marginalisées lorsqu’elles ont besoin d’aide… Ainsi, elles ont quelque chose sur lequel s’appuyer et dire : ‘Oh, Dieu merci, les mennonites sont avec moi !’ ».
« La prise de conscience est un cheminement. L’acceptation est un cheminement. Une fois que cela vous frappe dans la tête ou dans le cœur… vous devez agir. »
Panama, 2015
Comme les quatre cavités du cœur, les quatre Commissions de la Conférence Mennonite Mondiale sont au service de la communauté mondiale des églises anabaptistes dans les domaines suivants : diaconie, foi et vie, paix et mission. Les Commissions préparent des documents à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils, proposent des ressources aux églises membres et facilitent le travail des réseaux et des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun. Ci-dessous le communiqué d’une des commissions.
Lecture : Matthieu 5/3-20
En juin 1981, notre famille a déménagé à Cochabamba, en Bolivie, où mes parents devaient en-seigner dans un séminaire baptiste qui souhaitait davantage de contributions anabaptistes.
Nous sommes arrivés à un moment particulièrement agité de l’histoire bolivienne. En juillet 1980, Luis García Meza, un commandant de l’armée bolivienne, avait mené un coup d’état, initiant un régime brutal de type Pinochet. Meza n’a gouverné que pendant environ 13 mois : en raison de la pression exercée par la communauté internationale, il a été contraint de démissionner en août 1981. Son ami et collègue de l’armée, le général Celso Terrelio, a succédé à Meza avec un régime presque aussi répressif.
Comme d’autres dictateurs, García Meza avait introduit une « liste de livres interdits ». Cette mesure visait à étouffer ce qui pouvait potentiellement influencer la pensée des gens, ce qui pou-vait également remettre en question son régime. Curieusement, Meza avait inclus les chapitres 5 à 7 de Matthieu – le Sermon sur la montagne – dans cette « liste de livres interdits ».
Le problème, bien sûr, était que mon père était censé donner un cours sur le livre de Matthieu. Cela a donné lieu à de nombreuses discussions au sein du séminaire. Allaient-ils écouter le gou-vernement et se pencher sur un autre livre de la Bible ? Allaient-ils enseigner Matthieu mais sauter ces trois chapitres ?
Ils ont finalement décidé de demander à l’étranger de donner le cours (y compris le Sermon sur la Montagne) !
Mais cela comportait des risques, d’autant plus que le gouvernement de Meza faisait activement taire les voix contestataires. De fait, le principal répresseur de Meza était le colonel Luis Arce, qui occupait le poste de ministre de l’Intérieur. Il mettait en garde tous les Boliviens qui s’opposaient au nouvel ordre en leur disant qu’ils « devaient se promener avec leur testament sous le bras ! »
Pourquoi un dictateur voudrait-il interdire ces trois chapitres ? Pourquoi trouvaitil ces chapitres menaçants ?
Il y a des interprétations du Sermon sur la Montagne qui ne questionnent pas le pouvoir.
Lorsque ma femme et moi étions pasteurs jeunesse, le 700 Club, une émission de télévision américaine, a fait son apparition sur les écrans de notre petite région du sud de l’Ontario (Canada). Diffusée depuis 1966, elle se présente comme « une émission d’information qui a la variété et le rythme d’une émission matinale….. Elle comporte également des reportages d’investigation approfondis… [et] couvre les grands événements qui affectent notre nation et le monde. »
Un jour, par curiosité, j’ai regardé une émission qui portait sur Matthieu 5/13-16.
Ce qui m’a frappé dans l’explication de l’animateur, c’est qu’il interprétait les déclarations caté-goriques de Matthieu comme si elles s’adressaient aux chrétiens américains
Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde…
Les américains, disait-il, ont l’obligation de partager le mode de vie américain. Selon l’animateur, le mode de vie américain, qui est ordonné par Dieu, et qui met l’accent sur la liberté, la prospérité économique et, bien sûr, la démocratie, est un exemple pour le reste du monde. Il représente l’espoir américain qui donne de la saveur et de la lumière au reste du monde.
