Traverser les barrières climatiques jusqu’à l’Assemblée 

« L’idée que le peuple de Dieu est partout est réelle, déclare Benjamin Isaak-Krauß, pasteur de l’église mennonite de Frankfort. Les Assemblées réunies de la Conférence Mennonite Mondiale, 2 fois par décennie, sont l’occasion de se rendre compte de cette réalité. Mais, tandis que les membres prennent conscience de la crise climatique, certains s’inquiètent du coût environnemental de ce voyage.  

La CMM a interrogé deux mennonites allemands qui réfléchissent à ces questions. 

Pas de paix sur une planète trop chaude

« Le changement climatique, c’est le sujet de notre époque. Une paix juste n’est pas possible sur une planète plus chaude de trois degrés, » déclare Benjamin Isaak-Krauß.  

David Lapp Jost, un américain qui travaille pour le comité mennonite pour la paix allemand est d’accord : « Les sécheresses et l’augmentation de la température engendrent des conflits sur le terrain. C’est un élément de la guerre en Syrie… et cela jouera certainement un rôle dans bien d’autres guerres. Le déplacement de personnes, la souffrance, c’est terrible. » 

Une incarnation de la Pentecôte   

De plus, dans un monde globalisé et avec la montée des nationalismes, il est important « d’avoir cette expérience concrète de pouvoir louer avec des chrétiens de partout dans le monde qui ont l’air différents et parlent différemment et croient différemment mais qui sont tout de même liés les uns aux autres par Jésus et le Saint Esprit, » témoigne Benjamin Isaak-Krauß. 

« Dans un monde de plus en plus clivé, les espaces qui favorisent le dialogue constructif au-delà des différences nationales, sociales et politiques se font rares, » déclare David Lapp Jost. « J’espère que la CMM est un rassemblement de personnes qui choisissent d’être ensemble et peuvent s’enrichir mutuellement et partager leurs vies les uns avec les autres. » 

« J’aimerais beaucoup aller en Indonésie pour pouvoir rencontrer toutes ces personnes qui, d’une certaine façon, me montrent la voie, m’apprennent à être ouvert à des amitiés malgré la différence. » 

L’Église travaille surtout au niveau local, mais si nous n’étions pas reliés à l’Église mondiale, nous ne pourrions pas connaitre le Saint Esprit comme il a été incarné à la Pentecôte, selon David Lapp Jost.  

Ê partir de la Pentecôte, l’Église est une institution à l’intention claire. « Au cœur de la mission de l’Église il y a cette unité au-delà des divisions nationales et l’enrichissement mutuel. » 

Une communion mondiale de vraies personnes  

Adolescent, Benjamin Isaak-Krauß ne s’est pas contenté d’assister au Sommet Mondial de la Jeunesse et à la 15e Assemblée réunie au Paraguay ; il a passé six mois dans ce pays pour apprendre à connaître les communautés mennonites locales.  

En participant à l’Assemblée de la CMM, son sentiment de communauté est passé du local au mondial. Il a noué des amitiés durables et, pour la 16e Assemblée, il a organisé un minitour pour de jeunes Allemands qui ont passé plusieurs semaines aux États-Unis à faire connaissance avec les communautés mennonites locales – urbaines et rurales, conservatrices et progressistes. 

Ce fut une expérience transformatrice « de voir des frères et sœurs en Christ dans un autre endroit », qui a culminé au GYS « avec tous ces gens de mon âge, venus du monde entier, et ensuite, l’Assemblée avec encore plus de monde.  Le concept de communion mondiale devient une réalité palpable, avec laquelle vous pouvez interagir – des vraies personnes ! »  

« Ce qui nous transforme, ce ne sont pas les événements planifiées, ce sont les rencontres », selon Benjamin Isaak-Krauß. Ces rencontres sont plus faciles lors de rassemblements en personne, mais même une Assemblée en ligne, bien pensée, peut donner lieu à cette intersection entre les chemins que nous avons choisis et ceux des autres que nous y croisons. »  

Changement climatique et Assemblée réunie 

Ê présent, lorsqu’il y a des catastrophes naturelles dans le monde, elles  se produisent là où vivent nos amis.  

L’aspect communautaire qui est au cœur de la foi et de la pratique mennonites est essentiel à notre approche du changement climatique.  

David Lapp Jost espère que la CMM pourra « faciliter la conversation sur les conséquences du changement climatique sur les pays du Sud, et comment amener les pays du Nord à être solidaires. »  

« Il serait vraiment dommage que les personnes préoccupées par les questions climatiques n’aillent plus aux rencontres de la CMM », déclare Benjamin Isaak-Krauß. « Je crois qu’il faut continuer de venir pour nous confronter au fait que nous formons un seul corps avec tous ceux qui sont touchés par le changement climatique. » 

En tant qu’Église de paix, les membres de la Conférence Mennonite Mondiale doivent « se demander comment nous participer à ce mouvement mondial en nous repentant et en changeant nos mauvais systèmes. » 

« Espérons que le Saint-Esprit y parviendra », déclare David Lapp Jost. 

Étapes concrètes  

  • Les membres de la paroisse renoncent à une chose – que ce soient la consommation de viande, l’utilisation de véhicules privés, partir en vacances en avion, etc… – pour compenser les émissions carbones des membres qui assisteront à l’Assemblée. 
  • Dialoguez avec les agriculteurs des bonnes pratiques. Achetez vos produits au marché.  
  • Vivez simplement. Réutilisez et réparez quand c’est possible. Réduisez l’utilisation des combustibles fossiles dans vos transports et votre chauffage.  
  • Renseignez-vous sur les problèmes liés au climat en Indonésie, par exemple la déforestation et la pollution générée par les décharges provenant des pays occidentaux.  
  • Prévoyez déjà la prochaine assemblée en Afrique en investissant dans des relations et des initiatives durables sur place, et en planifiant des déplacements à faible émission de carbone (à vélo, par exemple).