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  • Vous êtes invités ! Joignez-vous à nous pour une série de webinaires sur la protection de la création intitulée « Pollinisateur climatique ». Voir ci-dessous. 


    Andre Wiederkehr, de l’Ontario, au Canada, n’a pas de permis de conduire. C’est parce qu’il a choisi de ne pas utiliser de combustibles fossiles pour se déplacer. 

    Sans voiture, il doit parcourir 21 kilomètres à vélo pour se rendre à l’église mennonite de Hanover le dimanche. « Aucun d’entre nous n’est vraiment un cycliste passionné », explique Andre Wiederkehr, qui vit dans une ferme avec son frère et ses parents. 

    La question qui se pose est la suivante : « Est-ce que nous conduisons et poursuivons le système qui ne peut pas durer éternellement, et qui devra donc un jour être rompu, ou est-ce que nous faisons cette rupture maintenant ? » 

    André, son frère Théo et leurs parents ont décidé de faire une rupture de plusieurs façons. 

    • Sur leur ferme de 100 acres, ils s’efforcent de remplacer les tracteurs et les outils motorisés par des méthodes agricoles utilisant la force humaine. 
    • Ils brûlent du bois de chauffage au lieu d’utiliser une cuisinière à gaz ou électrique, et laissent leur cuisinière à bois servir de chauffage pour leur maison. 
    • Ils cultivent la plupart de leurs aliments, ce qui élimine le besoin de transport. 
    • Ils utilisent autant que possible des matériaux de construction locaux, comme le bois, au lieu du métal ou du ciment. 

    Le mode de vie qu’ils ont choisi n’est pas facile. Les frères travaillent dur et se sentent parfois isolés de leurs amis et de leur famille. Alors, comment restent-ils motivés et qu’est-ce qui les pousse à respecter leurs engagements ? 

    « La plupart des gens se tiennent à une sorte de norme morale », explique Andre Wiederkehr. « En ce qui me concerne, je veux être une personne intègre, je veux être capable d’avoir une bonne opinion de moi-même. » 

    Andre Wiederkehr aime fabriquer des outils pour la ferme, et il dit trouver de la satisfaction dans un travail bien fait. Il ajoute qu’il y a quelque chose de gratifiant à « sentir que ce que l’on a fait, on l’a fait dans la bonne voie, de la bonne manière ». 

    Pour Theo Wiederkehr, “ce qui est satisfaisant, c’est… quand je travaille bien avec une autre espèce. C’est ce que je constate le plus souvent avec nos plantes domestiquées”. 

    Theo Wiederkehr est propriétaire d’une entreprise de semences et cultive une grande variété de céréales, dont le blé. « Nous entretenons une relation avec cette plante depuis 10 000 ans dans l’histoire de l’humanité », explique-t-il. « Elle a façonné l’évolution de notre espèce et nous avons façonné l’évolution de son espèce. 

    « Il y a une énorme et étrange satisfaction à tenir dans sa main une gerbe de céréales que l’on a cultivées et récoltées », explique Theo Wiederkehr. « Je l’ai ressentie la première fois que j’ai fait la moisson ». 

    La société moderne est structurée autour de nombreux systèmes qui nuisent à la terre et à l’homme. « En raison de la façon dont notre société s’est développée, nous nous retrouvons dans des situations où il ne semble pas y avoir de bon choix », explique Theo Wiederkehr. 

    Par exemple, « faisons-nous le mauvais choix qui est de nous rendre à l’église d’une manière nuisible, ou faisons-nous le mauvais choix qui est de ne pas faire partie de cette église ? Ni l’un ni l’autre ne semble être une bonne option ». 

    Pour trouver l’inspiration, les frères se tournent vers leur héritage mennonite. « Le désir d’intégrité est profondément ancré dans notre foi », explique Theo Wiederkehr. 

    André donne un exemple : « J’étais passionné de robotique, et j’aime beaucoup plus cela que le jardinage, mais je ne pense pas que je me sentirais bien dans ma vie si c’était ce que je faisais en ce moment ». 

    —Sierra Ross Richer est membre de la Waterford Mennonite Church, à Goshen, en Indiana (États-Unis). Elle est stagiaire au Collectif anabaptiste pour le climat / Anabaptist Climate Collaborative (ACC). Cette histoire, tirée de la série préparée pour la période du carême Pollinisateur climatique : Histoires anabaptistes mondiales sur le changement climatique est reproduite avec sa permission. 

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    Les membres du Groupe de travail de la CMM pour la protection de la création de chaque région animeront une heure de récits et de questions-réponses. Des membres d’églises du monde entier raconteront comment ils sont affectés par le changement climatique et comment ils y répondent par des actions résilientes et l’espoir de l’Évangile.

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  • Inde

    La division et l’union de l’Église de la General Conference mennonite church de Bharatiya ont été marquées par une série d’événements et de difficultés. La division initiale a été provoquée par un différend sur les droits du président et du secrétaire de l’Église.

    La division et l’union de l’Église de la General Conference mennonite church de Bharatiya ont été marquées par une série d’événements et de difficultés. La division initiale a été provoquée par un différend sur les droits du président et du secrétaire de l’Église. 

    En 1994, une question apparemment mineure, celle du choix de la date et du lieu du congrès annuel, est devenue le catalyseur d’une division. Certains membres souhaitaient que le congrès se tienne à Jagdishpur (dans la zone au nord de l’Église) au lieu de Janjgir (dans la zone au sud), ce qui a entraîné des divergences entre les membres du bureau. 

    Cela a conduit à deux réunions distinctes, une à Janjgir et une à Jagdishpur, aboutissant à une église divisée avec deux présidents. 

    Les élections étaient une préoccupation majeure à cette époque. Pour résoudre le problème, il a été décidé d’organiser des élections séparément à Janjgir et Jagdishpur, créant ainsi deux comités exécutifs. Cette division s’est intensifiée lorsque le président a tenté d’imposer des restrictions sur les opérations bancaires, ce qui a conduit à des litiges juridiques et à des rapports de police. 

    Des efforts de réconciliation ont été déployés, notamment par des interventions de pasteurs, du Comité central mennonite (MCC) et de l’Evangelical Fellowship of India. Cependant, ces tentatives n’ont pas donné de résultats positifs et l’animosité a continué de croître entre les deux factions. 

    La situation a pris une tournure juridique avec des audiences devant la Haute Cour, impliquant les deux parties ainsi que les sociétés et les institutions impliquées. La Haute Cour a statué, mais le différend a continué. 

    En 1997 et 1998, des élections ont eu lieu à nouveau, et elles ont renforcé encore davantage la division. Il semblait que la réconciliation devenait de plus en plus improbable. Aucune des deux parties n’était disposée à coopérer. 

