Une vocation divine

Il peut sembler difficile de vivre dans la Prairie canadienne. Il y fait très froid l’hiver. La saison de croissance est courte et les possibilités de culture limitées.

Au Canada, les habitants de la Prairie pourraient penser que le changement des conditions météorologiques – année après année, les hivers sont plus doux que dans nos souvenirs – est une bonne chose. Qui veut faire du vélo sur la neige et la glace alors qu’il est possible de se déplacer dans une voiture chauffée ? Pourquoi faudrait-il se compliquer la vie pour se soucier de la Terre ?

Les scientifiques lancent des cris d’alarme concernant l’état de notre Terre. Quel que soit le nom qu’on lui donne et quoi qu’on en pense, les scientifiques conviennent que le changement climatique est déjà en train de se produire.

Pour les chrétiens anabaptistes dont la foi est centrée sur Jésus, la communauté et la réconciliation, la sauvegarde de la création de Dieu n’est pas une action politique, mais une vocation divine.

Lorsque nous louons Dieu, nous regardons l’environnement dans lequel nous vivons. Nous remercions Dieu pour son œuvre créatrice et nous exerçons notre responsabilité en tant qu’intendants. L’Ancien et le Nouveau Testament nous appellent sans cesse à la préserver, écrit Muller Nzundzi dans l’article de fond.

Il en est de même pour l’appel à aimer les autres, faits à l’image de Dieu, qu’ils soient proches ou éloignés.

Le changement climatique provoque des souffrances : ceux qui ont le moins de ressources pour s’adapter ou reconstruire sont souvent les plus touchés. L’augmentation de la fréquence et de la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes signifie que les tempêtes sont plus destructrices, que les sécheresses durent plus longtemps et que les inondations sont plus graves. Des maisons sont détruites, des moyens de subsistance disparaissent, entraînant la faim, le déplacement, et même la mort.

En tant que chrétiens, nous devons être conscients que nos actions affectent notre prochain à proximité ou à l’autre bout du monde, et commencer à prendre différentes mesures, grandes ou petites, pour protéger l’environnement plutôt que lui nuire.

Dans les zones rurales des Philippines, l’organisation anabaptiste Coffee for Peace enseigne qu’il n’est pas nécessaire que la terre souffre pour que les êtres humains gagnent leur vie. Coffee for Peace forme les agriculteurs à travailler en harmonie avec la terre – et en paix avec leurs voisins et avec Dieu.

Rebecca Froese (Allemagne) agit à un autre niveau. Faisant partie du Conseil œcuménique des Églises, elle a participé aux accords climatiques de Paris pour réclamer justice. Elle prend aussi des initiatives concernant le recyclage et l’énergie solaire dans son assemblée locale.

De même, José Antonio Vaca Bello agit à la fois sur une petite et sur une grande échelle en Colombie. Il travaille avec différents groupes pour réclamer davantage de modération et de meilleures pratiques pour mettre fin à la dégradation de l’environnement due à l’exploitation des ressources naturelles dans sa ville. Mais il agit également au sein de sa paroisse, enseignant que des mesures simples peuvent faire une différence.

Basé aux États-Unis, Mennonite Creation Care Network (mennocreationcare.org) publie des informations et du matériel pour les cultes à télécharger à partir de leur site Web. Katharine Hayhoe, une climatologue chrétienne évangélique montre des vidéos sur YouTube et Facebook qui traitent de ces questions. Quant à Carole Suderman, dans sa paroisse Boulder Mennonite (Colorado), elle écrit de petits articles avec des suggestions pour vivre simplement. Au cours des 20 dernières années, elle a proposé près de 1 000 idées concernant les pratiques ménagères, les activités saisonnières ou de sensibilisation. Ces petits pas s’enracinent dans ses convictions mennonites concernant la simplicité, la responsabilité envers la mission que Dieu nous a confiée, et dans l’amour du prochain.

Il est facile d’être désespéré ou fataliste quand on considère la complexité de la création de Dieu et les changements qu’elle subit à cause des actions humaines. Notre appel à participer au royaume ‘à l’envers’ de Jésus ne nous permet pas de rester sans rien faire. Le Dieu qui nous sauve nous invite aussi à continuer son œuvre sur la terre.

—Karla Braun est rédactrice en chef de COURRIER pour la Conférence Mennonite Mondiale. Elle vit à Winnipeg (Canada).

Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2018 de Courier/Correo/Courrier.

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