Le pouvoir de la résilience
Témoignage : Dimanche de la Paix
« Mais le récipient qu’il façonnait avec l’argile ne fut pas réussi. Alors le potier en refit un autre, comme il le jugea bon. » (Jérémie : 18/4)..
Ce thème a fait l’objet de nombreuses discussions ces derniers temps, notamment depuis que la pandémie a entraîné des problèmes de santé supplémentaires, une vague de désespoir, etc.
Qu’est-ce que la résilience exactement ?
Lors de ma formation avec le Mindanao Peacebuilding Institute (l’Institut de construction de la paix de Mindanao) en 2018, j’ai rencontré une femme chrétienne palestinienne qui a témoigné sur son vécu dans une zone de guerre. Ma plus grande question était de savoir comment ils arrivent à avoir un tempérament aussi résilient, fort et endurant dans un endroit si chaotique ? Comment est-ce qu’elle et sa famille ont géré toute leur vie au beau milieu de la persécution, de l’hostilité et même des explosions de bombes qui prennent la vie d’amis ?
La résilience se définit comme la capacité à rebondir après une épreuve, à s’adapter, à aller de l’avant et, dans certains cas, à s’épanouir, écrit Eilene Zimmerman. La génétique, l’histoire personnelle, l’environnement et le contexte situationnel jouent tous un rôle dans la résilience d’un individu[1] .
Je pense que la résilience peut se construire chez les individus et les sociétés par le biais de crises, de défis, de catastrophes, de tragédies et de souffrances lors desquelles ils peuvent faire la paix avec la situation et s’adapter à l’incertitude. C’est la force de la résilience interne.
Viktor E. Frankl, dans son livre légendaire sur son séjour dans un camp de concentration, déclare : « On peut faire de ces expériences une victoire, transformant la vie en un triomphe intérieur, ou on peut ignorer le défi et simplement végéter, comme l’ont fait la majorité des prisonniers ».[2] Il s’agit d’une pensée puissante née grâce à l’expérience réelle de la capacité à développer la résilience face à l’adversité.
C’est lors d’un cours autour de la guérison des traumatismes physiques et psychosociaux à l’Anabaptist Mennonite Biblical Seminary (Seminaire Biblique Anabaptiste Mennonite, AMBS) que j’ai appris l’art du kintsugi. Le kintsugi est un art merveilleux qui consiste à restaurer des objets brisés en laquant les fissures et en les saupoudrant méticuleusement de poudre d’or. Les défauts dorés, selon la tradition japonaise, rendent alors les pièces encore plus précieuses qu’auparavant. Cette technique est une belle métaphore pour notre vie, pour imaginer nos aspects endommagés et brisés rayonnant de lumière, d’or et de beauté.
Le kintsugi nous enseigne que les parties blessées de notre corps nous rendent plus forts et meilleurs que nous étions autrefois. Lorsque nous pensons être brisés, nous pouvons ramasser les morceaux, les remettre ensemble et apprendre à apprécier les fissures[3].
Dans l’Ancien Testament, Yahweh- également connu comme la main du potier – fait d’Israël un nouveau vase (Jérémie 18/4). J’aime le mot « refaçonné » ici. Je crois qu’il s’agit d’un processus pour devenir une nouvelle création, une nouvelle personne, dont la réalisation n’est possible que par Dieu et par nous.
C’est à la fois un voyage à la rencontre de Dieu et une pratique de la conscience de soi, de la découverte de soi, de l’auto-guérison ou de l’auto-transformation pour devenir un nouveau vase dans la main du Créateur pour le dessein et la gloire de Dieu.
En ce Dimanche de la Paix, alors que nous nous souvenons des épreuves, des blessures, des traumatismes, des défis, de la souffrance ou de la douleur, grâce à l’aide et aux mains aimantes de Dieu, nous pouvons être transformés en une nouvelle personne et une nouvelle communauté de notre Seigneur.
Sommes-nous prêts à accepter notre fragilité, notre vulnérabilité et nos cicatrices pour être transformés en une communauté de notre Dieu plus résiliente afin de donner du pouvoir à ceux qui nous entourent ?
Tel est le pouvoir de la résilience : travailler avec Dieu pour co-créer de la nouveauté en nous-mêmes, pour être plus prolifiques, plus vivants, pour être un nouvel être humain, et pour être un nouveau peuple de Dieu dans ce monde en mutation. Faisons la paix avec nos morceaux brisés !
—Andi O. Santoso est membre de la Commission Mission. Il est pasteur ordonné dans l’église mennonite GKMI en Indonésie.
- Eilene Zimmerman, “What Makes Some People More Resilient Than Others”, New York Times (https://www.nytimes.com/2020/06/18/health/resilience-relationships-trauma.html)
- Viktor Emil Frankl, Man’s Search for Meaning: An Introduction to Logotherapy (New York: Pocket Books, 1959, 1963), 115.
- Candice Kumai, “Honor your imperfections with the Japanese art of ‘Kintsugi’,” Shine (https://advice.theshineapp.com/articles/honor-your-imperfections-with-the-japanese-art-of-kintsugi/)