    Cependant, un tournant s’est produit lorsqu’une rencontre fortuite a eu lieu entre moi et feu M. N.S. Badhai au Mémorial de Gass, à Raipur, en 1999. Cette rencontre inattendue a donné lieu à une conversation sur la réconciliation. 

    Nous avons tous deux reconnu notre rôle de responsable et donc notre responsabilité de réaliser l’unité dans l’Église. Nous avons décidé de demander la médiation du révérend C.S.R. Geer (un ancien mennonite de Jaghdishpur) dans le but de convoquer une conférence commune (AGA). 

    Avec le soutien d’un responsable de l’Evangelical Fellowship of India (EFI), une conférence commune a été organisée à Jagdishpur en novembre 2002. Malgré la concurrence initiale, j’ai retiré ma candidature pour le poste, et M. N. S. Badhai a été élu président. Un message puissant du responsable de l’EFI sur l’histoire du fils prodigue (Luc 15,11-32) a touché les cœurs. 

    Les membres des deux factions se sont pardonnés mutuellement et ont décidé de se réunir et de vivre ensemble à l’avenir. 

    Depuis, la General Conference mennonite church de Bharatiya a maintenu son unité sous la direction du président de l’union d’églises. La grâce de Dieu a continué à guider l’Église sur un chemin harmonieux malgré de nombreux obstacles. 

    —M. Prem Kishor Bagh est secrétaire de l’Église au siège social de la General Conference mennonite church de Bhartiya à Jagdishpur, (Inde). 


    Courrier 38.4

  • Brésil 

    Cependant nous pouvons construire quelque chose de nouveau au lieu de détruire l’ancien. 

    En 2011, l’Église des frères mennonites du Brésil – COBIM – Frères mennonites (FM) a dû entamer des conversations difficiles. Dieu avait amené des responsables d’autres dénominations dans le COBIM. Il nous fallait maintenant apprendre à gérer ces différences. Les responsables traditionnels des Frères mennonites n’avaient pas prévu de faire venir ces pasteurs issus d’horizons différents ; et eux n’avaient certainement pas prévu de devenir FM ! 

    J’étais l’un de ces derniers. En tant que pasteur des Assemblées de Dieu, j’ai prêché une fois dans une église des frères mennonites et j’ai juré de ne jamais plus le faire. 

    Mais après avoir déménagé dans une banlieue de Curitiba en 2006, des incitations du Saint-Esprit m’ont conduit à maintes reprises dans une assemblée Frères mennonites. Après plusieurs mois d’engagement et d’adhésion à la paroisse, en octobre 2007, le pasteur nous a invités, moi et ma femme, à devenir pasteurs. 

    Dieu accomplissait de très grandes choses dans cette assemblée. Et ce que Dieu faisait localement a commencé à s’étendre vers l’union d’églises. 

    Lorsque nous nous réunissions avec les autres églises FM, nous voyions les différences dans la manière de conduire le culte, de prier, de prêcher. Nous avions des différences culturelles entre l’allemand et le portugais ; entre une culture individualiste et une culture ‘collectiviste’. Celles-ci étaient évidentes. 

    Qui avait raison ? Ceux qui étaient plutôt traditionnels ou ceux qui étaient plutôt pentecôtistes ? 

    Dieu qui voit tout a dit : « Je vais combiner les deux. Nous voulons construire quelque chose de nouveau où personne n’a raison ni n’a tort, mais où les deux ont raison et les deux ont tort et nous les lions pour former un tout. » 

    Nous avons décidé de créer un lieu plus large où les traditionnels et les plus charismatiques pourraient cohabiter. Où tous deux pourraient se respecter et s’enseigner mutuellement : où nous nous complèterions. 

    Les pentecôtistes qui se sont insérés dans la culture anabaptiste doivent apprendre de ce mouvement anabaptiste. Mais nous devons aussi partager ce que nous avons reçu. 

    Cela demande de beaucoup se parler. 

    Nous avons souligné un côté. Nous avons montré l’autre côté. Nous avons défini nos limites afin de pouvoir coopérer. 

    Nous voulions que nos forces convergent, et non se disputer ou créer des tensions autour du pouvoir. 

    Il y a eu beaucoup de moments difficiles. 

    Plusieurs fois, on m’a tapé sur l’épaule pour me demander : « Combien de temps vas-tu rester ici ? » On m’a laissé entendre que je devrais prendre ma différence et l’emmener ailleurs. 

    Une autre fois, lors d’une conférence de pasteurs, certains s’amusaient de l’œuvre du Saint-Esprit et de la façon dont les gens réagissaient avec émotion. J’avais le cœur lourd à l’idée qu’ils plaisantaient de quelque chose d’aussi sérieux. 

    Mais j’ai senti que le Seigneur m’appelait à être patient. Dieu allait faire quelque chose de nouveau. Si les gens n’étaient pas disposés à changer, Dieu interviendrait. 

    Au cours de la période suivante, les responsables les plus résistants au changement ont tous quitté l’église FM, pour diverses raisons. 

    Ces responsables n’étaient ni de mauvais responsables ni des pécheurs, ils ne voyaient tout simplement pas ce que Dieu voulait faire. Leurs convictions basées sur le passé et ce qu’ils avaient appris étaient plus fortes que leur espoir dans ce que le Seigneur voulait faire. 

    Au moment où l’Esprit est venu sur les non-juifs, les responsables ne comprenaient pas pourquoi Dieu se tournait vers les non-juifs. Mais ils étaient assez ouverts pour comprendre que le Seigneur faisait une chose nouvelle, en construisant un ‘pot qui bénirait à partir de ‘l’argile qu’étaient les juifs et les non-juifs mélangée à l’eau du Saint-Esprit’. 

    Dans le COBIM, Dieu m’a donné un ‘Barnabas’ – nommé Paul. C’est un frère mennonite ‘traditionnel’, dont le père est originaire de Russie et la mère a étudié à Goshen College, aux États-Unis. 

    Après une carrière dans le commerce international – qui lui a ouvert les yeux sur différentes façons de faire – il a pris des responsabilités dans l’assemblée locales Frères mennonites. Son parcours lui permet en quelque sorte ‘d’interpréter’ le mouvement charismatique pour la culture anabaptiste. Nous avons besoin de pont ; les nouvelles méthodes ne sont pas simplement téléchargées. 

    Alors que nous apprenons à vivre avec les différences, nous prions les uns pour les autres. Cela montre notre nouvelle disposition. 

