Réseau : Courier

  • « Si vous ne savez pas où vous allez, n’importe quelle route vous y mènera ». Ce dicton résume l’une des idées du conte classique pour enfants de Lewis Carroll, Alice au Pays des Merveilles. Il est essentiel d’avoir une route et de définir sa destination si l’on veut y arriver.

    Il existe une version biblique de ce dicton dans Proverbes 11.14 « Faute de politique un peuple tombe » .

    Gouverner, direction, route, destination’ : tous ces mots sont impliqués dans un autre mot qui est parfois mal compris et historiquement problématique, mais qui a beaucoup de contenu théologique : ’mission’.

    Dans le livre God’s People in Mission: An Anabaptist Perspective, je définis la mission comme tout ce que l’Église est et fait en témoignant de Jésus-Christ dans son ministère de réconciliation. Permettez-moi de développer un peu plus cette définition :

    Tout ce que l’Église est et fait

    • L’Église est un avant-goût du Royaume de Dieu.
    • L’Église n’a pas de message. Elle est le message.
    • L’Église en tant que message implique sa véritable présence. Toute mission qui n’est pas communautaire et interdépendante est fragile.
    • La présence de l’Église annonce l’Évangile de Jésus-Christ par des paroles et des actes, travaillant ainsi à la réconciliation.
    • L’action de l’Église dans son travail de témoignage comprend tout ce qu’elle fait : culte, accompagnement pastoral, enseignement, évangélisation, service, construction de la paix et ministères pour la santé, entre autres. Ce que l’Église fait ou ne fait pas, et comment elle le fait, fait partie de son message.

    en témoignant de Jésus-Christ

    • Par ses paroles et ses actes, le message de la communauté est un témoignage de son expérience et de ses connaissances. Cela implique une approche qui n’est pas impérialiste (comme si elle était la maîtresse et la gardienne de la vérité absolue) et qui n’est pas présentée à partir d’une position de pouvoir humain. Il s’agit plutôt de partager ‘depuis la base’ notre expérience de la foi, avec une humilité constante.
    • Le message concerne Jésus-Christ, il doit donc être communiqué à partir d’une position de vulnérabilité et de service, tout comme Jésus l’a fait. Cela exige un abandon sacrificiel et un style de vie conforme à la croix qui mettent en œuvre des stratégies pour que ce ministère soit conforme à la vie et à l’œuvre du Christ.
    • Compte tenu de l’incarnation divine et de l’identification du Christ avec les personnes discriminées, témoigner de Jésus exige une contextualisation approfondie du message et une identification intentionnelle avec les personnes exclues, ignorées ou victimes de la société.

    dans son ministère de réconciliation

    • Le ministère de la réconciliation a été confié à l’Église. Cela implique que la vie nouvelle dans la communauté, grâce à l’Esprit, permet de faire l’expérience de la réconciliation avec Dieu et entre les hommes.
    • Le ministère de la réconciliation ne vise pas seulement le salut de l’âme dans un avenir lointain, mais aussi le rétablissement d’une pleine relation avec l’Esprit de Dieu et d’une vie de relations justes qui nous permettent de jouir de la paix que ce même Esprit rend possible dans la nouvelle création.

    Dans une perspective anabaptiste, la manière dont on arrive à sa destination — la route — est cruciale. C’est pourquoi il est si important de comprendre et de pratiquer la mission. À la Conférence Mennonite Mondiale (CMM), nous voulons nous organiser (structure) et travailler (route) d’une manière qui montre ce que nous entendons par mission.

    La Commission Mission de la CMM rassemble un réseau d’agences du monde entier qui travaillent de manière interdépendante et multiculturelle. En appartenant aux réseaux Mission (GMF) et Entraide (GASN) de la Commission Mission de la CMM, ces organisations affirment leur identité en tant que dépendantes de l’Église, et en sont ses expressions missionnaires. Par leur travail, elles témoignent du Christ dans plusieurs domaines de ministères spécialisés, tels que l’implantation d’églises et le développement social. C’est le sujet de ce numéro du Courrier. Rejoignons nos organisations et les réseaux de la CMM pour suivre Jésus, vivre l’unité et construire la paix !

     César García, secrétaire général de la CMM, originaire de Colombie, vit à Kitchener, Ontario (Canada).

    Lire le chapitre de César García, ‘L’accomplissement de notre mission’ et 9 autres chapitres sur les 10 déclarations de la Commission Mission dans ‘God’s People in Mission’ : An Anabaptist Perspective, édité par Stanley W. Green et Rafael Zaracho, (en anglais) © 2018.

  • L’Église, en tant que corps du Christ, est au cœur de la mission de réconciliation de Dieu pour le monde. Nous voulons incarner cette idée au niveau de notre structure mondiale. 

    La Conférence Mennonite Mondiale (CMM) est une communauté vivante et non une institution bureaucratique. En tant qu’église mondiale, nous nous engageons à servir les gens plutôt qu’à construire une infrastructure pour maintenir notre institution. 

    Certes, nous voulons avoir un organisme solide qui a des plans, des politiques et des principes d’organisation sains, mais c’est pour servir et entretenir des relations. 

    Nous parlons de la CMM comme d’un cœur ayant quatre cavités, les Commissions représentant chacune d’entre elles : Foi et Vie (théologie), Paix, Diacres et Mission. 

    La Commission Mission a le mandat de stimuler la conscience pour la mission et le service dans les unions d’églises. 

    « Nous suscitons des conversations qui montrent que la mission et le service font partie intégrante de la théologie anabaptiste », dit James Krabill, président de la Commission Mission. « Nous encourageons différentes organisations à travailler en partenariat, mais nous ne sommes pas un organe administratif qui gérerait les programmes de la mission. » 

    « Ce que nous faisons, c’est faciliter les conversations. Nous travaillons en réseau avec les organisations concernées par la mission et nous essayons de leur fournir des ressources pour les aider à mieux faire leur travail. Nous créons des contacts », ajoute-t-il. 

    La Commission Mission supervise également les Réseaux, qui sont un lieu de contact pour les agences et les organisations qui servent l’Église en tant qu’expression de l’Église. 

    « Il est facile pour ces organisations de se développer individuellement et de ne pas être en conversation avec les autres », explique James Krabill. « Lorsque nous nous réunissons, nous nous rendons mieux compte que la mission et le service constituent une partie intégrante de notre fidélité à ce qui est important pour le Royaume ». 

    Le service et la mission sont inextricablement liés à l’Église, rassemblement des disciples du Christ dans le monde. Si ce lien est perdu, il manque quelque chose. 

    Voici les objectifs généraux de la Commission Mission et des Réseaux. 

    1. Être solidaire dans la mission — nord, sud, est, ouest. 
    2. Prier les uns pour les autres, s’encourager mutuellement, et travailler en partenariat comme Dieu nous conduit. 
    3. Apprendre les uns des autres. 
    4. Partager des ressources de la mission — la prière, le personnel, l’enseignement et les finances. 

    Historique 

    La Fraternité Missionnaire Mondiale (Global Mission Fellowship, GMF) et le Réseau Anabaptiste Mondial d’Entraide (Global Anabaptist Service Network, GASN) sont des réseaux établis.  

    Depuis 2015, d’autres Réseaux apparaissent : 

    • Réseau anabaptiste mondial pour l’Éducation primaire et secondaire (Global Anabaptist Education Networks—Primary and Secondary, GAPSEN) et pour l’Éducation supérieure (Global Anabaptist Higher Education Network, GAHEN) 
    • Réseau Anabaptiste Mondial pour la Paix (Global Anabaptist Peace Network, GAPN)  
    • Réseau Anabaptiste Mondial de Santé (Global Anabaptist Health Network, GAHN) 

    La GMF a été créée en 2003 lors de l’Assemblée de Bulawayo (Zimbabwe). Elle se réunit en présentiel tous les trois ans, en même temps que le Conseil Général. Entre ces réunions, les rencontres se font en ligne. 

    Issus des consultations en 2006 sur la diakonia et le service à Pasadena, en Californie (États-Unis), un dialogue et une consultation se poursuivent et ont conduit à la création formelle du GASN en 2012 en Suisse. 

    La GMF encourage la consultation, la coopération et le travail sur la mission interculturelle et la création d’églises, dit Nelson Okanya, président du comité de pilotage du GMF. 

    C’est une occasion pour les membres d’apprendre les uns des autres, dit Nelson. Les organisations peuvent trouver des espaces stratégiques pour contribuer à ce que les autres font dans le monde en matière de mission, en se posant la question suivante :  

    • Que se passe-t-il dans cette partie du monde ? 
    • Et dans cette autre partie du monde, que se passe-t-il ?  
    • Que pouvons-nous apprendre les uns des autres ? 

    Barbara Hege-Galle, présidente du comité de pilotage du GASN, précise que le GASN est né parce que des groupes réunis par leur intérêt pour le service (diaconie) étaient intéressés par les espaces centrés sur la mission. 

    « Il est difficile d’expliquer l’intérêt qu’il y a de passer du temps ensemble sans prévoir de résultats tangibles », dit Barbara. « Ce que l’on retire du Réseau, c’est de mieux connaître les autres — qui travaille où — et de savoir que l’on n’est pas seul à faire ce travail ». 

    Encourager et soutenir 

    « C’est ce à quoi servent les réseaux : que les personnes soient encouragées et reconnues dans le ministère et le service qu’elles fournissent, mais aussi soutenues dans leur expérience personnelle qu’elles partagent avec les autres », explique Barbara. 

    Un commentaire fait lors des réunions en présentiel parallèlement au Conseil Général au Kenya en 2018 est resté gravé dans les mémoires. Les membres du groupe parlaient de leurs expériences en matière de microfinance. L’un d’entre eux, originaire du Sud, est resté silencieux pendant la discussion, mais s’est ensuite adressé à Barbara. Il pensait que les autres avaient plus de sagesse et qu’il n’était là que pour apprendre, mais il s’est rendu compte qu’il avait lui aussi une expérience pertinente à partager. 