Cette émission a démontré combien il est facile d’interpréter le Sermon sur la Montagne, et l’histoire biblique en général, comme une expression de la Destinée Manifeste, qui est elle-même un produit du nationalisme. L’entreprise missionnaire occidentale, note le regretté missiologue sudafricain David Bosch, partait du principe que la culture occidentale était supérieure et que Dieu avait choisi les nations occidentales comme porte-étendards.1 « L’État-nation, affirme-t-il, a remplacé la sainte Église et le saint empire. »2
Kelly Brown Douglas – une théologienne noire et féministe des États-Unis – dépeint cet état d’esprit comme « l’exceptionnalisme américain », issu des graines du mythe blanc, protestant et anglosaxon. « La ‘ville sur la colline’ que les premiers Américains construisaient, dit-elle, n’était rien de moins qu’un témoignage du chauvinisme anglosaxon »,3 qui ont façonné la démocratie par le biais d’une perception particulière de la manière dont le pays devait être structuré autour de la race ;4 nous continuons d’en voir les effets aujourd’hui.
Une partie du problème – comme mes étudiants l’entendent souvent – est la tendance à ne pas faire attention au contexte sociopolitique ou au contexte littéraire lorsqu’on lit et interprète l’Écriture. L’animateur du 700 Club, par exemple, a supposé que le « vous » dans le « vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde… » se référait à lui et/ ou aux chrétiens américains en tant qu’Américains.
Mais, si nous prêtons attention au texte et au sens des paroles de Jésus, le « vous » fait référence à la dernière béatitude : « vous qui êtes persécutés à cause de moi » (Matthieu 5/11). Ce sont ces « vous » qui seront le sel et la lumière dans ce monde.5 Ce passage devient ainsi un outil révolu-tionnaire et subversif.
Le style de prédication de Jésus est particulièrement brillant. Notez comment Jésus met en évi-dence une logique différente. Ceux qui sont « bénis » sont ceux qui n’auraient pas eu d’importance dans la société (les pauvres, les doux, les miséricordieux). Ce sont ceux qui ne vien-nent pas d’abord à l’esprit (ceux qui pleurent, ceux qui ont le cœur pur, ceux qui font la paix).
Mais ces personnes oubliées et inattendues sont précisément celles que Jésus met en avant comme exemples de ce que signifie être béni ! L’esprit que possèdent les pauvres est un esprit béni parce que les pauvres comprennent le sens de la solidarité. Ceux qui ont faim et soif de justice com-prennent le désir de Dieu de voir les gens vivre dans de bonnes relations les uns avec les autres, avec la création et avec Dieu. Ce sont des caractéristiques du Royaume de Dieu. Rappelez-vous que le type de bénédiction dont parle Jésus n’est pas quelque chose que l’on reçoit passivement, mais plutôt une bénédiction active qui pousse les gens à se lever et à bouger. Les Béatitudes met-tent en évidence une logique alternative qui s’éloigne du désir de se considérer comme « excep-tionnel », précisément parce que cela remplacerait alors Dieu qui est la source même de l’exceptionnalité, de la saveur et de la lumière dans notre monde.
L’église Sunderland Mennonite Church, Dhamtari, Inde Photo : fournie
Il ne me semble pas que Jésus nous encourage à déterminer qui est sel et qui ne l’est pas, ou qui est lumière et qui ne l’est pas. Au contraire, Jésus fait ces déclarations catégoriques comme un moyen de décrire quelqu’un qui sert de sel et de lumière ; quelqu’un qui incarne la logique alter-native de Jésus.
Qui plus est, l’utilisation du mot « vous » par Jésus – “Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde…” – s’éloigne d’une compréhension individualisée et souligne la nature collec-tive de cette affirmation. Comme le note Douglas Hare, spécialiste du Nouveau Testament, « Vous êtes le sel, oui, mais pour la terre, pas pour vous-mêmes. De même, vous êtes la lumière, mais pour le monde entier, et non pour une communauté fermée. »6
La « communauté toute entière est mise au défi de remplir sa mission collective de servir de sel et de lumière pour le monde….. C’est une mission à laquelle nous devons travailler ensemble. »7
Lorsque nous adoptons la vision de la logique alternative de Jésus et que nous nous engageons dans une démarche communautaire pour y participer, nous nous libérons des récits qui détruisent, rabaissent, exploitent et excluent. En d’autres termes, nous écoutons les voix de ceux qui sont opprimés, pauvres et marginalisés, précisément pour pouvoir entendre le cri de Dieu. Les choses ne sont pas ce qu’elles devraient être ; nous devons continuer à lutter pour redresser la situation. La logique de Jésus rejette la clameur des autres récits qui cherchent à attirer non seulement notre attention, mais aussi notre allégeance.