    J’ai beaucoup appris en étudiant l’histoire anabaptiste. Grâce aux frères mennonites traditionnels, Dieu m’a conduit à sa Parole. Lorsque j’annonce une parole prophétique, elle est fondée sur les Écritures et sur un discernement commun. 

    Petit à petit, ces deux groupes très différents au sein du COBIM prennent en compte leurs différences et avancent doucement. Nous pouvons voir les choses en noir et blanc, ou nous pouvons créer un espace où nous comprenons que si l’un peut faire ce chemin, l’autre peut aussi le faire, et nous pouvons marcher ensemble. 

    « Nous avons tous nos arrière-plans », dit Paul, « mais lorsque nous sommes ouverts, Dieu nous se révèle à nous à travers les Écritures et nos expériences. » 

    Dans le passé, le choc des cultures était un obstacle. Maintenant, lorsque nous avons des problèmes, nous ne nous rangeons pas chacun d’un côté, mais nous nous asseyons ensemble. Nous devons être prêts à comprendre que Dieu agit de différentes manières (voir les trois pratiques de Larry Miller pour construire la communion). 

    Qu’a accompli Dieu par le conflit dans le COBIM ? Dieu a donné à certains responsables charismatiques un cœur ouvert pour entendre et apprendre. Dieu a donné aux Frères mennonites traditionnels un cœur ouvert pour entendre et aimer. Dieu nous a réunis pour que le royaume de Dieu grandisse, au Brésil et dans le monde. 

    —Reginaldo Valim est pasteur de Igreja Evangélica Irmãos Menonitas (Frères mennonites) de Campo Grande, Mato Gross do Sul (Brésil).  


    Courrier 38.4

  • Malawi

    « Je suis un Yao», dit Madalistso Blessings Kaputa. Ce groupe ethnique est considéré comme musulman au Malawi.  

    « Les Chewas, les Yaos et les Lomés (groupes ethniques majeurs au Malawi) peuvent tous faire partie de la famille de Dieu » dit-il. 

    En tant que Yao, il a la possibilité de représenter l’Église dans les zones musulmanes. « Il existe un lien, une relation entre les musulmans et l’Église. Nous essayons de laisser la communauté musulmane Yao se définir elle-même. Nous faisons partie de la famille de Dieu. Nous n’imposons rien. Les églises travaillent ensemble », dit-il.  

    « Je suis un témoin vivant de l’Église et de la façon dont les anabaptistes vivent avec les autres. Si je n’étais pas capable de vivre de cette manière, il me serait difficile de vivre dans une communauté musulmane. Je recherche la paix. Je partage l’Évangile avec dans la paix. 

    Les paroisses anabaptistes-mennonites du Malawi proclament avec audace l’Évangile en offrant aide et secours tout autant à leurs membres et qu’à leur communauté. 

    Il existe deux églises membres de la CMM au Malawi : Mpingo Wa Abale Mwa Kristu (Frères en Christ- BIC) et l’Église Mennonite des Frères (MB) au Malawi. Toutes deux ont été soutenues à leurs débuts par des évangélistes africains. 

    Mpingo Wa Abale Mwa Kristu (BIC) : Comme l’appel macédonien (Actes 16) 

    Un petit groupe a commencé à se réunir pour prier à Blantyre en 1983. Il a appris l’existence de l’église BIC au Zimbabwe et a souhaité établir un lien avec elle. Pendant qu’ils priaient, ils ont été amenés à écrire une lettre invitant les responsables du Zimbabwe à venir. 

    L’Église BIC du Zimbabwe a entendu cet appel. En 1984, ils ont envoyé les pasteurs Philemon M Khumalo, Bekithemba Dube et leur famille. 

    Une petite assemblée a commencé à se réunir à Ndirande, une banlieue de Blantyre, le centre industriel et urbain du pays. Une deuxième assemblée a bientôt été ouverte à Zombe. Elle a été officiellement reconnue en 1986. 

    Les premiers responsables étaient Sani Selamani Chibwana qui a réuni les premiers amis ; Melawrie Fred Mbamera qui est devenu président et Ephraim Disi, secrétaire. 

    Aujourd’hui, l’Église compte 75 assemblés locales dans les régions du sud et du centre du pays. Il est formé de membres de plusieurs groupes ethniques. 

    L’Église a un ministère envers les jeunes et les femmes. Il existe des projets d’évangélisation, des ministères auprès des personnes touchées par le VIH/SIDA et d’autres ministères de compassion. 

    Ses membres vivent leur identité anabaptiste en pratiquant la paix et l’amour mutuel. Ils cherchent à vivre comme le Christ l’a montré dans Matthieu 5. « Nous avons besoin de Jésus car Dieu est amour. C’est cela notre véritable identité », dit Madalitso Blessing Kaputa. 

    Lorsque les membres annoncent l’Évangile et découvrent qu’il y a des besoins matériels, ils apportent leur aide : en priant, en accompagnant ceux qui en ont besoin et en les soutenant dans la recherche de la guérison ou par des ressources. 

    Ils apportent également un enseignement tiré de la Bible sur le besoin de mettre sa foi en Jésus-Christ plutôt qu’en de fausses doctrines. 

    « Nous pouvons atteindre les gens de deux manières : par les aspects spirituels et par les aspects pratiques », dit Madalitso Blessings Kaputa. 

    « Nous sommes là. Nous sommes sel et lumière, répondant à leurs besoins en prenant en considération la personne tout entière avec un évangile holistique », dit-il. 

    Difficultés 

    La pandémie n’était que l’un des problèmes majeurs auxquels est confrontée l’Église BIC au Malawi. Le VIH/SIDA continue de détruire les familles. L’épidémie de choléra ne s’est atténuée que récemment. Le changement climatique provoque des sécheresses et des intempéries. Récemment, le cyclone Freddy a balayé le pays, détruisant des maisons, des bâtiments d’église et anéantissant des jardins et des cultures, entraînant la mort de pasteurs, de membres de paroisses et de voisins. Les pénuries alimentaires entraînent une hausse des prix. L’Église prie pour savoir comment elle peut aider lorsque les récoltes ne sont pas bonnes. 

    Mais l’Église BIC ne regarde pas qu’aux problèmes. Elle a de l’espoir. 

    « Nous sommes l’agent que Dieu a chargé de transmettre de l’amour à ceux qui ne sont pas aimés », dit Madalitso Blessings Kaputa. 

    « Même si aujourd’hui nous avons des problèmes de santé, l’Église est là pour donner nous de l’espoir. 

    « Même devant un défi comme le changement climatique, nous avons de l’espoir avec Jésus », dit-il. 

