Le témoignage de la représentante régionale Cynthia Peacock
Les limites, les barrières, les obstacles mais aussi les ponts et l’émancipation sont des choses très concrètes pour moi. Au fil des années, j’ai appris à faire face aux difficultés et à grandir dans la foi et dans l’esprit.
La communauté chrétienne indienne a joué un rôle important en offrant aux femmes la possibilité de s’instruire et de se libérer de la croyance que les femmes n’ont pas leur propre identité.
Mais les églises anabaptistes ont beaucoup de travail à faire pour aider les hommes et les femmes à travailler conjointement à étendre le Royaume de Dieu parmi tous les peuples, en utilisant tout leur potentiel pour contribuer à la société, à la famille et à l’église.
Au cours des neuf dernières années, j’ai travaillé avec la CMM, d’abord à la Commission Diacres et maintenant en tant que représentante régionale. Je parle de la CMM partout pour que toutes nos églises, surtout celles des régions éloignées qui se sentent souvent abandonnées et seules, sachent qu’elles font partie d’un organisme mondial qui se soucie d’elles, prie pour elles et les aime.
Ce rôle m’amène à travailler avec des responsables hommes. Ce fut tout un parcours semé d’embuches que de réussir à les convaincre que je ne suis pas une menace mais une sœur en Christ.
Construire une relation de confiance requiert du temps, des efforts et de la patience afin de surmonter les obstacles. Dans certains cas, j’ai l’impression d’avoir échoué, mais je continue de chercher des occasions de dialoguer. Je garde la foi et j’espère voir un changement.
Durant les 38 ans durant lesquels j’ai servit avec le MCC, je me suis investie dans les églises anabaptistes et j’ai pu interagir avec des femmes qui luttent pour pouvoir mettre leurs dons et leurs talents au service de l’église.
Quelques femmes courageuses ont créé la Conférence des femmes mennonites de l’Inde au début des années 1970. Nous sommes aussi entrain de mettre en place le réseau Theologically Trained Anabaptist Women of India (femmes anabaptistes théologiennes de l’Inde) pour les femmes formées qui ne sont pas assez appréciées dans leurs églises.
Nous persévérons – malgré les obstacles à l’obtention d’un soutien moral et financier – et confions qu’un jour notre travail portera ses fruits.
J’ai vu les femmes de Tollygunge Christian Fellowship, ma propre paroisse, être porteuses du changement.
Les femmes dans cette église ont eu un impact spirituel et social tout en grandissant dans leur compréhension de comment servir en tant que femme. Ce fut une femme qui commença l’école du dimanche avec une poignée d’enfants; aujourd’hui plus de 100 enfants y assistent. Les femmes ont commencé à prêcher la Parole dans une culture encore très dominée par les hommes. Les femmes président le culte et toutes les grandes décisions de l’église sont prises avec les femmes.
Finalement, je partage ma propre histoire. Mon mariage a commencé à s’effondrer seulement 10 jours après la cérémonie. Ê cause de l’enseignement de ma pieuse mère qui dit que les promesses faites à l’église entre mari et femme doivent être honorées, je me suis humblement soumise durant cinq longues années d’abus.
Une nuit, alors que je frôlais la mort et celle de mes enfants, j’ai fais fi de toute la supposée condamnation et je suis parti avec seulement un vêtement de rechange et du lait pour mon fils et ma fille sur le point de naître.
Après de nombreuses difficultés, grâce au soutien de ma famille proche et des gens du MCC qui m’ont soutenue sans me juger, j’ai commencé à reprendre des forces et à comprendre ce que signifie être chrétien et aller de l’avant. Ils m’ont appris à surmonter les obstacles et à construire des ponts d’amour et de compréhension. J’ai pu croître et devenir forte et tenace, mais aussi patiente lorsque j’utilise mes dons.
J’ai été capable de surmonter la peur, la timidité et le manque d’estime de soi. J’ai raconté mon histoire sans peine quand on me l’a demandé, mais avec précaution car je ne voulais pas compromettre mon travail avec les églises. « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5) et « Je peux tout en celui qui me rend fort » (Philippiens 4,13) sont ancrés en moi alors que je fais face à des obstacles.
Merci à Dieu et à tous ceux qui m’ont donné du courage, du soutien, des conseils, qui m’ont inspirée et qui m’ont soutenue dans les moments les plus sombres. J’ai maintenant la responsabilité de faire de même à chaque fois que je le peux.
—Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale par Cynthia Peacock
Ê la 16ème Assemblée réunie à Harrisburg, Pennsylvanie, États-Unis, les représentants de l’organisation Anne Zernike Fund, qui soutient les femmes étudiantes en théologie ont rendu hommage à Cynthia Peacock pour son service précurseur. Cynthia Peacock a été « une source d’inspiration pour beaucoup de gens », ont-ils déclaré sur leur site internet. Cliquez ici pour lire cette histoire.