En nous opposant à ces autres récits, qui cherchent à maintenir « l’exceptionnalisme », à provo-quer l’injustice et à créer des systèmes d’oppression, nous incarnons une politique émancipatrice. Ce terme de Jacques Rancière (un philosophe français) désigne une forme de politique qui rompt avec « ce qui est » pour aller vers « ce qui peut être ». En d’autres termes, elle défie les systèmes qui perpétuent la mort, l’exclusion et la violence, en exposant les conditions sur lesquelles ils re-posent, et réaffirme une action politique alternative qui incarne l’avenir que Dieu désire dans et pour ce monde.
√Ä la fin de son enseignement sur le livre de Matthieu au séminaire baptiste de Bolivie, mon père a demandé si Luis García Meza, le dictateur bolivien, avait raison d’interdire les chapitres 5 à 7 de Matthieu. Les étudiants ont tous répondu par un « oui » retentissant ! Ces chapitres fournissent les graines d’une logique révolutionnaire qui défierait le pouvoir de Meza – ou de tout autre dictateur.
Jésus nous invite à participer à une communauté appelée à incarner avec résilience la logique sub-versive et révolutionnaire de libération de Jésus dans notre monde.
‚ÄîAndrew G. Suderman est secrétaire de la Commission Paix, professeur adjoint de théologie, paix et mission à Eastern Mennonite University, à Harrisonburg, en Pennsylvanie, EtatsUnis, et directeur des partenariats mondiaux à Mennonite Mission Network.
1. David Bosch, Transforming Mission: Paradigm Shifts in Theology of Mission (Maryknoll: Orbis Books, 2004), 298.
2 David Bosch, Transforming Mission, 299.
3 Kelly Brown Douglas, Stand Your Ground: Black Bodies and the Justice of God (Maryknoll: Orbis Books, 2015), 10.
4 Kelly Brown Douglas, Stand Your Ground, 10.
5 Douglas R. A. Hare, Matthew: Interpretation (Louisville, Kentucky: Westminster John Knox Press, 1993), 44.
6 Douglas R. A. Hare, Matthew, 44.
7 Douglas R. A. Hare, Matthew, 44.
La résilience face à la pandémie
Lorsque l’on regarde ce qui s’est passé ces deux dernières années dans le monde entier, on ne peut que soupirer. Nous n’avons jamais été préparés à cela.
Le fait d’être enfermés pendant plusieurs mois aux Philippines nous a obligés à repenser notre vie sociale. Nous avons tendance à considérer chaque membre de la famille sous un angle différent ; la pandémie nous a fait prendre conscience que nos familles sont des trésors que nous devons chérir.
Tout le monde s’inquiétait à l’idée de contracter un simple rhume ou un petit éternuement, car cela pouvait être interprété différemment. Lorsque vous vous rendiez à l’hôpital pour un contrôle, vous risquiez d’être placé dans une chambre d’isolement, sans aucun proche.
La panique et la solitude sont nos pires ennemis.
Le simple fait de ne pas avoir le contrôle de la situation et de se sentir désemparé nous fait nous sentir perdus.
Un point positif est apparu au cours de cette situation troublée et difficile : notre créativité a été mise à l’épreuve.
Dans notre pays, la circulation des marchandises s’est arrêtée à cause du confinement. Les gens avaient faim. Les produits agricoles devaient circuler.
Cela a provoqué l’émergence d’un nouveau concept : « Produce Peace Plus » était né. Produce Peace Plus était un moyen d’acheminer les produits de la ferme à la table du consommateur tout en offrant une solution pour les produits jetés à cause du confinement. Nous avons pu livrer de la nourriture à des personnes dans le besoin.