    Le baptême : un moment de joie 

    Ê propos d’un récent baptême, Madalitso Blessing Kaputa dit « Si cela avait été une tasse de thé, on y aurait ajouté beaucoup de sucre… pour montrer notre joie ! » 

    Au Malawi, un pays en grande partie rural, le baptême est principalement célébré au bord des rivières ou des lacs. 

    La plupart du temps, de nombreuses personnes, debout, regardent et se réjouissent. 

    C’est un moment de communion fraternelle, alors il y a souvent de la nourriture. 

    Rien ne peut se passer sans chansons ! Chanter, c’est manifester notre joie. 

    Parfois, le baptême est demandé après des mois ou une année d’études. Mais quelquefois d’autres se réveillent et disent : « Allons-y ! » et comprennent ensuite la signification de leur baptême. Après tout, ce n’est pas le baptême qui apporte le salut, mais ce qui se passe dans le cœur. 

    —Madalitso Blessing Kaputa est un évangéliste de l’Église BIC du Malawi. 

    Leaders at the MBCM annual general conference.
    Réunion des responsables lors de l’assemblée générale annuelle du MBCM. Photo : Lyson Makawa

    Église des Frères Mennonites (MB) au Malawi : multiplication des paroisses 

    En 2009, un homme originaire de République démocratique du Congo qui vivait dans le camp de réfugiés de Dzaleka (district de Dowa au Malawi), a pensé qu’il fallait fonder une assemblée. Safari Mutabesha Bahati (RDC), Onesime Kabula (Rwanda), Charles Isaiah, Chiza Sedata, Gems Mariamungu, Gemeya et leur famille ont commencé une paroisse qui a grandi. Des personnes de RDC, du Burundi, d’Éthiopie et du Rwanda s’y sont joints, parlant français, anglais, swahili et bien d’autres langues encore. 

    Leur ferveur évangélique les a emmenés au-delà des limites du camp pour implanter des églises parmi les Malawites locaux. 

    Aujourd’hui, il y a deux paroisses dans le camp et 60 à l’extérieur, dispersées dans les zones rurales de ce pays densément peuplé. 

    La stratégie est qu’une paroisse en implante une autre. Celles-ci forment des centres de 7 à 12 assemblées locales autour d’un centre missionnaire dirigé par un pasteur principal qui rend compte à l’exécutif. Avec cette croissance rapide, toutes les paroisses ne disposent pas d’un pasteur ayant une formation, mais trois fois par an, les pasteurs se réunissent pour une ou deux semaines de formation dans le cadre des ateliers de Formation au Leadership Missionnaire de l’ICOMB. 

    La solidarité régionale et culturelle est forte dans la société malawite. L’Église MB cherche à dépasser ces barrières. « Dans l’Église, tous ces groupes sont ensemble : notre langue commune est Jésus-Christ notre chef. Ce qui nous unit, c’est l’Évangile », dit Lyson Makawa. 

    Les MB s’efforcent d’implanter des églises holistiques. L’évangélisation et la formation de disciples sont des priorités. « Nous croyons qu’il faut former les personnes qui viennent à Jésus-Christ afin qu’elles puissent se développer en maturité », déclare Lyson Makawa. Les nouveaux croyants sont encouragés à suivre des cours pendant au moins un mois pour apprendre les bases de la foi avant le baptême. 

    « Nous croyons aussi qu’il est important d’implanter des assemblées là o√π vous êtes connus spirituellement et physiquement. » 

    Un exemple est le projet de couture lancé dans le camp de réfugiés. Les femmes apprennent à coudre des articles destinés à la vente afin d’avoir une source de revenu. 

    Un autre projet consiste à distribuer un système agricole en kit. Les agriculteurs reçoivent un seau dans lequel se trouvent un outil pour l’irrigation et des graines de légumes. 

    La paroisse a également fourni un incubateur pour faire éclore des poussins pour que les pasteurs puissent élever des poulets afin de se nourrir et avoir un revenu. 

    Difficultés 

    Les pasteurs sont confrontés à de nombreuses difficultés : du manque de formation aux déplacements entre villages en passant par le fait de devoir subvenir aux besoins de leurs familles avec peu de revenus. Leurs paroisses comptent sur eux pour obtenir un soutien spirituel tandis que leurs familles ont besoin d’un soutien financier. 

    Bien que la plupart des pasteurs soient des hommes, une femme est pasteure. Jusqu’à 70 pour cent des membres des assemblées locales sont des femmes. Bien que les différences dans les pratiques religieuses entre maris et femmes puissent causer des problèmes conjugaux, ces difficultés poussent parfois aussi les femmes à chercher de l’aide dans leur paroisse. 

    L’Église MB n’a pas été épargnée par les conséquences du cyclone Freddy. Elle concentre ses efforts de secours vers les personnes âgées, les personnes handicapées et celles qui ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins. 

    Les cultes 

    La réunion du dimanche matin commence par une prière, suivie d’environ 30 minutes d’enseignement. Le chant suit sous différentes formes : louanges puissantes avec des danses, hymnes plus contemplatifs et chorales. Au cours de l’heure suivante, le pasteur ou un ancien, ou même un pasteur d’une autre assemblée, prêche la Parole de Dieu. Ensuite, c’est le moment de l’offrande, suivie de la bénédiction. 

    Les paroisses organisent parfois des cultes en milieu de semaine pendant environ une heure. 

    Des réunions pour enseigner la Parole de Dieu ont lieu le mercredi, à partir de 15 heures. 

    Le jeudi, souvent les femmes se réunissent. C’est l’occasion de travailler ensemble comme pour décorer l’église, ou avoir des moments de soutien mutuel. 

    Le samedi, il y a des réunions d’intercession. « Nous avons un Dieu qui répond à nos prières », déclare Lyson Makawa. 

    —Lyson Makawa est coordinatrice du leadership et du renforcement des capacités auprès de l’Église des Frères mennonites (MB) du Malawi. 

    Relations avec d’autres églises 

    « Nous savons que nous appartenons à la grande famille anabaptiste », déclare Lyson Makawa. « Avoir les mêmes racines nous unit. » 

    Les églises mennonites-anabaptistes du Malawi sont reliées au corps plus large du Christ dans le monde ainsi qu’entre elles. Le BIC et le MB sont tous deux liés au Comité central mennonite et travaillent ensemble. 

    Les MB ont également collaboré avec un groupe anabaptiste-mennonite conservateur du pays pour la publication de matériel d’évangélisation. 

    Les relations se poursuivent entre les églises BIC du Malawi et du Zimbabwe : des Zimbabwéens sont fréquemment invités aux conférences des églises du Malawi, et apportent parfois des enseignements. Une délégation de femmes du Malawi s’est rendue au Zimbabwe dans le cadre d’un projet d’apprentissage. 