    Le GASN sait de mieux en mieux créer ces espaces de partage. 

    Les webinaires récents ont été structurés autour d’une présentation et d’un temps de partage. Les membres découvrent une organisation — ses meilleures pratiques, ses difficultés — et ont la possibilité de poser des questions. 

    Dans des groupes plus restreints, les membres peuvent discuter de leurs propres expériences et compétences et poser des questions. Enfin, ils ont tous l’occasion de prier les uns pour les autres et de s’encourager mutuellement. 

    Un changement mondial  

    « J’ai “chanté” le fait que le centre du christianisme s’est déplacé du Nord vers l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine », dit Nelson Okanya. 

    Mais Nelson note que ce changement n’est pas aussi évident en ce qui concerne la missiologie, où la majorité des voix proviennent toujours du Nord. 

    « Comment créer cette fertilisation croisée dans nos espaces afin que nous puissions écouter les voix qui sont nombreuses à remplir l’Église ? », dit Nelson. 

    Cette évolution est évidente dans la famille anabaptiste mondiale : environ deux tiers des croyants baptisés vivent en dehors des pôles historiques de l’anabaptisme que sont l’Europe et l’Amérique du Nord : 37 % en Afrique, 20 % en Asie et dans le Pacifique, 10 % en Amérique latine et dans les Caraïbes ; seulement 3 % en Europe et 30 % en Amérique du Nord. 

    La Commission Mission a fait un premier pas pour prendre en compte les voix non représentées en publiant en 2018 le livre Gods People in Mission : An Anabaptist Perspective, avec des contributeurs du monde entier. 

    Barbara Hege-Galle regrette qu’il semble que « nos frères et sœurs du Sud soient encore tournés vers le Nord ». On a tendance à s’en remettre à ceux qui ont étudié dans des institutions. « Mais ce ne sont pas eux qui sont les plus importants. 

    « Nous sommes tous concernés, vous n’êtes pas seuls » est un message clé pour les participants au GASN, déclare Barbara. 

    Les réseaux — où tous les participants sont sur un pied d’égalité — sont un lieu où l’on peut entendre des voix d’ailleurs. Chaque réseau a été structuré avec un comité de pilotage composé d’un représentant de chaque région. 

    « Mais nous avons encore un long chemin à parcourir », dit James Krabill. 

    Un changement de communication 

    Avec des membres issus de cultures du monde entier, les manières de partager les connaissances et l’expérience sont diverses. Pour beaucoup, ce sont des témoignages plutôt que des rapports ou des méthodes didactiques qui sont les moyens de partager. 

    Selon James Krabill, les récits nous éloignent de la sécheresse des chiffres et des rapports (qui sont tout à fait valables) et nous permettent d’impliquer les gens dans des événements qui changent la donne, et pas seulement dans les statistiques. 

    « Lorsque vous racontez une histoire, il n’y a pas que des faits ; il y a une vie dans le récit. Il témoigne non seulement de ce qui s’est passé, mais aussi de l’impact que cela a sur vous et sur le monde qui vous entoure », dit Barbara. « S’écouter les uns les autres demande de la patience et du respect. » 

    « Si nous accordons de l’importance aux voix mondiales, nous devons tous être en mesure de nous asseoir à la même table », dit Nelson. 

    Cela signifie également que nous devons faire en sorte de pouvoir nous entendre les uns les autres. Cela s’applique à la traduction et aux mots que nous utilisons, mais aussi au fait de s’assurer que chacun peut entendre, explique Nelson. « Rendre les choses accessibles. » 

    Cela signifie qu’il faut en priorité veiller à ce que chacun puisse être présent. « Cela ne veut pas dire qu’il faut faire la charité », précise Nelson, mais plutôt qu’il faut être honnête sur les disparités financières dans le monde. 

    « Lorsque nous nous réunissons et que nous entendons des témoignages encourageants de régions du monde qui n’ont pas beaucoup de ressources financières, cela nous rappelle que les dons sont bien plus que de l’argent », dit James. 

    « Ce qui est souvent une source d’inspiration, c’est la fidélité dans le service et les actes. Dans certains cas, être fidèle a entraîné la persécution ou une vie difficile : les témoignages nous rappellent que les dons dont nous parlons sont multiples », dit James. 

    « Tout le monde vient à la table avec quelque chose. Apportez ce que vous avez avec vous », dit Nelson. 

    Grandir ensemble 

    James Krabill évoque Éphésiens 3, où l’apôtre Paul dit que c’est ensemble que nous grandissons dans la connaissance de la sagesse de Dieu. Souvent, les théologiens se concentrent sur la définition de la « sagesse », dit-il, « mais le mot le plus important est peut-être “ensemble” ». 

    « Il faut vraiment que chacun apporte ses connaissances et sa sagesse pour qu’ensemble nous grandissions dans cette connaissance », ajoute James. « C’est un rappel constant qu’il n’y a pas une seule personne, un seul professeur, un seul pasteur, une seule culture qui comprenne tout de la sagesse du Christ ». 

    Le mot « ensemble » est un élément clé des thèmes de la CMM : il figure dans les thèmes de l’Assemblée de 2022 (Suivre Jésus ensemble à travers les frontières), de 2009 (Marchons ensemble sur le chemin de Jésus-Christ), implicite en 2003 (Mettons nos dons en commun dans la souffrance et la joie) et est fondamental dans le nouveau slogan en trois parties de la CMM, qui résume la mission de l’organisation : Suivre Jésus ensemble, vivre l’unité, construire la paix. 

    Les églises et les organisations qui font partie des réseaux de la Commission Mission sont en train de réfléchir à la manière de témoigner au monde, de construire la paix (parfois difficile à concilier avec la mission) et de fonctionner ensemble en tant que corps du Christ. 

    Tensions et divisions 

    Nelson voit des opportunités dans les tensions, même si des divisions se produisent. 

    « La Conférence mennonite mondiale est une sorte de lieu sûr où ceux qui veulent conserver une identité anabaptiste et s’inscrire dans ce courant de l’histoire peuvent le faire », dit-il. « Et ils se retrouvent autour de la table avec des personnes avec lesquels ils s’étaient séparés. 

    « C’est porteur d’espoir. Cela crée un espace où chacun peut rester en conversation ». 

    Les réseaux, qui mettent l’accent sur le travail plutôt que sur la théologie, peuvent être utiles pour établir des relations de collaboration sans se focaliser sur les différences. 

    « Je pense que la Conférence Mennonite Mondiale crée un espace qui est un peu moins anxiogène », dit James. 

    Les Convictions Communes fournissent une base théologique qui permet aux membres d’apprendre les uns des autres, de faire des choses ensemble et de prier ensemble. 

    « On mange ensemble et on communie ensemble », dit Nelson, évoquant les fois où il a vu des responsables manger ensemble dans des contextes de réseau — des responsables qui, autrement, ne seraient pas enclin à travailler les uns avec les autres. 

    Selon Barbara, la camaraderie, l’apprentissage et les réunions stratégiques sont plus riches lorsqu’ils se déroulent en présentiel. Mais l’élément le plus important des réunions en personne en Virginie en 2023 (pour compenser les difficultés liées au COVID de se réunir en Indonésie en 2022) fut une histoire. Une participante venue d’Inde a déclaré que ce qu’elle avait raconté au groupe avec d’autres personnes n’aurait pu être partagé dans aucun autre forum. Pour la sécurité des personnes impliquées, il n’aurait pas été possible d’en parler dans une lettre d’information, un courrier électronique ou même une réunion en ligne. 

    « C’est différent quand on se rencontre et qu’on voit le visage de l’autre », dit Barbara. « Cela vaut la peine de dépenser de l’argent pour des réunions triennales afin d’avoir la possibilité de connaître un visage vu sur un écran. » 


    Les réseaux se réuniront en même temps que le Conseil général en 2025. Cette année marquera le 500e anniversaire des premiers baptêmes anabaptistes. 

    « Ces premiers anabaptistes en Suisse ont élaboré un plan d’évangélisation de l’Europe et, en l’espace d’un an ou deux, la plupart d’entre eux ont été mis à mort. Cela nous rappelle les implications de notre travail », dit James Krabill. 

    Lors des réunions de 2025, le mandat révisé sera soumis à l’examen des membres. Le nouveau document est simplifié et clarifie mieux les rôles des réseaux et de leurs responsables. 

    GASN 

    Organisation membre

    Afrique 

    • La Casa Grande – Bénin 
    • Centre de Réflexion et d’Appui aux Initiatives de Développement – RDC
    • Meserete Kristos Church Development Commission – Éthiopie 
    • Mennonite Association for Peace and Development – Malawi 
    • Passion Center for Children – Malawi 
    • Igreja Irmãos em Cristo em Moçambique – Mozambique 
    • Brethren In Christ Church (Zambia Conference) – Zambie 
    • BIC Compassionate Ministries-Zimbabwe – Zimbabwe 

    Asie & Pacifique

    • Brethren In Christ Church, Odisha – Inde
    • Emmanuel Ministries (BJCPM) – Inde 
    • Little Flock Fellowship (BJCPM) – Inde 
    • Mennonite Brethren Development Organization – Inde 
    • Mennonite Christian Service Fellowship of India – Inde 
    • Mennonite Diakonia Service-GKMI Synode – Indonésie
    • Japan Mennonite Fellowship (JMF) –Japon 
    • Korea Anabaptist Center – Corée de Sud
    • Nepal BIC Church/Brethren in Community Welfare Society – Népal
    • Integrated Mennonite Churches, Inc. – Philippines 

    Europe 

    • Caisse de secours – France 
    • Christliche Dienste – Allemagne 
    • Mennonitisches Hilfswerk e. V. – Allemagne 
    • Doopsgezind WereldWerk – Pays-Bas 
    • Services Missionnaires Mennonites/Schweizerische Mennonitische Mission – Suisse 