La créativité découle de notre grand Créateur.
En tant qu’êtres humains, nous nous soumettons à celui qui nous a créés, nous disons : « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. »
Bien que nous appréciions la création de Dieu, n’adorons pas la création au lieu du Créateur luimême. Lorsque nous faisons confiance à Dieu, le Créateur ingénieux fournit des moyens créatifs pour répondre aux défis qui se présentent au cours de la pandémie et même au-delà.
—Joji Pantoja est présidente de la Commission Paix et fondatrice et directrice générale de « Coffee For Peace » (Café pour la Paix) à Davao, Philippines.
Le pouvoir de la résilience
Témoignage : Dimanche de la Paix
« Mais le récipient qu’il façonnait avec l’argile ne fut pas réussi. Alors le potier en refit un autre, comme il le jugea bon. » (Jérémie : 18/4)..
Ce thème a fait l’objet de nombreuses discussions ces derniers temps, notamment depuis que la pandémie a entraîné des problèmes de santé supplémentaires, une vague de désespoir, etc.
Qu’est-ce que la résilience exactement ?
Lors de ma formation avec le Mindanao Peacebuilding Institute (l’Institut de construction de la paix de Mindanao) en 2018, j’ai rencontré une femme chrétienne palestinienne qui a témoigné sur son vécu dans une zone de guerre. Ma plus grande question était de savoir comment ils arrivent à avoir un tempérament aussi résilient, fort et endurant dans un endroit si chaotique ? Comment est-ce qu’elle et sa famille ont géré toute leur vie au beau milieu de la persécution, de l’hostilité et même des explosions de bombes qui prennent la vie d’amis ?
La résilience se définit comme la capacité à rebondir après une épreuve, à s’adapter, à aller de l’avant et, dans certains cas, à s’épanouir, écrit Eilene Zimmerman. La génétique, l’histoire personnelle, l’environnement et le contexte situationnel jouent tous un rôle dans la résilience d’un individu[1] .
Je pense que la résilience peut se construire chez les individus et les sociétés par le biais de crises, de défis, de catastrophes, de tragédies et de souffrances lors desquelles ils peuvent faire la paix avec la situation et s’adapter à l’incertitude. C’est la force de la résilience interne.
Viktor E. Frankl, dans son livre légendaire sur son séjour dans un camp de concentration, déclare : « On peut faire de ces expériences une victoire, transformant la vie en un triomphe intérieur, ou on peut ignorer le défi et simplement végéter, comme l’ont fait la majorité des prisonniers ».[2] Il s’agit d’une pensée puissante née grâce à l’expérience réelle de la capacité à développer la résilience face à l’adversité.
C’est lors d’un cours autour de la guérison des traumatismes physiques et psychosociaux à l’Anabaptist Mennonite Biblical Seminary (Seminaire Biblique Anabaptiste Mennonite, AMBS) que j’ai appris l’art du kintsugi. Le kintsugi est un art merveilleux qui consiste à restaurer des objets brisés en laquant les fissures et en les saupoudrant méticuleusement de poudre d’or. Les défauts dorés, selon la tradition japonaise, rendent alors les pièces encore plus précieuses qu’auparavant. Cette technique est une belle métaphore pour notre vie, pour imaginer nos aspects endommagés et brisés rayonnant de lumière, d’or et de beauté.
Le kintsugi nous enseigne que les parties blessées de notre corps nous rendent plus forts et meilleurs que nous étions autrefois. Lorsque nous pensons être brisés, nous pouvons ramasser les morceaux, les remettre ensemble et apprendre à apprécier les fissures[3].
Dans l’Ancien Testament, Yahweh- également connu comme la main du potier – fait d’Israël un nouveau vase (Jérémie 18/4). J’aime le mot « refaçonné » ici. Je crois qu’il s’agit d’un processus pour devenir une nouvelle création, une nouvelle personne, dont la réalisation n’est possible que par Dieu et par nous.
C’est à la fois un voyage à la rencontre de Dieu et une pratique de la conscience de soi, de la découverte de soi, de l’auto-guérison ou de l’auto-transformation pour devenir un nouveau vase dans la main du Créateur pour le dessein et la gloire de Dieu.