    Ê l’instar de son Église mère, le Malawi BIC évangélise également dans de nouveaux domaines. Une planification stratégique est en cours pour atteindre la partie nord du pays ainsi que le Mozambique voisin. « Nous avons à cœur la mission », déclare Madalitso Blessing Kaputa. 

    Les relations avec d’autres organisations ecclésiales rappellent aux frères et sœurs du Malawi qu’ils ne sont pas seuls. « Quoi qu’il se passe à la CMM, cela implique même l’Église du Malawi. Nous ne tenons pas cela pour acquis : nous sommes une famille », déclare Madalitso Blessings Kaputa. 


    Courrier 38.4

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    De janvier à avril, c’est la saison des pluies à Guayaquil, une ville portuaire sur la côte équatorienne. Mais cette année, explique Sara Noemi Viteri Moreno, membre de Iglesia Jesus el Buen Pastor (Église mennonite Jésus le bon berger) à Guayaquil, il n’a pratiquement pas plu. 

    Sara Noemi Viteri Moreno est une ingénieure en environnement qui aide à diriger le programme pour les jeunes dans son église. 

    « Il ne pleut plus comme avant, dit-elle, ce qui fait qu’il fait plus chaud ». Elle soupçonne que ces tendances sont liées à un autre facteur : la diminution des terrains arborés de la ville. 

    « Près de l’église, il y avait des arbres très vieux », explique Sara Noemi Viteri Moreno. Mais il y a environ cinq ans, la ville les a abattus. 

    Depuis, il y a moins d’ombre et la chaleur accrue est notable, explique Sara Noemi Viteri Moreno. Ces arbres ne sont pas les seuls en cause. Partout dans la ville, des arbres ont été abattus en raison de l’augmentation de la population. « Ces arbres amenaient la pluie dans cette région », dit-elle. 

    Avec plus de trois millions d’habitants, Guayaquil est la plus grande ville d’Équateur, et elle ne cesse de s’agrandir. La plupart des nouveaux arrivants sont des Équatoriens originaires des régions rurales, mais la ville accueille également un nombre croissant de réfugiés venus de l’extérieur du pays, principalement du Venezuela. 

    Depuis 2015, l’Équateur a accueilli plus de 500 000 réfugiés fuyant les troubles politiques, la violence, la pauvreté et l’insécurité économique et sociale au Venezuela. Ê Guayaquil, beaucoup vivent au bord des rivières, sous les ponts et dans les parcs.  

    La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) décrit le changement climatique comme un multiplicateur de menaces. « Il aggrave les pressions sociales, économiques et environnementales, entraînant des bouleversements sociaux, voire des conflits violents. » 

    L’immigration de réfugiés en provenance du Venezuela signifie que des destinations comme Guayaquil deviennent de plus en plus surpeuplées. Les gens coupent les forêts et construisent près des rivières. Cela entraîne des problèmes comme des glissements de terrain et des inondations, explique Sara Noemi Viteri Moreno. 

    Dans l’église, « nous ne sommes pas très conscients de ce qui se passe. » 

    Cependant, ils soutiennent les réfugiés vénézuéliens. Au fil des ans, le bâtiment de l’église a servi de foyer temporaire à des familles à la recherche d’un emploi et d’un logement. Les fidèles ont fourni aux nouveaux arrivants des matelas pour dormir, de la nourriture pour manger et des vêtements pour se vêtir. 

    « La migration signifie qu’il y a plus de gens au même endroit », explique Sara Noemi Viteri Moreno. « Il n’y a plus d’endroits où s’établir. » 

    « Cela fait partie du changement climatique. C’est un des problèmes auquel nous pouvons nous attaquer au départ. 

    —Sierra Ross Richer est membre de la Waterford Mennonite Church, à Goshen, en Indiana (États-Unis). Elle est stagiaire au Collectif anabaptiste pour le climat / Anabaptist Climate Collaborative (ACC). Cette histoire, tirée de la série préparée pour la période du carême Pollinisateur climatique : Histoires anabaptistes mondiales sur le changement climatique est reproduite avec sa permission. 

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    Les membres du Groupe de travail de la CMM pour la protection de la création de chaque région animeront une heure de récits et de questions-réponses. Des membres d’églises du monde entier raconteront comment ils sont affectés par le changement climatique et comment ils y répondent par des actions résilientes et l’espoir de l’Évangile.

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    Chaque webinaire aura lieu le mardi à 14h UTC (cliquez ici pour trouver l’heure dans votre région). Inscrivez-vous ici :

  • Les valeurs anabaptistes, au contraire, appellent à l’intendance (une prise en charge réfléchie), à la simplicité et à la dignité de toutes les personnes créées à l’image de Dieu. Au nom de la Conférence mennonite mondiale, le Groupe de travail pour la protection de la création (Creation Care Task Force, CCTF) a soutenu l’appel interreligieux en faveur d’un traité de non-prolifération des combustibles fossiles. « Pour être de bons gardiens de notre maison commune, nous devons agir et mettre fin progressivement à la production de combustibles fossiles », peut-on lire dans la lettre interconfessionnelle. 

    Elle appelle les gouvernements à établir un plan mondial contraignant visant à 

    1. mettre fin à l’expansion de toute nouvelle production de charbon, de pétrole ou de gaz ; 
    2. Éliminer progressivement la production existante de combustibles fossiles d’une manière juste et équitable ; 
    3. Assurer une transition juste à l’échelle mondiale vers un accès à 100 % aux énergies renouvelables. 

    La lettre, adressée aux gouvernements du monde entier, a été remise pour la première fois aux dirigeants mondiaux lors de la COP27 (Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique de 2022 à Charm el-Cheikh, en Égypte). Cet appel, lancé en 2015 par les pays des îles du Pacifique dont les frontières sont rapidement réduites par la montée des océans, tente d’inciter les nations à s’attaquer à la production de pétrole, de gaz et de charbon et à négocier une transition équitable vers les énergies renouvelables. 

    « Il est important que les anabaptistes fassent entendre leur voix pour soutenir les actions en faveur de la planète », déclare Doug Graber Neufeld, président de la CCTF. « L’abandon des combustibles fossiles est une des meilleures façons de soutenir nos frères et sœurs du monde entier dont la survie est menacée par le changement climatique ». 

