Que signifie être une Église de paix ?

baptism at Myanmar

Dimanche de la Paix 2025 – Témoignage

Un témoignage de l’Église au Myanmar 

Que signifie être une Église historique de paix – ou plutôt une Église engagée dans l’œuvre de paix du Christ ? 

C’est la question à laquelle est confrontée l’Église mennonite du Myanmar, alors que le pays continue d’être déchiré par un conflit qui touche une grande partie de la population. 

Il y a quelques années, l’armée a renversé le gouvernement démocratiquement élu et installé un président et une administration nommés par les militaires. Les violations des droits de l’homme se sont multipliées, en particulier lorsque le nouveau gouvernement soutenu par l’armée (la junte) a réprimé tout mouvement dissident, tentant d’éliminer l’opposition. Cela a donné lieu à des attaques et des meurtres à grande échelle, à des détentions arbitraires, au déplacement de populations, à la restriction de la liberté d’expression et de réunion. Cette situation a créé un climat d’angoisse au sein des communautés qui se réunissent pour le culte, entre autres. La junte a également instauré le service militaire obligatoire. 

Quel est le rôle de l’Église dans un tel contexte ? Que signifie être engagé dans l’œuvre de paix du Christ au milieu de cette réalité ? 

Une église de paix au milieu de la guerre 

Ce sont des questions que se posent les membres de l’Église missionnaire biblique mennonite (Bible Missionary Church, BMC) au Myanmar. 

La BMC a contacté la Conférence Mennonite Mondiale (CMM), dont elle est membre, pour demander de l’aide. Elle se demandait s’il serait possible que la CMM envoie une délégation en visite de solidarité afin d’explorer ces questions ensemble. 

Du 25 au 29 novembre 2024, une délégation de la CMM s’est rendue en Thaïlande pour passer du temps avec nos frères et sœurs du Myanmar. Il a été décidé qu’il serait préférable de se réunir en Thaïlande, car une réunion au Myanmar aurait pu présenter un risque pour les responsables du Myanmar. (La junte surveille de près qui se réunit avec qui.) 

La délégation était composée de César García (Colombie), Secrétaire General de la CMM ; Tigist Tesfaye (Ethiopie), Secrétaire de la Commission Diacres ; Andres Pacheco Lozano (Colombie/Pays-Bas), Président de la Commission Paix ; Andrew Suderman (Canada/États-Unis), Secrétaire de la Commission Paix ; et Agus Mayanto (Indonésie), Représentant régional de la CMM pour l’Asie du Sud-Est. Norm Dyck (MC Canada) faisait également partie de cette délégation en raison des relations de longue date entre MC Canada et l’Église mennonite du Myanmar. 

Andres Pacheco Lozano shares stories of Colombian peace struggles
with the leaders from Myanmar during the Deacon delegation visit.
Andrés Pacheco Lozano partage des témoignages sur les luttes pour la paix en Colombie avec les dirigeants du Myanmar lors de la visite de la délégation de la Commission Diacres. Photo : Agus Mayanto

Origine et histoire du mouvement anabaptiste 

Les responsables de la BMC ont demandé à avoir un temps pour approfondir l’histoire et l’origine du mouvement anabaptiste. César García a animé ces sessions tous les matins. 

Les pasteurs souhaitaient également explorer ce que la Bible enseigne au sujet de la paix. Andrés Pacheco Lozano et Andrew Suderman ont animé des sessions le matin et l’après-midi afin d’explorer l’histoire biblique et ses liens avec la paix et la justice. Une partie de ce temps a ensuite été consacrée à discuter des observations de nos frères et sœurs du Myanmar sur la paix d’un point de vue biblique et de ce que cela pourrait signifier dans le contexte du Myanmar. 

Andres Pacheco Lozano et Andrew Suderman ont également partagé des témoignages d’autres Églises et de leurs luttes pour la paix et la justice, comme l’Église mennonite en Colombie et en Corée du Sud, ainsi que d’autres luttes (par exemple, l’apartheid en Afrique du Sud). 

Tigist Tesfaye a animé un temps de prière pour chacun des responsables présents et pour les assemblées dans lesquelles ils exercent leur ministère. 

Ce fut un moment intense, mais merveilleux, passé ensemble. 

Des visions du shalom  

Cela a été difficile, car tout le groupe a dû faire face au traumatisme que beaucoup de pasteurs du Myanmar ont vécu et continuent de vivre. 

Un pasteur, par exemple, a raconté comment, deux jours avant son arrivée à cette réunion, l’église d’un ami pasteur avait été détruite. 

De même, lorsque nous avons exploré les visions du shalom, et après avoir passé un certain temps à réfléchir et à discuter du pouvoir de l’imagination, un pasteur a demandé : « Mais que se passe-t-il si nous ne pouvons pas ou ne savons pas quoi imaginer ? » C’était déchirant ! 

Et pourtant, à la fin de notre temps ensemble, après beaucoup de prière, d’apprentissage, d’exploration, de lecture de la Bible et de réflexion, ce même pasteur a commencé à mettre en évidence des mesures concrètes, notamment une prière qu’ils sont en train de rédiger pour aider notre communion mondiale à prier pour eux alors qu’ils continuent à témoigner de la paix du Christ dans leur contexte. 

Cependant, le chemin est encore long. La luta continua. 

Que Dieu continue d’être avec eux. Et puissions-nous apprendre comment être solidaires avec eux et leur lutte pour la paix. 

—Andrew G. Suderman est secrétaire de la Commission Paix. Il vit à Harrisonburg, en Virginie (États-Unis).