En ce Dimanche de la Paix, alors que nous nous souvenons des épreuves, des blessures, des traumatismes, des défis, de la souffrance ou de la douleur, grâce à l’aide et aux mains aimantes de Dieu, nous pouvons être transformés en une nouvelle personne et une nouvelle communauté de notre Seigneur.
Sommes-nous prêts à accepter notre fragilité, notre vulnérabilité et nos cicatrices pour être transformés en une communauté de notre Dieu plus résiliente afin de donner du pouvoir à ceux qui nous entourent ?
Tel est le pouvoir de la résilience : travailler avec Dieu pour co-créer de la nouveauté en nous-mêmes, pour être plus prolifiques, plus vivants, pour être un nouvel être humain, et pour être un nouveau peuple de Dieu dans ce monde en mutation. Faisons la paix avec nos morceaux brisés !
—Andi O. Santoso est membre de la Commission Mission. Il est pasteur ordonné dans l’église mennonite GKMI en Indonésie.
Eilene Zimmerman, “What Makes Some People More Resilient Than Others”, New York Times (https://www.nytimes.com/2020/06/18/health/resilience-relationships-trauma.html)
Viktor Emil Frankl, Man’s Search for Meaning: An Introduction to Logotherapy (New York: Pocket Books, 1959, 1963), 115.
Candice Kumai, “Honor your imperfections with the Japanese art of ‘Kintsugi’,” Shine (https://advice.theshineapp.com/articles/honor-your-imperfections-with-the-japanese-art-of-kintsugi/)
Download and print the page to cut out fruits and vegetables for the Peace Sunday activity.
La Résilience : être une nouvelle création dans un monde troublé
Pourquoi avoir choisi ce thème ?
Comment conservons-nous notre résilience face aux difficultés, au désarroi et aux conflits ? Comment maintenons-nous notre espoir en un avenir meilleur lorsque les temps sont durs ?
Cette année, les matériels pour le Dimanche de la Paix exploreront les manières dont les personnes de notre communion manifestent la nouvelle création de Dieu lors de situations difficiles.
« Nous, disciples de Jésus, nous suivons son exemple et travaillons pour apporter la paix au sein du chaos. »
Les églises membres du monde entier ont célébré le Dimanche de la Paix 2021 en utilisant le matériel pour le culte de la Conférence mennonite mondiale intitulé « Trouver l’espoir et la guérison en temps de crise ».
Amos Ganjboir et Rajendra Masih, de l’église mennonite Bethel, à Balodgahan, en Inde, ont travaillé pendant trois jours pour peindre une toile de fond et découper des vagues pour l’activité du dimanche de la paix. Sankalp Jurri et Darshit Dadar les ont aidés à terminer le travail.
« Je remercie Dieu pour ces jeunes et le talent qu’il leur a donné », déclare le pasteur Ashish Kumar Milap.
Il a utilisé le matériel du dimanche de la paix dans toutes les parties du culte.
Pour l’activité, les jeunes ont distribué des stylos et des cartes en forme de vague aux membres de l’église, qui ont écrit ce qui leur volait la paix. Les cartes ont été collectées et collées autour de la peinture du bateau.
« Certains ont écrit que l’inquiétude pour l’avenir de leurs enfants est comme une tempête, d’autres ont écrit que leurs mauvaises habitudes sont comme une tempête, d’autres encore ont écrit que le fait de ne pas avoir de bonnes relations avec [un conjoint] est comme une tempête pour eux, etc. »
Les diacres Divesh Dadar, Dr. Vinay Joseph, Dr. Shasheed Milap et Mme Madhulika Johnson ont témoigné des moments où ils ont été réconfortés par la paix de Dieu en période de maladie physique, de stress mental et entourés de la peur du COVID-19.
L’évêque Dr. V.M. Jurri a conduit la congrégation dans une prière pour la paix au milieu de toutes les « vagues » de la vie. Après le service, l’assemblée a été invitée à prier pour les « tempêtes » que les autres membres avaient écrites sur les vagues.