    Amérique latine & Caraïbes

    • Iglesia Evangélica Menonita Boliviana – Bolivie 
    • Iglesia Misionera Anabaptista – Bolivie 
    • Associaçao Menonita Beneficente – Brésil 
    • Associação Menonita de Ação Integral – Brésil 
    • Associação Menonita de Assistência Social – Brésil 
    • Asociación Sembrando Semillas de Paz – Colombie 
    • Centro Cristiano para Justicia, Paz y Acción Noviolenta – Colombie 
    • Fundación Agropecuaria Tejiendo Esperanza – Colombie 
    • Fundación de Educación para la Paz y Resolución de Conflictos Edupaz – Colombie 
    • Fundación Menonita Colombiana para el Desarrollo –Colombie 
    • Comité de Justicia y Paz – Costa Rica 
    • Iglesia Evangélica Menonita de El Salvador – La Salvador 
    • Iglesia Evangélica Menonita de Guatemala – Guatemala 
    • Programa Fundameno – Guatemala 
    • Red Regional de Justicia y Paz – RedPaz – Guatemala 
    • Acción Cristiana Educativa Menonita – Honduras
    • Comisión de Acción Social Menonita – Honduras 
    • Proyecto Paz y Justicia – Honduras 
    • Comisión de Emergencia Anabautista de Nicaragua (CAE) – Nicaragua 
    • Comisión de Paz y Justicia de las Iglesias Anabautistas de Nicaragua – Nicaragua 
    • Asociación de Servicios de Cooperación Indigena Menonita – Paraguay 
    • Servicio Voluntario Menonita – Paraguay 

    Amérique du Nord

    • Mennonite Central Committee Canada – Canada 
    • Mennonite Central Committee – États-Unis
    • Mennonite Disaster Service – États-Unis
    • Mennonite Health Service Alliance – États-Unis
    • Mennonite Mission Network – États-Unis 

    GMF 

    Organisation membre

    Afrique

    • Igreja da Comunidade Menonita em Angola – Angola 
    • Igreja Evangélica dos Irmãos Mennonitas em Angola – Angola 
    • Igreja Evangélica Menonita em Angola – Angola 
    • Église Évangélique Mennonite du Burkina Faso – Burkina Faso 
    • Communauté des Églises des Frères Mennonites au Congo – RDC
    • Communauté Évangélique Mennonite – RDC 
    • Communauté Mennonite au Congo – RDC
    • Meserete Kristos Church – Éthiopie
    • International Mennonite Mission of East Africa – Kenya 
    • Kenya Mennonite Church – Kenya 
    • Mpingo Wa Abale Mwa Kristu – Malawi 
    • Mennonite Church Nigeria – Nigéria
    • Grace Community Church in South Africa – Afrique du Sud 
    • Kanisa la Mennonite Tanzania – Tanzanie 
    • Brethren In Christ Church (Zambia Conference) – Zambie 
    • Ibandla Labazalwane kuKristu eZimbabwe (Brethren in Christ Church) – Zimbabwe 

    Asie & Pacifique

    • Bharatiya Jukta Christa Prachar Mandali (India United Missionary Church) – Inde 
    • Bhartiya General Conference Mennonite Church – Inde
    • Bihar Mennonite Mandli – Inde 
    • Brethren In Christ Church, Odisha – Inde 
    • Gilgal Mission Trust – Inde 
    • Mennonite Christian Service Fellowship of India – Inde 
    • Mennonite Church in India Dhamtari CG – Inde 
    • The Governing Council of the Conference of the Mennonite Brethren Church of India – Inde 
    • PIPKA – GKMI Synode – – Indonésie
    • Nepal BIC Church/Brethren in Community Welfare Society – Népal 
    • Integrated Mennonite Churches, Inc. – Philippines 

    Europe 

    • Igreja dos Irmãos Menonitas de Portugal – Portugal 
    • Anabautistas, Menonitas y Hermanos en Cristo – España (AMyHCE) – Espagne 

    Latin America & Caribbean 

    • Iglesia Evangélica Menonita Argentina – Argentine 
    • Iglesia Evangélica Menonita de Belice – Belize 
    • Iglesia Evangélica Menonita Boliviana – Bolivie 
    • Iglesia Misionera Anabaptista – Bolivie 
    • Liga de Iglesias Anabautistas de Bolivia – Bolivie 
    • Aliança Evangélica Menonita – Brésil 
    • Associação das Igrejas Menonitas do Brasil – Brésil 
    • Iglesia Cristiana Menonita de Colombia – Colombie 
    • Iglesias Hermanos Menonitas de Colombia – Colombie 
    • Asociación Iglesias Cristianas Menonitas de Costa Rica – Costa Rica 
    • Sociedad Misionera Cubana Hermanos en Cristo – Cuba 
    • Conferencia Evangélica Menonita, Inc. – République Dominicaine
    • Iglesia Evangélica Menonita de El Salvador – La Salvador 
    • Iglesia Evangélica Menonita de Guatemala – Guatemala 
    • Iglesia Evangélica Menonita Hondureña – Honduras 
    • Organización Cristiana Amor Viviente – Honduras 
    • Jamaica Mennonite Church – Jamaica 
    • Conferencia de Iglesias Evangélicas Anabautistas Menonitas de México – Mexique 
    • Conferencia Menonita de Mexico – Mexique 
    • Asociación Misión Evangélica de los Hermanos en Cristo en Nicaragua – Nicaragua 
    • Asociación Hermanos Menonitas – Paraguay 
    • Convención de los Pastores de las Iglesias Mennonitas del Paraguay / Vereinigung der Mennonitengemeinden von Paraguay – Paraguay 
    • Convención Evangélica de Iglesias Paraguayas Hermanos Menonitas – Paraguay 
    • Convención Evangélica Hermanos Menonitas Enlhet – Paraguay
    • Convención Evangélica Hermanos Menonitas Nivaclé – Paraguay 
    • Convención Evangélica Menonita Paraguaya – Paraguay 
    • Consejo de las Congregaciones de los Hermanos Menonitas del Uruguay – Uruguay 
    • Konferenz der Mennonitengemeinden in Uruguay – Uruguay 
    • Casa de Restauracion y Vida Shalom – Venezuela 

    Amérique du Nord

    • Evangelical Mennonite Conference (EMC) – Canada 
    • Mennonite Central Committee (MCC) Canada – Canada 
    • Mennonite Church Canada WITNESS – Canada 
    • Multiply – Canada 
    • Africa Inter-Mennonite Mission (AIMM) – États-Unis
    • Brethren in Christ World Missions – États-Unis 
    • Eastern Mennonite Missions (EMM) – États-Unis 
    • Mennonite Central Committee (MCC) – États-Unis 
    • Mennonite Mission Network (MMN) – États-Unis 
    • Mosaic Mennonite Conference – États-Unis 
    • Rosedale International – États-Unis
    • Virginia Mennonite Missions (VMM) – États-Unis 

  • Le Temps de la Création, une initiative œcuménique annuelle, se termine par la fête de Saint François d’Assise, le 4 octobre. Inspirée par son Cantique des Créatures et par Romains 8.19-25, cette prière nous invite à la louange, la repentance et la lamentation, puis à « espérer et agir avec la Création ». 

    Dieu créateur de la terre et des cieux, 
    nous te louons pour le cadeau de la vie, 
    Pour la complexité, la beauté, la générosité de ce monde, 
    Qui soutient notre existence et celle de toutes tes créatures. 

    En même temps nous reconnaissons l’ampleur de ce que nous avons fait : 
    Le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pollution, 
    Toutes les conséquences sur chacune de tes créatures. 
    Nous nous repentons de l’injustice, l’oppression, la destruction. 

    Nous te louons pour le Soleil, qui réchauffe chaque être vivant, 
    Et nous nous lamentons pour les sécheresses qui durent et qui s’aggravent. 
    Nous te louons pour la Lune, qui participe à l’équilibre des systèmes terrestres, 
    Et nous nous lamentons pour la montée des eaux qui menace de nombreuses populations. 
    Nous te louons pour le Vent, qui maintient le cycle de l’eau, vital pour tes créatures, 
    Et nous nous lamentons pour les tempêtes de plus en plus dévastatrices. 
    Nous te louons pour l’Eau, sans laquelle il n’y aurait aucune vie sur terre, 
    Et nous nous lamentons pour les inondations terribles qui tuent et détruisent. 
    Nous te louons pour le Feu, source de purification et symbole de ta présence pour ton peuple, 
    Et nous nous lamentons pour les incendies toujours plus violents qui dévorent et asphyxient. 
    Nous te louons pour la Terre, dont l’extravagante diversité de fruits nous nourrit, 
    Et nous nous lamentons pour l’appauvrissement et la pollution des sols. 

    Dieu des peuples opprimés, Dieu des espèces menacées, 
    Tu vois que souvent nous sommes à la fois victimes et coupables. 
    Merci pour ta grâce qui nous pardonne encore et encore, 
    Merci pour ta promesse que le mal ne triomphera ni sur la terre, ni dans nos vies. 

    Saint-Esprit, tu intercèdes pour la création qui gémit les douleurs de l’enfantement, 
    Tu entends nos soupirs et notre souffrance avec et pour toutes tes créatures. 
    Remplis-nous d’espérance pour le jour glorieux où tous tes enfants seront révélés, 
    Et tout ce qui est sur la terre et dans les cieux sera libéré. 

    Jésus-Christ, tu nous donnes le ministère de la réconciliation, 
    Tu montres le chemin de l’humilité, de la paix et du don de soi. 
    Enseigne-nous à agir par amour pour nos frères et nos sœurs, pour toutes tes créatures, 
    Mets nous en mouvement pour annoncer ton règne de justice, d’amour et de joie. 

    Amen 

     

    —David Nussbaumer, groupe de travail pour la protection de la création

  • La crise environnementale et notre mission de protection de la création 


    Un mot d’encouragement de la part de la Commission Foi et Vie de la CMM et du groupe de travail pour la protection de la création 

    Partie 2 sur 2 

    Il est de plus en plus urgent de « Protéger la création ». 