    « Pour les anabaptistes du Sud, la production et l’utilisation de ressources naturelles non renouvelables telles que les combustibles fossiles, le gaz et le charbon soulèvent divers problèmes éthiques, notamment en ce qui concerne nos responsabilités envers les générations futures. Nous devons non seulement rechercher des énergies alternatives, mais aussi veiller à ce que chacun puisse profiter équitablement de l’abondance des ressources naturelles. Nous croyons que la création de Dieu peut répondre à tous les besoins humains, mais pas à l’avidité humaine », déclare Nindyo Sasongko, représentant de la CCTF pour l’Asie. 

    « Toute la création est l’œuvre de l’amour de Dieu », déclare Thomas R. Yoder Neufeld, président de la Commission Foi et Vie. « Se détourner de l’exploitation irresponsable des énergies fossiles n’est pas seulement dans notre intérêt humain, mais c’est surtout une manière de participer à l’amour de Dieu pour le monde ». 

    « Les anabaptistes croient que les schémas humains d’avidité, d’égoïsme et de surconsommation sont des péchés qui nécessitent la repentance et la transformation. Il s’agit d’un travail spirituel, mais aussi d’un travail sociétal. Cet appel à la non-prolifération des combustibles fossiles demande aux gouvernements d’utiliser leur pouvoir pour réduire les effets de ces péchés sur les plus vulnérables et sur l’ensemble de l’humanité », dit César García, secrétaire général de la CMM. 

    La CMM rejoint des centaines d’autres groupes religieux, du Mouvement Laudato Si’ (catholique romain) au Parlement des Religions du Monde, en demandant aux gouvernements d’élaborer et de mettre en œuvre un traité de non-prolifération des combustibles fossiles. 

    Cliquez ici pour …

  • Il y a quelques années, dans mon assemblée locale en Colombie, un ami m’a dit : « Oh ! César, comme je t’envie ! » « Pourquoi ? » lui ai-je demandé. « Je travaille dans une entreprise multinationale. Je fais face à beaucoup de stress en raison des conflits persistants et des relations brisées avec mes collègues et mes patrons. Mais toi, César, tu travailles avec des pasteurs et des responsables d’églises. Quels conflits pourriez-vous avoir ? » 

    Nous savons que les conflits entre responsables, la polarisation et les divisions font partie de toutes les églises – locales, régionales ou mondiales. Les relations brisées en raison de désaccords semblent être la seule option lorsque les différences sont irréconciliables. Cependant, je me demande s’il doit en être ainsi. 

    La manière particulière dont les paroisses gèrent les conflits devrait être la spécificité d’une communauté alternative. L’Église est la communauté qui peut montrer au monde qu’il est possible de gérer les conflits sans division ni relations brisées. 

    Mais nous, anabaptistes, nous savons que notre histoire nous montre que cela n’a pas été toujours le cas. 

    Il y a quelques mois, je lisais un article dans un magazine mennonite. Son auteur a déclaré : « Je suis fier de quitter cette assemblée parce que c’est ce que la fidélité me demande. Vous savez, quand vous devez sacrifier la doctrine ou l’éthique, il est temps de partir. 

    Bien sûr, c’est un dilemme si vous devez choisir entre l’unité d’un côté ou la doctrine ou l’éthique de l’autre. Faut-il sacrifier l’unité pour garder une doctrine saine ou une éthique intègre ? C’est ainsi que nous avons approché les conflits doctrinaux et éthiques au cours de notre histoire anabaptiste. Notre expérience de constante fragmentation nous a amenés à spiritualiser l’unité ou à la laisser pour l’au-delà. 

    Cependant, le Nouveau Testament parle de l’unité des disciples de Jésus comme d’un don du Saint-Esprit qui doit être reçu, apprécié et maintenu ici et maintenant (voir, par exemple, l’Épître aux Éphésiens). 

    Parler d’unité implique l’existence de différences et de désaccords. 

    Je crois que l’unité et les désaccords ne sont pas opposés. Dans ma propre vie, je vis des contradictions. Aujourd’hui, je ne suis pas entièrement d’accord avec tout ce que j’ai enseigné au cours de mes 30 années de ministère. Grâce à Dieu, je peux dire que j’ai grandi dans ma vie spirituelle et dans mon parcours à la suite de Jésus. 

    « Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait », dit l’apôtre Paul (Romains 12,2). Le renouvellement implique un changement, une transformation et une certaine contradiction interne avec ce que je croyais, faisais ou étais auparavant. 

    Si les désaccords et les contradictions font partie du corps du Christ, les conflits le font aussi. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles les désaccords, les enseignements sur le pardon et la résolution des conflits entre disciples sont des sujets fréquents tout au long du Nouveau Testament. 

    Le problème n’est donc pas lié à l’existence de conflits, mais plutôt à la manière dont nous les gérons. 

    Les conflits ne doivent pas nécessairement aboutir à des relations brisées et à des divisions. S’il existe un désaccord profond et irréconciliable entre les disciples de Jésus, se condamner ou s’excommunier mutuellement n’est pas la seule option. Pourquoi penser que notre frère ou notre sœur en Christ n’est pas un chrétien honnête parce qu’il ne pense pas comme nous ou comme notre groupe ? 

    De grands désaccords peuvent nous pousser à nous éloigner – pour un certain temps – les uns des autres. Des positions irréconciliables peuvent rendre la collaboration trop difficile. Mais cela ne signifie pas que nous devons remettre en question l’engagement envers Jésus de ceux qui ne sont pas d’accord avec nous. Pouvons-nous dire : « Je suis fortement en désaccord avec toi, mais je respecte néanmoins ton engagement envers le Christ » ? Pouvons-nous prendre de la distance avec les autres croyants sans les condamner et sans rompre la relation ? 

    Telles sont quelques-unes des questions que nous souhaitons aborder dans ce numéro de Courrier. Que Dieu nous guide pour trouver des réponses bibliques qui nous permettent de montrer au monde ce qui est différent lorsque nous abordons les conflits en tant que membres d’une communauté alternative et avec la puissance du Saint-Esprit. Que Dieu nous aide à renouveler notre esprit pour répondre aux conflits au sein des églises. 

    —César García est secrétaire général de la Conférence Mennonite Mondiale. Originaire de Colombie, il vit à Kitchener, Ontario (Canada).


    Courrier 38.4

  • Indonésie

    L’Église de GITJ (Gereja Injili di Tanah Jawa – Église évangélique de Java), en Indonésie, ont été en conflit pendant 22 ans. La raison principale était qu’un des groupes (comprenant 24 assemblées) était reconnu par le gouvernement indonésien et pas l’autre (environ 50 assemblées).  

    Pendant toute la durée du désaccord, de nombreux membres de ces assemblées désiraient profondément la réconciliation.  