« Nous remercions la Commission Paix de la CMM de nous avoir conduits à un dimanche de la paix aussi merveilleux et béni. Cela nous a sûrement unis et encouragés à rester fermes en temps de crise en ayant foi en Jésus-Christ, qui a l’autorité pour calmer toutes les tempêtes qui volent notre paix », dit Ashish Kumar Milap.
Comment votre assemblée célèbre-t-elle les événements spéciaux et prie-t-elle pour l’église mondiale ? Racontez-nous vos histoires et partagez vos photos.
Amos Ganjboir et Rajendra Masih, de l’église mennonite Bethel, à Balodgahan, en Inde, ont travaillé pendant trois jours pour peindre une toile de fond et découper des vagues pour l’activité du dimanche de la paix. Sankalp Jurri et Darshit Dadar les ont aidés à terminer le travail. Photos: avec l’aimable autorisation de l’église mennonite Bethel
La Chapelle Emmanuel, une église membre de la BJCPM à Kolkata (Inde), a invité la représentante régionale de la CMM, Cynthia Peacock, à intervenir lors de leur culte du dimanche de la paix. Les jeunes et les enfants de l’école du dimanche de l’église mennonite de Rajnandgaon ont aidé à préparer l’activité « Un bateau au milieu de la tempête » et ont joué une pièce de théâtre. Le témoignage d’Agus Setianto a été lu en hindi, après quoi les membres de l’assemblée ont partagé leurs expériences de la paix de Dieu dans les moments difficiles. « C’était un moment béni d’entendre ces témoignages vivants, et nous avons loué Dieu pour eux », a déclaré le pasteur Vikal Rao.
La congrégation de la Voie du Salut à Conakry, Guinée. Photo : Guilvogui
Iglesia Evangelica Unida Hermanos Mennonitas de Panama Photo : avec l’aimable autorisation de Jacobo Piraza
À travers le monde, plus de 41 millions de filles, de garçons, de femmes et d’hommes dans 43 pays – la moitié environ sont des enfants – risquent aujourd’hui de mourir de faim. La crise de la faim dans le monde est alimentée par les conflits, le changement climatique et l’impact économique du COVID-19 qui a aggravé la situation. Même dans les pays où certains disposent d’une nourriture abondante, nombreux sont ceux qui manquent de tout.
Le Conférence Mennonite Mondiale a travaillé en collaboration avec un grand groupe d’églises et de réseaux chrétiens pour lancer un week-end de prière et d’action les 16 et 17 octobre. Cette action coïncidera avec la Journée Mondiale de l’Alimentation du 16 octobre. L’Alliance ACT Integral Alliance, la Fédération luthérienne mondiale, Micah Global, l’Organisation des églises africaines instituées, l’Armée du Salut, la Conférence Mennonite Mondiale, le Conseil œcuménique des églises, l’Alliance évangélique mondiale, le Conseil méthodiste mondial et World Vision International sont parmi les participants.
Ce sera un moment pour que nous, disciples du Christ, puissions nous unir au-delà des dénominations en solidarité avec nos sœurs et frères, en priant pour eux et avec eux, afin qu’ils puissent avoir une vie sans faim, avec dignité, dans toute la plénitude de la vie, en faisant l’expérience de la grâce et de l’amour de Dieu.
Au cours du week-end, tout un chacun, en familles ou seul, est invité à partager un repas avec d’autres, à offrir une prière de bénédiction pour ceux qui ont faim et à prendre le temps de réfléchir aux causes et à l’impact de la famine. Le dimanche 17 octobre, nous voulons encourager les paroisses locales à mettre l’accent sur cette crise mondiale de la faim durant leur culte dominical.
En ces temps où nous recherchons la paix et la résolution des conflits, Que ta paix vienne, ô Seigneur!
Au cœur de la corruption, de l’impunité et de la violence, Que ta paix vienne, ô Seigneur!
Tout au long du cheminement de ton peuple de Colombie, Que ta paix vienne, ô Seigneur!
Avec la recherche de justice et de paix pour la Colombie, Que ta paix vienne, ô Seigneur!
Au cœur de la souffrance des enfants, des femmes et des hommes, Que ta paix vienne, ô Seigneur!