    L’actualité nous rappelle quotidiennement les changements alarmants de notre climat. Nous sommes témoins d’une épouvantable violence infligée à la création bien-aimée de Dieu. Et nous nous rendons de plus en plus compte à quel point nous sommes liés à ce mal, à la fois en tant que pécheurs et en tant que victimes du péché. 

    Comment réagir ? 

    Nos réponses dépendront sans doute de l’endroit où nous vivons, de nos ressources, de la profondeur de notre foi, de notre théologie et de notre volonté de répondre à l’appel.  

    Le péché a brisé notre relation avec Dieu, avec les autres et avec la création dans toute sa diversité. Mais nous vivons aussi dans un monde où l’Esprit bienveillant et libérateur de Dieu opère une « nouvelle création » par et dans le Christ (2 Corinthiens 5,17). 

    Qu’est-ce que cet Esprit nous dit aujourd’hui ? 

    Le slogan de la CMM et la protection de la création.  

    Il n’est pas surprenant que le slogan de la CMM « Suivre Jésus, vivre l’unité, construire la paix » fasse écho aux Convictions Communes. L’Esprit peut l’utiliser pour nous aider dans notre fidélité écologique. 

    Suivre Jésus 

    Le slogan donne la première place à « suivre Jésus ». Le Jésus que nous nous sommes engagés à suivre n’est pas seulement le guérisseur et l’enseignant des Évangiles, mais aussi le Christ qui crée et maintient toute la création dans son étreinte transformatrice et recréatrice (Colossiens 1,17). Nous ne pouvons pas suivre Jésus sans partager l’amour rédempteur du Créateur pour ce monde — le monde tout entier ! Nous ne pouvons pas le suivre sans faire preuve d’amour, de simplicité et de générosité. 

    Vivre l’unité 

    Le deuxième point est « vivre l’unité ». Le cœur de la prière de Jésus pour nous, ses disciples, dans Jean 17, est que nous soyons un. Avec qui devons-nous être un ? Avec qui devons-nous vivre l’unité ? 

    La première préoccupation de Jésus est que nous soyons un avec lui comme il est un avec son (et notre !) Père (Jean 17,21-23). L’unité avec Dieu signifie que nous partageons l’amour du Créateur pour l’ensemble du cosmos* (Jean 3,16, 17). Nous aussi, nous devons être la « lumière du cosmos », comme le dit Jésus dans le Sermon sur la montagne (Matthieu 5,14 ; Jean 3,21). 

    En tant que corps de ce Christ créateur et rédempteur, nous devons participer en tant que gardiens et gardiennes de la création. Tout comme le sabbat était le grand geste de Dieu pour protéger la création (Lévitique 25), nous honorons le sabbat lorsque nous permettons à la création de se reposer de notre exploitation incessante et insouciante des richesses de la terre. 

    Deuxièmement, nous devons être unis les uns avec les autres, ne ménageant aucun effort pour maintenir l’unité créée par l’Esprit (Éphésiens 2,18 ; 4,3). Nous vivons cette unité en étant activement solidaires de ceux qui, dans le corps du Christ, souffrent des effets de la crise environnementale (1 Corinthiens 12,26). Cette solidarité s’étend à l’ensemble de l’humanité et sera de plus en plus mise à l’épreuve au fur et à mesure que l’impact sur les populations vulnérables augmentera. 

    Nous vivons également cette unité en priant les uns pour les autres afin qu’ils aient le courage de ne plus blesser la création, et donc les uns les autres. Nous avons beaucoup à confesser, beaucoup à pardonner et beaucoup à changer alors que nous marchons dans l’unité en tant que corps du Christ. 

    Troisièmement, le fait que Dieu « réunit l’univers entier sous un seul chef, le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre » (Ephésiens 1,10) nous rappelle notre profonde unité avec l’ensemble de la création, une unité de toutes choses en Christ. Nous nous réjouissons de la beauté et de la richesse de la création. Mais nous partageons aussi la douleur de Dieu lorsque la création souffre, en particulier lorsque nous en sommes responsables. 

    Nous confessons donc et nous nous repentons de notre refus d’écouter la souffrance de la création et de notre incapacité à respecter le mandat que Jésus nous a confié en tant que disciples, à savoir proclamer l’Évangile du salut à toute la création (Marc 16,15). 

    Quatrièmement, non seulement nous sommes en unité avec Dieu, mais Dieu est en unité avec nous. Nous ne sommes pas seuls. L’Esprit, le souffle de vie que le Créateur prête à toute la création, nous habite, nous guidant, nous soutenant et nous renforçant dans notre détermination à être fidèles (Romains 8,9-27, 1 Corinthiens 12, Galates 5,22-25, Éphésiens 4,4, Phil 2,12-13). Nous n’osons pas éteindre ou attrister cet Esprit (1 Thessaloniciens 5,19) en négligeant de nous associer à l’amour du Créateur et à l’attention qu’il porte à notre maison terrestre. 

    Construire la paix. 

    Le troisième élément du slogan est « construire la paix ». Le mot hébreu pour paix est shalom, qui signifie avant tout « plénitude » et « harmonie ». Shalom est la meilleure expression du premier sabbat, lorsque Dieu a contemplé la création dans toute sa réalité matérielle et l’a qualifiée de « très bonne » (Genèse 1,25 ; 2,2-3). 

    S’engager à « construire la paix », c’est faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous détourner de nos chemins de destruction et nous engager, en tant que co-créateurs avec Dieu, dans le « ministère de la réconciliation » (2 Corinthiens 5,16-21, Colossiens 1,20), notamment en prenant soin de la création dans toute sa diversité. Construire la paix, c’est travailler à restaurer la création dans sa plénitude, là où la paix et la justice s’embrasseront à nouveau (Psaume 85,10). 

    Le fondement de notre espérance. 

    Nous sommes confrontés à des questions troublantes : Y a-t-il de l’espoir pour ce monde ? Pouvons-nous vraiment changer les choses avec nos intelligences, notre énergie et nos ressources limitées ? Ou bien ce monde va-t-il bientôt disparaître, quels que soient nos efforts ? Que devons-nous espérer ? 

    Les Convictions communes se terminent par ces mots : 

    « Nous cherchons à marcher en son nom [Jésus] par la puissance de l’Esprit Saint, attendant avec confiance le retour de Christ et l’avènement définitif du Royaume de Dieu. ». 

    « L’attente confiante » est une façon de parler de l’espérance. Cette espérance en l’avenir que Dieu nous réserve ne doit cependant jamais être une échappatoire à assumer nos responsabilités ici et maintenant. L’espérance nous pousse à agir maintenant, là où nous sommes. Cette espérance n’est pas de l’optimisme, elle ne repose pas non plus sur notre résilience ou notre inventivité. Elle repose pleinement sur la fidélité de Dieu. 

    L’amour que le Créateur répand dans nos cœurs par l’intermédiaire de l’Esprit (Romains 5,1-5) nous donne le pouvoir d’agir avec espérance en tant que corps du Christ qui a donné sa vie pour sauver ce cosmos. Nous travaillons avec espérance alors même que nous attendons dans la foi. Toute la création gémit avec impatience en attendant que nous mettions en pratique notre foi remplie d’espérance (Romains 8,22 ; Hébreux 11,1 ; 12,12-15). 

    Aujourd’hui, nous pourrions donc reformuler la conclusion des Convictions communes comme suit : « Nous cherchons à marcher par la puissance de l’Esprit qui donne la vie, au nom de Jésus-Christ, par qui tout a été créé, racheté et entretenu, dans l’attente ardente et active du shalom qu’apportera l’accomplissement du royaume de Dieu ». 

    Demandons à l’Esprit la clarté et la vision qui nous aideront à répondre fidèlement au défi de notre époque. 

    Engageons-nous à faire preuve d’amour et de patience les uns envers les autres alors que nous marchons ensemble sur ce chemin semé d’emb√ªches. 

    Soutenons dans la prière le groupe de travail pour la protection de la création et tous les efforts déployés pour répondre à la crise à laquelle nous sommes confrontés ensemble. 

    Telle est notre prière pour la famille de foi de la CMM. 

    Au SEIGNEUR, la terre et ses richesses, le monde et ses habitants ! (Psaumes 24,1) 


    * Dans les premiers manuscrits, le mot « monde » dans Jean 3/16 est traduit en grec par « cosmos », ce qui encourage notre imagination à aller bien au-delà de l’expérience humaine.  


    Vous avez manqué la première partie le mois dernier ? Lire « Car Dieu a tant aimé le cosmos‚Ķ ». 

  • Africa

    Les veillées funèbres et les enterrements sont l’un des événements qui nous rassemblent. 

    L’année dernière, l’un des responsables de notre église a vu sa femme rejoindre le Seigneur. Ce fut une période difficile non seulement pour lui, sa famille et la paroisse, mais aussi pour la communauté. Elle s’est réunie tous les soirs pendant quatre jours avant les funérailles. 

    L’homme qui a perdu sa femme était un pasteur et un dirigeant respecté. La mort de cette femme précieuse a rassemblé des responsables d’églises et des personnes qui ne se seraient jamais rencontrés et n’auraient jamais prié ensemble ! 

    Chaque jour, les orateurs et les prédicateurs venaient d’églises et de dénominations différentes. L’unité du corps du Christ est devenue une réalité pour beaucoup. Le Christ a été adoré et la veillée funèbre s’est littéralement transformée en une sorte de réveil. La présence du Christ a été ressentie, l’Esprit de Dieu ayant touché de nombreux participants. 

    Les funérailles sont généralement accompagnées de deuil et de chagrin. Dans ce cas, il y avait des marques de douleur, mais surtout, il s’est agi de célébrer la vie de quelqu’un qui avait marché de manière exemplaire avec Jésus. 

    Une marche exemplaire 

    Les témoignages se sont succédé de la part de personnes qui ne faisaient pas partie de la paroisse et qui disaient combien cette sœur et ce frère (le mari) avaient touché leur vie de manière significative. 

