Une bonne sorte d’infidèle !

« Nous étions loin d’être en paix, mais maintenant nous sommes amis avec les chrétiens. Nous œuvrons à la paix avec l’humilité. » Par l’intermédiaire d’un interprète, le commandant Yanni Rusmanto de Solo (Indonésie), a pris la parole lors de l’atelier « les mennonites en Indonésie et les musulmans radicaux œuvrant à la paix » lors de la 17e Assemblée en Indonésie.

Il s’agissait de l’un des nombreux ateliers sur les relations interreligieuses axés sur les chrétiens et les musulmans. Au total, plus de 50 ateliers ont eu lieu lors de la 17e Assemblée de la Conférence Mennonite Mondiale, dont beaucoup ont été enregistrés pour être visionnés plus tard.

Yanni Rusmanto est un chef du Hezbollah, un groupe paramilitaire indonésien (‘Hezbollah’ signifie ‘Parti de Dieu’ et c’est le nom de nombreux groupes musulmans sans lien les uns avec les autres.) Ils veillent sur la communauté pour lutter contre l’ivresse et la délinquance, ils donnent des avertissements et assurent la liaison avec la police en cas de combats de rue.

Lors de l’atelier, le pasteur de la GKMI, Paulus Hartono, et Yanni Rusmanto ont parlé de leur collaboration.

Après le tremblement de terre et le tsunami du 26 décembre 2004 qui ont dévasté une partie d’Aceh, Le Mennonite Diakonia Service (MDS), basé à Solo, ne pouvait intervenir seul. Le fondateur du MDS, Paulus Hartono, a invité le commandant musulman local à se joindre au MDS pour apporter des secours.

« Pourquoi cet infidèle veut-il dialoguer ? » s’est demandé Yanni Rusmanto quand Paulus Hartono l’a approché. Il avait peur d’avoir à se convertir. Il a essayé de le repousser, mais Paulus Hartono a persévéré dans sa demande.

« Il m’a parlé d’humilité et du tremblement de terre à Aceh. J’ai commencé à ouvrir mon cœur », raconte Yanni Rusmanto.

Les deux groupes ont travaillé côte à côte à Aceh pendant 15 jours, vivant sous le même toit. « Nous avons commencé à nous connaître. Nous nous respectons, bien que nous soyons très différents dans beaucoup de choses. Mais cela ne signifie pas que nous ne puissions pas travailler ensemble », déclare Paulus Hartono.

Yanni Rusmanto considère toujours Paulus comme un kéfir – un infidèle. Mais « Paulus est un bon kéfir. Je veux être ami avec Paulus et je veux le dialogue. »

Pour Paulus Hartono, le travail pour la paix et l’aide humanitaire vont de pair. Le MDS intervient lors de catastrophes, soutient la durabilité de l’environnement et mène un dialogue interreligieux. Les trois sont inséparables, voire parfois indiscernables.

On demande parfois à Paulus Hartono le secret de sa paroisse florissante et de son ministère d’avant-garde : « Nous devons accomplir la mission de Jésus : pas la mission de notre organisation ou la mission de notre paroisse. Nous vivons les valeurs du royaume : mission, paix, vérité, justice et amour, guidés par le Saint-Esprit. »


Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’Octobre 2022 de Courier/Correo/Courrier.

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