Que ta paix vienne, ô Seigneur, selon ta volonté. Amen.
—Adaía Bernal, une pasteure anabaptiste. Publié dans ‘Days of Prayer and Action for Colombia’ (DOPA) par le MCC Washington en 2013.
Aimer dans la tempête
Les pires tempêtes, Jésus, sont celles causées par notre peur, quand nous avons peur de perdre notre pouvoir, ou quand nous nous méfions du pouvoir des autres,
et que nous refusons de reconnaître ta mystérieuse autorité ; Pourtant, c’est dans la tempête que nous découvrons notre capacité d’aimer.
En abandonnant notre pauvre prétention au pouvoir et en nous ouvrant à ton Royaume, nous portons un nouveau regard sur nous : appelés, et utiles, et bien-aimés et l’autre, qui qu’il soit – nous le voyons comme digne, et précieux, et aimé.
Maintenant, dans la tempête, Jésus, nous avons besoin de toi, et nous avons besoin les uns des autres. L’amour que tu nous donnes à partager nous conduit, par le sacrifice et le don de soi, à la paix et à la sérénité, – si seulement nous parvenons à nous libérer de l’emprise de la peur sur nous.
Amen.
—John van de Laar, “Sacredise: Liturgical Resources for Progressive Communities” (Sacredise.com)
Prière de confession
(d’après 1 Samuel 17/32-49, Marc 4/35-41)
Dieu d’amour et de puissance, nous entendons les histoires des miracles, et nous doutons que cela puisse se produire aujourd’hui.
Nous regardons les vagues du malheur, de la détresse, de la misère, de la méfiance et de la colère, et nous nous demandons comment les apaiser.
Nous ressentons les pressions des puissants, et la peur nous envahit, qui menace de nous noyer et de ne plus savoir où tu es.
Pardonne-nous la faiblesse de notre foi.
Pardonne-nous nos doutes.
Aide-nous à avoir confiance en toi, Seigneur Jésus.
Aide-nous à fixer notre regard sur toi et sur le ministère auquel tu nous as appelés.
Car nous te le demandons au nom de Jésus.
Amen.
Assurance
(inspiré de Marc 4/35-41)
N’ayez pas peur ! Dieu est avec nous, calmant les tempêtes et les peurs qui font rage dans nos vies. Placez inlassablement votre confiance en Dieu.
Fuerza es mandar al viento y al mar a que obedezcan, Fuerza es blandir una honda en la cara de un gigante furioso. Fuerza es aceptar vulnerabilidad desde el interior del barco, Fuerza es solidarizarse con las personas desamparadas. Fuerza es poner una mejilla Fuerza es amar al enemigo(a). Venimos a adorar a un Dios que redefine nuestra visión de fuerza.
—Katherine HawkerSelf, 1997, “Liturgy Outside: reflections to foster faithful resistance (Liturgia Externa: reflexiones para fomentar la resistencia fiel” (liturgyoutside.net/)
Bendición
Envíanos a la turbulencia del mundo como instrumentos de Tu paz, y envíanos como agentes de Tu justicia, para que todas las personas conozcan la verdad de Tus caminos.
Envíanos como artistas que soportan la alegre responsabilidad de Tu creatividad, para que llevemos luz a las tinieblas, y esperanza entre la desesperanza.
Y concédenos el gozo de la hermandad, con Tu Espíritu y entre nosotros y nosotras este día y para siempre. ¡Amén!
—Rvdo. Mark S. Burrows. Incluida en la edición de Primavera (Spring) de 1998 de la revista Conexiones (Connections).
Comme les quatre cavités du cœur, les quatre commissions de la CMM servent la communauté mondiale des églises anabaptistes dans les domaines suivants : diacres, foi et vie, paix et mission. Les commissions préparent du matériel à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils et proposent des ressources aux églises membres et facilitent le travail des réseaux ou des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun.
Faites connaissance avec un membre d’une des Commissions: Adriana Belinda Rodriguez Velasquez
Comment la Commission est-elle ensemble en Christ ?