    Lors du service funèbre, l’un de ses collègues de travail (la défunte était enseignante) a donné un témoignage émouvant. Lorsque d’autres enseignants se sont mis en grève pour réclamer ce qu’ils estimaient être leurs droits, la défunte n’y a jamais participé, estimant que l’enseignement était pour elle une vocation. Le bien-être des enfants était sa priorité. 

    Les représentants des parents d’élèves ont également témoigné de la même chose et du fait qu’au fil des ans, les enfants qu’elle a enseignés ont presque toujours obtenu les meilleurs résultats. 

    Lors de ses funérailles, de nombreuses personnes qui n’avaient absolument rien à voir avec l’assemblée y ont assisté et ont témoigné de l’amour et de la bonté de Dieu, et de la bénédiction qu’il y a à suivre Jésus. 

    Permettez-moi de souligner que les veillées funèbres sont plus ou moins culturelles et prévues. Cependant, c’est la démonstration par l’Esprit de l’unité de l’Église et de la réalité de la puissance transformatrice de Jésus qui a été expérimentée à cette occasion. 

    Aujourd’hui encore, des personnes parlent de cette veillée funèbre. Le pouvoir transformateur de Jésus a rendu ces funérailles différentes des autres. 

    Pour nous, chrétiens, et pour beaucoup d’autres, la veillée funèbre et les funérailles elles-mêmes ont rendu vivantes les paroles de Paul dans Romains 14,7-9. Ces mots continuent à nous encourager :  

    « En effet, aucun de nous ne vit pour soi-même et personne ne meurt pour soi-même. Car, si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur : soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur. Car c’est pour être Seigneur des morts et des vivants que Christ est mort et qu’il a repris vie. » 

    Amen. 

    Danisa Ndlovu est le représentant régional de la CMM pour l’Afrique Australe. Il a été évêque de l’Église des Frères en Christ du Zimbabwe de 2000 à 2014.  

    Cet article est adapté du discours qu’il a prononcé lors de Renouveau 2024, « Transformés, nous vivons ensemble Jésus », le 6 avril 2024 au Brésil. 

    Courrier 39.2&#

  • Indonésie

    Ma femme et moi sommes pasteurs depuis 25 ans dans une paroisse du centre-ville de Jakarta, qui compte environ 250 personnes. Nous aimons beaucoup notre vocation ministérielle, qui consiste à grandir avec l’assemblée dont nous sommes les bergers. 

    Nous avons une fille qui est maintenant dans son sixième semestre de l’école de médecine et qui se prépare à devenir médecin. 

    Depuis notre passage au séminaire, ma femme et moi avons été les mentors de plus de 120 adolescents. Nous les avons formés au discipulat, si bien qu’un grand nombre des membres actifs de l’assemblée aujourd’hui sont des adolescents que nous avons encadrés. 

    Si l’on me demandait quel a été mon poste ou mon rôle le plus significatif, ma réponse serait d’avoir été le père des nombreux enfants placés que nous avons accueillis dans notre foyer comme faisant partie de notre famille. Il a plus de valeur que tous les autres rôles que j’ai occupés au sein de notre synode ou de notre association d’églises, voire au niveau mondial. 

    Une maison aux portes ouvertes 

    Cette histoire a commencé lorsque nous commencions à nous fréquenter, ma femme et moi, au séminaire de Salatiga. 

    Nous avions la même passion pour l’amour des enfants et des jeunes, pour les aider à connaître le Seigneur Jésus et à grandir dans tous les aspects de leur vie. Nous avons tous deux réalisé que notre existence n’était due qu’à la grâce de Dieu, et nous voulions que d’autres personnes fassent également l’expérience de sa grâce. 

    Après notre mariage et alors que notre fille avait 10 mois, Dieu nous a envoyé un jeune homme. Il n’avait pas de parents et avait été rejeté par sa famille. Son corps était émacié et il avait un tympan crevé causé par de la violence de son oncle. 

    Un membre de l’assemblée l’a emmené chez nous, et ce soir-là, nous avons accepté de le prendre en charge. Il est resté avec nous pendant de nombreuses années. Nous avons pu le guider pour qu’il rencontre le Seigneur Jésus. 

    Ce jeune a ensuite suivi des études de théologie et de missiologie, et travaille depuis 10 ans comme missionnaire à l’intérieur du pays. 

    Depuis lors, Dieu a envoyé chez nous de nombreux enfants de diverses régions et origines ethniques. 

    Quelques 43 enfants ont rejoint notre famille. En général, ils viennent de familles pauvres des villages et des régions reculées et n’ont ni père ni mère. Plusieurs d’entre eux ont des besoins particuliers ou souffrent de maladies telles que l’épilepsie, qui doivent être suivies par un médecin. 

    Il n’est pas facile d’accueillir autant d’enfants dans notre foyer. Dès le début, nous nous sommes engagés à utiliser notre propre argent, qui était très limité au début, même pour les repas quotidiens. En tant que pasteurs, nos revenus ne sont pas élevés. C’est devenu difficile lorsque nos enfants accueillis sont passés de 4 à 10, puis à 13 et enfin à 17. Pourtant, nous considérons qu’il est de notre devoir de prendre en charge tous leurs frais de subsistance : nourriture, vêtements, frais de scolarité. 

    Pendant deux ans, nous avons mangé du poisson salé presque tous les jours (ce qui a causé de l’hypertension à ma femme). Mais nous ne regrettons jamais de l’avoir fait car Dieu nous donne la joie. 

    Sur le chemin de Dieu 

    Le plus difficile n’est pas de nourrir nos enfants, mais de les amener à Dieu en raison de leurs différents contextes familiaux et culturels. 

    Nous n’avons pas créé un orphelinat, ni même un dortoir pour les enfants. Au contraire, nous les intégrons à notre famille. Nous disons souvent à nos enfants que c’est leur maison et que c’est leur famille, afin qu’ils découvrent la chaleur et la sécurité de la famille qu’ils n’ont jamais eue. 

    Notre objectif n’est pas seulement de leur permettre de poursuivre leurs rêves, mais de les élever pour qu’ils soient transformés par le Christ et qu’ils trouvent leur vocation en tant que disciples. 

    Lorsque notre fille était à l’école primaire, elle a demandé un jour : « Maman et papa, pourquoi amenez-vous tant d’enfants dans notre maison ? Notre maison est tellement pleine. Ce serait bien si nous vivions seuls tous les trois, et si tout était à moi. » 

    Cependant, lorsqu’elle finissait l’école secondaire, elle a écrit un essai pour un concours d’écriture organisé par le plus grand journal de notre pays. 

    « Je suis née fille unique et je devrais pouvoir jouir de cette bénédiction sans avoir besoin de la partager avec d’autres. Mais mon père et ma mère ont élevé de nombreux enfants dans notre maison, ce qui signifie que j’ai dû tout partager, y compris mon père et ma mère. Au début, j’étais triste et j’avais du mal à l’accepter. Mais mes parents étaient très aimants qui souhaitaient ardemment que d’autres enfants ressentent l’amour de Dieu et aient un avenir. Ils ont accepté que leur vie soit bouleversée pour devenir comme des arbres abritant de nombreuses personnes vulnérables. Aujourd’hui, ma maison est remplie de membres de ma famille venus de toute l’Indonésie. Je comprends à présent que la vie doit être partagée. Où est la beauté de la vie si elle n’est vécue que pour soi ? » 

    Nous avons pleuré en lisant sa réflexion, reconnaissants qu’elle ait également découvert que le véritable sens de la vie ne se trouve que dans le partage. 

    Et elle a même gagné le concours ! 

    Beaucoup de nos enfants ont obtenu leur diplôme et poursuivent leur vocation en tant que pasteurs, missionnaires, enseignants, infirmières ou sur les marchés. S’ils nous demandent : « Comment pouvons-nous vous remercier pour toute la gentillesse dont vous avez fait preuve en tant que père, mère et sœur ? », nous répondons toujours : « Remboursez en partageant l’amour de Dieu avec d’autres, afin qu’il ne s’arrête pas à vous. Nous nous réjouissons de vous rendre visite et de voir de nombreux enfants dans vos familles. » 

    Bien sûr, il y a beaucoup de nuances à apporter dans tout ce processus – beaucoup de joies et de peines. Mais Dieu a permis à notre rêve de se réaliser. 

    Priez pour que nos enfants continuent à devenir des croyants et des disciples fidèles, servant Dieu selon leurs dons et leurs appels. 

    Que le nom du Seigneur soit béni ! 

    —Agus W. Mayanto est le représentant régional de la Conférence Mennonite Mondiale pour l’Asie du Sud-Est. Avec sa femme Rosmaida, il est co-pasteur de la GKMI Cempaka Putih Jakarta en Indonésie depuis 1999. 

    Cet article est adapté de la présentation qu’il a donnée à Renouveau 2024, ‘Transformés, nous vivons ensemble Jésus’, le 6 avril 2024 au Brésil. 


    Courrier 39.2&#

  • Colombie 

    Appelés et choisis pour le projet de Dieu sur terre. 

    Quand on a une vision, on trouve les moyens de la réaliser.  

    Lorsque le but est d’amener les cieux sur la terre, Dieu apporte son soutien total. 

    Il y a 33 ans, nous avons entendu un appel à évangéliser et à faire grandir l’Église. 

    Nous avons commencé à participer à l’assemblée mennonite de notre ville natale, Anolaima. Ê l’époque, le pasteur Peter Stucky nous a donné son accord pour participer en tant que responsables à la direction de cette communauté. Le nombre de membres diminuait au point de penser à la fermer. 

    Dans la municipalité d’Anolaima, il n’a jamais été facile d’évangéliser en raison du contexte culturel. Nous avons commencé à évangéliser en dehors du temple (bâtiment de l’église). Nous voulions prêcher l’Évangile là où se trouvaient les perdus. 

