Proclamons ensemble la ‘sagesse infinie de Dieu’

Inde

Des missionnaires mennonites des États-Unis ont commencé leur travail dans le centre de l’Inde, aujourd’hui l’État du Chhattisgarh, en novembre 1899. Ils ont débuté par des œuvres caritatives, apportant leur aide à la population frappée par la sécheresse. C’est en décembre 1900 qu’a eu lieu le premier baptême de 43 nouveaux convertis. Au début, le nombre de membres augmenta très rapidement. En 1949, lors de la célébration du Jubilé d’Or de l’œuvre missionnaire, le nombre de membres baptisés était de 1 579.

Cependant, au cours des années suivantes, l’Église Mennonite d’Inde (MCI) n’a pas connu la croissance numérique espérée. Ses premiers responsables indiens ont tenté de créer des églises dans de nouvelles régions. Toutefois, étant satisfaite du maintien du statu quo, la MCI n’a procédé à aucune auto-évaluation.

Dieu n’était peut-être pas satisfait de ce statu quo, et c’est alors qu’est apparu le mouvement pentecôtiste.

L’arrivée des pentecôtistes dans la région occupée par la MCI

Avant les années 1970, je me souviens que des prédicateurs pentecôtistes étaient invités à prêcher par les églises locales et aussi par la MCI lors d’occasions spéciales. Ces prédicateurs savaient généralement émouvoir les gens.

Puis, au début des années 70, la présence pentecôtiste s’est faite davantage sentir dans certaines paroisses mennonites urbaines où les membres venaient de différentes dénominations. Dans la principale paroisse mennonite, des culte pentecôtistes ont commencé dans une maison particulière au milieu des années 70. Les jeunes mennonites, en particulier, qui ne suivaient pas de très près les activités de la MCI ont commencé à se réunir pour le culte et la communion fraternelle dans des maisons particulières. Des nonchrétiens ont aussi commencé à assister à ces réunions pentecôtistes dans les maisons.

Les réunions étaient caractérisées par des chants et des prières animés et chargés d’émotion. Petit à petit, le mouvement s’est accéléré. La nouvelle naissance, le baptême par immersion, la dîme et le parler en langues ont pris de l’importance. Les participants étaient encouragés à crier « Alléluia !», « Amen !» et « Louez le Seigneur !» pendant le sermon. Lors des cultes, ils étaient invités à partager ce que le Seigneur avait fait dans leur vie au cours de la semaine précédente. Parfois, un peu de nourriture était offerte après les cultes.

En semaine, les pasteurs pentecôtistes effectuaient régulièrement des visites à domicile, même dans les maisons mennonites. Ils priaient avec ferveur pour les malades. Les pasteurs recherchaient toutes les occasions d’être présents, comme lors de funérailles. Ils se liaient souvent d’amitié avec des membres aisés de la MCI qui n’étaient pas très actifs dans les églises de la MCI. Lentement, les églises de maison pentecôtistes ont augmenté. Elles se sont rapidement répandues dans d’autres villes et villages et se sont multipliées. Les responsables laïcs enthousiastes étaient encouragés à fréquenter les écoles bibliques pentecôtistes et, une fois la formation terminée, on leur donnait des postes dans des assemblées.

Il semble qu’il y avait peu de structures. Les pasteurs décidaient de tout et étaient libres de la manière de gérer les assemblées locales.

Églises de la MCI et présence pentecôtiste

Au début, bien que les responsables des paroisses invitaient des prédicateurs pentecôtistes éloignés à prêcher, il se tenaient à distance des pentecôtistes locaux. Les membres mennonites qui avaient rejoints le mouvement pentecôtiste ont été forcés de quitter les églises mennonites. Mais la présence persistante des pentecôtistes et leur nombre croissant ont peu à peu changé la façon de penser de la MCI. De plus, de nombreux membres de la MCI ont épousé des femmes d’origine pentecôtiste qui sont devenues actives dans les églises de la MCI.

Maintenant, la présence des assemblées locales et des responsables pentecôtistes est reconnue et acceptée. Il n’y a plus de rivalité ouverte entre les deux. En fait, la MCI a intégré des changements dans ses propres cultes. Il y a davantage de cantiques lors du temps de louange, et les gens sont invités à partager ce que le Seigneur a fait dans leur vie au cours de la semaine écoulée.

Les pasteurs pentecôtistes sont acceptés avec respect. Les pasteurs mennonites sont encouragés à prier pour les non-chrétiens qui assistent ensuite aux cultes. Les demandes de prière de non-chrétiens sont incluses dans les prières pastorales, et ceux-ci sont également autorisés à partager leurs témoignages lors des cultes du dimanche

Cela a encouragé les groupes pentecôtistes non affiliés dans les villages à demander la participation des responsables de la MCI. La MCI, pour sa part, a établi d’abord ces groupes en cellules de prière pour soutenir leurs responsables, puis, sous certaines conditions, les a reconnues comme des assemblées locales de la MCI à part entière.

D’autres expériences sont en cours à la MCI pour intégrer des jeunes dans le ministère d’évangélisation.

Suggestions concernant les relations avec les pentecôtistes

1. Puisque ce mouvement pentecôtiste est un phénomène mondial, nous devrions l’accepter comme œuvre de Dieu. Nous ferions bien de prendre en compte les conseils du professeur de droit juif, le professeur Gamaliel, mentionné dans Actes 5/33-39.

2. Nous devons faire une auto-évaluation : réfléchir à la raison pour laquelle Dieu a développé le pentecôtisme malgré la présence des églises établies. C’est comme la montée du mouvement anabaptiste/mennonite au début du XVIe siècle.

3. Nous devrions pouvoir nous réjouir de ce que Dieu fait, amenant de plus en plus de personnes à Jésus-Christ par le ministère des pentecôtistes.

4. Les églises établies devraient trouver des moyens de développer des relations de travail avec les pentecôtistes et les autres dénominations.

5. Nous devrions accepter le fait que toute dénomination d’église, y compris la dénomination MCI, n’est jamais la seule capable de proclamer la « sagesse infinie de Dieu » (Éphésiens 3/9-11). Nous avons besoin de l’unité de l’esprit et de la coopération des églises pour cet appel.

— Shantkumar Kunjam est évêque de la Conférence de l’Église mennonite d’Inde et vit à Rajnandgaon, Chhatisgarh, Inde.


Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.