Nous cherchons à nous rapprocher d’un message de paix, qui nous fasse réfléchir au concept de paix, non pas dans son sens habituel mais en tant que caractéristique chrétienne en rapport avec la globalité de la vie dans tous les domaines.
La commission a rendu visite à nos frères à Hong Kong, parce qu’ils rencontrent des difficultés semblables aux nôtres, dans chacun de nos pays et de nos continents, et que nous sommes donc bien placés pour les accompagner.
Pour le dimanche de la paix, nous avons préparé des documents qui encouragent et incitent à réfléchir à la paix dans sa globalité.
Donnez-nous un exemple de cette façon d’être ensemble à la Commission ?
Lorsque nous travaillons en équipe, lorsque nous prenons compte de toutes et tous, c’est une manière de montrer l’unité de la commission.
Je ne parle pas anglais et la commission fait toujours en sorte que j’ai une interprète et que je puisse aussi participer. Prendre en considération les entraves à la participation et les besoins spécifiques de chacun est aussi l’illustration de notre unité.
Pourquoi aimez-vous servir au sein de cette Commission ?
Notre responsabilité est de sensibiliser et d’éduquer à l’importance du travail pour la paix. Ê la CMM, nous avons une vision beaucoup plus large ainsi que la possibilité de toucher un grand nombre de personnes. J’ai participé à Renouveau 2019 au Costa Rica où j’ai apporté une réflexion que l’on peut aussi lire dans Courier/Correo/Courrier. Ê cette occasion, j’ai pu faire passe un message, partager en tant que chrétienne, mais aussi en tant que psychologue. Je suis reconnaissante au Seigneur pour cette opportunité.
Quel est le nom de votre paroisse ?
Caminando con Dios, qui appartient à l’union d’églises Iglesia Evangélica Menonita Hondureña
Comment servez-vous l’Église mennonite dans votre vie quotidienne en dehors de votre engagement auprès de la Commission ?
Je fais partie du Mouvement des Femmes Anabaptistes Faiseuse de Théologie en Amérique latine (MTAL). Nous avons édité un guide de méditations quotidiennes. J’y ai participé en tant qu’auteure.
Je fais de la médiation dans le cadre de relations conflictuelles entre les membres des églises. Parfois dans le cadre d’un comité et parfois lors d’interventions ponctuelles spéciales.
Dans mon église, j’enseigne aux adultes et aux enfants. Je fais partie du groupe de louange. Lorsque la paroisse cherche à s’impliquer dans un projet social, en général, on me demande d’aider à l’organisation, la préparation et la logistique.
Au niveau de l’union d’églises, j’apporte mon expertise. Récemment, j’ai proposé d’élaborer bénévolement les descriptifs de projets des églises dans le but de recevoir l’aide financière du fonds de solidarité COVID-19 de la CMM.
De quelle façon sentez-vous que vous êtes ensemble en Christ dans votre vie quotidienne ?
Le contexte de la pandémie nous oblige à communiquer et à maintenir des liens différemment. Depuis le début de la pandémie, nous avons mis en place des temps de prière.
Je cherche à soutenir les membres et leurs familles parce que l’on sait que lorsqu’un proche est malade cela a des répercussions sur toute la famille en les mettant également en danger. C’est une façon de vivre l’unité du corps du Christ. Nous devons faire preuve de créativité et trouver de nouveaux modes de relation.
Faire partie de la CMM, qu’est-ce que ça change pour votre paroisse ?
Nous ne sommes pas une église isolée. L’Église n’existe pas seulement au Honduras. Nous faisons partie de la Conférence Mennonite Mondiale.
C’est le signe que nous bénéficions d’une fraternité et d’un soutien plus large qui nous encourage et nous motive.
Adriana Belinda Rodriguez Velasquez participe à l’événement Renouveau 2019 au Costa Rica. Photo : Ebenezer Mondez
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Thème:
Trouver l’espoir et la guérison en temps de crise
Pourquoi avois choisi ce theme ?
Dans ce passage de l’Évangile, Jésus apporte le salut en temps de crise. Nous désirons et avons besoin de cette paix, surtout après cette année ! Et nous, disciples de Jésus, nous suivons son exemple et travaillons pour apporter la paix au sein du chaos.