    Nous avons donc décidé d’aller dans les écoles pour prêcher aux enfants et aux jeunes, en leur fournissant des principes et des valeurs bibliques comme outils. 

    Nous avons également organisé des conférences pour les familles dans le seul but qu’elles nous reconnaissent comme une alternative ouverte et large d’esprit, développant une culture du Royaume de Dieu. 

    Nous avons créé une école pour les entrepreneurs en tant que modèle d’autosuffisance. 

    Nous avons travaillé dans les parcs en revalorisant des espaces verts comme exemple de service et de vie meilleure. 

    Nous avions alors reçu une vision de Dieu : créer un parc pour évangéliser en partant de la nature — là où les cieux racontent la gloire de Dieu et où le firmament proclame l’œuvre de ses mains (Psaume 19). 

    Nous avons donc rêvé d’un parc au milieu de la nature, qui recréerait la Parole pour aider à répondre aux besoins et à annoncer la bonne nouvelle du salut. 

    Pourquoi un parc ? 

    Nous ne pouvions pas comprendre, mais nous avons commencé à rêver sans savoir, sans argent, mais avec l’intention que ce soit le rêve de Dieu. Lors d’une réunion de cinquante personnes de la paroisse et en utilisant un vase d’argile pour symboliser notre intention, nous avons semé une graine de tournesol et donné naissance au rêve de Dieu de construire un parc en vue de créer une sorte de tourisme de conversion et de transformation. 

    Il nous a fallu un certain temps avant de pouvoir investir dans un terrain. Nous avons économisé 30 000 USD, acheté et vendu une propriété de 6 000 m2 pour 45 000 USD, puis acquis un terrain de 51 000 m2 pour la même somme. 

    Lorsque la vision vient de Dieu, la foi devient la monnaie qui achète sans argent, car le vendeur avait demandé 75 000 USD et il nous a fait l’honneur de ‘semer’ avec nous la somme restante. 

    Dieu est toujours fidèle pour accomplir ses propres rêves lorsque nous les faisons nôtres. 

    Nous avons dû apprendre à faire confiance à Dieu : l’œuvre est de Dieu, nous ne faisons que l’accompagner. 

    Une rencontre avec Dieu 

    « IgleParque » met en scène des épisodes du récit biblique dans un cadre naturel. Nous respectons la nature en profitant de ses couleurs majestueuses, de la diversité des oiseaux et des animaux qui enrichissent le tableau biblique. 

    Au cours de l’année, nous accueillons entre 2 000 et 3 000 visiteurs, dont de jeunes enfants, des familles et des assemblées qui transmettent l’information de bouche à oreille. 

    Notre but est d’encourager les visiteurs dans leur foi et dans chacun de leurs besoins perçus, qu’ils soient émotionnels ou physiques, d’apporter une aide, une lumière sur leurs chemins, par la connaissance de Jésus-Christ. 

    Nous transmettons un message de paix, puisque telle est notre mission en tant que mennonites. 

    IgleParque est un espace ouvert dans un environnement naturel où les visiteurs remportent avec eux une expérience ‘infinie’ avec Dieu, puisque dans ce projet le ciel brise les barrières qui entravent leur rencontre avec leur Créateur. La créativité est la clé de voûte d’une évangélisation différente, contemporaine mais avec des éléments bibliques. 

    Pour ceux qui le visitent, le parc est une voix de l’espoir, car pour tout besoin, il y a une solution. Il y a 17 espaces pour offrir des conseils bibliques et interagir avec la bonne nouvelle du salut. 

    IgleParque est une bénédiction non seulement pour les visiteurs, mais aussi pour la ville elle-même, puisqu’il a permis aux hôtels, aux restaurants et aux transports de se développer. En raison de sa proximité avec la capitale Bogota (nous ne sommes qu’à 70 km), IgleParque est devenu un point de rencontre pour les visites internationales. IgleParque est un lieu de visite qui ouvre une porte à l’évangélisation. 

    Dieu nous a donné une stratégie pour une évangélisation sans limites. C’est une visite de deux heures présentant la foi, l’histoire et des convictions à ceux d’entre nous qui ont besoin de Dieu. 

    Selon la vision du parc 60 % de sa construction est achevée, mais la communauté s’engage à terminer ce que Dieu a fidèlement commencé avec nous. 

    La passion est le moteur du travail 

    Nous développons peu à peu le projet IgleParque depuis plus de 10 ans. C’est un processus avec des hauts et des bas, mais nous ne perdons pas courage parce que Dieu nous a donné sa force. Nous apprenons à construire par la puissance de la Parole, la foi et la persévérance, en rendant l’impossible possible et l’invisible visible. 

    Au cours du processus, Dieu a ajouté des personnes, l’une après l’autre, jusqu’à ce que nous devenions une équipe et une famille ayant la passion de transformer un rêve en réalité. 

    Nous avons appris à construire sur le modèle de Jésus en nous mettant à son service, en gérant les ressources divines, humaines et physiques et en les transformant grâce à la créativité et à la bénédiction que Dieu nous a transmis. 

    Nous espérons être une source d’inspiration, de motivation et de témoignage pour l’accomplissement de l’Ordre Missionnaire d’aller et de faire des disciples des nations dans la perspective d’un évangile de paix (Matthieu 28,19), mais surtout de la foi en Dieu et en sa Parole. 

    —Le pasteur Eduardo et Lucy Bautista sont pasteurs dans la communauté des responsables de l’assemblée Menonita Anolaima (Colombie). 


    Courrier 39.2&#

  • Uruguay

    Ces dernières années, je me suis engagée dans la Conférence Mennonite Mondiale, et en particulier avec les Jeunes Anabaptistes (« Young AnaBaptists » ou YABs). J’ai eu la chance de rencontrer des gens du monde entier et d’être enrichie par leurs points de vue et leur façon de vivre leur foi. Cela m’a ouvert les yeux et m’a montré Jésus comme je ne l’avais jamais vu auparavant. 

    Aujourd’hui, j’aimerais témoigner d’avoir vu Dieu agir d’une manière particulière. 

    En Uruguay, nous avons de magnifiques plages et la plupart des Uruguayens aiment prendre des congés pendant l’été pour aller à la plage. 

    C’est l’occasion de déconnecter et de se reposer, mais aussi de faire la fête pour la plupart des jeunes. Et pour les églises, c’est aussi le moment idéal pour faire quelque chose de cool avec nos jeunes, car la pression pour aller faire la fête est énorme. 

    Nous organisons donc des camps d’été, l’un pour les adolescents et l’autre pour les jeunes (adultes) de notre association mennonite. Chaque année, une quarantaine d’adolescents et une centaine de jeunes (adultes) assistent à nos camps qui se déroulent dans un camping situé juste à côté de la plage ! (C’est génial, car nous pouvons aller à la plage au moins deux fois par jour.) 

    Cela fait deux ans que je dirige ces camps avec un ami, et c’est une grande bénédiction. 

    Conversations profondes et enrichissantes 

    Pendant le camp, j’ai eu plusieurs conversations très profondes et enrichissantes avec certains participants, ce qui était souvent une grande bénédiction pour nous deux. 

    J’ai été particulièrement marquée par une conversation. Une jeune fille s’est approchée de moi dans l’après-midi et m’a demandé si elle pouvait me parler. J’ai accepté et nous nous sommes assises dans l’herbe, à l’ombre d’un des arbres. Elle m’a raconté une partie de l’histoire de sa vie et m’a expliqué qu’elle hésitait beaucoup à accepter Jésus comme son Sauveur parce qu’elle ne se sentait pas prête. Après avoir écouté les messages au camp, parlé à l’orateur et à d’autres personnes, elle avait conclu que l’Évangile était beaucoup plus simple qu’elle ne le pensait, et elle voulait faire le pas d’accepter Jésus dans sa vie. 

    J’ai eu l’immense privilège de l’aider à faire cette prière ! Environ un mois plus tard, j’ai reçu une invitation à assister à son baptême. C’était un tel honneur d’y participer. 

    Une autre expérience étonnante s’est déroulée dans notre camp de jeunes. Le premier jour, l’orateur a souligné l’importance de partager avec les autres ce que nous vivons. Par le biais d’une activité interactive, il a montré que tout le monde est confronté à des difficultés, qu’il n’y a pas de ‘mal à ne pas aller bien’ et qu’il faut en parler avec d’autres pour être soutenu. Cela a été très enrichissant pour tous. 

    Parler avec les autres pour se soutenir mutuellement 

    J’ai été particulièrement surprise par la façon dont un petit groupe de garçons d’environ 13-14 ans s’est immédiatement mobilisé. Tous les participants devaient se lever à 7 h 15 pour le sport du matin. Mais à partir de ce jour et jusqu’à la fin du camp, ils se sont levés à 6 heures. Ils ont préparé leur maté, parlé de leurs difficultés, puis discuté des moyens de se soutenir mutuellement et d’atteindre leurs objectifs. 

    Voir les fruits de tout ce travail est extraordinaire, car avant les camps, toute l’équipe se sentait attaquée. J’ai dû faire face à de nombreuses difficultés, luttant à nouveau contre des choses que je pensais avoir déjà surmontées. Mais Jésus nous invite toujours à nous attendre à découvrir ce qu’il va faire ! 

    Je pense qu’un verset qui reflète assez bien ce que nous avons vécu pendant cette période est Jean 10,10 « Le voleur ne se présente que pour voler, pour tuer et pour perdre ; moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » (TOB). 

    Au cours de cette période difficile, j’ai pu avoir un aperçu de la vie riche et abondante que Dieu a préparée pour nos jeunes et aussi pour moi. 

    —Valentina Kunze est la représentante des Jeunes Anabaptistes (YABs) pour l’Amérique latine. Elle est membre de l’église Konferenz der Mennonitengemeinden in Uruguay. 

    Cet article est adapté de la présentation qu’elle a donnée à Renouveau 2024, « Transformés, nous vivons ensemble Jésus » le 6 avril 2024 au Brésil. 