    Les églises demandèrent au pasteur Lawrence Yoder (États-Unis) de venir les aider et, grâce à son approche personnelle, il réussit à persuader les deux groupes de se parler. Elles le firent lors d’une retraite pastorale et d’une réunion du Conseil Général des Églises. 

    Puis, en 1999, chacun des deux groupes eut l’occasion d’envoyer un représentant – Pudjo Kartiko et Hendro Soeradi – assister à un cours d’été sur le travail pour la paix à Eastern Mennonite University à Harrisonburg (États-Unis). A leur retour, ils se mirent au travail avec les deux groupes en vue de la réconciliation. 

    Aidés par le Centre de la Paix de l’Université Chrétienne de Duta Wacana à Yogyakarta, ils acceptèrent de se rencontrer pour résoudre leur conflit. 

    Lors de cette rencontre, ils décidèrent de tenir une conférence extraordinaire dans le but de former une seule entité marquant la réconciliation des membres du synode du GITJ. 

    Cette conférence extraordinaire eut lieu en 2000 et aboutit au choix d’un conseil unique pour le GITJ. Les deux années suivantes, celui-ci mit en place un conseil synodal unifié. Maintenant l’ensemble des paroisses est regroupé sous une seule organisation et s’emploie à maintenir un esprit d’unité. 

    —Gereja Injili di Tanah Jawa (GITJ – Église évangélique de Java) 
    Cet article est paru précédemment dans Courier / Correo / Courrier, volume 19, numéro 3. 


    Courrier 38.4

  • Canada

    L’Église MB (frères mennonites) a vu le jour alors qu’un changement important parmi les mennonites se produisait dans ce qui était alors la Russie du Sud. 

    C’est en 1860 que certains membres de l’assemblée mennonite de Gnadenfeld, dans la colonie de Molotschna, ont demandé à leurs responsables de se réunir séparément pour la cène. Ces membres ne voulaient pas célébrer la cène avec ceux qui n’avaient pas fait l’expérience personnelle du renouveau et de la conversion piétistes. Lorsque les responsables ont refusé d’exaucer leur souhait, ces membres se sont réunis séparément, ont célébré leur propre communion et ont fondé l’Église Mennonite Brethren (MB – frères mennonites). 

    La raison de la création de l’assemblée MB était le désir de ceux qui ont été renouvelés grâce à l’influence du piétisme luthérien et baptiste de former une église qui inclurait uniquement les personnes partageant ces mêmes convictions. En revanche, les autres paroisses mennonites ont accepté les nouvelles influences piétistes ainsi que les pratiques et les formes de piété mennonites historiques. La position séparatiste des MB et son prosélytisme actif dans les paroisses mennonites ont créé des tensions. 

    Après un certain temps, des membres MB sont devenus mécontents du fossé qui s’était développé entre leur assemblée et l’assemblée mennonite, et ils ont été le fer de lance de la formation de l’église mennonite Allianz. Cette assemblée essayait d’être un pont entre les deux, permettant des formes de piété plus diverses. 

    Tensions inter-ecclésiales 

    La migration mennonite vers l’Amérique du Nord dans les années 1870 a eu une importance considérable. De nombreux autres immigrants mennonites venus de diverses églises de Russie se sont joints à la General Conference. Les tensions qui existaient entre les frères mennonites et les autres assemblées mennonites de Russie ont été désormais transférées aux relations entre les MB et les assemblées de la General Conference. 

    Aux États-Unis, avec l’évangélisation comme objectif principal et en raison de la facilité d’accès à la langue allemande, les MB a continué à essayer d’attirer d’autres paroisses mennonites. Ils créèrent des tensions. Lorsque l’union d’églises MB, dont le siège était au Kansas, envoya des « missionnaires » dans la région de Winkler (sud du Manitoba) dans les années 1880 et formèrent la première assemblée MB au Canada, cela créa de nouvelles tensions avec les mennonites de la région. 

    Les groupes d’immigrés se séparent à nouveau 

    L’immigration au Canada de 20 000 mennonites dans les années 1920, dont environ un tiers étaient des frères mennonites, promettait initialement de changer la dynamique entre les MB et les autres mennonites. 

    L’immigration elle-même nécessitait une coopération entre les groupes mennonites du Canada et ceux de la Russie. En Russie, le mouvement d’émigration était dirigé par B. B. Janz et C.F. Klassen, deux MB. Au Canada, il était dirigé par David Toews, président du Canadian Mennonite Board of Colonization, et modérateur de la Conference of mennonites in Canada, qui fait maintenant partie de MC Canada. 

    Au moment de leur immigration, les membres des 2 groupes, mennonites et MB, avaient des cultes en commun dans de nombreux endroits. Pendant une courte période, il a semblé que le traumatisme et les difficultés de l’immigration allaient permettre de combler le fossé au sein de la communauté mennonite. 

    Cependant, les loyautés institutionnelles et confessionnelles sont réapparues. Des lieux de culte séparés furent créés, et dans chaque communauté deux églises confessionnelles se formèrent. 

    Coopération avec le MCC autour de l’objection de conscience  

    Il existe cependant aussi des domaines de coopération. 

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, les MB, la Conference of mennonites in Canada et les Swiss Mennonites Conferences in Ontario proposèrent ensemble au gouvernement fédéral un service alternatif comme une forme d’objection de conscience. 

    Par la suite, les MB ont participé à la fondation du Comité central mennonite (MCC) du Canada dans les années 1960 et à la création du Columbia Bible College en Colombie-Britannique au début des années 1970. Cet esprit de coopération s’est poursuivi lors de la création de l’Université mennonite canadienne (CMU) à Winnipeg dans les années 1990. 

    Le changement de langue utilisée lors des cultes de l’allemand à l’anglais dans les années 1950 et 1960 a permis aux MB d’accepter bon nombre des aspects du mouvement évangélique canadien. Le piétisme MB s’est transformé en mouvement évangélique. Pour certains membres des MB, cette influence a entraîné un renforcement des liens avec les groupes évangéliques et une diminution de l’accent mis sur la paix, le service et d’autres caractéristiques mennonites historiques. 

    D’autres MB ont été influencés par l’impulsion de renouveau de la ‘Vision anabaptiste’, associée au nom d’Harold S. Bender. Nombreux sont ceux qui, partageant ces convictions, sont devenues de fervents promoteurs des questions de paix et de justice et ont soutenu des organisations inter-mennonites comme le MCC. 

    Les MB ont également joué un rôle important dans la fondation et le soutien de diverses organisations de services inter-mennonites comme la Banque canadienne de Grains et la branche canadienne de Mennonite Economic Development Associates. 

    La situation actuelle 

    Dès les premières années, les deux groupes ont évolué vers une relation dans laquelle, même s’ils sont quelque peu différents, ils peuvent s’accepter et apprendre l’un de l’autre. 

