Il est temps de rectifier le tir

Zoom sur les ressources : La Déclaration de solidarité avec les peuples autochtones 

Nous exhortons l’Église à l’échelle œcuménique, confessionnelle et mondiale, à rejeter les interprétations erronées de la Bible qui justifient les mauvais traitements infligés aux peuples autochtones. Nous renouvelons notre engagement à incarner l’esprit de Jésus comme indiqué dans le Sermon sur la montagne : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu » (Matthieu 5/9).

« La solidarité avec les autochtones est au centre de ce que nous faisons aux Philippines avec Coffee for Peace », déclare Joji Pantoja, présidente de la Commission Paix (2015-2022). La Commission Paix a rédigé une Déclaration de solidarité avec les peuples autochtones qui a été validée par le Conseil Général de la Conférence Mennonite Mondiale en 2018. 

« Maintenant que la déclaration est là, le plus dur est de l’utiliser : admettre qu’à moins d’être autochtone, nous sommes probablement le colonisateur ; amplifier les voix que nous n’avons pas entendues à l’époque ; et accepter la vérité quand elle fait mal », explique Joji Pantoja. 

La déclaration a été rédigée après la visite en 2015 de responsables de la CMM à La Iglesia Evangélica Unida Hermanos Menonitas de Panamá, une église membre de la CMM composée de peuples Wounaan et Emberra.  

« Quand on m’a invitée à rejoindre la délégation au Panama, j’ai dit oui. Je voulais voir si la situation des peuples autochtones [au Panama] était la même que celle des peuples autochtones d’ici », dit Joji Pantoja. 

« C’est tellement triste quand vous entendez parler d’une communauté dont les ressources sont bloquées parce qu’elles sont contrôlées par le gouvernement. C’est le cas au Panama. Il arrivait même que ce soient des chefs de communautés tribales qui vendent les cocoboliers à [des intérêts commerciaux] et qui autorisent à en couper davantage. » 

Lors de son séjour au Kenya pour les réunions du Conseil Général en 2018, Joji Pantoja a également pu rencontrer des peuples autochtones. « Ils n’ont pas leur mot à dire ou ne savent pas quoi dire. Tant que le gouvernement leur permet d’utiliser la terre, ils gardent le silence. »  

« Lorsque je vivais à Vancouver, au Canada, en 1986, mon mari et moi avons vu des membres [« autochtones »] des Premières nations dormir dehors. Comment pouvais-je être dans un pays développé et voir des gens vivre de la sorte dans l’arrière-cour ? J’ai alors eu un pincement au cœur en pensant à la marginalisation des Premières nations. » 

« En observant ce qui se passe dans d’autres pays, j’ai été reconnaissante aux Philippines d’être bien avancées dans l’éducation des peuples autochtones en ce qui concerne le droit à l’autodétermination tel qu’il est inscrit dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) ».  

Joji Pantoja

L’UNDRIP « n’est pas parfaite », dit-elle, « mais des dispositifs existent ». 

Joji Pantoja espère que la déclaration de la CMM aidera les églises membres à se tenir aux côtés des peuples autochtones opprimés.  

« Lorsque nous faisons partie de communautés de colonisateurs, nos églises devraient demander pardon ». 

« Tout cela est lié à la doctrine de la découverte. Même si nous (nos ancêtres ecclésiologiques) ne sommes pas ceux qui ont persécuté les peuples autochtones par la doctrine de la découverte, nous devrions les respecter parce qu’ils sont des êtres humains créés par Dieu ».  

« J’espère que nous parviendrons au stade où les églises reconnaîtront que nos ancêtres ont fait ces choses. Nous essayons maintenant de rectifier le tir. Le document de la CMM sur la solidarité a été adopté par le Conseil Général mais il n’est pas encore entré dans l’esprit des colonisés et des colonisateurs ». 

« Avec les problèmes qui se posent actuellement dans le monde, ce document est utile pour que les gens de nos églises entament un dialogue afin que nous puissions vraiment nous réconcilier et rectifier le tir ». 

Grâce au dialogue, les églises peuvent apprendre la perspective des peuples autochtones. « Comment pouvons-nous les aider sans créer un autre conflit ? Comment peuvent-ils exprimer ce qu’ils ressentent, ce qu’ils ne pouvaient pas dire auparavant ? Cela demande aussi de la sagesse », dit Joji Pantoja.  

« Lisez le document, sensibilisez-vous. Voyez comment Dieu vous parle. Puis soyez prêts à l’utiliser pour amplifier la voix des personnes marginalisées lorsqu’elles ont besoin d’aide... Ainsi, elles ont quelque chose sur lequel s’appuyer et dire : ‘Oh, Dieu merci, les mennonites sont avec moi !’ ».  

« La prise de conscience est un cheminement. L’acceptation est un cheminement. Une fois que cela vous frappe dans la tête ou dans le cœur... vous devez agir. » 

Panama, 2015

Comme les quatre cavités du cœur, les quatre Commissions de la Conférence Mennonite Mondiale sont au service de la communauté mondiale des églises anabaptistes dans les domaines suivants : diaconie, foi et vie, paix et mission. Les Commissions préparent des documents à l’intention du Conseil Général, donnent des conseils, proposent des ressources aux églises membres et facilitent le travail des réseaux et des fraternités de la CMM qui œuvrent ensemble sur des questions et des préoccupations d’intérêt commun. Ci-dessous le communiqué d’une des commissions. 

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