    Courrier 39.2&#

  • Une collaboration mise en place en 2020 entre la Conférence Mennonite Mondiale (CMM) et Anabaptist Mennonite Biblical Seminary (AMBS) à Elkhart, Indiana (États-Unis) permet à des personnes du monde entier de se former à la pastorale anabaptiste et à la direction d’églises. 

    Grâce à des programmes existants et à de nouvelles initiatives, des pasteurs et des responsables d’églises suivent, dans leur pays d’origine, des cours d’études théologiques et bibliques, d’histoire de l’Église et de cours sur les ministères, avec ou sans unités de valeur, dispensés par AMBS. 

    César García (titulaire d’un doctorat), secrétaire général de la CMM, décrit cette collaboration comme une réponse à l’appel lancé en 2003 pour ‘mettre les dons en commun’ entre les églises membres de la CMM. AMBS appartient à Mennonite Church Canada et à Mennonite Church USA, deux des 108 églises membres de la CMM. 

    Grâce aux liens entre AMBS et la CMM, le séminaire a reçu un nombre croissant d’invitations de responsables d’unions d’églises à soutenir la formation de responsables anabaptistes dans leur contexte. Les églises membres de la CMM et d’autres organisations anabaptistes se sont jointes à AMBS pour répondre à ces invitations, ce qui a entraîné une mise en commun accrue des dons. La campagne « Forming Leaders Together » (Former Ensemble des Responsables) du séminaire a également contribué à financer cette collaboration. 

    Par exemple, en octobre 2023, Andi Santoso (titulaire d’un master – 2022), directeur régional pour l’Asie et le Moyen-Orient de Mennonite Mission Network (MMN, Réseau de Mission Mennonite), Joe Sawatzky (titulaire d’un doctorat), spécialiste du projet de collaboration sur la formation des responsables mondiaux de AMBS, également de MMN, et David Boshart, (titulaire d’un doctorat) président de AMBS, ont été invités à donner un cours de trois jours sur la formation des responsables à une trentaine d’étudiants de cinq unions d’églises anabaptistes d’Inde. Chaque union a envoyé deux femmes, deux hommes et au moins un jeune pour qu’ils soient formés à enseigner dans leur région à l’avenir. 

    « Nous avons testé le matériel avec les responsables à l’avance, puis nous l’avons révisé pour qu’il soit adapté au contexte, en prévoyant des espaces dans le programme d’études pour que les formateurs puissent y inclure des exemples tirés de leur contexte local », a déclaré David Boshart. « Ce support appartient désormais à ces églises, qui peuvent l’utiliser et l’adapter de la manière la plus utile dans leur milieu. » 

    Un partenariat formalisé en 2019 entre AMBS et Meserete Kristos Seminary (MKS : Séminaire mennonite éthiopien) à Bishoftu/Debre Zeit (Éthiopie) a aussi été renforcé par la relation d’AMBS avec la CMM. Ensemble, les responsables du MKS et de l’AMBS ont créé une version personnalisée du Master of Arts : Theology and Global Anabaptism (Maitrise : Théologie et anabaptisme mondial) pour former les responsables de l’Église Meserete Kristos. Les étudiants suivent une combinaison de cours semestriels en ligne et de cours intensifs à court terme adaptés au contexte éthiopien et dispensés en personne à MKS par des professeurs d’AMBS. Le programme compte 29 étudiants ; les sept premiers étudiants ont été diplômés en 2023. 

    « La collaboration avec les églises et de nouveaux responsables dans leur contexte affermit les membres de notre corps enseignant parce qu’ils acquièrent une exposition plus large et une appréciation de la communauté anabaptiste mondiale, en particulier dans le Sud global », a noté David Boshart. 

     — Annette Brill Bergstresser est responsable de la communication à l’Anabaptist Mennonite Biblical Seminary (AMBS), un séminaire situé à Elkhart, Indian, (États Unis), sur les terres ancestrales des Potawatomi et des Miami. AMBS propose un enseignement théologique sur le campus et à distance, ainsi qu’un large éventail de programmes d’enseignement à long terme, dans le but de former des disciples de Jésus-Christ à devenir des responsables de la mission de réconciliation de Dieu dans le monde. ambs.edu 


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  • Ê propos de la Commission Foi et Vie  

    Les paroisses anabaptistes du monde entier vivent leur foi de manière diverse, en faisant face aux difficultés et aux situations locales tout en adhérant aux Convictions Communes.  

    La Commission Foi et Vie permet aux églises membres de la CMM de recevoir et de donner des orientations sur la foi et les pratiques chrétiennes, ainsi que sur le témoignage anabaptiste dans le monde d’aujourd’hui. Cette Commission encourage les églises membres de la CMM à développer des relations de responsabilité mutuelle concernant les convictions qu’elles ont et la vie qu’elles mènent – localement, internationalement et inter-culturellement. 

    « La Commission Foi et Vie est un centre nerveux parmi d’autres, par lequel nous ne ‘construisons pas la koinonia’, mais entretenons l’unité créée par l’Esprit. Nous espérons ainsi, à notre petite échelle, non pas entraver, mais accélérer les signes que l’Esprit de vie envoie aux différentes parties du corps, ou de la mosaïque, pour mélanger les métaphores », déclare Thomas R. Yoder Neufeld, président de la Commission Foi et Vie.  

    Que fait la Commission Foi et Vie ? 

    Des membres de Foi et Vie et quelques autres représentants de la CMM ont entamé un dialogue avec la Communion Mondiale d’Églises Réformées (CMER). Après des années de préparation, ce processus a débuté en mars 2023 au Canada.  

    Les participants à ce dialogue ont collaboré à l’élaboration d’une déclaration pour le culte œcuménique de Zurich 2025, à Zurich (Suisse). Cette déclaration traitera des souvenirs du passé, de la déploration des divisions et des persécutions, de la gratitude pour les étapes vers la réconciliation, du désir de vivre dans l’unité et l’engagement à témoigner ensemble et à s’engager pour la justice et la paix.  

    « En 2023, nous avons publié le rapport sur le dialogue relatif au Baptême et incorporation dans le Corps du Christ, l’Église  (2020), ainsi qu’un guide d’étude de ce rapport, rédigé par Tom Yoder Neufeld. Nous continuons d’inviter les églises à étudier ce rapport et à envoyer leurs réponses d’ici novembre 2024 », dit Anicka Fast, secrétaire de la Commission Foi et Vie. 

    L’année dernière, Foi et Vie a publié des témoignages sur l’insertion dans la tradition anabaptiste mondiale et sur les difficultés que pose l’unité dans nos différentes régions. Ces récits favorisent des initiatives visant à aider les Églises membres à vivre l’unité dans un monde de plus en plus polarisé. 

    En 2023, les Réseaux anabaptistes mondiaux pour l’Éducation (GAEN) ont établi un partenariat avec la Commission Foi et Vie, et deux de leurs membres sont devenus membres de la Commission, sous réserve de l’approbation du Conseil Général de 2025.  

    « Les réseaux d’éducation sont essentiels pour transmettre les ressources de la Commission Foi et Vie aux écoles membres du GAEN et pour soutenir son objectif de renforcer les églises par une formation à la foi centrée sur le Christ », explique Anicka Fast. 

    Objectifs pour l’année à venir 

    Dans la perspective de la commémoration des 500 ans de l’anabaptisme en 2025, Foi et Vie prépare des ateliers pour les réunions du Conseil Général en Allemagne en mai 2025. Les documents concernant ces ateliers seront mis à la disposition de toutes les églises après les réunions. 

    L’un des thèmes principaux de ces ateliers sera le baptême, à la fois parce que c’est le 500e anniversaire du premier ‘baptême de croyants’ à Zurich, et parce que Foi et Vie a joué un rôle central auprès des Églises membres de la CMM en les aidant à utiliser les documents issus du Dialogue Trilatéral sur le baptême. 

    « Nous voulons surtout encourager nos églises à saisir cette occasion pour renforcer et approfondir notre compréhension et notre pratique du baptême, en particulier son rôle dans l’enracinement de notre vie de disciple », dit Thomas R. Yoder Neufeld. 

    Outre le baptême, la Commission propose deux sujets de plus en plus urgents : 

    • L’unité dans la diversité – continuer à travailler pour aider notre communion d’Églises à faire face aux défis réels d’être unis malgré une grande diversité.  
    • La protection de la création – face à la tension qu’entraîne la crise climatique, Foi et Vie considère qu’il est urgent d’aller au-delà des relations humaines. Des modes de vie durables sont une question de foi et de vie.  

    « Nous cherchons les moyens d’aider notre famille d’églises à s’engager avec la création, conformément au mandat de Dieu de la cultiver et de la garder dans Genèse 2,15. Nous publierons un bref document sur ce sujet cette année », dit Anicka Fast. 

    « Nous avons également écouté les membres de la Commission souligner l’importance de produire des ressources théologiques pour l’Église mondiale, qui répondent aux besoins ressentis, en particulier dans le Sud. Dans ce contexte, des discussions passionnées sur la manière de rendre disponibles ces ressources théologiques aux jeunes d’aujourd’hui ont lieu. Nous espérons y travailler en collaboration avec les GAEN et le groupe de travail pour la protection de la création », explique Anicka Fast. 

    « Essentiellement, nous aidons les églises à être fidèles à leur mission de disciple et à apprendre à vivre avec la diversité. Puisque l’Église est le projet de construction de la paix de Dieu, tout ce que nous faisons pour aider l’Église à être plus fidèle contribue à la construction de la paix. C’est ainsi que Foi et Vie vit le slogan de la CMM : Suivre Jésus, Vivre l’Unité et Construire la Paix », dit Thomas R. Yoder Neufeld. 


    Courrier 39.2&#

  • «Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait.» Romains 12/2 (TOB).

    Le nom que la Conférence mennonite mondiale a donné à une décennie d’événements régionaux autour du souvenir des cinq siècles de notre existence en tant que communauté spirituelle est «Renouveau».

    Nous envisageons ces dix années de commémorations en nous penchant sur notre histoire dans une perspective mondiale, œcuménique et transculturelle.

    Ces paroles de l’apôtre Paul nous aident à nous souvenir du passé et à regarder vers l’avenir.

    Nous rendons grâce à Dieu pour l’héritage de la foi que nous avons reçu.

    Mais nous nous présentons également devant le Seigneur dans un esprit de repentance et de renouveau, déterminés à tirer les leçons du passé pour grandir dans notre relation avec Dieu, ici et maintenant, et dans les années à venir.

    Transformation

    Nous découvrons comment notre tradition anabaptiste conçoit la vie de disciple : comme un processus continu de transformation.

    Premièrement : la transformation est un parcours au cours duquel nous laissons des éléments du passé derrière nous et en acquérons d’autres en cours de route.

    Elle implique un mouvement continu.

    Nous quittons constamment un endroit pour avancer vers un autre. Nous nous opposons à l’esprit religieux qui affirme la certitude absolue des doctrines, des dogmes et de l’éthique, mais nous affirmons la nécessité de renouveler notre esprit, en étant ouverts à la remise en question des convictions et de l’éthique, comme l’ont fait nos ancêtres spirituels au XVIe siècle.

    Deuxièmement, la transformation dans la Bible n’est jamais une expérience individualiste.

    Elle est toujours communautaire.

    Nous faisons cette expérience ensemble parce qu’elle exige le dialogue et l’interdépendance. La diversité des opinions de notre communauté nous permet de corriger la direction que nous prenons dans ce mouvement vers la transformation.

    Centrés sur Jésus

    Nos frères et sœurs nous aident à découvrir ce que nous devons changer, quitter ou inclure pour devenir comme Jésus.

    Cela nous amène au troisième commentaire biblique ou à la troisième composante de la transformation : la personne de Jésus.

    Tout changement n’est pas justifié.

    En tant que disciples de Jésus, nous ne pouvons pas approuver la transformation dans n’importe quelle direction.

    Pour être des disciples fidèles, nous devons adapter nos convictions et notre éthique pour qu’elles nous rendent semblables au caractère et à la personne de Jésus.

    Comme le dit Paul, «jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’adultes, à la taille du Christ dans sa plénitude.» (Éphésiens 4/13.)

    La transformation dans l’unité est un défi auquel le monde anabaptiste a toujours été confronté.

    Trop souvent, les mouvements de renouveau ont dû faire face à un rejet qui a entraîné des divisions.

    La transformation n’a pas toujours été orientée vers la personne de Jésus.

    Aujourd’hui, nous devons donc retrouver la vision de la Conférence mennonite mondiale : Nous voulons être une Église mondiale où nous suivons Jésus, vivons l’unité et construisons la paix.

    Nous sommes un corps de plus de 10000 assemblées locales réparties dans 110* unions d’églises à travers le monde, avec plus de 1,5 million de croyants baptisés.

    Nous avons besoin les uns des autres pour être transformés à l’image de Jésus.

    Tout en remerciant Dieu pour les opportunités de transformation, gardons également une attitude de repentance pour nos divisions.

    Demandons pardon pour notre hésitation à changer.

    Repentons-nous de notre orgueil et de l’attitude qui consiste à juger le processus de transformation des autres au lieu d’y participer avec amour et patience.

    Cherchons le renouveau à partir d’un cœur contrit qui reconnaît son besoin de transformation continuelle. Puissions-nous être transformés ensemble à l’image de Jésus.

    —César García est secrétaire général de la Conférence Mennonite Mondiale. Originaire de Colombie, il vit à Kitchener, Ontario (Canada).

    *Nombre d’églises membres de la CMM après les réunions du Comité Exécutif au Brésil, en avril 2024.


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  • Pays-Bas 

    Nous vivons dans une société – en Europe de l’Ouest – qui ne parle plus notre langue. Nous avons été la culture dominante pendant des siècles et des siècles… qu’il s’agisse de catholiques, de protestants ou de mennonites. Le langage chrétien, l’imagerie chrétienne, les normes et les valeurs chrétiennes étaient absolument dominants dans la culture néerlandaise. Et en l’espace d’une génération, tout cela a disparu. 

    Oh, bien sûr, la sécularisation existait déjà auparavant. Elle a commencé il y a quelques décennies. Et nous avons vécu dans ce milieu. 

    Nos églises ont toujours été petites, nos assemblées aussi. Nous aimons cela. Nous aimons nous connaître. 

    Mais il y a eu un tournant, apparemment. Et nous l’avons atteint sans nous en rendre compte. Certains d’entre nous ne le reconnaissent pas encore. 

    Il ne s’agit pas seulement de sécularisation. Il s’agit de toute une culture, avec toutes ses références, qui disparaît en un clin d’œil. 

    Mais voilà : les gens qui nous entourent ne nous comprennent plus et ne comprennent plus notre histoire. C’est comme la Pentecôte à l’envers. Nous parlons et racontons notre histoire, en utilisant le même langage que les gens qui nous entourent. Mais personne ne comprend ce que nous disons. Les mots que nous utilisons n’ont pas de sens – ou ont même un sens différent pour nos auditeurs. 

    Nous nous réveillons dans une réalité étrange. Incompréhensible. 

    C’est autre chose que le déclin. C’est un monde nouveau. 

    Et j’aime cela. 

    Nous n’en sommes plus à essayer de sauver ce qui était. Nous n’en sommes plus à essayer d’inverser le cours des choses. Nous sommes sur le point de nous réinventer, de réinventer nos églises, de réinventer nos récits. Nous sommes sur la voie de la découverte. 

    Il n’y a pas de position de repli. Même notre argent ne peut plus nous sauver. C’est très, très effrayant. 

    Et j’aime cela. 

    Exilés sur notre propre terre 

    Cela réduit tout à l’essentiel. Même l’Évangile. Nous devons le lire, l’étudier, le retrouver. Qu’est-ce qui a de la valeur ? Qu’est-ce que la vérité ? Qu’est-ce que la tradition ? Quelle histoire ? Quelles sont les réponses anciennes à des questions encore plus anciennes ? Et qu’est-ce qui nous parle encore aujourd’hui, à nos cœurs, à nos âmes ? Nous devons nous interroger sur nous-mêmes, sur nos motivations, sur nos confessions. Il n’y a pas de réponses faciles. 

    Et voilà ce qu’il en est. Maintenant, notre croissance doit être mesurée sur le plan spirituel. Non pas par des chiffres, mais par une gentille sagesse. Par notre humanité. Par notre communauté. 

    Nous devons aller en profondeur. Nous devons accepter de ne plus être chez nous sur cette terre, dans ce monde, dans cette langue, et faire le deuil de cette perte. 

    Et la Bible nous dira comment faire. 

    Nous l’avons déjà fait. Ê une autre époque, dans un autre lieu, dans une autre situation, mais avec le même problème. Nous sommes en exil sur notre propre terre et notre propre continent : « Les rivières de Babylone », même si nous sommes les seuls à comprendre cette référence (et nous ne parlons pas de la chanson de Boney M). 

    Et c’est là que nous trouvons de nouveaux chemins. 

    Nous ne parlons pas de notre foi aux gens. Nous la vivons. 

    Un monde différent. 

    Beaucoup de nos jeunes ont découvert l’Église par l’intermédiaire des les AKC – nos camps d’été. Pas un mot sur l’Évangile n’est prononcé pendant ces camps. Mais nous y créons un monde totalement différent de ce que ces enfants et ces jeunes connaissent à la maison ou à l’école. Un espace de ressourcement, sans pression ni jugement. Un espace où ils apprennent que les façons de faire du monde qui nous entoure ne sont peut-être pas la seule réponse. 

    Nous ne poussons pas, nous ne faisons pas la morale. Nous nous amusons, nous ouvrons un nouvel espace pour eux … et nous attendons. 

    Ê un moment donné, ils deviennent curieux. Ils commencent à poser des questions : Qu’est-ce qui est si différent ici ? Et pourquoi ? 

    Dans la broederschapshuis où je travaille, toutes sortes de personnes viennent et restent. Nous ne partageons pas notre foi, sauf si on nous le demande. Mais nous demandons à tout le monde de se rencontrer, de travailler ensemble, de faire partie de notre communauté pendant leur séjour. 

    En faisant la vaisselle ensemble, nous rencontrons Dieu – ou du moins sur des questions à propos de Dieu. Dans chaque question, nous essayons de trouver quelque chose à apprendre. 

    Nous n’avons plus les réponses. Mais les questions de personnes qui ne connaissent pas Dieu ou la foi nous montrent notre chemin. 

    Je suis touchée lorsqu’un jeune bénévole de notre broederschapshuis visite notre église pour la première fois, trouve le courage de se lever et de témoigner : « Il y a quelque chose ici. Je n’ai pas encore les mots pour le dire, mais je le ressends maintenant dans mon cœur ». 

    Dans notre situation, voilà un témoignage de foi. Parce que c’est vrai : nous n’avons pas les mots. Et pourtant. 

    Notre croissance ne sera pas axée sur les chiffres, mais sur le fait d’être ‘humain-avec-Dieu’. Notre mission consiste à trouver notre propre chemin. Et ce faisant, nous essayons de le vivre. 

    Les gens le remarquent. Les gens posent des questions. Nous essayons d’y répondre et nous échouons. Et c’est là toute la beauté de la chose. C’est ce qui maintient la conversation, le processus d’apprentissage. 

    Nous grandirons en ne sachant pas du tout. Et nous nous en accommoderons en hésitant un peu. 

    Grâce soit rendue à Dieu. 

    —Wieteke van der Molen est pasteure et directrice spirituelle au sein de l’Algemene Doopsgezinde Sociëteit (Eglise mennonite néerlandaise). Elle est co-directrice de Dopersduin, une Broederschapshuis mennonite (maison communautaire) et un centre de retraite à Schoorl, aux Pays-Bas. 


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    two children in hoodies with arms around each other