    —John J. Friesen est professeur émérite de l’Université mennonite canadienne. Cet article est l’adaptation d’un article paru dans le Canadian Mennonite. 

    Courrier 38.4

  • Vous êtes invités ! Joignez-vous à nous pour une série de webinaires sur la protection de la création intitulée « Pollinisateur climatique ». Voir ci-dessous. 


    Sur la carte des églises vertes des Pays-Bas, un point vert correspond à l’église mennonite d’Aalsmeer. Un autre point représente Arboretumkerk (anciennement l’église mennonite de Wageningen), située dans une province plus au sud. 

    « Il y a six ans, l’église (d’Aalsmeer) a réfléchi au changement climatique et s’est dit qu’il fallait faire quelque chose », explique Leo Bakker, membre du comité de développement durable de l’église mennonite d’Aalsmeer. « L’une des premières choses que nous avons faites a été de nous associer à un réseau national d’églises vertes. » 

    Ce réseau, Groene Kerken (Églises vertes), comprend 410 églises dans toute la Hollande. « Il s’agit d’un vaste réseau pour toutes sortes d’églises différentes et de toutes les confessions », explique Leo Bakker. 

    Jan Joost Kessler, qui a fait partie du groupe de travail sur le développement durable de l’Arboretumkerk de Wageningen, explique que l’adhésion au réseau des Églises vertes a également joué un rôle important dans la réponse de son église au changement climatique. 

    « Ê l’entrée de notre église, nous avons une enseigne assez grande qui indique que nous sommes une église verte », dit Jan Joost Kessler. « Il est donc facile de nous reconnaître. » 

    Le site Web des Églises vertes fournit une liste d’actions que les églises peuvent entreprendre. Pour rejoindre le réseau et demander une enseigne, les églises doivent s’engager à entreprendre une nouvelle action chaque année. 

    Les actions sont réparties en six catégories : création et nature ; foi et inspiration ; énergie et climat ; gestion de l’argent ; politique et approche ; et achats réfléchis. Lorsqu’une église réalise une action dans l’une de ces catégories, elle reçoit un badge sur le site Web. 

    Les actions entreprises par l’église d’Aalsmeer comprennent le calcul de l’empreinte carbone de l’église, le passage à des sources d’énergies renouvelables, l’organisation d’événements éducatifs, la publication d’un bulletin d’information contenant des conseils en matière de durabilité, l’utilisation de produits de nettoyage non toxiques et l’organisation de cultes « verts » chaque année. 

    Arboretumkerk a amélioré l’isolation du bâtiment, installé des fenêtres à double vitrage, s’est engagé à acheter des produits issus du commerce équitable et a investi son argent dans des industries responsables. 

    Tous les deux ans, les Églises vertes des Pays-Bas se réunissent pour établir des liens et échanger sur leurs expériences. 

    « C’est très utile parce qu’il y a beaucoup d’échanges, d’apprentissage et d’inspiration », déclare Jan Joost Kessler qui assiste habituellement à ces événements. 

    C’est l’objectif du réseau. 

    « Les églises vertes sont contagieuses », peut-on lire sur le site. « Elles ouvrent la voie à une coexistence joyeuse et simple et attirent les autres églises. » 

    —Sierra Ross Richer est membre de la Waterford Mennonite Church, à Goshen, en Indiana (États-Unis). Elle est stagiaire au Collectif anabaptiste pour le climat / Anabaptist Climate Collaborative (ACC). Cette histoire, tirée de la série préparée pour la période du carême Pollinisateur climatique : Histoires anabaptistes mondiales sur le changement climatique est reproduite avec sa permission. 

    Cliquez ici pour accéder aux enregistrements des webinaires précédents : 

    Les membres du Groupe de travail de la CMM pour la protection de la création de chaque région animeront une heure de récits et de questions-réponses. Des membres d’églises du monde entier raconteront comment ils sont affectés par le changement climatique et comment ils y répondent par des actions résilientes et l’espoir de l’Évangile.

    Autres articles pour le webinaire « Europe » (en anglais)

    Chaque webinaire aura lieu le mardi à 14h UTC (cliquez ici pour trouver l’heure dans votre région). Inscrivez-vous ici :

  • Suisse

    Ces dernières années, le Centre de Formation du Bienenberg a proposé la formation « Points chauds », qui donne la parole à des positions opposées sur des sujets chauds actuels dans les églises. Les intervenants débattent et les participants leur posent des questions, qu’ils soient d’accord ou non avec les points du vue. Ils sont invités à s’engager avec leurs propres sensibilités et convictions : à bien écouter et à être prêts à remettre en question leurs propres réponses. Les sessions se terminent par cette prière pour l’unité.

    Notre Dieu, Merci… pour la Parole que tu as adressée à d’autres avant nous et que tu continues à nous adresser aujourd’hui. Loué sois-tu !

    Merci… pour le chatoiement de ta Parole sur nos vies, sur l’Église, pour le monde – et pour sa force de transformation. Loué sois-tu !

    Merci… pour la Parole incarnée et ultime qui a pris le visage de Jésus, lui qui nous ouvre le chemin du Royaume de la paix-shalom. Loué sois-tu !

    Pardon… pour notre surdité à entendre ce que tu veux nous dire par ta Parole, lorsque cela nous dérange… Seigneur, prends pitié.

    Pardon… pour les échauffourées avec d’autres, provoquées par les sujets chauds entre nous. Seigneur, prends pitié.

    Pardon… pour la férocité avec laquelle nous cherchons à avoir toujours raison, comme pour la lâcheté qui nous conduit à tout relativiser. Seigneur, prends pitié.

    S’il te plaît… apprends-nous à savoir concilier la recherche de la vérité de ta Parole avec l’amour pour celui ou celle qui la comprend autrement. Ê l’aide, Seigneur !

    S’il te plaît… rassemble ton Église aux multiples chapelles pour qu’elle soit un signe d’unité, telle que tu la veux, par les moyens que tu veux. Ê l’aide, Seigneur !

    S’il te plaît… entraîne ton peuple, par la force de l’Esprit Saint, à s’entraîner sérieusement à aimer, comme ton Fils nous l’a démontré, pour le jour où tu seras tout en tous. Ê l’aide, Seigneur !

    Nous prions ensemble par Jésus, notre Seigneur, notre Sauveur et notre Frère. Amen.

    —Michel Sommer Michel Sommer est enseignant au Centre de Formation du Bienenberg (Suisse). Cette prière a été publiée précédemment dans Christ Seul, le magazine des mennonites de France. 


    Courrier 38.4