Les mennonites et l’Etat

Une perspective mennonite sur la liberté religieuse en 3 parties

Je raffole des mosaïques. Les mosaïques sont des œuvres d’art qui montrent une image – un message – composée de plusieurs petites pièces. 

Dans l’art chrétien, il est courant de trouver des mosaïques représentant une image de Jésus. Un exemple de mosaïque chrétienne se trouve dans la basilique Sant’Apollinare Nuovo à Ravenne, en Italie. Dans cette œuvre, appelée Cristo attorniato da angeli e santi, de nombreuses pierres de couleurs et de tailles différentes sont disposées de manière à ce que le spectateur puisse voir une représentation de Jésus.[1]

Les sociétés humaines sont comme des mosaïques vivantes. Elles nous révèlent leurs valeurs et leurs priorités selon la manière dont elles sont organisées et dont leurs membres interagissent. 

Les sociétés capitalistes privilégient le progrès financier, même si cela signifie la pauvreté pour d’autres. 

Les politiques totalitaires privilégient l’ordre au détriment de la liberté. 

Les sociétés communistes semblent souvent privilégier l’équité économique au détriment de l’initiative personnelle. 

Bien entendu, il s’agit là d’une vision trop simpliste. Aucune de ces structures sociales ne correspond exactement à ce que j’ai décrit, mais ces caractérisations générales illustrent le fait que toute politique transmet un message. 

La composition d’une société (sa politique et ses relations interpersonnelles) nous dit ce qu’est cette société. 

Malheureusement, chaque communauté humaine ou nation comprend des structures qui permettent l’injustice, la domination, la violence et les abus. Le mal est omniprésent. Bien sûr, certains systèmes politiques sont pires que d’autres, mais tous sont des structures déchues qui transmettent des valeurs et des priorités en contradiction avec la volonté et le royaume de Dieu. 

Toutes ces différentes mosaïques et conceptions de la société ont émergé après l’intrusion du mal dans l’histoire de l’humanité. Parce que nous sommes nés en dehors du paradis, nous sommes immergés dans des politiques et des interactions sociales qui ignorent la volonté de Dieu. Quel que soit votre lieu de naissance, votre pays et le système politique dont vous avez hérité vous façonnent des valeurs et des priorités qui peuvent s’opposer au royaume de Dieu. 

Nous sommes comme des poissons qui nagent dans la seule réalité que nous connaissons : un monde déchu et mauvais. Sans nous en rendre compte, nous évoluons dans des structures maléfiques équivalentes à de l’eau pour un poisson. 

Nos relations financières, nos systèmes de domination, notre conception de la justice, notre façon d’affronter les conflits et les désaccords, tout cela comporte des valeurs diaboliques auxquelles il n’y a qu’un seul moyen d’échapper. 

Devenir des citoyens du Royaume de Dieu. 

Le message de Jésus est : « Repentez-vous ». Priez pour l’avènement du royaume de Dieu ; croyez en la bonne nouvelle. 

C’est la porte de sortie vers la liberté que Jésus offre et la marque d’une nouvelle politique qui n’est pas issue de cet ordre social. 

Le repentir est la réponse humaine à la grâce de Dieu qui ouvre nos vies à l’Esprit Saint, changeant les cœurs et les esprits de l’intérieur et créant une société juste à l’extérieur. 

Le Sermon sur la montagne (Matthieu 5-7) décrit cette société. L’ensemble du sermon s’adresse aux disciples de Jésus en tant que groupe et, ce faisant, il mentionne huit fois le royaume de Dieu. Sans être exhaustif, le Sermon sur la montagne nous parle du royaume de Dieu : son éthique, certains de ses avantages et responsabilités, et qui en fait partie. 

La nouvelle société qui s’organise comme le royaume de Dieu témoigne d’une nouvelle création dans laquelle les finances, les relations de pouvoir, la justice, l’autorité et bien d’autres aspects de la vie communautaire forment un message. 

Comme la mosaïque italienne mentionnée plus haut, ce message est l’image de Jésus. 

Lorsque nous entrons dans le royaume de Dieu, nous recevons une nouvelle citoyenneté et sommes libérés pour vivre une nouvelle forme de politique. Nous ne sommes plus esclaves de systèmes diaboliques. Nous appartenons à une nouvelle société où, avec d’autres disciples du Christ, nous projetons l’image de Jésus dans le monde. 

Mais nous vivons toujours dans nos pays et nos sociétés humaines, n’est-ce pas ? Oui ! Cependant, nous le faisons désormais en tant que représentants du royaume de Dieu. Cherchons-nous à servir nos communautés humaines ? Oui, mais nous le faisons en tant qu’ambassadeurs du royaume de Dieu. 

Le prochain article de cette série sera publié le mois prochain. 

Lisez l’article d’introduction du mois dernier. 

—Cet article en trois parties est adapté d’un discours que César García, secrétaire général de la CMM, a prononcé lors du 9e Congrès mondial de l’International Religious Liberty Association (IRLA, Association Internationale pour  la Liberté Religieuse). Des parties de ce discours sont extraites du livre de César García What is God’s Kingdom and What Does Citizenship Look Like? (Herald Press, 2021, non traduit en français


Footnote:

[1]Une photographie de la mosaïque est disponible sur Wikimedia Commons