Le plus brillant et le meilleur

Canada

Il y a 20 ans, mon mari et moi pleurions la fin navrante de notre paroisse, qui avait été déstabilisée pendant le renouveau des années 1990.

Je me sentais à la fois cynique et nostalgique concernant le mouvement charismatique. Nous recherchions un équilibre mental, une stabilité et un enseignement solide, et une paroisse Frères Mennonites (MB) à proximité a attiré notre attention. Pourrait-elle être notre prochaine assemblée ?

Intérieurement, j’ai fait la grimace. Je ne voulais pas abandonner les poussées d’adrénaline produite par les prophéties, les sommets extatiques des moments de louange, les rencontres intenses et personnelles du ministère de la prière. La joie.

Certains de mes amis se sont rendus à l’église pentecôtiste la plus proche, mais ont fini par se plaindre du manque d’enseignement solide. D’autres ont rejoint les évangéliques traditionnels, et ont fini par se plaindre du manque de souffle de l’Esprit. Étions-nous condamnés à nous joindre à quelque reste secrètement bouillonnant d’élitistes spirituels mécontents qui ne faisaient que se plaindre peu importe l’église dans laquelle ils se trouvaient ?

Nous avons prié, nous avons respiré profondément, et nous nous sommes joints aux Frères Mennonites.

Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais.

Anabaptistes charismatiques

Ce premier dimanche, j’ai vu des mains levées dans l’adoration, des anciens qui priaient et un fort accent sur la communauté, ce qui a mis à l’épreuve mon égocentrisme. Le pasteur venait de rentrer d’une expérience avec Jeunesse en Mission (JEM) et désirait voir le Saint-Esprit agir dans son église. Pentecôtiste déguisé ? Non. Frère mennonite.

L’Église MB est née il y a 155 ans, fruit d’un mariage improbable entre une ‘mère’ mennonite dévouée et un ‘père’ plus charismatique (un hybride de baptiste allemand et de piétiste luthérien enthousiaste) ; leur union a produit un ‘enfant de l’amour’ peu flexible et littéralement enclin à sauter de joie.

Les premiers Frères étaient une force évangélique avec laquelle il fallait compter, attachés à une expérience intensément personnelle de Dieu.

‘Maman mennonite’ a été un peu surprise. Elle a attendu de voir ce qui arriverait. Lorsque la sensualité et le péché ont fait surface, elle a réprimé cette émotivité excessive d’une main lourde. Depuis lors, son enfant remuant a été beaucoup plus sage.

Mais au Canada, certains MB ont des fourmis dans les jambes. Quelle en est la raison ?

Diversité de l’Esprit

Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que le Canada a activement encouragé l’immigration de personnes ni européennes blanches ni anglophones. Un boom économique après la Seconde Guerre mondiale a ensuite amené à élargir la palette des couleurs de peau des immigrants acceptables pour inclure les Asiatiques, les Africains subsahariens et les Sud-Américains. L’église MB canadienne – qui avait envoyé des missionnaires à l’étranger pendant des années – a commencé à s’intéresser à la diaspora à sa porte, ce qui a créé des ministères ethniques au sein des paroisses et l’implantation de paroisses ethno-spécifiques.

En utilisant une métaphore, on pourrait dire que le repas en commun du dimanche comportait des dim sum théologiques, des papadum et des tortillas outre les saucisses et le platz.

Malgré les réticences de longue date concernant le pentecôtisme traditionnel, les muscles atrophiés des MB se sont soumis à l’influence subtile mais croissante de ceux du Sud, où le pentecôtisme est une expression dominante du christianisme protestant. Aujourd’hui, cette influence charismatique est comme un morceau de silex cherchant des bûches bien arrangées, et dans la cheminée MB solidement construite, se trouvent toujours les braises du feu qui nous a autrefois donné naissance.

Certaines églises s’enflamment, d’autres – comme la nôtre – se consument lentement.

Vingt ans se sont écoulés depuis notre premier dimanche à la paroisse Frères mennonites. Récemment, le pasteur a avoué son désir de renouveau. Il a défini l’élément manquant dans sa vie – déjà riche en prière, en étude biblique et en communauté – comme le risque. Ê l’automne 2021, il a commencé une série de sermons sur le don du Saint-Esprit, encourageant des expressions charismatiques faisant honneur à la théologie et aux valeurs MB.

A quoi cela ressemble-t-il ?

Imaginez : un culte contemporain dynamique avec des paroles soigneusement choisies à l’aide d’une herméneutique communautaire ; des prises de position diverses sur des questions théologiques non-essentielles ne rencontrant ni hostilité ni évitement ; des initiatives radicales pour la justice sociale défendues par des artisans de paix radicaux ; la Parole prêchée hardiment mais avec une humble reconnaissance des ambiguïtés de l’Écriture ; une prière audacieuse mais qui évite les demandes unilatérales ; une formation dans le domaine de la pratique des dons spirituels, et un espace pour des rencontres personnelles avec Dieu par le ministère de la prière.

Lorsque le plus brillant et le meilleur du pentecôtisme mondial fusionne avec le plus brillant et le meilleur de l’héritage MB, l’espoir devrait monter en flèche. Quel meilleur contexte pour devenir un peuple qui non seulement s’engagera dans le renouveau, mais qui saura le guider ?

—Nikki White écrit pour MULTIPLY (l’agence internationale Frères Mennonites d’envoi) et auteur de Identity in Exodus. Elle fréquente l’église communautaire de North Langley en Colombie-Britannique (Canada), où elle supervise l’élaboration du programme et la formation au ministère de la prière.


Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2022 de Courier/Correo/Courrier.