Des mennonites prennent position contre le nationalisme

« La montée du nationalisme se ressent dans de nombreuses parties du monde » selon Jürg Bräker, le secrétaire général de la Conférence mennonite suisse. « Les mennonites, en raison de leur conception de la relation entre l’Église et l’État, devraient être à même de mettre en évidence les dangers du nationalisme. »

Le 18 novembre 2017, l’Église mennonite suisse a organisé un forum publique pour permettre aux participants de mieux comprendre cette question complexe dans la perspective d’une modification prochaine de la loi. On propose en effet de supprimer de la constitution suisse une référence contraignante à la Déclaration européenne des droits humains.

C’est le Forum anabaptiste pour la justice et la paix qui a organisé cet événement. Ce groupe de travail de la Conférence mennonite suisse a invité des orateurs issus des communautés mennonites suisses, de l’Église réformée et de l’Église catholique ainsi que de mouvements politiques luttant contre cette initiative législative d’autodétermination nationale. Les six orateurs ont abordé les aspects historiques, éthiques, théologiques et politiques de la question des droits humains.

Ils ont examiné « La relation entre la foi chrétienne et les droits humains comme fondement commun de l’orientation éthique pour toute l’humanité, » rapporte Jürg Bräker.

Environ cinquante personnes ont participé, dont la moitié venaient de communautés mennonites et les autres d’organismes chrétiens ou politiques.

Dorothée Loosli, théologienne et médiatrice, a souligné le rôle crucial joué par les mennonites dans l’évolution des processus touchant aux droits humains. Leur engagement en faveur de la liberté religieuse remonte à un traîté sur les droits humains rédigé en 1647 par Richard Overton, qui avait des liens avec les mennonites néerlandais.

Pierre Buhler, professeur à l’université de Zurich, a souligné que l’importance des droits réside dans le fait qu’ils ne sont pas choisis ou définis mais inhérents. C’est ce que dit la théologie chrétienne lorsqu’elle considère les humains comme des êtres créés, définis par Dieu. Par conséquent, aucune idéologie, aucun groupe ne peuvent limiter ces droits de manière absolue.

Les chrétiens suisses qui résistent au mouvement d’auto-détermination nationale constatent avec inquiétude que celui-ci ne reconnait pas une« une transcendance ultime (Dieu) à laquelle la vie, dans ses dimensions politiques, légales et sociales, se réfère et qui donc fixe des limites à l’autodétermination. »

—Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale